La Religion, les formes traditionnelles et la fin des temps

  L’Islam insiste sur la Volonté divine qui justifie et fonde la diversité des peuples (ethniques) et des communautés religieuses, qu’il faut donc respecter, tout comme le fait qu’elles sont d’origine divine en soi, même si nombre d’entre elles, ont vu leurs textes ou leurs conceptions être corrompus ou altérés au fil du temps, mais qu’il existe cependant des vérités communes et donc des éléments authentiques encore préservés dans toutes les traditions spirituelles encore « vivantes », même si leurs formes traditionnelles ont subi une phase de dégénérescence plus ou moins avancées.

  Il y a néanmoins une filiation naturelle et religieuse d’origine divine, entre toutes les traditions spirituelles qui sont les différentes réadaptations cycliques de la Tradition primordiale qui constitue le tronc commun et le Principe transcendant et vertical qui vivifie les communautés traditionnelles rattachées aux vérités sacrées.

  Le Qur’ân dit en effet : « Et Nous avons suscité dans chaque peuple (au moins) un Messager (leur disant) : « Adorez Allâh et préservez-vous de tout tâghût » (Qur’ân 16, 36).

« Et Ceux qui se sont préservés de tous les tâghût : de les diviniser, et se sont tournés vers Allâh, à eux la bonne nouvelle » (Qur’ân 39/17). Et le « taghût » signifie tout ce qui sort des limites de la Loi, de la Sagesse, de la Vertu, de la Réalité, etc., c’est-à-dire les idoles ou êtres créés qui sont divinisés ou adorés en dehors d’Allâh, ainsi que ceux qui agissent comme des tyrans, des oppresseurs, des criminels sur terre et des injustes, manipulant les gens à de mauvaises fins, en semant le désordre et la corruption sur la terre.

« Tout pouvoir n’appartient qu’à Allâh qui vous a enjoint de n’adorer que Lui, telle est la Tradition immuable/primordiale (Dîn ul Qayyîm). Mais la plupart des gens ne savent pas » (Qur’ân 12, 40).

  En parlant du Prophète Muhammad, Allâh lui ordonne de dire : « Je ne suis pas un innovateur parmi les prophètes » (Qur’ân 46, 9). Plusieurs versets du Qur’ân rappellent que plusieurs prophètes ont été envoyés avant Muhammad : « Nous avons envoyé des prophètes avant toi » (Qur’ân 15, 30), « (…) n’est qu’un prophète ; des prophètes ont vécu avant lui (…) » (Qur’ân 3, 144), « Interroge ceux de nos prophètes que nous avons envoyés avant toi » (Qur’ân 43, 45).

« Et il y a des Messagers dont Nous t’avons raconté l’histoire précédemment, et des Messagers dont Nous ne t’avons point raconté l’histoire (…) » (Qur’ân 4, 164). Il y a donc des Prophètes et Messagers qui n’ont pas été évoqués explicitement dans le Qur’ân, mais leurs caractéristiques fondamentales sont les mêmes, à savoir être sincère, soumis au Divin, se conformer à Ses Ordres, enseigner le Tawhîd, se détourner des idoles et enseigner la bonne moralité aux gens.

   L’Islam signifie l’acceptation libre, dans la paix (et afin de l’obtenir intégralement) de l’Ordre Divin et de s’y conformer, ce qui constitue le fondement de toutes les Traditions révélées (aussi bien parmi les « formes traditionnelles » de souche abrahamique, que non-abrahamique). Allâh a dit : « Non, mais quiconque donne (livre, soumet, laisse) à Allâh son être tout en étant bienfaisant (muhsin), aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour ceux-là il n’y a nulle crainte, et ils ne seront point attristés » (Qur’ân 2, 112).

« Que vous fassiez du bien, ouvertement ou en cachette, ou bien que vous pardonniez un mal… Alors Allâh est Pardonneur et Omnipotent. Ceux qui ne croient pas en Allâh et en Ses messagers, et qui veulent faire distinction entre Allâh et Ses messagers et qui disent : « Nous croyons en certains d’entre eux mais ne croyons pas en d’autres », et qui veulent prendre un chemin intermédiaire (entre la foi et la mécréance), les voilà les vrais mécréants (dénégateurs) ! Et Nous avons préparé pour les mécréants une correction avilissante. Et ceux qui croient en Allâh et en Ses messagers et qui ne font point de différence entre ces derniers, voilà ceux à qui Il donnera leurs récompenses. Et Allâh est Pardonneur et Miséricordieux » (Qur’ân 4, 149-152).

« Tiens-toi debout, en vrai hanif qui professe la Tradition primordiale, la religion (voie) naturelle, celle qu’Allâh a inscrite au cœur de tout individu. C’est un don universel et immuable qu’Allâh a fait à Ses créatures. Telle est la véritable Tradition, mais la plupart des humains ne savent pas » (Qur’ân 30, 30). En arabe, le terme « dîn » ne recouvre pas le même sens restreint que possède le terme « religion » de nos jours. En Islam, le « dîn » englobe les doctrines, les actes cultuels, les normes sociales, les principes métaphysiques, le mode de vie, etc.

« Certes, ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Nazaréens, et les sabéens, quiconque a cru en Allâh au Jour dernier et agit avec intégrité (droiture et piété, accomplissant de bonnes oeuvres), sera récompensé par son Seigneur ; il n’éprouvera aucune crainte et il ne sera jamais affligé » (Qur’ân 2, 62).

« Ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Sabéens, et les Chrétiens, ceux parmi eux qui croient en Allâh, au Jour dernier et qui agissent avec intégrité (droiture et piété, accomplissant de bonnes oeuvres), nulle crainte sur eux, et ils ne seront point affligés » (Qur’ân 5, 69).

 « Certes, ceux qui ont cru, les Juifs, les Sabéens, les Nazaréens, les Mages (Zoroastriens) et ceux qui donnent à Allâh des associés, Allâh tranchera entre eux le jour du Jugement, car Allâh est certes témoin de toute chose » (Qur’ân 22, 17).

« A chacun une orientation vers laquelle il se tourne. Rivalisez donc dans les bonnes œuvres. Où que vous soyez, Allâh vous ramènera tous vers Lui, car Allâh est, certes Omnipotent » (Qur’ân 2, 148).

« Et sur toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec la vérité, pour confirmer le Livre qui était là avant lui et pour prévaloir sur lui. Juge donc parmi eux d’après ce qu’Allâh a fait descendre. Ne suis pas leurs passions, loin de la vérité qui t’est venue. A chacun de vous Nous avons assigné une législation et un plan à suivre. Si Allâh avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu’Il vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes cœvres. C’est vers Allâh qu’est votre retour à tous ; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez » (Qur’ân 5, 48).

« O humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allâh, est le plus pieux (sur la voie de la droiture et de la justice). Allâh est certes Omniscient et Grand Connaisseur » (Qur’ân 49, 13).

   Au final, c’est Allâh qui tranchera et jugera nos différends, mais il nous est demandé de bien nous comporter envers les autres et d’adopter une attitude chevaleresque et respectueuse : « Ô Gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorerons que Dieu, que nous ne Lui associerons rien, et que nous ne nous prendrons pas les uns les autres pour seigneurs (qui sont adorés) en dehors d’Allâh ». S’ils se détournent, dites alors : « Soyez témoins que nous sommes soumis (à Lui seul) » (Qur’ân 3, 64).

« Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : « Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons » (Qur’ân 29, 46).

« Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car cest ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et cest Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés » (Qur’ân 16, 125).

  Il y a aussi un hadîth prophétique assez explicite qui confirme la Tradition primordiale : « Je suis la personne la plus en droit de Issâ’ Ibn Maryam dans l’ici-bas comme dans l’au-delà et les prophètes sont des demi-frères : leurs mères sont différentes et leur religion est unique »[1]. En arabe les termes utilisés signifient des frères qui ont le même père mais dont les mères sont différentes, ce qui veut dire que tous les prophètes sont venus avec l’islam métahistorique, qui consiste à adorer Allâh sans rien Lui associer, à connaitre Ses Noms et Ses Attributs, à s’écarter de ce qui est adoré en dehors de Lui, à professer la réalité des Prophètes, des Anges, des Révélations, le Jour du Jugement dernier, l’enfer, le Paradis, le Destin, …

  On posa la question suivante au Prophète Muhammad (ﷺ) : « Quelle est la Religion (ou voie) la plus aimée d’Allâh ? ». (Ce à quoi) le Prophète (ﷺ) répondit : « Le monothéisme primordial et pur (une voie droite et une conscience pure qui est conforme à la Hanifiyya, – saine conscience -), facile (à mettre en pratique), généreux, droit et indulgent »[2].  Le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit en une autre occasion à ‘Aîsha : « L’Envoyé d’Allâh dit un jour : les juifs doivent savoir que j’ai été envoyé avec le monothéisme primordial, tolérant et indulgent »[3].

« Et pour chaque communauté il y a un terme » (Qur’ân 7, 34).

« N’injuriez pas ceux qu’ils invoquent, en dehors d’Allâh, car par agressivité, ils injurieraient Allâh, dans leur ignorance. De même, Nous avons enjolivé (aux yeux) de chaque communauté sa propre action. Ensuite, c’est vers leur Seigneur que sera leur retour; et Il les informera de ce qu’ils œuvraient » (Qur’ân 2, 108).

  Le Qur’ân est donc clair et cohérent sur tout cela. Et comme le faisait remarquer René Guénon dans ses Comptes rendus : « … ce n’est pas en aidant à démolir la tradition chez les autres qu’on peut espérer la maintenir chez soi ! ». Et c’est là un piège du diable dans lequel tombent de nombreux religieux, à savoir polémiquer sans cesse, parfois en mentant ou en occultant des choses, et s’attaquer constamment aux autres « religions », tout en délaissant le bon comportement, les actes de bienfaisance et n’étant pas honnête vis-à-vis d’Allâh, puisque l’un des Noms d’Allâh est Al-Haqq, signifiant à la fois le Réel, le Vrai et le Droit (d’Allâh). S’il est normal de réfuter les mensonges dont nous sommes la cible (par rapport à la Religion, au Livre, à la Sunnah, à la communauté, à la famille ou à sa propre personne) pour clarifier les choses et se défendre face à des calomnies, il est cependant inconvenable de perdre son temps à voir constamment les défauts chez les autres, à vouloir les rabaisser, etc., alors que notre but est de nous rapprocher d’Allâh, de la Vérité, de la Justice et de la Sagesse, par ce qu’Il aime et agréé, et les polémiques n’en font pas partie.

  Charles-André Gilis (de son nom musulman ‘Abd ar-Razzâq Yahya) a dit : « Les intégristes s’imaginent naïvement qu’il suffit de proclamer que Muhammad est le meilleur des prophètes, que le Coran est le Livre révélé le plus excellent, que la religion islamique est préférable à toute autre pour entraîner la conviction et l’adhésion des non-musulmans. Pour être crédible, ces affirmations doivent s’accompagner de preuves et celles-ci ne peuvent être données que par la doctrine du Centre suprême et de la Tradition primordiale, seules à même de montrer que la révélation contient l’ensemble des vérités présentes dans les traditions antérieures. Selon sa signification véritable, cette doctrine n’a rien qui puisse, ni favoriser l’intégration, ni entraîner l’opprobre des intégristes car les fonctions qui constituent la hiérarchie de ce Centre sont des fonctions essentielles du Prophète, des reflets et des réverbérations de sa lumière ; c’est lui qui, depuis l’origine des temps, manifeste la présence du Verbe divin au coeur de notre monde »[4].

  Le polyglotte, métaphysicien, logicien, traducteur et érudit suédois musulman Ivan Aguéli (de son nom musulman) Abdul-Hâdi) écrivit dans Pages dédiées à Mercure – Sahaïf Atardiyyah : « Parmi les différentes doctrines ésotériques, il n’en est, à ma connaissance, aucune qui offre autant d’analogie avec celle des Arabo-Islamites que le Taoïsme des chinois, tel que l’a exposé Matgioi dans ses divers ouvrages. Cela est d’autant plus surprenant que l’Islam, non seulement exotérique, mais encore ésotérique, est, je ne dis pas la combinaison, mai le juste milieu et l’équilibre entre le Judaïsme et le Christianisme. La Qabbalah peut être un trait d’union entre Talmudiste et Chrétien, je ne puis dire le contraire. La Qabbalah musulmane n’est pas tout à fait la même chose que celle du “Sepher ha-Zohar” et du “Sepher Ietsirah”, malgré de nombreux rapprochements. L’islam a beau avoir adopté la plupart des personnages et des localités des deux Testaments dans son symbolisme (même avec un sens identique), son esprit est autre. Il s’éloigne des autres traditions dites sémitiques pour se rapprocher nettement du Taoïsme, ou de la “Tradition primordiale”. L’islam, même exotérique, s’est toujours défendu d’être une religion nouvelle ; il a toujours revendiqué le titre de “Dinul-Fitrah”, c’est-à-dire la Religion primitive, celle du commencement de l’Humanité. Il y a une tradition très curieuse du Prophète Mohammed, que voici : « Cherchez la Science, fût-ce en Chine »[5]. On prend la mention de la Chine, ici, pour une simple figure de langage, pour désigner un pays très lointain et inconnu, voulant dire par là qu’aucun effort ne doit être épargné pour trouver la Science. Mais il se peut bien que le Prophète ait fait allusion au Taoïsme ou au Yi-king, car la différence entre l’Islam et la tradition chinoise n’est autre que celle qui existe entre la religion universelle et la Science sacrée. Pour relever tous les points de comparaison entre l’Islam et le Taoïsme, il me faudrait commenter ligne par ligne, page par page, les livres taoïstes de Matgioi d’abord, la traduction du Yi-king de Philastre ensuite. La chose en vaudrait la peine, à cause du résultat surprenant d’une pareille étude. Ici, je me contenterais de signaler quelques principes fondamentaux, savoir (…) dans ce que nous appelons « l’Identité suprême », l’Homme Universel, la cérébralité du raisonnement visuel, la tolérance illimitée, à cause de leur nature, je ne dis pas contraire à la religion, mais extra-religieuse. Je répète que l’énumération de l’accord des 2 doctrines sur les principes mêmes peut s’allonger indéfiniment (…) ».

