Le voile, l’islam politique et la question de la « neutralité politique »

   Depuis ces 2 dernières décennies, il ne se passe plus une période de l’année où la classe politique et les médias ne polémiquent autour du voile, de la fonction publique et de « citoyenneté » en France comme en Belgique. Or, cela ne concerne pas tout l’Occident, puisqu’aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, qui sont incontestablement des nations « modernes » et « civilisées » selon les critères de la « modernité » et donc aussi, officiellement, ceux de la France et de la Belgique, on constate que depuis quelques années, des musulmans et des femmes musulmanes (voilées) peuvent accéder à des postes importants dans le domaine administratif ou occuper une fonction politique, sans que cela pose problème, et sans que cela ne remette en question le sécularisme et la démocratie.

Ce degré de fanatisme atteint des proportions très inquiétantes en France et en Belgique, où les notions de droit, d’éthique et de rationalité sont continuellement bafouées au nom d’une idéologie rétrograde fondée sur la xénophobie et le désir malsain de domination « idéologique ».

En Belgique, Ihsane Haouach, nommée en mai 2021 commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, elle fut cependant « contrainte » de démissionner le 9 juillet après de nombreuses menaces, attaques personnelles et un cyberharcèlement insupportable, en raison du voile qu’elle portait. Une bonne partie de la classe politique, des médias et des racistes du pays ont alimenté les polémiques tout au long du mois de juillet 2021, au point des députés et ministres ont participé aussi à la « lyncher », ne respectant ni sa dignité ni ses droits ni son intelligence. La Belgique comme la France ne valorisent pas les compétences ou l’intégrité morale et intellectuelle des personnes, mais la médiocrité, le « pistonnage » et les « allégeances idéologiques », raison pour laquelle de nombreux scientifiques, chercheurs, intellectuels de premier plan et entrepreneurs décident de s’expatrier à l’étranger ou d’aller travailler dans d’autres pays. Même ses détracteurs reconnaissent qu’Ihsane Haouach était très compétente et légitime, puisque diplômée notamment de la Solvay Business School en 2008 avec « grande distinction » (1), parlant aussi le français, l’anglais, le néerlandais et l’arabe marocain (darija) : « Ihsane Haouach est une entrepreneuse sociétale de 36 ans, experte dans les thématiques de diversité, égalité & inclusion et de transition énergétique. Diplômée de la Solvay Business School avec grande distinction (2008), elle a commencé sa carrière dans le secteur énergétique où elle n’a cessé d’y évoluer. Débutant en finances, elle a occupé diverses fonctions managériales ainsi que commerciales, en passant par l’innovation et la gestion de projets à l’international. Petit à petit, elle s’oriente vers des responsabilités orientées vers le bien-être des individus: au plus elle se développe, au plus elle ressent le besoin de développer les autres. En 2019, après 10 ans de carrière professionnelle, elle décide de changer complètement sa relation au travail, en allouant structurellement du temps à ses activités sociétales.

Ihsane s’engage dès lors à faire le lien entre le monde du privé et du social, en créant Alyna, une société de conseil et de formation qui vise à améliorer l’inclusion sur le marché du travail ainsi que l’ancrage des responsabilités sociétales d’entreprise.
En 2021, elle est nommée commissaire du gouvernement au nom de la Secrétaire d’Etat pour l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.
Elle est sélectionnée parmi plus de 1000 candidats pour faire partie des 40under40, pour imaginer et développer de nouvelles façons d’organiser la société suite à la crise. Elle est également récompensée par le label Women100 pour ses actions citoyennes durant la crise sanitaire.
Engagée pour la transition énergétique, elle est nommée en 2020 par le gouvernement bruxellois en tant qu’administratrice du Brugel, l’autorité de régulation pour les marchés de l’électricité, du gaz et de l’eau à Bruxelles.

Un engagement continu par l’éducation et la culture…

En parallèle à ses responsabilités professionnelles, Ihsane a toujours eu un engagement sociétal, estimant que chaque citoyen.ne a le devoir d’œuvrer pour une meilleure société. Ses sensibilités l’ont poussé à s’impliquer dans l’éducation, le féminisme inclusif, ainsi que la culture.

Elle est monté sur planches avec la troupe Ras El Hanout de 2010 à 2015, pour dénoncer les discriminations avec humour et émotions, performant devant plusieurs milliers de spectateurs.

En 2013, elle co-fonde TYN, Talented Youth Network afin de développer les talents des jeunes dans leur diversité, en travaillant sur la confiance en soi et l’implication citoyenne. Elle assumera les fonctions de Présidente puis d’Administratrice-Déléguée jusqu’en mars 2021, supervisant une équipe multidisciplinaire déroulant les activités de l’asbl.

