La question des sectes et du Hadith sur les 73 « groupes et sectes » en Islâm et le commentaire du Shaykh Ahmad Al-Alawî

 Si les débats interreligieux liés à l’Islam subsistent depuis plus de 1400 ans, il en va de même pour les débats intra-religieux, où les passions se mêlent généralement à l’ignorance, à la naïveté ou à l’exagération. Certaines polémiques sont nées d’une totale incompréhension de certains ahadiths, que nous évoquerons et analyserons dans cet exposé.
Nous commencerons par présenter la magistrale argumentation du Shaykh Ahmad al-Alawî, que beaucoup qualifient comme étant le mujadîd de son époque, et son « autorité » remonte par chaine de transmission, jusqu’au Prophète Muhammad (ﷺ).
Dans l’ouvrage Lettre à celui qui critique le Soufisme (éd. La caravane, 2001, traduit et commenté par M. Chabry, auquel nous apportons des précisions et compléments dans ce présent texte), le Shaykh Ahmad Al Alawî répondait aux critiques infondées d’un prédicateur salafiste (rattaché au wahhabisme), notamment sur les questions de la Sainteté, du Tasawwuf, des innovations et des « sectes égarées » vouées à l’Enfer selon le prédicateur wahhabite. Dans les pages 44-55 (de cette édition) le Shaykh Al-Alawî (qAs) écrivait ceci, après avoir cité de nombreuses traditions prophétiques authentifées dans les recueils sunnites au sujet du caractère méritoire des assemblées de dhikr à voix haute :

« Que dire de plus pour juger du caractère traditionnel de l’invocation à voix haute ? Quand bien même tu n’aurais rien trouvé dans la Tradition au sujet des réunions où l’on invoque d’une seule voix, tu aurais dû t’en tenir à ce que disent les juristes de l’appel à la prière réalisé à l’unisson par plusieurs muezzins : ils jugent que cela est plus efficace pour mettre un frein aux passions et agit plus profondément sur le coeur des fidèles. De toute façon, même s’il n’y avait aucune référence scripturaire pour autoriser les réunions du Souvenir et sa pratique à voix haute, il n’en serait pas moins inadmissible de les critiquer puisque les plus grands mujtahids les acceptent ; or tout mujtahid a le droit de voir son point de vue respecté. Mais en réalité, la Tradition est remplie de références explicites ou allusives à cette pratique, comme on l’a vu précédemment.

Finalement, les pratiques du Peuple [ndt : les Sûfis et ceux qui se joignent à leurs assemblées] — invocation, réunions, relations familières, amour fraternel et autres impératifs de la voie — se sont tellement répandues qu’elles ont fini par emporter l’adhésion de presque toute la communauté. Si tu veux t’en rendre compte, et si les décisions des juristes accomplis et des imâms modèles relatives à cette question t’intéressent, alors regarde ce qu’il y a en marge de la Râ’iyya d’al-Sharîshî : ce dernier a réuni une telle quantité de décisions de juristes du passé ou plus proches de nous que je ne peux les citer toutes. Et ne crois pas que les gens auxquels il se réfère soient des juristes marginaux ou spécialement connus pour leur affiliation au soufisme : tu douterais d’eux puisque cette école te parait douteuse ! En fait, il s’agit d’authentiques représentants de l’école de l’Imâm Mâlik, comme par exemple Shabrakhîtî ; ou de celle de Shâfi’î, comme Jalâl al-dîn al-Suyûtî et ses disciples ; ou encore de celle d’Abû Hanîfa, comme par exemple Fîrûzâbâdî, l’auteur du Qâmûs, les hanafites étant particulièrement nombreux. Nous n’en citerons ici que quelques-uns —j’imagine que cela te suffira.

L’auteur des Futûhât wa l-adhwâq raconte que le Shaykh ‘Abd al-Ghânî al- Nâbulusî fut interrogé au sujet des pratiques des soufis, telles que les cercles du Souvenir et l’invocation à voix haute dans les mosquées ou ailleurs. Après s’en être pris à ceux qui s’opposent aux gens du Souvenir, ce dernier répondit : « Je vais te rapporter ce qu’ont écrit les savants dans leurs livres fiables, acceptés et reconnus par les musulmans, et t’informer des décisions propres aux quatre écoles juridiques. Allâh est le Maître de la grâce et des bienfaits ! Le grand hâfidh Jalâl al-dîn al-Suyûtî — que Dieu soit satisfait de lui —, spécialiste du hadîth et au nombre des plus grands imâms shafiites, a composé au sujet de l’invocation à voix haute un ouvrage intitulé : “Réflexions à propos de l’invocation à voix haute”. Dans ce livre, l’auteur répond à la question suivante : les pratiques de certains soufis, réunions du Souvenir, invocation à voix haute dans les mosquées, élévation de la voix pour réciter le témoignage de foi, sont-elles déconseillées ou non ? Il conclut qu’il n’en est rien : “Certains ahâdîth montrent qu’il est souhaitable d’invoquer à voix haute et d’autres à voix basse : on les concilie en déduisant que cela dépend des circonstances et des individus” ». L’auteur poursuit alors en citant les avis des docteurs des différentes écoles.

Tu admettras probablement que Suyûtî a une connaissance des principes et des applications juridiques supérieure à la tienne, de même que le grand malikite Shabrakhîtî — que Dieu soit satisfait de lui. Je m’en vais donc te rapporter ses propos et les avis qu’il a rendus. Après avoir loué Dieu et demandé la grâce et la paix pour Son Envoyé, il dit ceci : « Les séances d’invocation que pratiquent ces grands hommes sont bien connues : les savants et les juristes assistent à leur réunions, génération après génération, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours. Leur état est louable, leur voie bénéfique, et quiconque leur cause du tort s’expose aux menaces énoncées dans la tradition sanctissime : “Quiconque nuit à l’un de Mes saints [ndt : aussi : Rapprochés, Alliés], Je lui déclare la guerre”. Certains parmi eux ne sont pas des saints ; mais grâce à l’amour qu’ils portent à ces derniers, et parce qu’ils suivent leur voie, ils bénéficient de la protection divine accordée aux saints ».

Cette citation est tirée de l’ouvrage al-Nusra al-nabawiyya, qui rapporte également les propos suivants de Fîrûzâbâdî : « Il est inacceptable de s’opposer au Peuple de manière irréfléchie (1), du fait de leur haut niveau de compréhension et de dévoilement spirituel. On ne sache pas qu’ils aient prescrit des pratiques néfastes pour la religion ou qu’ils aient interdit de pratiquer l’ablution, la prière ou l’un des rites obligatoires ou recommandés de l’Islam. Leurs propos sont simplement parfois un peu trop subtils pour certaines intelligences. » Selon la Nusra al-nabawiyya, Fîrûzâbâdî disait également : « Le Peuple a atteint des stations et des degrés de science inconnus [ndt : auprès des gens de la masse et des savants dénués de « profondeur spirituel »]. Si les sources scripturaires n’en parlent pas explicitement, les plus grands savants, ceux qui mettent en pratique leur science, n’ont cependant aucun mal à les mettre en relation avec le Livre et la Tradition, et ce, pour 2 raisons : ils savent extraire des textes [les sciences] qu’ils recèlent, et ils se font une excellente opinion des Justes. Malheureusement, bien peu de gens ont la capacité de s’abstenir de critiquer les discours qu’ils ne comprennent pas, l’être humain étant naturellement pressé (2). Qu’il suffise de rappeler ici qu’Abû l-Abbâs Ibn Surayj, malgré sa science et son intelligence, critiquait cet art. Il vint cependant assister à une réunion tenue par Abû l-Qâsim al-Junayd, pour voir en quoi consistait l’enseignement des soufis ; puis, à l’issue de celle-ci, il répondit à ceux qui lui demandaient son avis : “Je ne comprends pas ce qu’il dit, mais je trouve que son discours agit fortement sur le coeur, que son aspect extérieur témoigne d’une réelle spiritualité et d’une consécration totale à Dieu, et qu’enfin, ses propos n’ont rien d’erroné”… ».

Mon frère, je ne sache pas que tes prédécesseurs, parmi les savants de la région de Tunis, aient agi comme toi. Au contraire, il est notoire qu’ils révéraient l’école du soufisme et vénéraient ses adeptes. Ils sont bien au courant de la fatwa du Shaykh de l’Islam, Muhammad Bîram ; en réponse à une question relative aux pratiques des soufis, ce dernier affirme notamment que : « cette voie dispose d’une chaîne de garants par laquelle elle remonte jusqu’au transmetteur de la Révélation — sur lui la grâce et la paix —, ce qui est sans nul doute conforme aux principes de cette religion solidement établie qui est la nôtre. Dans les précis de science du hadîth et les ouvrages traitant des fondements du droit, les savants ont en effet montré que la notion de chaîne de garants est l’une des particularités de cette noble communauté bénie ; or, comme nous l’avons dit, [c’est le Prophète lui-même qui] en constitue le premier maillon. Dans cette voie, on pratique en particulier l’invocation à voix haute : rien ne s’y oppose, comme le montre le passage suivant du Durr al-mukhtâr ‘an al- fatâwâ l-khayriyya : “le hadîth lui-même incite à pratiquer l’invocation à voix haute conformément à la tradition suivante, rapportée par Bukhârî et Muslim : ‘… et s’il M’invoque dans une assemblée, Je l’invoque dans une assemblée meilleure’.” (3) Hamawî rapporte également ceci de l’Imam Sha‘rânî : “Les savants d’hier et d’aujourd’hui sont d’accord sur le caractère recommandé de l’invocation en groupe dans les mosquées ou ailleurs, sauf lorsque cela gène ceux qui dorment, prient ou récitent le Coran…” » Cet extrait est tiré de la Nusra al-nabawiyya, qui rapporte les propos de Sha‘rânî in extenso. Cet avis et ceux du même ordre qu’ont émis les savants de Tunisie témoignent de leur respect à l’égard des membres des confréries, exception faite du comportement du Cadi Ibn al-Barrâ envers l’Imam Shâdhilî — que Dieu soit satisfait de lui —, mais cette histoire est bien connue (4). Soit dit en passant, Ibn al-Barra ne s’opposait pas au soufisme dans son principe, mais à quelqu’un en particulier ; il en subit d’ailleurs les conséquences que l’on sait. Que Dieu nous préserve, ainsi que les musulmans, des critiques malsaines sur l’Islam et les musulmans !

Tu dis ensuite que Mâlik — que Dieu soit satisfait de lui — a ainsi commenté Sa Parole — exalté soit-Il — : « Aujourd’hui, J’ai parfait votre religion… » (5) « [Les pratiques] qui, le jour où fut révélé ce verset, ne faisaient pas partie du rituel religieux, n’en font toujours pas partie aujourd’hui ; seuls les actes de dévotion instaurés par la Loi peuvent être pratiqués ».

Tu accoles ensuite à cette citation un commentaire de ton cru : « or, de tels rassemblements n’ont jamais été instaurés par la Loi ; ils ne sont donc pas valables pour adorer Dieu. » Vraiment, on ne peut considérer comme scientifiquement fiables les gens qui, comme toi, ne distinguent pas le texte d’origine de leurs propres commentaires ! A propos d’Ibn Ishâq, quelqu’un demanda à l’Imam Ahmad [Ibn Hanbal] — que Dieu soit satisfait de lui — : « Acceptes-tu un hadîth dont il est le seul transmetteur ? » Ce dernier répondit alors : « Non, par Dieu ! Il lui arrive en effet de rapporter les paroles d’un groupe de plusieurs personnes sans attribuer précisément à chacun ses propos » (6).

