L’Islam est une réintégration au Principe

Les fonctions premières de l’Islam sont celles de purifier la conscience, et de rappeler constamment de cultiver la conscience de l’Absolu, l’imprégnant du Sacré, l’exhortant à la vertu, et faisant germer en elle la sagesse. L’Islam appelle ainsi à transcender les formes temporelles et limitées pour contempler leur Principe (le Divin) en même temps que leur essence.

L’idolâtrie, d’ailleurs, se caractérise par l’atrophie intellectuelle quand celle-ci s’enferme – ou se limite – aux seules formes éphémères de la vie et de l’existence. L’Islam lance donc un appel à tout un chacun, d’aller au-delà des apparences, et de ne pas se contenter des simples illusions mentales ou physiques qui sont souvent des apparences trompeuses, nous voilant de l’essentiel et de tout ce qui peut nous élever réellement.

Cette conscience opérative du Principe absolu, empêche de tomber dans les superstitions et croyances qui idolâtrent ce qui relève de la manifestation et donc de la finitude, comme la matière (et donc le matérialisme), la science (qui donne le scientisme lorsqu’on l’idolâtre), l’anthropomorphisme ou l’incarnationnisme, le panthéisme (lorsque la nature est divinisée là où on doit plutôt parler de sacralité ou de sacralisation, donc en lien avec le Sacré), le rationalisme (ignorant les limites et les fondements même de la rationalité et ce qui la dépasse comme la Révélation, l’inspiration divine, l’intuition spirituelle et métaphysique, le dévoilement spirituel et plus généralement l’intellection, qui ont été à l’origine des plus importantes découvertes scientifiques et chefs d’oeuvre artistiques et aux fondements des civilisations traditionnelles), l’athéisme (qui consiste inconsciemment le plus souvent, et parfois de façon assumée par d’autres, à idolâtrer son égo et/ou le néant), etc.

Parmi les religieux, certains ont confondu également le Principe (Dieu) avec Ses théophanies et manifestations (comme les Prophètes et les Anges, mais aussi la rationalité, le cosmos, la nature, les Saints, les prêtres, les Imâms, etc.), d’où l’erreur de nombreux chrétiens et bouddhistes, ou de certains courants shiites minoritaires, qui ont idolâtré les figures saintes de Bouddha, du Christ, de l’imâm ‘Alî et de certaines autres figures – que la Paix divine soit sur eux tous -, alors que les figures saintes en question (Bouddha, Jésus, comme Muhammad, ‘Alî, Ja’far as-Sâdiq et d’autres), parlaient d’Identité Suprême ou de réalisation spirituelle des gnostiques et maîtres spirituels, c’est-à-dire de la station du fanâ’ où l’ego (individualité) s’éteint pour ne contempler que le Divin qui demeure incréé et vivant même lorsque les choses créées disparaissent ou s’estompent des consciences, et être ainsi constamment en Sa Présence, et voir l’Agent créateur dans toutes les choses du monde créé.

Tout cela peut se déduire à partir de ce verset, et qui en est aussi en même temps une synthèse et un résumé : « C’est à Allâh que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournons » (Qur’ân 2, 156) qui peut aussi s’interpréter au futur, verset qui est repris comme formule lorsqu’est annoncé le décès d’une personne, ou lorsqu’une chose nous étant perçue comme un malheur nous atteint : « Innâ li Llâhi wa innâ Ilayhi râji’ûn », et qui nous rappelle que même ce qui peut nous contrarier, nous éprouver et nous rendre perplexe, se trouve sous Sa Volonté, et que malgré tout, Sa Justice, Sa Sagesse et Sa Miséricorde priment sur les autres considérations qui peuvent nous affliger ici-bas. Ce verset s’intègre plus largement comme ceci : « Certes, Nous vous soumettrons à quelques épreuves en vous exposant de temps à autre à la peur et à la faim, en vous faisant endurer quelques pertes dans vos biens, dans vos personnes et dans vos récoltes. Mais tu peux d’ores et déjà annoncer une heureuse issue à ceux qui souffrent avec patience et endurance, à ceux qui, lorsqu’un malheur les touche, disent : « C’est à Allâh que nous appartenons et c’est vers Lui que nous retournerons ! » C’est sur ceux-là qu’Allâh étendra Sa bénédiction et Sa miséricorde, et ce sont ceux-là qui sont dans le Droit chemin » (Qur’ân 2, 155 à 157). 

