Quelle méthodologie adoptée face aux discours visant à détruire l’Islam de l’intérieur chez certains influenceurs, « prédicateurs » ou « penseurs » ?

La communauté francophone, plus que les autres communautés, est éprouvée par une ribambelle de charlatans en tous genres (tout en étant démunie d’intellectuels et savants de qualité permettant de réfuter sérieusement les différentes allégations qui visent à détruire la Tradition musulmane dans ses différentes dimensions), exploitant l’ignorance des gens pour les éloigner des objectifs principaux de la Religion : la piété religieuse, la pudeur, la justice, la sagesse et la spiritualité.

Pour arriver à leurs fins, ils vont manipuler les textes, feindre une approche « scientifique » ou « historique », compter sur l’absence de réflexion approfondie de leurs « adeptes », mettre en avant les discours extrêmes ou superficiels de certains milieux (notamment Salafis ou pseudo-salafis) pour s’imposer ensuite comme la seule voie alternative alors qu’ils sont eux aussi des « extrémistes » à leur façon, et ce pour remplir leur agenda idéologique et pour soutirer un maximum de profits sur le dos des personnes non-averties. Ils savent bien également qu’il est plus facile de mentir et de déconstruire facilement quelque chose plutôt que de construire des enseignements ou sciences solides et sérieux, et comptent donc sur le fait que leurs « adeptes » n’iront pas vérifier ce qu’ils disent, surtout quand ils mentionnent des « faits historiques » ou des « récits », car s’ils le faisaient, leur escroquerie serait immédiatement dévoilée, puisque ce qu’ils disent se révèlent soit faux, soit réducteur, soit bien plus complexe que ce qu’ils essayaient de faire croire. Il faut cependant signaler aussi que beaucoup de gens qui les suivent, savent au fond d’eux qu’ils racontent n’importe quoi ou qu’ils propagent des choses graves, mais comme ils disent ce qu’ils veulent entendre (permission de boire de l’alcool, de ne pas prier, de ne pas verser la zakâh, de forniquer, de se marier avec des gens débauchés, fumer, aller en boite de nuit, etc.), – en résumé de vivre très loin du mode de vie traditionnel et religieux (piété, droiture, intégrité, honnêteté, de façon modeste, respecter les liens de parenté tout comme les droits de l’époux ou de l’épouse, etc.), mais qu’ils cherchent en même temps une certaine « caution » ou « justification » pseudo-religieuse ou pseudo-intellectuelle, alors ils le citent comme « arguments d’autorité » même s’ils savent qu’il s’agit de menteurs et manipulateurs (ou manipulatrices) dont les erreurs et falsifications ont été démontrées abondamment. Pourtant, depuis des années, des anciens élèves ou étudiants dénoncent leurs dérives sectaires et leurs méthodes de manipulation psychologique ainsi que leur hypocrisie – disant qu’il ne faut pas donner de l’argent pour apprendre les sciences islamiques alors qu’ils font eux-mêmes payer les cours sans en avoir une quelconque maitrise et usant des méthodes du marketing pour soutirer de l’argent à leurs victimes et cibles). Certaines personnes, au lieu de reconnaitre leurs méfaits et la nature blâmable du péché qu’elles commettent, préfèrent entendre des gens qui leur disent que c’est n’est pas grave voire même qu’il s’agit là non pas de péchés, mais de choses autorisées ou recommandées selon l’Islam (comme l’alcool, la drogue, la débauche, le tabac, la fornication, ne pas prier, ne pas porter le voile quand on est pubère et que l’on sort dehors, etc.) ce qui est beaucoup plus grave que de simplement commettre des péchés ou d’être négligeant dans les actes et préceptes religieux étant donné la tendance néfaste que prennent beaucoup de sociétés actuelles – ce qui implique que nous devons adopter une pédagogie plus adaptée incluant aussi la souplesse, la douceur et l’indulgence pour les gens éloignés de la pratique religieuse dans ce qu’il y a de plus fondamental -. Rendre « licite » ce qui est illicite ou vice-versa est clairement la marque du shaytan, en ce sens qu’il inverse les valeurs et les normes, et l’on voit les conséquences néfastes qui déchirent les familles, brisent des vies, éloignent les gens de la Baraka, les poussent à l’individualisme et au consumérisme, à être irresponsables, à être plus impulsifs et hystériques, à céder plus facilement à la dépression ou à l’asservissement politico-social, à tomber davantage dans la criminalité ou le terrorisme, etc.

Comme on le sait, du point de vue historique, numérique, linguistique et spirituel, le Qur’ân est miraculeux et son authenticité est établie (dès le 1er siècle, on retrouve en effet des dizaines de manuscrits attestant de la totalité des versets du Qur’ân que nous connaissons actuellement, outre le fait que sa transmission orale par des milliers de voies remonte aussi à l’époque prophétique).

Dans la hiérarchie des sources à utiliser donc, aussi bien dans l’Islam de façon générale, que dans l’histoire et le fiqh de façon particulière, il convient de toujours revenir au Qur’ân pour trancher, puis à l’exemplarité prophétique dans ce qui est évidemment conforme au Qur’ân, puis à ceux qui détiennent l’autorité (spirituelle, religieuse, scientifique, politique, etc.) parmi ceux qui sont spirituellement et religieusement qualifiés en termes de pratiques et de moralité : « Les Bédouins ont dit : « Nous avons la foi ». Dis : « Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt : « Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n’a pas encore pénétré dans vos cœurs. Et si vous obéissez à Allâh et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres ». Allâh est Pardonneur et Miséricordieux » (Qur’ân 49, 14) et « Ô les croyants ! Obéissez à Allâh, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allâh et au Messager, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement) » (Qur’ân 4, 59).