J’ai l’impression que ton but, c’est que le lecteur s’imagine que les propos de Mâlik reviennent à dire que les pratiques des soufis sont une sorte de religion nouvelle. Voilà vraiment la pire des diffamations de ta part ! De plus, en voulant jeter le doute sur les soufis, tu risques d’aller bien au-delà et de mettre en cause toutes les autres écoles, puisque tu interprètes 1 ’ijtihâd (7) comme une religion additionnelle. A Dieu ne plaise que la communauté de Muhammad ne s’accorde pour remplacer la religion de l’Islam par une autre ! Si seulement tu avais fait attention au hadîth que tu cites toi-même : « Vous devez suivre ma Tradition et la Tradition des Califes bien dirigés qui viendront après moi… » (8), tu aurais compris que l’’ijtihâd des mujtahids fait partie de la Tradition (sunna) ; ils sont en effet des « Califes sur terre » (9) dont la fidélité [à la Tradition] est unanimement reconnue. Tu aurais dû au minimum considérer que les fondateurs de l’école du soufisme font partie des mujtahids, leur ijtihâd portant sur le domaine de l’ihsân. Ils sont ainsi semblables à Ash‘ârî, dans le domaine de l’îmân, ou à Mâlik et aux autres fondateurs d’école juridique, pour le domaine de l’islâm, la religion étant constituée de ces 3 domaines, comme le montre un célèbre hadîth (10).

Ces assemblées que tiennent les soufis, puisque tu semblais avoir des doutes à ce sujet, proviennent bien de la Loi révélée (shar’) : ce qui le prouve, ce sont tous ces ahâdîth selon lesquels les réunions du Souvenir sont hautement souhaitables.

Si l’on voulait à tout prix parler d’innovation à propos des pratiques des soufis, ce terme ne pourrait convenir qu’à condition de préciser qu’il s’agit d’innovations louables, appelées « tradition » (sunna) dans le hadîth où le Prophète dit : « Quiconque instaure une bonne tradition (sunna) en obtiendra une double récompense : la première pour l’avoir introduite, la seconde constituée par la somme des récompenses acquises par ceux qui l’auront pratiquée jusqu’au jour du Jugement… » (11). Réfléchis bien à cette façon d’appeler « tradition » ce qui est en réalité une innovation. Ignores-tu que les prières en commun dans les mosquées pendant les nuits de Ramadan sont une innovation du Calife ‘Umar ? A propos de cette pratique, qui est devenue une tradition très suivie, il a lui-même dit — que Dieu soit satisfait de lui — : « Quelle excellente innovation (ni’matu l-bid’a) ! » (12). II s’agit bien dans ce cas de rites religieux [supplémentaires], et pourtant personne ne fait de difficulté. Quant à l’école du soufisme, si elle rentre elle aussi dans le cadre du domaine religieux, elle se situe uniquement au niveau de l’orientation intérieure et ne vise ni à rajouter des rites ni à en retrancher. Elle consiste essentiellement à purifier son intérieur, à parfaire son caractère, à s’adonner à l’invocation en se concentrant sur L’Invoqué [c’est-à-dire Allâh et Ses Noms] et à s’acquitter de ses obligations en tout domaine. Cela te paraît-il contraire à la religion ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une aide ?

Tu t’es mis à dénoncer ces prétendues innovations, mais à mon avis, tu ne fais aucune différence entre « l’innovation louable » — celle que le Prophète appelle « tradition » dans le hadîth : « Quiconque instaure une bonne tradition… » — et celle qui est effectivement néfaste (et blâmable). Il est d’ailleurs à craindre que, s’en t’en rendre compte, tu n’en arrives à critiquer bon nombre de tes propres pratiques religieuses. Ignores-tu que l’on applique aux innovations les 5 statuts légaux que sont l’obligatoire, le recommandé, le permis, le déconseillé et l’interdit ? ‘Azz al-dîn Ibn ‘Abd al-Salâm est allé assez loin dans l’établissement d’une telle classification ; concernant l’obligatoire, il donne l’exemple suivant : « L’innovation obligatoire, c’est ce qui est nécessaire pour réaliser un acte obligatoire : on peut citer notamment le cas de la grammaire » (13) Ignorerais-tu que la grammaire est une innovation ? Il en va d’ailleurs de même de tous ces arts que l’on t’a enseignés, la rhétorique, la logique, la prosodie, la critique, la lexicologie, voire le fait d’assister à des cours et d’enseigner ou encore la rédaction de livres scientifiques elle-même : toutes ces choses relèvent bien du domaine des innovations, mais qu’en penses-tu ? Sont-elles de ces innovations qui égarent et mènent en enfer ou s’agit-il plutôt d’innovations positives méritant récompense ? Si tu penches pour cette dernière hypothèse, alors pourquoi ne pas considérer que les assemblées du Souvenir font aussi partie de cette catégorie ? Et encore, car c’est uniquement pour les besoins de la démonstration que j’ai mis de côté preuves et références scripturaires : celles-ci sont tellement explicites qu’elles se passent de tout commentaire. En réalité, c’est ton manque d’objectivité qui t’empêche de reconnaître [la vérité], sans parler du manque de science, un sérieux obstacle à la compréhension, en vérité !

Les savants — que Dieu soit satisfait d’eux — ont en effet bien défini ce qu’est l’innovation dont il faut se garder. Pour l’Imâm Shâfi’î — que Dieu soit satisfait de lui —, « l’innovation [blâmable] est ce qui contredit le Qur’ân ou une sunna [du Prophète], ou bien le consensus (14), ou encore un athar (15), mais ce qui ne s’y oppose en rien est une innovation louable » (16). D’après Ibn Hajar al-Haytamî, la contradiction en question, qui peut être immédiatement évidente ou résulter d’une conséquence nécessaire, fait rentrer cette innovation, selon les cas, dans le cadre de l’interdit ou dans la catégorie du déconseillé. Tu m’accorderas probablement que l’ijtihâd est l’une des spécificités de la communauté musulmane ; et tu sais par ailleurs que les arcanes de la religion sont au nombre de 3 : les rites (islâm), la foi (imân) et la recherche de l’excellence (ihsân) ; alors pourquoi accepter d’un côté l’ijtihâd des 4 Imams [Mâlik, Shâfi’î, Abû Hanîfa et Ibn Hanbal] ou de leurs semblables dans l’ordre des rites, l’ijtihâd théologique d’Ash‘arî et de Mâturîdî dans le domaine de la foi, et rejeter de l’autre l’ijtihâd de Junayd et de son école quant à la recherche de l’excellence (spirituelle, morale et éthique) ? Faut-il en déduire que tu ne considères pas une telle recherche comme l’un des piliers de la religion ? Non, par Allâh, je ne peux imaginer que tu oublies ainsi l’essentiel !

[Encore une fois,] cette digression sur la signification du terme « innovation » ne sert qu’à montrer la manière de procéder lorsqu’aucune source scripturaire ne permet de trancher, de façon à déterminer le caractère blâmable ou louable d’une innovation. Mais en réalité, ces réunions que tiennent les soufis font partie de la Loi révélée (shar‘) de la manière la plus évidente qu’il soit, sauf pour celui qui n’a pas soigneusement étudié les données traditionnelles ou que le sectarisme aveugle au point de détourner son regard de tout ce qui, dans le Livre et la Tradition, milite en faveur d’une telle pratique. A vrai dire, je suis bien certain que tu connais toutes ces données traditionnelles encourageant les cercles du Souvenir et les réunions où on le pratique ; j’ai procédé ainsi pour agir à la façon de ces orateurs qui s’adressent par moment au savant comme s’il ne savait pas. Comme le dit al-Akhdarî :

« Comme si nous disions au savant plein d’insouciance :

« Le Souvenir est une clé pour la porte de la Présence ».

Maintenant que tu es convaincu que les assemblées du Souvenir sont chose souhaitable, réponds-moi, par Allâh ! Où sont-elles donc ces assemblées désirables ? Sont-elles ailleurs que sur terre ? Ailleurs que dans la communauté de Muhammad ? En a-t-on entendu parler sans jamais les avoir vues ?

Tu n’as probablement pas une haute estime de ces membres des confréries (voies sûfies) qui se rassemblent pour le Souvenir ; sinon, tu en serais jaloux. Ignores-tu que le Prophète — sur lui la Grâce et la Paix — les a décrits comme un mélange d’individus provenant de groupes différents, qui se réunissent uniquement pour le Souvenir et rien d’autre. Il a dit — sur lui la Grâce et la Paix — : « A la droite du Miséricordieux — en réalité, Ses deux Mains sont droites —, on trouve des hommes qui ne sont ni Prophètes ni Martyrs, et dont la clarté du visage éblouit ceux qui les regardent. Les Prophètes et les Martyrs les envient à cause de leur place et de leur proximité de Allâh — exalté soit-Il. » Quelqu’un demanda alors : « Qui sont-ils donc ? » Le Prophète répondit : « C’est un rassemblement de personnes appartenant à des clans bien distincts, qui se réunissent en vue du Souvenir de Dieu, choisissant de ne dire que les meilleures paroles, tout comme un gourmet ne sélectionne que les meilleures dattes » (17).

Une telle description — qu’Allâh te fasse miséricorde — ne correspond-elle pas à ce que sont les réunions de soufis ? Ignores-tu que leurs assemblées réunissent des gens dont les origines sont les plus diverses, qu’aucune parenté ne lie et qu’aucun gain n’attire ? Ne sont-ils pas ceux qu’Allâh appellera ainsi au jour de la Résurrection : « Où sont-ils, ceux qui s’aimaient en Moi ? » (18).


Quelle mouche t’a donc piqué ? Cherches-tu à rompre les liens qu’Allâh a ordonné de maintenir et de vénérer (19) ? Ignores-tu qu’aimer Dieu, c’est aimer le Souvenir d’Allâh et ceux qui le pratiquent ? Ne sais-tu pas que Dieu défend jalousement les membres des confréries, quand bien même leurs prétentions seraient mensongères ? Je t’en conjure, par Allâh et son saint Prophète ! Abandonne ton animosité à l’égard de ceux qui invoquent : « Pas de divinité si ce n’est Allâh » ! Laisse-les, eux et leurs affaires, car c’est Allâh qui les jugera au jour de la Résurrection, et je crains fort que « Pas de divinité si ce n’est Allâh » ne soit ton adversaire ce jour-là ! Et Allâh vous met en garde contre Lui-même (20). Ibn ‘Arabî al-Hâtimî — que Dieu soit satisfait de lui — fait la mise en garde suivante dans sa Wasiyya : « Malheur à toi si tu t’attaques à ceux qui invoquent (21) : « Pas de divinité si ce n’est Allâh », car cette formule leur confère de la part d’Allâh la plus grande sainteté. Ils sont les saints d’Allâh, et quand bien même ils commettraient un monceau de fautes, Allâh les rétribuera par une mesure égale de Son pardon s’ils ne Lui associent rien ». C’est ce dont témoigne le hadîth rapporté par Hudhayfa — que Dieu soit satisfait de lui —, selon lequel le Prophète — sur lui la Grâce et la Paix — a dit : « Il viendra un temps où les hommes ne sauront plus ce que sont la prière, le jeûne, le pèlerinage ou l’aumône.

— Nous nous souvenons, diront-ils, que nos parents disaient : « Pas de divinité si ce n’est Allâh » ». Quelqu’un demanda à Hudhayfa : « Et à quoi cela leur servira-t- il ? » Il répondit alors par 3 fois : « Pas de divinité si ce n’est Allâh les sauvera du feu » ».

