La supériorité du modèle islamique du vivre-ensemble sur le modèle « occidental »

Beaucoup de non-musulmans, – et plus grave encore, de musulmans – ignorent le modèle islamique et pensent que l’Islam est ce que font de nombreux états dictatoriaux (sécularistes) ou déviants à notre époque, alors qu’ils mêlent souvent capitalisme, tribalisme, sécularisme et une certaine conception de la jurisprudence musulmane. Ce sont donc des états « hybrides », dont bien souvent, les fondements islamiques, la spiritualité islamique et l’intellectualité islamique sont absents. Or, comme nous le verrons, il n’en est rien, et mieux même, une bonne connaissance principiologique des fondements de l’État du point de vue islamique, montre les lacunes et l’infériorité des modèles politiques contemporains.

Le modèle islamique (1) tel qu’il a été appliqué par le Prophète Muhammad (ﷺ) (2) puis de façon légitime et générale à travers l’histoire par des dirigeants justes et vertueux, – en dehors des dérives qui relèvent de l’anormalité et des interprétations juridiques déviantes (s’éloignant des principes et finalités islamiques) mais rarement voire pas du tout appliquées dans la pratique (3) -, est ce qu’il y a de meilleur et de plus juste, car la loi naturelle peut dégénérer en tyrannie, d’où la nécessité de légiférer autour de la loi naturelle, et ici, Allâh protège le droit légitime de chacun, tout en incitant toujours à réaliser l’excellence et à accomplir les devoirs qui incombent à chacun, tout en respectant les droits accordés à tous, dans un but supérieur et transcendant.

Ainsi, en dâr al islâm, les non-musulmans, – appelés dhimmis car protégés spécifiquement et
juridiquement par la Loi et non par seulement en tant que devoir moral – ont le droit non seulement de professer leur religion (ou absence de religion) et de ne pas se soumettre aux rites musulmans, mais aussi d’avoir leurs lieux de culte (rénovés ou reconstruits même par l’État musulman si la collectivité religieuse ou communautaire donné ne possède pas les moyens de le faire) (4), – comme cela fut le cas à l’époque des Califes bien-guidés, notamment en Égypte -, et parmi les communautés religieuses reconnues comme étant légitimes, – avec une forme spécifique visible dans leurs lieux de culte et une représentativité au sein du parlement -, il y a les Juifs, les Chrétiens, les Bouddhistes, les Zoroastriens, les Hindous, les Taoïstes/Shintoïstes -, quant aux autres sectes ou croyances, apparentées soit à l’idolâtrie grossière (adorateurs des astres, des statues, …) ou à l’idolâtrie subtile (comme les athées ou les agnostiques qui « adorent » une croyance, une idéologie ou la matière, ou encore des concepts élevés au rang d’idoles comme le « Progrès », le « Scientisme », la « matière », « le darwinisme », la « laïcité », …) ou encore des types particuliers de monothéistes mais dont la forme traditionnelle n’est pas légitime entendue au sens « Divin », comme les Bahâ’îs, les déistes, etc., leurs cultes ne sont pas officiellement reconnus, mais rien ne doit les empêcher de pouvoir se réunir dans des édifices spécifiques et privés. Ils ne peuvent donc pas être persécutés ou emprisonnés, comme cela fut le cas des communautés religieuses sous les régimes communistes athées par exemple tout au long du 20e siècle et encore aujourd’hui en Chine ou en Corée du Nord.


Les biens, la liberté de culte, la dignité, l’accès aux soins, l’accès aux allocations sociales pour les pauvres, l’accès à un emploi décent (y compris dans l’administration, l’enseignement ou même la politique, à l’exception de la fonction de Chef d’État) doivent être garantis par les musulmans aux non-musulmans, aussi bien du point de vue moral (et individuel) que juridique et gouvernemental.

En cas d’injustices commises envers un dhimmi, que le coupable soit un musulman (même un calife) ou un non-musulman, le juge en charge de l’affaire ne peut pas donner raison au musulman si celui-ci était injuste. Et si un musulman se plaint d’un dhimmi, s’il ne possède pas de preuves suffisantes pour établir sa culpabilité, le juge ne peut pas trancher en faveur du musulman.

Citons quelques exemples, comme celui mentionné par Ibn Kathîr dans Al-Bidâyah wan-Nihâyah (8/ 4-5) à lorsque l’imâm ‘Alî était Calife. Son bouclier tomba de sa monture. Il le retrouva chez un chrétien (ou un juif selon les versions) et dut porter l’affaire devant le juge Shurayh. `Alî dit : « Ce bouclier m’appartient, je ne l’ai ni vendu ni donné ». Le juge demanda au chrétien ce qu’il pensait du propos du Prince des Croyants. Le chrétien dit : « Le bouclier est à moi, sauf le respect du Prince des Croyants ». Shurayh se tourna vers `Alî et lui demanda s’il avait des preuves. `Alî rit et dit : « Shurayh a vu juste ; je n’ai aucune preuve ». Shurayh jugea alors en faveur du chrétien étant donné que le bouclier était en sa possession et que `Alî n’avait fourni aucune preuve du contraire. L’homme prit le bouclier et fit quelques pas en direction de la sortie, puis fit demi-tour. Il dit : « Je témoigne que ce n’est là que la justice des Prophètes ! Le Prince des Croyants porte plainte contre moi et son juge me donne l’avantage sur lui ! J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allâh et que Muhammad est l’Envoyé d’Allâh Le bouclier est à toi ô Prince des Croyants. J’ai suivi l’armée lors de ton départ de Siffîn. Le bouclier est tombé de ton chameau blanc ». `Alî dit : « Étant donné que tu as embrassé l’islam, le bouclier est désormais à toi ! ».

