Commentaire qurânique : « Nous avons écouté et nous avons obéi » (Qur’ân 2, 285) et l’attitude du musulman

« Le Messager a cru en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi les croyants : tous ont cru en Allâh, en Ses anges, à Ses livres et en Ses messagers ; (en disant) : « Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers ». Et ils ont dit : « Nous avons entendu et obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C’est à Toi que sera le retour » » (Qur’ân 2, 285).

Ce verset est riche en enseignements. Il décrit parfaitement l’humilité qui incombe à tout chercheur de Vérité et à celui qui aspire à Son Seigneur, de même qu’il enseigne les fondements de la foi musulmane, – qui étaient aussi ceux de toutes les Traditions spirituelles orthodoxes -.

Dans les époques passées, il suffisait qu’on dise en général aux musulmans que c’est Allâh qui a décrété telle chose, et que son Envoyé avait mis en pratique telle chose, pour qu’ils les acceptent sincèrement sans tergiverser outre-mesure, et qu’ils ne les remettent pas en question, car ils savaient que tout ce qu’Allâh et Son Messager recommandent ou ordonnent, comportaient un bienfait, même si celui-ci n’était pas directement perceptible.

Etant donné que les gens à notre époque sont impatients, mis sous pression par des négateurs ou des gens de la « passion », et qu’on leur somme de tout justifier scientifiquement ou rationnellement, beaucoup de musulmans adoptent une position défensive de réaction, mais en acceptant de jouer avec les règles du jeu imposées par les détracteurs. Or, une fois que l’on sait qu’Allâh est Réel et nécessaire à l’existence, que Muhammad était un Envoyé ne cherchant que le bien de l’Humanité, et détaché des honneurs sociaux, de la gloire politique et des biens matériels, l’attitude intelligente à adopter, est celle d’accepter les prescriptions qurâniques et prophétiques (celles dont on pense qu’elles sont cohérentes avec le Qur’ân, et authentiques dans leur attribution au Prophète). Comme Allâh le dit : « La bonté pieuse (al birr) ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allâh, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelqu’amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs (affranchir les esclaves), d’accomplir la Salât et de s’acquitter de la Zakât. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux ! » (Qur’ân 2, 177).Ainsi, la piété, est un état d’esprit où la sincérité, l’humilité, la bonté, la générosité, la bienveillance et la recherche de la piété et de la Vérité, prime sur tout, quand bien même l’on suivrait des avis juridiques ou certaines pratiques dont l’on ne serait pas sûr qu’ils soient totalement ou réellement institués par Allâh et Son Messager.

Par exemple, pour justifier l’interdiction de la consommation de porc ou d’alcool, des musulmans tentent de les justifier par des études scientifiques, – et même si les études scientifiques confirment globalement les méfaits de la consommation d’alcool (et non pas seulement l’ivresse) et de porc pour la santé, l’environnement et la société -, l’on pourrait aussi trouver certains méfaits contemporains en rapport avec d’autres viandes ou substances, pourtant n’étant pas rendus intrinsèquement illicites. Or, il suffit pour nous de savoir qu’Allâh a rendu impur et illicite la consommation de porc et de la consommation de l’alcool, pour que l’on se garde de les consommer. Et c’était là l’attitude des grands maîtres spirituels et des plus grands esprits de la Communauté musulmane, où se préserver de l’impureté (physique, morale, psychique ou alimentaire) était le socle même de la piété religieuse, et un moyen d’élévation spirituelle, domptant ainsi sa nafs, car ne pas braver les interdictions dont on sait qu’elles ne comportent pas de bienfaits (de façon prédominante) est un moyen de rester globalement purs, de ne pas succomber aux suggestions sataniques, de se prémunir contre des maux physiques, psychologiques et sociétaux, et de recueillir les Bénédictions Divines. De plus, pour la consommation du porc, il y a des conséquences sur le plan psychique, il s’agit aussi d’un animal omnivore (ce qui est interdit à la consommation en Islam) et sur le long terme, ils peuvent être des vecteurs de maladies mortelles et de déséquilibres écologiques. Pour l’alcool, outre les millions de morts chaque année et les nombreux dégâts familiaux, conjugaux et matériels qu’il engendre, il altère et corrompt la lucidité de l’être humain, or Allâh demande aux musulman(e)s de rechercher toujours la pureté, l’hygiène, la lucidité, la clairvoyance, la piété et la propreté, et comme on le sait, la consommation d’alcool s’oppose à tout cela.

