Les mouvements takfiris et kharijites sont-ils conformes à l’Islam classique et traditionnel, et quel rapport le musulman doit-il entretenir avec les sociétés modernes ?

La réponse est non. Tout d’abord, la mentalité kharijite est née en dehors du monde sunnite et fut condamnée de façon explicite par le Qur’ân et le Prophète (ﷺ) à titre de prédictions sur les évènements futurs et une fine connaissance de la psychologie et de la sociologie humaine. Ensuite, cette tendance apparut à l’époque du Califat de l’imâm ‘Alî, de Sayyida Umm Al Mû’minîn ‘Aîsha et des Compagnons – qu’Allâh soit satisfait d’eux tous ! – qui étaient encore en vie, qui les combattirent par la force des choses. Comme nous l’indiquions déjà dans l’un de nos ouvrages et dans quelques articles, le kharijisme peut se définir comme une mentalité à la fois sectaire, violente et fanatique, où leurs adeptes sont éloignés de l’éthique et de la spiritualité tout en inversant les priorités et en ignorant les finalités et les valeurs islamiques – qui sont pourtant l’essence de l’Islam et qui sont les arcanes islamiques qui doivent se vivre au quotidien, et où ils ne finissent par ne voir que « le mal partout » et dont la seule solution, selon eux, résiderait dans le fait de croire que tous les autres seraient égarés et qu’ils doivent être corrigés par la force, les armes ou la terreur essentiellement, ce qui est pourtant clairement interdit et condamner dans le Qur’ân comme dans la Sunnah purifiée, et dont leurs seuls arguments, émanent de certains récits faux ou faibles (attribués au Prophète ou à certains Compagnons ou savants ultérieurs) ou des textes complètement décontextualisés, et passant à la trappe de nombreux versets du Qur’ân et ahadiths authentiques qui priment sur tout cela, en plus des principes et valeurs islamiques nécessairement connues, et qui priment sur les considérations personnelles ou juridiques des Musulmans eux-mêmes (qu’ils soient « savants » ou non).

Par rapport aux savants classiques, les khawarij des temps modernes ignorent les règles et notions traditionnelles liées au fiqh qui sont tirées du Qur’ân, de la Sunnah, des Sahaba et de l’analogie, à savoir que, avant même d’appliquer un avis juridique produit dans le cadre d’un contexte précis, il est nécessaire de maîtriser plusieurs choses, dont les conditions et les principes, comme ceux de la contrainte et de la nécessité, de l’intérêt général, de la coutume, du moindre mal, du cas particulier, de la suspension de certaines peines en cas de force majeure ou lorsque toutes les conditions ne sont pas réunies, de la présence ou de l’absence d’une nuisance certaine ou potentielle (pour la santé, la dignité ou pour le bon déroulement d’une pratique religieuses, médicale, professionnelle, etc.), qui sont des règles explicitées par les ussuliyyûn (spécialistes des fondements de la Religion et du Droit) de l’époque médiévale (comme Al-Juwaynî, Abû Hâmid al-Ghazâlî, As-Shatibi, Shihâb ad-Dîn al-Qarâfî al-Mâlikî,  …) suivant les traces des Pieux Prédécesseurs.

Ainsi, à l’égard des avis classiques de fiqh, les khawarij et ignorants méconnaissent tout cela et transgressent, en plus de cela, les valeurs et les finalités de l’Islam telles que la justice, l’équité, la sécurité des citoyens, la bonté, la liberté de conscience et de culte, l’amour bienveillant, la sagesse, la piété intérieure, la compassion, la sagesse, le moindre mal, chercher à rassurer les citoyens tout en les incitant à s’éloigner des péchés et des crimes qui nuisent à la société, à la famille, à leur personne, à la planète et à leur relation avec Allâh, etc.

Face à un avis juridique ancien, il faut donc s’assurer d’abord qu’il soit validé selon les autorités de l’école, car il existe des avis marginaux qui contredisent à la fois les principes islamiques d’une part et les conditions de l’école juridique d’autre part, et ils ne doivent donc pas être considérés et appliqués. Quant aux autres avis, soit ils sont conformes aux principes islamiques et aux conditions de l’école, et alors il faut les appliquer seulement si les conditions sont réunies, soit ils ne sont plus du tout adaptés et les juristes d’une région donnée ou d’une époque donnée, doivent adapter le fiqh selon les principes de l’islam et les circonstances particulières de leur situation, et ce n’est plus l’avis prépondérant ou classique qui doit être appliqué, même s’il avait sa pertinence à l’époque, dans un monde plus traditionnel que le nôtre.

Le grand imâm, savant, juriste et ussûli Shihâb ad-Dîn al-Qarâfî al-Mâlikî (1228 – 1285), qui est une autorité dans l’école malikite a dit dans Anwar al Buruq fi Anwa’ al Furuq : « Toutes les fois qu’il y a un renouvellement dans la coutume (‘Urf) des gens, le Mujtahid (savant) la prend en considération, et toutes les fois où elle s’arrête, il la laisse. Ne te fige pas sur ce qui est consigné dans les livres toute ta vie ! Mais plutôt, s’il te vient un homme qui n’est pas de ta région et qui te demande la Fatwâ (avis juridique), ne le ramène pas vers la coutume de ton pays. Questionne-le sur la coutume de sa région, guide-le vers celle-ci et donne-lui la Fatwâ par elle sans tenir compte de celle de ton pays et de ce qui est établi dans tes livres. Ceci est la vérité claire et limpide. Le fait d’être figé à jamais dans les textes rapportés (al Manqulât) est un égarement dans la religion et une ignorance des desseins des savants musulmans et des Salafs passés ».

« Il se peut qu’Allâh établisse de l’amitié entre vous et ceux d’entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Allâh est Omnipotent et Allâh est Pardonneur et Très Miséricordieux. Allâh ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allâh aime les équitables. Allâh vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes » (Qur’ân 60, 7-9).

