Concernant les tueries et assassinats visant les islamophobes ou les blasphémateurs

  Comme nous l’avons déjà vu ailleurs, le Qur’ân, la Sunnah et la Sirah authentifiée[1] nous montrent que le Prophète (ﷺ) dut faire face à de nombreux islamophobes en son temps, soit à travers leurs calomnies et campagnes de diffamation, soit à travers des tentatives d’assassinat contre sa personne. Lorsqu’il s’agissait de tentatives d’assassinat sur sa personne. Al-Bukharî dans son Sahîh évoque plusieurs exemples, notamment le cas d’un Arabe idolâtre durant la période médinoise qui tenta de le tuer alors que le Prophète (ﷺ) était assoupi au pied d’un arbre (de Samurah) mais le Prophète (ﷺ) se réveilla et invoquant Allâh, son ennemi lâcha le sabre (qu’il avait d’abord pris au Prophète pendant qu’il était assoupi) et étant à la merci du Prophète (ﷺ), ce dernier lui pardonna et lui dit de rentrer librement chez lui en formulant le vœu de ne plus combattre les Musulmans. Le cas aussi de la femme juive de Khaybar, toujours durant la période médinoise (donc lorsque le Prophète (ﷺ) était doté d’un État islamique capable de punir les meurtriers), qui tenta de l’empoisonner en empoisonnant la viande – le Prophète (ﷺ) lui pardonna -, bien que la famille de l’autre personne qu’elle tua par ce biais exigea qu’on lui applique la loi du talion pour les meurtriers -. Un autre cas est celui de Dhu-l-Khuwayssira, qui insulta et dénigra le Prophète (ﷺ) en présence de plusieurs de ses Compagnons, et où certains d’entre eux voulaient l’exécuter pour cela, mais le Prophète (ﷺ) leur interdit de le tuer ou même de le corriger ou de l’insulter. Encore un autre cas est celui d’un groupe de Juifs hostiles au Prophète (ﷺ), souhaitant la mort sur le Prophète (ﷺ) alors qu’il était en compagnie de son épouse ‘Aîsha, et cette dernière s’énerva mais le Prophète (ﷺ) se contenta de dire « et sur vous aussi » (signifiant par là que s’ils souhaitaient aux gens la mort, alors que selon la « loi universelle » ils devront s’attendre à ce que le mal qu’ils souhaitent aux gens leur retombe dessus), ajoutant à ‘Aîsha : « Allâh aime que l’on fasse preuve de bonté et de douceur en toute chose, et qu’il faut prendre garde à la violence et à l’indécence ». Et dans la Sirah authentifiée, il est rapporté que lorsque le Prophète Muhammad (ﷺ) revint victorieux à la Mecque, libérant la ville de ses tyrans idolâtres, et pardonnant à l’ensemble des habitants idolâtres de la Cité, qu’un homme non-musulman du nom de – Fudâla ibn ‘Umayr – tenta de le tuer alors que le Prophète et ses 10 000 Compagnons tournaient autour de la Ka’aba, mais le Prophète (ﷺ) pressenti une telle chose et anticipa sa tentative d’assassinat et « lisait » dans ses pensées. Il parla à l’homme et posa sa main sur son cœur, et l’apaisa de la sorte.  Ibn Kathîr rapporte dans al-Bidayâ wa an-nihâya (4/342) à ce sujet : « Le Prophète (ﷺ) dit : « Tu es bien Fudâla ? ». « Oui, Fudâla, Messager d’Allâh (faisant semblant d’être musulman) ». Le Prophète lui dit alors : « Qu’avais-tu l’intention de faire ? ». Fudâla lui répondit : « Rien, je me rappelais d’Allâh ». Le Prophète se mit alors à rire et lui dit : « Implore le Pardon d’Allâh (alors), Fudâla ». Puis il posa la main sur le coeur de Fudâla afin de l’apaiser. Fudâla commenta cet incident en disant : « Par Allâh, lorsqu’il ôta sa main de ma poitrine, il n’y avait aucune créature au monde que j’aimais autant que le Prophète »