S’il en est ainsi, alors que dire de quiconque prie, jeûne, fait le pèlerinage et l’aumône ? Est-il permis de l’attaquer ? Par le droit qu’ils ont sur toi ! Si seulement tu pouvais délaisser cette haine des membres des confréries qui t’anime et te les concilier ! Si seulement tu t’humiliais par le coeur et la langue, en demandant à Allâh qu’il te pardonne ton passé ! Mais existe-t-il une transgression plus exécrable que d’appliquer à la communauté des soufis, comme tu le fais, les ahâdîth qui concernent les déviants et les égarés ?

Et cela ne te suffisait pas ! Il a fallu que tu en fasses l’un de ces groupes dont les membres sont destinés au feu, en te référant à sa parole — sur lui la Grâce et la Paix — : « Ma communauté se divisera en 70 et quelques groupes. Tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui auront suivi cette voie qui est la mienne et celle de mes Compagnons ». Ton propos est clair : selon toi, les soufis forment l’un de ces groupes ; mais dans ce différend qui t’oppose aux soufis, je laisse le soin de trancher à Dieu, à Son Prophète et aux Justes parmi les croyants (22). Mais puisque tu considères l’école du soufisme (Tasawwuf) comme l’un de ces groupes, tu risques d’avoir quelques difficultés à compléter le nombre de « 70 et quelques », à moins bien sûr d’y englober tes semblables et toi-même, [ce qui serait tout à fait logique] puisque tu les cherches parmi les gens de la Tradition et de la communauté !

Mais pourquoi donc ne cites-tu pas le hadith qu’a rapporté l’Imâm Al-Ghazali dans son Fasl al-tafriqât ? Le Prophète a dit : « Ma communauté se séparera en 70 et quelques groupes. Ils iront tous au paradis, excepté le groupe des hérétiques » [ndt : un hadith ayant le même sens fut rapporté aussi par Al-Khatîb al-Baghdadî selon Ibn ‘Umar avec une chaîne sahîh]. Bien sûr, ton regard n’est pas tombé sur ce hadith ! Il s’est arrêté à ce qui t’arrangeait pour promettre le feu au reste des Musulmans et vous réserver exclusivement le Paradis, à tes semblables et à toi-même.

Dis : « Si la demeure dernière auprès d’Allâh vous est réservée, à l’exclusion de tout autre, souhaitez donc la mort si vous êtes sincères ! ». Mais ils ne la désireront jamais à cause des œuvres qu’ils ont accomplies. Allâh connaît bien les injustes » (Qur’ân 2, 94).

J’imagine que tu dois te demander comment l’on peut concilier ces 2 paroles du Prophète. Tu ne trouveras qu’un soufi pour résoudre cette difficulté ou d’autres du même ordre. Malheureusement tu ne pourras t’abaisser à le questionner, car la jalousie a clos en toi la porte de l’objectivité et t’empêche de reconnaître tes carences. Quoi qu’il en soit, je dirai ce que Dieu a révélé [à ce soufi] ; à supposer que tu n’en aies pas besoin, cela pourra toujours servir aux autres.

Ces 2 paroles sont aisément conciliables. Il suffit pour cela de considérer que le terme « communauté » désigne l’ensemble de ceux auxquels le message est prêché dans le premier hadith, et l’ensemble de ceux qui répondent à cet appel dans le second. Le sens s’éclaircit dès lors que l’on exploite la forme complète du hadith, qui est la suivante. Le Prophète a dit : « Les Juifs se sont séparés en 71 groupes et les Chrétiens en 72. Quant à ma communauté, elle se séparera en 73 groupes ; tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui suivent cette voie qui est la mienne et celle de mes Compagnons ».

La succession mentionnée met en évidence qu’il existait 70 religions avant la venue de Moïse – sur lui la paix -, la sienne constituant la 71ème. Ces groupes sont voués à l’enfer, en dehors de ceux qui ont suivi cette voie qui était la sienne – sur lui la Paix – et celle de ses Compagnons. L’ensemble des 71 groupes peut être appelé sa « communauté » parce qu’il était l’Envoyé d’Allâh pour cette époque, et que sa prédication d’adressait donc à eux. Après la venue de Jésus – sur lui la Paix -, qui complète le chiffre de 72, tous les groupes autre que ceux qui suivaient sa voie et celle de ses disciples sont destinés au feu. Ahmad – sur lui la grâce et la paix – fut par la suite envoyé avec la religion ahmadienne primordiale (23) qui correspond au 73ème des groupes mentionnés ; tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui suivent cette voie qui est la sienne et celle de ses Compagnons.

Et là encore, le mot « communauté » désigne l’ensemble des gens auxquels sa prédication s’adresse ; il disait en effet : « Je suis l’Envoyé d’Allâh pour tout homme vivant à mon époque ou né après moi (24) ». Après lui, la religion ahmadienne s’est divisée, selon le deuxième hadith, en 70 et quelques groupes ; ils représentent les différentes écoles et les approches divergentes, dont les partisans iront tous au paradis, à l’exclusion des hérétiques.

Voilà ce qu’exigent la bonté Muhammadienne et la Miséricorde divine ! S’il n’en était ainsi, c’est la presque totalité de la communauté qui serait perdue, puisque seule une partie sur 70 et quelques serait sauvée ; d’ailleurs, en l’occurrence, rien ne permet d’identifier clairement cette partie, et ce qui le prouve, c’est que chaque groupe prétend être l’heureux élu (25). Quant à moi, j’affirme qu’Allâh – gloire à Lui – est conforme à la [bonne] opinion qu’ont de Sa Personne ceux qui croient en Lui (26), à Son Prophète et au Jour dernier, lorsqu’ils font un effort pour se rapprocher de Lui. S’ils tombent juste, 2 récompenses leur échoient (27), dans l’hypothèse inverse, ils en obtiennent au moins une.

Ils sont donc récompensés quoi qu’il arrive, que tu le veuilles ou non, car les créatures ne sont pas dans l’obligation d’être infaillibles ; elles sont simplement tenues d’essayer d’être dans le vrai, et cela s’explique par la « largesse » de la voie ahmadienne, à laquelle fait allusion ce verset : Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion » (28). En témoigne également le hadith marfû (29) rapporté par Tabarânî, selon lequel le Prophète a dit : « 300 chemins (tarîqa) différentes mènent à ma loi (sharî’a). Il suffit de suivre l’un d’entre eux pour être sauvé ». Mais ce qui corrobore plus encore cette idée, c’est le hadith rapporté par As-Suyûtî dans son Jâmi’ al-saghîr, selon lequel le Prophète a dit : « Dans toute communauté, une partie des gens va au paradis tandis qu’une autre se retrouve dans le feu, sauf dans le cas de ma communauté qui, tout entière, ira au paradis » (30), et – s’il plaît à Allâh – il en sera bien ainsi !

Comment se fait-il que tu ne sois pas tombé sur ces traditions pleines d’espoir, annonciatrices du salut de la communauté ? C’est bien simple : c’est parce que tu es partial ! Car jusqu’à maintenant, tu n’as en revanche oublié aucune référence scrip- turaire qui puisse te servir à condamner les gens du Souvenir et à les exclure de la miséricorde de Dieu, elle qui englobe [pourtant] toute chose » (31), agissant comme si ces références s’appliquaient à eux ! Après avoir prétendument prouvé que ce sont bien eux les innovateurs, tu cites la parole du Prophète — sur lui la grâce et la paix — : « Dieu refuse d’accepter les oeuvres d’un innovateur tant qu’il ne renonce pas à son innovation. » Tu aimerais bien qu’elle signifie que Dieu n’acceptera rien des gens du Souvenir tant qu’ils continueront à pratiquer l’invocation et à se rassembler pour cela : d’après toi, en effet, c’est une innovation blâmable. Mais à Dieu ne plaise ! Si ces groupes de gens du Souvenir se séparaient, délaissant cette oeuvre majoritairement pratiquée, où donc iraient-ils et à quelles réunions préférerais-tu qu’ils assistent ? Devraient-ils traîner dans les rues ou se tourner vers de vaines distractions ? Ignores-tu que les hommes sont naturellement enclins à se réunir ? As-tu donc quelque chose de mieux à proposer aux musulmans que de se réunir pour Dieu et son invocation ? Après cela, en quoi auront-ils foi s’ils ne croient pas en Allâh et à Ses signes (32) ? ».

Quant au hadith qui est mal compris, et qui sert de support au « sectarisme » de la « salafiyya/wahabiyya » ou même de certains réformistes qui pensent que tous les Musulmans sont égarés et ignorants sauf eux : « Attention ! Les gens du Livre, avant (vous) se sont divisés en 72 groupes, et cette communauté se divisera en 73, 72 d’entre eux iront en enfer et l’une d’entre elles ira au paradis, et c’est le groupe majoritaire (Jamâ’ah) » (33) et selon d’autres variantes, rapportées notamment par Ibn Kathîr dans Al-Bidaya wa an-Nihaya et par At-Tirmidhî dans ses Sunân sur le « groupe sauvé » parmi les musulmans : « (…) sont ceux qui suivent ma voie et celle de mes compagnons ».

Ibn Kathîr dans son Tafsîr au passage du Qur’ân 6/65 : « Où il fera de vous des sectes et des groupes dont les uns subiront la violence des autres » écrit : « Il a été rapporté dans le hadith que le Messager d’Allâh a dit : « Cette Communauté se divisera en 73 groupes. Excepté un, tous seront en Enfer » mais ne ne l’a déclaré ni bon (hasân) ni fiable (sahîh).

L’imâm As-Shawkânî dans Fath al-Qadir (2/59) a cité le propos d’Ibn Kathir puis précise : « S’agissant de l’ajout : « Excepté un, tous seront en Enfer », il a été affaibli par nombre de spécialistes du Hadith. Ibn Hazm dit qu’il a été inventé ».

Un passage du Qur’ân parle de toute façon de cette réalité qui permet d’éclairer ce hadîth quant à sa portée : « Et ne vous approchez des biens de l’orphelin que de la plus belle manière, jusqu’à ce qu’il ait atteint sa majorité. Et donnez la juste mesure et le bon poids, en toute justice. Nous n’imposons à une âme que selon sa capacité. Et quand vous parlez, soyez équitables même s’il s’agit d’un proche parent. Et remplissez votre engagement envers Allah. Voilà ce qu’Il vous enjoint. Peut-être vous rappellerez-vous. « Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie ».  Voilà ce qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété. Puis Nous avons donné à Mûsâ le Livre complet en récompense pour le bien qu’il avait fait, et comme un exposé détaillé de toute chose, un guide et une miséricorde. Peut-être croiraient-ils en leur rencontre avec leur Seigneur (au jour du Jugement dernier). Et voici un Livre (le Qur’ân) béni que Nous avons fait descendre – suivez-le donc et soyez pieux, afin de recevoir la miséricorde – afin que vous ne disiez point : « On n’a fait descendre le Livre que sur 2 peuples avant nous, et nous avons été inattentifs à les étudier ».

Ou que vous disiez: « Si c’était à nous qu’on avait fait descendre le Livre que nous aurions certainement été mieux guidés qu’eux ». Voilà certes que vous sont venus, de votre Seigneur, preuve, guidée et miséricorde. Qui est plus injuste que celui qui traite de mensonges les versets d’Allâh et qui s’en détourne ? Nous corrigerons ceux qui se détournent de Nos versets, pour s’en être détournés. Qu’attendent-ils ? Que les Anges leur viennent ? Que vienne ton Seigneur ? Ou que viennent certains signes de ton Seigneur ? Le jour où certains signes de ton Seigneur viendront, la foi en Lui ne profitera à aucune âme qui n’avait pas cru auparavant ou qui n’avait acquis aucun mérite de son credo. Dis: « Attendez ! ». Nous attendons, Nous aussi.

