L’Islam et la totalitarisation de la France

L’Islam étant une doctrine, un mode de vie, un ensemble de principes et de valeurs, une voie menant au Divin et à l’excellence, il y a des choses qui sont incompatibles avec l’Islam en effet.  Ainsi avant de vouloir rendre l’Islam compatible avec telle ou telle chose, ou de rendre telle chose compatible avec l’Islam, il faut se poser les bonnes questions. L’Islam, est par son essence, – selon les principes intellectuels et textuels du Qur’ân et de la Tradition prophétique – incompatible avec l’idolâtrie, le totalitarisme, la tyrannie, l’injustice, le terrorisme, l’indécence, la sottise humaine, l’irrationnel, la perversion, l’égocentrisme, l’irresponsabilité, l’avarice, l’orgueil, l’indifférence, le consumérisme, l’adultère, le vandalisme, la criminalité, la misogynie, la barbarie, l’iniquité, le gaspillage, la maltraitance animale, l’intolérance pratique, la pollution, la dégradation du corps et de la santé, ou la destruction de l’environnement, de la famille ou de l’Humanité. Tout ce qui est en phase avec la justice, la sagesse, la vertu, la piété, la connaissance, la dignité humaine, l’intelligence, la préservation de la santé humaine et de l’environnement, est compatible avec l’Islam.  La véritable question est donc, est-ce que la République française telle qu’elle est envisagée par les fanatiques et obscurantistes (laïcards ou identitaires) de tous bords, est compatible avec l’Islam ? La réponse est non, car il y a antagonisme. Mais la République n’est pas inhérente à la France, et la France n’est pas réductible à la République. La France, en tant que territoire géographique, identité nationale et population, est compatible avec l’Islam, et peut être envisagée et vécue d’une façon plus intelligente, libre, apaisée et vertueuse qu’elle ne l’est actuellement. Mais, peu importe quel pouvoir politique régit la cité, l’Islam exhorte les musulmans, – en tant que minorité ou majorité – à cultiver la tolérance pratique, l’endurance (face à l’adversité ou à la décadence d’une époque ou d’une société) et au respect du vivre-ensemble, avec à l’esprit toujours cet accomplissement de l’excellence en vue d’atteindre un idéal et de servir de guide aux autres vers l’élévation spirituelle, la quête de justice, la recherche incessante de la Vérité et la bienfaisance envers la Communauté musulmane aussi bien qu’envers l’Humanité et le règne du vivant en général.