Dans l’Islam des premiers temps, comme nous le savons, la période islamico-historique a été marquée par le règne de 5 grands califes bien-guidés, à savoir Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân, ‘Alî et son fils Hassân (souvent inclus dans les 4 califes comme étant le prolongement du règne de son noble père). De nombreux récits et témoignages des Ahl ul Bayt eux-mêmes (de l’époque de l’imâm ‘Alî et de ses fils et petit-enfants jusqu’à nos jours) ont préservé cette idée-réalité que la famille alide entretenait de bonnes relations avec Abû Bakr et sa famille (notamment ses filles Asmâ et ‘Aisha ainsi que ses fils comme Muhammad Ibn Abî Bakr, éduqué et pris en charge par ‘Alî après la mort d’Abû Bakr), de ‘Umar et de ‘Uthmân, avec des alliances de mariage entre leurs 4 familles, et il était aussi une tradition des imâms de la famille alide de nommer leurs enfants entre autres par les noms de Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân et ‘Aîsha en hommage à l’entourage prophétique comme ils l’ont explicitement dit eux-mêmes.

Le Qur’ân, comme les Ahl ul Bayt (dont leurs plus éminents descendants aujourd’hui sont les sûfis du monde sunnite, avec une silsila et un arbre généalogique très bien authentifié, remontant à l’imâm ‘Alî et à ses enfants), de nombreux récits historiques, la mémoire collective (des Musulmans dans leur grande majorité comme des non-musulmans), les grands maîtres spirituels et les songes spirituels des croyants vertueux, confirment tous leur sainteté, et ont d’eux, une image de personnes illustres, à la fois érudites et intelligentes, vertueuses et ascétiques, et aussi spirituelles et rattachées à la Voie prophétique. Par exemple, l’imâm As-Sajjâd, ‘Alî Zayn ul Abidîn, le fils de l’imâm Hussayn Ibn ‘Alî qui était le petit-fils du Prophète (ﷺ), rétorquait à ceux qui, sans même avoir rencontré de leur vivant les Califes bien-guidés et les Sahaba, se mettaient à les calomnier et à les mépriser, qu’ils étaient des égarés, et justifiait son point de vue en ayant recours au Qur’ân : « Abû Nuaym rapporte la narration suivante de la part de Muhammad ibn ‘AIî, venant de son père ‘AIî ibn al-Hussayn : « Un jour, des Irakiens étaient assis ensemble et se mirent à dire du mal d’Abû Bakr et de ‘Umar à chaque fois qu’ils parlaient d’eux. Ensuite, ils passaient à (Uthmân) ‘AIî ibn al-Hussayn demanda :

— « Dites-moi, étiez-vous parmi les premiers Muhâjirûn (émigrés), dont le Qur’ân dit ce qui suit : « …ceux qui ont été chassés de leurs demeures et dépouillés de leurs biens, pendant qu’ils recherchaient la grâce et l’amour d’Allâh, combattaient pour le triomphe de Sa Cause et portaient secours à Son Prophète … » (Qur’ân 59, 8) ?

— Non, répondirent-ils.

— Êtes-vous parmi les suivants : « …ceux qui, déjà installés dans le pays et dans la foi, accueillirent les Émigrés avec joie… » (Qur’ân 59, 9) ?

— Non.

— Vous venez d’être témoins par vous-mêmes que vous ne faites pas partie de ces 2 groupes. Je suis, quant à moi, témoin que vous n’appartenez absolument pas au troisième groupe dont Allâh dit : « …ceux qui sont venus après eux, en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui se sont convertis avant nous ! Fais que nos cœurs n’aient jamais de haine contre les croyants ! Seigneur, Tu es plein de bonté et de compassion ! » (Qur’ân 59, 10). À présent, partez d’ici, et qu’Allâh ne vous soutienne pas et ne vous rapproche pas. Vous vous moquez de l’Islam et vous n’y appartenez pas » » (Rapporté par Ibn Kathîr dans al-Bidâya wa an-Nihâya 9/112, par Al-Qurtûbî dans son Tafsîr, par As-Suhaymi dans al-Aqîda fi Ahl al-Bayt p. 236 et d’autres). Il faut savoir également que l’imâm ‘Alî Ibn Hussayn fut éduqué en partie par la famille d’Abû Bakr, et notamment par Sayyida ‘Aîsha.

Sur les croyants qui nous ont précédé, Allâh a dit :

 « Et [il appartient également] à ceux qui sont venus après eux en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères et soeurs qui nous ont précédés dans la foi ; et ne mets dans nos coeurs aucune rancoeur pour ceux qui ont cru. Seigneur, Tu es Compatissant et Très Miséricordieux » » (Qur’ân 59, 10).
L’erreur et le péché pouvant toucher tout le monde, Allâh nous dit : « Et repentez-vous tous devant Allâh » (Qur’ân 24, 31), de même qu’Il a dit : « et implore le pardon pour ton péché, ainsi que pour les croyants » (Qur’ân 47, 19), tout comme Il nous rappelle ceci : « Voilà une génération bel et bien révolue. A elle ce qu’elle a acquis, et à vous ce que vous avez acquis. On ne vous demandera pas compte de ce qu’ils faisaient » (Qur’ân 2, 134).

Sur les épouses du Prophète et les autres membres de sa famille : « Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes, et ses épouses sont leurs mères (aux croyants) » (Qur’ân 33, 6).

« Ô femmes du Prophète ! Vous n’êtes comparables à aucune autre femme (…) ô vous, les Gens de la Maison (ahl ul bayt) ! Allâh veut seulement éloigner de vous la souillure, et vous purifier totalement » (Qur’ân 33, 32-33). Les versets antérieurs ne parlent que des femmes du Prophète, donc elles sont les premières concernées par cette qualification (de ahl ul bayt).

« Les mauvaises [femmes] aux mauvais [hommes], et les mauvais [hommes] aux mauvaises [femmes]. De même, les bonnes [femmes] aux bons [hommes], et les bons [hommes] aux bonnes [femmes]. Ceux-là sont innocents de ce que les autres disent. Ils ont un pardon et une récompense généreuse » (Qur’ân 24, 26).

