Il n’est pas rare d’entendre les apôtres et défenseurs de la laïcité, traiter les « religieux » de « vilains obscurantistes », sans définir en quoi exactement nous aurions affaire à de l’obscurantisme, en interrogeant simplement les fondements et la pertinence de la « laïcité » à travers une approche plurielle, incluant l’histoire, la théologie, la rationalité et la psychologie.
Doit-on encore rappeler que le mot « laïcité » est lié au mot « laïc » et dont le sens étymologique du terme nous éclaire sur ce que revêt la laïcité : « Originairement, « clerc » ne signifie pas autre chose que « savant » et s’oppose à « laïc » qui désigne l’homme du peuple, c’est-à-dire du vulgaire assimilé à l’ignorant et au profane, à qui on ne peut demander que de croire ce qu’il n’est pas capable de comprendre, parce que c’est le seul moyen de le faire participer à la Tradition dans la mesure de ses possibilités. Il est même curieux de noter que les gens qui à notre époque font gloire de se dire laïcs tout aussi bien que ceux qui se plaisent à s’intituler agnostiques, et d’ailleurs ce sont souvent les mêmes, ne font en cela que se vanter de leur propre ignorance et pour qu’ils ne se rendent pas compte que tel est le sens des étiquettes dont ils se parent, il faut que cette ignorance soit en effet bien grande et vraiment irrémédiable » (René Guénon, Autorité spirituelle et pouvoir temporel, éd. Guy Trédaniel, 1990).
La laïcité est souvent confondue avec la liberté de culte ou de conscience, alors que c’est plutôt la séparation (prétendue) proclamée entre l’Etat (le pouvoir politique) et la Religion, et selon les pays qui l’adoptent, la laïcité peut exiger la neutralité « religieuse » des agents de l’Etat à l’égard des citoyens et des espaces privés et publics, sous certaines conditions.
Les « obscurantistes » laïcs sont d’ailleurs de plus en plus nombreux aussi, puisqu’ils promeuvent des idées et des pratiques à la fois rétrogrades et déviantes. Il nous faut rappeler ici, d’emblée, cette remarque pertinente du célèbre René Guénon : « Qu’on nous comprenne bien : nous n’entendons point blâmer la tolérance pratique, qui s’exerce envers les individus, mais seulement la tolérance théorique, qui prétend s’exercer envers les idées et leur reconnaître à toutes les mêmes droits, ce qui devrait logiquement impliquer un scepticisme radical ; et d’ailleurs nous ne pouvons nous empêcher de constater que, comme tous les propagandistes, les apôtres de la tolérance sont très souvent, en fait, les plus intolérants des hommes. Il s’est produit, en effet, cette chose qui est d’une ironie singulière : ceux qui ont voulu renverser tous les dogmes ont créé à leur usage, nous ne dirons pas un dogme nouveau, mais une caricature de dogme, qu’ils sont parvenus à imposer à la généralité du monde occidental ; ainsi se sont établies, sous prétexte d’ « affranchissement de la pensée », les croyances les plus chimériques qu’on ait jamais vues en aucun temps, sous la forme de ces diverses idoles dont nous énumérions tout à l’heure quelques-unes des principales » (René Guénon, Orient et Occident, Part. I : Illusion occidentales, chap. 2 : La superstition de la science).
Nous avons pu en effet lire très récemment, ces propos d’une extrême bêtise (nous avons pris néanmoins la liberté de corriger certaines fautes grossières dans leurs textes), exprimant d’ailleurs une intolérance assez forte, mais peu assumée par les auteurs (ou défenseurs) d’une telle idéologie : « L’identité française est sacrée, indiscutable, inaliénable, par quiconque, ici ou ailleurs. Et la caricature est un des piliers de ce sacré, parce qu’elle est l’expression de notre liberté, en même temps qu’une garantie contre toutes les tentatives de despotisme.
« Pour être libre, il faut pouvoir dire ce que l’on pense… Et pour la conserver, il faut encore pouvoir dire ce que l’on pense » (Montesquieu, L’esprit des lois).
Et même ce que l’on ne pense pas, pour se moquer, pour rire de tout et de rien. Quitte à blesser, quitte à heurter. Heurter les sensibilités par le dessin, protège des heurts des armes létales. L’art caricatural français est le sacré qui destitue les sacrés ».
Les islamistes couinent, les gauchistes couinent. Courage peuple français, courage Darmanin, on va dans le bon sens et la route est longue !