Quand un dirigeant s’écartait de l’éthique islamique, l’opinion publique tout comme les juristes vertueux et courageux s’opposaient aux injustes et aux ignorants, et la justice était alors rapidement rétablie. A ce titre, Al-Walîd Ibn `Abd Al-Malik confisqua à son époque l’église « Yûhannâ » et l’annexa à la mosquée de Damas. Lors de l’avènement du califat de `Umar Ibn `Abd Al-`Azîz, les chrétiens se plaignirent de ce qu’avait fait Al-Walîd de leur église. `Umar ordonna alors à son gouverneur de leur rendre la partie qui avait servi à agrandir la mosquée ; cependant, ils convinrent avec le gouverneur d’une compensation qui les satisfasse, comme l’indique Al-Balâdhurî dans Futûh Al-Buldân (pp. 171-172). L’histoire de cette église que les califes omeyyades du temps de Mu`âwiyya, puis de `Abd Al-Malik, proposèrent un marché aux chrétiens afin d’agrandir la mosquée des omeyyades mais ces derniers refusèrent. A l’époque d’Al-Walîd, celui-ci les rassembla et leur proposa une forte somme d’argent en contrepartie du terrain de l’église, mais ils refusèrent de nouveau. Il dit alors : « Si vous vous obstinez plus longtemps, je la démolirai ». On lui répondit : « Ô Prince des Croyants, celui qui démolit une église est frappé de démence et est atteint d’un handicap ! ». Ceci provoqua sa colère. Il demanda alors une masse et se mit lui-même à démolir les murs de l’église. Puis, il fit venir des ouvriers qui achevèrent la démolition. Le terrain fut alors utilisé pour agrandir la mosquée. Lors de l’avènement du califat de `Umar Ibn `Abd Al-`Azîz, ils se plaignirent auprès de lui de ce que fit son prédécesseur de leur église. Il ordonna alors au gouverneur de la région de leur restituer le terrain en question, c’est-à-dire de démolir cette partie de la mosquée et de la transformer en église de nouveau ! Cette décision horrifia les habitants de Damas : « Démolirions-nous notre mosquée après y avoir levé l’appel à la prière et effectué la prière derrière le Prophète ? ». Ce jour-là, il y avait parmi eux Sulaymân Ibn Habîb Al-Muhâribî et d’autres juristes. Ils allèrent trouver les chrétiens pour atteindre un arrangement à l’amiable. Ils leur ont proposé de leur rendre toutes les églises d’Al-Ghawtah saisies lors de la conquête et dévolues aux musulmans et, en contrepartie, qu’ils leur cèdent l’église Yûhannâ et s’engagent à ne plus la réclamer. La proposition leur plut. On écrivit alors la nouvelle à `Umar qui en fut satisfait et l’approuva ».

De même, Al-Walîd Ibn Yazîd déporta les dhimmis qui vivaient à Chypre et les envoya en Syrie par crainte d’une attaque des Byzantins à leur encontre, mais bien qu’il ait agi ainsi pour des raisons de sécurité nationale, cela lui valut la colère des juristes et des musulmans qui furent choqués par cette mesure. Puis, lorsque son fils Yazîd Ibn Al-Walîd les ramena à Chypre, cela plut aux musulmans qui y virent une marque de justice et comptèrent ce geste parmi ses mérites, comme le rapporte Al-Balâdhurî dans Futûh Al-Buldân (p. 214).

L’indépendance et la souveraineté de la justice est l’une des fiertés du système islamique. L’opprimé et le spolié – quelles que soient sa religion et sa race – trouve en effet en son sein l’assurance et la sécurité pour réclamer la justice contre son agresseur, fût-il le Prince des Croyants avec son prestige et son pouvoir. L’histoire de la justice islamique comporte plusieurs cas où le sultan ou le calife comparaissait devant un juge en tant que plaignant ou défendeur. Dans de nombreux cas, le verdict condamnait le sultan ou le caliphe et donnait raison à un homme du peuple sans aucun pouvoir ni notoriété. Nous nous contenterons dans ce chapitre d’un seul cas évident.


En échange d’un impôt (jyzia, kharaj ou autre), d’une valeur équivalente à la zakât que les musulmans doivent verser, – car tous les citoyens doivent participer à la vie économique de la Nation -, les non-musulmans sont exemptés du service militaire et reçoivent des aides, et peuvent également fonder et élaborer leurs propres tribunaux et lois communautaires au sein du Dâr al islâm. Si des non-musulmans participent à la défense du pays, leur service rendu à la nation les exemptent de la jyzia. Et si les forces musulmanes demeurent incapables de protéger leurs citoyens non-musulmans, ils sont dans l’obligation de leur remettre le montant et la valeur de la jyzia, puisque n’ayant pas pu tenir leurs engagements, l’argent doit être remis aux non-musulmans ayant versé la jyzia. Quant aux femmes et aux hommes qui ne travaillent pas, les enfants, ainsi que les vieillards ou les gens malades, ils sont exemptés de la jyzia et peuvent bénéficier des aides de l’État s’ils n’ont pas de sources de revenus.