  Les historiens et muhhadithûn Ibn Hajar al ‘Asqalânî dans al-Isâba (3/219), Ibn ‘Abd al-Barr dans al-Istî’âb (3/57) et Ibn al-Athîr dans Usd al-Ghâba (2/346) relatent aussi le cas où l’un des pires ennemis du Prophète (ﷺ) fut Suhayl ibn ‘Amr, qui était un chef ayant participé à la bataille de Badr et de Uhûd contre les musulmans. En dépit de sa forte hostilité contre le Prophète (ﷺ) et les musulmans, plusieurs de ses enfants étaient devenus musulmans et combattaient aux côtés du Prophète. Lors de la bataille de La Mecque, n’ayant plus d’échappatoire, il dit : « J’envoyai dire à mon fils ‘Abdallâh ibn Suhayl, – qui faisait partie de l’armée musulmane victorieuse – de demander au Prophète (ﷺ) de m’accorder sa protection : je risquais en effet d’être tué, et nul n’avait un passé aussi sombre que le mien. J’étais celui qui avait contraint le Prophète à accepter le traité d’Hudaybiyya et j’avais combattu les musulmans à Badr et à Uhud ».

  Suhayl ibn ‘Amr rapporte ensuite que son fils ‘Abdallâh ibn Suhayl alla trouver le Prophète (ﷺ)pour lui dire : « Messager d’Allâh, accorde-lui la sécurité ». Le Prophète (ﷺ) lui répondit : « Oui, il est sous la Protection divine, il peut sortir ». Tout en garantissant la sécurité à tous ceux qui le demandaient, le Prophète (ﷺ) ordonna aussi à ses Compagnons de ne pas les insulter ni de les humilier. Concernant Suhayl, il leur dit : « Que ceux qui rencontrent Suhayl ibn ‘Amr ne le fixent pas du regard ». Alors même que Suhayl fut un ennemi acharné du Prophète (ﷺ) et des Compagnons, le Prophète (ﷺ) n’hésitait pas à souligner et à énumérer ses qualités : « Suhayl est un homme sage et honorable. Un homme comme Suhayl n’ignorait pas l’Islam, mais il avait l’impression qu’il ne serait pas dans son intérêt ».

  ‘Abdallâh ibn Suhayl alla alors trouver son père pour l’informer des propos et de la décision du Prophète (ﷺ) et Suhayl s’exclama : « Il est tout aussi généreux qu’il l’était autrefois (avant que les idolâtres ne se mettent à le persécuter) ! ».

   Voilà donc pour les différents cas d’études à propos de l’attitude prophétique face à ses ennemis et à ceux qui l’insultaient et le dénigraient.

  Prenons un cas de notre époque, qui en France a beaucoup été relayé dans les médias mainstream [2], à savoir les assassinats commis par les frères Kouachi contre des dessinateurs extrémistes et calomniateurs de Charlie Hebdo qui militaient en partie contre la liberté d’expression et la dignité des peuples. Il faut savoir que même envers des personnes qui insultent ou calomnient le Prophète (ﷺ) ou les croyants, alors qu’ils sont sous la juridiction d’un pays non-musulman ou d’un pays gouverné par un système injuste et corrompu, que de telles actions (assassinats ou terrorisme) sont considérées par la Shar’iah comme étant harâm (illicites), et méritant même des sanctions pénales contre les auteurs de la tuerie.

  Allâh dit : « et qui endurent (les épreuves et le mal des gens) dans la recherche de l’agrément d’Allâh, accomplissent la Salât et dépensent (dans le bien), en secret et en public, de ce que Nous leur avons attribué, et repoussent le mal par le bien. A ceux-là, la bonne demeure finale » (Qur’ân 13, 22).

« Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes ; et certes vous entendrez (…) de leur part beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux… voilà bien la meilleure résolution à prendre » (Qur’ân 3, 186).