Même si derrière la fausse neutralité politique il subsiste toujours une orientation idéologique, selon la laïcité, l’État n’a pas à s’ingérer dans les cultes et affaires de la Religion, principe républicain bafoué constamment par la République elle-même, puisque le voile et la liberté d’opinion sont permis par la loi de 1905 aussi bien dans la rue que dans les écoles publiques ou les lieux administratifs (sauf pour les fonctionnaires) tant qu’il n’y a pas de troubles à l’ordre public (conversion forcée, appel à la haine, agressions physiques ou verbales, meurtres, etc.). Presque tous les racistes et islamophobes français, qu’ils soient laïcards ou identitaires « chrétiens », critiquent les musulmans et leurs droits qui sont pourtant en accord avec la loi de 1905, mais en voulant régulièrement changé la loi – et restreindre ou déformer la laïcité – ce sont les prétendus défenseurs de la laïcité qui bafouent la loi de 1905 et qui transgressent leur propre « dogme laïc ».  D’ailleurs le voile, tout comme d’autres bouts ou types de vêtement, ne sont pas spécifiques qu’à certaines religions ou idéologiques, et ne devraient pas être compris comme étant des signes religieux ostentatoires. Ou sinon tout devrait être interdit puisque n’importe quel vêtement peut être associé à une marque ou à une mode en lien avec une idéologie ou des orientations politiques (capitalisme, LGBTisme, mode américaine, etc.) – l’humain n’étant pas dénué d’intérêts, de convictions ou d’ambitions -. Le voile n’est pas spécifique aux musulmanes, et était même une tradition française (et européenne) jusqu’au milieu du 20e siècle et même au-delà. On se souviendra d’ailleurs des voiles spécifiques des différentes régions françaises (les voiles normand, breton, picard, savoyard, corse, etc. dont les photos existent toujours). Outre qu’il existe de meilleurs principes que ceux de la laïcité, le voile ne devrait pas être banni de la fonction publique car en lien avec des valeurs (la pudeur et la chasteté) sans constituer une sorte de prosélytisme religieux en tant que tel (alors que l’absence du port du voile pourrait aussi constituer une sorte d’attitude ostentatoire – et ça l’est dans certains cas, parmi les revendications et orientations politiques dont l’Etat français fait aujourd’hui la promotion, en l’interdisant cependant formellement aux musulmanes libres et soucieuses de la pudeur). Encore une fois, René Guénon exposait de manière remarquable la contradiction moderne liée à la notion de « tolérance » dans Orient et Occident (Part. 1 : Illusion occidentales, chap.2 : La superstition de la science) publié en 1924 : « Qu’on nous comprenne bien : nous n’entendons point blâmer la tolérance pratique, qui s’exerce envers les individus, mais seulement la tolérance théorique, qui prétend s’exercer envers les idées et leur reconnaître à toutes les mêmes droits, ce qui devrait logiquement impliquer un scepticisme radical ; et d’ailleurs nous ne pouvons nous empêcher de constater que, comme tous les propagandistes, les apôtres de la tolérance sont très souvent, en fait, les plus intolérants des hommes. Il s’est produit, en effet, cette chose qui est d’une ironie singulière : ceux qui ont voulu renverser tous les dogmes ont créé à leur usage, nous ne dirons pas un dogme nouveau, mais une caricature de dogme, qu’ils sont parvenus à imposer à la généralité du monde occidental ; ainsi se sont établies, sous prétexte d’ « affranchissement de la pensée », les croyances les plus chimériques qu’on ait jamais vues en aucun temps, sous la forme de ces diverses idoles dont nous énumérions tout à l’heure quelques-unes des principales ».

La France a abandonné depuis un moment toute rationalité, scientificité et spiritualité dans les débats et la politique. Que ce soit dans la bouche de Gérald Darmanin ou d’Emmanuel Macron, d’Eric Zemmour et de son larbin Eric Naulleau, de Valérie Pécresse, de Marine Lepen, de Zineb El Rhazoui ou de Jordan Bardella, autant de personnages détestables qui parlent sans cesse d’Islam ou de la France sans connaitre l’Islam et la France.

  « Ceci n’est pas la France », « Ce n’est pas la République », oui mais seulement selon leur vision rétrograde des choses, ils ne sont « personnes » pour imposer une seule vision (extrémiste qui plus est) des choses à tous les citoyens. Or des millions de français musulmans et non-musulmans n’ont pas du tout la même vision d’eux de la France ou de la République, et pour certains, ils sont même plus âgés, – nés avant toute cette clique de haineux et d’opportunistes -.  Le voile qu’ils haïssent tant, existe sur le continent européen depuis des millénaires – chez les gréco-romains de l’Antiquité, chez les chrétiennes (sœurs catholiques et femmes orthodoxes), chez les femmes juives, chez les femmes hindoues ou zoroastriennes, et évidemment chez les femmes musulmanes qui vivaient déjà en France dès le 8ème siècle de l’ère chrétienne, soit plus de 1000 ans avant les idéologues de la haine. Encore aujourd’hui, en Occident, des femmes campagnardes et paysannes port(ai)ent le fichu, les femmes chrétiennes (sœurs catholiques, femmes orthodoxes), femmes juives orthodoxes et pratiquantes (d’autres courants) et quelques autres communautés portent une forme de voile.