Sur les mérites des Compagnons : « Est-ce que celui qui, aux heures de la nuit, reste en dévotion, prosterné et debout, prenant garde à l’au-delà et espérant la miséricorde de son Seigneur… Dis : « Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? ». Seuls les doués d’intelligence se rappellent » (Qur’ân 39, 9).


« Les tout premiers (croyants) parmi les Emigrés et les Auxiliaires et ceux qui les ont suivis dans un beau comportement, Allâh les agrée, et ils l’agréent. Il a préparé pour eux des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et ils y demeureront éternellement. Voilà l’énorme succès ! »
(Qur’ân 9, 100)


« Allâh a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté le serment d’allégeance sous l’arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs coeurs, et a fait descendre sur eux la quiétude … »
(Qur’ân 48, 18).


« On ne peut comparer cependant celui d’entre vous qui a donné ses biens et combattu avant la conquête… ces derniers sont plus hauts en hiérarchie que ceux qui ont dépensé et ont combattu après. Or, à chacun, Allâh a promis la plus belle récompense, et Allah est Grand Connaisseur de ce que vous faites »
(Qur’ân 57,10).


« Alors, s’ils croient à cela même à quoi vous croyez, ils seront certainement sur la bonne voie. Et s’ils s’en détournent, ils seront certes dans le schisme ! Alors Allâh te suffira contre eux. Il est l’Audient, l’Omniscient »
(Qur’ân 2, 137).


« Tu les vois inclinés, prosternés, recherchant d’Allâh grâce et agrément. Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation »
(Qur’ân 48, 29).


« Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allâh. Certains d’entre eux ont atteint leur fin, et d’autres attendent encore; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement) »
(Qur’ân 33, 23).


« Leur Enseigneur alors les exauça : « Parmi vous, homme ou femme, Je ne laisse pas perdre l’oeuvre de qui agit : vous êtes issus les uns des autres. Aussi, Je ferai sûrement disparaitre les méfaits de ceux qui ont émigré, et qui ont été expulsés de leurs demeures, et qui ont été persécutés dans Mon sentier, et qui ont combattu, et qui ont été tués. Et sûrement Je les ferai pénétrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, comme récompense venant d’Allâh » (Qur’ân3, 195).

Le Qur’ân décrit de façon élogieuse les Califes bien-guidés comme d’autres Compagnons de la première heure. Les récits abondants émanant des Musulmans comme des non-Musulmans (notamment les Dhimmis) les considéraient comme des gens pieux, justes, ascètes et vertueux, respectant leurs engagements et les protégeant des oppresseurs ou des criminels.

Ainsi, tout récit que l’on pourrait trouver dans des livres d’histoire (qui ne sont pas infaillibles, car pouvant comporter des erreurs, des récits inventés, des falsifications, des déformations, etc.) qui viendrait donner une autre image d’eux sont de plusieurs sortes :

1) récit clairement fabriqué/inventé pour diverses raisons (idéologiques, politiques, rancunes personnelles, etc.).

2) récit décontextualisé ou déformé à certains endroits.

3) récit plausible ou authentique, mais qui n’expose que des erreurs ou des péchés qui n’entachent cependant pas la prédominance du bien et de la vertu chez les Compagnons ou membres de la famille alide, sachant qu’ils ne sont pas infaillibles ni exempts de tout péché.

4) récit authentique mais dont l’attitude juridique employée relève d’un ijtihad personnel, d’un tempérament personnel spécifique ou d’une mentalité juridique adaptée au contexte particulier de l’époque – rude, difficile ou guerrier par moment – et qui était un bon moyen de ramener les gens à l’ordre, sachant que les mentalités de l’époque étaient différentes de celles de notre époque dans les pays fortement sécularisées, mais qui ne dérangent pas des pays reculés ou encore restés éloignés de la sécularisation, et qui ont donc un autre rapport à la société, à l’existence, à la nature et au Sacré. Quoi qu’il en soit, ces avis-là, qui dépendent d’un autre contexte, n’ont pas à être diabolisés mais simplement à être contextualisés et à ne pas les sacraliser en ce sens que toute fatwa s’inscrit dans un contexte temporel particulier et qui n’a pas de vocation à être universelle ou immuable en tous lieux et en tout temps.

Il est donc erroné d’accepter les récits faibles ou inventés que l’on peut trouver dans certaines chroniques des temps passés, pour les faire primer sur le Qur’ân, l’héritage spirituel des maîtres spirituels (qui sont les héritiers des Prophètes comme cela est montré dans le Qur’ân et la Sunnah), l’intellect, les dévoilements spirituels et les récits les plus authentiques. C’est une inversion totale de ce qui doit être privilégié, car l’on doit effectivement toujours partir de ce qui est sûr, clair et bien établi (notamment le Qur’ân et les récits mutawatir/notoire) pour interpréter, clarifier ou rejeter ce qui est douteux, faux, faible, ambigüe ou apocryphe.

Cette absence de rigueur méthodologique intellectuelle et historique se retrouve d’ailleurs souvent chez les orientalistes et les islamophobes d’une part, et chez certains courants du monde musulman d’autre part, comme une partie des shiites, des salafis, des modernistes/réformistes et des coranistes.

Par ailleurs, un hadith parlait de ce phénomène qui apparaitra « tardivement » dans la Ummah, à savoir que des personnes se réclamant de la Ummah, vers la fin des temps, parleront très mal des Compagnons et premières générations de musulmans.

Le Shaykh Muhammad al-Ghazâlî a dit : « Les gens ont délaissé le Qur’ân pour les ahadiths, puis ils ont délaissé les ahadiths pour les avis juridiques, puis ils ont délaissé les avis juridiques pour les opinions personnelles (dénuées de fondements religieux et intellectuels) ».