De même, dans la même Sûrah, Allâh est décrit comme étant ce Principe absolu et inconditionné, qui n’est pas soumis aux modalités et limitations des choses créées : « Allâh ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même (al-Qayyûm ; l’Absolu, l’Indépendant, l’Immuable). Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. A Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission ? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n’embrassent que ce qu’Il veut. Son Trône [Kursî] déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand » (Qur’ân 2, 255). La Puissance et la « Grandeur » Lui appartiennent donc en propre, et toutes les choses créées qui manifestent un certain degré de puissance et de grandeur, leurs ont été « communiquées » et « gratifiées » uniquement par Lui, d’où le fait qu’Il soit incomparable aux choses créées, qui sont toutes limitées en degré et en qualité, et qu’ils les tirent de Lui seul.

En relation avec le verset 2/156, l’imâm At-Tabarî rapporte dans son Tafsîr intitulé Jâmi’ ul Bayân fî Tafsîr ul Qur’ân ce commentaire de Sayyidunâ ‘AbduLlâh Ibn Al ‘Abbâs (‘alayhî as-Salâm) : « Allâh fait savoir ici au croyant que s’il remet son affaire à Allâh, s’il revient vers Lui en déclarant : et c’est vers Lui que nous retournerons, trois choses seront alors inscrites en sa faveur : l’indulgence d’Allâh, Sa miséricorde, et la réalisation de la bonne voie ».

Muslim rapporte également dans son Sahîh n°918 cette parole de Sayyidatunâ Ummu Salamah (‘alayhâ as-Salâm) a dit aussi : « J’ai entendu le Messager d’Allâh (ﷺ) dire : « A chaque fois que celui qui est touché par une épreuve dit : « C’est à Allâh que Nous appartenons et c’est vers Lui que nous retournerons. Seigneur Allâh ! Donne-moi une récompense (ou un salaire) pour mon malheur et donne-moi en compensation quelque chose de meilleur ! », Allâh (qu’Il soit exalté) lui donne un salaire (et une récompense) pour son malheur et le lui compense par quelque chose de meilleur » (…) ».

L’imâm Abû ‘AbduLlâh Al-Qurtubî Al-Ansârî a dit dans son At Tadhkirah : « Muslim rapporta que Umm Salama a dit : « Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Lorsque vous êtes aux côtés d’une personne qui décède, dites de bonnes choses et faites des invocations en sa faveur car les Anges sont témoins de ce que vous dites ». Umm Salama a dit aussi : « Quand Abû Salama mourut, je vins dire au Messager d’Allâh (ﷺ) : « Ô Messager d’Allâh ! Abû Salama est mort. Il dit : « Dis : Allâhumma ! Absous-moi et absous-le et compense-moi sa perte par une chose meilleure ! » ». Elle ajouta : « Et effectivement, Allâh me le compensa par quelqu’un de meilleur que lui : Muhammad » », le Prophète (ﷺ) qui l’épousa en effet et s’occupa aussi excellement de ses enfants.

L’imâm Muhammad Ibn ‘Alawî Al Mâlikî Al Makkî a dit dans Tahqîq ul Âmâl fî mâ Yanfa ul Mayyit Min Al ‘Amâl : « Ceux qui sont présents doivent implorer le pardon à son égard et faire preuve de miséricorde [car les Anges disent « âmîn » à ce qu’ils invoqueront] ».


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