Depuis 2015, elle met en avant l’intersectionnalité des combats entre racisme et sexisme. En créant le collectif Les Cannelles, elles utilisent l’art et l’éducation comme moyens d’arriver à une société plus inclusive. Un mouvement rapidement devenu viral, avec plus de 600 000 vues sur les réseaux sociaux.

En 2016, elle s’allie avec ses collègues pour construire un centre éducatif et culturel L’Epicerie en plein coeur de Molenbeek. L’Epicerie, comme un mélange d’épices de toutes couleurs et pour tous les goûts, nécessaire à un bon melting-pot des jeunes citoyens actifs et impliqués dans la société d’aujourd’hui et de demain.

Ayant l’âme de l’entrepreneuse et la passion du thé, elle lance en 2018 Keitea; sa propre marque de thé, visant ainsi le bien-être physique et spirituel des individus. A travers son concept novateur de “KeiTea Party”, elle propose une expérience autour du thé: éthique, bio, raffiné et surtout dans un esprit de dégustation aux rites bien ancrés.

Ayant l’amour du piano, elle ne rate jamais l’occasion de s’entraîner sur ses classiques » (2).

Depuis de nombreuses années, elle contribue également à fonder des associations et des projets afin de soutenir la jeunesse, le marché de l’emploi, l’inclusion et à lutter efficacement contre les crises qui traversent la Belgique. Faisant bien plus pour la Belgique que ses détracteurs, et étant plus intègre qu’eux (souvent mis en cause pour leur racisme, leur fanatisme, leur corruption et leur train de vie indécent pendant que de nombreux belges vivent dans des conditions difficiles), mais n’étant pas « pistonnée » comme l’ont été de nombreux députés et ministres, elle subit leurs foudres. Il faut dire qu’en France comme en Belgique, pour accéder aux hautes fonctions, il faut être soutenu par « réseautage », et non pas présenter un profil solide sur le double plan éthique et professionnelle. Ils n’attendent pas des « candidats » qu’ils soient compétents et intègres, mais qu’ils ne bousculent pas l’ordre établi, qu’ils ne menacent pas la corruption des institutions et des autorités, et qu’ils exécutent simplement les ordres qu’on leur donne, aussi malsains ou dangereux soient-ils.

Ses détracteurs ont détourné ses propos et lui ont aussi reproché d’être « proche des frères musulmans (même à son insu) », « de vouloir l’existence d’un lobby musulman afin de défendre l’intérêt légitime des musulmans (dans la protection de leurs droits » et d’autres critiques du genre. Or, ils ne voient aucun mal à ce qu’il y ait un « lobby juif », un « lobby gay et lgtb », etc., or, les musulmans, qui sont aussi des citoyens, – à part entière en principe -, ont le droit aussi d’être défendus dans leurs droits et revendications légitimes, mais la classe politique belge légitime et entérine les discriminations envers cette minorité importante numériquement, comme s’ils étaient des moins que rien. Les « principes » de « liberté, d’égalité, de tolérance et de respect » ne sont donc pas respectés par une partie importante de la classe politique du pays, – et qui utilise ensuite les médias, – ou vice-versa, on ne saisit plus toujours qui est soumis à qui -, pour imposer leur idéologie, bafouant ainsi la notion de « neutralité politique ».

« Des informations de la Sûreté de l’État feraient état de liens entre Ihsane Haouach et l’organisation des Frères musulmans. Elles ont été jugées par le gouvernement suffisamment crédibles pour aller dans le sens d’une démission » (3).

Selon l’ancien ministre Theo Francken, raciste et ayant des liens avérés avec l’Extrême-droite : « Derrière la démission d’Ihsane Haouach, il y a une faute politique d’Ecolo » (4).

« Il exige une enquête sur l’infiltration des Frères musulmans en Belgique et sur leurs liens avec Ecolo et Groen » (5).

Selon le spécialiste des affaires constitutionnelles belges Marc Uyttendaele, « ceci pose la question de la responsabilité personnelle de la secrétaire d’État à l’égalité et à la diversité, Sarah Schlitz. Elle est responsable de son manque de précaution au moment de désigner Ishane Haouach. Il appartenait à Schlitz, compte tenu d’éléments qu’elle ne pouvait ignorer, de vérifier et faire vérifier par les services compétents que rien ne pouvait être reproché à Haouach et que cette dernière n’avait pas de liens avec des mouvances douteuses » (6).