Ceux qui émiettent leur religion et se divisent en sectes et en groupes, de ceux- là tu n’es responsable en rien : leur sort ne dépend que d’Allâh. Puis Il les informera de ce qu’ils faisaient.

Quiconque viendra avec le bien aura 10fois autant; et quiconque viendra avec le mal ne sera rétribué que par son équivalent. Et on ne leur fera aucune injustice. Dis: « Moi, mon Seigneur m’a guidé vers un chemin droit, une religion droite, la religion d’Ibrâhîm, le soumis totalement à Allâh et qui n’était point parmi les idolâtres. Dis: « En vérité, ma Salât, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allâh, Seigneur de l’Univers. A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre (à Lui). Dis: « Chercherais-je un autre Seigneur qu’Allâh, alors qu’Il est le Seigneur de toute chose ? Chacun n’acquiert [le mal] qu’à son détriment : personne ne portera le fardeau (responsabilité) d’autrui. Puis vers votre Seigneur sera votre retour et Il vous informera de ce en quoi vous divergez. C’est Lui qui a fait de vous les successeurs sur terre et qui vous a élevés, en rangs, les uns au-dessus des autres, afin de vous éprouver en ce qu’Il vous a donné. (Vraiment) ton Seigneur est prompt en correction, Il est aussi Pardonneur et Miséricordieux » (Qur’ân 6, 152-165). Concernant la compréhension du Hadîth

, nous dirons tout d’abord que rien n’indique que le « groupe sauvé » soit celui des wahhabites et de leurs équivalents modernistes parmi les réformistes et les sécularistes – puisque la wahhabiyya comme le réformisme ne sont pas évoqués ici comme étant le groupe sauvé -, tous 2 étant très éloignés de la sagesse et de l’élite des Saints et des Vertueux de la Communauté depuis plus de 1400 ans. Ensuite, les modernistes comme les wahhabites s’opposent aux meilleurs des Salafs et des Khalafs – parmi les Saints et les Savants – sur de nombreuses questions (théologiques, politiques, juridiques, spirituelles, éthiques, …). Ils ne se conforment pas non plus à la Sagesse qurânique, ni aux qualités des croyants qu’Allâh mentionne dans Sa Parole, ni ne sont ceux qui cherchent à purifier leur âme et à s’élever spirituellement. Plutôt, Allâh est clair, et évoque les mérites et le Salut pour quiconque croit en Lui avec sincérité, ainsi qu’à Ses Révélations (jusqu’au Qur’ân qui clôt le cycle de la Révélation divine), Ses Prophètes en totalité, au Jour du Jugement, aux demeures du Paradis et de l’Enfer, au Destin, aux Anges comme aux jinns, et qui considèrent le Qur’ân comme l’Autorité infaillible, de même que la Sunnah comme autorité prophétique – celle-ci ne pouvant qu’être conforme à la Parole divine et à ses objectifs -, et qui respecte les nobles Compagnons du Prophète comme sa famille également (ses épouses, sa descendance, ses parents, ses cousins et cousines, tantes et oncles), cela sur le plan doctrinal, et à cela se rajoute les bonnes œuvres, car le Qur’ân associe souvent la saine doctrine à l’accomplissement des bonnes œuvres (nourrir les affamés, libérer les captifs de guerre, saluer les gens, nettoyer les rues, s’occuper des orphelins, soutenir les opprimés, sourire aux gens, patienter dans l’adversité, maîtriser sa colère, être un exemple pour sa famille et les aider dans leurs besoins, respecter les voisins, etc.) et à l’exécution sincère et humble des rites (comme la prière, le jeûne, le hajj, …). Quiconque, parmi les musulmans, s’attache plus ou moins à cela, Allâh lui fera Miséricorde, et pardonnera ses fautes et erreurs de réflexion – car trier le vrai du faux dans les questions secondaires est une tâche ardue pour beaucoup -, et ce, peu importe le courant de l’Islam, car ce qui compte, c’est d’avoir foi en Lui et en ce qu’Il a révélé de clair et de nécessairement connu dans la religion, puis d’être sincère et bon, de Lui rendre grâce par la prière, l’invocation et le jeûne par exemple, d’aspirer à la piété et à la sagesse, et d’être au service de la communauté Muhammadienne tout en étant juste et bienfaisant envers Ses autres créatures – parmi les humains comme non-humains -.

  Le hadîth parle du groupe « majoritaire », or celui-ci demeure invariable depuis le début de l’Islam historique, à savoir le noyau commun entre les grands groupes de musulmans – qu’ils soient savants, peu instruits ou saints -, c’est la doctrine des 5 piliers de l’islam, des 6 piliers de la foi, les bonnes œuvres, l’importance de la justice, l’attachement aux personnes pieuses, l’amour de la Sagesse et l’aspiration à la piété. Quant à l’orthodoxie qui élève les personnes en degré, il y a quelques autres critères comme l’amour, le suivi et le respect de l’élite des Sahaba, des Ahl ul Bayt, des Saints et des vertueux venus après eux, ainsi que le fait d’expulser de son cœur toute haine envers les croyants, de dominer son ego, de ne manifester que les belles vertus, de ne pas passer son temps à polémiquer ou à semer la discorde, le fanatisme, le sectarisme, la méchanceté et la division.

Voyons voir aussi ce qu’ont dit des Savants sur ce hadîth – dont la chaîne de transmission a été jugée faible par certains -. Le Shaykh Al-Murjânî explique ceci dans son commentaire d’al-‘Adudiyyah : « En l’absence de preuves tangibles, il est préférable, pour ceux qui considèrent ce hadith comme authentique, de ne pas porter de jugement sur ce qu’entendait le Messager d’Allâh. Il convient plutôt de dire que ceux qui seront sauvés sont ceux qui suivent les Compagnons – qu’Allâh les agrée – et la majorité de la Communauté, en s’attachant tout particulièrement à ce qui est nécessairement connu de la religion. Les autres sont, quant à eux, dans l’égarement. Les ramifications des sectes ne s’arrêteront en effet que lorsque s’arrêtera l’Histoire de l’humanité. Il n’est donc pas possible de faire rentrer, dans le nombre évoqué par le hadith, telle secte, plutôt que telle autre, ou telle époque plutôt que telle autre. Car le renouvellement des passions et la régénération de nouvelles opinions sont des phénomènes récurrents qui persisteront aussi longtemps que la vie humaine se poursuivra dans ce monde. Le discours sur les sectes sans prise en compte d’un nombre précis évitera ainsi d’avoir à arbitrer entre elles, et échappera à la risée des moqueurs, parmi ceux qui ne sont pas de cette religion ».

L’imâm Abû Manûr ‘Abd al-Qahir al-Baghdadi (m. 429 H) définit ainsi les Ahl al-Sunnah dans son Farq bayn al-Firaq : « Ceux qui ont complètement maîtrisé et codifié les principes de la doctrine (orthodoxe), les Savants Mujtahids des 4 écoles de la Loi [malikisme, hanafisme, shafiisme et hanbalisme] et leurs disciples, les Savants du hadith qui se sont tenus à l’écart de la déviation, les Savants de la grammaire arabe qui se sont tenus à l’écart de la déviation, les Savants du tafsir qui se sont tenus à l’écart de la déviation, les Sûfis (véridiques), les gens qui font le jihad (conformément à l’Ordre divin), et les masses du commun des musulmans (qui croient avec sincérité) ».

Le Shaykh Ibn Taymiyya a dit dans son Aqîdat ul-Wasitiyyah (p. 154) : « Leur credo, c’est la religion de l’islam qui a été envoyé au monde par Allâh par l’intermédiaire du Prophète. Mais le Prophète a dit : « Ma Ummah se divisera en 73 groupes et tous iront en enfer sauf un et il s’agit de la Jamâ’at » ». Et dans son Majmû ul-Fatawa (Vol. 3) il dit : « Toutes les troupes égarées se rejoignent en un point ; c’est celui de postuler que la majorité des musulmans sont dans l’égarement et qu’ils sont eux le groupe sauvé, sachant pertinemment qu’ils ne représentent qu’une infime minorité de la Ummah (Communauté musulmane) ».

 Et dans le même recueil (35/201) il dit : « Quiconque croit au message que Muhammad (ﷺ), a apporté, est meilleur que quiconque le renie. Même s’il existe chez celui qui croit au message que Muhammad (ﷺ) une sorte de bid’a [innovation blâmable] ». Toujours dans le même recueil de fatawa (13/96-97), il dit : « Beaucoup d’innovateurs parmi les shiites, les jahmites et autres, sont allés en terre de mécréance et par leur intermédiaire, beaucoup de gens ont embrassé l’Islam qui sont certes devenus des musulmans innovateurs [ndt : tant que ça ne les sortent pas de l’Islam] mais mieux vaux ceci plutôt que d’être mécréants ».

  Plus loin (20/164) il écrit : « Il ne revient à personne d’imposer à la Ummah un homme et d’appeler à son chemin et d’allier et se désavouer en fonction de cette personne sauf s’il s’agit du Prophète. Et il n’est pas permis d’imposer une parole et de s’allier et se désavouer sur cette parole sauf s’il s’agit de la parole d’Allâh et de Son Messager ou du consensus de la communauté. Plutôt, ceci fait partie des actes des gens d’innovations qui élèvent une personne ou une parole et divisent la communauté en s’alliant sur cette parole et en se désavouant en fonction de cette alliance ».

Et son plus fidèle disciple, le Shaykh Ibn Al Qayyim dit Al-fawâ’îd : « La science c’est : Allâh a dit, le Prophète a dit et les Compagnons ont dit ». Au-delà de cela, il s’agit de discussions pouvant admettre généralement des divergences et des désaccords.

Le Shaykh ul-Islâm et imâm An-Nawawî a dit dans son Sharh du Sahîh Muslim : « Le groupe de personnes (mentionnées dans le hadith) est composé des érudits, des juristes, des savants du Hadith, ceux qui enjoignent le louable (marûf) et interdisent le blâmable (munkar) et toutes les personnes qui font de bonnes œuvres. Ces personnes vertueuses se trouvent réparties dans le monde entier ».

Le Shaykh ul-islam Ibn Hajar al-Haytami (m. 974 H) définit les musulmans bien-guidés comme suit dans Fath al-Jawad : « Un Mubtadi (innovateur) est une personne qui n’a pas la ‘aqida exprimée à l’unanimité par les gens de Sunnah (Ahl as-Sunnah). Cette unanimité a été transmise par les deux grands imâms Abû al Hassân al-Ashari (m.324 H/936) et Abû Mansûr al-Maturidi (m.333 H/944) et les savants qui ont suivi leur chemin », il s’agit là du « consensus » restreint concernant la voie sunnite. Il dit aussi dans Al-Fatawa al-Hadithiyya (p. 205) : « Celui qui introduit quelque chose qui n’est pas approuvé par l’islam devient un homme de bid’ah ».

L’imâm et Sayyîd ‘Abdullâh ibn al-‘Alawi al-Haddâd (m. 1132 H) – descendant de l’imâm Hussayn (‘alayhî salâm) – a écrit dans sa Risâlat Al-Mu`âwanah wal-Mudhâharah wal-Mu’âzarah lir-Râghibîn Min Al-Mu’minîn fî Sulûk Tarîq Al-Âkhirah au chapitre sur le respect du Qur’ân et de la Sunnah : « Tu dois t’en tenir avec fermeté au Livre (Qur’ân) et à la Sunnah. Prends refuge en eux, car ils représentent la religion juste d’Allâh, et Son chemin droit. Ceux qui adhèrent à eux y trouvent sécurité, profit, guidance et protection, tandis que ceux qui en dévient s’égarent, le regrettent, perdants et brisés. Laisse-les te gouverner et contrôler ce que tu fais et consulte-les en toute affaire, obéissant en cela au conseil d’Allâh et à celui de Son Messager : « Ô vous qui croyez ! Obéissez à Allâh ! Obéissez au Prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. Portez vos différends devant Allâh et le Prophète, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier » (Qur’ân 4, 59).