Chaque communauté peut avoir ses propres quartiers, – par exemple un village chrétien avec une église au centre (et avec l’autorisation de célébrer certaines processions religieuses ou culturelles dans leurs quartiers) -, tout comme il peut y avoir des quartiers mixtes, selon ce que les adeptes de chaque communauté préfère, le tout dans le respect de la sensibilité musulmane de leur part, et pour les musulmans, l’interdiction de se moquer des « symboles » des autres communautés ou de leur porter atteinte.

 Dans leurs quartiers, les non-musulmans qui consomment du porc ou de l’alcool peuvent les vendre dans leurs quartiers, mais non pas dans les quartiers musulmans ni n’inciter ouvertement les musulmans à en acheter ou à en consommer. L’État musulman peut se réserver cependant le droit de légiférer, d’interdire ou d’imposer des restrictions, – comme pour toute autre pratique alimentaire ou culturelle – qui comporteraient des abus ou des dangers pour la santé, la sécurité et la vie des citoyens.

L’État musulman doit aussi veiller à sensibiliser les citoyens aux dangers et méfaits de l’alcool (5), de la drogue, du sucre industriel, de certains additifs ou autres pratiques ou substances nocives. Afin d’assurer la pérennité de l’Islam, le prosélytisme agressif en public doit être interdit, mais pour faciliter la compréhension mutuelle ou des débats constructifs entre les communautés, l’État doit organiser des émissions où les représentants « élus » et « choisis » de chaque communauté, sont invités à défendre leur point de vue, avec respect et courtoisie.

Dans les avis juridiques qui concernent les individus en tant que tels, l’État ne devrait pas imposer d’avis particulier quand il existe des divergences islamiquement et intellectuellement fondés, – tels que le dhikr collectif à voix haute, certains instruments de musique, le raqs, la vie conjugale, etc., qui doivent être laissés à la discrétion de chacun. De même, s’il n’y a aucune nécessité, l’État ne peut pas imposer une peine juridique pour un acte que l’Islam n’a pas sanctionné en tant que tel, sauf si des abus réels et dommageables sont perpétués et que le bon sens et la justice exigent de sanctionner juridiquement pour éviter la fitna.

Même pour des pratiques relevant de l’obligation individuelle (comme le voile pour la femme par exemple, ou la prière pour les musulmans pubères), l’Islam n’impose pas religieusement l’obligation d’une sanction en cas d’infraction, et ce n’est certainement pas aux citoyens d’exercer une quelconque contrainte ou violence contre les femmes ou les hommes pour ce genre de choses, qu’ils soient ou non de réels hérétiques ou innovateurs. Mais si cela entraine des troubles à l’ordre public, ou des abus, l’État, du point de vue exécutif, peut instituer des peines relevant du ta’zir (peine discrétionnaire pouvant être adaptée, abandonnée, suspendue, remplacée, etc.) mais de façon proportionnée et sans tomber dans l’injustice ou la terreur, puisque l’objectif est simplement d’assurer l’ordre social et politique, la sécurité, la stabilité et le vivre-ensemble.

L’État musulman a cependant pour obligation de veiller à ce que l’enseignement de l’Islam (dans ses fondements, ses piliers et ses finalités) soit perpétué et inscrit au cœur de la constitution politique, de faciliter la pratique de la prière, le prélèvement de la zakâh, la facilitation de la pratique du mois de jeûne (durant le mois de Ramadan), l’application de la justice, la distribution des aides sociales, le respect environnemental, le bon traitement à l’égard des animaux, et les valeurs islamiques universelles relatives au vivre-ensemble telles que la garantie de la liberté de culte et de conscience mais sans prosélytisme agressif et sans incitation à la haine envers les autres communautés, la justice, la générosité, la tolérance, la courtoisie, la bonté, la bienfaisance, l’acquisition de la connaissance, les activités spirituelles et culturelles, la recherche scientifique dans ce qui peut apporter la sécurité ou l’utilité aux gens et aux êtres vivants, etc.

Un État islamique doit être conscient des enjeux actuels, et en présence d’un mal prédominant, s’adapter et viser le moindre mal en l’absence d’autres alternatives possibles. En fait, quand un « mal » (on ne parle pas de morale ici) n’existe pas, il ne faut pas le produire ou l’encourager, mais quand la chose blâmable se répand jusqu’à devenir omniprésente, il n’y a d’autre choix, temporairement du moins, que de s’adapter et d’utiliser ce que l’on peut pour s’émanciper d’un système de domination ennemie, mais sans exclure la perspective spirituelle (ce qu’ont fait des pays anti-occidentaux comme la Chine, en voyant tout du point de vue matérialiste et en tombant dans les mêmes travers que leurs rivaux/ennemis stratégiques). Ainsi, la banalisation de l’impudicité, est devenue telle, qu’aujourd’hui, même dans certains pays musulmans, les personnes « endormies » (sur le plan spirituel) et « perdues » dans la décadence moderne, sont prêtes à se soulever pour faire chuter le gouvernement ou s’en prendre aux citoyens attachés à la pudeur et à la piété, or, c’est là un risque qu’il faut éviter, ce qui doit pousser l’Etat à éviter la répression, et à « tolérer » ce « manque de pudeur » tout en la limitant, c’est-à-dire en légiférant des codes pour une tenue vestimentaire « minimale » respectant le « minimum légal » en terme de décence (pas de mini-jupes, de décolletées, de mini-shorts, etc. qui engendrent une atteinte à la dignité humaine ainsi que des abus comportements et sexuels causant beaucoup de torts aux gens et à la société, – sujets sur lesquels l’Etat doit sensibiliser les citoyens -).