Selon Jean-Marc Gheraille, rédacteur en chef de La Dernière Heure : « Ihsane Haouach est une erreur de casting qui risque d’ébranler le pays » (7).

Ainsi, n’ayant rien à lui reprocher sur les plans moral, éthique et professionnel, ils essaient de fabriquer des mensonges et de trouver de faux liens avec « l’islam politique » ou les « Frères musulmans », qui sont aujourd’hui, des prétextes et moyens fallacieux pour discréditer une personne, – musulmane ou non -, contestant les injustices ou les scandales sexuels ou de corruption, afin de protéger une idéologie intolérante ou des personnalités coupables de graves délits et crimes, comme on le constate souvent en France ou en Belgique, où les personnalités qui taxent des personnes intègres « d’islamistes » ou de « fréristes » sont des individus coupables (ou accusés) d’harcèlements sexuels, de viols, de fraudes, de corruption, d’avoir accepté des pots-de-vin et d’avoir détourné de l’argent public, ou pire encore, d’avoir commandité l’assassinat ou d’avoir encouragé ou toléré des massacres envers des populations civiles en Libye, en Syrie, en Irak, au Mali ou ailleurs, ou encore d’avoir vendu des armes meurtrières à des pays dictatoriaux dont les armes servaient essentiellement à réprimer leur propre population civile ou à massacrer des civils d’un autre pays. Dès lors, sont-ils légitimes et bien placés pour lui reprocher cela, elle qui n’a pas commis de délit ni de crime ?

Par ailleurs les « frères musulmans », – dont elle n’est même pas membre -, sont une organisation humaine hétéroclite, qui n’est pas interdite en Belgique ou en France, et dont de nombreux députés non-musulmans ont entretenu des « liens » avec eux, notamment lors de diners politiques ou associatifs. N’a-t-on pas vu des ministres ou des présidents comme Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron manger et discuter avec des « représentants » des Frères musulmans en France ?

En outre, les Frères musulmans sont avant tout des êtres humains, et tant qu’ils ne font nullement la promotion du racisme, du terrorisme ou de l’injustice, ils ne sont pas « hors la loi » et ne peuvent pas être diabolisés. Nombre d’entre eux sont des personnes respectables, érudits, diplômés et actifs dans la lutte contre le racisme et la criminalité, et même bien plus respectueux et utiles à la société que leurs principaux détracteurs. Mais comme tout mouvement humain, des critiques peuvent être faites sur certains discours, propos ou comportements déplacés, car des gens « problématiques » peuvent exister partout. Or, quand des racistes, des partisans du terrorisme, de la haine et du fanatisme se trouvent du côté des « laïcs » et des « démocrates », nous assistons à un silence radio assourdissant, minimisant ou cautionnant leurs propos inacceptables, ce que l’on appelle l’hypocrisie et le fameux « 2 poids 2 mesures ». Les Frères musulmans ne sont pas ceux qui ont ordonné ou participé à des massacres de grande ampleur en Libye, en Syrie, en Irak, au Yémen, au Mali, en Afghanistan ou ailleurs, mais bien des adeptes de la laïcité et de la démocratie, avec un lourd bilan de plusieurs millions de civils tués, déplacés, blessés et torturés, ainsi que des villes entières détruites.

On voit donc toute la bassesse et la perfidie de ce genre d’accusations, servant uniquement à camoufler leur haine et leur médiocrité, notamment où le jour de sa démission, la presse fait état d’informations émanant de la Sûreté de l’État qui feraient état de « liens potentiels entre Ihsane Haouach et l’organisation des Frères musulmans » :  « Selon nos informations, le rapport ne conclut pas que Mme Haouach est membre des Frères musulmans, mais assure qu’elle a eu des contacts avec des membres de l’organisation, sans conclure qu’elle en était consciente. La démission d’Ihsane Haouach, la commissaire du gouvernement à l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, intervenue vendredi, est au centre d’une nouvelle joute politique, qui va connaître de nouveaux développements cette semaine, dernière semaine parlementaire avant la pause estivale. Le Premier ministre devrait s’exprimer sur le sujet dans le courant de la semaine, peut-être déjà ce lundi. Au centre de ces discussions, le rapport de la Sûreté de l’Etat, dont nous révélions l’existence vendredi soir et qui commence à dévoiler ses mystères. Précisons qu’à ce stade, le rapport n’est pas rendu public, en raison de son statut « classifié » à la Sûreté de l’Etat. (…) » (8).