Portez vos différends devant Allâh et le Prophète signifie : « Prenez appui sur le Livre et la Sunnah ». Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Je vous conseille de prendre soin de ce par quoi, si vous vous y tenez fermement, vous ne vous égarerez jamais : le Livre d’Allâh (Qur’ân) et ma Sunnah ».

Si tu as envie d’être bien-guidé le long de la route blanche où il n’y a ni tortuosité ni dépression (cf. Qur’ân 20, 107), alors mesure tes intentions, tes traits de caractère, tes actes et tes paroles à l’aune du Livre et de la Sunnah, puis conserve ce qui leur est conforme et débarrasse-toi de ce qui ne l’est pas. Et sois toujours prudent, et choisis la meilleure option. N’innove jamais en religion et ne suis pas le chemin des incroyants, sinon tu perdras et la vie de ce monde, et la vie future : voilà une perte certaine (cf. Qur’ân 22, 11). Méfie-toi des choses nouvelles et des opinions divergentes, car il (ﷺ) a dit : « Tout ajout (infondé) est une innovation (blâmable), et toute innovation (blâmable) est une erreur ». Il a dit aussi : « Quiconque ajoute à notre oeuvre ce qui n’en fait pas partie doit être rejeté ».

Il y a 3 sortes d’innovations. La première est une « bonne innovation », celle que les imâms bien-guidés ont proposée en conformité avec le Livre et la Sunnah, avec l’intention de choisir ce qui est le plus bénéfique, le plus utile, le plus intelligent, comme par exemple quand Abû Bakr a décidé de rassembler l’ensemble du Coran en un volume, quand ’Umar a institué les pensions militaires et les prières de tarâwîh, quand ’ Uthmân a fixé le Qur’ân et institué un premier appel à la prière le vendredi et quand ’Alî a décidé des règles pour combattre les rebelles. Puisse Allâh répandre Son bon plaisir sur les 4 califes !

La deuxième forme d’innovation est « blâmable » du seul point de vue du renoncement et de la satisfaction ; c’est par exemple l’usage excessif d’habits licites, de nourriture ou de moyens d’habitation.

La troisième forme est l’innovation « absolument blâmable », en contradiction avec les dispositions du Livre ou de la Sunnah, ou avec le consensus de la nation. Les innovateurs y sont fréquemment tombés en ce qui concerne les principes (usûl ; qui relèvent de ce qui doit être nécessairement connu de la Religion) mais plus rarement pour les branches (furû’ ; les sujets secondaires qu’il n’est pas obligatoire de bien connaitre pour être considéré comme musulman). Celui qui n’adhère pas parfaitement au Livre et à la Sunnah et ne fait pas son maximum pour tenter de suivre le Messager, et qui prétend qu’il possède un certain degré devant Allâh Exalté soit-Il, ne mérite pas qu’on lui prête la moindre attention ni qu’on s’occupe de lui, même s’il est capable de voler dans les airs et de marcher sur l’eau, même s’il abolit les distances et si les lois de la nature se brisent pour lui. Cela se produit souvent avec les démons, les magiciens, les devins, les faiseurs de talismans [ndt : en lien avec les forces occultes et influences sataniques], les astrologues et d’autres qui sont de la même façon dans l’erreur. On peut seulement considérer ces phénomènes comme des charismes (karâmât) ou des confirmations, et non comme des choses fascinantes ou des illusions, quand la rectitude (istiqâma) est présente chez celui où ces choses se produisent. Les trompeurs ne trompent que le vulgaire et le bas peuple, ceux qui adorent Allâh tout en abritant en eux des doutes. Quant à ceux qui sont doués de raison et d’intelligence, ils savent parfaitement bien que les croyants diffèrent dans leur proximité d’Allâh à la mesure de leurs différences à suivre le Messager. Plus leur ressemblance avec lui est profonde, plus leur proximité d’Allâh est parfaite et plus la connaissance qu’ils ont de Lui est grande. Abû Yazîd al-Bistâmî alla un jour rendre visite à un homme dont on disait qu’il était un saint. Il s’assit pour l’attendre dans la mosquée. L’homme arriva, toussa et cracha sur le mur de la mosquée. Alors Abû Yazîd se leva et partit sans lui adresser la parole. Il dit : « Comment peut-on se voir confier les secrets d’Allâh quand on fait si peu attention à maintenir la convenance de la Loi ? ». Al-Junayd, qu’Allâh l’ait en Sa miséricorde, a dit : « Toutes les routes sont fermées sauf pour celui qui met ses pas dans ceux du Messager, que les bénédictions et la paix de d’Allâh soient sur lui ». Et Sahl ibn ‘ Abdallâh (al-Tustarî), qu’Allâh l’ait en Sa miséricorde, a dit : « Il n’y a aucune aide autre que d’Allâh, aucune guidance autre que (celle) du Messager d’Allâh, aucune provision autre que la piété (taqwâ), et aucun travail autre que la fermeté dans ces choses ».

Sache que tout le monde n’est pas à même de juger seul de ses affaires en se référant au Livre et à la Sunnah, car seuls les savants bien établis peuvent le faire. Si tu avais des difficultés à le faire, tourne-toi vers un de ceux auxquels Allâh a recommandé que tu fasses appel dans Sa parole, Exalté soit-il : Si vous ne le savez pas, interrogez les gens auxquels le Rappel a été adressé (cf. Qur’ân 16, 43). Les gens auxquels le Rappel a été adressé sont ceux qui ont la connaissance d’Allâh et de Sa religion, qui mettent en pratique ce qu’ils savent pour l’amour de Lui, qui n’éprouvent aucun désir pour ce monde, qui ne sont pas détournés de son Rappel par leurs affaires (cf. Qur’ân 24, 37), qui appellent à Allâh en toute clairvoyance (cf. Qur’ân 12, 108) et à qui Ses secrets sont dévoilés.

Leur présence sur la surface de la terre est devenue si rare que certains grands hommes ont été jusqu’à dire qu’il n’en existe plus. La vérité est qu’ils existent, mais parce que l’élite n’a pas conscience d’eux [par Décret divin] et que les gens du commun s’en détournent, Allâh les a cachés sous le manteau de Sa possession et II les a entourés de voiles d’obscurité. Cependant, ceux quiles cherchent avec sincérité et ardeur ne manqueront pas de les trouver, si telle est la Volonté divine.

La sincérité est une épée qu’on n’utilise jamais contre une chose sans la trancher. La terre n’est jamais privée de ceux qui défendent la cause d’Allâh. Et le Prophète a dit (ﷺ) : « Il y a dans ma nation un groupe qui existera toujours, défendant victorieusement la vérité, un groupe de gens indemnes (spirituellement et intérieurement) des attaques de ceux qui s’opposent à eux (qui ne pourront cependant éteindre leur lumière), jusqu’à ce que le Commandement divin arrive ». Ils sont les astres de la terre, les porteurs du dépôt, les représentants de l’Élu et les héritiers des prophètes. Allâh est satisfait d’eux, et ils sont satisfaits de Lui. Tels sont les partisans et les alliés d’Allâh. Les partisans d’Allâh sont les gagnants (cf. Qur’ân 58, 22) ». Et plus loin, dans le même traité, au chapitre sur la doctrine, il dit : « Tu dois corriger et protéger vos doctrines (et convictions) et vous conformer au modèle du groupe du Salut, qui sont ceux qui sont connus parmi les autres factions islamiques comme le « peuple de la Sunnah et de la Jamaah » (Ahl ul-Sunna wa’l Jama’ah). Ils sont ceux qui adhèrent fermement à la voie du Messager d’Allâh, et de ses compagnons (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous). Si vous regardez avec une bonne compréhension ces passages concernant les sciences de la foi dans le Livre (Qur’ân), la Sunnah, et la parole des pieux prédécesseurs, qu’ils soient compagnons ou disciples, vous serez convaincus que la vérité est avec le groupe appelé Asharites, nommé d’après le Shaykh Abu’l Hassân al-Ash’ari – qu’Allâh l’ait en Sa miséricorde, qui systématisa les fondements du credo des gens de la vérité, et en consigna la première version, qui représente les doctrines admises par les Compagnons et les meilleurs des Successeurs. Elle constitue la doctrine des gens de la vérité, en tout lieu et à toute époque, et de tous les sûfis, ainsi qu’Abû al-Qâssim al-Qushayrî, qu’Allâh l’ait en Sa miséricorde, l’a indiqué au début de son Traité. C’est, Allâh soit loué, notre doctrine et celle de nos frères hussaynî connus sous le nom de « famille de Abû ‘Alawî », et de nos prédécesseurs depuis le temps du Messager d’Allâh (ﷺ) jusqu’à ce jour.

Quand l’imâm, l’émigrant vers Allâh, l’ancêtre des sayyids dont on vient de parler, mon sieur Ahmad ibn ’îsâ ibn Muhammad ibn ’Alî ibn Ja’far al-Sâdiq, qu’Allâh soit satisfait d’eux tous, vit comme les innovations blâmables avaient surgi, comme les passions s’étaient multipliées et comme les opinions divergeaient en Irak, il en a émigré et a traversé les terres jusqu’à atteindre la terre de Hadramaout, où il resta jusqu’à sa mort. C’est pourquoi Allâh a béni ses descendants, dont beaucoup devinrent renommés pour leur connaissance, leur adoration, leur sainteté et leur gnose. Grâce à la protection de la baraka de cet imâm digne de confiance, qui fuit la sédition pour protéger sa religion, ils restèrent indemnes d’innovations blâmables et évitèrent de suivre les passions malencontreuses auxquelles certains autres groupes de la maison du Prophète se sont laissé aller. Qu’Allâh lui accorde de notre part la meilleure récompense qu’Il ait accordée à un père de la part de ses enfants. Qu’Il élève son degré, en même temps que celui ses nobles prédécesseurs, jusqu’au paradis le plus haut (‘illîyûn) et qu’il nous donne de les rejoindre en bonté et sécurité, n’ayant pas changé notre religion ni succombé à la tentation. Il est le Plus Miséricordieux.

Les mâturîdîtes sont identiques aux ash’arî de ce point de vue. Chaque croyant doit protéger sa foi en apprenant le credo de l’un des imâms qui sont incontestablement dignes de respect, et bien fondés dans leur connaissance. Et je ne vois rien de plus clair, de plus détaillé et exempt de toute chose suspecte et trompeuse que celui de l’imâm al-Ghazâlî, qu’Allâh soit satisfait de lui. On le trouve dans le premier chapitre du volume sur les fondements des doctrines dans le Ihya’. Si tu souhaites en savoir plus, regarde dans l’Epître de Jérusalem (al-risâla al-qudsîya) dans le 3ème chapitre du même livre.

Ne fouille pas trop profondément dans la théologie (kalâm) et ne discute pas trop dans le but de vraiment acquérir la connaissance (ma’rifa), car elle ne peut pas être obtenue par cette science. Si tu veux vraiment acquérir cette connaissance, tu dois voyager sur son chemin, qui est d’adhérer à la piété (taqwâ) extérieurement et intérieurement, de méditer les versets et les hadîths, de réfléchir sur le royaume des cieux et de la terre en vue d’en tirer des leçons, de purifier son âme, de réduire ses pesanteurs par la discipline, de polir le miroir du coeur par le rappel continuel (dhikr) et la méditation (fikr) et d’éviter tout ce qui pourrait détourner de se consacrer entièrement à cette mission. Tel est le chemin pour l’acquérir et si tu le suis, et si Allâh, tu trouveras ce que tu cherches et tu atteindras ce que tu désires. Les sûfis n’ont combattu leur ego, ne l’ont discipliné et détaché de ses habitudes et des choses familières que parce qu’ils savaient que de cela dépend la perfection de la gnose (connaissance spirituelle), et que de la perfection de la gnose dépend la réalisation de la station de servitude (‘ubûdiyya) qui est le but du connaissant et l’espoir de ceux dont la réalisation (spirituelle et religieuse) est ferme, qu’Allâh soit satisfait d’eux tous ».