Il ne faut pas suivre non plus aveuglément la course à l’armement ou à l’industrialisation qui menacent l’Humanité et la planète, mais il ne faut pas être naïfs ni inactifs, puisque les Etats qui investissent des milliards de $ dans l’armement ou la technologie tentent de s’imposer, et menaceront directement la sécurité, la stabilité et l’accès aux ressources des pays plus « faibles ». L’Etat musulman doit donc se concentrer sur tous les secteurs vitaux pour la sécurité de l’Etat et des citoyens (cela passe donc par la sécurité numérique, économique, militaire, terrestre, aérienne, maritime, énergétique, etc., faisant appel donc à la physique, à la chimie, à l’agroalimentaire, à l’économie et au commerce, aux sciences de l’environnement, aux sciences informatiques et à l’ingénierie notamment), le maintien du pouvoir politique légitime et juste, la santé des citoyens (médecine, neurosciences, biologie, pharmacologie, épidémiologie, etc.) et la préservation de l’environnement et de l’agriculture, ainsi que de l’histoire et de l’intellectualité (métaphysique, philosophie, sciences islamiques, épistémologie, histoire des sciences, etc.). Il est donc nécessaire de développer la science tout en évitant autant que possible les aspects polluant et dévastateur, car c’est aussi un moyen de renforcer l’identité musulmane et sa dimension civilisationnelle, ce qui avait sublimé et impressionné tout le monde à l’époque. Or quand la civilisation musulmane a décliné, les gens se sont tournés vers les nouveaux « maîtres de la technique et du pouvoir ». Symboliquement, la « conquête spatiale » (ou l’exploration), l’indépendance et le développement militaire et technologique sont aussi forts et nécessaires pour faire face aux dangers visant le dâr ul islam, et sont aussi loués dans le Qur’ân et la Sunnah, au même titre que la médecine, la géographie, l’agriculture, l’astrophysique, l’économie, l’administration, les arts-martiaux, la nutrition ou les mathématiques.

Aussi, le monde musulman doit éviter l’état d’esprit consumériste, car cela engendre le gaspillage, la pollution, l’arrogance, les disparités économiques, et accentue la criminalité et les activités criminelles en tous genres, puisque le « sens spirituel » s’atrophie et l’avidité matérielle augmente, poussant la société à une industrialisation de plus en plus importante et omniprésente afin de combler la demande en produits électroniques ou en gadgets qui n’étaient soit pas nécessaires soit qui étaient inutiles ou même nocifs, entrainant toute la population dans un mode de vie malsain, un affaiblissement spirituel et une dépendance nocive à la technologie et au « plaisir éphémère », loin de tout bonheur et de tout épanouissement réel. Il faut plutôt assurer l’accès à l’eau potable, aux soins de bonne qualité, à une alimentation saine et suffisante, à l’électricité, au logement décent et à une bonne éducation pour l’ensemble des citoyens. Quand la « croissance économique » et le « PIB » définissent les normes d’une société, celle-ci sera mécontente et ingrate dès que les résultats, – qui s’inverseront forcément au bout d’un moment puisque ni la croissance ni les ressources ne sont illimitées -, et perdra de vue l’essentiel dans la vie.

Dans la perspective islamique, c’est le spirituel qui prime sur le temporel, sans le nier, mais en humanisant les relations et en gardant l’économie sous un contrôle éthique. Or, la modernité a inversé tout cela, au point où l’économie aliénante et totalitariste se passe de tout encadrement éthique et de toute perspective spirituelle, – qui donne pourtant un sens positif et utile aux activités humaines -, se comportant ainsi comme un rouleau compresseur où les politiques ne sont plus que des pions et des exécutants, exploitant la masse et les privant d’un certain nombre de leurs libertés légitimes, tout en accentuant tous les problèmes de santé, les folies mentales et hystéries collectives.

En France, le modèle assimilationniste prive les citoyens de leurs convictions, valeurs, identités et spécificités (religieuses ou culturelles) en public au profit d’un modèle unique imposé par l’Etat, et dictant aux communautés religieuses les seules « interprétations » et « pratiques » validées par un Etat décadent, hypocrite et pécunier. Cela se rapproche donc d’un système totalitariste, où les opinions dissidentes sont diabolisées et marginalisées, et si cela ne suffit pas, elles sont alors criminalisées et sanctionnées, parfois très sévèrement dès qu’il s’agit de protéger les libertés fondamentales de la communauté musulmane ou des groupes qualifiés de « conservateur », ou de punir les lanceurs d’alerte à propos des dérives et scandales dans lesquels sont impliqués des hommes politiques ou des ministères. Les communautés (chrétiennes, musulmanes ou hindoues par exemple) n’ont pas le droit de gérer leurs affaires religieuses et familiales selon leurs propres lois et tribunaux, alors que dans le modèle islamique, cela leur est garanti, et qu’en cas de litiges entre membres d’une même communauté (non-musulmane), ils peuvent plaider leur cause auprès d’un juge musulman impartial pour obtenir gain de cause selon une vision équitable (sans parti pris dans leurs affaires religieuses spécifiques). Le modèle islamique se présente ainsi supérieur, plus libre, préservé de la décadence, et aussi plus juste et équitable que le modèle français de « vivre-ensemble ».