Ihsane Haouach s’exprima aussi sur ces polémiques le 7 juillet 2021 sur son compte facebook :

« Je souhaite revenir sur l’actualité de ces derniers jours. D’emblée je voudrais préciser que dans l’interview que j’ai accordée au journal Le Soir, je me suis exprimée à titre personnel, et non dans le cadre de ma mission ou en qualité de commissaire. Après avoir volontairement pris le temps de la réflexion, le moment est venu de m’exprimer, une dernière fois à ce propos, suite aux violentes attaques dont j’ai fait l’objet, notamment sur les réseaux sociaux.

Certains des propos tenus dans cette interview ont été mal-compris, mal-interprétés et, malheureusement, instrumentalisés par certains, ce que je regrette. J’ai assurément une part de responsabilité dans cette situation. Je ne suis pas une professionnelle de la communication. Ce n’est pas mon métier. Je réalise que j’ai probablement formulé de manière incomplète et maladroite certaines idées.

Je veux clarifier les choses, non pour les polémistes, mais pour celles et ceux qui se sont légitimement interrogés sur le sens de mes propos et qui voudraient comprendre avant de juger. Il est important de préciser ce que j’ai voulu dire pour aplanir les choses et de ne plus laisser d’autres parler pour moi.

Que les choses soient claires : je n’ai jamais voulu remettre en question le principe de la séparation des Églises et de l’État ni l’application de ce principe. Ce principe est un fondement de notre démocratie, au même titre que la liberté de conscience, l’égalité des citoyen°ne°s devant la loi et la neutralité de l’État. Ces principes sont les boucliers de nos libertés. Le fait même qu’on doute de mon adhésion à ce principe heurte la démocrate que je suis.

Je considère qu’en aucune circonstance le religieux ne peut s’ingérer dans la gestion de l’État, ni prédominer sur le civil dans l’organisation de notre société. Chacune et chacun est libre d’avoir des convictions et de les exprimer, y compris dans l’espace public, à la condition de ne pas entraver la liberté d’autrui. La séparation des Églises et de l’État et la neutralité de l’État sont des conditions du vivre-ensemble : elles permettent à toutes les convictions et philosophies d’être traitées équitablement par l’État.

Lorsque j’ai évoqué la démographie, ce n’était en aucun cas pour y conditionner le principe ou relativiser la portée de la séparation des Églises et de l’État qui, je le redis, est trop précieux que pour être négocié. Le mot « démographie » était mal choisi et je le regrette car il n’avait pas sa place dans ce raisonnement.

Mon propos n’a donc jamais consisté à remettre en cause ce principe ni son application, mais à préciser – peut-être maladroitement – que ce principe pouvait se décliner différemment selon les contextes. Je m’explique à travers un exemple : en France, le principe de la séparation des Églises et de l’État et celui de la neutralité de l’État vis-à-vis des cultes ne s’appliquent pas de la même manière qu’en Belgique. La Belgique reconnaît et finance les cultes reconnus tandis que la République française ne reconnaît ni ne subventionne ni ne salarie aucun culte. Pourtant, ce sont deux pays où l’État et les Églises sont séparés. Un même principe, deux déclinaisons différentes. C’est un exemple, parmi d’autres, qui peut éclairer la réflexion qui m’anime.

Enfin, je remercie celles et ceux qui m’ont apporté leur soutien dans cette période difficile ainsi que les personnes qui m’ont interpellée avec respect et bienveillance et m’ont permis de clarifier mes propos ».

On observe ainsi que les personnes qui défendent la laïcité et la démocratie, de façon inclusive et cohérente, en Belgique comme en France, sont taxées « d’islamistes », ce qui en dit long sur la mauvaise foi et la perversité des personnes qui balancent ces allégations indignes et puériles.

Face au flot d’injures et de menaces dont Ihsane a été victime, elle reçut aussi de nombreux messages de soutien de la part de tous les partisans de la paix et de la dignité humaine. A titre d’exemples, citons la nutritionniste Hanane A. lui publia le 9 juillet 2021 : « J’apprends avec beaucoup de tristesse la démission d’Ihsane… Je suis écoeurée, dégoûtée, je ne trouve pas les mots face aux vils propos tenus par nos politiques à son égard, face aux inepties que l’on a pu lire ici et là dans la presse et face à ce lynchage et aux nombreuses menaces et insultes qu’elle a pu recevoir. Ihsane est forte, Ihsane est digne, beaucoup plus digne que ces détracteurs ne le seront jamais. Là où les plus gros corrompus qui pullulent notre gouvernement ne seront jamais inquiétés, Ihsane a démissionné parce qu’elle est intègre et entière. La femme musulmane n’est pas soumise à ses pairs, elle est soumise « au racisme structurel et institutionnel d’état ». Soutien inconditionnel et indéfectible à toi ma chère Ihsane, on luttera encore et toujours ❤️ ».