    C’est donc la France américanisée qui n’est plus fidèle aux traditions françaises en lien avec la noblesse et la pudeur de la Femme comme de l’Homme. Les musulmanes préservent donc – et rappellent – une tradition plurimillénaire du continent européen qui a été étouffée et éradiquée par la société de consommation qui a réduit les femmes en esclavage et à la marchandisation/sexualisation de son corps (avec aussi l’industrie du cinéma et de la musique, dans le monde du travail, dans l’industrie pornographique, celui de la prostitution, ou de l’escroquerie en ligne, etc.). Toutes les traditions et coutumes en lien avec le Sacré, la charité, la justice, l’amour sain, la pudeur et la chasteté sont de bonnes choses à préserver. Quant aux coutumes qui changent selon les mouvements démographiques ou l’évolution technique, cela fait partie du cours naturel des choses, – et il faut qu’ils l’acceptent – à condition d’éviter tout ce qui peut nuire au vivre-ensemble, à la sécurité des citoyens, à la santé ou à l’environnement et aux animaux. Réduire la France à la médiocrité de la République, ou encore au vin et au saucisson, c’est non seulement insulter l’intelligence et la dignité humaine, et cela dépasse même l’insulte aux musulmans, puisque de nombreux juifs, ainsi que végétariens ou végans non-musulmans, ou même chrétiens suivant par conformité le courant légaliste juif, ou par choix personnel, le refus de manger du porc ou de consommer de l’alcool.

   C’est réduire toute l’identité d’une nation plurielle, à 2 choses blâmables, puisque l’alcool nuit à la santé et est responsable chaque année de milliers d’accidents et de dizaines de milliers de décès (ainsi que d’hospitalisations), et à une consommation excessive de viande porcine dont les cochons souffrent énormément, – en plus de nuire à l’environnement à cause de l’élevage industriel -, et une viande qui n’est pas bonne pour la santé et qui peut être vectrice de nombreux virus. Pire sont ceux qui prétendent vouloir préserver l’identité (judéo)chrétienne de la France alors qu’ils n’en respectent ni les codes moraux et éthiques, ni le respect envers le Sacré et la Création du Créateur, ni leurs femmes ou leur propre population. Les musulmans respectent bien plus les valeurs du Christianisme (sacralité du mariage, respect du Sacré et de la prière, actes de charité, refus de la fornication et de l’adultère, port de la barbe, port du voile, etc.) que la plupart des identitaires ou des laïcards qui pour des raisons électorales se déclarent d’un coup protecteurs de la Chrétienté quand tout le reste du temps ils les humilient ou transgressent toute morale chrétienne, et ont même encouragé le massacre envers les Palestiniens, Libanais, Irakiens ou Syriens chrétiens pour des raisons politico-économiques.

  Voir par exemple les discours mensongers et les fakes de news de Jordan Bardella – qui n’y connait rien et qui ressort de fausses histoires –[1] et qui s’en prend indirectement à toutes les chrétiennes et autres non-musulmanes qui portent le voile ainsi qu’à la figure féminine la plus sacrée d’Europe – Marie (Mariam) la mère de Jésus (Issâ) qui portait le voile, et dont les musulman(e)s la considèrent comme un modèle à suivre, – dans la spiritualité comme dans sa piété religieuse, sa chasteté, sa pudeur et son profond attachement au Divin et à la prière -.

  Dès qu’une personne préfère rester digne et pudique, libre face au consumérisme et à la perversion de certains contemporains, elle est immédiatement taxée d’islamiste (si musulmane) et d’islamogauchiste soutient d’islamistes (si non-musulmane). Visiblement, le malheur des français, la pédocriminalité, la bienveillance et le respect envers les musulmans et les étrangers (même non-musulmans), le respect de la cause animale, l’urgence de la crise écologique, la protection des femmes face aux harcèlements et viols dont les milieux politiques, économiques et médiatiques grouillent, ne sont pas une priorité pour ces gens-là, préférant faire la chasse à des poupées qui n’ont pas d’yeux ou de bouche – qui est un choix légitime et de préférence personnelle sans aucun lien avec l’islamisme -. Plutôt que de vouloir d’une société où l’on débat sereinement et intelligemment des désaccords qui nous opposent, certains fanatiques veulent d’une dictature de la pseudo-pensée (décadente et obscurantiste) comme Eric Naulleau et Jordan Bardella qui préfèrent calomnier et taxer leurs détracteurs ou débatteurs d’islamistes[2], quand ce qu’ils leur reprochent n’a rien de choquant ni de moralement répréhensible ! Leur mentalité obscurantiste et totalitaire – ordonnant aux femmes ce qu’elles doivent penser ou porter, et aux hommes ce qu’ils peuvent ou non penser et exprimer publiquement – est insoutenable et profondément choquante et rétrograde.