Dans les pays anglo-saxons, il s’agit plutôt d’un modèle intégrationniste, où la liberté religieuse et culturelle est plus grande qu’en France, mais le pouvoir appartient avant tout à un pouvoir soumis au capitalisme et officiellement, à un relativisme structurel et idéologique, – avec tout de même des mécanismes racistes à l’œuvre mais nettement moindres qu’en France ou en Belgique par exemple -, qui pousse à l’éradication « douce » des spécificités culturelles et religieuses propres à chaque communauté, tout en opérant un nivellement par le bas, opérant une décadence généralisée des mœurs en raison d’une forte mentalité consumériste qui produit une « hypersexualisation » et un « hyperindividualisme » de tous les acteurs de la société.

L’Islam revêt, sur le plan politique, 2 dimensions, la première, religieuse, – ne concernant que les musulmans -, et la seconde, civilisationnelle, – incluant les autres communautés -. La Loi islamique dans ses valeurs de vivre-ensemble et d’une autorité (divine) transcendant les particularismes humains s’appliquent et bénéficient à tous. Quant aux lois de l’Islam liés uniquement au culte, seuls les musulmans y sont astreints en principe. Inscrire l’Islam comme Religion d’Etat permet donc la garantie de la protection et du respect de l’Islam et des musulmans d’une part, mais aussi la protection des droits fondamentaux pour l’ensemble des communautés humaines de la nation, tout en rappelant à tous, que personne n’est au-dessus des autres êtres humains ou êtres vivants, et que l’Autorité divine fonde l’ensemble des droits et des devoirs, et qu’aucun dirigeant, ni juge, ni soldat, ni commerçant, ni ministre ni enseignant, ne peut se comporter – en principe du moins – en despote ou en tyran, ni faire prévaloir sa propre loi (apparentée à une fausseté, à un caprice ou à un crime) sur d’autres êtres humains, car seule la Loi divine possède une dimension universelle et transcendantale.

L’Islam ne (re)connait pas le concept de « neutralité politique » en termes d’Islâm tout simplement car celui-ci est un « mythe », puisque la politique étant « humaine », elle ne peut guère être « neutre », chaque humain ayant des sentiments, des préférences, des idéologies, des convictions, des valeurs et des intérêts, qui forgent et fondent son identité. Par ailleurs, dans des pays comme la France et la Belgique, où la « neutralité » est devenue une idole, celle-ci n’existe pas en réalité, puisque des jugements de valeurs, des menaces, des injures, des interdictions et des polémiques sont constamment dirigés contre des femmes voilées intègres et compétentes qui aimeraient simplement exercer leur métier et leur fonction avec dignité et professionnalisme, mais elles se voient interdites de ce droit légitime, pour des raisons idéologiques ou (faussement) culturelles selon certains.


Se cacher derrière le concept creux de « neutralité » est grotesque et est « rationnellement » discutable, car personne n’est physiquement ou vestimentairement neutre ; certains portent des t-shirt ou des chemises en lien avec une culture, une mode, une idéologie (progressiste, conservatrice, écologiste, .marxiste, capitaliste, …), mettent en avant certaines marques, manifestent leur identité sexuelle (ou aujourd’hui, même leurs « genres » inventés de toute pièce, sans aucun substrat biologique), affichent leurs convictions libérales ou socialistes, imposent leurs idées rétrogrades et leurs comportements grossiers et intolérants, mais ce serait le voile, – symbole de la pudeur et de la liberté de la femme dans son cheminement spirituel et son adhésion à la pudeur et à la chasteté (et donc s’appropriant son espace intime et son corps face aux regards déplacés, pervers, réprobateurs et superficiels)  -, qui menacerait tout cela ? La « neutralité » est un leurre, mais il n’y a en soi, aucune opposition avec le port du voile dans la fonction publique. D’ailleurs, des pseudo-lignes rouges sont fixées par des politiciens, – preuve que tout ne peut pas se discuter et qu’il y a des idoles « intouchables » alors même qu’elles entrainent des injustices et des illusions tenances -, et ils se mettent à parler de « démocratie », de « laïcité », de « Progrès », « d’égalité » et de « valeurs » qu’ils ne définissent jamais mais qu’ils bafouent au quotidien, notamment à travers des réflexes racistes ou xénophobes, et parfois avec une mentalité toujours autant colonialiste visant à « civiliser les races/peuples inférieurs ».

Tout cela ne montre qu’une seule chose : la liberté et le respect des valeurs « démocratiques » n’existeront ni en France ni en Belgique, tant que le racisme structurel, l’intolérance et l’hypocrisie continueront de perdurer dans ces pays. Pour des convictions nobles et une apparence vestimentaire sobre, pudique et décente, on prive encore de centaines de milliers de femmes de leurs droits les plus fondamentaux et de l’accès à la fonction publique ou même au marché du travail. Par contre, les gens racistes, intolérants, incompétents, islamophobes, ou des agents au service des multinationales qui appauvrissent le pays ou empoisonnent la vie des citoyens, eux, sont les bienvenues en plus d’être valorisés. Ce genre de système n’a aucun rapport avec la démocratie ou la dignité humaine, mais s’apparenterait plus à une sorte d’hypocrisitocratie, farçocratie, ou médiocritocratie, pour ne pas dire tout simplement un nouveau genre de totalitarisme, fondé sur la dictature de la pensée et l’exclusion de toutes les valeurs les plus nobles et forces de la société qui souhaitent élever la société par l’éthique, le respect de la dignité, et une vision à la fois plus spirituelle et plus humaine des relations humaines et diplomatiques.