La haine n’est pas dans un dessin mais dans le violent qui tue pour in dessin !
La violence n’est pas dans une susceptibilité infantile ressentie par des êtres immatures.
La violence n’est pas dans un crayon.
La violence n’est pas dans la liberté !
La violence est du côté des pleureuses qui exercent le chantage affectif après avoir plus ou moins directement permit les dérives islamistes qui elles même permettent le terrorisme…
La tolérance illimitée n’est pas la tolérance c’est la bêtise, la faiblesse, la lâcheté, la traîtrise et l’irrespect de soi-même.
La tolérance c’est être ouvert à l’autre tant qu’il vous respect, qu’il respect votre maison et les valeurs de celle-ci.
Être tolérant c’est aussi être intolérant face à l’intolérable afin que l’intolérable ne s’abatte pas sur les « nôtres » et peut-être un jour sur nous-même.
Être tolérant c’est aussi être intolérant à l’intolérance et aux intolérants.
Plus simplement la tolérance c’est un espace pacifié qui impose des limites fortes à cette tolérance.
Les islamistes et les indigénistes aiment à se réclamer de la liberté d’expression mais ils oublient que la liberté engendre la responsabilité.
S’ils sont libres de défendre les idéologies haineuses qu’ils propagent ils en sont aussi responsables et ils doivent assumer cette responsabilité quand des gens meurent à cause des idées qu’ils défendent.
En sus, ils devront supporter notre liberté de leur répondre et de leur mettre la face, de force, devant le miroir ».
Nous les invitons à se renseigner sur l’histoire des révolutionnaires « laïcs » (dont leurs « précurseurs idéologiques ») en France, qui ont été à l’origine de l’un des plus grands bains de sang de leur histoire « moderne » (plusieurs centaines de milliers de morts, des dizaines de milliers d’égorgements et de décapitations), et dont les révolutions ne furent pas menées pour lutter contre « l’obscurantisme » ou la « barbarie » mais pour des raisons idéologiques et politiques, afin de s’accaparer des richesses matérielles et du pouvoir. De même qu’en Syrie (état laïc), ou dans les pays européens lors des 2 premières guerres mondiales (plus de 100 millions de victimes et des villes détruites) que se livraient les états laïcs entre eux.
Par ailleurs, ils confondent liberté et irresponsabilité, puis parlent de tolérance mais interdisent à leurs contradicteurs d’exprimer leurs opinions librement ou de manifester publiquement leurs valeurs. Contrairement à ce qu’ils pensent, la « haine » peut aussi se trouver dans les écrits, les dessins ou certains gestes corporels, – qui poussent souvent à franchir la barrière de l’agression physique quand la situation dérape -, de plus eux-mêmes n’hésitent pas à projeter leur haine et leur intolérance sur les écrits promus ou brandis par leurs détracteurs, et appellent souvent à la censure de leurs textes ou de leurs émissions, et luttent activement pour les priver de toutes tribunes médiatiques et politiques. La liberté ne devrait pas être confondue avec la volonté de manifester sournoisement et lâchement sa haine et son fanatisme à travers des dessins (caricatures ou non) ou des sketchs de mauvais goût, ou encore derrière de faux débats, dont le cadre et les intervenants ne sont pas là pour comprendre et apaiser la situation, mais pour légitimer un agenda idéologique et politique des plus pernicieux et liberticide, et justifiant souvent des positions extrémistes (racistes, xénophobes ou autres). Dans leur dialectique de mauvais goût, ils sont la personnification-même de ce qu’ils prétendaient pourtant dénoncer : intolérance, fanatisme, bêtise, irresponsabilité, victimisation, pleurnicherie.
La liberté étant très mal définie, de même que ses limites conceptuelles, légales et morales, c’est devenu une notion fourre-tout, et un outil habile et privilégié de propagande pour un certain nombre de mouvements. Paul Bouchet (président de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme), disait dans une interview le 23 janvier 1996, dans le Journal de 20 heures sur TF1 (chaîne française) que la liberté ne devait pas être confondue avec l’irresponsabilité, car la liberté exige justement la responsabilité, et doit s’opposer aux abus que les gens en font, et qu’il y a donc la nécessité de répondre aux abus qui sont commis, convergeant ainsi avec le discours qurânique. Mais toute la difficulté de la problématique réside dans la définition de la responsabilité, l’identification des abus, puis l’articulation de la morale et des concepts juridiques dans les structures juridiques puis leur application (globalement neutre ou idéologiquement orientée) par les autorités compétentes dans chaque pays.