  Concernant les caricatures ou les livres diabolisant l’islam, la Shar’îah propose 2 types de réponse. La première, leur répondre sur le même plan (dessins, caricatures ou livres argumentés et sans tomber dans la vulgarité ou la provocation gratuite), soit de les ignorer et de les laisser se fatiguer tout simplement, d’autant plus qu’ils cherchent le buzz pour continuer d’exister et mieux vendre leurs torchons.

  Par ailleurs, en terres non-musulmanes, qui plus est celles qui ont des accords avec des pays musulmans via l’ONU ou des accords bilatéraux, il est doublement interdit de les attaquer ou de les tuer. D’une part l’islam interdit moralement de tuer les non-Musulmans qui n’ont pas pris les armes contre les Musulmans ou les Dhimmis, ou ceux qui auraient incité à tuer des croyants.

  D’autre part, les citoyens non-Musulmans en Europe (pays européens signataires de la charte de l’ONU, tout comme les pays Musulmans) et ailleurs sont considérés actuellement, par la Shar’îah et le droit musulman traditionnel et classique (fiqh), comme étant des ressortissants dont la vie, les biens, la sécurité, la dignité et la santé sont protégés, et dont il est obligatoire pour chaque musulman de respecter les différents traités en plus de la vie humaine en tant que telle. Par ailleurs la Shar’îah interdit aux simples citoyens musulmans d’agir sans l’accord du pouvoir politique en place, sauf en cas d’oppression sanglante ou de légitime défense (si leur vie est menacée). Enfin, la Shari’ah demande aux citoyens Musulmans qui résident dans un pays non-musulman comme musulman d’ailleurs, de respecter la loi en vigueur dans la mesure du possible, tant que la loi n’oblige pas les musulmans à commettre un péché (comme le kufr, le shirk, le meurtre, le vol, l’adultère, etc.) comme nous l’enseignent le Qur’ân dans la Sûrah Yûsuf, qui fut une sorte de Ministre dans un système non-musulman et sous l’autorité du Roi d’Egypte, ainsi que dans la Sirah et la Sunnah où il fut demandé aux Sahâba ayant émigré en Abyssinie, de ne pas semer le trouble, le chaos ou l’insécurité alors qu’ils y étaient accueillis et réfugiés pour fuir les persécutions et troubles causés par des idolâtres injustes en Arabie, et les Sahâba vivaient en bonne intelligence et en bon voisinage avec les habitants Chrétiens d’Abyssinie (qui était gouvernée par un dirigeant – le Négus – d’un pays chrétien, Négus qui se convertira à l’Islam mais sans pouvoir appliquer la Shar’îah car les notables s’y opposaient et se seraient soulevés contre le Négus s’il invitait son peuple à l’islam).

  Si par ‘urf et ta’zir, un pays musulman stipule une peine juridique pour les blasphémateurs malfaisants et malveillants, ce sont uniquement les forces de l’ordre ou les autorités politiques et légales du pays musulman qui peuvent les arrêter ou les sanctionner dans le pays musulman en question, et pas dans les autres pays, sauf avec leur accord et les modalités appliquées dans leur pays.

  Enfin, quand la nécessité et l’intérêt général exigent de laisser passer certaines choses pour éviter un plus grand mal ou leur faire une plus grande pub, mieux vaut ne pas les sanctionner.

  C’était déjà là l’avis d’anciens savants sunnites durant l’ère médiévale, comme Abû Ja’far at-Tahâwî (même pour les Dhimms qui insulteraient le Prophète ﷺ d’ailleurs, et si les autorités musulmanes ont fixé un ta’zir comme une amende ou une peine de prison, ils ne seront cependant pas tués pour ce délit ou un crime lié au simple blasphème ou à l’injure), Ibn Qudâma al-Hanbâlî dans Al-Mughnî, Al-Qurtûbî al-Mâliki dans son Tafsîr, Ibn Kathîr as-Shafi’i dans son Tafsîr.