Nous parlons ici avant tout de valeurs, donc tout n’est pas comparable (quand ils essaient de dire que des pays musulmans n’autorisent pas la Gay pride, – encore heureux ! -, le nudisme, les tenues provocantes et indécentes, …).

Ensuite le voile est une culture française appartenant à la civilisation judéo-chrétienne (avec des apports considérables de la civilisation musulmane sur les aspects scientifiques, artistiques, culturels, architecturaux, spirituels, économiques, juridiques et philosophiques).

L’abandon du voile en France (parmi les femmes chrétiennes, les femmes paysannes, etc.) est très récent, environ 50-60 ans, et découle de l’américanisation et de la « libéralisation » de la société, ayant conduit à l’abandon et à la disparition de nombreuses traditions et cultures locales. Pendant plus de 2000 ans, le voile faisait partie de la culture « européenne ».

Et enfin, quand on prétend à « l’égalité », à la « liberté » et à la « tolérance » et qu’on affirme vouloir défendre tout cela, il faut l’appliquer, sinon cela s’appelle de l’hypocrisie et du mensonge. Pire encore, ces femmes voilées sont harcelées, insultées ou menacées, ce qui est encore plus grave.

Ainsi, les « gays » auraient le droit de parader en troublant l’ordre public tout en s’imposant, les progressistes et lgbtistes peuvent tenir des meetings, imposer leurs idées rétrogrades tout en s’immisçant dans la politique et en lui imposant leur idéologie, mais des femmes musulmanes, ne contestant pas la laïcité en France ou en Belgique, et ne parlant nullement de religion et ne faisant aucunement du prosélytisme, sont privées de leurs droits et interdites de travailler dans l’administration ou la politique ?

Il y a donc une incohérence flagrante entre les discours et les slogans (trompeurs) d’une part, et l’application des concepts/pseudo-valeurs défendus d’autre part dans la réalité.

L’Islam ne fait pas dans l’hypocrisie ou l’utopie, mais instaure la justice et la bienfaisance, tout en étant pragmatique, sans s’encombrer d’idéologies dangereuses, de superstitions ou d’illusions ne visant qu’à manipuler les individus comme c’est le cas dans nos sociétés modernes. En outre, de nombreux citoyens affirment et scandent que les États-Unis, la France et la Belgique par exemple ne sont pas des démocraties, car le peuple n’est pas consulté (à travers des référendums « libres » et « transparents ») pour les grandes questions, et que ce sont les multinationales et lobbies qui font les lois et imposent leurs diktats, – ce qui se vérifie dans l’absence d’indépendance au niveau des médias, de l’éducation, de la santé, des instances politiques, de l’économie, de l’appareil judiciaire, ou encore des élections où les candidats les plus corrompus ou les plus dociles aux yeux de leurs « mécènes » sont acceptés et soutenus, contrairement aux autres.

En Islam, s’il n’y a pas la notion de « neutralité politique », il y a toutefois celle de la distinction (et non pas de l’opposition) du spirituel et du temporel. Le Calife n’étant pas nécessaire un maître spirituel ou un théologien avisé, – même s’il doit connaitre les bases et principes de l’Islam -, il n’est pas la « source » du Droit, et il n’incarne aucune autorité infaillible sur le plan religieux, – ses avis ne sont donc pas forcément les plus légitimes et ne possèdent aucune « portée sacrée », et lui, comme tous les autres, doivent se conformer à la Loi et respecter les droits d’autrui. Ce n’est ainsi pas le Calife ou le Sultan qui légifère, sauf dans les aspects coutumiers du droit et là où la Loi divine n’a rien légiféré, – comme les codes de la route ou les codes maritimes -, alors là seulement le Calife et les juristes, à travers leur ijtihâd, élaboreront puis appliqueront un droit adapté à ce sujet, sans trahir les principes islamiques. Mais là où la Loi divine est explicite, il doit L’appliquer avec équité, sagesse et intelligence.

Dans leurs jugements, on leur demande néanmoins, tout en assumant leur identité religieuse ou culturelle, – et non pas de les taire ou de les dissimuler au profit d’une identité idéologique imposée par l’Etat comme en Occident -, de faire preuve d’impartialité et d’appliquer la justice et l’équité dans les affaires commerciales, judiciaires, familiales, etc.