Et de la part de Salim Haouach le 9 juillet 2021 :

« Aujourd’hui, j’ai appris 2 choses :

1. La devise nationale de la Belgique “𝐋’𝐔𝐍𝐈𝐎𝐍 𝐅𝐀𝐈𝐓 𝐋𝐀 𝐅𝐎𝐑𝐂𝐄” ne fait pas référence à l’union des francophones et des flamands, mais à celle des catholiques et des libéraux. De là découle le socle de compromis encore en vigueur aujourd’hui en matière politique, d’enseignement, de neutralité, etc.

2. La Belgique est 𝐅𝐀𝐈𝐁𝐋𝐄 aujourd’hui de ne pouvoir être riche de toute sa diversité, y compris les femmes musulmanes qu’on veut tellement sauver qu’on les harcèle pour les faire fuir.

La Belgique est FAIBLE d’un débat public transformé en chasse aux sorcières et de l’incapacité de certain.e.s à dialoguer et travailler dans l’intérêt général avec des personnes qui ont des opinions différentes, ce qui est l’essence même de notre démocratie.

Ce que je savais déjà par contre, et toutes celles et tous ceux qui la connaissent bien également, c’est qu’Ihsane Haouach est 𝐅𝐎𝐑𝐓𝐄, et encore bien plus que son “cv en béton” ne laisse paraître ».

Nous pouvons donc conclure que la classe politique belge ne méritait pas une personne du calibre de Ihsane, compétente, intègre et dévouée à la cause citoyenne. Cette classe politique n’est pas encore prête pour s’élever à un niveau civilisationnel fondé sur l’équité et la justice. Ihsane n’est pas la première personne à démissionner suite à des menaces ou à des pressions, en raison du manque d’intégrité et de justice des institutions politiques belges (comme françaises). De nombreuses personnes intègres avant elle, qu’elles soient musulmanes ou non, étaient déjà scandalisées par le degré de corruption, d’iniquité et d’hypocrisie dans ces milieux, où l’appât du gain l’emporte sur l’éthique et la redistribution économique envers tous les citoyens. Ces mauvais signaux répétés de la part de la Belgique et de la France les classent ainsi clairement dans le rang des mauvais élèves concernant la démocratie, l’égalité des chances et de la neutralité politique, qui sont pourtant des slogans, – érigés en idoles – qu’ils prétendaient défendre coûte que coûte.

Il nous faut cependant revenir sur la notion de « neutralité politique », souvent instrumentalisée dans un seul sens par les partisans du totalitarisme en France et en Belgique, et c’est souvent en invoquant ce prétexte que des personnes s’autorisent à déblatérer des âneries ou des propos insultants ou dégradants, à l’instar de Yves Raiquet le 8 juillet 2021 sous la publication d’Ihsane : « Pour moi Vous n’avez rien à faire en politique. Quand une femme porte le voile c’est qu’elle fait allégeance à sa religion sinon elle porterais pas le voile islamique ? A ce que je sache Dieu n’a jamais demandé de porter un torchon ni un voile islamique sur sa tête ? C’est une interprétation des islamistes même pas des musulmans. Ici en Belgique vous devez respectez nos règles et pas faire ce que nous ne ferions jamais dans les pays arabes?Vous devez refusez ce poste où alors retiré ce voile immediatement mal vue par la population ».

Or, chaque affirmation est erronée et confuse. Porter le voile n’est pas un acte d’allégeance, mais peut être le fruit d’un cheminement spirituel, d’une conformation à une injonction religieuse, d’une pratique culturelle, d’un goût vestimentaire, d’un choix médical ou pour dissimuler les cheveux pour une raison esthétique ou pour cacher une certaine infirmité ou maladie physique. Le voile n’a jamais été, en plus de 1400 ans, le signe d’une allégeance aux « Frères musulmans », qui n’existaient même pas avant le 20e siècle. Or, si l’on devait prendre au sérieux ce raisonnement, alors porter un t-shirt Tommy Hilfiger serait leur faire allégeance, et faire passer leurs intérêts économiques avant ceux de la Belgique ? Porter un pantalon reviendrait à défendre les intérêts des grandes firmes de fabricants de pantalons au lieu des intérêts des Belges ou de l’Humanité ? Quid des politiciens belges qui se prostituent pour défendre les intérêts des lobbies américains, chinois, israéliens ou de Big Pharma, en écrasant les droits et en violant la vie privée des citoyens belges ?

