Réflexion autour du vote en Islam

Comme à chaque période électorale, les mêmes polémiques autour du vote reviennent sans cesse, et comme souvent, la voie du juste milieu est étouffée par les propos tenus par les 2 extrêmes, d’un côté les partisans de l’obligation du vote (et dénigrant ceux qui refusent de voter, parfois violemment au niveau des accusations de trahison ou en les qualifiant d’extrémistes) et de l’autre ceux qui accusent de shirk ceux qui votent et qui considèrent que le vote n’est pas simplement haram (illicite) mais qu’il constitue aussi un acte de kufr.

Beaucoup aussi sont encore les gens qui pensent que l’avis de l’interdiction du vote n’existe que dans la sphère salafiste/wahhabite, alors que ce n’est pas le cas du tout.

Tout d’abord, mentionnons le fait que le vote est évidemment autorisé en soi en Islam, tout d’abord car aucun texte religieux bien authentifié ne l’interdit, et ensuite car plusieurs versets vont dans ce sens aussi : « Et ils se concertent toujours dans leurs affaires » (Qur’ân 42, 38).

« Ceux qui font les actes excellents ; et se recommandent mutuellement de se maintenir sur le chemin de la Vérité, et se recommandent mutuellement d’être patients ! » (Qur’ân 103, 2-3).

Le serment d’allégeance – qui est aussi une sorte de pacte politique -, concerne aussi les femmes comme l’indique le Qur’ân : « Ô Prophète ! Quand les croyantes viennent te prêter serment d’allégeance, [et en jurent] qu’elles n’associeront rien à Allâh, qu’elles ne voleront pas, qu’elles ne se livreront pas à l’adultère, qu’elles ne tueront pas leurs propres enfants, qu’elles ne commettront aucune infamie ni avec leurs mains ni avec leurs pieds et qu’elles ne désobéiront pas en ce qui est convenable, alors reçois leur serment d’allégeance, et implore d’Allâh le pardon pour elles. Allâh est certes, Pardonneur et Très Miséricordieux » (Qur’ân 60, 12)

Et de façon générale : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance prêtent seulement serment d’allégeance à Allâh, la « main » d’Allâh étant [posée] sur leurs mains. Quiconque viole , ne le viole qu’à son propre détriment; et quiconque remplit son engagement pris envers Allâh, recevra de Celui-ci une rétribution immense » (Qur’ân 48, 10).

Cela est donc d’une extrême importance et constitue une obligation, mais uniquement dans le cas où on parle de la Loi divine, d’un gouvernement légitime dirigé par un ensemble de personnes justes, dignes de confiance, vertueuses et respectueuses du Droit divine et du droit des créatures – musulmanes et non-musulmanes, humaines et non-humaines -. En dehors de ce cas, cela ne peut être que du cas par cas, et dans la situation où il faut éviter un grand mal, les savants divergent sur la licéité d’un tel vote – dans ce contexte précis -. Quoi qu’il en soit, si une telle pratique serait licite – selon l’avis de la permissivité -, cela ne peut être possible que si les musulmans qui votent se tournent vers Allâh avec l’intention d’agir dans l’intérêt général – celui d’élever la Parole divine et les valeurs de justice, d’équité, de piété, de pudeur et de solidarité par rapport à l’ensemble de Ses créatures, tout en sévissant contre les criminels et ceux qui veulent détruire les sociétés humaines. Bien sûr, comme nous l’apprend le hadîth rapporté par al-Bukharî dans son Sahîh : « Nul ne doit obéir à quelqu’un si cet ordre implique un péché (ou l’accomplissement d’un acte répréhensible et dépourvu de bien), il ne faut obéir que lorsqu’il implique un bien (et une utilité) ».

   En juin 622, le Prophète (ﷺ) réunit ses partisans afin de préparer le départ collectif à Médine (appelée autrefois Yathrib) Cette rencontre à laquelle participent de nombreux musulmans est connue sous le nom de seconde rencontre d’Aqaba. Elle se termine par un engagement des participants, connu sous le nom de second serment d’allégeance d’al-Aqaba, comme le relate Ibn Ishaq dans sa Sirah : « Lorsqu’Allâh — Très Haut — permit à l’Envoyé d’Allâh de faire la guerre [face à ceux qui l’attaquaient], et que des gens parmi les Ansars lui ont prêté serment d’embrasser l’islam, de le soutenir, lui (le Prophète) et ceux qui le suivent et ceux qui se réfugient chez eux de parmi les musulmans — alors l’Envoyé d’Allâh ordonna à ses compagnons, aussi bien qui se sont émigrés que ceux qui sont restés avec lui à La Mecque, d’émigrer à Médine et de rejoindre leurs frères parmi les Ansars ; l’envoyé d’Allâh leur dit : « Allâh vous a donné des frères et une demeure où vous serez en sûreté » ».