  Zoroastre[6] était-il un Prophète ? Bien qu’il y ait divergence chez certains savants musulmans[7] pour savoir si Zoroastre était un Prophète (ou les zoroastres ; sachant que le nom Zoroastre désigne sans doute une fonction prophétique, pouvant être incarnées par plusieurs personnes à différentes époques, d’où les mentions d’un Zoroastre vers – 2000, – 1000 et vers – 500, un peu comme les mots arabes nâbi ou rassûl qui désignent respectivement les fonctions de Prophète et de Messager d’Allâh), les critères objectifs pointent vers cette conclusion : (existence d’un Livre et de chants sacrés ; l’Avesta et les Gathas, le monothéisme primordial, l’existence du diable, l’enfer et le Paradis, le Jugement dernier, le pont sirat, la pureté rituelle, le désaveu de l’idolâtrie et de l’apostasie, l’importance de la prière, du jeûne et de la charité, le fait qu’il était polygame, pourchassé et persécuté dans sa terre natale pour sa prédication du Tawhid et de la justice, les prédictions sur l’égarement des Perses qui seront sauvés par un Prophète venu d’Arabie, accompagné de 10 000 Compagnons et Saints qui obtiendront la victoire à la Mecque, la prédiction aussi du Sauveur vers la fin des temps, etc. Le fait aussi que, chaque grand prophète a été à l’origine d’une grande civilisation, parfois revivifiée par certains Sages et Sages. Or, la civilisation perse, durant l’ère pré-islamique, devint une civilisation de grande ampleur, tout comme Moïse, Jésus, Bouddha et d’autres Prophètes ou Sages, furent à la base de grandes civilisations, prêchant aussi le Tawhîd, le désaveu de l’idolâtrie, l’importance de la prière et de la méditation, la spiritualité, la justice sociale, le détachement des illusions terrestres, etc. Et comme de nombreux Prophètes, leurs enseignements originaux (toujours identifiables) ont été pollués et altérés par des conceptions tardives teintées d’idolâtrie et d’innovations blâmables en tous genres. Ensuite dans le Qur’ân, les communautés des Gens du Livre sont mentionnées clairement de façon distincte, par opposition aux simples idolâtres désignés comme « mushrikins », contrairement aux Gens du Livre (Juifs, Chrétiens, Sabéens et Zoroastriens/Mazdéens parmi ceux qui sont explicitement évoqués, et de façon indéterminée quand Allâh précise : « et quiconque parmi ceux qui ont eu foi en Allâh, au Jour dernier et qui ont accompli de bonnes oeuvres »). Et en parlant des Zoroastriens, et la façon de les traiter, le Prophète Muhammad (ﷺ) dit : « Agissez avec eux comme avec les (autres) Gens du Livre », rapporté par Mâlik dans Al-Muwattâ’ n°619 en respectant aussi leurs lieux de culte. La légère différence de formulation peut laisser penser qu’ils ne faisaient peut-être pas partie des « Gens du Livre » de la même façon que les Juifs et les Chrétiens, mais sans doute cela était lié plutôt aux formes traditionnelles nées en milieu sémite, tandis que les autres religions du Livre, sont apparues dans les autres régions du monde. Or, s’ils n’étaient que de simples mushrikîns parmi les dhimmis ou les autres, une autre formulation aurait été sans doute choisie. Wa Allâhu a’lam. Un autre hadith dit aussi « Tout enfant nait « pur » sur la saine conscience primordiale (fitra), mais ce sont leurs parents qui en font de lui un juif, un chrétien ou un zoroastrien/mazdéen (…) »[8]. En tout cas, les Zoroastriens (arabes) furent des résidents et citoyens protégés (dhimmis) dès l’époque du Prophète, notamment ceux du Bahrein, puis ‘Umar a agi de la même façon avec les Zoroastriens de Perse sous son califat, et ‘Uthmân sous son califat, considéra les Berbères (non-islamisés) aussi comme des Dhimmis comme le rapporte l’imâm Mâlik dans son Muwattâ’ n°618 et Al-Bukharî dans son Sahîh n°3156, 3157 et autres.

  D’ailleurs, de nombreux grands philosophes et sages grecs, comme Pythagore, Socrate et Platon (à travers d’Eudoxus notamment), ne disaient-ils pas qu’une partie de leur connaissance (en lien avec la Science sacrée surtout) provient des enseignements de Zarathustra (Zoroastre)[9] ? Dans les dialogues que Platon retranscrivait concernant les enseignements et anecdotes de Socrate, celui-ci disait qu’il « ne savait rien », en ce sens que, dans la Voie spirituelle, il est important de se défaire des préjugés et des illusions des sens pour s’en remettre totalement au Vrai (au Réel absolu ; à Dieu) pour nous instruire de la meilleure manière. Il se comportait humblement comme les sages d’Orient. Comme Zoroastre, il plaçait l’Unité ou Vérité suprême au-delà des dualités, du Bien et du Mal, de l’être ou du non-être. Et comme Lao Tsu, en milieu chinois, il pensait que « celui qui sait ne parle pas et celui qui parle ne sait pas », faisant référence aux vérités subtiles en lien avec les réalités spirituelles.

  Marsile Ficin (1433-1499), se référant à saint Augustin d’Hippone (354 – 430) : « fait d’Hermès Trismégiste le premier des théologiens : son enseignement aurait été transmis successivement à Orphée, à Aglaophème, à Pythagore, à Philolaos et enfin à Platon. Par la suite, Ficin place Zoroastre en tête de ces prisci theologi, [premiers théologiens] pour finalement lui attribuer, avec Mercure, un rôle identique dans la genèse de la sagesse antique : Zoroastre l’enseigne chez les Perses en même temps que Mercure l’enseigne chez les Égyptiens. Ficin souligne le caractère prophétique des écrits d’Hermès : il aurait prédit « la ruine de la religion antique, la naissance d’une nouvelle foi, l’avènement du Christ, le Jugement dernier, la Résurrection, la gloire des élus et le supplice des méchants ». La traduction d’Hermès Trismégiste par le Ficin, imprimée dès 1471, est le point de départ d’une véritable renaissance de l’hermétisme philosophique. Ainsi, c’est par une citation de l’Asclepius [un autre écrit de Trismégiste] que Pic de la Mirandole ouvre son Oratio de hominis dignitate [Oraison sur la dignité humaine] et qu’en 1488, une étonnante représentation du Trismégiste, attribuée à Giovanni di Stefano, est gravée dans le pavement même de la cathédrale de Sienne »[10].

  Paul du Breuil écrivit dans Zarathoustra: Zoroastre et la transfiguration du monde (éd. Payot, 1978) : « Avant Socrate, Zarathustra réalisa donc la transition décisive entre la pensée naturaliste et la nature de dieux qui ne valaient pas mieux que les hommes, vers ce que les Grecs ont appelé l’éthique, portant la réflexion humaine au plan d’une pensée universelle qui tente d’harmoniser nos actes avec le Bien suprême ».