Concernant ce verset, l’imâm Al-Qarâfî le commente ainsi dans Al-Furûq (3/15) : « Cette droiture (birr) consiste à être doux avec ceux qui sont opprimés et faibles (musstad’afûn) parmi les non-musulmans : à aider leurs nécessiteux et à nourrir leurs affamés ; de donner des habits décents à celui qui n’en a pas parmi eux, de tenir un langage respectueux et courtois à leur égard – dans le but de leur être agréable et compatissant et non pas par crainte de leur mal ou par sentiment d’infériorité -, de supporter leur mal et leur désagrément s’ils se montrent mauvais voisins envers nous bien que l’on soit en mesure de faire cesser cela – et ceci par gentillesse à leur égard et non par crainte ou convoitise -. C’est aussi prier (Allâh) pour eux afin qu’ils soient guidés (dans l’Islam et le bien) ainsi que pour leur prospérité et leur bonheur. C’est leur apporter les bons conseils dans leur religion comme dans les affaires diverses de ce monde [famille, travail, santé, …] ; c’est les protéger (dans leur honneur, leur sécurité et tous leurs autres droits et intérêts louables) en leur absence (ou non) contre celui qui voudrait leur faire du mal, et les assister et les soutenir contre leurs agresseurs injustes (…) ». En effet, les 2 notions clés du verset sont « al-Birr » et « al-Qist ». Al-Birr, c’est la bonté pieuse, la générosité, l’acte de charité, la gentillesse, la courtoisie, la bienveillance, la bienfaisance, etc., et al Qist, c’est le fait d’être juste et équitable. L’imâm An-Nawawî dans son Sharh Sahîh Muslim au hadith n°6463 dit au sujet de la notion « al-Birr » : « parenté, gentillesse, actes de charité, courtoisie et bienséance, obéissance (dans le bien) (…) ». Le fait de cultiver cet état d’esprit et cette qualité de l’âme, doivent être au cœur du fiqh – comme le montrent ici l’imâm Al-Qarâfî ainsi que l’ensemble des maîtres spirituels et des savants avisés en la matière -, et ce, peu importe s’il existe de certains avis juridiques sévères ou inadaptés à ce sujet, et dont le contexte pouvait être justifié ou excusé cet avis dans un cadre relativement restreint et anormal, mais qui n’a pas ou plus court de façon « normale » et générale, et quoi qu’il en soit, qui ne peut jamais abroger ou amoindrir les principes de justice et de sagesse, qui priment en Islam.

L’imâm Al-Qarâfî explique encore dans Al Furuq (3/15) ce qu’est la bienfaisance qu’Allâh ordonne aux musulmans à l’égard des dhimmis (c’est-à-dire les « protégés » et « bénéficiaires du Pacte » parmi les non-musulmans ; ce n’est donc pas une notion méprisante ou péjorative, mais bien un qualificatif mettant en avant qu’ils doivent être non seulement des résidents, mais que les Musulmans sont dans l’obligation juridique et morale de respecter leurs droits et même de leur porter secours s’ils sont en danger ou victimes d’injustices) : « L’aménité envers leurs faibles, l’assistance envers leurs pauvres, nourrir les affamés, vêtir les dénudés, la bonne parole – par urbanité et miséricorde, et non par peur ni obséquiosité -, supporter les torts du voisinage le cas échéant, même si l’on a la capacité de supprimer l’objet du grief par soi-même et ce, par mansuétude et non par peur ni convoitise, prier afin qu’ils soient guidés, et qu’ils fassent partis des bienheureux, leur prodiguer le bon conseil dans toutes leurs affaires, au plan de la religion et au plan de la vie ici-bas, ne pas les médire même s’ils font du tort à autrui, préserver leurs biens, leurs enfants, leur honneur, ainsi que tous leurs droits et leurs intérêts, les aider à repousser l’injustice et à obtenir tous leurs droits, etc. (…) ».

Dans l’ouvrage de référence au sein de l’école hanbalite, Matâlib Ulî An-Nuhâ fî Sharḥ Ghâyah al-Muntahâ (2/602-603)de l’imâm Al-Muṣṭafâ Al-Suyûṭî Al-Raḥaybânî,  on lit ceci : « L’Imâm se doit de préserver les gens de la dhimma et empêcher quiconque de leur nuire, de libérer leurs otages (s’ils sont captifs et fait prisonniers) et de repousser quiconque vise à les nuire tant qu’ils résident chez nous, et même s’ils sont isolés dans un village, et aussi longtemps qu’ils ne résident pas en terre de guerre ». La notion de « terre de guerre » (dar al-harb) désigne un pays ou une région qui refuse les traités de paix et les pactes de non-agression envers les pays musulmans ou les pays non-musulmans qui sont alliés et en paix avec les nations musulmanes. Cela ne désigne donc pas n’importe quel pays non-musulman, mais seulement ceux qui ne sont pas en « paix » avec les nations musulmanes. Certains savants parmi la génération des Salafs, comme Sufyân at-Thawrî, As-Shafi’î, Abû Hanifa et d’autres, appelaient « terres de paix, de pacte, de l’alliance ou de sécurité (dar as-Salâm, dar al-Sulh ou dar al–‘ahd) » les terres non-musulmanes où les musulmans pouvaient s’y rendre en sécurité ou qui étaient en paix avec les nations musulmanes.

Quant au dar al-islâm, l’imâm Abû Hanifa donne 3 critères fondamentaux (selon lui) pour qualifier une région ou un pays de « dar al islam » :

1) Les musulmans doivent pouvoir vivre en paix et bénéficier de la sécurité avec et à l’intérieur de ce pays.

2) Le pays devrait être gouverné par un gouvernement (officiellement) musulman

3) Il doit avoir des frontières communes avec certains pays musulmans (voir par exemple Atiya Saqr, Concept of Dar al-Harb and Dar al-Islam, Islam Online, 21 octobre 2006).

L’imâm Al-Qarâfî rapporte dans Al-Furûq (3/14-15) la parole de l’imâm zâhirite Ibn Hazm dans son ouvrage Marâtib Al-Ijmâ` : « Si les ennemis viennent à nos contrées pour se saisir d’un dhimmi, il est de notre devoir de les combattre par tous les moyens logistiques et militaires et de mourir dans ce dessein pour préserver celui qui bénéficie du pacte (dhimma) d’Allâh et du pacte de Son Messager (ﷺ) car le livrer à eux sans combat est une négligence du contrat de dhimma » et l’imâm Al-Qarâfî précise à ce sujet : « Un contrat qui conduit à dépenser les vies et les fortunes pour l’honorer est certainement d’une immense valeur ». Au même endroit, il rappelle : « Le fait de conclure le pacte (dhimma) avec eux leur donne des droits que nous devons honorer, car ils vivent dans notre voisinage, sous notre protection, avec notre pacte (dhimma), le pacte d’Allâh – Exalté Soit-Il, le pacte du Messager d’Allâh (ﷺ) et de l’islam. Quiconque les agresse, ne serait-ce que par un mot déplacé ou une médisance, viole le pacte d’Allâh, le pacte du Messager d’Allâh et le pacte de l’islam ».

L’imâm Ibn Âbidin – une autorité dans l’école hanafite – dit dans Ad-Durr Al-Mukhtâr et son commentaire Hâshiyat (3/244-246) : « On doit protéger le dhimmi de tout mal. Il est interdit de médire à son sujet, au même titre qu’un musulman (…). Par l’établissement du pacte (dhimma), on leur doit ce qui est dû pour nous-mêmes. Puisque la médisance est interdite à l’encontre d’un musulman, elle est interdite à l’égard d’un dhimmi. On dit même que l’injustice envers le dhimmi est encore pire ».

Le juriste et imâm du Salaf (parmi les premières générations de musulmans), élève de l’imâm Abû Hanifa, Abû Yusuf (vers 113 H/735 – 182 H/795), qui était témoin de certaines conquêtes et ouvertures du dâr al-islâm, dit dans son Kitâb al-Kharâj : « Personne parmi les gens de la dhimma ne doit être battu ou frappé pour exiger le paiement de la jizya, ni obligé de se tenir debout sous le soleil brûlant (en guise d’humiliation), ni des choses odieuses ne doivent être infligées à son corps, ou quoi que ce soit de ce genre. Ils doivent plutôt être traités avec indulgence (et douceur) ».