Ce que l’on peut en effet observer est que le Qur’ân justifie et légitime la Sunnah (le suivi de la Voie prophétique) dans plusieurs versets, et que rejeter la Sunnah c’est mécroire en partie au Qur’ân et se couper de la lumière prophétique – ce que l’on peut constater chez les coranistes dont la pratique religieuse est souvent très faible et dont la compréhension du Qur’ân est très superficielle et lacunaire -. De même, les déviances et dérives surviennent quand les Musulmans délaissent le Qur’ân, la Sunnah, la méthode de compréhension traditionnelle et l’intellect dans leurs affaires, et quand ils ne respectent plus la hiérarchie dans le savoir, où le Qur’ân éclaire et délimite la Sunnah – et non l’inverse -, où la Sunnah éclaire et délimite le fiqh et la théologie – et non pas le contraire -, où les avis juridiques éclairent la situation personnelle de chacun, et où les opinions personnelles ne peuvent être légitimes qu’en étant éclairées par le Qur’ân, la Sunnah purifiée et les avis juridiques en lien avec le Qur’ân et la Sunnah, et conforme aux vérités (expérimentées) de l’intellect, de l’expérience spirituelle et de l’observation (scientifique, médicale, psychologique, historique, sociologique, etc.).

Prenons un cas récent pour illustrer nos propos. Une vidéo postée sur YouTube le 3 avril 2023, par un YouTubeur maghrébin vivant en France qui s’auto-proclame Shaykh et professeur alors qu’il ne possède aucune formation traditionnelle (du point de vue islamique) ni d’une formation sérieuse du point de vue académique, tendait à manipuler ses « élèves » en remettant en question non seulement la Sunnah, les Compagnons, les 5 piliers de l’Islam et les écoles juridiques, mais aussi le Qur’ân lui-même, qui selon ce sinistre personnage (déjà épinglée des centaines de fois pour ses mensonges, ses erreurs, son incompétence « scientifique » et ses falsifications dans la façon d’aborder un sujet, un livre, un récit, une figure historique, etc.). Il est l’archétype même de ce qui est appelé en milieu islamique « un petit dajjâl » (un imposteur/charlatan), profitant de la faiblesse intellectuelle ou de la « naïveté » de certaines personnes pour les tromper et les induire en erreur sur de nombreux sujets.

De sa vidéo durant un peu moins de 30 minutes, on peut dénombrer plus d’une centaine d’erreurs, de confusions, d’approximations, de mauvaise foi, de falsifications et de mensonges, illustrant sa perversion comme son ignorance sur de nombreux sujets ayant trait au Qur’ân, à l’histoire, à la science du Hadîth, à l’épistémologie, etc.

Pour faire court, voici les principaux problèmes entourant son discours :

Par expérience avec cet imposteur, il faut toujours vérifier ce qu’il dit, car on se rend compte que :

– Il ment et invente des textes.

– Il déforme et falsifie les récits en y ajoutant ses propres dérives et inventions.

– Il parle de textes faibles ou authentiques alors que c’est parfois l’inverse.

– Ce n’est pas parce que des gens par le passé ont dit une chose, qu’ils ont forcément raison ou que c’est fondé.

– Ce n’est pas parce qu’un rapporteur a été accusé d’une chose grave que cela est vrai pour autant, puisque beaucoup de gens ont menti ou déformé des choses par ignorance, rivalités politiques, partisanisme idéologique, etc.

– Une personne peut être digne de confiance dans un domaine (Qur’ân, médecine, etc.) mais pas dans un autre (Hadith, fiqh, etc.) ou vice-versa, surtout là où le parti pris idéologique ou les considérations personnelles ont souvent prises, et comme le Qur’ân est accepté par tous les courants et préservé chez les mémorisateurs quel que soit leur courant de pensée, les manipulations ne peuvent se faire que dans l’interprétation des textes, des ahadiths rapportés de façon singulière (contrairement aux ahadiths et récits rapportés de façon notoire par des voies indépendantes les unes des autres), des athars étranges imputés aux Compagnons ou à leurs disciples, etc.

– Quand Allâh dit que le Dhikr a été préservé, cela désigne le Qur’ân tout entier comme la Sunnah, les formules traditionnelles de Dhikr, la sagesse universelle et tout ce qui a été transmis à ce sujet. Le Qur’ân est un Dhikr, donc le Dhikr englobe le Qur’ân tout comme les autres choses en lien avec le Qur’ân et le Dhikr. Même chose quand Allâh parle de la Certitude (Al-Yaqîn), cela désigne plusieurs réalités, à savoir la certitude spirituelle, celle de la connaissance et la mort – qui marque une étape ultime dans ce bas-monde de la certitude concernant certaines réalités et vérités -. En effet, dans le Qur’ân plusieurs Noms désignent le Qur’ân sous ses différentes fonctions sans lui être pour autant exclusives, en ce sens que le Qur’ân est à la fois le Rappel/Dhikr, le Discernement (al Furqân), Le Livre (Al-Kitâb) dans son ultime révélation/manifestation, la Sagesse (Al-Hikmâ), etc., bien que ces termes renvoient aussi, dans d’autres contextes, à d’autres réalités.