    Sur Zoroastre et le Zoroastrisme, beaucoup de choses erronées sont dites, et il existe encore beaucoup de zones d’ombre. Pour une biographie globalement sérieuse, sur la vie d’un des Prophètes du Zoroastrisme, l’ouvrage Zoroastre le prophète de l’Iran (éd.  Dervy 2012) de Jean Varenne est intéressant. Cependant ses erreurs et préjugés sur l’Islam et la présence musulmane en Iran entachent quelque peu la pertinence globale de l’ouvrage : « Le personnage de Zoroastre est à la fois célèbre en Occident et profondément méconnu : il n’est que de penser qu’on lui associe le nom des mages et, par voie de conséquence, celui de magie pour saisir l’équivoque : l’homme qui avait voué sa vie à combattre les pratiques des magiciens et ne connaissait pas d’injure plus grave que celle de « sorciers » lorsqu’il maudissait ses adversaires, se voit confondu avec eux ! On a même cru qu’il était le « fondateur de la magie », et cela à cause de Platon qui dans le Premier Alcibiade parlait de la « science des Mages, science de Zoroastre, fils d’Oromazès ». Cela va de pair avec l’idée que le prophète iranien était en fait « un Chaldéen » et qu’il pratiquait l’astrologie (sans doute à cause du mot « astre » que l’on croyait reconnaître dans son nom, sans savoir que celui-ci n’était qu’une forme grecque, phonétiquement aberrante, de son patronyme véritable : Zarathushtra). D’où encore la pieuse légende évangélique (Matthieu, 2, 1 à 12) des « rois-mages » guidés par une étoile jusqu’à la crèche où repose l’enfant Jésus. Pareille accumulation de contresens a de quoi surprendre (…). Peut-être cela peut-il s’expliquer par le fait que les Grecs n’eurent jamais de contacts directs avec les zoroastriens qui vivaient à l’est de l’Iran et ne les connurent qu’indirectement par l’intermédiaire des Babyloniens et des Mèdes de la Perse occidentale. Plus tard, lorsque l’expédition d’Alexandre recouvrira tout le domaine iranien, les Grecs ne tenteront pas de vérifier sur place le peu qu’ils savaient (ou croyaient savoir) de la religion du pays. A leur suite, les Romains s’intéresseront davantage à l’organisation politique et militaire de leurs adversaires perses qu’aux croyances de ceux qu’ils tenaient pour des Barbares. Ainsi se perpétuèrent les équivoques jusqu’à ce que l’implantation de l’islam dans tout le Moyen-Orient anéantisse la foi zoroastrienne (sauf quelques survivances sur place et en Inde). L’intérêt porté à la personne et aux doctrines de Zoroastre ne se dément pourtant pas en Europe, de Platon aux philosophes du XVIIIe siècle. Par-delà les idées fausses que l’on se faisait de sa « magie » et de son « astrologie » s’affirmait la croyance que le Prophète iranien était un philosophe, un gnostique, détenteur de secrets divins et faiseur de miracles extraordinaires. Pline affirmait que Zoroastre avait été le seul enfant au monde à « rire le jour de sa naissance » quand tous les autres bébés pleurent (…). Notre Moyen Age crut qu’il avait été l’initiateur et l’instructeur de tous les penseurs grecs, à commencer par Platon et Pythagore. D’aucuns même se risquaient à suggérer que Jésus lui-même avait pu dans sa jeunesse se rendre en Orient pour se mettre à l’école des sectateurs de Zoroastre. D’où enfin l’engouement du XVIIIe siècle ; Jean-Philippe Rameau ne compose-t-il pas un Zoroastre en 1749 (repris à l’Opéra-Comique en 1964) à une époque où philosophes et occultistes se disputent cet initié des temps anciens que l’on imagine sous les traits d’un sage, détenteur de la Vérité éternelle ? Aussi Voltaire et ses amis saluent-ils avec enthousiasme l’initiative du Français Anquetil-Duperron qui décide de se rendre en Inde, où il a entendu dire que subsistait une communauté de zoroastriens, afin de recueillir de leur bouche l’enseignement du Maître, et peut-être même d’en rapporter les livres sacrés si toutefois ceux-ci existent vraiment »

  On apprend ainsi qu’il prêchait le monothéisme, le désaveu total de l’idolâtrie, de la mécréance, de la tyrannie et de la sorcellerie, qu’il désapprouvait fortement l’apostasie, qu’il autorisait la polygamie, qu’il fut d’abord chassé de sa terre natale puis accueilli dans une autre contrée, prêchant la foi dans sa nouvelle contrée, puis revint victorieux sur sa terre natale. Exploit miraculeux réitéré après lui, bien plus tard, par le Prophète Muhammad (ﷺ), mais cette fois-ci avec une ampleur décuplée, et avec une portée éminemment universelle et civilisationnelle sans précédent. On lit parfois que Zarathustra aurait aboli le sacrifice animal, mais cela n’est pas totalement exact comme le note Afsaneh Pourmazaheri dans son article Zoroastre, des origines à l’Islam (avril 2019, La Revue de Téhéran, n°161) : « Dans sa réforme, Zoroastre n’a pas, comme le disent certains érudits, aboli tout sacrifice animal, mais simplement les rites enivrants qui l’accompagnaient. Le sacrifice de haoma (boisson sacrée) devait également être considéré comme une offrande symbolique ; il peut s’agir d’une boisson non fermentée ou d’une boisson ou plante enivrante. Zoroastre a conservé l’ancien culte du feu. Ce culte et ses divers rites ont ensuite été étendus et ont donné à la classe sacerdotale des mages un ordre précis. Son centre, la flamme éternelle dans le Temple de Feu, était constamment lié au service sacerdotal et au sacrifice de haoma ».

   René Guénon écrivit dans Le Démiurge (article paru dans l’ouvrage posthume Mélanges, éd. Gallimard, 1976) : « (…) Il ne peut rien y avoir qui n’ait un principe ; mais quel est ce principe ? et n’y a-t-il en réalité qu’un Principe unique de toutes choses ? Si l’on envisage l’Univers total, il est bien évident qu’il contient toutes choses, car toutes les parties sont contenues dans le Tout ; d’autre part, le Tout est nécessairement illimité, car, s’il avait une limite, ce qui serait au-delà de cette limite ne serait pas compris dans le Tout, et cette supposition est absurde. Ce qui n’a pas de limite peut être appelé l’Infini, et, comme il contient tout, cet Infini est le principe de toutes choses. D’ailleurs, l’Infini est nécessairement un, car deux Infinis qui ne seraient pas identiques s’excluraient l’un l’autre ; il résulte donc de là qu’il n’y a qu’un Principe unique de toutes choses, et ce Principe est le Parfait, car l’Infini ne peut être tel que s’il est le Parfait.
 
     Ainsi, le Parfait est le Principe suprême, la Cause première ; il contient toutes choses en puissance, et il a produit toutes choses ; mais alors, puisqu’il n’y a qu’un Principe unique, que deviennent toutes les oppositions que l’on envisage habituellement dans l’Univers : l’Être et le Non-Être, l’Esprit et la Matière, le Bien et le Mal ? Nous nous retrouvons donc ici en présence de la question posée dès le début, et nous pouvons maintenant la formuler ainsi d’une façon plus générale : comment l’Unité a-t-elle pu produire la Dualité ?
 