Les notions de « dhimma » et de « mu’âhad » qui désignent les non-Musulmans qui sont soit directement sous notre protection comme les dhimmis (qui sont des résidents permanents dans un pays musulman) ou les mu’âhidîn qui sont des non-musulmans qui vivent dans leur pays (non-musulman) ou qui viennent dans un pays musulman en tant que touristes, travailleurs, résidents temporaires, visiteurs (pour la famille par exemple), etc., s’apparentent à la notion de « citoyenneté » aujourd’hui, et il est interdit de s’en prendre à eux (donc interdiction non seulement morale – en temps normal – mais aussi juridique : du meurtre, du vol, de l’agression physique ou sexuelle, de l’extorsion, du pillage, du banditisme, de la peur, de l’arnaque, de l’insulte, du mépris, de la médisance, de l’oppression, de l’injure, de la provocation, etc.) puisque tous les pays musulmans actuellement font partie de l’ONU et ont des accords mutuels de pactes de non-agression avec les autres pays (musulmans et non-musulmans). En Islâm, il y a 2 aspects qu’il faut garder à l’esprit. D’une part l’aspect moral et éthique, qui interdit en tous lieux et en tout temps, de tuer ou de causer du tort à qui que ce soit (musulman ou non musulman, homme ou femme, enfant ou adulte, humain ou animal, etc.) sauf en cas de légitime défense ou alors sur ordre des autorités pour infliger une peine à un criminel ou à un terroriste, ou pour se nourrir par nécessité (concernant l’abattage rituel d’un animal par exemple), et en cas de transgression, alors le musulman commettrait un acte interdit et un péché manifeste, et devra en répondre le Jour du Jugement devant Allâh, mais ici-bas, il n’aura pas forcément de sanctions pénales, sauf si, d’autre part, un aspect pénal et juridique est prévu dans le pays (musulman ou non-musulman), auquel cas il y sera contraint (peine de mort, emprisonnement, amende, etc.). C’est ainsi qu’il faut comprendre les discussions entre juristes du Moyen-âge, quand des juristes disaient que la peine capitale ne pouvait pas s’appliquer sur des Musulmans qui auraient tué des non-musulmans (sous-entendu généralement, parmi ceux qui étaient dans un pays en guerre – dar al harb – avec le monde musulman), tandis que pour les hanafites et d’autres, si un Musulman assassinait délibérément un dhimmi ou un mu’âhid (non-musulman ayant un pacte avec les Musulmans ou même avec un seul musulman, même si ce non-musulman était connu pour être un ennemi de l’Islam ou un ancien combattant ayant livré la guerre aux musulmans) – suivant en cela l’attitude prophétique et la Parole divine -, alors ce musulman criminel devait être mis à mort aussi si la famille de la victime l’exigeait, tandis que d’autres juristes adoptaient d’autres peines légales (c’est-à-dire d’autres peines que la peine de mort), mais dans tous les cas, selon les textes islamiques, avec ou sans pacte, tuer un innocent (musulman ou non) ou même une personne perverse ou impliquée dans des choses graves et détestables, mais avec qui un pacte existe, reste un grand péché et une abomination du point de vue moral, et cet acte doit être a minima dénoncé, et si la jurisprudence d’un pays s’applique à son cas, sera alors puni en conséquence ici-bas.

Par ailleurs, certains avis anciens étaient tout simplement erronés du point de vue islamique (même les plus grands savants de la Ummah peuvent commettre des erreurs dans un domaine aussi complexe et délicat que le fiqh), et il n’y a donc aucune obligation ni raison de les suivre (d’autant plus qu’eux-mêmes ne mettaient pas toujours en pratique leur propre avis, mais adoptaient ce qui convenait le mieux à la situation de leur région ou de leur époque), plus encore si les juristes ont divergé entre eux, et en cas de divergence, ce sont les principes et finalités islamiques qui priment, c’est-à-dire ce qui relève de l’éthique, de l’intérêt général et ce qui éloigne la société du fanatisme, du chaos, du conflit, de l’injustice, de la décadence, des mauvaises manières, etc.

Même ceux qui se montraient parfois injustes ou durs envers des Musulmans ou des Dhimmis, étaient rapidement rappelés à l’ordre ou sanctionnés. De façon générale, c’était la souplesse et le respect qui étaient observés aussi envers les Dhimmis, et notamment les Juifs, les Chrétiens et les autres (Zoroastriens, Sabéens, Hindous, Bouddhistes, Berbères encore idolâtres, idolâtres, etc.), sauf évidemment dans les périodes de troubles où les foules se mettaient en colère en période de crises (comme cela existe partout) mais pas en tant que « impératif religieux ». Même l’historien sioniste juif Bernard Lewis (qui n’a pas toujours été objectif) l’a fait remarquer à ce sujet, en disant dans The Jews of Islam (1984) : « Généralement, le peuple juif était autorisé à pratiquer sa religion et à vivre selon les lois et les écritures de sa communauté [juive]. En outre, les restrictions auxquelles ils étaient soumis avaient un caractère social et symbolique plutôt que tangible et pratique. C’est-à-dire que ces règlements servaient à définir les relations entre les 2 communautés, et non à opprimer la population juive ». Aussi, certains vêtements spécifiques portés par les Musulmans comme par les Chrétiens, les Juifs ou autres, étaient à la fois une décision politique mais aussi un choix communautaire émanant des différentes communautés, afin de pouvoir se distinguer les uns des autres pour des raisons politiques, sociales, personnelles, religieuses, etc., et d’éviter ainsi les malentendus (par exemple les non-musulmans buvant de l’alcool ou consommant du porc dans leurs quartiers, les non-musulmans qui ne priaient pas la Salât des musulmans le jour du vendredi, ou les non-juifs ne devant pas aller à la synagogue le samedi, ou les non-chrétiens ne devant pas se rendre dans une église le dimanche, etc.).

Le professeur d’histoire médiévale juive à l’Université hébraïque de Jérusalem, Hayim Hillel Ben-Sasson note dans On Jewish History in the Middle Ages (1969, p.36) : « La situation juridique et sécuritaire des juifs dans le monde musulman était généralement meilleure que dans la chrétienté, car dans le premier, les juifs n’étaient pas les seuls « infidèles », car par rapport aux chrétiens, les juifs étaient moins dangereux et plus fidèles à l’autorité musulmane, et parce que la rapidité et l’étendue territoriale des conquêtes musulmanes leur ont imposé une réduction des persécutions et l’octroi d’une meilleure possibilité de survie des membres d’autres confessions sur leurs terres », par rapport à leur situation sous des autorités non-musulmanes. Cela s’appliquait aussi aux courants et groupes chrétiens persécutés ou lourdement taxés dans les provinces byzantines en Syrie, au Liban, en Egypte, en Irak, en Anatolie, etc. avant l’arrivée des Musulmans, où ces chrétiens aidèrent les Musulmans et saluaient la libération de leurs terres par les Musulmans, car ces derniers leurs assuraient des taxes plus faibles, une plus grande justice, une bien plus large liberté religieuse, et la fin des persécutions. Même constat aussi pour l’Espagne des Wisigoths, où Juifs et Chrétiens persécutés ont aidé les Musulmans à libérer le pays du pouvoir despotique wisigoth, et où ils purent bénéficier d’une plus grande justice et liberté de culte, la fin des persécutions, occuper de meilleurs postes, et juger leurs propres affaires communautaires selon leurs propres codes et tribunaux, en plus d’avoir fondé une nouvelle civilisation grandiose et plus prospère, et aussi bien prolifique sur les plans spirituel, scientifique, artistique, architectural, social, économique, philosophique, théologique et juridique.