Au fond, les « laïcards » d’aujourd’hui ne font que suivre le même fanatisme de leurs précurseurs, qui au 19e siècle, s’évertuaient à combattre la liberté de conscience et d’expression. En effet, c’est notamment grâce aux efforts continus et valeureux des royalistes, que les « laïcs » de l’époque ont cédé et capitulé en 1881. Les « républicains » qui persécutaient les dissidents et l’opposition, faisaient usage d’une censure systématique, notamment contre les caricatures visant les symboles républicains, élevés au rang de « sacrés » (on notera ce paradoxe, où le pouvoir profane veut s’arroger le monopole du sacré, alors qu’il le nie en principe). Les royalistes de l’époque se sont donc battus pour la liberté d’expression et c’est pour cela que nous bénéficions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse qui fut finalement adoptée, malgré les fureurs et l’opposition d’un groupe de fanatiques républicains …
Souvenons-nous des journaux et bandes dessinées censurées par les républicains à l’instar du média Le Triboulet : « Faire triompher les bons principes de la religion, de la famille et des traditions », tel est le but annoncé du Triboulet, journal satirique illustré, fervent défenseur de la cause royaliste sous la IIIe République. Fondé le 10 novembre 1878 par Saint-Patrice, pseudonyme du baron James Harden-Hickey, Le Triboulet est un véritable phénomène politique, qui tire en 1880 à 21 000 exemplaires. Son succès tient beaucoup du scandale : ses dessins antirépublicains s’attaquent violemment au régime et au gouvernement en place et lui attirent rapidement des ennuis. Entre 1878 et 1879, le journal récoltera 37 procès, 114 assignations, 275 000 francs d’amendes …
Comme ses concurrents, cet hebdomadaire propose ponctuellement dans ses pages des histoires en images, le plus souvent réalisées par Georges Lafosse (1843-1880), principal dessinateur de la publication qui signe sous le pseudonyme A. Grippa. Celui-ci met en scène les péripéties satiriques de Triboulet, bouffon du roi avec son bonnet à grelot et sa marotte, qui personnifie le journal et figure sur toutes les couvertures.
La censure, que subit régulièrement le journal, est le thème des deux planches suivantes publiées en juillet 1879. (…) Jusqu’à la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, toute image destinée à être publiée ou diffusée devait obtenir une autorisation préalable. Les dessinateurs avaient l’obligation de présenter leurs dessins à un bureau de censure avant de pouvoir les publier. Quand des dessins ne sont pas autorisés à paraître, certains journaux se plaignent ouvertement des décisions de ce régime liberticide. Pour manifester leur mécontentement, ils insèrent à la place la description écrite des dessins interdits ou les remplacent par des vignettes vides avec l’indication « dessin supprimé par la censure » ». (Censure et histoire en images (1/2) : Le texte sans les dessins, Topfferiana, 4 avril 2018 : http://www.topfferiana.fr/2018/04/censure-et-histoire-en-images-1-2-le-texte-sans-les-dessins/).
Citons ici encore René Guénon : « Le monde moderne ira-t-il jusqu’au bas de cette pente fatale, ou bien, comme il est arrivé à la décadence du monde gréco-latin, un nouveau redressement se produira-t-il, cette fois encore, avant qu’il n’ait atteint le fond de l’abîme où il est entraîné ? Il semble bien qu’un arrêt à mi-chemin ne soit plus guère possible, et que, d’après toutes les indications fournies par les doctrines traditionnelles, nous soyons entrés vraiment dans la phase finale du Kali-Yuga, dans la période la plus sombre de cet « âge sombre », dans cet état de dissolution dont il n’est plus possible de sortir que par un cataclysme, car ce n’est plus un simple redressement qui est alors nécessaire, mais une rénovation totale. Le désordre et la confusion règnent dans tous les domaines ; ils ont été portés à un point qui dépasse de loin tout ce qu’on avait vu précédemment, et, partis de l’Occident, ils menacent maintenait d’envahir le monde tout entier ; nous savons bien que leur triomphe ne peut jamais être qu’apparent et passager, mais à un tel degré, il paraît être le signe de la plus grave de toutes les crises que l’humanité ait traversées au cours de son cycle actuel.