  Tout ce que peuvent faire les simples citoyens musulmans dans le pays en question, sont, pour ceux qui ont la sagesse et la science, de discuter avec les blasphémateurs malveillants pour les exhorter de revoir leur position et de dissiper leurs préjugés en espérant qu’ils cessent le mal qu’ils commettent. Ou bien de les ignorer et de leur répondre par un bon comportement et des actes relevant de la sagesse, ou en manifestant sincèrement et noblement son amour pour Allâh, Muhammad et la Religion. Ou bien encore recourir aux lois et outils juridiques du pays en question pour appeler à la justice, au respect envers les autres, au licenciement (si le cas est grave), etc., comme le font les sionistes hypocrites pour faire taire tous leurs opposants (bien que dans ce cas-ci ce sont souvent des opposants innocents appelant à la paix et à la justice qui sont visés). Bien sûr, nous ne sommes pas dupes car en France, les institutions politiques et juridiques ne sont ni impartiales, ni justes et ni indépendantes du pouvoir politique, qui lui est dirigé par une mafia d’État composée de nombreux sionistes corrompus et extrémistes. Mais peu importe si le recours abouti, ça reste une voie à envisager, mais en aucun cas semer la terreur ou la mort contre de simples dessinateurs, journalistes ou écrivains islamophobes ou blasphémateurs ne sont permis, d’autant plus qu’ils obéissent surtout au système idéologique du pouvoir politique, qui pousse à la haine et institue une politique xénophobe et islamophobe.

  Il reste aussi les du’a (invocations) qui sont à la portée de tout le monde, et qui sont le meilleur moyen de se tourner vers Allâh, de nous rapprocher de Lui, d’éviter les actes blâmables, d’évacuer notre frustration et notre impuissance face aux oppresseurs et aux injustes, déléguant à Allâh ainsi leur sort et ce qui sera la meilleure correction pour eux s’ils ne se repentent pas de leur oppression et injustice.

  L’imâm As-Shafi’i (m. 204 H/820) a dit dans Kitâb Al Umm (4/370), même concernant des combattants/dirigeants non-Musulmans hostiles : « Si le musulman (innocent) est fait prisonnier et que les non-Musulmans le contraignent [par la menace ou la torture] à jurer de rester dans leurs pays et ne pas en sortir, alors il n’est pas obligé de respecter cela car il aura juré sous la contrainte et il ne commet aucune injustice en fuyant mais il lui est interdit de les combattre ou de prendre leurs biens car, en lui laissant la vie sauve alors la réciprocité s’applique à eux aussi, et je ne connais aucune divergence à ce sujet ».

  Le Shaykh Ibn Taymiyya (m. 728 H/1328) dira dans Qâ’idat fî qitâl al-Kuffâr (p. 90) : « Chapitre relatif au combat armé contre les mécréants : a-t-il pour raison d’être le fait de se défendre ou de combattre la mécréance ? Les savants se partagent en 2 avis sur ce point : le premier est celui de la majorité des savants, comme Mâlik, Ahmad ibn Hanbal et Abû Hanîfa [selon lequel la raison d’être du combat armé est de se défendre contre les agressions extérieures qui sont d’abord le fait de l’ennemi]. Le second est celui d’As-Shafi’î, suivi en cela par un groupe de hanbalites [qui considère que la raison d’être du combat armé est la mécréance sauf contre les dhimmis ou ceux qui ont conclu un traité de paix] ». Mais le Qur’ân est clair dessus, les 2 raisons évoquées sont pragmatiques et nécessaires, et sont relatives à l’agression et à l’injustice, et non pas aux différences culturelles, religieuses, ethniques, sociales ou idéologiques. Le Shaykh Ibn Taymiyya conclut dans le même ouvrage (p.90), à la suite d’une étude attentive du Qur’ân que : « L’avis de la majorité est conforté par le Qur’ân, la Sunnah et l’analogie. En effet, Allâh a dit : « Combattez sur le sentier d’Allâh ceux qui vous combattent » (2, 190), jusqu’à « Et sachez qu’Allâh est avec les pieux (enracinés dans la justice et la droiture) » (2, 194). Or la Parole Divine (2, 192) rattache le statut légal correspondant au fait qu’ils nous combattent. Ceci indique qu’il s’agit de la raison d’être du combat armé contre eux. Puis Allâh ajoute : « N’agressez/transgressez pas ». Or le mot « ‘udwân » est qu’il n’est pas permis de dépasser les limites du combat défensif ». Et dans son ouvrage An-Nubuwwât (p. 140) il dit : « Il n’est permis de combattre les mécréants qu’en cas d’agression de leur part, ainsi que l’enseigne la majorité des savants et comme l’indiquent le Qur’ân et la Sunnah en leur lieu ». Et dans As-Sârim al-Maslûl (2/513) il évoque la même raison d’être du combat : « la condition pour combattre est d’être combattu (sous-entendu : en premier lieu ; ne pas commencer le combat) ».