Le Shaykh et penseur Muhammad Al-Ghazâlî dit à propos du groupe sauvé (le 73ème) dans son Difâ` ‘an Al-‘Aqîdah Wash-Sharî`ah didd Matâ`in Al-Mustashriqîn : « C’est celui qui s’en tient à la Sunnah du Messager et de ses Compagnons ; c’est, d’après une variante de ce hadith, la Communauté (Jamâ’ah) (…). Ainsi, toute personne abandonnant son être à Allâh, emplissant son cœur du monothéisme et soumettant ses sentiments à l’Ordre divin, est musulmane. Tant qu’elle atteste de la véracité du Qur’ân et qu’elle y puise ce dont elle a besoin, tant qu’elle croit en Muhammad et qu’elle suit sa Tradition, elle est excusée pour tout effort de compréhension de la religion qui se solde par un échec. La sincérité de l’intention nous porte à ne rien dire de plus de notre contradicteur sinon que son opinion est erronée ; nous ne devons pas nous permettre de le qualifier de pervers ni de rebelle (…). Le groupe sauvé compte dans ses rangs les chercheurs de vérité, d’où qu’ils viennent et même s’ils se trompent de chemin, du moment que leur intention demeure sincère, que leur souci premier est la sauvegarde de la Communauté des Musulmans et qu’ils s’acquittent des devoirs religieux qui leur incombent, en termes de prière, de lutte dans le Sentier d’Allâh, d’injonction au bien, de réprobation du mal et autres préceptes prônés par l’Islam (…) ».

Pour être considéré comme « musulman », du point de vue légal en Islam, il y a certaines conditions à respecter, sans quoi, on tombe dans l’apostasie (involontaire) ou un acte annulatif de l’Islam (qui ne sort toutefois pas l’individu de l’Islam s’il s’agit de questions qui ne font pas partie des fondements de l’Islam et des piliers de l’Islam et de la foi, et tant que la preuve catégorique n’a pas encore été établie à cette personne) si la personne l’ignorait.

Parmi les choses évidentes qui font sortir de l’Islam, il y a le fait de renier l’intégralité ou une partie du Qur’ân, penser que le Qur’ân n’est pas révélé par Allâh dans sa totalité, ne pas reconnaitre ou suivre le Prophète Muhammad, renier l’Unicité Divine, les piliers de l’Islam et de la foi, ainsi qu’une chose nécessairement connue de la religion (charité, bon comportement, justice, équité, etc.), ne pas reconnaitre le caractère particulier et supérieur de l’Islam et de pratiquer obligatoirement cette Tradition spirituelle pour celui qui reconnait Muhammad comme Prophète. Or, en dehors de cela, il ne peut s’agir que d’interprétations, pouvant être justes ou erronées (allant d’une simple erreur à l’hérésie se situant en-dessous de la mécréance).

Les divergences portant sur la validité relative des autres religions (comme conduisant « exotériquement » au Salut) ou la fin de l’enfer (ou du châtiment) pour les non-musulmans, ne font pas sortir de l’Islam, car il est possible de justifier ces positions sans renier aucun Texte du Qur’ân ni aucun hadith mutawatir, et même, a contrario, en s’appuyant sur la lecture littérale de plusieurs versets du Qur’ân et ahadiths prophétiques.

Le Shaykh Ahmad Mashhûr Al-Haddâd dit dans Miftah ul Falâh : « Il y a unanimité sur l’interdiction de jeter l’anathème (kufr) sur un musulman, sauf s’il renie la réalité du Créateur Omnipotent – Gloire à Lui -, ou s’il commet un acte d’associationnisme (shirk) explicite n’admettant aucune interprétation, ou s’il renie le statut du Prophète ou une chose nécessairement connue de la religion, ou encore s’il renie une chose faisant l’objet d’une transmission abondante (tawâtur) ou d’une unanimité nécessairement établie dans la religion ». On compte parmi les choses nécessairement connues de la religion, le monothéisme, la foi en les Prophètes, croire que le Message Divin fut scellé par Muhammad – Paix et Bénédictions sur lui -, la foi en la résurrection, le jugement et la rétribution le Jour Dernier, l’existence de l’Enfer et du Paradis comme réalités supra-physiques (et non pas comme de simples métaphores). Quiconque renie ce qui est nécessairement connu dans la religion est jugé mécréant. Il n’est point possible pour un musulman d’invoquer l’ignorance concernant ces questions, sauf s’il s’agit d’un converti très récent. Ce dernier est excusé jusqu’à qu’il en soit instruit ; il n’aura point d’excuse après cela.

Le Shaykh Muhammad Hassan ad-Dedew As-Shanqiti, dans une émission, avait détaillé par ailleurs les 7 conditions du takfir – conditions tirées du Qur’ân et de la Sunnah – si bien que beaucoup de Takfiri ont tendance à accuser de kufr ou d’apostasie des musulmans (tantôt pleinement orthodoxes et vertueux, tantôt ignorants, pervers ou déviants) de façon infondée, et leur accusation erronée pourrait se retourner contre eux comme nous l’indique le célèbre hadîth.

Dans la Tradition prophétique, il est rapporté que le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Les plus aimés d’Allâh parmi vous sont ceux dont les caractères sont les meilleurs, ceux qui sont d’un abord facile, qui s’entendent bien avec autrui et avec qui on s’entend bien. Les plus réprouvés aux yeux d’Allâh parmi vous sont ceux qui colportent les propos portant la dissension, qui recherchent les faux pas chez autrui et provoquent la désunion entre les frères » (rapporté par Al-Khatîb al-Baghdadî dans Târîkh Baghdâd selon Anas Ibn Mâlik, et des ahadiths ayant le même sens également par Al-Bukharî dans al Adab al-Mufrad n°39, 323, 412, etc.).

 « Ne vous informerai-je pas sur les meilleurs et les pires ? Les meilleurs d’entre vous sont ceux dont on peut espérer leur bien et dont on ne redoute pas de leur mal et les pires d’entre vous sont ceux dont on ne peut espérer leur bien et dont on redoute de leur mal » (rapporté par Ahmad dans son Musnad, Ibn Hibbân dans son Sahîh, At-Timirdhî dans ses Sunân selon Abû Hurayra).

 « Ne vous informerai-je pas sur celui qui sera interdit au Feu demain ? Il s’agit de toute personne d’abord facile, douce, amicale et tolérant » (rapporté par Abû Ya’la dans son Musnad selon Jabir, par Al-Bayhaqî, par At-Tirmidhi et At-Tabarânî dans leur recuil selon Ibn Mas’ûd).

« En vérité, la connaissance ne vient qu’en apprenant, et le hilm (patience, tolérance et la longanimité) ne vient qu’en la cultivant, celui qui cherche le bien le trouvera, et celui qui évitera le mal en sera préservé » (rapporté par Al-Khatib al-Baghdadî dans son Târîkh 9/127 n°4744 selon la parole de Abû Hurayra, sahîh, par At-Tabarânî dans Al-Mu’jam al-Kabir 19/395 avec une formulation voisine sous l’autorité prophétique, et selon une bonne chaine d’après Al-Albanî dans Al-Sahiha 1/670-672 n°342 et dans son Sahîh al-Jami’ n°2328, le début est rapporté aussi par Ibn Hibbân dans Rawḍat al-ʻUqalâ wa-nuzhat al-fudalâ’ n°100 selon Raja’ Ibn Haywah qui l’attribue à Abû ad-Dardâ’).

Sayyidûna Abû Hurayra a dit : « J’ai demandé : « Ô Messager d’Allâh, qui sera la personne la plus « chanceuse » et qui aura ton intercession au Jour de la Résurrection ? ». Le Messager d’Allâh répondit : « J’étais sûr que personne ne poserait cette question avant toi car je connais bien ton goût des ahadith. Eh bien la personne la plus « chanceuse », et avec mon intercession au Jour de le Résurrection, sera la personne qui dit « Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allâh » sincèrement et avec le coeur » (rapporté par Al-Bukharî dans son Sahîh n°99).


Allâh a dit : « Ô les croyants ! Craignez Allâh comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission. Et cramponnez-vous tous ensemble au « Habl » (câble, corde) d’Allâh et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait d’Allâh sur vous: lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos coeurs. Puis, pas Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de Feu, c’est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi, Allâh vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés. Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront. Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront une énorme correction » (Qur’ân 3,102-105).

« A chacun une orientation vers laquelle il se tourne. Rivalisez donc dans les bonnes œuvres. Où que vous soyez, Allâh vous ramènera tous vers Lui, car Allâh est, certes Omnipotent » (Qur’ân 2, 148).

« Et sur toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec la vérité, pour confirmer le Livre qui était là avant lui et pour prévaloir sur lui. Juge donc parmi eux d’après ce qu’Allâh a fait descendre. Ne suis pas leurs passions, loin de la vérité qui t’est venue. A chacun de vous Nous avons assigné une législation et un plan à suivre. Si Allâh avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu’Il vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes cœvres. C’est vers Allâh qu’est votre retour à tous ; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez » (Qur’ân 5, 48).

« A ceux qui ont la foi et font de bonnes oeuvres, Le Tout-Miséricordieux comblera d’amour » (Qur’ân 19,96).

« Allâh aime ceux qui s’en remettent à Lui [Mutawakkilīnun] » (Qur’ân 3, 159), ceux qui ne s’appuient que sur Lui en toute confiance car Lui Seul « fait attribution par où l’on ne s’y attend pas » (Qur’ân 65, 2).

En ce qui concerne la piété, Allâh a dit : « Ô humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allâh, est le plus pieux. Allâh est certes Omniscient et Grand Connaisseur » (Qur’ân 49, 13).

« Allâh aime ceux qui se prémunissent [les pieux – Muttaqīnûn] » (Qur’ân 3, 76).

« C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux, qui croient à l’invisible et accomplissent la Salât et dépensent [dans le bien et dans l’obéissance à Allâh], de ce que Nous leur avons attribué. Ceux qui croient à ce qui t’a été descendu (révélé) et à ce qui a été descendu avant toi et qui croient fermement à la vie future. Ceux-là sont sur le bon chemin de leur Seigneur, et ce sont eux qui réussissent (dans cette vie et dans la vie future) » (Qur’ân 2, 2-5).

L’imâm, Sûfi, Shaykh et ascète du Salaf Sufyân At-Thawrî a dit : « Pour nous, la science est la tolérance venant d’un homme digne de foi. Quant au rigorisme -tashaddud-, tout le monde sait le faire » (rapporté par Ibn ‘Abd Al-Barr dans Jâmi` bayân al-`ilm 2/44, et An-Nawawî dans son al-majmû`, 1/81).