Par ailleurs le port du voile est mentionné clairement dans le Qur’ân et la Tradition prophétique, donc bien avant l’apparition des mouvements « islamistes » de la fin du 20e siècle.

Et les pays musulmans ne sont-ils pas victimes des pressions et chantages, dans de nombreux cas, de la part des pays occidentaux, qui interdisent aux pays musulmans d’exercer leur pleine souveraineté, et où la seule liberté qu’ils laissent à ces pays, est celle d’être dirigée par des dictateurs qui n’hésitent pas à réprimer leur population.

Ainsi, le seul tort des femmes voilées est d’exister dans des pays où l’intolérance, l’obscurantisme, la haine, l’incivilité, l’hypocrisie, le totalitarisme et la médiocrité constituent les normes inviolables et « sacrées » fondant le modèle (pseudo)démocratique français ou belge.

Se cacher derrière le concept creux de « neutralité » est grotesque et est « rationnellement » discutable, car personne n’est physiquement ou vestimentairement neutre ; certains portent des t-shirt ou des chemises en lien avec une culture, une mode, une idéologie (progressiste, conservatrice, écologiste, marxiste, capitaliste, …), mettent en avant certaines marques, manifestent leur identité sexuelle (ou aujourd’hui, même leurs « genres »), affichent leurs convictions libérales ou socialistes, imposent leurs idées rétrogrades et leurs comportements grossiers et intolérants, mais ce serait le voile, – symbole de la pudeur et de la liberté de la femme dans son cheminement spirituel et son adhésion à la pudeur et à la chasteté (et donc s’appropriant son espace intime et son corps face aux regards déplacés, pervers, réprobateurs et superficiels) -, qui menacerait tout cela ? La « neutralité » est un donc leurre, comme le prouvent les réactions totalitaires de ces individus, alors qu’il n’y a en soi, aucune opposition avec le port du voile dans la fonction publique ; la « neutralité » devant inclure logiquement cette possibilité, car sinon ce « concept » n’aurait aucun sens, puisque chaque type vestimentaire serait privé de « neutralité » puisque signifiant quelque chose (ou pouvant signifier quelque chose selon la personne qui le porte).

D’ailleurs, des pseudo-lignes rouges sont fixées par des politiciens, – preuve que tout ne peut pas se discuter et qu’il y a des idoles « intouchables » alors même qu’elles entrainent des injustices et des illusions tenances -, et ils se mettent à parler de « démocratie », de « laïcité », de « Progrès », « d’égalité » et de « valeurs » qu’ils ne définissent jamais mais qu’ils bafouent au quotidien, notamment à travers des réflexes racistes ou xénophobes, et parfois avec une mentalité toujours autant colonialiste visant à « civiliser les races/peuples inférieurs ».

Tout cela ne montre qu’une seule chose : la liberté et le respect des valeurs « démocratiques » n’existeront ni en France ni en Belgique, tant que le racisme structurel, l’intolérance et l’hypocrisie continueront de perdurer dans ces pays. Pour des convictions nobles et une apparence vestimentaire sobre, pudique et décente, on prive encore de centaines de milliers de femmes de leurs droits les plus fondamentaux et de l’accès à la fonction publique ou même au marché du travail. Par contre, les gens racistes, intolérants, incompétents, islamophobes, ou des agents au service des multinationales qui appauvrissent le pays ou empoisonnent la vie des citoyens, eux, sont les bienvenues en plus d’être valorisés. Ce genre de système n’a aucun rapport avec la démocratie ou la dignité humaine, mais s’apparenterait plus à une sorte d’hypocrisietatie, farçotratie, ou médiocritotatie, pour ne pas dire tout simplement un nouveau genre de totalitarisme, fondé sur la dictature de la pensée et l’exclusion de toutes les valeurs les plus nobles et forces de la société qui souhaitent élever par l’éthique, le respect de la dignité, et une vision à la fois plus spirituelle et plus humaine des relations humaines et diplomatiques.

On parle ici de valeurs avant tout, donc tout évidemment n’est pas comparable quand ils essaient de dire que des pays musulmans n’autorisent pas la Gaypride, – encore heureux ! -, le nudisme, les tenues provocantes et indécentes, …. Ensuite le voile est une culture française appartenant à la civilisation judéochrétienne (avec des apports considérables de la civilisation musulmane sur les aspects scientifiques, artistiques, culturels, architecturaux, spirituels, économiques, juridiques et philosophiques). L’abandon du voile en France (parmi les femmes chrétiennes, les femmes paysannes, etc.) est très récent, environ 50-60 ans. Pendant plus de 2000 ans, le voile faisait partie de la culture « européenne ».