Les adeptes de la violence ou du fanatisme à notre époque ne sont pas ceux de l’islam traditionnel, – tout au plus on peut trouver chez eux certaines personnes à l’attitude un peu sectaire ou psychorigide tout comme dans toutes les autres communautés car c’est là un facteur purement humain et psychologique -, mais bien chez ceux qui se rattachent au Wahhabisme guerrier (en opposition avec l’islam traditionnel), au sécularisme/réformisme, au shiisme identitaire et politique, ou clairement au communisme ou au laïcisme.

On ne trouve en effet pas, de façon évidente et significative, de terroristes chez les musulmans traditionnels (que ce soit les adeptes du sunnisme traditionnel, du shiisme traditionnel baignant dans l’irfân et influencés par le Tasawwuf, ou parmi les ibadites traditionnels) car ils étudient les règles de fiqh, la ‘aqida, la spiritualité et l’éthique – accompagnés de commentaires issus de maitres qualifiés auprès de shuyukhs – et ne bricolent pas en piochant ici et là des textes partiels ou incompris et sortis de leur contexte -, alors qu’on trouve plutôt les dangers et violences du côté des suprémacistes et identitaires non-musulmans (aux Etats-Unis comme en Europe, chez les sionistes israéliens, chez les ultra-nationalistes hindous, chez les ultranationalistes arméniens, etc.), chez certains groupuscules marxistes et athées (comme le PKK/YPG par exemple), chez certains groupes wahhabites ou salafistes, chez des laïcs, des réformistes/modernistes dans le monde arabe, des groupes shiites identitaires, ou des groupes plus attachés à leur culture qu’aux valeurs islamiques dans le monde musulman.

Enfin, même appliquer une peine légale issue du Qur’ân ou d’un hadith sahih exige le respect des nombreuses conditions textuelles, juridiques, politiques et temporelles dont nous en avons cité quelques-unes précédemment, et dont l’application ne peut se faire que par des juges, muftis, juristes, savants et dirigeants qui sont islamiquement qualifiés, c’est-à-dire qui sont connus pour leur piété et leur justice, leur indépendance politique, leur sagesse, leur connaissance approfondie des textes religieux comme des règles juridiques, et qui pencheront vers l’intérêt général. Or, rien de tout cela n’est respecté par les mouvements modernistes ou kharijites qui font tant parler d’eux dans les médias.

Par exemple, même ce qui est interdit en temps normal, peut voir son interdiction levée si la nécessité, la contrainte ou l’intérêt général sont en jeu, par exemple la vie, la sécurité ou la santé d’une personne, alors certaines obligations ou interdictions peuvent être momentanément suspendues pour des raisons impératives et supérieures, mais toujours avec l’intention d’éviter un plus grand mal ou d’atteindre un plus grand bien, sans jamais banaliser, justifier ou se complaire dans le péché ou dans une chose qui est repréhensible (par nature ou de façon indirecte).

Les fondements qurâniques et prophétiques du fiqh reposent sur la clémence, l’indulgence, la justice, l’équité et la bienfaisance, ainsi que l’absence de nuisance et de préjudice.

Le Qur’ân dit : « Allâh commande l’équité, la justice, la bienfaisance et l’assistance aux proches, et Il interdit la turpitude, l’acte blâmable, l’oppression, la tyrannie, l’injustice et la rébellion (illégitime) » (Qur’ân 16, 90). Le Shaykh ul islâm et imâm Al-‘Izz Ibn ‘Abd As-Salâm (577 H/1181 – 660 H/1262), qui était un mujtahid et grand savant – bien avant l’avènement du monde moderne -, comme le relate Ibn Ashûr dans son ouvrage At-Tahrir wa at-tanwîr (14/260) citant l’ouvrage As-Sîra al-Halabiyya, disait que ce verset constituait une preuve englobant la totalité du fiqh : « Le maître ‘Izz ad-Dîn Ibn ‘Abd As-Salâm a écrit un ouvrage intitulé As-Shajara où il montre que ce verset englobe toutes les prescriptions juridiques de toutes les branches de la jurisprudence », et ce, en dépit des erreurs ou des déviances introduites par certains juristes. Dans le même ouvrage (p. 259 de l’ouvrage de Ibn Ashûr), il est rapporté cette parole du compagnon Ibn Mas’ûd : « C’est le verset du Qur’ân qui a la signification la plus exhaustive », ce qui est vrai. Sa portée générale est immense et peut concerner l’ensemble des pensées, des actions et des aspirations humaines dans tous les aspects de leur existence.

L’Islam appelle donc à tout ce qui est bénéfique (les intérêts bénéfiques ; al-masâlih) et interdit tout ce qui est concrètement nuisible (les maux ; al-mafâsid). Dans l’introduction de son ouvrage Qawâ’id al ahkâm (1/8) le Shaykh Ibn ‘Abd as-Salâm rappelle que pour la Loi (réellement islamique) : « L’essentiel des objectifs présents dans le Qur’ân se ramène à ordonner la recherche des intérêts (choses bénéfiques) et de leurs causes, et à blâmer la recherche des maux et de leurs causes ». Et un peu loin (1/11) il rappelle aussi que : « Toutes les injonctions se ramènent à l’intérêt bénéfique des êtres humains dans ce bas-monde et dans l’autre (l’Au-delà) », c’est-à-dire les affaires politiques, sociales, morales, spirituelles, juridiques, économiques, matérielles, etc.

Ibn al-Qayyim a dit dans I’lâm Al-Muwaqqi’în (4/273) : « Allâh a envoyé Ses Messagers et a révélé Ses Livres afin que les gens observent l’équité, pour laquelle les cieux et la terre ont été édifiés. Partout où se manifestent les signes de la vérité et les preuves de l’intellect, là est la Loi Divine, là est Sa religion, et là est Son Agrément ». Cela est corroboré par le verset qurânique suivant : « Nous avons envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice » (Qur’ân 57, 27).

Et parmi les autres preuves du Qur’ân, citons entre autres :

« Adorez Allâh et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté et bienfaisance envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les domestiques sous votre responsabilité, car Allâh n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant » (Qur’ân 4, 36).

« La bonté pieuse (al birr) ne consiste pas (uniquement) à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allâh, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelqu’amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs (affranchir les esclaves), d’accomplir la Salât et d’acquitter la Zakât. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux ! » (Qur’ân 2, 177).