Exclure un sens ou l’extension d’une réalité au détriment d’un sens plus restrictif montre l’ignorance ou la mauvaise foi de certaines personnes qui parlent du Qur’ân sans science, sachant qu’un terme utilisé dans le Qur’ân peut souvent renvoyer à plusieurs sens et réalités qui entretiennent des liens et rapports entre eux. Par exemple dans certains contextes, le terme « Sagesse » (Hikmâ) peut désigner aussi la Sunnah mais pas exclusivement : « Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Sagesse et vous enseigne ce que vous ne saviez pas » (Qur’ân 2, 151). Il y a donc bien 2 choses fondamentales qu’Allâh a envoyé aux croyants, à savoir le Livre (qui est le Qur’ân) et la Sagesse, qui renvoie à la Sunnah ainsi qu’aux enseignements spirituels transmis par les Saints et les Véridiques depuis l’époque des Sahaba jusqu’à notre époque. Le terme « Sagesse » est donc ici plus général que la « Sunnah » mais l’englobe par définition, sachant que le Prophète a enseigné le Qur’ân et sa mise en pratique – ou son extension qui est liée – à savoir la Sunnah (ensemble de propos, actes et enseignements authentiques du Prophète ﷺ). Ce verset démontre l’importance, l’existence et la nécessité de se référer tout d’abord au Qur’ân, puis à la Sunnah et à toutes les formes de Sagesse, ainsi qu’à la purification de l’âme et à l’éducation spirituelle, et ne pas se contenter que de « mémoriser par cœur » le Qur’ân sans le méditer, ni cultiver l’amour et la « relation spirituelle » que l’on doit avoir envers Son messager Muhammad (ﷺ), qui est le modèle excellent à suivre dans notre cheminement vers Allâh : « En effet, vous avez dans le Messager d’Allâh un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allâhet au Jour dernier et invoque Allâh fréquemment » (Qur’ân 33, 21). Le frère Ahmed Amine K. avait aussi réfuté ce « prédicateur » concernant son allégation sur le fait que le « Dhikr » ne désignait pas la totalité du Qur’ân selon lui, alors que si : « Il suffit de scruter le Qur’ân pour voir que le Qur’ân en tant que tel est qualifié de Dhikr. J’irai même plus loin en disant que les explications et agissements du Nabī qui n’ont pas été reprises et corrigé par Dieu via le Qur’ân font partie de ce Dhikr partant du principe que le Qur’ân ne peut se taire sur une pratique de Muhammad si elle ne correspond pas au Dhikr.

Voici un échantillon de verset où il est question de la descente du Dhikr comme une révélation entière :

بِالْبَيِّنَاتِ وَالزُّبُرِ وَ 👈أَنزَلْنَا إِلَيْكَ 👈الذِّكْرَ لِتُبَيِّنَ لِلنَّاسِ مَا نُزِّلَ إِلَيْهِمْ وَلَعَلَّهُمْ يَتَفَكَّرُونَ ‎﴿النحل: ٤٤﴾

Ce verset ci-dessus (al-Nahl:44) est fondamental car Dieu précise que le Dhikr est descendu sur Muhammad afin qu’il explique aux êtres humains (juifs, chrétiens mais aussi musulmans et je rajoute les non-croyants) ce qui leur a été révélé (Torah, Évangiles et bien entendu le Qur’ân).

Donc le Dhikr sert entre autres à expliquer le Qur’ân sans doute par le Qur’ân lui-même et par la guidance interne (Wahy), une révélation explicative donnée au Prophète spécialement pour ça, c’est ce que l’on appelle Sunnah du Prophète autrement dit sa façon d’expliquer et mettre en pratique le Tanzīl.

وَقَالُوا يَا أَيُّهَا الَّذِي 👈نُزِّلَ عَلَيْهِ 👈الذِّكْرُ إِنَّكَ لَمَجْنُونٌ ‎﴿الحجر: ٦﴾

إِنَّمَا تُنذِرُ مَنِ اتَّبَعَ 👈الذِّكْرَ وَخَشِيَ الرَّحْمَـٰنَ بِالْغَيْبِ فَبَشِّرْهُ بِمَغْفِرَةٍ وَأَجْرٍ كَرِيمٍ ‎﴿يس: ١١﴾‏

À noter que parfois le Dhikr renvoie aussi aux révélations antérieures comme la Torah :

وَلَقَدْ كَتَبْنَا فِي الزَّبُورِ مِن بَعْدِ 👈الذِّكْرِ أَنَّ الْأَرْضَ يَرِثُهَا عِبَادِيَ الصَّالِحُونَ ‎﴿الأنبياء: ١٠٥﴾‏

و الله تعالى أعلم

– Il se repose sur des récits faibles pour inventer une toute nouvelle histoire.

– Il affirme beaucoup de choses fausses que l’on sait pourtant vraies, comme quand il prétend qu’aucun muhaddith (sauf par le passé Ad-Daraqutnî selon lui) ne connaissait par cœur de nombreux ahadiths (alors que lui-même prétendait à cela mais comme les gens ont remarqué ses nombreuses erreurs il a abandonné cette prétention), alors que des savants comme Muslim, Bukharî (contrairement à ce qu’il dit de façon fallacieuse, justement car il ne connait même pas les règles adoptées et fixées par al-Bukharî dans son Sahîh, qui ne sont pas les mêmes que pour d’autres ouvrages ne prétendant pas à la même « fiabilité » quand on parle uniquement de ahadiths, et non d’histoire, de fiqh, de médecine ou d’autres sujets), An-Nasâ’î, Ibn Hibbân, Ibn ‘Asâkir et d’autres étaient capables de mémoriser par cœur un grand nombre de ahadiths, et que même de nos jours, s’il avait pris la peine de voyager en Syrie, en Irak, en Arabie, en Iran, au Maghreb, au Mali, au Sénégal, en Inde, au Pakistan, en Turquie, etc., il aurait vu que de tels savants – mémorisant par cœur des milliers de ahadiths (ou plus) avec leurs chaines de transmission – existent encore, y compris aussi pour des traités de poésie, de logique, de théologie, de droit, etc. qui sont mémorisés par cœur, tout comme pour le Qur’ân.

– Il prétend qu’à la veille de la désignation de l’imâm ‘Alî (‘alayhî Salâm) comme Calife, tous les grands Compagnons sont décédés (assassinés même selon lui, par les omeyyades) environ en même temps qu”Uthmân, sous-entendu à quelques semaines ou mois d’intervalle, voulant prouver qu’il y a eu des assassinats en chaine sur les Compagnons alors que les concernant, ils ne sont pas morts en même temps, pas même durant la même année, et alors même que certains sont morts de vieillesse ou de maladie tout en éloignant éloignés les uns des autres parfois même par quelques milliers de km.
Il suffit de vérifier, parmi les noms qu’il cite, pour constater qu’il prend de nombreuses libertés avec les faits et les dates : ‘Uthmâb Ibn Affân (m. 17 juin 656), Salmân al-Farisî (m. entre 652 et 660 selon différentes sources), ‘Abd ar-Rahmân Ibn ‘Awf (m. 654), Ibn Mas’ûd (m. 653), Abû Dharr al-Ghifari (m. 652), Ammar ibn Yassir (m. 657).
Or quand bien même ils seraient tous décédés durant la même période, cela ne prouverait pas grand chose, sachant que beaucoup parmi eux sont de la même génération, et que d’autres facteurs auraient pu expliquer cela.
Par contre, que des Califes aient été pris pour cibles, par des injustes et opposants politiques souhaitant le pouvoir, cela est courant dans l’histoire, et les Califes bien-guidés ‘Umar, ‘Uthmân et ‘Alî ont été assassinés par des gens injustes, mais qui, par ce biais, ont connu une mort en tant que martyr, Allâh ayant exaucé leurs voeux, et élevé leur rang de cette façon.