Cela n’interdit évidemment pas de méditer sur Ses versets et les bienfaits ou méfaits que contiennent les prescriptions ou les interdictions qurâniques, ni même d’analyser la pertinence de certains avis juridiques quand il s’agit de faire ce qu’il y a de mieux pour la société et de la préserver de ce qui conduit à l’injustice, à l’anarchie, à la débauche et à la désacralisation du Divin, du cosmos, de la nature, de la Religion et de la société humaine.

Mais cette attitude d’humilité est la clé pour obtenir les Bénédictions Divines, sachant que certaines choses nous sautent aux yeux qu’à la suite de longues méditations, expériences spirituelles, recherches diverses et observations scientifiques. L’on ne peut donc pas rejeter une prescription islamique bien établie, sous prétexte que l’on n’en saisirait pas la sagesse, quand, dans le même temps, nous savons ce qu’Allâh dit est la Vérité, que les plus grands sages y ont adhéré, que de nombreuses études scientifiques ont corroboré ce que le Qur’ân, la Tradition islamique et les maîtres spirituels ont dit. Les sceptiques feraient-ils la même chose, en rejetant la rotondité de la Terre, l’existence de la vitesse de la lumière, l’interdiction de tuer leur voisin innocent, l’interdiction de passer le feu rouge lorsqu’il est au « rouge », sous prétexte qu’ils ne pourraient pas les vérifier ou les confirmer d’emblée ? De même en ce qui concerne les dangers réels des réseaux sociaux ou de certaines pratiques, où l’absence de prudence et de clairvoyance a causé de nombreux soucis (certains étant mortels !) à des millions de personnes à travers le monde. Or, ils auraient pu s’en prémunir en suivant les quelques conseils de spécialistes et sages bienveillants qui mettaient en garde contre ces fléaux et certains pièges subtils.

Nous concernant, il y a des réponses religieuses, métaphysiques ou scientifiques, que nous n’avons obtenu que des semaines, mois ou années plus tard, ce qui cultive considérablement notre humilité et notre patience dans la quête de la connaissance.

Ce qu’on appelle généralement les « réformistes modernistes » sont des sceptiques radicaux, qui vont s’empresser de contester, sur la base d’arguments pseudo-rationnels et d’une approche historique lacunaire et biaisée, des éléments de la Tradition qui ne posent strictement en soi aucun problème de conscience ou de santé (1), comme le port du voile ou de la barbe, l’équité dans les parts d’héritage, la fonction spécifique de l’homme ou de la femme dans certains rôles, d’inscrire l’Islam comme Religion officielle dans la constitution d’un pays musulman, etc., et vont détourner de façon pernicieuse certaines interdictions traditionnelles (qui ont aussi un fondement qurânique) comme l’interdiction qui veut les femmes musulmanes ne peuvent pas épouser d’hommes musulmans en temps normal,  puisque dans le cas contraire, la permission mènerait à des catastrophes communautaires et sociales terribles, si l’on prend en compte les projections sociales, sociologiques et démographiques.


Notes :

(1) Dans certains cas, il peut arriver que de façon exceptionnelle et isolée, des personnes éprouvent des problèmes de santé par des choses qui ne produisent pas de nuisance en règle générale, comme l’eau, le port d’un couvre-chef, le sel, etc., mais si jamais cela produit une nuisance chez certaines personnes, l’Islam prend en compte cela et donne ainsi certaines dérogations spécifiques à ce genre de cas.


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