  Allâh a dit en effet : « Combattez dans le Sentier d’Allâh ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allâh n’aime pas les transgresseurs (et les agresseurs) » (Qur’ân 2, 190). At-Tabarî dans son Tafsîr (2/190) commente en rapportant l’avis de Ibn ‘Abbâs qui dit : « Ne tuez ni femmes, ni enfants, ni vieillards, ni quiconque vient à vous avec la paix et qui retient sa main de vous combattre, car si vous faisiez cela, vous auriez certainement transgressé » ainsi que l’avis de ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azîz : « Cela fait référence aux femmes, aux enfants et à quiconque ne vous fait pas la guerre parmi eux ».

 Et le Sentier d’Allâh évoqué dans le verset est une preuve interdisant l’oppression, le terrorisme, l’anarchie, la criminalité, la délinquance, la vilénie, la bassesse, la trahison des pactes ou de l’engagement, les pratiques blâmables et contraires à l’honneur, à la bravoure, à la justice, à la compassion, et à la recherche de Son Agrément tout comme de l’intérêt général de la Ummah et de l’Humanité.

  On peut citer le fameux hadith du Sahîh al-Bukharî – n°3414, 4390 et 6995 – où le Prophète (ﷺ) interdit qu’on maltraite ou qu’on mette à mort un bédouin du nom de Dhu-l-Khuwayssira l’ayant traité d’injuste et d’inique vers la fin de la période médinoise, vers l’an 9 ou 10 de l’Hégire, soit peu de temps avant la mort du Prophète, lorsqu’il dirigeait déjà l’État islamique de Médine ; son refus d’appliquer une quelconque peine était multiple ; ce n’était pas un hadd, il n’y avait aucune nécessité de le faire, il a toujours opté pour l’option visant à ne pas faire couler le sang inutilement, éviter des troubles et une fitna et ne pas mettre dans la gêne ceux qui suivaient le Prophète (ﷺ) ni donner l’occasion à ses ennemis de répandre des rumeurs et des calomnies sur ses intentions réelles, ….

  En une autre occasion, là aussi à Médine, sous l’État islamique, ‘Aisha rapporte : « Un groupe de Juifs a demandé la permission de rendre visite au Prophète et lorsqu’ils ont été admis, ils ont dit : « Que la mort soit sur vous ». Je (‘Aîsha) leur ai dit : « Plutôt la mort et la malédiction d’Allâh sur vous ! ». Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Ô ‘Aîsha, Allâh est Bon et Bienfaisant et Il aime la bonté et la bienfaisance dans tous les domaines et dans toutes les affaires humaines » comme rapporté par Al-Bukharî dans son Sahîh n°6528.

  Al-Bukhari rapporte ce récit dans son chapitre concernant ceux qui maudissent et maltraitent le Prophète (ﷺ), ce qui implique fortement qu’il ne croyait pas qu’une sanction légale devrait être appliquée à chaque cas de blasphème. L’imâm Badr ad-Dîn al-‘Ayni (m. 855 H/1453), qui était une autorité dans le fiqh hanafite, le Tafsîr, le Hadith, l’histoire, la logique, la théologie et le Tasawwuf, commente dans son ʻUmdat al-Qâriʼ Sharh Ṣaḥîḥ al-Bukhârî (34/412) le titre de ce chapitre : « Al-Bukhari a adopté la méthode du peuple de Kûfâ sur cette question, à savoir que si quelqu’un maudit ou réprimande le Prophète (ﷺ) et qu’il est un citoyen non-musulman (dhimmi), alors il est réprimandé mais il n’est pas tué. C’est l’opinion d’at-Thawrî (également) ».