Ne sommes-nous pas arrivés à cette époque redoutable annoncée par les Livres sacrés de l’Inde, « où les castes seront mêlées, où la famille même n’existera plus » ? Il suffit de regarder autour de soi pour se convaincre que cet état est bien réellement celui du monde actuel, et pour constater partout cette déchéance profonde que l’Évangile appelle « l’abomination de la désolation ». Il ne faut pas se dissimuler la gravité de la situation ; il convient de l’envisager telle qu’elle est sans aucun « optimisme », mais aussi sans aucun « pessimisme » puisque, comme nous le disions précédemment, la fin de l’ancien monde sera aussi le commencement d’un monde nouveau »
(René Guénon, La Crise du Monde Moderne, chapitre L’Âge Sombre).
Dans un autre ouvrage, il décrivit la période historique qui opposera les différentes nations « européennes » entre elles : « Au Moyen Âge, il y avait, pour tout l’Occident, une unité réelle, fondée sur des bases d’ordre proprement traditionnel, qui était celle de la « Chrétienté » ; lorsque furent formées ces unités secondaires, d’ordre purement politique, c’est-à-dire temporel et non plus spirituel, que sont les nations, cette grande unité de l’Occident fut irrémédiablement brisée, et l’existence effective de la « Chrétienté » prit fin. Les nations, qui ne sont que les fragments dispersés de l’ancienne « Chrétienté », les fausses unités substituées à l’unité véritable par la volonté de domination du pouvoir temporel, ne pouvaient vivre, par les conditions mêmes de leur constitution, qu’en s’opposant les unes aux autres, en luttant sans cesse entre elles sur tous les terrains ; l’esprit est unité, la matière est multiplicité et division, et plus on s’éloigne de la spiritualité, plus les antagonismes s’accentuent et s’amplifient […] C’est pourquoi l’idée d’une « société des nations » ne peut être qu’une utopie sans portée réelle ; la forme nationale répugne essentiellement à la connaissance d’une unité quelconque supérieure à la sienne propre ; d’ailleurs, dans les conceptions qui se font jour actuellement, il ne s’agirait évidemment que d’une unité d’ordre exclusivement temporel, donc d’autant plus inefficace, et qui ne pourrait jamais être qu’une parodie de la véritable unité » (René Guénon, Autorité spirituelle et pouvoir temporel, Chap. 7 : Les usurpations de la royauté et leurs conséquences, éd. Guy Trédaniel, 1990).
Le monde musulman subira aussi le même destin, bien que la présence de nombreuses voies spirituelles et l’importance de l’islam (dans les rites et les codes sociaux) permettront de compenser la division temporelle du dar al islam en une multitude d’émirats et de nations, en rassemblant les musulmans du monde entier toujours en direction (la qibla) de la Mecque, par l’accomplissement des rites et des fêtes islamiques, des valeurs spirituelles et familiales, le tout cimenter par les piliers de l’Islam et de la foi, et vivifiés par la multitude des saints musulmans qui existent encore partout dans les pays musulmans.
La laïcité ne protège donc rien du tout en soi, puisque les humains ne sont pas idéologiquement neutres, ils remplaceront donc une vision du monde par une autre vision. Ce qui fait la différence, c’est la spiritualité, la connaissance et une bonne éducation.
Sous l’empire Ottoman, dans son âge d’or, l’Islam était la religion d’Etat, tout en garantissant aux autres communautés, la liberté de culte et la gestion autonome de leur culte et de leurs affaires familiales et communautaires à travers leurs propres représentants et tribunaux, – système supérieur et plus libre sous ce rapport que la République laïque à titre d’exemple -. Or, sous l’ère kémaliste des laïcs dans la Turquie moderne, non seulement la majorité sunnite était souvent discriminée et opprimée, mais les minorités ethniques et religieuses également, – malgré quelques périodes de relâchement (de pression) politique. Et sur le plan économico-scientifique, la Turquie n’avait pas un bon niveau, tandis que la corruption politique y était prédominante et sévère.
Le danger apparait quand les dirigeants, – peu importe l’idéologie ou la religion à laquelle ils prétendent (parfois à tort) adhérer – délaissent la sagesse, la transparence et la justice, pour le fanatisme idéologique, l’opportunisme, la corruption et/ou l’avidité, que ce soit dans un système laïc ou religieux, conservateur ou progressiste. Il y a cependant certains types de structures politiques qui freinent quelque peu la corruption des élites, tandis que d’autres la facilitent, et de même pour la corruption des mœurs et la prolifération des idéologies totalitaires. Il est donc primordial de rester vigilant face aux dérives (en tous genres) toujours possibles.