– Il prétend que la Science du hadith est la plus grande escroquerie (et qu’elle est pour les nuls ; dont pourtant lui-même en vantait les mérites et l’importance à une période où il ne la maitrisait même pas, pas plus qu’aujourd’hui) qui soit alors qu’elle demeure plus sérieuse et fiable que la science de l’histoire, bien qu’elles soient complémentaires, mais vu à quel point il ignore les règles de la science du hadith (dont il cite que 2 conditions, qui ne sont pas les seules comme le sait n’importe quel étudiant de niveau élémentaire dans le domaine) il raconte des bêtises, et lui-même a très mal enseigné cette science durant des années, en commettant des erreurs de façon répétée, comme dans le fiqh et l’histoire d’ailleurs. Comble de l’absurdité et de l’hypocrisie, il est obligé de se reposer sur cette « science », mais sans la comprendre, pour inventer toute une histoire (dénuée de fondement) alternative pour « étayer » ou du moins « justifier » son discours mensonger. Il est cependant exact que la science du Hadîth reste perfectible, raison pour laquelle des savants ont fait intervenir d’autres critères comme la conformité au Qur’ân, la psychologie, la sociologie, l’archéologie, l’histoire, etc. qui permettent de renforcer cette science ou de trancher quand il existe des divergences entre les spécialistes de cette discipline. Son discours est réfuté depuis longtemps par des spécialistes dans cette science ayant eu une double formation à la fois traditionnelle et universitaire comme les Dr. Jonathan A. C. Brown, Dr. Al Azami, Muhammad Hamidullah, Muhammad Zubayr Siddiqi, Seyyed Hossein Nasr, Tayeb Chouiref, Timothy Winter (Abdal Hakim Murad), Hamza Yusuf, Mohammed Rustom, Caner Dagli ou encore Dr. Joseph E. B. Lumbard, qui sont par ailleurs – pour la plupart – des spécialistes du Qur’ân et de la recherche académique en islamologie.

– Il dit qu’il n’y a pas de corpus qurânique bien établi avant l’an 218 H, alors que cela était déjà bien établi dès le 1er siècle par les plus grandes autorités et les manuscrits du 1er siècle H, et que le Qur’ân selon ses différentes lectures étaient déjà mémorisées et enseignées dans tout le monde musulman, peu importe si des récits faibles ou des gens ignorants – ou encore des gens pour des raisons politiques – prétendaient le contraire, car l’existence d’un corpus qurânique commun et complet existait déjà comme en témoigne les plus grandes autorités de la famille alide dès le 1er siècle (‘Alî Zayn ul Abidîn, Muhammad al-Bâqir, Zayd Ibn ‘Alî, Ja’far As-Sâdiq, etc.), le Qur’ân étant le même que celui du corpus ‘uthmânien. Pour des raisons sectaires et idéologiques, les courants peu scrupuleux influencés par diverses cultures, ont imputé des mensonges à la famille alide (qui s’en est désavouée) disant qu’ils possédaient un Qur’ân plus complet (jusqu’à 3 fois plus ou plus) que ce qui est connu chez tous les Musulmans, mais ce sont là des récits apocryphes qui ont circulé bien après, et qui ne remettent donc pas en question l’existence du Qur’ân (comme transmission orale) ni même comme corpus écrit unifié dès les premiers temps de l’Islam. Beaucoup de shiites réfutent d’ailleurs cette fausse croyance répandue par certains ismaéliens, et quand bien même le mushaf de Sayyida Fatima (‘alayha as-Salâm) existerait réellement, les récits à ce sujet ne parlent pas d’un mushaf du Qur’ân mais d’un corpus d’enseignements divers (théologiques, spirituels, juridiques, etc.) autre que le Qur’ân, que des Anges lui enseignèrent, mais ces récits ne font pas l’objet d’un consensus ni d’une authenticité certaine, bien que la piété, la spiritualité et la science de Sayyida Fatima (‘alayha as-Salâm) sont bien établies. Le Dr. Joseph E. B. Lumbard comme le site Islamic Awareness par exemple ont montré que le Qur’ân était bien préservé à partir des manuscrits datant du 1er siècle de l’Hégire.

– Les autres peuples se sont « égarés » – sur certaines questions importantes – car ils n’avaient plus de Livre totalement préservé ni une bonne compréhension des Textes, ni de chaines de transmission authentiques et de pratiques (spirituelles, rituelles, juridiques, etc.) transmises et préservées par de nombreuses voies à chaque génération.

– S’il dit que toute la communauté musulmane peut s’égarer sur des points importants alors qu’est-ce qui nous dit que lui peut avoir raison (après plus de 1400 ans, là où ses prédécesseurs des premiers temps le contredisent clairement alors qu’ils sont plus proches de l’époque de la Révélation que lui ne l’est), surtout quand on connait ses manipulations et mensonges ? Lui serait plus digne de confiance que la totalité des Awliya qui confirment l’intégralité du Qur’ân, sont proches d’Allâh, incarnent les plus belles vertus, et se conforment à la Voie Muhammadienne ?