L’imâm Abû Hâmid al-Ghazâlî dans At-Tibr Al-Masbûk fi Nasîhat Al-Mulûk a dit : « Dans ce qui est rapporté du Messager d’Allâh : « Allâh permet à la royauté de subsister avec la mécréance, cependant Il ne permet pas à la royauté de subsister avec l’oppression et l’injustice » ». Par « royauté » il faut comprendre « mode de gouvernement », peu importe saforme et sa modalité. Ici-bas, la mécréance (malgré sa gravité doctrinale évidemment) n’est pas un empêchement au fait de vivre dans ce bas-monde, contrairement à la justice qui est une obligation dans ce bas monde, pour l’ensemble de l’Humanité. Ainsi, un état mécréant mais juste perdurera comparé à un état musulman mais profondément injuste (à part quelques lois secondaires d’apparence islamique, les principes islamiques liés à la justice politique et sociale, à la prospérité économique, à la sécurité, etc., y sont absents, causant du tort ainsi aux musulmans et aux non-musulmans sous leur responsabilité).

Al-Ghazâlî dit à ce sujet dans At-Tibr Al-Masbûk fi Nasîhat Al-Mulûk : « Les oeuvres formant les branches de la foi consistent à s’éloigner des interdits et accomplir les prescriptions. Elles appartiennent à deux catégories. La première est entre toi et Allâh – comme le jeûne, la prière, le pèlerinage, l’aumône légale, le fait de ne pas boire le vin et le fait de ne pas commettre l’interdit. La seconde catégorie est entre toi et les créatures d’Allâh, comme la justice envers les sujets et le fait de s’abstenir de l’iniquité. La règle en cela est d’oeuvrer pour ce qui est entre toi et Allâh, en Lui obéissant dans Ses Ordres, en observant Ses interdits, et en manifestant ce que tu aimerais que tes sujets adoptent à ton égard ; et d’oeuvrer pour ce qui entre toi et tes sujets comme tu aimerais que l’on te traite. Sache que pour ce qui est entre toi et Le Créateur Exalté Soit-Il, Son Pardon est proche. Quant aux injustices infligées aux gens, Il ne te pardonnera jamais cela le Jour du Jugement et le péril de cela est énorme. Nul roi n’en sort sain et sauf, excepté celui qui a gouverné avec justice et équité afin qu’il sache demander la Justice et l’Equité le Jour du Jugement ».

   Dans le Nahj ul Balagha il est rapporté que l’imâm ‘Alî a dit, dans la lettre adressée au fils d’Abû Bakr, Muhammad Ibn Abî Bakr, qu’il nomma gouverneur de l’Egypte : « Sois avec tes gouvernés modeste, affable et aimable. Traite-les à pied d’égalité afin que les grands ne nourrissent pas d’idées d’injustice et que les faibles ne désespèrent pas de ta justice à leur égard. (…) Ils (les musulmans pieux) habitent ce monde de la meilleure façon possible (…). Qui donc serait plus proche du Paradis (…) sinon celui qui fait le bien ? (…). Sache ô Muhammad ibn Abî Bakr que je te confie la meilleure de mes troupes : les Egyptiens. Tu dois affronter tes passions (tes défauts et tes vices), défendre (honorablement) ta religion, même si tu ne disposes que d’une heure (pour le faire). Ne mets pas Allâh en colère pour faire plaisir (dans l’injustice) à l’une de Ses créatures, car la Satisfaction d’Allâh te suffit pour te passer des autres créatures, pas le contraire (…) ».

   Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit aussi à propos du Négus (alors chrétien), qui dirigeait l’Abyssinie : « Il s’y trouve un roi chez qui personne n’est opprimé, et c’est une terre de justice » (Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°18304, par Ibn Hisham dans sa Sîra 164/2, et le récit est authentique).

Cela nous informe du fait que, après la foi en Allâh et en ce qu’Il a révélé, et le bon comportement, le Prophète (ﷺ) cherchait avant tout la justice sociale et politique pour sa communauté, même si le gouvernement ou la terre de résidence, n’étaient pas « musulmans ».

    D’après ce qu’on a rapporté des Compagnons, d’après Umm Salama (l’épouse du Prophète) a dit : « Quand nous sommes arrivés en Abyssinie, nous avons eu le meilleur voisinage : Négus. Nous étions sécurisés dans notre religion ; nous avons adoré Allâh sans être maltraités ni insultés. Et quand Quraysh a appris cela… » (Rapporté par Ahmad dans son Musnad 1/201 et 5/290).

  Le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit aussi : « J’ai été appelé à un pacte, durant la période antérieure à l’Islam (pour la protection des faibles et l’opposition à l’injustice et à l’agression). À présent, si je suis appelé en islam à me rallier à un pacte similaire, je n’y manquerai pas » (Rapporté par Ahmad dans son Musnad) et « Certes, j’avais été témoin d’un pacte de justice dans la maison d’Abdullâh ibn Jud’an qui était plus aimé pour moi qu’un troupeau de chameaux rouges. Si on m’appelait maintenant au temps de l’Islâm, j’y répondrais (favorablement). Faites de telles alliances afin de rendre les droits à leur peuple, qu’aucun oppresseur ne devrait avoir de pouvoir sur les opprimés » (Rapporté par Al-Bayhaqî dans Sunân Al-Kubrâ n°12114 selon Talha Ibn Abdullâh pour la première partie, sahîh, et par Qâssim ibn Thâbit ʻAwfî dans al-Dalâʼil fî Gharîb al-Ḥadîth n°243, sahîh, pour tout le hadîth).