     Certains ont cru devoir admettre deux principes distincts, opposés l’un à l’autre ; mais cette hypothèse est écartée par ce que nous avons dit précédemment. En effet, ces deux principes ne peuvent pas être infinis tous deux, car alors ils s’excluraient ou se confondraient ; si un seul était infini, il serait le principe de l’autre ; enfin, si tous deux étaient finis, ils ne seraient pas de véritables principes, car dire que ce qui est fini peut exister par soi-même, c’est dire que quelque chose peut venir de rien, puisque tout ce qui est fini a un commencement, logiquement, sinon chronologiquement. Dans ce dernier cas, par conséquent, l’un et l’autre, étant finis, doivent procéder d’un principe commun, qui est infini, et nous sommes ainsi ramené à la considération d’un Principe unique. D’ailleurs, beaucoup de doctrines que l’on regarde habituellement comme dualistes ne sont telles qu’en apparence ; dans le Manichéisme comme dans la religion de Zoroastre, le dualisme n’était qu’une doctrine purement exotérique, recouvrant la véritable doctrine ésotérique de l’Unité : Ormuzd et Ahriman sont engendrés tous deux par Zervané-Akérêné, et ils doivent se confondre en lui à la fin des temps.

     La Dualité est donc nécessairement produite par l’Unité, puisqu’elle ne peut pas exister par elle-même ; mais comment peut-elle être produite ? Pour le comprendre, nous devons en premier lieu envisager la Dualité sous son aspect le moins particularisé, qui est l’opposition de l’Être et du Non-Être ; d’ailleurs, puisque l’un et l’autre sont forcément contenus dans la Perfection totale, il est évident tout d’abord que cette opposition ne peut être qu’apparente. Il vaudrait donc mieux parler seulement de distinction ; mais en quoi consiste cette distinction ? existe-t-elle en réalité indépendamment de nous, ou n’est-elle simplement que le résultat de notre façon de considérer les choses ?

     Si par Non-Être on n’entend que le pur néant, il est inutile d’en parler, car que peut-on dire de ce qui n’est rien ? Mais il en est tout autrement si l’on envisage le Non-Être comme possibilité d’être ; l’Être est la manifestation du Non-Être ainsi entendu, et il est contenu à l’état potentiel dans ce Non-Être. Le rapport du Non-Être à l’Être est alors le rapport du non-manifesté au manifesté, et l’on peut dire que le non-manifesté est supérieur au manifesté dont il est le principe, puisqu’il contient en puissance tout le manifesté, plus ce qui n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais manifesté. En même temps, on voit qu’il est impossible de parler ici d’une distinction réelle, puisque le manifesté est contenu en principe dans le non-manifesté ; cependant, nous ne pouvons pas concevoir le non-manifesté directement, mais seulement à travers le manifesté ; cette distinction existe donc pour nous, mais elle n’existe que pour nous.

     S’il en est ainsi pour la Dualité sous l’aspect de la distinction de l’Être et du Non-Être, il doit en être de même, à plus forte raison, pour tous les autres aspects de la Dualité. On voit déjà par là combien est illusoire la distinction de l’Esprit et de la Matière, sur laquelle on a pourtant, surtout dans les temps modernes, édifié un si grand nombre de systèmes philosophiques, comme sur une base inébranlable ; si cette distinction disparaît, de tous ces systèmes il ne reste plus rien. De plus, nous pouvons remarquer en passant que la Dualité ne peut pas exister sans le Ternaire, car si le Principe suprême, en se différenciant, donne naissance à deux éléments, qui d’ailleurs ne sont distincts qu’en tant que nous les considérons comme tels, ces deux éléments et leur Principe commun forment un Ternaire, de sorte qu’en réalité c’est le Ternaire et non le Binaire qui est immédiatement produit par la première différenciation de l’Unité primordiale (…) ».

  Et dans La crise du Monde moderne (1927) au chapitre 1 « L’Âge sombre »  il écrivit : « Il est un fait assez étrange, qu’on semble n’avoir jamais remarqué comme il mérite de l’être : c’est que la période proprement « historique », au sens que nous venons d’indiquer, remonte exactement au 6e siècle avant l’ère chrétienne, comme s’il y avait là, dans le temps, une barrière qu’il n’est pas possible de franchir à l’aide des moyens d’investigation dont disposent les chercheurs ordinaires. À partir de cette époque, en effet, on possède partout une chronologie assez précise et bien établie ; pour tout ce qui est antérieur, au contraire, on n’obtient en général qu’une très vague approximation, et les dates proposées pour les mêmes événements varient souvent de plusieurs siècles. Même pour les pays où l’on a plus que de simples vestiges épars, comme l’Égypte par exemple, cela est très frappant ; et ce qui est peut-être plus étonnant encore, c’est que, dans un cas exceptionnel et privilégié comme celui de la Chine, qui possède, pour des époques bien plus éloignées, des annales datées au moyen d’observations astronomiques qui ne devraient laisser de place à aucun doute, les modernes n’en qualifient pas moins ces époques de « légendaires », comme s’il y avait là un domaine où ils ne se reconnaissent le droit à aucune certitude et où ils s’interdisent eux-mêmes d’en obtenir. L’antiquité dite « classique » n’est donc, à vrai dire, qu’une antiquité toute relative, et même beaucoup plus proche des temps modernes que de la véritable antiquité, puisqu’elle ne remonte même pas à la moitié du Kali-Yuga, dont la durée n’est elle-même, suivant la doctrine hindoue, que la dixième partie de celle du Manvantara ; et l’on pourra suffisamment juger par là jusqu’à quel point les modernes ont raison d’être fiers de l’étendue de leurs connaissances historiques ! Tout cela, répondraient-ils sans doute encore pour se justifier, ce ne sont que des périodes « légendaires », et c’est pourquoi ils estiment n’avoir pas à en tenir compte ; mais cette réponse n’est précisément que l’aveu de leur ignorance, et d’une incompréhension qui peut seule expliquer leur dédain de la tradition ; l’esprit spécifiquement moderne, ce n’est en effet, comme nous le montrerons plus loin, rien d’autre que l’esprit antitraditionnel.

Au 6e siècle avant l’ère chrétienne, il se produisit, quelle qu’en ait été la cause, des changements considérables chez presque tous les peuples ; ces changements présentèrent d’ailleurs des caractères différents suivant les pays. Dans certains cas, ce fut une réadaptation de la tradition à des conditions autres que celles qui avaient existé antérieurement, réadaptation qui s’accomplit en un sens rigoureusement orthodoxe ; c’est ce qui eut lieu notamment en Chine, où la doctrine, primitivement constituée en un ensemble unique, fut alors divisée en deux parties nettement distinctes : le Taoïsme, réservé à une élite, et comprenant la métaphysique pure et les sciences traditionnelles d’ordre proprement spéculatif ; le Confucianisme, commun à tous sans distinction, et ayant pour domaine les applications pratiques et principalement sociales. Chez les Perses, il semble qu’il y ait eu également une réadaptation du Mazdéisme, car cette époque fut celle du dernier Zoroastre (1). Dans l’Inde, on vit naître alors le Bouddhisme, qui, quel qu’ait été d’ailleurs son caractère originel (2), devait aboutir, au contraire, tout au moins dans certaines de ses branches, à une révolte contre l’esprit traditionnel, allant jusqu’à la négation de toute autorité, jusqu’à une véritable anarchie, au sens étymologique d’« absence de principe », dans l’ordre intellectuel et dans l’ordre social. Ce qui est assez curieux, c’est qu’on ne trouve, dans l’Inde, aucun monument remontant au-delà de cette époque, et les orientalistes, qui veulent tout faire commencer au Bouddhisme dont ils exagèrent singulièrement l’importance, ont essayé de tirer parti de cette constatation en faveur de leur thèse ; l’explication du fait est cependant bien simple : c’est que toutes les constructions antérieures étaient en bois, de sorte qu’elles ont naturellement disparu sans laisser de traces (3) ; mais ce qui est vrai, c’est qu’un tel changement dans le mode de construction correspond nécessairement à une modification profonde des conditions générales d’existence du peuple chez qui il s’est produit.