L’islamophobie (la haine, la désinformation et l’appel à la violence et à la discrimination envers la religion musulmane et sa communauté) est un crime, un délit et un poison qu’il convient de combattre intelligemment, tout comme pour le racisme et la judéophobie : « Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a enregistré, sur l’année 2020, « 235 actes antimusulmans contre 154 pour l’année 2019, soit 53 % d’actes en plus » (…). Ces chiffres sont sous-évalués et « ne reflètent pas la réalité car beaucoup de responsables de lieux de culte ne souhaitent pas porter plainte, considérant, à tort ou à raison, que les enquêtes n’aboutissent que rarement ». (…) L’organisation fait également savoir que « l’Observatoire National de Lutte contre l’islamophobie », dont il fait partie, « a mené plusieurs actions en justice pour incitation à la haine raciale » et que des « jugements sont en cours ». Les menaces ou attaques contre des lieux de culte ont augmenté de 35% en 2020 par rapport à 2019 et trois cimetières ont été visés (…). Une très forte augmentation de la cyber-haine à caractère islamophobe est également enregistrée : « En effet, la cyber haine, notamment les courriels en chaîne, est à l’origine d’une propagation de mensonges envers les musulmans et l’Islam. Il y a une forte inquiétude devant cette diffusion massive et invisible » (…). Il est enfin réaffirmé qu’il « appartient à chaque responsable religieux, quelle que soit sa religion, de dénoncer le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie » » (Source : “France : les actes islamophobes en hausse de 53% en 2020”, AA, 28 janvier 2021). L’islamophobie tue en Occident (des familles musulmanes innocentes ont ainsi été assassinée par des conducteurs fonçant avec leur voiture sur leurs victimes comme au Canada, ou tirant des balles sur des fidèles et responsables de mosquées, ou agressant au couteau des femmes musulmanes – voilées ou non – comme en France, etc.), et la sensibilisation à ce fléau doit se poursuivre, sans tomber dans une réaction haineuse binaire comme le font les islamophobes.

  Ce qu’ils doivent cependant impérativement comprendre, c’est que l’Islam et la communauté musulmane sont présents en Europe (et en France) depuis plus de 1200 ans, donc avant même leurs calculs politiques et leur naissance. L’Islam est présent en Europe depuis plus de 1000 ans, et en Amérique avant même l’arrivée de Christophe Colomb, comme des études et ouvrages l’ont montré depuis plusieurs années, dont celui de Samira Benturki Saidi, L’identité arabo-islamique de peuples & tribus indiennes d’Amérique (éd. The Fountain Of E-Knowledge & E-, 2017) : « Les Navigateurs Arabes, Africains, Indonésiens et Turcs Ottomans, avant et après l’avènement de l’Islam, possédaient des connaissances supérieures dans le domaine maritime. C’est ainsi que des siècles avant Christophe Colomb, ils sillonnèrent les mers et les océans et peuplèrent le continent américain, où la religion musulmane était pratiquée par certaines tribus Amérindiennes. Ce livre souligne les liens antiques unissant ces peuples et le niveau de connaissances supérieur des Arabes (Sumériens, Cananéens (Phéniciens et Carthaginois), Égyptiens, Libyens, Omanais, Maghrébins), ainsi que celui des Noirs Africains, des Turcs Ottomans, et des Indonésiens et de leur connaissance du continent américain avant les Européens, auxquels ils avaient caché les routes menant vers ce qu’ils appelèrent ensuite le Nouveau Monde, qui n’était nouveau qu’à leurs yeux ». Les navigateurs européens, comme Colomb et Gama, s’étaient basés sur les cartes maritimes des arabo-persans pour les aider à naviguer dans l’océan Indien et jusqu’en Amérique. Des écritures et artefacts arabes (en style kufique notamment) ont été retrouvés en Amérique datant du 1er et 2e siècles de l’Hégire (soit aux alentours de la période des années 700-900 selon l’ère chrétienne)[3].

Les musulmans y avaient fondé pacifiquement des villages et des mosquées – avec des descendants musulmans qui étaient restés sur place et des autochtones qui s’étaient convertis -, sans massacrer les peuples indigènes comme le feront quelques siècles plus tard les armées « européennes ». Des villes américaines portent d’ailleurs aussi des noms issus de l’arabe et du persan, dont Mecca et Medina[4].