Ibn Hisham rapporte dans sa Sîrah (1/123) : « Ils ont promis et assuré qu’ils ne trouveraient aucune personne opprimée parmi eux ou parmi n’importe qui d’autre qui est entré à la Mecque, sauf qu’ils le soutiendraient. Ils s’opposeraient à quiconque l’opprimerait jusqu’à ce que les droits de l’opprimé soient rétablis ».

   Un autre hadîth dit que le Prophète (ﷺ) a explicitement confirmé que toutes les alliances (et pactes) pré-islamiques et non-islamiques basées sur la justice et la charité, telles que le Hilf al-Fudul, sont soutenues et renforcées par l’Islâm : « Chaque pacte du temps de l’ignorance n’est pas augmenté par l’Islâm sauf dans la force et l’affirmation » » (Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°2904 selon Ibn ‘Abbâs).

S’adressant à ses compagnons qui seront encore en vie après sa mort et qui conquerront de nouvelles contrées, il (ﷺ) leur dit : « Il se peut que vous fassiez la conquête de grandes cités après mon départ (vers l’Au-delà) et que vous vous asseyiez ensemble dans leurs marchés. Si cela arrive, retournez les salutations de paix, baissez vos regards (par chasteté et pudeur), guidez les aveugles et assistez les opprimés » (Rapporté par Ibn Hibbân dans son Sahîh n°6801 et 6802, par At-Tabarânî dans Al-Mu’jam Al-Kabîr n°17823).

Ainsi, le Prophète (ﷺ) avait qualifié l’Abyssinie (alors dirigée par un roi chrétien avant d’embrasser l’Islam par la suite) de terre de « sûreté et de justice » pour les musulmans qui étaient alors victimes de persécutions par des idolâtres, et donc, à défaut d’avoir un réel état islamique fondé sur la justice, la piété et la spiritualité (reposant sur les principes islamiques), choisir l’Etat le plus sûr et qui accorde la justice (malgré la mécréance) aux musulmans, est la solution intermédiaire. Quant à l’état faussement islamique qui sèmerait la terreur, persécuterait les musulmans pour leur foi et empêcherait les musulmans de vivre spirituellement leur foi tout en les menaçant dans leur famille, leurs biens et leur religion, ce n’est pas là un Etat que l’on pourrait qualifier d’islamique selon les principes de l’Islam. Quant aux coopérations pour lutter contre l’injustice, le terrorisme, la barbarie, l’oppression, la criminalité, la violence ou la destruction de la planète, cela fait partie de la Sharî’ah : « Coopérez et soutenez-vous dans la droiture (et la justice) ainsi que dans la piété, et ne vous entraidez pas dans le péché et l’agression (ainsi que dans la transgression) » (Qur’ân 5, 2).

   Donc si un pacte ou un traité visent à appliquer la justice et la charité pour les opprimés, les nécessiteux et les gens maltraités, l’islâm impose de soutenir ce genre d’initiatives, sans être évidemment naïfs quand cela est mené par des manipulateurs oppresseurs, Ibn Hajar al ‘Asqalânî dans Fatḥ al-Barî (n°2172) dit ceci : « Zuhrah a dit : « C’est un pacte comme le Hilf al-Fudul, dans lequel ils ont accepté de ne pas aider un oppresseur sur une personne opprimée à La Mecque » ». S’allier pour des causes justes avec des non-musulmans dont on ne craint pas l’injustice, l’oppression et la perversion est autorisé en Islam. Le Qur’ân (60, 6-10) l’autorise et interdit juste l’alliance avec ceux qui combattent les musulmans injustement et qui les expulsent de leurs demeures : « Allâh ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Allâh vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes » (révélé aux alentours de l’an 630, soit à la fin de la période médinoise).

Abû Dawûd dans ses Sunân n°2767 avec une chaîne sahîh selon Hassân Ibn Atiyah rapporte le hadîth suivant : « Vous ferez une paix sûre avec les Romains et, ensemble, vous combattrez un ennemi derrière vous ». An-Nawawî dans Sharḥ Ṣaḥîḥ Muslim (n°1871), As-Shawkanî dans Nayl al-Awthâ̄r 7/264, Ibn Taymiyya et Ibn al-Qayyîm rapportent des ahadiths et les avis de As-Shafi’î et de Abû Hanifa, qui autorisent de telles alliances, sous certaines conditions.

Et selon l’un des avis attribués à l’imâm Abû Hanifa : « Ce qui est voulu quand on caractérise une terre comme étant une terre d’islâm ou une terre de mécréance n’est pas du a l’islam ou à la mécréance (en elle-même). Le but est de désigner si une terre est sûre ou dangereuse (pour le musulman) » (Rapporté par l’imâm Al-Kasani dans al’Bada’i Al Sana’i 7/131).