En nous rapprochant de l’Occident, nous voyons que la même époque fut, chez les Juifs, celle de la captivité de Babylone ; et ce qui est peut-être un des faits les plus étonnant qu’on ait à constater, c’est qu’une courte période de soixante-dix ans fut suffisante pour leur faire perdre jusqu’à leur écriture, puisqu’ils durent ensuite reconstituer les Livres sacrés avec des caractères tout autres que ceux qui avaient été en usage jusqu’alors. On pourrait citer encore bien d’autres événements se rapportant à peu près à la même date : nous noterons seulement que ce fut pour Rome le commencement de la période proprement « historique », succédant à l’époque « légendaire » des rois, et qu’on sait aussi, quoique d’une façon un peu vague, qu’il y eut alors d’importants mouvements chez les peuples celtiques ; mais, sans y insister davantage, nous en arriverons à ce qui concerne la Grèce. Là également, le 6e siècle fut le point de départ de la civilisation dite « classique », la seule à laquelle les modernes reconnaissent le caractère « historique », et tout ce qui précède est assez mal connu pour être traité de « légendaire », bien que les découvertes archéologiques récentes ne permettent plus de douter que, du moins, il y eut là une civilisation très réelle ; et nous avons quelques raisons de penser que cette première civilisation hellénique fut beaucoup plus intéressante intellectuellement que celle qui la suivit, et que leurs rapports ne sont pas sans offrir quelque analogie avec ceux qui existent entre l’Europe du moyen âge et l’Europe moderne. Cependant, il convient de remarquer que la scission ne fut pas aussi radicale que dans ce dernier cas, car il y eut, au moins partiellement, une réadaptation effectuée dans l’ordre traditionnel, principalement dans le domaine des « mystères » ; et il faut y rattacher le Pythagorisme, qui fut surtout, sous une forme nouvelle, une restauration de l’Orphisme antérieur, et dont les liens évidents avec le culte delphique de l’Apollon hyperboréen permettent même d’envisager une filiation continue et régulière avec l’une des plus anciennes traditions de l’humanité. Mais, d’autre part, on vit bientôt apparaître quelque chose dont on n’avait encore eu aucun exemple, et qui devait, par la suite, exercer une influence néfaste sur tout le monde occidental : nous voulons parler de ce mode spécial de pensée qui prit et garda le nom de « philosophie » ; et ce point est assez important pour que nous nous y arrêtions quelques instants.

(1) Il faut remarquer que le nom de Zoroastre désigne en réalité, non un personnage particulier, mais une fonction, à la fois prophétique et législatrice ; il y eut plusieurs Zoroastres, qui vécurent à des époques fort différentes ; et il est même vraisemblable que cette fonction dut avoir un caractère collectif, de même que celle de Vyâsa dans l’Inde, et de même aussi que, en Égypte, ce qui fut attribué à Thot ou Hermès représente l’oeuvre de toute la caste sacerdotale.

(2) La question du Bouddhisme est, en réalité, loin d’être aussi simple que pourrait le donner à penser ce bref aperçu ; et il est intéressant de noter que, si les Hindous, au point de vue de leur propre tradition, ont toujours condamné les Bouddhistes, beaucoup d’entre eux n’en professent pas moins un grand respect pour le Bouddha lui-même, quelques-uns allant même jusqu’à voir en lui le neuvième Avatâra tandis que d’autres identifient celui-ci avec le Christ. D’autre part, en ce qui concerne le Bouddhisme tel qu’il est connu aujourd’hui, il faut avoir bien soin de distinguer entre ses deux formes du Mahâyâna et du Hînayâna ou du « Grand Véhicule » et du « Petit Véhicule » ; d’une façon générale, on peut dire que le Bouddhisme hors de l’Inde diffère notablement de sa forme indienne originelle, qui commença à perdre rapidement du terrain après la mort d’Ashoka et disparut complètement quelques siècles plus tard 

(3) Ce cas n’est pas particulier à l’Inde et se rencontre aussi en Occident ; c’est exactement pour la même raison qu’on ne trouve aucun vestige des cités gauloises, dont l’existence est cependant incontestable, étant attestée par des témoignages contemporains ; et, là également, les historiens modernes ont profité de cette absence de monuments pour dépeindre les Gaulois comme des sauvages vivant dans les forêts ».

  Il aura fallu plus de 80 ans, pour que les découvertes archéologiques donnent raison à René Guénon à ce sujet, avec des traces historiques et matérielles démontrant l’existence de villes développées gauloises et celtes, puisqu’en2012, l’archéologue et préhistorien Jean-Paul Demoule parlait de ses découvertes qui ont changé l’image que l’on se faisait des Gaulois, confirmant ainsi les propos de René Guénon : « (…) En dix ans, l’Inrap a réalisé 17 000 diagnostics sur 112 000 hectares de zones d’aménagement, réalisé 2 200 fouilles préventives, niveau jamais atteint dans un pays qui a détruit davantage de sites archéologiques qu’ailleurs. On peut dire que, pour l’archéologie, les « Trente Glorieuses » ont été piteuses : songez qu’il n’y a eu aucune fouille préventive lors de la construction du réseau primaire d’autoroutes alors qu’on trouve en moyenne un site au kilomètre : soit 1 200 sites virtuellement détruits sur un trajet Lille-Nice. On partait de presque rien en 1970, avec zéro fouille sur le tracé TGV Paris-Lyon. Il y a eu des progrès dans les années 1990, puis un tournant capital a été pris, même si on n’a pas atteint le rythme de croisière quoi qu’en disent les politiques et aménageurs, qui pensent qu’on en a assez fait.

(…) Il y a trente ans, la vision spontanée d’une civilisation gauloise à la Astérix avec ses villages de huttes dispersés dans des forêts parcourues par des sangliers et des druides cueillant du gui avait encore cours, même chez les scientifiques. Or, que découvre-t-on ? Que la Gaule, déjà déboisée, est quadrillée de fermes aristocratiques réparties sur le territoire dès le 4e siècle avant notre ère. Un siècle après se forment les premiers noyaux urbains, comme celui qui a été mis au jour à Lacoste (en Gironde), et dont les plus grands servaient de capitales à la soixantaine d’États gaulois indépendants qui vont se coaliser contre Rome ou se ranger à ses côtés dans des alliances fluctuantes. Et si la conquête romaine a débouché sur une assimilation rapide, c’est que l’écart entre les deux civilisations n’était pas si grand. (…) Les Gaulois ne vivaient pas seulement dans des maisons de paille et de terre comme les trois petits cochons, ils avaient bâti sur des centaines d’hectares des agglomérations avec des rues à angle droit. Leur production matérielle, leur art celtique, leurs sacrifices d’animaux n’avaient rien à envier aux Romains, qui admiraient certaines réalisations gauloises comme cette brouette à dents poussée par un cheval ou un bœuf, l’ancêtre de la moissonneuse. (…) »[11].