   Le Maghreb, la Perse, les Turcs, le Mali, le Sénégal, l’Egypte, l’Andalousie musulmane, la Sicile musulmane, les nations arabes et les autres, ont toutes brillées par l’Islam à tel point que leurs régions devinrent toutes des foyers de science et d’arts durant des siècles, avec une production scientifique et artistique des plus impressionnantes et prolifiques qui soient. Fortement influencé par la culture islamique, la seule région « chrétienne » ayant réellement fait preuve de tolérance durant le Moyen-Âge, fut le roi Roger II de Sicile, – après que les mercenaires normands reprirent la Sicile alors sous administration musulmane – où il existait encore une forte population musulmane dans la Sicile normande du 11e et du 12e siècle, où les élites étaient arabophones, à l’image de la majorité de la population (principalement musulmane mais aussi juive), l’administration était encore arabe, de même que pour l’armée, ainsi qu’une partie du gouvernement. L’historien et savant musulman Ibn al-Athîr rapporte dans son al-Kâmil fit-Târîkh ainsi que les musulmans « étaient traités avec bonté, et ils étaient protégés, même contre les Francs. En raison de cela, ils avaient un grand amour pour le roi Roger [II de Sicile] ».

   Les musulmans ont ainsi façonné une grande partie de l’Europe depuis le 8e siècle, par l’art, la musique, l’architecture, l’hygiène, la littérature, la chevalerie, les métiers, l’artisanat, l’économie, la tolérance religieuse, la médecine, la philosophie, la spiritualité et la métaphysique, la science expérimentale, l’astronomie, la chimie, les huiles et le savon, l’ingénierie, etc. Dans les domaines de l’alimentation, de la science, des arts ou de la littérature, la langue française a emprunté de nombreux mots à la langue arabe ainsi qu’au persan ou au turc : « Si vous prenez un café sans sucre ou un jus d’orange et que vous achetez vos épinards, aubergines et abricots au magasin d’en face, vêtue d’une jupe en coton et d’un gilet camaïeu, vous avez déjà utilisé plus de dix mots arabes. Sur les plus de quatre cents que possède le français, – ce qui fait de l’arabe la troisième source d’emprunts de notre langue (devancée par l’anglais et l’italien) -, une centaine est à usage régulier. Si on le savait pour sarouel, babouche et hammam, et qu’on s’en doutait pour charabia, toubib et azimut, on le découvre pour café, sucre, orange, épinard, aubergine, abricot, magasin, jupe, coton, gilet, camaïeu… et bien d’autres (…) »[5].

  Didier Ali Hamoneau dans son ouvrage Les Racines musulmanes de la France (éd. Albouraq, 2013) dit : « Par sa proximité avec l’Espagne musulmane (al-Andalous), la France fut une des premières grandes bénéficiaires du ressourcement philosophique et scientifique qui irrigua le Moyen-âge classique européen (du Xe au XIIIe s.) avant le Bas Moyen âge et la Renaissance. Ensuite, à partir de François Ier, l’alliance de la France et de l’Empire Ottoman a permis à notre pays de résister durant près de trois siècles aux visées hégémoniques du Saint Empire Romain Germanique. La désignation, par l’extrême droite, des Musulmans comme étant les nouveaux « boucs émissaires » à sacrifier, nous oblige à rappeler ces réalités historiques et à en tirer les leçons nécessaires pour notre temps ».

   Et dans son ouvrage L’Histoire méconnue de l’Islam en Gaule (éd. La Ruche, 2019) : « La période de « la Gaule musulmane » ou « la Gaule arabo-berbère » a duré de 719 à 972, soit avec des périodes d’interruption ou d’incertitude, 253 ans de gouvernance musulmane (dont le siège était d’abord à Narbonne, puis finalement dans la base fortifiée de la Garde-Freinet, sans compter le maintien de communautés musulmanes, notamment à Montpellier jusqu’au 12e siècle. Cette période est donc presque complètement occultée dans les manuels scolaires. On y passe totalement sous silence que le Sud de la Gaule (des Pyrénées aux Alpes) fut gouverné par des musulmans durant plus de deux siècles. Pépin le Bref prit certes Narbonne aux Musulmans en 759 mais ne parvint pas à détruire l’Islam en Gaule : jusqu’à la fin du 10e siècle, une partie de la côte méditerranéenne resta musulmane, avec pour place forte la Garde Freinet (dans le Fraxinet) près de l’actuel Saint-Tropez. Et le dernier bastion musulman fut le massif des Maures. La Gaule méridionale musulmane était politiquement rattachée à l’Emirat (puis au Califat) de Cordoue. Sa chute fut le prélude de la Reconquista catholique en Espagne et des Croisades en Orient et en Afrique ».