Al-Bayhaqî a dit dans Sunân Al-Kubrâ n°17210 : « L’émigration n’était pas une obligation pour ceux qui ont embrassé l’islam à La Mecque après sa libération. La Mecque était devenue la terre de l’islam et de la sécurité, car personne ne craignait qu’il ne soit persécuté pour sa religion. De même, les terres autres que la Mecque le deviennent si elles obtiennent une sécurité similaire ». Et ce, conformément à l’un des derniers versets révélés à Médine : « Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allâh, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient » (Qur’ân 8, 61).

   L’idéal évidemment, en terres d’Islâm, est que l’Etat soit musulman (religieusement et spirituellement) et juste à la fois, réunissant ainsi tout le bien en son sein. Cela rappelle aussi l’épisode qûranique vantant les qualités de la reine Bilqîs du Yémen (Reine de Sanâ’a) lorsqu’elle était toujours idolâtre (avant sa conversion au monothéisme, lors de sa rencontre avec le Prophète Sulayman, – que la Paix divine soit sur lui), et qui reconnut ensuite son égarement doctrinal pour embrasser le Tawhîd en compagnie du Prophète-Roi Sulaymân. Le Qur’ân relate : « Elle dit : « En vérité, quand les rois entrent dans une cité ils la corrompent, et font de ses honorables citoyens des humiliés. Et c’est ainsi qu’ils agissent. Moi, je vais leur envoyer un présent, puis je verrai ce que les envoyés ramèneront » (Qur’ân 34-35). Ainsi, des savants célèbres tels que Abû Hanifa, Al-Ghazâlî et Ibn Taymiyya, ont été lucides quand ils disaient qu’il valait mieux une nation égarée (même mécréante) mais qui applique la justice aux musulmans et aux non-musulmans, qu’une nation officiellement musulmane mais qui soit profondément injuste, – car ne respectant pas les droits des croyants et ne laissant pas la religion s’épanouir de façon paisible -.

   Il y a donc les droits d’Allâh et les droits sociétaux qu’il est nécessaire de prendre en compte. L’érudit, chercheur et Shaykh ‘Abd Allâh al-Mâliki a dit : « De même, établir la justice et confirmer la vérité est une partie essentielle de la sharî’a de Dieu. De même, l’ordre de faire le bien et l’interdiction de faire le mal sont un des piliers de la sharî’a. De même, l’action de s’entraider dans la bienfaisance et la piété ou le fait de dire la vérité devant un chef inique représentent une partie principale de la sharî’a. Je dirais même plus, se rendre utile à autrui, bien traiter les animaux et les plantes, respecter et préserver l’environnement et la nature, font partie de la sharî’a. Tout ce qui contribue à donner à l’homme sa dignité ou à la concrétiser ou à la renforcer, tout ce qui contribue à élever celui-ci matériellement et spirituellement, tout ce qui constitue une utilité ou une amélioration sur la terre relève de la sharî’a et constitue un moyen d’en établir les fondements. Toute œuvre, tout effort qui vise à écarter l’injustice, l’oppression ou empêche la corruption et le préjudice sur la terre, entre dans le cadre de la sharî’a » (‘Abd Allâh al-Mâliki, La souveraineté de la Umma passe avant l’application de la Sharî’a, éd. Maison d’Ennour, 2018, p.41, traduit par le Shaykh Corentin Pabiot).

Pour citer l’avis des partisans de l’interdiction du vote, citons la fatwa d’un Shaykh sûfi rattaché à la voie naqshbandi, qui est aussi une autorité dans le fiqh hanafite, le Hadith et le Tafsîr, à savoir le Mufti Hamidullah Jan – fatwa relayée notamment par la page al-Kawakib -, Shaykh décédé en 2016 où assistèrent plus de 100 000 personnes à sa prière mortuaire. Il était aussi le Khalifah dans le Tasawwuf du Shaykh Ghulâm Habib Naqshbandi et fondateur de l’université Islamique Jami’ah Al Hamid, et ancien directeur, mufti et enseignant du Hadith dans l’éminent institut Jami’ah Ashrafiyah de Lahore, et aussi responsable (Raîs) du Dar ul Ifta wal Irshad. Il dit donc : « Le vote est le fondement du système démocratique occidental actuel, et le vote constitue [du point de vue du Fiqh] une amânah (un dépôt), une shahadah (un témoignage) et une wakalah (une délégation).

Dans tous les cas, l’utilisation du vote sous le système démocratique occidentale actuelle constitue un appui, un assentiment et une reconnaissance de celui-ci. Cette coopération entre dans le cadre de lentraide dans le péché, et daprès lobservation et lexpérience, le système démocratique occidental actuel est la racine de l’irréligiosité, de l’immoralité, de la corruption, et particulièrement, il donne le droit de légiférer (le pouvoir absolu de légiférer) aux assemblés, ce qui est contraire au Qur’ân, à la Sunnah et au consensus de la Ummah.

L’utilisation du vote dans le cadre du système démocratique occidental est donc une reconnaissance et une contribution à ces maux. C’est pourquoi, l’utilisation du vote dans le cadre du système démocratique actuel n’est pas permis dans de la Législation Musulmane ».