  D’ailleurs, chez les populations celtes[12], antérieures à l’avènement du Christianisme, et tout comme dans l’Ancien Testament, ils prédisaient l’apparition de la figure christique de Jésus, tout comme des textes hindous et zoroastriens – de l’Antiquité – prédisaient aussi la venue du Prophète Muhammad, réinstaurant le monothéisme et la spiritualité au sein des peuples décadents de l’époque. Les peuples se convertissant alors à la nouvelle réadaptation de la Tradition primordiale dans une nouvelle forme traditionnelle, n’y voyaient qu’une continuation logique et naturelle, de la pureté originale – retrouvée – de leur ancienne religion, à l’instar des Turcs tengristes (le Tengrisme originel étant aussi une tradition monothéiste) qui ont rapidement vu dans l’Islam, la continuation, la synthèse et l’épuration du Tengrisme (de ses multiples dérives et croyances apocryphes) pour la fin de notre cycle.

  Tout comme les différentes nations ont donné des noms différents pour désigner l’Absolu (God, Dieu, Dios, Zeus, Odin, Brahma, Yahvé, Tengri, Tao, Grand Manitou, Grand Esprit, Jéhova, Allâh, …) et Ses différents Attributs (qui ont été personnifiés puis perçus chez les idolâtres, par voie de dégénérescence et d’ignorance, comme étant des « divinités » séparées, donnant le « dieu de la guerre », le « dieu de l’amour », le « dieu de la justice », « le dieu de la subsistance et des récoltes » etc.)[13], il en va de même concernant le sauveur qui sera envoyé par Allâh à la fin des temps, pour combattre notamment le Dajjâl (appelé aussi l’antéchrist, la Bête de l’événement, l’Imposteur, etc.) et ses suppôts, tout comme pour le diable (shaytân en arabe par exemple).

  Les Hindous attendent Kalki depuis environ 4000 ans, les Zoroastriens attendent la venue de Saoshyant depuis plus de 3000 ans, les Bouddhistes attendent Maitreya depuis 2600 ans environ, les Juifs attendent le Messie depuis 2500 ans (mais seuls les Juifs qui ont suivi le Christ ont reconnu le vrai Messie, les autres, qui veulent hâter sa venue par l’oppression, la méchanceté et le mensonge, sont les disciples du diable et suivront plutôt le Dajjâl, à l’instar des évangélistes les plus fanatiques, car incapables de reconnaitre la Vérité et la vertu, se laissant tromper par le diable qui les guidera plutôt vers le Dajjâl), les Chrétiens attendent Jésus depuis 2000 ans, les Musulmans attendent le retour du Christ et la venue de l’imâm Mahdi qui épaulera le Christ depuis plus de 1400 ans.

  Toutes les traditions spirituelles ayant une origine divine font allusion à cette période de la fin des temps, où la Religion sera au plus bas, où le satanisme et les croyances telles que l’athéisme et le matérialisme domineront la plupart des sociétés humaines, en même temps que l’insécurité, l’injustice, l’oppression et les grands massacres, l’adultère et l’homosexualité, l’individualisme et le capitalisme, l’usure et les dérèglements climatiques, l’apparition de nouvelles maladies terribles, etc., en somme, autant de signes qui correspondent bien à notre époque.

  Le début d’un cycle correspond à l’âge d’or, avec une période dominée globalement par la vérité (le Sacré), la justice, la spiritualité et la paix, ensuite une phase de stagnation, et enfin une phase de profonde décadence. A l’intérieur de chaque grand cycle, les mêmes phases se réalisent à petite échelle dans des cycles mineurs, propre à chaque ère civilisationnelle – comme l’attestent l’apparition et la chute des différents empires -. Et comme nous sommes dans la phase du mondialisme, les événements eschatologiques que nous vivons actuellement ont une dimension universelle et donc toute particulière, et inédite pour ainsi dire.

  Les Saintes écritures font allusion à des sauveurs à la fin des temps, et dont les différentes descriptions correspondent au Prophète Muhammad (ﷺ), à l’imâm Mahdi et au Christ, qui sont étroitement liés dans leur Mission, bien que distincts dans leur personne. Elles rappellent aussi qu’il ne faut pas être fatalistes ou oisifs, car leur venue ne surviendra que par les efforts réalisés par les croyants, par les bonnes actions et l’endurance qui favorisent les Bénédictions divines et donc le Secours du ciel (Celui du Divin), en luttant contre l’oppression, l’injustice, la tyrannie et le mensonge.

  Les relations entre les différentes communautés, comme nous l’avons vu, selon le Qur’ân (Livre de l’ultime Révélation divine pour notre cycle) doivent être basées sur la sagesse, le bon comportement et les discussions productives et courtoises, et non pas sur le sectarisme, le syncrétisme, le fanatisme et la violence. Ici-bas, nous devons agir avec sagesse, bonté, humilité et justice, car nos différends théologiques, philosophiques, politiques ou scientifiques, seront tranchés seulement, de façon définitive, par Allâh, le Jour du Jugement dernier, et pas avant.

  Comme le pressentent ou le disent ouvertement un certain nombre de non-Musulmans, parmi les Gens du Livre (au sens large) ou même parmi les simples déistes ou agnostiques, il y a une « puissance » particulière et une lumière incomparable qui se trouvent dans l’islam et chez une partie de la Communauté musulmane, celle qui s’attache à ses principes et à ses valeurs malgré les pressions et attaques du monde moderne qui ciblent les Musulmans avant tout, car ceux-ci sont un obstacle majeur au Nouvel ordre mondial (dans sa tendance satanique et oligarchique). La raison en est simple, car Allâh a parachevé l’Islam et y a déposé Sa Baraka tout en la protégeant, tant que des croyants véridiques seront sincères envers Lui, tout en honorant la totalité des Prophètes et de leurs enseignements originels, et c’est pour cela que la Communauté musulmane fut celle qui se propagea le plus rapidement dans le globe, et qui compta le plus de Maîtres spirituels et de Saints ayant atteint les stations spirituelles les plus élevées, et dont plusieurs d’entre eux devinrent les plus grands poètes de l’Humanité, ainsi que les plus grands savants aussi sur le plan exotérique, ou dans le domaine des sciences naturelles et médicales. Et la Communauté musulmane, fut aussi, tout au long de l’histoire, du moins en tant que norme, la protectrice des autres communautés religieuses, les pacifiant tout en honorant leurs prophètes également.

  Alors que chaque religion (au sens de forme traditionnelle) était destinée avant tout à une aire géographique ou ethnique spécifique, le Christianisme fut temporairement universel dans son rôle cyclique jusqu’à l’avènement de l’Islam (comme l’indiquait Jésus dans la Bible, dans son annonce sur le Paraclet, qui comme nous l’avons vu, ne pouvait pas désigner le Saint esprit selon leur définition, ainsi que la prédiction dans la Torah et la Bible concernant la descendance d’Ismâîl, qui ne peut désigner que le Prophète Muhammad et sa communauté), d’ailleurs le fait même que le Christianisme n’ait pas su conserver le dépôt originel à l’échelle mondiale, en perdant sa Loi sacrée, sa langue sacrée et ses doctrines primordiales,  montre la nécessité de l’apparition de l’islam, notamment parce que le christianisme n’avait pas eu prise dans de nombreuses régions du monde à l’époque, que ce soit en Afrique profonde, en Perse, en Arabie ou dans une grande partie de l’Asie, bien qu’il existait quelques petites communautés ici et là, mais sans réelle influence sur la destinée de ces peuples. L’Islam, de par son caractère universel par excellence, et son rôle cyclique majeur, a non seulement permis la revitalisation d’une partie du monde juif et chrétien, mais a aussi éclairé et sauvé les mondes arabe, persan et turc notamment, de la disparition de leur monde et civilisation, qui connaissaient de nombreux troubles majeurs et une phase de décadence avancée. Malgré l’existence de courants sectaires dans le monde musulman, l’Islam demeure entièrement préservé pour ceux qui cherchent sincèrement la Vérité. Le Qur’ân est préservé, la Sunnah prophétique l’est également, tout comme la langue sacrée, la Loi divine, la voie spirituelle et l’ésotérisme orthodoxe.