Le croyant doit ainsi toujours chercher la Vérité, et tenter d’être juste, droit et équitable, mais ne sera pas privé de Sa Miséricorde en cas d’erreur par rapport aux questions et sujets qui ont divisé les savants (théologiens, physiciens, juristes, médecins, exégètes, traditionnistes, etc.) de la Communauté musulmane depuis de nombreux siècles, et ce tant qu’il s’accroche aux piliers de l’Islam et de la Foi, en même temps qu’il cherche à s’éloigner des grands péchés qui sont nécessairement connus (shirk, meurtre, sorcellerie, vol, adultère, fornication, agression physique, calomnie, faux-témoignage, consommation ou trafic d’alcool ou de de drogue, prostitution, etc.), qu’il ouvre son « cœur » à Allâh, Lui demande pardon en cas de doute, de péché ou de faute, et qu’il essaie tant bien que mal de cultiver la Sagesse et d’accomplir quelques bonnes œuvres comme répandre la paix dans le monde, être au service de ses parents dans ce qui est convenable, nourrir les nécessiteux, vêtir les besogneux, soulager la peine des gens éprouvés, aider les malades, etc.

Al Hâfiz Ibn ‘Abd Al Barr a dit dans Al-Tamhid (12/22) : « Il ne convient pas au croyant raisonnable de mépriser quoi que ce soit des œuvres de bienfaisance, en effet, peut-être qu’il sera pardonné par la plus petite quantité [de ces œuvres] ».

Et tout cela est conforme à Sa Parole divine (Qur’ân) :

« Pardonne [et fais montre d’indulgence], fais [et enjoins] le bien et éloigne-toi des ignorants (polémiqueurs) » (Qur’ân 7, 199).

 « Ô vous qui croyez ! Inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur, et faites le bien. Peut-être réussirez vous ! » (Qur’ân 22, 77).

« Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allâh. Car Allâh pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux ». Et revenez repentant à votre Seigneur » (Qur’ân 39, 53-54).

« Demandez assistance auprès d’Allâh et soyez patients, car la terre appartient à Allâh. Il en fait héritier qui Il veut parmi Ses serviteurs. Et la fin (heureuse) sera aux pieux » (Qur’ân 7, 128).

« Dis : « En vérité, ma Salât, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allâh, Seigneur de l’Univers » (Qur’ân 6, 162), ce qui ouvre et illumine la voie à la Paix : « Ô vous qui croyez ! Entrez tous dans la Paix » (Qur’ân 2, 208) car « Le séjour de la paix leur est destiné auprès de leur Seigneur en récompense de leurs (belles) actions [sur terre] » (Qur’ân 6, 127).

« Il y a certes des signes pour les doués d’intelligence, qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, évoquent Allâh … » (Qur’ân 3, 190-191).


« Dis : « Allâh », puis laisse-les divaguer dans leurs vaines disputes » (Qur’ân 6, 91).

« Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d’aumônes, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, ceux et celles qui L’invoquent et qui L’évoquent abondamment : Allâh a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense » (Qur’ân 33, 35).

« Et quand il eut atteint sa maturité et sa pleine formation, Nous lui donnâmes la faculté de juger et une science. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants » (Qur’ân 28, 14).

« Et quand il eut atteint sa maturité Nous lui accordâmes sagesse et savoir. C’est ainsi que nous récompensons les bienfaisants » (Qur’ân 12, 22).

« Dis : «Je ne vous en demande aucun salaire (pour moi-même). Toutefois, celui qui veut suivre un chemin conduisant vers son Seigneur [est libre de dépenser dans la voie d’Allâh] » (Qur’ân 25, 57).

« Telle est la [bonne nouvelle] qu’Allâh annonce à ceux de Ses serviteurs qui croient et accomplissent les bonnes œuvres ! Dis : « Je ne vous en demande aucun salaire si ce n’est l’affection eu égard à [nos liens] de parenté ». Et quiconque accomplit une bonne action, Nous répondons par [une récompense] plus belle encore. Allâh est certes Pardonneur et Reconnaissant » (Qur’ân 42, 23).

« Par al-`asr (le temps) ! L’être humain est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes oeuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance » (Qur’ân 103, 1-3). Une sûrate très courte, mais quelle puissance elle dégage, quelle profondeur elle possède ! Elle résume à elle seule, les mystères du temps, le sens de notre vie, les actes fondateurs qui doivent poser les rythmes de notre vie terrestre, et les moyens (à travers les qualités morales et spirituelles) que nous devons mettre en pratique, pour dépasser et surplomber notre condition humaine et les affres existentiels du temps.

Notes :

(1) Litt. « à première vue » ; allusion au Qur’ân 11, 27.

(2) Allusion au Qur’ân 17, 11 : « L’’être humain appelle le mal comme il appelle le bien, car l’être humain est très hâtif », et 21, 37 : « L’être humain a été créé prompt dans sa nature. Je vous montrerai Mes signes [la réalisation de Mes menaces]. Ne me hâtez donc pas ». Le mensonge, l’injustice et la perversité, – qui ne conviennent pas du tout à la Foi et à ceux qui s’en réclament – sont souvent les causes qui « hâtent » la Menace divine, corrigeant les transgresseurs – parfois par des catastrophes « naturelles » – afin qu’ils reviennent repentants, qu’ils cessent leurs méfaits et ne s’enflent pas d’orgueil, d’arrogance et de méchanceté sur terre.

(3) Muslim, kitâb al-dhikr (n° 6471).

(4) Du temps où il vivait à Tunis avec ses disciples, l’Imam Shâdhilî s’était attiré la jalousie du Cadi local, qui avait tenté, en vain, de le discréditer auprès des savants et du sultan. Chez ce dernier, un incendie miraculeux avait causé d’importants dégâts et l’avait définitivement convaincu de la sainteté de l’Imam. Durant toute l’épreuve qu’il subit du fait du Cadi, l’Imam Shâdhilî n’invoqua jamais Dieu contre lui ; ce n’est qu’au cours d’un pèlerinage qu’il fit par la suite, après avoir émigré en Egypte, que Dieu lui ordonna de le faire.

(5) Qur’ân 5, 3 : « Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d’Allâh, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d’une chute ou morte d’un coup de corne, et celle qu’une bête féroce a dévorée – sauf celle que vous égorgez avant qu’elle ne soit morte -. (Vous sont interdits aussi la bête) qu’on a immolée sur les pierres dressées, ainsi que de procéder au partage par tirage au sort au moyen de flèches. Car cela est perversité. Aujourd’hui, les mécréants désespèrent (de vous détourner) de votre religion : ne les craignez donc pas et craignez-Moi. Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. Si quelqu’un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché… alors, Allâh est Pardonneur et Miséricordieux ».

(6) II s’agit évidemment d’illustrer l’extrême scrupule qui est traditionnellement de rigueur en matière de religion, et non de critiquer Ibn Ishâq, premier biographe du Prophète, dont M. Caratini dit dans son « Génie de l’Islamisme » qu’il « cite toutes ses sources avec une grande précision ».

(7) L’effort d’interprétation que fait le mujtahid.

(8) Rapporté par Ahmad [Ibn Hanbal], Tirmidhî, Abû Dâwud et Ibn Mâjah. Cf. Ibn Rajab, Jâmi‘ al- ‘ulûm wa l-hikam, hadîth n°28. Le Calife (khalîfa) au sens propre est le « lieutenant » ou le « remplaçant ». Dans le Qur’ân, le sens de ce mot est loin d’être exclusivement politico-historique, d’autant que le premier homme à y être appelé « Calife » est Adam, avant même sa création [cf. Qur’ân 2, 30]. Dans le hadîth, Allâh lui-même est appelé khalîfa. Mais en pratique, sinon de droit, l’expression « Califes bien- guidés » a généralement été réservée à Abû Bakr, ‘Umar. ‘Uthmân et ‘Alî essentiellement, mais aussi par extension à l’imâm Hassân qui fut Calife durant 6 mois, et plus tard ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azîz (descendant de ‘Umar et partisan des Ahl ul Bayt) fut considéré comme suivant la Voie des Califes bien-guidés de par sa droiture, son intelligence, sa piété et son sens de la justice.

(9) Qur’ân 10, 14 : « Puis nous fîmes de vous des successeurs sur terre après eux, pour voir comment vous agiriez » et 35, 39 : « C’est Lui qui a fait de vous des successeurs sur terre. Quiconque mécroît, sa mécréance retombera sur lui. Leur mécréance n’ajoute aux mécréants qu’opprobre auprès de leur Seigneur. Leur mécréance n’ajoute que perte aux mécréants ».

(10) Islâm, terme employé habituellement pour distinguer la religion islamique des autres traditions, signifie « soumission à la Volonté divine », mais ce mot a également un sens particulier tiré du hadîth auquel se réfère ici le Shaykh ; il désigne l’aspect cultuel de la religion, par opposition à l’îmân (la foi), c’est-à-dire la doctrine ou le crédo (Ash’ârî étant le plus connu des théologiens, mais aussi Al-Maturidî ou Ahmad dont les atharites sont ceux qui sont fidèles à sa doctrine, – essentiellement les hanbalites orthodoxes -), et à l’ihsân (« l’excellence ») qui est l’approfondissement spirituel des 2 premiers degrés de la religion, dans un effort d’adoration « comme si tu Le voyais ». En bref, l’islâm est la pratique des 5 piliers (dont la prière, qui est la « colonne » de la religion), l’îmân est ce que le musulman croit et professe (du point de vue théologique), et l’ihsân est l’effort spirituel pour adorer (ou servir) Allâh, qui correspond à la voie du soufisme. Le Shaykh souligne bien que la « religion » (traduction habituelle de dîn, on peut aussi parler de « tradition »), pour être complète, consiste en la réunion des 3 degrés. Voici le hadîth en question, transmis par ‘Umar et rapporté par Muslim, qui n’est cité ici que partiellement : « Nous nous trouvions un jour chez l’Envoyé d’Allâh — sur lui la Grâce et la Paix —, lorsque se présenta à nous un homme vêtu d’habits d’une blancheur resplendissante et aux cheveux noir de jais. On ne pouvait discerner sur lui la moindre trace de voyage, et pourtant nul d’entre nous ne le connaissait. Il s’assit en face du Prophète — sur lui la grâce et la paix —, plaça ses genoux contre les siens, posa les paumes de ses mains sur ses cuisses et lui dit : « Ô Muhammad, dis-moi ce qu’est l’islâm ». Le Prophète — sur lui la Grâce et la Paix — répondit : « l’islâm, c’est que tu témoignes qu’il n’y a pas de divinité si ce n’est Allâh et que Muhammad est Son Envoyé ; il te faut ensuite accomplir la prière rituelle, faire l’aumône, jeûner pendant le mois de Ramadan, et faire le pèlerinage si tu en es capable ». « Tu dis vrai ! », acquiesça l’inconnu, et nous nous étonnâmes du fait que, l’ayant questionné, il se permit d’approuver sa réponse. Il poursuivit : « Dis-moi ce qu’est l’îmân ». Le Prophète répondit : « l’îmân consiste à croire en Allâh, à Ses Anges, à Ses Livres, à Ses Envoyés et au Jugement dernier ; tu dois également croire à la prédestination concernant le bien et le mal ». « Tu dis vrai ! », approuva encore l’inconnu, puis il le questionna de nouveau : « Dis-moi ce qu’est l’ihsân ». Le Prophète répondit : « l’ihsân consiste à adorer Allâh comme si tu Le voyais, car si tu ne Le vois pas, certes Lui te voit !” […] Puis l’inconnu s’en alla, et je restai encore longtemps assis là, jusqu’à ce que le Prophète me demandât : « Ô ‘Umar, sais-tu qui m’a interrogé ? ». « Allâh et Son Envoyé sont plus savants ! », répondis-je. « C’était (l’ange) Jibrîl (Gabriel), expliqua le Prophète.