Précisons que, même pour ceux qui considèreraient le vote comme relevant du shirk ou du kufr dans ce cadre-là, qu’il n’est pas permis de faire le takfir pour autant, car le takfir ne peut se faire que si toutes les conditions le permettant soient réunies, et cela exige donc une investigation et une analyse se faisant au cas par cas, sachant que les personnes concernées doivent disposer des preuves, être responsables de leurs actes et de leurs implications, ne pas disposer eux-mêmes d’arguments islamiques et intellectuels pour soutenir leurs positions ou leurs actes, qu’aucune interprétation pour les rattacher encore à l’Islam ne soit possible dans leur cas, que les preuves apportées soient catégoriques et convaincantes sans que la personne incriminée ne soit capable de les contredire, que les notions faisant polémiques soient définies et envisagées de la même manière et que le cas échéant la bonne définition soit donnée et que l’éclaircissement se fasse sur cette base, etc. Et enfin, de prendre en compte leur connaissance dans la ‘aqida, leur intention, leur finalité et le contexte dans lesquels l’acte a été réalisé. Sans cela, il n’est pas possible de les déclarer apostats ou mécréants s’ils se disent toujours musulmans, qu’ils ne contestent pas l’Autorité divine du Qur’ân, le modèle Muhammadien (et la Voie prophétique), les piliers de l’Islam et de la Foi.

Cela étant dit, il est important de préciser aussi qu’il existe une réelle divergence sur le sujet du vote en politique dans un pays non-musulman ou musulman ne reposant pas sur l’Islam comme socle constitutionnel dans le système politique, et que les 2 avis existent aussi bien chez les salafis, que les sunnites traditionnels, les shiites, les mu’tazilites et les réformistes de notre temps.

Cependant, concernant la fatwa du Shaykh, il y a une généralisation que l’on pourrait qualifier d’abusive – bien qu’il conditionne l’interdiction au fait qu’il parle du « système démocratique actuel » mais lequel ? -, puisque d’une part plusieurs pays occidentaux sont tolérants et respectueux à l’égard de la minorité musulmane – mais ici le vote alors n’est pas nécessaire puisque les droits du citoyen musulman sont de toute façon respectés, à moins qu’en l’absence de vote un parti extrémiste (islamophobe) pourrait passer au pouvoir et tout bouleverser. Et d’autre part, dans les pays où la politique suit une ligne islamophobe, que la hijra demeure impossible ou dangereuse pour de nombreuses familles musulmanes, et que le vote peut être effectif et non pas illusoire ou inutile, et que l’objectif visé est clairement celui du moindre mal en sachant que le candidat du moins pire n’est pas musulman ni parfaitement juste – ce qui fut le cas de la plupart des dirigeants de l’histoire (musulmans ou non d’ailleurs), dans le but de diminuer le degré de kufr, d’islamophobie, d’injustice et d’humiliation envers les croyant(e)s, cela fait l’objet d’une réelle divergence, et la ‘aqida reste sauve, et la finalité visée reste noble, tant que le musulman demeure conscient que seule la Législation divine demeure légitime et absolue en tant que telle (doctrinalement parlant), et que le système politique en place (reposant sur une idéologie non-islamique) ne doit être respecté que de façon pragmatique (car son pouvoir est de facto contraignant et qu’il n’y a pas d’autre système alternatif au pouvoir) ne doit pas avoir notre assentiment ni susciter notre admiration (bien qu’en prendre les aspects positifs et pratiques soit autorisé) de sorte à nous complaire dans cette situation (où règnent le shirk, l’injustice, la perversité, l’insouciance, etc.), en suivant l’adab et le respect du vivre ensemble évidemment. En effet, les laïcards de la République française, fanatiques et hypocrites qu’ils sont, sont souvent malhonnêtes ou dénués d’intelligence, puisqu’ils reprochent aux musulmans de considérer que leur foi passe au-dessus de leur « amour » et de leur « considération » portés à la République française, qui repose rappelons-le sur une idéologie qui leur est étrangère ainsi que sur la violence, la duplicité, la trahison, la corruption et l’irrationnel. Ils s’opposent donc à la liberté de conscience, puisque les Musulmans, les Chrétiens, les Juifs, les Bouddhistes, les démocrates, les communistes, les déistes, les athées, certains laïcs, les royalistes, etc. considèrent leur foi, leur idéologie, leur conception politique ou philosophique comme étant supérieure et plus légitime que la République française, ce qui n’empêche pourtant nullement le fait qu’ils « respectent » – pour la plupart d’entre eux – les valeurs communes du vivre ensemble et qu’ils se soumettent malgré eux à la loi en vigueur car contraignante et institutionnelle. Il est même naturel, logique et légitime d’aimer Dieu, sa foi, la morale, le Bien, le Sacré, sa famille, sa communauté ou certaines figures historiques fortes et charismatiques, plus que le pays où l’on réside ou du moins plus que le système politique qui exerce l’autorité. Ces mêmes fanatiques de la République sont d’ailleurs les premiers à apprécier et soutenir les Russes qui critiquent la politique russe, les Iraniens qui critiquent la politique iranienne, les Chinois qui critiquent l’idéologie et le parti communistes en Chine, les Hongrois qui s’opposent au gouvernement de Viktor Orban, les Américains qui s’opposaient à Donald Trump, etc., et ils voudraient interdire – comme dans un système totalitaire – à tous les Français ne se reconnaissant pas dans la politique française actuelle – jugée catastrophique et ridicule par tous les experts français et mondiaux – ?