Et enfin, quand on prétend à « l’égalité », à la « liberté » et à la « tolérance » et qu’on affirme vouloir défendre tout cela, il faut l’appliquer, sinon cela s’appelle de l’hypocrisie et du mensonge. Pire encore, ces femmes voilées sont harcelées, insultées ou menacées, ce qui est encore plus grave.

Ainsi, les « gays » auraient le droit de faire du prosélytisme pour leur mode de vie et de parader en troublant l’ordre public tout en s’imposant, les progressistes et lgbtistes peuvent tenir des meetings, imposer leurs idées rétrogrades tout en s’immisçant dans la politique et en lui imposant leur idéologie, mais des femmes musulmanes, ne contestant pas la laïcité en France ou en Belgique, et ne parlant nullement de religion et ne faisant aucunement du prosélytisme, sont privées de leurs droits et interdites de travailler dans l’administration ou la politique ?

Il y a donc une incohérence flagrante entre les discours et les slogans (trompeurs) d’une part, et l’application des concepts/pseudo-valeurs défendus d’autre part dans la réalité.

Moralité de l’histoire, les racistes ne sont pas encore prêts à emprunter la voie de la sagesse, de la dignité, de la justice et de la civilisation. Bien plus, ils s’en prennent même à ceux qui défendent la laïcité de façon inclusive et un peu plus égalitaire et équitable, les taxant d’islamistes, les insultant, les menaçant, les harcelant et les agressant, tout en les forçant à démissionner même lorsqu’elles ont été nominées ou suggérées pour certains postes en raison de leurs compétences et de leur intégrité. En 2021, ce n’est pas l’intelligence et les idées les plus nobles qui sont prises en compte dans ces pays européens, mais l’idéologie et la haine de la dignité féminine.

Cette propension au totalitarisme vise aussi les pays européens de l’Est qui accordent encore de l’importance à la religion, à la dignité humaine et à la stabilité familiale comme la Hongrie, – au-delà des calculs électoralistes qui n’épargnent aucun pays « jonglant » avec une prétention démocratique -. Que les choses soient donc clairs : non à la violence physique ou verbale contre les personnes perturbées et déséquilibrées sexuellement et psychologiquement, – sauf pour ceux qui causent du mal aux enfants ou aux autres personnes qui doivent être jugés et sanctionnés pour leurs méfaits -, mais non à la légalisation des perversions en tous genres. Des femmes, dans l’UE, sont encore stigmatisées, agressées et humiliées pour choisir librement la pudeur, mais interdire aux mineurs des choses affreuses ou dangereuses, ce serait une monstruosité. Le monde à l’envers. Soutien, sur ce point, à la Hongrie, qui a choisi la voie de l’intégrité, de la dignité et de la protection des enfants, interdisant des choses aux mineurs qui pourraient leur porter préjudice et dont ils ne sont pas encore conscients de tous les enjeux, mais l’UE n’a pas hésité à menacer la Hongrie pour avoir choisi la protection des enfants (9). L’UE se permet d’imposer son diktat, de refuser les débats critiques et les opinions dissidentes ou divergentes, et imposent de manière unilatérale son « agenda » et son idéologie, tout en bafouant les droits humains en UE pour des millions de personnes, tout en mettant la santé des européens en danger pour ne pas contrarier les multinationales, et où ses actions politiques en dehors de l’UE causent énormément de ravages et de troubles.

Les musulmans sont légalement discriminés, médiatiquement insultés et méprisés, et sont toujours l’objet de manipulations et pressions politiques et électoralistes, mais quand il s’agit d’autres catégories de personnes, dont les « lgtbistes » et « pseudo-progressistes », alors tout est inversé, puisqu’aucune critique de fond ou de forme n’est autorisée, et aucun débat scientifique et rationnel autour de ces enjeux n’est permis. De même, les « laïcs », « chrétiens », « nationalistes », « écologistes », « lgbtistes », « progressistes », « socialistes », « communistes », « racistes », etc. peuvent faire de la politique, mais les musulmans ne pourraient pas défendre démocratiquement leurs convictions et revendications politiques et sociales, – sans menacer le vivre-ensemble et la liberté de culte évidemment -, où « l’islam politique » serait par essence prohibé, même s’il représente en soi aucun danger pour la société, – sauf si certains le détournent de ses nobles principes -, et s’avère moins dangereux pour les citoyens que toutes les idéologies modernes qui asservissent actuellement l’Humanité et mettent en péril la planète et ses écosystèmes !