Il est venu vous enseigner votre religion » ». De ce hadîth, les savants vertueux et avisés en ont déduit plusieurs choses, à savoir les différentes sciences et dimensions islamiques. Toutes les sciences islamiques comme le fiqh, le tafsîr, la ‘aqida, la grammaire et la langue arabe, le tasawwuf et l’adab, la Sîrah, le Hadith, le Qur’ân et ses sciences ainsi que la logique et la méditation se réfèrent aux principes et finalités évoqués dans ce hadith – lui-même pleinement conforme au Qur’ân -. Par ailleurs, les 3 degrés se complètent et ne s’excluent pas mutuellement, et ont donné les 3 principales sciences et dimensions que sont le fiqh (avec le culte et le halâl/harâm) lié au degré de l’islâm, la ‘aqida (doctrine théologique, la conviction et l’adhésion aux valeurs morales) liée au degré de l’imân, et enfin, le Tasawwuf (l’adab, la métaphysique, l’éducation de l’âme et l’ascèse spirituelle) en rapport avec l’ihsân. Un juriste complet doit être un bon théologien, un homme vertueux et avoir réalisé l’ihsân. L’orthodoxie islamique doit englober ainsi ces 3 degrés, pour autant, tout musulman n’ayant pas atteint le degré de l’ihsân reste extérieurement musulman tant qu’il reconnait publiquement « l’autorité » de l’islâm (1er degré) et intérieurement musulman tant qu’il reconnait aussi la dimension de l’imân. Un vrai sûfi se conforme obligatoirement et nécessaire aux degrés de l’islâm et de l’imân, se devant de professer les 6 piliers de la foi, d’accomplir et de reconnaitre les 5 piliers de l’islam, et pratique constamment en plus, l’éthique islamique, la vigilance contre son ego, et demeure à chaque instant dans le Souvenir et le Rappel – ad-Dhikr – d’Allâh, s’éloignant du blâmable, de l’illicite comme du futile, et ne réalise que les plus belles vertus, et se refuse à toute forme d’idolâtrie – aussi bien grossière que subtile (y compris l’ostentation, l’ingratitude et l’orgueil) -. Toutes les sciences utiles se rattachent donc obligatoirement à l’une de ses 3 dimensions ; y compris la médecine (pour la santé du corps et de la société), l’astronomie, la géographie et les mathématiques pour l’orientation de la qibla (pour la prière) et le commerce licite, l’histoire, la biologie, la physique, la psychologie et d’autres sciences pour méditer sur la Création d’Allâh et les peuples qui nous ont précédé – ce qui fait partie du discours théologique dans le Qur’ân -, etc.

(11) Ce hadîth, pourtant rapporté par Muslim dans l’une de ses variantes, est souvent passé sous silence par les adversaires des prétendues innovations (bid’a) des soufis. Ils citent en revanche abondamment les ahâdîth hostiles aux innovations, sans être capables de fournir l’explication synthétique que présente le Shaykh dans toute cette épître sur ce couple antinomique sunna/bid’a.

(12) Rapporté par Bukhârî et l’Imam Mâlik (cf. Kanz n°43466).

(13) En effet, la recherche de la science (religieuse) est obligatoire ; or, son acquisition passe généralement par la connaissance de la Tradition (Qur’ân, Hadîth, histoire, …) : la maîtrise de la langue, qui la véhicule, est donc un préalable nécessaire.

(14) L’ijmâ troisième source de droit après le Qur’ân et la Sunnah, est l’accord unanime des savants musulmans. Certains ne considèrent que l’ijmâ des Sahaba comme étant une preuve catégorique, tandis que d’autres considèrent comme preuve l’ijmâ incluant tous les savants réputés pour leur savoir, leur piété et leur aspiration à la spiritualité – peu importe leurs écoles juridiques, confessionnelles (intra-islamique) ou théologiques et peu importe l’époque, tandis que d’autres restreignent l’ijmâ qu’aux savants sunnites, ou shiites ou mu’tazilites, etc. Il faut aussi distinguer les questions qui peuvent évoluer selon les époques (soit en lien avec les coutumes culturelles, – le fiqh s’adaptant aux mentalités et conditions socioculturels sauf si cela est clairement contraire à la doctrine islamique et à sa morale -, soit en lien avec la médecine et les sciences quantitatives qui peuvent évoluer) des questions qui n’admettent pas de changement temporel car en lien avec l’universalité de l’Islâm, ses valeurs et ses finalités, comme le Tawhîd, le principe de justice, la pudeur, la prière, la Zakât, le Hajj, la notion de famille et sa préservation, etc.

(15) C’est-à-dire une tradition que l’on fait remonter non pas au Prophète, mais à l’un de ses Compagnons ou à un « Tabi’î Suivant » (i.e. la génération postérieure à celle des Compagnons).

(16) Cf. Al-Bayhaqî, Manâqib al-Shâfi‘i.

(17) De nombreuses variantes de ce hadîth existent, dont certaines ont été rapportées par Ahmad Ibn Hanbal. L’une d’entre elles était considérée par al-Hâkim comme totalement fiable (sahîh) : cf. Kanz n°24699.

(18) Muslim a consigné dans son recueil l’une des variantes de ce hadîth (cf. aussi Kanz n°24655).

(19) Allusion aux versets qurâniques qui enjoignent de maintenir les liens déclarés sacrés par Allâh. Cf. notamment Qur’ân 2, 27 ; 13, 21 et 13, 25. Par exemple le passage 2, 27 : « qui rompent le pacte qu’ils avaient fermement conclu avec Allâh, coupent ce qu’Allâh a ordonné d’unir, et sèment la corruption sur la terre. Ceux-là sont les vrais perdants ».

(20) Qur’ân 3, 28 -30 : « Que les croyants ne prennent pas, pour alliés, des infidèles, au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d’Allâh, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d’eux. Allâh vous met en garde à l’égard de Lui-même. Et c’est à Allâh le retour. Dis : « Que vous cachiez ce qui est dans vos poitrines ou bien vous le divulguiez, Allâh le sait. Il connaît tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Et Allâh est Omnipotent. Le jour où chaque âme se trouvera confrontée avec ce qu’elle aura fait de bien et ce qu’elle aura fait de mal ; elle souhaitera qu’il y ait entre elle et ce mal une longue distance ! Allâh vous met en garde à l’égard de Lui-même. Allâh est Compatissant envers [Ses] serviteurs ».

(21) Litt. : « aux gens de lâ ilâha illâ llâh ».

(22) Qur’ân 66, 4 : « Si vous vous repentez à Allâh c’est que vos coeurs ont fléchi. Mais si vous vous soutenez l’une l’autre contre le Prophète, alors ses alliés seront Allâh, Jibrîl et les vertueux d’entre les croyants, et les Anges sont par surcroît [son] soutien ».

(23) Allusion au hadîth : « J’ai été envoyé avec la hanîfiyya samha » (la hanîfiyya désigne le monothéisme abrahamique pur et primordial) – rapporté notamment par Ahmad dans son Musnad -, et au fait que l’Islam est une religion facile (samha), c’est-à-dire simple et facile d’accès et de pratique pour l’essentiel, conformément au verset qurânique (22, 78) : « Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion ; la religion de votre père Ibrâhîm ». Ahmad est le nom « céleste » du Prophète.


(24) Litt. : « pour tout homme que j’atteins vivant ».

(25) M. Chabry commente en disant : « On pourrait s’étonner de trouver sous la plume du Shaykh al-‘Alawî un développement aussi exclusiviste à l’égard des non-musulmans et aussi tolérant pour la généralité des musulmans. En réalité, ce passage correspond surtout à ce qui pouvait être dit, compte tenu du contexte de l’Algérie de ce temps, de l’époque et, par-dessus tout, des limitations des personnes auxquelles s’adressait cette épître : lorsque l’on a déjà bien du mal à convaincre que les soufis n’iront pas nécessairement en enfer, on n’entreprend pas d’aller explicitement à contre-courant des idées ayant cours parmi bon nombre de musulmans au sujet des chrétiens et des juifs, entre autres.

Il faut donc souligner que l’interprétation du hadîth comporte toujours plusieurs niveaux. Ici, le Shaykh opère une première transposition du sens du terme « communauté », celle qui convient à son interlocuteur et à ses lecteurs, c’est-à-dire à un public exclusivement musulman. Cependant, d’autres interprétations plus universalistes des notions de « communauté » et de « voie » prophétiques sont possibles. Signalons d’ailleurs que, selon M. Chodkiewicz, « [pour Ibn ‘Arabî,] le statut ultime et totalisateur de la sharî’a dont le Prophète est porteur a pour effet de valider les législations précédentes, lorsque les communautés qui y restent attachées paient la jizya, la capitation : par là même, en effet, elles sont incluses dans la communauté muhammadienne ». Mais d’un certain point de vue — lorsque le Prophète est envisagé selon sa réalité spirituelle de Principe prophétique, celle qui correspond au hadîth rapporté par Tirmidhî (Kanz n°31917) : « J’étais Prophète alors qu’Adam se trouvait entre le corps et l’esprit » —, c’est l’humanité tout entière qui constitue sa « communauté », et chaque révélation historique exprime alors un aspect de sa « voie ».

Rappelons enfin que l’Islam est explicitement universaliste, l’un des fondements scripturaires de cette ouverture étant le verset coranique (2, 62) : « En vérité les croyants, les juifs, les chrétiens, les sabéens, ceux qui croient en Dieu et au Jour dernier et agissent justement, voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur. Ils n ’éprouveront alors plus aucune crainte et ne seront pas affligés ». Le Shaykh al-‘Alawî en donne le commentaire suivant dans son Bahr al-masjûr : « Le fait de citer côte à côte ces différents groupes, et de ne pas distinguer les croyants [musulmans] des autres, doit nous conduire à ne considérer personne, musulman ou infidèle, pieux ou transgresseur, comme nous étant inférieur, et ce toute notre vie durant : en effet, notre destin nous est inconnu, et c’est l’état de notre foi au moment de la mort qui compte. Les hommes, du point de vue de la prédestination, sont tous à égalité […] Ce que j’ai compris de ce verset énigmatique, c’est que tous ces différents groupes ont un réel degré religieux … ».

(26) Référence au hadîth suivant rapporté par Bukhârî et Muslim dans leur Sahîh (voir aussi Kanz n°1135 et 1136). [Le Prophète] a dit : « Allâh — exalté soit-Il — a dit : « Je suis conforme à l’opinion que Mon serviteur se fait de Moi… » ». Dans d’autres variantes de ce hadîth, le Discours divin continue ainsi : « Alors qu’il pense de Moi ce qu’il veut », ou encore : « Alors qu’il ait une bonne opinion de Moi ».

(27) C’est-à-dire l’une pour la sincérité de l’intention et l’autre pour le bon résultat : ce sont les termes d’un hadîth rapporté par Muslim dans son Sahîh n°4261 à propos de la fonction de juge – et de celui qui fournit un effort de réflexion pour trouver une solution ou une réponse adéquate à un problème délicat (notamment en matière de religion).

(28) Qur’ân 22, 78.

(29) Hadîth dont la chaîne identifie précisément tous les transmetteurs en remontant jusqu’au Prophète.

(30) Cf. Kanz ul-Ummâl n°34484.

(31) Qur’ân 7, 156 : « Ma Grâce et ma Miséricorde embrassent et englobent toutes les choses ».

(32) Qur’ân 45, 6 : « Voilà les versets d’Allâh que Nous te récitons en toute vérité. Alors dans quelle parole croiront-ils après [la parole] d’Allâh et après Ses signes ? ».

(33) Rapporté par Abû Dawûd dans ses Sunân et par Ahmad dans son Musnad. Rapporté aussi par Al-Baghawî dans Mishkat al-Masabih n°171 et 172 selon une autre variante selon At-Tirmidhî – dont la chaine est faible et défectueuse selon certains -.


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