Mais revenons à la perspective islamique du vote, car là où le citoyen a la capacité d’agir en vue d’éliminer le mal ou d’en diminuer l’étendue (moindre mal) à défaut de pouvoir l’écarter totalement, il sera interrogé aussi, et une analyse doit donc être portée sur les méthodes à la fois licites et utiles pour y arriver, bien qu’en situation de faiblesse, de contrainte ou de nécessité faute d’alternative, certaines méthodes normalement désapprouvées peuvent être nécessaires ou exceptionnellement autorisées (ou excusées) bien que leur caractère blâmable ou vicié demeure (afin de ne pas les rendre louables ou permis en temps normal – risque toujours possible et potentiel quand une situation s’éternise au point d’en faire oublier les lacunes et dangers pour la conscience endormie ou corrompue). La notion de « darûra » est importante dans le fiqh mais doit être réelle et objective, et non pas se fonder sur les « passions » et intérêts non-essentiels de la personne. La nécessité concerne les finalités de la Loi divine (les « Maqâsid ») à savoir la protection de la vie et de la santé, de la propriété (ses biens « essentiels comme son logement ou tout autre bien lié à sa subsistance ou à son métier licite par exemple) la préservation de sa foi et de sa pratique religieuse dans ce qu’elle a d’essentiel et d’obligatoire (prières, zakât et aumônes, jeûne durant le mois de Ramadan, accomplissement du Hajj si cela est possible, etc.) et le fait de ne pas être contraint de commettre ce qui est clairement interdit (idolâtrie, meurtre, sorcellerie, vol, pillage, viol, adultère et fornication, consommation d’alcool ou de drogue, agressions diverses, vandalisme, activités criminelles ou terroristes, etc.). Ainsi, même si une chose est rendue illicite ou désapprouvée en temps normal ou dans certains contextes, son interdiction peut être levée – tout en la considérant comme étant toujours une chose non-louable en temps normal – si la vie, la foi, la santé, la dignité, la liberté de culte et la propriété sont menacées. Et dans ce contexte, voter n’implique pas en soi d’accorder toute sa confiance au candidat choisi, ni d’approuver tout ce qu’il dit ni de partager toutes ses positions, mais uniquement car il apparait à ceux qui votent pour lui – faute de mieux – qu’il sera moins pire et moins dangereux que les autres, et ce selon ce qu’il a pu dire au moment de la campagne électorale actuelle (et non pas avant si entre temps le candidat a changé d’avis ou a nuancé plusieurs de ses anciennes positions, que ce soit en bien ou en mal), peu importe si finalement le candidat tient ses engagements ou non, soit hypocrite ou incapable (car pas assez puissant et rusé pour déjouer les pressions des injustes et des multinationales), car seul Allâh connait les cœurs, à moins que la personne en exercice (dans la politique) soit connue pour son hypocrisie, sa perversité et pour ne jamais tenir ses nobles engagements, alors dans ce cas voter pour cette personne est problématique, illicite et de facto inutile et donc illusoire.

Chaque situation doit donc être analysée au cas par cas, car l’abstention est parfois une bonne solution (évitant les compromis ou concessions, ou les jeux de dupe) tandis que le vote peut parfois être la bonne solution pour éviter que les musulmans soient persécutés, humiliés ou publiquement dénigrés et que les droits des femmes musulmanes soient un minimum respectées, de même que les associations et mosquées ne soient pas fermées, et que le prédication islamique peut se poursuivre. Mais les musulmans doivent être bien informés sur l’hypocrisie de certains partis, les mécanismes réels (mensonges, soumissions aux multinationales, etc. qui impliquent l’impossibilité ou la forte probabilité que des candidats ne voudront ou ne pourront pas tenir leurs promesses) à l’œuvre dans certains pays.

Par expérience, nous savons qu’il existe des pays où le vote possède une utilité réelle – avec des conséquences importantes quant aux résultats obtenus – tandis que d’autres pays font du vote un objet de culte tout en étant factice et pipé dès le début dans un système dirigé non pas par le peuple ou la Loi divine, mais par les grands industriels impliqués dans d’énormes scandales de corruption et de crimes en tous genres, ne sélectionnant que des candidats triés sur le volet et les imposant au peuple sans réelle liberté ni marge de manoeuvre. Par ailleurs, dans le cas de la France, pour espérer gagner les élections, il faut avoir le soutien du CRIF (une organisation criminelle) et de la loge maçonnique du Grand Orient de France (connue pour sa corruption et où les membres ayant commis des délits ou des crimes ne sont pas toujours poursuivis), de même qu’avoir le soutien de milliardaires influents comme Vincent Bolloré, Bernard Arnault ainsi que les familles comme Bouygues, Dassault et d’autres – patrons de plusieurs médias influents -. Ainsi, les choses paraissent fortement compromises et difficiles, car même en obtenant leur approbation par « ruse et dissimulation », l’influence de ces institutions et organismes reste énorme et empêche la réalisation de nombreuses promesses électorales, tout comme l’influence des think tank comme Young Global Leaders (qui mettent leurs agents au pouvoir dans de nombreux pays) ou des décideurs comme Bill Gates et Jacques Attali.