– La Guidance divine ne dépend pas des contingences et falsifications de l’histoire, mais de la sincérité et de la piété des personnes, qu’Allâh guide vers la Sagesse, la piété, la justice, la droiture, et leur accorde Ses dons d’intelligence, de clairvoyance, de tawakkul et de prodiges spirituels. Or, ceux qui remettent tout en question sont très loin de la piété et de l’intelligence de nos Saints, sont très loin de leur niveau en termes de charisme spirituel, de générosité, de prières, de jeûne, de lecture et enseignement du Qur’ân, de sagesse et de clairvoyance, ainsi que d’humilité et d’endurance dans la Voie d’Allâh, et ce sont là des critères universels qui ne trompent pas, et qui ne dépendent pas de « livres historiques ». Si leur méthode hystérico-critique (plus qu’historico-critique) ne les conduit pas à incarner les plus belles valeurs et finalités de l’Islam, à augmenter leur taqwa, à s’abstenir de commettre des péchés et à calomnier les générations de pieux musulmans ayant vécu avant eux, à quoi bon leur sert ce genre de discours (scientifiquement et religieusement infondés) ? Détourner les croyants d’accomplir de bonnes œuvres (approuvées par le Qur’ân de façon générale) sous prétexte que tel récit serait (selon eux) inventé ou faible, que tel rapporteur était shiite, pro-omeyyade, anti-omeyyade ou peu importe, cela ne change rien à l’importance et aux bienfaits de prier son Seigneur, de jeûner, de nourrir les pauvres, d’aider les orphelins, de soutenir les veuves, de réciter le Qur’ân en telle ou telle occasion (sauf dans certains endroits comme dans les toilettes sales), d’évoquer les belles vertus du Prophète (ﷺ), etc. Mépriser, rejeter ou détester des figures illustres parmi les Sahaba ou les Ahl ul Bayt sont contraires au Qur’ân, à la bienséance, au bon sens et à la spiritualité, sachant que les proches (appréciés et agréés) par le Prophète (ﷺ) qui l’ont suivi et soutenu alors qu’il était pauvre et alors même qu’il était dans une situation où il était persécuté et sans rapport de force en sa faveur face à ceux qui le persécutaient et qui détenaient le pouvoir politique et la force économique, ils n’auraient eu aucun avantage mondain à le soutenir puisqu’ils sacrifiaient à peu près tout pour tenir compagnie au Prophète (ﷺ), donc les discours visant à les faire passer pour des hypocrites, uniquement sur base de certains récits peu fiables ou problématiques ne doivent pas – intellectuellement et religieusement parlant – primer sur le Qur’ân et le bon sens.

– Il contredit le Qur’ân, la Sunnah, l’histoire, les awliyâ’, l’intellect et tout ce qui a été rapporté de façon concordante et notoire pour contredire les objectifs même de la Religion : la piété, la sagesse, la spiritualité, les actes de bienfaisance, la pudeur, etc. Il est même allé jusqu’à mentir sur le cousin du Prophète (ﷺ), à savoir Ibn ‘Abbâs, en disant qu’il draguait les femmes pendant le Hajj, pour qu’il (le YouTubeur en question) justifie la permission de draguer les femmes, alors que le récit auquel il faisait référence ne disait pas du tout cela puisqu’Ibn ‘Abbâs, selon le récit, ne s’adressait qu’à des hommes et ne draguait pas les femmes. Cela dénote une âme profondément malade et viciée, tournée vers la perversion et la manipulation pour assouvir ses viles passions.

– Étant donné qu’il ne possède aucune formation traditionnelle et académique, et qu’il refuse de publier des travaux sourcés et rigoureux – car les rares fois où il citait ses sources il avait été réfuté sur ses nombreuses erreurs et approximations -, les chercheurs et spécialistes du Qur’ân, de la langue arabe, de l’histoire, de l’anthropologie, de la spiritualité musulmane, du Hadith et de la codicologie qurânique s’inscrivent clairement en porte-à-faux avec la plupart de ses allégations qu’il professe depuis plusieurs années. N’adoptant aucune méthodologie rigoureuse dans le Hadith, ni dans l’histoire, il se voit condamner à une impasse, rejetant toute la Tradition tout en s’appuyant cependant sur elle (du moins, uniquement les éléments qui l’intéressent, même s’ils sont faibles ou apocryphes) pour inventer toute une histoire alternative sortie de son imaginaire perverti, superficiel et maladivement complotiste (ici dans le sens péjoratif, sans aucune preuve ni enquête sérieuse).

Lorsqu’il prétend que le Qur’ân n’est pas préservé dans sa lettre, cela est également erroné, puisque la Parole divine est bien opérative (dans les rites de purification et de protection), permet de tirer des enseignements inépuisables de façon incroyable, que les commentaires spirituels et métaphysiques profonds que l’on peut extraire dépendent justement de la préservation de sa lettre et de l’agencement des versets et des Surâtes, que les dévoilements spirituels et expériences du même ordre confirment la Préservation divine du Qur’ân, etc., en dehors même des voies historiques « ordinaires ».

Le Dr. et spécialiste des religions comparées et des études qurâniques (ainsi que du Sûfisme en Islam) Carl W. Ernst, indiquait que l’explication la plus cohérente et plausible d’après tous les éléments historiques, traditionnels et archéologiques disponibles, était, en grande partie, les données fournies par la Tradition – confirmées par de nombreuses traces historiques, et offrait une bien meilleure solution et explication à tous les enjeux et informations collectées à cette époque, plus que toutes les théories orientalistes postulant une histoire complètement différente et alternative mais sans aucun élément déterminant pour les étayer, théories par ailleurs mutuellement contradictoires et antagonistes entre elles. Conclusion partagée par de nombreux islamologues et chercheurs comme le Dr. Joseph E. B. Lumbard dans les années 2010 déjà, où les preuves historiques confirmaient déjà, de façon certaine, en grande partie les données de la Tradition (“Question contemporaine : Le Coran original est-il préservé? Dr Joseph Lumbard”, vidéo traduite en français et publiée par une autre chaine YouTube le 15 février 2018 : https://www.youtube.com/watch?v=_0IXzprAk-M).