  Et cela a été défendu par plusieurs Salafs et savants parmi les Khalafs, comme l’imâm At-Tahawî al-Hanafî (m. 321 H/933) un Salaf reconnu comme étant l’une des références de son temps, et qui étudia aussi le fiqh shafi’ite auprès de son oncle Al-Muzani qui était l’élève de l’imâm As-Shafi’i, a dit dans son Mukhtassar Ikhtilaf al-Ulama (3/504, section 1652) : « Quant à l’insulte ou au blâme sur le Prophète (ﷺ), nos compagnons (parmi les savants) disent : « S’il est musulman, alors il est devenu apostat, et s’il est dhimmi, alors on lui inflige (et établit) une peine discrétionnaire (ta’zîr), mais on ne le tue pas » ». Et cans le cas où son affaire est portée devant la justice par des plaignant(e)s, sinon il peut être ignoré. Et la peine discrétionnaire peut être une amende, un emprisonnement court ou moyennement long (pouvant sortir plus tôt si la personne regrette), un licenciement, l’expulsion du pays, l’interdiction d’accéder à des postes à haute responsabilité, etc.

  L’imâm al-Jassas al-Hanafi (m. 370 H/981) a dit dans son Sharh Mukhtassar at-Tahawî fi al-fiqh al-Hanafi (6/142) : « At-Tahawî a dit : « Quiconque insulte le Prophète parmi les Dhimmis, il est châtié (dans un état musulman), et non pas tué ». Ceci parce qu’ils ont déjà consenti à leur religion, et de leur religion découle un culte à autre qu’Allâh, et un reniement du Messager d’Allâh (ﷺ). C’est ce qui ressort de ce qui a été rapporté : « (Un groupe parmi) les Juifs sont entrés chez le Prophète et lui ont dit : « Que la mort soit sur toi ». Le Prophète a dit : « Et sur vous » ». Et il n’a pas ordonné qu’ils soient tués (alors qu’ils avaient la capacité de le faire) ».

  L’imâm al-Qudûrî al Hanafî (m. 428 H/1037) a dit dans Al-Tajrid (12/6266) : « Les Dhimmis blasphèment contre Allâh en disant qu’Il a un fils (au sens littéral), et les Zoroastriens [tardifs] en disant qu’Il a une dualité/opposé. Ce sont là des démonstrations explicites, et ces [paroles] ne rompent pas leur pacte [de sécurité, de protection et de citoyenneté]. Ainsi, l’insulte sur le Prophète (ﷺ) en est de même. Du fait que ça soit un type de blasphème, donc cela ne brise pas le pacte, de la même manière que pour les autres types [de blasphèmes]. S’ils insultaient/maudissaient le Prophète (ﷺ) dans leurs églises, et dans leurs ventes/transactions, cela n’annulerait pas leur pacte. Et ce qui ne rompt pas leur pacte dans leurs églises, ne le rompt pas par d’autres façons, comme en faisant sonner les cloches ou en exhibant des cochons ».

  L’imâm Mas’ûd Ibn Ahmad Qâshânî al Hanafî (m. 587 H/1191) – appelé aussi ‘Ala’ ad-Dîn al-Kasani – a dit dans Bada’î al-Sana’î fi Tartib al-Shara’î (15/336) : « Si un dhimmi insulte le Prophète (ﷺ) cela n’invalide pas son pacte [de sécurité]. Car, c’est une extension de sa mécréance par rapport à sa mécréance [d’origine]. Si le pacte a été établi sur sa mécréance d’origine, alors il est établi sur son extension ». Cependant, si le pacte de citoyenneté a été établie sur la base du vivre-ensemble et de l’interdiction d’insulter ou de provoquer les autres communautés et vice-versa, ils se doivent de le respecter.