En France ce ne sont pas les candidats qui font la politique mais le système et lobbies derrière eux – qui les ont sélectionnés et soutenus puis utilisent les présidents et ministres comme des pions exécutant les ordres venus d’en haut et de l’ombre -. Ainsi, sans une réforme structurelle du système politique, même les candidats bien intentionnés n’auront pas les moyens nécessaires pour changer les choses en profondeur.

Ainsi, les pro-vote qui pensent que seul le vote peut changer la politique et accusent les abstentionnistes d’être des lâches ou des traitres, partent du postulat erroné que le vote pourrait vraiment changer quelque chose, alors que le système empêche une telle chose et que l’on peut suspecter de nombreuses fraudes et tricheries électorales au niveau des votes qui sont comptabilisés – on l’a vu une nouvelle fois le 10 avril 2022 en France avec un score que Macron ne pouvait logiquement pas faire (un meilleur score qu’en 2017 alors que moins de gens ont voté pour lui, et qu’il est extrêmement rare de croiser un français qui soutienne Macron dès le 1er tour) quand même une grande partie de ceux qui avaient voté pour lui en 2017 ont décidé de voter pour un autre candidat.

Quant aux abstentionnistes, beaucoup ne foutent rien toute l’année pour changer les choses et aider les gens, et n’attendent que la période électorale pour mépriser, accuser ou insulter ceux qui votent (avec l’intention de changer la politique du pays), avec des slogans “ceci est du shirk, ceci est totalement haram” alors que sous certaines conditions, cela ne relève ni du shirk ni de l’illicite – les preuves sont là et des savants de différents courants soutiennent aussi l’avis de la licéité du vote en pareil contexte -, mais où la seule critique valable demeure sur la réelle utilité ou non du vote, et là l’expérience indique plutôt la négative – système qui biaise les élections et fraudes sur la façon de compter les votes, toujours en faveur du candidat choisi par l’oligarchie corrompue -.

Le vote ne fait pas partie de la doctrine en tant que telle, et relève essentiellement du fiqh en lien avec la politique, et ne saurait donc être du shirk ou illicite en soi, mais comme pour tout autre acte moral ou juridique, il y a un lien connexe avec la doctrine et les finalités islamiques, et pour qu’un acte soit louable ou blâmable, ou rendu licite ou illicite (avec des statuts intermédiaires et nuancés entre ces 2 extrémités ; fortement déconseillé/réprouvé, simple réprobation, autorisé et neutre, recommandé, fortement recommandé), doit être analysé selon les principes théologiques et métaphysiques, l’intention et la finalité visées, le contexte précis et spécifique, l’effectivité réelle ou non du vote et l’absence d’autres moyens plus concrets, efficaces ou licites, et prendre en compte d’autres facteurs liés à l’économie, à la politique, à la sociologie, à la démographie et à l’étude des autres mécanismes en lien avec la question (rhétorique, marketing, ceux qui font la tendance politique, ceux qui dirigent réellement les figures politiques et les institutions dans tel ou tel pays, etc.).

Aussi, pour être pris au sérieux par un pouvoir reposant essentiellement sur la force économique et le rapport de force, les musulmans doivent mieux s’organiser, peser beaucoup plus sur le plan économique, et multiplier les projets sociaux, commerciaux, éducatifs et professionnels pour espérer mieux faire entendre leur voix et exiger des garanties afin que leurs droits soient respectés et non pas piétinés comme cela est le cas dans plusieurs pays non-musulmans (et même musulmans, dirigés par des dictateurs, souvent à la botte des puissances impérialistes actuelles).

Un système dajjalique utilise des pions politiques pour faire miroiter les fausses promesses, et les seules promesses qui sont tenues sont celles qui consistent à renforcer l’islamophobie et l’asservissement de toutes les composantes de la société.
Le vote envers des candidats qui sont soit soumis au système illégitime et corrupteur, soit sont dupes et naïfs et seront contraints d’accepter le chantage exercé par l’oligarchie, ne saurait être la solution aux maux de la société, surtout quand une partie du peuple est corrompue et acquise aux illusions qui sont sources des maux dont ils se plaignent. Le vote n’est ainsi qu’un outil puissant – en France notamment – qui permet d’entretenir l’illusion d’une pseudo-liberté mais qui vise en permanence à justifier le pouvoir en place et à accepter les règles du jeu qui sont en défaveur du peuple.