Au fond, cette réflexion de Julius Evola nous parait intéressante à méditer et à interroger, car peu importe le type de société dans lequel nous vivons, – et que nous « subissons » parfois contre notre gré – il convient de garder ceci à l’esprit : «
« S’il devait être question d’une réaction de fond contre le système, ce qui revient à dire contre les structures de la société et du monde moderne en général, selon moi, il y a peu de perspectives […] Il ne s’agirait pas de contester ou de polémiquer mais de tout faire sauter : ce qui, à ce jour, est évidemment de l’ordre de la fantaisie ou de l’utopie, en laissant une bonne place à l’anarchisme sporadique. La chose possible et importante est l’action de défense intérieure individuelle, pour laquelle la formule adaptée est : « Fais en sorte que ce sur quoi tu n’as pas prise, ne puisse avoir de prise sur toi » » (Julius Evola, Interview à Gianfranco de Turris, « Il Conciliatore », 15 janvier 1970).
La laïcité a-t-elle favorisée la sagesse, le bonheur et la science pour les peuples ?
Pas vraiment, puisqu’on assiste à une montée des sectes new-âge, à un relativisme et à un syncrétisme qui empoisonnent et rendent inopérantes la spiritualité, de même qu’on a assisté à la montée du « siècle noir » (20e siècle) avec l’apparition des idéologies les plus viles et meurtrières : racistes, eugénistes, darwinistes, scientistes, communistes athées (avec tous leurs mouvements terroristes), le nazisme, le fascisme, le capitalisme sauvage.
Jamais la planète et l’Humanité n’avaient été menacées à un tel point que depuis l’effacement du religieux (au sens noble du terme) et la disparition du spirituel.
De même, les mouvements extrémistes « pseudo-religieux » sont apparus de nos jours, dans des sociétés très sécularisées (ou en phase de sécularisation) comme en Syrie, en France, en Irak, etc.
Les apôtres de la « laïcité/libre pensée » en milieu occidental, n’ont-ils pas commis les pires tragédies du 19e et du 20e siècles au Sénégal, en Algérie, et au cœur même de l’Europe, avec des millions de juifs, de tsiganes, de maghrébins, d’africains, et d’européens tués dans la barbarie la plus totale ? Les millions d’algériens exécutés et massacrés par les forces françaises ?
Enver Hoxha, le dictateur athée, formé à l’Université Libre de Bruxelles (« centre » de la Franc-maçonnerie et de la laïcité), qui a imposé une terrible et sinistre dictature athée et anti-religieuse en Albanie durant des décennies, jusqu’à la fin des années 80.
Et dans le monde musulman, avec des partisans des idéologies des Lumières et du sécularisme, – et affiliés à la Franc-maçonnerie moderne – Talaat Pasha, Jemal Pasha et Enver Pasha, qui ont conduit l’Empire Ottoman à sa ruine, et qui ont ordonné de violentes répressions contre plusieurs minorités ethniques. Mustapha Kemal (dit Atatürk par de nombreux turcs, surtout kémalistes), figure complexe mais autoritaire et dictatoriale, puis son continuateur et successeur encore plus intransigeant et fanatique, İsmet İnönü, eux aussi « laïcs ». Les figures « laïques » du monde musulman ou en Extrême-Orient ont rarement été des pacifistes et des figures incarnant la justice, la sagesse et la dignité. En France, pratiquement tous les candidats en course pour la présidence, et se disant fermement défenseurs de la laïcité, – et qui est pour eux un dogme inviolable et sacré -, sont souvent des personnalités impliquées dans des fraudes fiscales, des magouilles électorales, des conflits d’intérêt avec des multinationales, des crimes d’Etat et des implications (à différents degrés) dans des massacres de civils dans différents pays.
Quant au « progrès » scientifique, il a toujours été promu par différents types de sociétés et de systèmes politiques, qu’ils soient religieux ou non, et dont les recherches sont partiellement censurées ou orientées idéologiquement (comme sous la période soviétique, mais pas seulement, puisqu’en France et aux Etats-Unis par exemple, c’est aussi le cas). Des pays comme la Turquie et l’Iran, mais aussi comme le Qatar, le Pakistan et la Malaisie par exemple, la recherche scientifique jouit d’une place importante et est valorisée pour différentes raisons.