  Le ta’zîr est une peine légale laissée au jugement réfléchi des juges ou des gouverneurs, tant que cela ne contredit pas les principes islamiques, et que cela n’apporte aucune nuisance à la société. La peine peut être, dans ce cas-ci, la flagellation, une amende, des restrictions médiatiques ou financières, des travaux forcés d’intérêt général, l’emprisonnement, le licenciement professionnel, etc., mais en aucun cas la peine de mort selon At-Tahawî et d’autres juristes.

  Par conséquent, dans un pays non-musulman, il est interdit d’agresser ou de tuer des blasphémateurs ou islamophobes qui ne portent pas les armes contre nous, et dans un pays musulman, les simples Musulmans ne peuvent pas infliger de punition ou sanction aux blasphémateurs et/ou islamophobes. Mais si des plaintes venant du peuple ou des dirigeants existent, elles sont portées devant le tribunal, qui prononcera une peine discrétionnaire adaptée à la situation et à la gravité de l’offense ou de la calomnie faites en public à telle ou telle Prophète, à Allâh/Dieu, telle personnalité importante (en Islam ou non), ou envers n’importe quel citoyen du pays.

  Et de façon générale, Allâh interdit aux Musulmans d’insulter ou de provoquer les autres communautés : « N’insultez pas ceux qui adorent d’autres divinités en dehors d’Allâh, car suite à cela, leur ignorance pourrait les amener à vouloir se venger en insultant Allâh. C’est ainsi que Nous embellissons aux yeux de chaque peuple ses propres actions. Puis ils retourneront tous à leur Seigneur, qui les informera de leurs actes passés » (Qur’ân 6, 108) et de façon générale : « Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. (…) Certes, Allâh est avec ceux qui [L’] ont craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants » (Qur’ân 16, 125 et 127).

Quant aux intentions et aux finalités de ceux qui pensaient bien faire en commettant de tels actes, nous laissons tout simplement leur cas à Allâh, et nous Lui demandons de nous pardonner nos fautes, de nous guider et d’apaiser les cœurs de ceux qui sont meurtris par l’injustice et de nous orienter vers la meilleure des voies à suivre pour atteindre Son Agrément et mériter Sa Satisfaction.


Notes :

[1] Ailleurs nous avons déjà vu les quelques cas apocryphes ou décontextualisés cités par les islamophobes, qui soit concernent des événements qui sont apocryphes ou douteux sur le plan historique, ou soit que les cas en question étaient non seulement des poètes, mais aussi des chefs de guerre et des gens incitant à la haine, à la guerre, à l’humiliation et à l’extermination de toute la communauté musulmane, y compris des femmes.
[2] Les médias occidentaux sont prompts à qualifier ce genre d’assassinats de terrorisme, alors que d’une part il s’agit ici d’une réaction ciblée (mais criminelle certes) à des provocations et injures faites volontairement et dans un agenda politico-idéologique suspect (voire évident pour certains), et que d’autre part, quand des tueries similaires visent des Musulmans (hommes ou femmes, imâms ou gens lambda), ou des immigrés et étrangers (y compris non-Musulmans), les médias et politiciens ne parlent plus de terrorisme mais d’actes de déséquilibrés ou de simples crimes/meurtres, et qui sont pourtant loin d’être des incidents isolés, et alors même qu’il existe un agenda idéologico-politique derrière, notamment de la part de terroristes et meurtriers de l’ultra-droite, mais aussi de réseaux marxistes liés au PKK et d’autres mouvances. Donc soit on doit retirer le qualificatif de « terroriste » pour tout le monde, soit on doit l’utiliser pour toutes les personnes et mouvances commettant des crimes similaires. Mais de nos jours, l’accusation de terrorisme est devenu un instrument politique pour condamner de simples opposants ou diaboliser davantage des groupes terroristes tout en soutenant d’autres groupes terroristes commettant les mêmes horreurs mais sans les qualifier comme tels.


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