Plutôt que de placer sa confiance dans un vote au sein d’un système qui truque aisément le cours et le résultat d’une élection, il faut agir au quotidien pour changer les mentalités, monter ses propres structures sociales, commerciales, éducatives, bancaires et médiatiques, et promouvoir la solidarité sociale et communautaire, tout en évitant les pièges du consumérisme, de l’individualisme, du fanatisme et du racisme.

Peu importe l’avis choisi, il convient de se confier à Lui, de L’invoquer et de Le consulter pour nos affaires – notamment par la salât al-istikharâ (prière de consultation), de Lui demander d’agir pour le mieux et de nous guider dans nos choix et dans nos actions, et de nous pardonner en cas d’erreur, et que si le caractère erroné ou blâmable d’une action ou d’un choix se manifeste clairement à nous à partir d’un certain moment – ou après coup -, alors se repentir et L’invoquer pour nous aider à mieux agir à l’avenir. Quoi qu’il en soit, le takfir, le mépris et l’injure n’ont pas leur place pour ce genre de questions, étant donné la complexité du sujet et les nuances que cela comporte, ainsi qu’au vu des divergences entre les savants à ce sujet. Et même en cas de kufr clair ou subtil, – par exemple prétendre qu’un système impie est meilleur et plus souhaitable qu’un réel état soumis à la Loi divine juste, sage et noble – quand elle est bien comprise et appliquée -, l’injure et le mépris n’y ont pas leur place, et il convient d’expliquer aux gens avec sagesse, preuves et indulgence la source de leurs erreurs et de leurs confusions. De même pour la démocratie qui n’est pas une notion comprise de la même manière par leurs partisans ou leurs opposants, et qui suscite beaucoup de malentendus, bien que beaucoup de personnes commencent à comprendre la supercherie de la démocratie dans le monde occidental, d’une part car elle n’existe pas dans les faits dans les pays occidentaux qui en ont fait une idéologie et d’autre part car ce n’est ni le meilleur système politique ni une possibilité vraiment concrète (les dirigeants n’exécutant que très rarement – voire pas du tout – la volonté populaire dans ce qui va vraiment dans le sens de leur bien-être général, quand on connait les fondements et dérives du système capitaliste et du règne de l’ego).

Certains ont cependant l’habitude de critiquer et de mépriser toutes les personnes qui veulent agir pour le bien des musulmans – même maladroitement -, sans jamais apporter de solutions, alors qu’ils pourraient soulager ou aider les croyant(e)s victimes d’injustice, soit en leur trouvant un travail décent et licite, soit en les aidant financièrement, en leur facilitant la vie, en les soutenant moralement, etc. Or, si pour eux tous les moyens légaux ne sont pas « licites » pour agir, ils auraient dû alors s’activer pour travailler et mettre sur pied des écoles, commerces, logements et mosquées pour que les sœurs et les frères puissent travailler, étudier et vivre dans de bonnes conditions, mais rien de tout cela n’a été fait de leur côté. En attendant, des frères et des sœurs – notamment veuves ou rejetées par leur famille – sont à la rue ou victimes des pressions sociales ou étatiques et vivent un véritable calvaire, donc ils feraient mieux d’arrêter de polémiquer et de mépriser leur prochain, pour leur apporter une véritable solution à leurs problèmes, même si la solution envisagée ne relève pas de l’idéal. Ce n’est donc pas juste en période électorale que les « pro » et les « anti-votes » doivent s’activer, mais durant toute l’année où ils doivent œuvrer pour les intérêts des musulmans et de la Nation, par tout ce qui est conforme à Sa Loi : prédication et éducation, œuvres de charité, aides humanitaires, aides aux orphelins et aux veuves, soutien aux opprimés et aux nécessiteux, financement et rénovation pour les écoles, les médias, soutenir de bonnes maisons d’édition, mettre sur pied des instituts et des établissements universitaires, faire de la mosquée un endroit propice à l’éducation et à la solidarité sociale, fonder des commerces et favoriser des études universitaires tout comme des formations professionnelles, etc.

On ne peut donc pas blâmer ou culpabiliser dans ce contexte les gens qui voteraient pour un réel moindre mal, tout comme ceux qui refusent de voter, car partant du principe que les dés sont pipés d’entrée de jeu ou qu’aucun candidat ne leur parait crédible ou capable d’aller contre les ordres du grand capital, après de longues années de déception ou d’arnaques et manipulations électorales, parmi celles-ci, citons notamment les manipulations médiatiques et les soutiens financiers plus importants accordés à certains candidats (les plus dociles et les souvent les plus corrompus, trempés dans de nombreux scandales divers), les fraudes électorales, et le fait que si le peuple vote mal aux référendums on leur ordonne de revoter pour l’autre « choix » sinon leur vote n’est pas pris en compte, et ce jusqu’à ce que cela satisfasse les multinationales et grands industriels qui dictent réellement la politique dans de nombreux pays occidentaux – notamment en Amérique du Nord et dans les pays de l’Union européenne, comme en 2005 -.

Wa Allâhu a’lam.

Mis à jour le 11 avril 2022.


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