« Au milieu des biens qu’Allâh t’a accordés, recherche la Demeure Dernière. Ne néglige pas ta part de ce bas-monde. Sois bon comme Allâh est Bon avec toi. Ne cherche (et ne sème) pas la corruption et le désordre sur la Terre. Allâh n’aime pas ceux qui sèment la corruption et le chaos » (Qur’ân 28, 77).

« (…) ceux qui ont la foi et accomplissent de bonnes œuvres ; puis qui [continuent] d’être pieux et d’avoir la foi et qui demeurent pieux et bienfaisants. Car Allâh aime les bienfaisants » (Qur’ân 5, 93).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Si Allâh veut le bien pour un peuple (qui aspire au Bien), Il leur inspire le pardon, l’indulgence et la chasteté (…) » (Rapporté par Ibn ‘Asâkir dans Târîkh Dimashq 40/165, Ad-Daylami dans Musnad al-Firdaws n°955 selon Ubadah Ibn Al-Samit, At-Tabarânî dans Musnad Al-Shamiyyin 1/34 n°19, …).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Pas de nuisance (tort, préjudice, injustice), ni à soi-même, ni à autrui » (Rapporté sous l’autorité de `Ubâda Ibn As-Sâmit, et rapporté par Mâlik dans son Al Muwattâ’, par Ibn Mâjah dans ses Sunân au chapitre des « Jugements » n°2430, par Ahmad dans son Musnad n°23462, par Al-Bayhaqî dans ses Sunân n°12224).

Quant aux objectifs de la Loi divine (Sharî’ah), l’imâm al-‘Izz ad-Din ibn `abd As-Salâm a dit dans son Shajarat al-ma’arif wa al-ahwal wa salih al-aqwal wa al-a’mal (p.401) : « Sache qu’Allâh, exalté soit-Il, n’a établi des lois que pour servir un intérêt précis dans cette vie ou dans la vie dernière, ou présentement et à l’avenir, afin de combler Ses serviteurs de Sa grâce (…). C’est un signe de bonté, de compassion, de commodité et de sagesse qu’Allâh n’ait pas chargé Ses serviteurs de tâches pénibles et inutiles dans cette vie ou dans l’autre, et qu’Il les ait appelés à se rapprocher de Lui par la piété et l’accomplissement des bonnes oeuvres. Car l’intérêt des gens en ce monde-ci se voit dans tout ce qui leur est utile, et leur procure bien-être, bonheur et confort, et en parallèle, dans tout ce qui les aide à éviter les maux et les dommages, de même qu’à repousser les préjudices, aussi bien en ce bas-monde que dans la vie dernière ».

L’imâm Ar-Râghib Al-Asfahânî (m. 500 H) a dit dans Ad-Dharî’a ilâ Makârim : « Les plus belles pratiques de la Sharî’ah sont la sagesse, l’établissement de la justice entre les gens, la magnanimité, le bel-agir, la bienfaisance, lesquelles pratiques ont pour but d’atteindre le Paradis et d’être dans le giron du Seigneur de la Puissance ».

Il s’agit là des principes en vigueur défendus par les sommités traditionnalistes, même si évidemment, selon les époques ou les avis propres à chacun, il y a des choses à revoir ou des avis qui évoluent avec le temps et l’espace.


L’imâm Ibn al-Jawzî a dit dans Sayd Al-Khâtir : « Celui qui regarde, depuis l’oeil de la clairvoyance, les conséquences des choses, dès leur commencement, en obtiendra le bien et sera préservé de leur mal. Par contre, celui qui ne voit pas les conséquences, tombera sous l’emprise des sens, et il ne trouvera que souffrance là où il cherchait le salut ; et difficulté là où il espérait le repos ». Comme avant lui l’imâm Al-Ghazâlî et d’autres, des savants musulmans avaient devancé les philosophes adoptant le courant « conséquentialiste » qui a émergé récemment dans le monde moderne.

Ce principe doit guider aussi nos réflexions sur le fiqh, car au-delà des débats suivant l’approche textualiste (des traditionnalistes) comme superficialiste (des modernes), même quand un texte n’est pas catégorique, il y a d’autres facteurs à prendre en compte, tels que les finalités de la Loi, le souci de la justice, la réalisation de la piété, la pratique des vertueux à travers chaque génération, l’empêchement des voies menant à la débauche ou à la dégénérescence (voie à laquelle conduit la sécularisation par exemple, où à force d’évacuer ou d’étouffer le Sacré et le spirituel du coeur des Hommes, les conduit à la dépression, au suicide, à la drogue, à la désacralisation du monde et de la vie, à l’esclavage des sens et des passions, au fanatisme idéologique, etc.).

Citons à titre d’exemples, le célèbre imâm et juriste Abû Hâmid al-Ghazâlî, qui était l’une des plus grandes autorités de son temps dans l’école shafiite. Bien que n’ayant jamais été un khariji, lorsqu’il était enfermé dans la mentalité trop juridicisante au sein de son école, il pouvait avoir des avis durs ou sévères sur certains sujets secondaires, mais par la suite, comme l’attestent ses dernières oeuvres, dont le monumental Ihyâ ulûm ud-Dîn, il délaissa cette mentalité sclérosée qui animait parfois certains juristes, pour remettre le fiqh à sa juste place, c’est-à-dire dans un cadre baignant dans l’éthique islamique et la spiritualité islamique, afin de trouver le meilleur équilibre possible, où le fiqh ne dégrade pas la vision de l’Islam et ses nobles valeurs et finalités, mais au contraire, s’imprègne des principes islamiques et sert de nobles objectifs.

Il mit en garde aussi contre le fanatisme des écoles, aussi bien philosophiques, que doctrinaires ou juridiques, et agissait lui-même parfois en tant que mujtahid plus qu’en tant que muqallid (suiveur d’une école), car il fut compté en effet parmi ceux qui avaient atteint le rang de mujtahid (un statut que peu de savants, parmi la génération des khalafs, peuvent atteindre, où on compte parmi eux des savants comme Abû Bakr al-Bayhaqî, ‘Abd al-Qâdir al-Jilânî, Ibn ‘Arabî, ‘Izz ud-Dîn Ibn ‘Abd As-Salâm, Ibn Daqîq al ‘Îd, Taqi ud-Dîn As-Subkî, etc.).