L’Islam, Dieu merci, ne fait pas dans l’hypocrisie ou l’utopie, mais instaure la justice et la bienfaisance, tout en étant pragmatique, sans s’encombrer d’idéologies dangereuses, de superstitions ou d’illusions ne visant qu’à manipuler les individus comme c’est le cas dans nos sociétés modernes. En outre, de nombreux citoyens affirment et scandent que les Etats-Unis, la France et la Belgique par exemple ne sont pas des démocraties, car le peuple n’est pas consulté (à travers des référendums « libres » et « transparents ») pour les grandes questions, et que ce sont les multinationales et lobbies qui font les lois et imposent leurs diktats, – ce qui se vérifie dans l’absence d’indépendance au niveau des médias, de l’éducation, de la santé, des instances politiques, de l’économie, de l’appareil judiciaire, ou encore des élections où les candidats les plus corrompus ou les plus dociles aux yeux de leurs « mécènes » sont acceptés et soutenus, contrairement aux autres.

Notes :

(1) “Un CV en béton mais un voile qui dérange : qui est Ihsane Haouach, la nouvelle commissaire du gouvernement fédéral ?”, La Libre Belgique, 1 juin 2021 : https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/un-cv-en-beton-mais-un-voile-qui-derange-qui-est-ihsane-haouach-la-nouvelle-commissaire-du-gouvernement-a-l-egalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-60b685c99978e20c601e7466

(2) “Ihsane Haouach”, Expertalia : https://expertalia.be/users/ihsane-haouach

(3) Belga et rédaction de la DH, “Ihsane Haouach démissionne de son poste de commissaire à l’égalité femmes-hommes, de possibles liens avec les Frères musulmans “, La Dernière Heure, 9 juillet 2021 : https://www.dhnet.be/actu/belgique/en-pleine-polemique-ihsane-haouach-demissionne-de-son-poste-de-commissaire-a-l-egalite-hommes-femmes-60e882037b50a6318d60763e

(4) Tom Guillaume, “Theo Francken : “Derrière la démission d’Ihsane Haouach, il y a une faute politique d’Ecolo”, La Libre, 10 juillet 2021 : https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/theo-francken-derriere-la-demission-d-ihsane-haouach-il-y-a-une-faute-politique-d-ecolo-60e8aa5a7b50a6318d61a923

(5) Adrien de Marneffe, “Affaire du voile d’Ihsane Haouach : “Ecolo veut la guerre identitaire””, La Dernière Heure, 10 juillet 2021 https://www.dhnet.be/actu/belgique/affaire-du-voile-d-ihsane-haouach-ecolo-veut-la-guerre-identitaire-60e87b067b50a6318d6037d6

(6) Marc Uyttendaele, “L’affaire Haouach : 60.000 wallons pour oublier un fiasco politique”, Le Vif/L’Express, 10 juillet 2021 : https://www.levif.be/actualite/belgique/l-affaire-haouach-60-000-wallons-pour-oublier-un-fiasco-politique/article-opinion-1446615.html

(7) Jean-Marc Gheraille, “Ihsane Haouach, l’erreur de casting”, La Dernière Heure, 11 juillet 2021 : https://www.dhnet.be/actu/edito/edito-ihsane-haouach-l-erreur-de-casting-60eb205d7b50a6318d80e957

(8) “Le rapport de la Sûreté de l’Etat sur Ihsane Haouach dévoile ses premiers secrets”, RTBF, 11 juillet 2021 : https://plus.lesoir.be/383417/article/2021-07-11/le-rapport-de-la-surete-de-letat-sur-ihsane-haouach-devoile-ses-premiers-secrets

(9) « (…) Le Parlement hongrois a approuvé la semaine dernière un texte qui interdit « la représentation et la promotion d’identités de genre différentes du sexe à la naissance, du changement de sexe et de l’homosexualité auprès des personnes de moins de 18 ans (…) Viktor Orban a rejeté les remarques d’Ursula von der Leyen, les qualifiant de “honteuses” et basées sur des éléments erronés. Il a réitéré la position de Budapest selon laquelle la nouvelle loi “protège les droits des enfants, garantit les droits des parents et ne s’applique pas aux droits à l’orientation sexuelle de ceux âgés de 18 ans et plus, donc elle ne contient aucun élément discriminatoire”. » : “L’UE prendra des mesures contre la Hongrie après le vote d’un texte anti-LGBTQIA”, Challenges, 23 juin 2021 : https://www.challenges.fr/top-news/l-union-europeenne-prendra-des-mesures-contre-la-hongrie-apres-le-vote-d-un-texte-anti-lgbtqia_770302


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