A la question, qu’est-ce qui est au-dessus (supérieur et plus important), la Loi Divine (et la foi religieuse) ou la République (ou tout autre système politique ou idéologique), pour le musulman lucide, éclairé et décomplexé, la réponse est simple. Etant donné que pour lui, à travers une argumentation rationnelle, un raisonnement théologique et une démarche spirituelle -, la foi dans le Divin et dans Sa Loi sont absolus et transcendants, Sa Création, – et donc tout système politique -, dépend de Lui et lui est donc inférieure et subordonnée. C’est Allah (le Divin) qui existencie et conditionne tout selon des lois et des modalités. Pour autant, Il sait aussi que les humains ne vivent pas toujours sous des systèmes politiques conformes à Sa Loi, et donc le (respect du) vivre-ensemble s’impose de fait, au nom même de Sa Volonté et de Sa Loi, – et en l’occurrence ici au nom même de l’Islam -, et ce quel que soit le système politique (islamique, pseudo-islamique ou non-islamique).
En effet, lorsque des musulmans ont fui les persécutions de la Mecque pour émigrer d’une part en Abyssinie (alors royaume chrétien très tolérant) puis d’autre part à Médine (alors appelé Yathrib), le Prophète a enjoint clairement les émigrés à respecter les codes du vivre-ensemble, sans pour autant renoncer à leur foi ni à leurs valeurs, et sans renoncer à la conviction que seul Allah est Divin et mérite d’être adoré. Or, c’est le propre de toute idéologie totalitaire humaine, que d’exiger aux citoyens de “sacraliser” ou de “diviniser” (par l’adoration et l’absolutisation) de placer leur idéologie (et le système politique qui en découle) au-dessus de leur foi ou de leur amour pour leurs parents. Que ce soit la Corée du Nord (un régime athée), la Chine communiste athée ou la République française (anti-religieuse et reniant dans les faits le Divin), tous se rejoignent dans cette idolâtrie moderne, où l’athéisme et le culte de la personnalité et/ou de l’idéologie tente d’éradiquer le Divin et la Religion.
Quant à l’Islam, en pays musulman, l’Islam doit être le fondement et le cœur de la Constitution, puisqu’il exprime la Loi Divine, et rappelle à l’ensemble des êtres, que la Loi Divine transcende et dépasse les lois et caprices des êtres humains, et que tous sont tenus d’obéir aux principes divins de la Constitution, ne dépendant nullement d’un relativisme (d’opinions) ou d’une subjectivité humaine que l’on pourrait contester.
Et cette Constitution garantie justement la liberté de conscience, de culte et d’expression dans les limites du respect mutuel et de la responsabilité légale et morale, à tous ses citoyens, sans placer pour autant toutes les opinions et idéologies sur le même plan que l’Islam (considéré comme la vérité et comme garantissant la justice pour tous), sachant que tous (musulmans et non-musulmans, religieux et non-religieux) concèdent que certaines idéologies ou pratiques sont intellectuellement, moralement ou politiquement très dangereuses ou pernicieuses.
La Constitution de Médine et le Pacte de Najrân appliqués par le Prophète lors de l’Etat islamique qu’il fonda, posent d’ailleurs les fondements de la justice sociale et de la liberté de culte pour les non-musulmans.
Il est aussi nécessaire de distinguer les pays musulmans à grosse majorité musulmane et composée d’une homogénéité ethnique (comme l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, le Soudan, l’Afghanistan, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Qatar, l’Indonésie, le Kosovo, etc.) où la pluralité ethnique se réduit entre 1 et 4 populations ethniques très voisines les uns des autres, des pays musulmans composés d’un large spectre de populations ethniques aux antagonismes idéologiques et religieuses, comme la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie par exemple, qui comptent de fortes populations arabes, turques (ou turciques), baloutches, iraniennes, kurdes, chaldéennes, araméennes, etc., et dont ces pays ont connu une phase importante de sécularisation et un conditionnement clivant entre le bloc soviétique/communiste et le bloc occidental/capitaliste, et qui ont laissé des séquelles et des traces palpables dans la mentalité de larges groupes d’individus, avec des ambitions ou des pratiques étant peu conciliables avec leur culture d’origine et leur patrimoine civilisationnel et religieux/spirituel. Les méthodes et les besoins ne seront pas les mêmes d’un pays à l’autre.
Cependant, un Etat islamique, à notre époque, qui se voudrait à la fois stable, juste, prospère et éclairé, s’inspirant dans les grandes lignes de l’exemple prophétique et de l’esprit général qui s’en dégage, – le tout en étant en phase avec les besoins et les enjeux de notre époque -, est donc tout à fait possible, et même souhaitable pour le monde musulman.