De grands savants, comme Al-Ghazâlî, An-Nawawî, Al-Bayhaqî Taqî ud-Dîn As-Subkî et d’autres, avaient pu passer par une phase psychorigide, avant d’atteindre le sommet de leur art et des sciences grâce à leur cheminement spirituel, notamment dans un fiqh débarrassé des scléroses de la nafs et des biais cognitifs. De nombreux savants comme eux, comme Ibn ‘Arabî (notamment dans sa lettre adressée à l’imâm Fakhr ud-Dîn ar-Râzî), Al-Jilânî, Ahmad Ibn Atâ’Llâh As-Sakandarî, Ibn Daqîq al ‘ïd, ‘Izz ud-Dîn, Jalâl ud-Dîn Rûmî – qui étaient tous des maîtres aussi dans le fiqh et le hadith -, ainsi que parmi leurs prédécesseurs comme Hassân al-Basrî, Sufyân at-Thawrî, Abû Hanifa, Al-Junayd, Al-Hakîm At-Tirmidhî et d’autres, avaient tous mis en garde contre la mentalité sclérosée de ce type de juristes déviants ou peu qualifiés, ou par ceux qui étaient plus attirés par les mondanités que par rechercher la Vérité, la justice et la Satisfaction divine par-dessus de tout. Plus proches de notre époque, citons les maîtres et savants Muhammad al-‘Arabî al-Darqawî, Ahmad Ibn ‘Ajiba, l’Emir ‘Abd al-Qâdir al-Jazairi et le Shaykh Ahmad al-Alawî, qui ont mis en garde également contre cette mentalité psychorigide, en même temps que contre le modernisme dévastateur et décadent. A ce titre, l’Emir ‘Abd al-Qâdir en parlait dans son Kitâb al-Mawâqif ainsi que dans ses Lettres aux français, où il dit : « Avec qui aurait-il pu partager cette conviction, dans une Europe où les défenseurs de la tradition, se révèlent presque toujours être les apôtres de la répression, de la contrainte, et où les professeurs de liberté ne songent qu’à asservir démocratiquement la planète à leur idéal de progrès ? (…) Que l’Occident, qui entend régenter le monde et qui a, à l’évidence, les moyens matériels de le faire, n’a peut-être pas toute la sagesse (les moyens spirituels) qu’il faut pour réussir dans cette entreprise. Qu’il possède les techniques, c’est sûr, mais peut-être pas la science (le discernement). Qu’il profite de l’opportunité que lui offre sa puissance d’un instant, mais qu’il ne mesure probablement pas les conséquences de ses actes, conséquences qui pourraient bien se retourner contre lui s’il n’y prend garde, en même temps que contre tout le reste de la communauté humaine ».

Peu importe dans les pays où vivent les musulmans, y compris dans les systèmes politiques non-musulmans, qu’ils assurent ou non leur droits et leur sécurité, il faut là aussi distinguer 2 choses. D’une part, le musulman, comme le chrétien, le juif, le bouddhiste, l’hindou, l’athée, le déiste, l’anarchiste, etc., pense que sa conscience, sa loi religieuse, sa vie, sa vision philosophique, son aspiration spirituelle, etc. sont plus légitimes et dépassent ontologiquement et théologiquement le système politique qui régit la société où il réside, d’autant plus que ce système politique ne correspond pas du tout à ses convictions ou ses valeurs. Et en cela, dans le cas de la France, plusieurs  courants politiques parmi les français non-musulmans en sont une preuve éclatante, où tous s’opposent sur de nombreux sujets sociétaux et critiquent sévèrement le gouvernement macroniste et parfois même le système politique en tant que tel (la République laïciste), et la loi n’imposait pas aux citoyens d’être « républicain » ou « laïc », sinon cela serait un système totalitaire (qui est cependant défendu par le dictateur et tyran criminel Emmanuel Macron et la mafia d’Etat via Gérald Darmanin, Gabriel Attal, Marlène Schiappa, Eric-Dupont Moretti, etc.), mais simplement de respecter l’autorité politique et la constitution française, c’est-à-dire de ne pas s’en prendre physiquement à leurs institutions ou à leurs symboles, et de respecter les autres citoyens, ce que l’Islam demande aussi aux Musulmans, qu’ils vivent dans un pays musulman ou non. Et d’autre part, le simple fait de reconnaitre le pouvoir temporel en place, et le respect des citoyens et des institutions, qu’ils soient justes, légitimes et indépendants ou non, mais qui de fait, ont le rapport de force en leur faveur et qui sont les seuls qui font officiellement autorité dans le pays, qu’ils soient injustes, corrompus, illégitimes (aux yeux de la population ou d’une partie de la population ou non).

On voit là aussi le fanatisme républicain se déverser dans les médias, jouant constamment sur cet amalgame (confondre la liberté de conscience et la légitimité morale/métaphysique/théologique d’une Loi, d’une Religion ou d’un système politique, avec le pouvoir politique temporel et son type de système qui règnent actuellement), ou à la moindre contestation de leurs dérives autoritaires, des citoyens sont accusés « d’islamisme », de « complotisme », de « séparatisme », de « terrorisme », et de « quitter le pays s’ils ne sont pas contents », alors qu’ils ont tout à fait le droit de critiquer le système politique ou les oligarques qui ravagent leur pays et commettent des choses répréhensibles, injustes ou abominables, et qui détruisent par leurs actes, le vivre-ensemble, la santé et la dignité des citoyens, les libertés individuelles et l’environnement. Eux-mêmes sont les premiers à s’ingérer dans les affaires politiques des autres pays « rivaux » ou « ennemis » (comme la Chine, la Russie, l’Iran, la Turquie, le Venezuela, la Hongrie, la Pologne, la Palestine, le Niger, l’Albanie, le Kosovo, etc.) et à demander aux populations locales de se révolter, de faire sécession ou de contester la Constitution officielle du pays, dès que ça va dans le sens de l’agenda idéologico-politique du gouvernement français ou américain, c’est-à-dire qu’ils ne respectent pas la souveraineté politique, l’indépendance des peuples, les valeurs morales ou les aspirations éthiques et spirituelles des peuples qui n’iraient pas dans leur sens (ici celui de l’obscurantisme, de la décadence morale, de la déchéance spirituelle, de l’asservissement des peuples, des théories LGBT et wokes qui détruisent les sociétés, les enfants, la famille, les femmes, etc.).

