Réflexion sur la mentalité juridique et l’éthique

Rares sont les personnes qui arrivent à dialoguer de manière féconde et sereine, dans les questions touchant le droit musulman (fiqh) et l’éthique, – et les mêmes problèmes touchent le droit profane et la dimension éthique dans les sociétés modernes -.

Certains juristes musulmans ont tellement de mal à concevoir qu’il soit possible d’avoir un autre avis juridique fondé sur une bonne argumentation islamique et intellectuelle, et conforme aux principes islamiques et à son adab, qu’ils taxent leurs opposants de tous les sobriquets, et qu’ils menacent leurs adeptes d’excommunication, au point de pousser les musulmans à l’apostasie et au dégoût de la religion, ce qui est très grave, tout cela par « fidélité » à un paradigme juridique relevant de l’ijtihad et non pas d’une preuve catégorique du point de vue islamique. Paradoxalement, ils sont parfois très laxistes envers des avis qui ne se concilient pas avec l’adab et l’idéal islamique. La même critique peut être faite à des modernistes qui falsifient des versets du Qur’ân de leur sens et qui incitent à la mécréance, à la débauche, à l’injustice, à une pratique superficielle de la religion, à un mode de vie très éloigné de la piété religieuse, et à l’éclatement de la communauté ou de la famille, donnant la primauté au règne de l’individualisme et et l’ego, qui sont entremêlés.

Or, toutes les voies déviantes ou extrêmes oublient les finalités voulues et visées par Allâh, et communiquées dans le Qur’ân.

Le but du croyant, c’est de se rapprocher d’Allâh, de vivre une proximité spirituelle avec Lui, de réformer son caractère et de cultiver la sagesse et la spiritualité, et non pas d’appliquer des avis juridiques du mahdhab auquel il se rattache sur des questions éthiques et sociétales alors que ces avis ne relèvent ni de la nécessité ni de ce qu’exige l’adab du croyant, – mais dont certains avis jugés étranges ou violents pouvaient répondre autrefois à un certain besoin de l’époque, ou à une certaine nécessité s’inscrivant dans l’ère du temps mais aujourd’hui révolue – dans le simple but d’assouvir ses passions (ce qu’Allah interdit). Opprimer un mécréant est interdit, que dire alors quand une personne maltraite son épouse ou lui brise le cœur sans qu’il n’y ait aucune nécessité à le faire, ou qu’il maltraite ses parents, ses enfants ou ses voisins.

Des avis existent à ce sujet, et on ne peut pas les effacer ou empêcher le gens de les lire ou de les accepter – même si certains de ces mêmes juristes ont revu leurs position par la suite -, mais ceux qui sont à blâmer sont ceux qui les appliquent avec de mauvaises intentions et qui commettent une nuisance évidente -, et quand on voit à quel point le Prophète était miséricordieux, juste, doux, généreux et bienveillant envers ses épouses, les mères, les tantes, ses filles, les enfants, les voisins et les gens en général, et prenait en considération les plaintes, les sensibilités et les besoins propres à chaque personne, et qu’il tenait n haute estime les femmes, – tout en blâmant les comportements déviants des hommes et des femmes -, c’est cela que le musulman doit s’efforcer d’imiter et de s’en imprégner, et non pas d’avis juridiques discutables, – découlant d’un ijtihad – qu’ils appliquent aveuglément, sans même en respecter le contexte et les conditions d’application !

Comme nous l’apprend l’Islam, le bon comportement est une chose fondamentale, et quiconque n’en tient pas compte, s’expose à de grands dangers.
Beaucoup de dérives sociétales et comportementales, ainsi que des malentendus conceptuels ou d’une prépondérance du juridique sur l’éthique découlent de cela.
A la base, c’est un problème de comportement, – notamment les polémiques actuelles autour du féminisme et du masculinisme par exemple qui sont tous les 2 profanes et s’alimentant continuellement via des approches superficielles et binaires -. Si les gens faisaient des efforts pour respecter l’adab et faire preuve d’akhlaq, les choses iraient beaucoup mieux. Une société multiplie les lois quand les comportements déviants s’accumulent et prolifèrent dans la société. C’est un signe de décadence. Que ce soit dans le monde musulman comme dans les pays non-musulmans de notre temps, l’arsenal juridique se complexifie continuellement mais demeure incapable d’endiguer de nombreux fléaux ou de satisfaire l’épanouissement collectif.
L’adab, clé du succès donné à travers le tasawwuf, permet d’éradiquer de nombreux fléaux qui découlent des vices intérieurs.
Les déviants de notre époque se servent de la violence des uns et des autres pour justifier à leur tour leurs propres dérives et idéologies (violentes sous plusieurs aspects). C’est un cercle vicieux.


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