Notes :

[1] Rapporté par Al-Bukharî dans son Sahîh n°3443.

[2] Rapporté par Ahmad ibn Hanbal dans son Musnad n°2108 selon Ibn ‘Abbâs, Al-Bukharî dans Al-Adab Al-Mufrad n°287 et par As-Suyûtî dans al-Jâmi’ al-Saghîr n°208, sahîh.

[3] Rapporté par Ahmad dans son Musnad, et par al-‘Ajlûnî dans Kashf al-Khafâ’ n°120, selon ‘Aîsha.

[4] Charles-André Gilis, alias Shaykh Abd ar-Razzâq Yahyâ, L’intégrité islamique – ni intégrisme ni intégration, éd. Le Turban Noir, 2011.

[5] Rapporté notamment par Al-Bayhaqî dans Shuʿab al-Imân et dans al-Madkhal, Ibn ʿAbd al-Barr dans Jamiʿ Bayan al-ʿIlm, al-Khatib dans al-Rihla fi Talab al-Hadith p. 71-76 n°1-3 et d’autres. Il a été rapporté par plusieurs chaines selon Anas, Ibn ‘Umar, Ibn Mas’ûd, Jabîr, Ibn ‘Abbâs et d’autres, les voies sont généralement faibles ou très faibles, mais réunies ensemble, se renforcent et atteignent le statut de hassân ou de sahîh, comme pour Al-Mizzi, Al-Sakhawî dans al-Maqâsid al-Hassâna, Al-Munawî dans Fayd al-Qadîr 4/267 et d’autres, le sens rejoint aussi de nombreux autres ahadiths généraux comme « Chercher la science utile et la connaissance est une obligation pour tout musulmane (homme ou femme) » rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°74, que ce soit en Chine, en Arabie, en Inde ou ailleurs.

[6] Certains iraniens contemporains, par islamophobie ou complexe identitaire, qui ignorent tout de l’Islam comme du Zoroastrisme, se rattachent désormais à quelques éléments symboliques du Zoroastrisme, mais sans se douter que les enseignements vertueux et rituels qu’ils désapprouvent ou méprisent dans l’Islam, sont aussi ceux du Zoroastrisme originel.

[7] Le savant musulman et persan Ferdawsî (vers 940 – 1020) dans son Shâhnâmeh considérait Zarathustra comme un Prophète, de même pour la plupart des grands imâms, savants et poètes sûfis persans comme Rûmî, Attâr, Nizâmi, Suhrawardî, etc. Le Shaykh et érudit indien as-Syohârwî dans son Qassas ul-Qur’ân (3/167-171) cite un texte du Zend-Avesta et précise que malgré le fait que leurs textes n’aient pas pu être totalement conservées dans leur authenticité, il témoigne cependant du caractère monothéiste et prophétique du Message originel. Le Shaykh et Dr. Seyyed Hossein Nasr est également de cet avis. Le Shaykh Muhammad as-Shahrastani (1086 – 1153), spécialisé aussi dans les religions comparées, dans Kitâb al–Milal wa al-Nihal, décrit les 3 grands groupes zoroastriens de son temps : les Kayumarthiya, les Zurwaniya et les Zaradushtiya, parmi lesquelles il affirme que seuls les derniers étaient des disciples convenables de Zoroastre. En ce qui concerne la reconnaissance du Prophète, Zoroastre a déclaré : « Ils vous demandent comment reconnaître un prophète et le croire fidèle dans ce qu’il dit ; dites-leur ce qu’il sait que les autres ne savent pas, et il vous dira ce qui se cache dans votre nature. Il sera capable de vous dire tout ce que vous lui demandez et il effectuera des choses que les autres ne peuvent pas effectuer ». Peu de temps avant l’avènement de Muhammad (ﷺ), la Perse était sous la souveraineté des Sassanides, et lorsque les Compagnons du Prophète (ﷺ) arrivèrent en Perse, ils arrivèrent à la conclusion que Zoroastre était vraiment un Prophète lorsqu’ils apprirent ses enseignements fondamentaux.

[8] Rapporté par exemple par Al-Bukharî dans son Sahîh n°1385 selon Abû Hurayra.

[9] Voir par exemple Jacques Duchesne-Guillemin, The Western Response to Zarathustra, Oxford 1958 ; Ruhi Muhsen Afnan, Zoroaster’s Influence on Greek Thought, New York 1965 ; James A.Farrell, The Influence of Zarathustra and Zoroastrianism on Western Culture, Sydney 1977 ; A. D. Nock, “Studien zum antiken Synkretismus aus Iran und Griechenland by R. Reitzenstein, H. H. Schaeder, Fr. Saxl”, The Journal of Hellenic Studies 49 (1), 1929, pp. 111-116 ; Arta Moeini, Zarathustra’s Philosopher: Exploring the Transcendent in Plato’s Republic, 2012 ;ainsi que Pierre-Eugène Lamairesse, L’Inde après le Bouddha, 1892. Malgré les récits apocryphes sur leur vie, de nombreux éléments indiquent que ces 3 sages, parmi d’autres, étaient des initiés sur la Voie spirituelle et la métaphysique d’une part, et adeptes du monothéisme et de l’éthique d’autre part.

[10] Cité notamment dans “Le Ficin : un aristotélicien déguisé en platonicien !”, Artkarel, 20 avril 2023, Karel Vereycken : https://artkarel.com/tag/platon/

[11] “« Les Gaulois retrouvés »”, Sud-Ouest, 15 avril 2012 : https://www.sudouest.fr/gironde/francs/les-gaulois-retrouves-9331219.php».

[12] “Les Druides et le Christianisme (documentaire)”, ProGallia, 20 juin 2020 : https://www.youtube.com/watch?v=zJ1M3vTt384, cependant l’auteur du documentaire parle du Christ comme d’un « dieu » là où les textes anciens parlaient plutôt de Messagers atteignant les plus hautes stations spirituelles et morales, que ce soit pour le Christ comme pour Muhammad. 

[13] Voir René Guénon, Mélanges, chap. 2 : Monothéisme et Angéologie, paru initialement dans Études traditionnelles, oct.-nov. 1946 ; il explique logiquement et métaphysiquement comment surviennent les erreurs et dérives idolâtres à partir des principes théologiques et métaphysiques de l’Unité et du monothéisme. Il en ressort que l’idolâtrie ne peut être qu’une déviation du monothéisme sur les plans métaphysique et théologique, résultant d’une phase de dégénérescence.


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