En conclusion, l’Islam traditionnel, bien compris et vécu ne pose aucun problème, bien que le musulman doit savoir que dans un premier temps, c’est Allâh qui créé la vie, décrète la mort, détermine la morale, révèle Sa Loi, ordonne ce qui est bon (pour nous) et légitime, et interdit ce qui est mal et répréhensible, c’est Allâh qui exige aussi dans un deuxième temps que le respect des parents et des droits du voisinage prime sur les caprices des politiciens au pouvoir ou même sur nos propres caprices, qu’il faut tout de même respecter la loi en vigueur dans le pays où il voyage ou réside – sans la trouver évidemment, en conscience, (pleinement) légitime ou supérieure à celle de la Loi divine -, tout comme le musulman doit respecter ses parents, ses voisins, les sages, les professeurs, les policiers, les élus, etc., sans les penser égaux ou supérieurs – ni même légitimes dans certains cas – au suivi du Modèle prophétique et des plus grands Saint(e)s et vertueux, car la conscience de l’Absolu, la Vérité, la justice, la vertu, la sagesse, la connaissance, la bonté, l’équité, l’amour bienveillant et la compassion priment sur le reste. Évidemment, l’islam, tout comme le christianisme, le judaïsme, le bouddhisme, l’hindouisme, le confucianisme, la philosophie morale des anciens Grecs ou des auteurs romains, le royalisme français, le courant « écologiste », le courant « souverainiste », et au fond, tous les courants politiques qui ne sont pas satisfait de leur gouvernement actuel, sont en toute logique incompatibles avec le système politique de la plupart des pays dans le monde actuellement, dont celui de la France obscurantiste et laïcarde, car l’idéologie républicaine se pose comme une nouvelle (caricature) de « religion » mais avec des ambitions totalitaires, et récusant de nombreux aspects des valeurs religieuses et morales, des enjeux économiques et écologiques, des droits humains et de l’éthique, de la spiritualité et de la justice, etc. Cependant, les religions et philosophies peuvent être vécues partout sur terre indépendamment du système politique faisant autorité dans tel ou tel pays, ne serait-ce qu’intérieurement – car c’est avant tout un rapport intime et intérieur que chacun entretient avec le Divin, ses semblables et le monde -, ainsi qu’avec leurs familles, leurs amis ou dans certains lieux, sans que cela ne menace le vivre-ensemble ou les institutions publiques ou politiques. Il est juste important de trouver un bon équilibre, de sorte à ce que l’on puisse assumer sereinement nos convictions et nos valeurs, sans chercher la provocation ou à heurter les sensibilités de la population dominante et à manifester un respect de courtoisie face à ce qui est perçu comme leur culture, même si on y adhère pas pour différentes raisons, car dans les pays où nous sommes des invités (du moins durant la première génération), l’Islam exige de faire preuve de adab, de politesse et de souplesse, et de témoigner de notre respect envers la population qui nous accueille, même si en leur sein il peut y avoir des personnes racistes, méprisables ou obscurantistes qui sont incapables de penser intelligemment ou de tolérer ce qui leur apparait comme différent.

Aussi, le Prophète (ﷺ), ayant été gratifié par Allâh de nombreuses visions sur ce qui adviendra dans le futur, a décrit notre période actuelle avec précision, en nous indiquant l’attitude à adopter dans un monde où de nombreux régimes politiques sont injustes et corrompus, et où la décadence morale et des mœurs de la masse atteindra le « fond », en termes de pratiques déviantes, de manque de pudeur, d’escroquerie, de charlatans, etc., et il (ﷺ) ne nous a pas demandé d’être violent, d’utiliser le terrorisme ou de rejeter et mépriser en bloc les égaré(e)s comme ceux qui commettaient de grands péchés.

« Dis : je ne fais que suivre (et me conformer à) ce qui m’est révélé de la part de mon Seigneur ; ce sont des visions clairvoyantes de la part de votre Seigneur, guidance et miséricorde pour ceux qui ont la foi » (Qur’ân 90, 12-18).

« Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie ». Voilà ce qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété » (Qur’ân 6, 153).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « N’est pas (réellement) des nôtres quiconque ne montre pas de la miséricorde envers nos jeunes, qui ne respecte pas et n’honore pas nos personnes âgées, qui n’enjoint pas ce qui est bon et convenable, et qui ne réprouve pas ce qui est mauvais et répréhensible » (Rapporté selon plusieurs voies, notamment par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°1921 selon Ibn ‘Abbâs, sahîh, Ahmad dans son Musnad n°2329 et 6733 selon ‘Abdullâh Ibn Amr, Abû Dawûd dans ses Sunân n°4943, Al-Bukharî dans Al-Adab Al-Mufrad n°353 selon Abû Hurayra, sahîh, et d’autres selon ‘Amr Ibn Shu’ayb, Abû Umama, ….). Il faut continuer à promouvoir le bien et la vertu, et à dénoncer intelligemment le blâmable – par des arguments et les bons conseils – mais sans accabler ou « forcer » les gens, en commençant par nos proches (parents, enfants, voisins, frères/sœurs, etc.), sans désespérer, sans les mépriser, sans hystérie ni fanatisme.

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Les meilleurs parmi les croyants sont ceux qui manifestent le meilleur comportement et les plus nobles caractères, ceux qui sont proches les uns des autres et qui s’entendent bien avec les autres en leur étant sympathique et agréable, car il n’y a rien de bon chez celui qui ne s’entend pas avec les autres et qui suscite chez eux l’antipathie, le dégoût et la désobligeance » (Rapporté par At-Tabarânî dans Al-Mu’jam Al-Saghir n°605 et Al-Mu’jam al-Awsat n°4422 selon Abû Sa’îd al-Khudrî, par Al-Bayhaqî dans Shu’ab al-Imân n°7983. Abû Nu’aym dans Târîkh Isbahân et d’autres, sahîh, et une autre version voisine a été rapportée selon Abû Hurayra, mais avec un isnad jugé faible, par At-Tabarânî dans Al-Mu’jam al-Awsat n°7697, al-Khatib al-Baghdadî dans Târîk Baghdâd 5/263, Ibn Abî ad-Dunya dans al-Samt et d’autres).

Il a été rapporté qu’Allâh dit au Prophète Issâ (Jésus) – ‘alayhî as-Salâm – : « Ô fils de Maryam (Marie), sermonne ton ego d’abord ; s’il en tire bénéfice, sermonne alors les autres (avec sagesse). Sinon, aie honte devant ton Seigneur » (Rapporté notamment par Abû Hâmid al-Ghazâlî dans son Ayyuhâ-l walad).

Il est rapporté qu’un homme vint voir le Messager d’Allâh (ﷺ) et dit : « Ô Messager d’Allâh ! Lequel des gens est le meilleur ? ». Il a dit : « Celui qui lutte contre son ego (et ses mauvais penchants) et qui dépense sa richesse dans le Sentier d’Allâh [c’est-à-dire pour élever Sa Parole, repousser le mal, accomplir le bien, instaurer la justice, aider et secourir les veuves, les orphelins, les opprimés, préserver l’environnement, etc.] ». Il a dit : « Et puis qui, ô Messager d’Allâh ? ». Il a dit : « Alors un croyant (s’isolant) dans l’un des cols de la montagne, qui craint Allâh et épargne aux gens son mal [c’est-à-dire qu’il s’abstient de causer du tort aux gens de façon générale au point de préférer s’isoler d’eux plutôt que de leur faire du mal] » (Rapporté par An-Nasâ’î dans ses Sunân n°3105 selon Abû Sa’îd al-Khudrî, sahîh).

D’après Safwân ibn Salîm, le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « Ne vous informerai-je pas de la forme d’adoration la plus accessible et la plus reposante ? Il s’agit du silence et de la noblesse de caractère » (Rapporté par Ibn Abî I-Dunyâ dans al-Samt n°27 et validé par Suyutî dans al-Jami’ al-Saghir n°2859).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Enseignez (ce qui est bon et convenable) aux autres. Rendez les choses faciles aux gens et ne leur compliquez pas (inutilement) les choses. Donnez de bonnes nouvelles, ne soyez pas rudes ou brusques envers les autres, et ne repoussez pas les gens (par le mauvais comportement et les propos repoussants) au point de les effrayez ou de les rebuter. Coopérez les uns avec les autres (dans ce qui est licite et bon) et ne vous divisez pas. Calmez et apaisez plutôt les gens, et lorsque l’un de vous s’énerve ou se met en colère, qu’il se taise » (Rapporté selon quelques variantes allant toutes dans le même sens, que nous avons synthétisé ici : par al-Bukhâri dans son Sahîh n°6125, d’après plusieurs Compagnons dont Mû’âdh Ibn Jabal, Ibn ‘Abbâs et Anas, ainsi que dans son Al-Adab al-Mufrad n°245 et 473, Muslim dans son Sahîh n°1732 et 1733, Abû Dawûd dans ses Sunân n°4835, Ahmad dans son Musnad n°2137 d’après ‘Abdallâh Ibn ‘Abbâs et d’autres).