Notes :

(1) Voir par exemple, pour les sources : Abû Yûsuf dans al-Kharâj, Belgacem Marzougui, Du Califat Et De Son Système Entre 632 Et 662, éd. Lulu, 2011 ; Reza-Shah Kazemi, L’Esprit de tolérance en Islam. Fondements doctrinaux et aperçus historiques, éd. Tasnim, 2016 ; Raghib El Serjany, L’apport des musulmans à la civilisation humaine, Tomes 1 et 2, éd. Bayane, 2013 et 2014 ; Raghib El Serjany, L’éthique prophétique des relations intercommunautaires, éd. Bayane, 2012 ; René Guénon, Autorité spirituelle et pouvoir temporel, éd. Guy Trédaniel, 1992 ; ‘Abd ar-Razzâq As-Sanhoûri, Les principes du gouvernement en islam – Le califat et son évolution, éd. Al Qalam & Geuthner, 2016 ; Abd al-Wahhâb Khallaf, Les fondements du Droit musulman, éd. Al Qalam, 2004 ; ‘Abd Allâh al-Mâliki, La souveraineté de la Umma passe avant l’application de la Sharî’a, éd. Ennour, 2018, traduit par le Shaykh Corentin Pabiot ; Dr. Ali Muhammad Sallabi et ses livres sur les califats de Abû Bakr, ‘Umar, Uthmân, ‘Alî et Al-Hassân, etc.

(2) Les principes et finalités dans ce domaine sont tirés de la Tradition prophétique, notamment lors du pacte de Najrân, le Prophète dit : « (…) la protection d’Allâh et la garantie du Prophète Muhammad, Envoyé d’Allâh, s’étendent sur Najrân et les alentours, soit sur leurs biens, leurs personnes, la pratique de leur culte, leurs absents et présents, leurs familles et leurs sanctuaires, et tout ce qui grand et petit, se trouve en leur possession ; aucun évêque ne sera déplacé de son siège épiscopal ; ni aucun moine de son monastère ; ni aucun prêtre de sa cure ; aucun intérêt aux emprunts (aucune humiliation ne) pèsera sur eux ; ni le sang d’une vengeance antérieure à la capitation (dîme). Ils ne seront ni rassemblés, ni assujettis à la dîme. Aucune troupe ne foulera leur sol. Et lorsque l’un d’eux réclamera un dû, l’équité sera mise parmi eux. Ils ne seront ni oppresseurs ni opprimés. Et quiconque d’entre eux pratiquera à l’avenir l’usure, sera mis hors de ma protection. Aucun individu parmi eux ne sera tenu pour responsable de la faute d’un autre. Donc la garantie d’Allâh et l’assurance du Prophète Muhammad, Envoyé d’Allâh, sanctionnent (confirment) le contenu de cet écrit, pour jusqu’au jour où Allâh manifestera Son Autorité (le Jour du Jugement dernier), tant qu’ils (les Najrânites) demeureront dans de bonnes dispositions et agiront en conformité avec leurs devoirs ; sans subir aucun outrage ».

Abû Yûsuf a rapporté cela dans Al-Kharâj, p. 72, ainsi que Ibn Ishaq, Ibn Kathîr, At-Tabârî et d’autres dans leurs chroniques et biographies du Prophète ; les récits, les éléments historiques et les témoignages des premiers chrétiens confirment tout cela, et ces pactes ne contredisent en rien le Qur’ân. Le juge et historien Abû Yusûf (m. 182 H/798) fut l’élève du célèbre Abû Hanifa (m. 150 H/767) qui rencontra plusieurs compagnons. Son livre est donc précieux, car très proche de la période prophétique, et faisant partie des premiers juristes musulmans issus des premières générations. Muhammad Hamidullâh rapporte (et authentifie) aussi ce traité dans Le Prophète de l’Islam, Sa vie, son oeuvre, éd. El Falah, 7e édition, 2009, p. 481. Il dira qu’à l’époque de ‘Umar ibn al-Khattâb, une partie des Najrânites furent déplacés en Irak car ils n’ont pas respecté l’interdiction de l’usure (pourtant prohibée également dans la Bible par Jésus). En effet, seulement ceux qui s’étaient rendus coupables d’usure et de transgression furent exilés, – mais avec un très bon dédommagement et des terrains leurs furent accordés lors de leur installation en Irak -, puisque le géographe Al-Bakri (m. 487) dans Mu’jam ma’sta’jam faisait encore état de chrétiens Najrânites au 3e siècle de l’Hégire, affirmant qu’Umar ne les avait pas exilés, mais en fait il s’agissait seulement des transgresseurs qui furent exilés et Allâh sait mieux.

Ce pacte fut élaboré vers la fin de la période médinoise (en 631 de l’ère chrétienne, soit environ vers l’an 9 de l’hégire, et le Prophète Muhammad décéda en l’an 632, soit en l’an 10 de l’hégire, donc ce pacte était toujours en vigueur jusqu’à sa mort et ne fut pas abrogé). Ce pacte fut renouvelé avec Abû Bakr lorsqu’il devint calife, comme le rapportent At-Tabarî dans son Tarîkh (3/265), Muhammad Hamidullah dans Le Prophète de l’Islam, sa vie, son oeuvre, Ibn Kathîr dans Al Bidaya wa an-Nihayâ et dans sa Sîrah. Ibn Kathîr mentionne une lettre au contenu similaire, adressée à l’évêque Abû al-Hârith et aux évêques de Najrân à la fin de la vie du Prophète (cf. Al Bidaya wa an-Nihayâ, 3/50-51 et dans sa Sîrah 2/312-313.