  Sans tomber évidemment dans l’idéalisme niais – car l’histoire humaine est faite de complexité et de contradiction, de périodes glorieuses et prospères et de périodes critiques où les crises ou les instabilités s’enchainent pour des raisons multifactorielles – ressources, repli identitaire, nationalisme, invasions, fanatisme, révoltes armées -, la norme était la prospérité, la richesse intellectuelle et artistique et la tolérance sous le règne des musulmans en Europe (Sicile musulmane, Andalousie musulmane, Balkans sous les Ottomans, la France musulmane, etc.), car même si des tensions et dérives il y a eu, cela n’a rien eu de semblable avec les conflits et dérives entre les pays ou communautés  chrétiennes, ou plus tard laïques et sécularistes, qui se sont livrés les pires guerres qui soient.    René Guénon dans La Crise du Monde Moderne, (chapitre : L’Âge Sombre) disait : « Le monde moderne ira-t-il jusqu’au bas de cette pente fatale, ou bien, comme il est arrivé à la décadence du monde gréco-latin, un nouveau redressement se produira-t-il, cette fois encore, avant qu’il n’ait atteint le fond de l’abîme où il est entraîné ? Il semble bien qu’un arrêt à mi-chemin ne soit plus guère possible, et que, d’après toutes les indications fournies par les doctrines traditionnelles, nous soyons entrés vraiment dans la phase finale du Kali-Yuga, dans la période la plus sombre de cet « âge sombre », dans cet état de dissolution dont il n’est plus possible de sortir que par un cataclysme, car ce n’est plus un simple redressement qui est alors nécessaire, mais une rénovation totale. Le désordre et la confusion règnent dans tous les domaines ; ils ont été portés à un point qui dépasse de loin tout ce qu’on avait vu précédemment, et, partis de l’Occident, ils menacent maintenait d’envahir le monde tout entier ; nous savons bien que leur triomphe ne peut jamais être qu’apparent et passager, mais à un tel degré, il paraît être le signe de la plus grave de toutes les crises que l’humanité ait traversées au cours de son cycle actuel. Ne sommes-nous pas arrivés à cette époque redoutable annoncée par les Livres sacrés de l’Inde, « où les castes seront mêlées, où la famille même n’existera plus » ? Il suffit de regarder autour de soi pour se convaincre que cet état est bien réellement celui du monde actuel, et pour constater partout cette déchéance profonde que l’Évangile appelle « l’abomination de la désolation ». Il ne faut pas se dissimuler la gravité de la situation ; il convient de l’envisager telle qu’elle est sans aucun « optimisme », mais aussi sans aucun « pessimisme » puisque, comme nous le disions précédemment, la fin de l’ancien monde sera aussi le commencement d’un monde nouveau ».


[1] “Jordan Bardella mis en examen pour ses propos sur la ville de Trappes”, Touche pas à mon poste, 5 février 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=oDloegPb4PE

[2] “Face A Baba : Jean-Luc Mélenchon a-t-il convaincu ?”, Touche pas à mon poste, 31 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=Wh9yTbfNYyw

[3] “Des musulmans arrivés en Amérique avant Christophe Colomb ? Découvrez le livre choc”, Oumma TV, 31 mai 2018 : https://www.youtube.com/watch?v=fOChZZf8pek

[4] “500 lieux en Amérique portent des noms de racine arabe”, Pages Halal, 16 novembre 2013 : http://www.pageshalal.fr/actualites/500_lieux_en_amerique_portent_des_noms_de_racine_arabe-fr-1813.html

[5] “Ces mots d’arabe que vous utilisez sans le savoir”, Le Figaro, 30 juillet 2018 : https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2018/07/30/37003-20180730ARTFIG00012-ces-mots-d-arabe-que-vous-prononcez-sans-le-savoir.php


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