D’après Anas ibn Malik : « Abû Dharr rencontra le Prophète, sur lui la Grâce et la Paix, qui lui dit : « Ô Abû Dharr, ne t’indiquerai-je pas deux attitudes, légères à accomplir mais plus lourdes que les autres dans la balance ? Abû Dharr répondit : « Oui, ô Envoyé d’Allâh ! ». Le Prophète reprit : « Fais preuve de noblesse de caractère et observe de longs silences. Par Celui qui détient l’âme de Muhammad en Sa Main, les créatures ne sauraient rien accomplir d’équivalent » » (Rapporté par Abû Ya’lâ dans al-Musnad et At-Tabarâni dans al-Musnad al-Awsat ; selon ‘Alî Ibn Abû Bakr Al-Haytamî dans Majma’ al-Zawâ’îd n°12672 : « Les transmetteurs du hadith cités par Abû Ya’la sont dignes de confiance »).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « La sagesse est constituée de 10 parties : 9 d’entre elles sont conférées par la solitude, et l’une d’entre elles par le silence » (rapporté par Al-Bayhaqî dans al-Zuhd al-Kabir n°127, vérifié par As-Suyûtî dans al-Jami’ al-Saghir n°3828, selon Abû Hurayra).

Le Compagnon Abû Dharr al-Ghiffarî a relaté que : « Le Prophète me demanda, en croisant les doigts : « Comment te comporterais-tu, Abû Dharr ! si tu te trouvais avec la lie de l’humanité (ce qu’il y a de pire et de plus mauvais en leur sein) ? – Que me suggères-tu, Envoyé d’Allâh ? – La patience, la patience, la patience, répéta-il. Soyez indulgents pour la nature des hommes, mais ne les suivez pas dans leurs (mauvaises) actions ! » » (Rapporté par al-Bayhaqî dans Al-Zuhd al-Kabir n°192 sous l’autorité d’Abû Dharr, ainsi que par Al-Haythâmî dans Majmâ’ al-Zawâ’id 7/283). Evidemment, cela n’est pas chose facile, et cela exige de nombreux efforts intellectuels, éthiques et spirituels pour se prémunir et se préserver des illusions et idéologies néfastes, des superstitions modernes comme anciennes, des mauvaises pratiques des gens comme des pressions sociales, familiales et politiques, de personnes qui ne comprennent même pas le mal qu’ils font, les superstitions teintées d’idolâtrie ou de pseudoscience auxquelles ils s’adonnent en délaissant en même temps les rites religieux, les bonnes manières, les activités plus importantes ou bénéfiques, mais le croyant place sa confiance en Allâh, fait de son mieux pour cultiver la vertu, la patience, l’amour bienveillant, la pudeur, la piété, la justice, l’équité, l’intelligence et la sagesse dans un environnement qui lui est aussi hostile, désagréable ou défavorable, tout comme il doit supporter aussi certaines concessions faites dans le cadre des relations familiales, sociales ou professionnelles s’il ne vit pas éloigné de la société, tant qu’il ne délaisse pas lui-même ses obligations religieuses, professionnelles et les bonnes manières, et qu’il ne tombe pas dans les grands péchés. Et s’il succombe, qu’il se relève, fasse acte de repentir, accomplisse de bonnes œuvres, demande pardon à Allâh, et cherche à améliorer sa situation de façon licite en s’éloignant quelque peu des fréquentations ou des endroits problématiques, et ceci sans rompre totalement les liens de parenté ou les liens avec les collègues tant que la nécessité et la bienséance l’exigent, et le tout en restant courtois, en leur souhaitant leur bien et en leur expliquant avec sagesse et conviction pourquoi ils ne veulent ou ne peuvent pas faire ce qui relève du blâmable (commettre l’adultère ou forniquer, mentir ou tromper les gens, boire, acheter ou vendre de l’alcool, consommer du porc, etc. et ce qui est pire que cela comme le meurtre ou le shirk), et que, comme ils veulent le meilleur et ce qui est bon (pour la santé physique et mentale comme pour leur cheminement) pour eux-mêmes, ils souhaitent la même chose pour les autres, en vertu de la parole prophétique : « Le serviteur (c’est-à-dire le musulman) n’atteint la réalité de la foi que lorsqu’il aime pour les gens ce qu’il aime pour lui-même de bon » (Rapporté par Ibn Hibbân dans son Sahîh n°238 selon Anas Ibn Mâlik, sahîh, et avec de légères variantes par Al-Bukharî dans son Sahîh n°13, Muslim dans son Sahîh n°45 et d’autres). Et cela est un signe que la miséricorde, la compassion et l’amour bienveillant ont pénétré le « cœur » du croyant et font jaillir en lui les lumières et fruits de la foi comme l’a dit le Prophète (ﷺ) : « La miséricorde n’est enlevée (du coeur) que de quelqu’un qui es « misérable » ou « méprisable » : parce que la miséricorde dans la Création est tendresse dans le coeur, et sa délicatesse (et gentillesse) est un signe de foi, et quiconque n’a pas de tendresse (et de gentillesse) n’a pas de foi, et quiconque n’a pas (véritablement) la foi est misérable » (Rapporté par l’imâm Al-Munawî dans Fayd al-Qadîr Sharh al-Jâmi’ al-Saghîr, tantôt la parole prophétique s’arrête avant « parce que la miséricorde dans la création est tendresse », tantôt elle continue ; parfois cela est attribué au Prophète, d’autre fois, cela est attribué à des Compagnons ou des Successeurs qui ont commenté les implications de cette parole (de la première partie), Al-Munawî cite la première partie comme étant la parole prophétique, puis insère les commentaires de certains Salafs mais le sens est confirmé quoi qu’il en soit par de nombreux ahadiths sahîh et bon comme ceux d’Al-Bukhari dans Al-Adab al-Mufrad n°462, At-Tabaranî dans Al-Mu’jam al-Kabîr n°7477, At-Tirmidhî dans ses Sunân n°2013, Muslim dans son Sahîh n°2593, etc. où il est dit que ceux qui sont privés de compassion, de miséricorde, de douceur, de bienveillance, de gentillesse et de bonté ont été privés de tout bien, dont ce hadîth rapporté par Muslim dans son Sahîh n°2592 : « Celui qui est privé de douceur et de tendresse est privé de tout bien »).

Wa Allâhu a’lam.


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