L’historien, traditionniste (spécialiste du hadîth) et juriste musulman Ibn al-Athîr (1160-1233 de l’ère chrétienne) dit quant à lui dans Al-Kamil fi al-Tarikh (2/200) : « Le Prophète leur accorda la protection (dhimma) d’Allah et prit l’engagement qu’on ne les ferait pas renoncer à leur religion et qu’ils ne seraient pas soumis à la dîme. Il leur imposa cependant comme condition de ne plus vivre de l’usure et de ne plus la pratiquer dans leurs transactions. Quand Abû Bakr devint calife il traita avec eux sur cette base ».

(3) Rappelons qu’à ce titre, le pacte dit de « ‘Umar II » est au pire, un texte apocryphe (aucune trace à son époque et semble être une compilation tardive et maladroite, quelques siècles après son califat), et au mieux, un pacte dont la charte est « contextuelle » et nullement universalisable concernant certains points du pacte. Nous avons développé ce sujet en détail dans l’ouvrage Tradition et modernité, Guerre et Politique en Islâm – Jihâd, tolérance, paix et société – Pour en finir avec le terrorisme, au format ebook et ré-édité en 2021, et dont nous programmons une ré-édition pour le public prochainement si Allâh le permet.

(4) Mis à part le Hijaz, région englobant la Mecque et Médine qui ne peut pas abriter des lieux de culte officiellement non-musulmans, afin de préserver la sacralité, la pureté et la doctrine pure du Tawhîd, et donc la paix et le symbole de la « Présence divine » dans les 2 premiers lieux saints de l’Islam, partout ailleurs, les non-musulmans peuvent avoir leurs propres lieux de culte. De nouvelles églises peuvent même y être construites, comme ce fut le cas en Egypte au cours du 1er siècle de l’hégire dont l’église de « Mâr Murqus » à Alexandrie entre les années 39 et 56 après l’hégire. De même, la première église fut construite à Al-Fustât (ancien nom du Caire) dans le quartier des romains pendant le gouvernorat de Maslamah Ibn Mukhallad sur l’Egypte entre les années 47 et 68 après l’hégire. De plus, lorsque `Abd Al-`Azîz Ibn Marwân jeta les fondations de la ville de Hulwân, il y autorisa la construction d’une église tout comme il autorisa certains prêtres à construire 2 monastères, et plusieurs cas similaires ont été rapportés dans les ouvrages historiques. L’historien Al-Maqrîdhî cite dans son livre Al-Khutat de nombreux exemples puis conclut son propos disant : « Toutes les églises susmentionnées du Caire datent de l’ère islamique sans aucune contestation » (voir aussi le Dr. `Alî Husnî Al-Kharbutlî dans Al-Islâm wa Ahl Ad-Dhimma, p. 139 et Thomas W. Arnold dans L’Appel à l’Islam).

Dans les quartiers ne faisant pas partie des zones musulmanes, il n’est pas interdit aux non-musulmans de manifester leurs rituels religieux, de rénover leurs vieilles églises et de construire les bâtiments dont ils ont besoin du fait de leur croissance démographique.

(5) Durant les 6 premiers mois de l’année 2021, l’alcool était responsable de la mort de plus d’1, 306 millions de personnes, et plus de 58 millions de personnes connaissant des problèmes de santé : “Deaths caused by alcohol”, Worldometers, juillet 2021 : https://www.worldometers.info/alcohol/


3 thoughts on “La supériorité du modèle islamique du vivre-ensemble sur le modèle « occidental »

  1. :

    Salam Akhi, c’était pas un juif plutôt dans l’histoire avec Ali ?

    1. :

      Wa ‘alaykum Salâm.
      Cela dépend des versions en effet.

  2. :

    Salam aleykoum, article plaisant à lire. Néanmoins, le fiqh est beaucoup plus vaste que ce que n’en laisse paraître le présent texte. Je ne pense pas aujourd’hui au vu de la l’histoire longue, et de l’immensité géographique qu’occupe la civilisation islamique, qu’une personne de notre temps puisse extraire la “Vérité” du fiqh prophétique à l’intérieur de l’histoire du fiqh. Notamment, la distinction qui est faite en début d’article morale/légal est de même nature trompeuse. Je pense que c’est la maladie de notre époque, la complexification de l’approche que nous faisons du réel, par une historique fuite en avant interprétative, on se retrouve à faire l’ijtihad de l’ijtihad, et le qiyas de l’analogie. La seule Vérité de l’Islam c’est le coran et les quelques ahadiths muttawatir, voir sahih, et ce qu’ils impliquent de dogmes, principes et contraintes. Ces principes montrent clairement que la morale c’est le droit, il n’y a pas d’un côté la morale transcendante et planante au-dessus du monde des hommes comme un spectre
    fantasmé d’une condition supra-humaine. Et par ailleurs une légalité pragmatique, venant traduire aux hommes les desseins de la Morale comme un traducteur avisé s’adressant à un publique amoindri. Non! En islam la morale transcendante s’attèle à conquérir le monde des hommes, elle marginalise le légal. Elle chasse les zones d’ombre inhérentes à toute légalité depuis lesquels les esprits humains et autres, s’attèlent à corrompre les raisonnements et les compréhensions pour les faire correspondre aux désirs, aux instincts. L’islam élève par les principes ce que le légal rabaisse par ses interprétations. En bref, on peut tricher avec le droit mais pas avec la morale. En suivant le fil, la morale c’est l’intention, le fiqh ce sont les actes. On final, le malheur c’est que nous sommes tous libres.

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