Dans les récits et les chroniques historiques, on trouvera souvent des avis ou récits singuliers, contredisant la pratique collective ou l’avis notoire qui se sont transmis de génération en génération, dans les différents pays et courants rattachés à l’Islam. Ces pratiques et avis font autorité, – à condition d’être clairement rattachés aux fondements et finalités de l’Islam -, car n’importe qui peut écrire ou inventer ce qu’il veut dans ses propres livres, ou déformer certains récits, que ce soit à propos du Qur’ân, de la Sunnah, des Compagnons, des Ahl ul Bayt, etc. C’est pour cela qu’il ne faut pas se précipiter à tirer une conclusion péremptoire quand on tombe sur une chose singulière, avant de l’avoir étudié de fond en comble à la lumière du Qur’ân, des objectifs de la Loi, des valeurs et préceptes de la Religion, son fondement historique, les autres récits liés au même sujet, les règles juridiques, etc.

Le Qur’ân est la forme et le support dans lequel s’est cristallisée la Révélation divine pour le dernier cycle de la présente humanité. En cela, il est une lumière pour l’âme et l’esprit, sachant qu’il se définit à juste titre comme étant un guide qui doit mener à la droiture, à la sagesse, à la justice, à la purification de l’âme, à la piété et à la Vérité. L’intelligence humaine doit ainsi s’articuler sur le Discours qurânique, qui est un Océan de principes et de savoir qui se dévoile au fur et à mesure du cheminement intellectuel et spirituel de l’aspirant. A travers de multiples efforts basés sur la sincérité et la pureté d’intention, l’humilité, l’aspiration au Bien et à l’excellence, et la volonté de se rapprocher du Divin et donc de la vérité, le cheminant s’engage alors de tout son être dans une quête de la vérité et de la sagesse, Les merveilles et effets sur l’âme qu’exercera le Qur’ân sur l’individu dépendra ainsi de son degré d’intelligence et de piété. Au plus les intentions sont pures et tournées vers le Bien, au plus le cheminant sera gratifié par Allâh, de Ses Bénédictions, de la sagesse, de la bonté, du sens de la justice et de la connaissance bénéfique.

« Certes, ce Qur’ân guide vers ce qu’il y a de plus droit (et de meilleur), et il annonce aux croyants qui font de bonnes oeuvres qu’ils auront une grande récompense » (Qur’ân 17, 9).

 « Nous faisons descendre du Qur’ân, ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants » (Qur’ân 17, 82)

« C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux » (Qur’ân 2, 2).

« Il y a certes des signes pour les doués d’intelligence, qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, évoquent Allâh … » (Qur’ân 3, 190-191).

« Certes ceux qui croient, font le bien (par l’accomplissement de bonnes œuvres) et s’humilient devant leur Seigneur, voilà les gens du Paradis où ils demeureront éternellement » (Qur’ân 11, 23)

« Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Sagesse et vous enseigne ce que vous ne saviez pas » (Qur’ân 2, 151).

Ces versets ont tous été confirmés par les faits historiques, les maîtres spirituels, l’expérience, nos observations, les méditations spirituelles et intellectuelles à ce sujet, etc.

En somme, on s’aperçoit que son approche est lacunaire, ne suivant aucune rigueur méthodologique, ni sur le plan historique, ni sur le plan traditionnel, le disqualifiant d’emblée dans sa méthode, mais aussi dans sa personnalité, en ce sens qu’il a menti sur son parcours, qu’il ne maitrise pas les disciplines qu’il enseigne (‘aqida, fiqh, Qur’ân, sciences du Hadith, histoire, …), et qu’il n’hésite pas à falsifier des textes ou à mentir pour mieux calomnier les personnes décédées (savants, califes, Compagnons, etc.) et même à mentir sur le compte du Prophète (ﷺ).

Voilà ce qui arrive quand le cœur est voilé, détourné de la spiritualité et du Sacré, et qu’il passe son temps à mentir et falsifier les textes et la Religion pour assouvir les viles passions. Al-Qâdî ‘Iyyâd ne disait-il pas ainsi dans son Tartîb ul Madârik – propos rapporté par plusieurs Salafs – : « La (véritable) connaissance est une lumière qui n’accompagne que les cœurs pieux et intègres ».

Comme nous l’a rappelé le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « La meilleure des choses est (d’adopter) la voie médiane (du juste milieu) » (Rapporté par Al-Bayhaqi dans ses Sunân 3/273), conformément au verset disant : « Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes (et du juste milieu) pour que vous soyez témoins auprès des gens » (Qur’ân 2, 143).

Enfin, méfions-nous des influenceurs et prédicateurs qui parlent de Religion ou de politique sans jamais fonder et encadrer leur discours dans la nuance, la sagesse, l’éthique, la justice et la spiritualité, car soit ils recherchent le buzz (pour la notoriété ou l’argent) quitte à alimenter des polémiques stériles qui détournent les musulmans de leurs valeurs et de leurs priorités, soit ils se font retourner par l’État qui fait du chantage (surtout si leur dossier comporte des choses assez graves ou compromettantes) afin de les pousser à détruire l’Islam de l’intérieur en échange de ne pas les mettre en prison, de les salir médiatiquement ou de les expulser du territoire, d’où leur virage à 180°, se mettant à insulter, mépriser ou rejeter les piliers de l’islam (Tawhid, la prière, la zakat, le jeûne du mois de Ramadan et le Hajj), la spiritualité musulmane, le voile, la notion de Ummah, la pudeur, la piété, la structure familiale, le halal dans l’alimentation, etc. car la Baraka se trouve dans la préservation et l’accompagnement des préceptes, rites et valeurs de l’Islam qui fondent l’identité de la Communauté musulmane, tout comme leur volonté de nous couper des grandes personnalités de l’Islam des premiers temps et des Saints de la Communauté. Par ailleurs, ceux qui encouragent la consommation d’alcool, la fornication et le tabac, qui sont parmi les 3 plus grands facteurs de mortalité, de problèmes et d’affaiblissement d’une société et d’une communauté, on peut être certain qu’ils ne veulent pas notre bien, mais plutôt notre perte.


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