Analyse et critique du reportage de Zone Interdite – Face au danger de l’Islam radical, les réponses de l’Etat

Depuis plusieurs années en France, beaucoup d’associations, commerces, lieux de culte, écoles (même inclusives et laïques comme à Paris) ont été accusées à tort de séparatisme ou d’extrémisme alors qu’elles condamnaient clairement le terrorisme, le racisme, la judéophobie, la délinquance et la violence sociale[1]. En janvier 2022, le gouvernement français, – de plus en plus obscurantiste et fanatique – se ridiculisait une fois de plus en désignant des poupées (sans yeux) comme étant des « poupées séparatistes » alors qu’il s’agit d’un type de jouets comme un autre – que les gens sont libres d’acheter ou non, d’apprécier ou non -. Tout était partie d’une enquête frauduleuse et montée de toute pièce de Zone interdite – Face au danger de l’Islam radical, les réponses de l’Etat en 2022[2], – visant à justifier les mesures autoritaires et liberticides du gouvernement français auprès de l’opinion publique – émission souvent critiquée et épinglée pour ses méthodes frauduleuses et fallacieuses. Le média Al Kanz relatait que la pseudo-journaliste de Zone Interdite « voulait des barbus, des djellabas. Elle y est retournée, seule. Elle a donné environ 250 euros à des jeunes pour qu’ils la laissent filmer des points de deals et qu’ils répondent à ses questions très orientées »[3]. Un autre média écrivait : « C’est donc ça le fameux reportage sur l’islam, le vivre ensemble, les discriminations subies par les musulmans et les préjugés sur cette communauté ? J’ai été contacté à deux reprises à l’automne par un journaliste de #ZoneInterdite, voici les mails reçus »[4], la prise de contact semblait dénoncer l’islamophobie, puis l’équipe a manipulé l’information, menti sur un certain nombre de points et n’a pas respecté ce qui était convenu, puis ont voulu travestir la réalité et alimenté l’islamophobie en diabolisant des convictions et actions rationnelles et acceptables, en mettant une bande sonore accentuant la peur, et en passant sous silence tous les éléments positifs. « Bonjour, je suis « Inès » dans Zone Interdite et M6 ont menti et déformé mes propos. C’est une honte. #ZoneInterdite »[5]. Des personnes vivant dans le quartier ont confirmé que ce reportage racontait n’importe quoi et avait inventé ou détourné beaucoup de choses. Le journaliste politique David Guiraud montrait les manipulations et fakes news relayées dans le reportage de Zone Interdite pour faire croire que certaines zones étaient islamisées (au sens d’islamistes radicalisés) ce qui était tout à fait faux[6]. Noam Anouar joue le faux naïf dans son entretien dans Le Média[7], sachant que Zone Interdite a déformé les propos de plusieurs intervenants. Couper, manipuler et décontextualiser changent radicalement la portée d’un discours, et ils sont connus pour cela. Les personnes ayant accepté de leur répondre face caméra l’ont amèrement regretté (déformations des propos) comme Inès et Lilia Bouziane qui avait déclaré d’ailleurs : « On m’a posé plein de questions bienveillantes, mais aussi très très poussées. J’ai bien vu qu’on a essay » de me faire dire la phrase qui serait choquante. Mais comme je suis droite dans mes bottes, je n’ai absolument rien à me reprocher donc j’ai parlé tout naturellement (…). On a coupé certaines phrases à certains moments, même dans le choix de mes amis. Ce qu’on ne sait pas, c’est qu’on m’a filmée 48 heures et on m’avait vendu un portrait de 20 minutes”, a confié la principale intéressée et de renchérir : “Là on voit qu’une seule partie de ma journée. On fait bien attention à montrer que mes amies qui sont maghrébines. On ne montre pas les autres (…). On avait fait une petite soirée pizza, il y avait des potes juives, protestantes, catholiques, athées. On était toutes là et justement, c’était vraiment un message de bienveillance (…) »[8].  S’il y a des musulmans qui peuvent être ignorants sur les subtilités dans les avis juridiques ou théologiques ou avoir un comportement détestable ou trop protecteur (dans le sens d’étouffant voire même hypocrite) envers les femmes – mentalité « socioculturelle » qui existe dans toutes les communautés à des degrés divers -, c’est pourtant bien l’Etat français et ses hordes de fanatiques, qui insultent, méprisent, discriminent, agressent et interdisent à des millions de femmes de penser, de se vêtir, de parler et de travailler librement. Et dans le reportage scandaleux – méthodes frauduleuses, mensonges, exagérations, manipulations, tromperies et musique anxiogène et condamnation de choses acceptables, légales ou même louables -, les médias mainstream et la classe politique n’ont rien dénoncé de cela, et ont même mené la vie dure à plusieurs citoyens musulmans qui travaillaient de façon citoyenne et légale… Ils reprochent également à une association musulmane (mais aidant tous les enfants en difficulté scolaire, avec de très bons résultats comme l’a reconnu le Maire de Roubaix Guillaume Delbar – qui a été très pondéré et sage face à l’hystérie fanatique et aux manipulations de l’équipe de M6 -) d’enseigner la langue arabe (qui est autorisé) en parlant aussi du Qur’ân (qui le livre de référence en arabe), de certaines invocations pratiques à dire dans la vie de tous les jours, ainsi que pour aborder la question de la prière, donc rien d’extrémiste, de problématique ou de politique (et encore moins de politique extrémiste). L’équipe du reportage tourne ça de façon scandaleuse et orientée, et par fanatisme, voudrait interdire toute mention même de la religion et des liens avec la langue arabe, ce qui constitue une sorte de génocide culturel et cultuel. Pour les adeptes de cette mouvance radicale laïque, est « islamiste » toute personne de confession musulmane pratiquant dignement et intelligemment sa religion, adoptant une belle éthique, aimant Dieu et Son Messager, fier et libre d’exprimer ses belles opinions et valeurs (justice, équité, bonté, charité, piété, etc.) et ne soutenant pas l’extrémisme et les mesures liberticides de l’Etat ou des groupuscules extrémistes de gauche ou de droite. Quand bien même les musulmans s’opposeraient totalement au terrorisme, à la violence, à la délinquance ou à l’extrémisme, ils seront quand même étiquetés « islamistes », « séparatistes », « islamistes radicaux ».

    Cette affaire des « poupées » révèle l’hypocrisie et l’obscurantisme qui pourrissent la France, car il y a des poupées très laides, des poupées qui font peur, et cela ne semble gêner personne. L’avis de l’interdiction des représentations complètes d’être vivants (notamment pour des objets ayant un volume) n’a aucun lien avec l’Islam radical ou l’islamisme. Il s’agit d’un avis juridique en Islam parmi d’autres (des avis juridiques de l’école malikite, shafiite et hanafite notamment, l’autorisent dans un certain nombre de cas)[9], avis qui existe aussi dans certains courants juifs ou chrétiens. Il faudrait cependant que les musulmans se rendent compte que le patrimoine islamique, en termes d’héritage spirituel, de la littérature éthique et morale et concernant le corpus juridique, est le plus riche du monde, et qu’il existe une diversité d’opinions juridiques sur de nombreuses questions, et ce depuis l’époque des Compagnons du Prophète. Au-delà des obligations et des interdictions universelles et explicites (comme l’interdiction de l’idolâtrie, du meurtre, de la drogue, de la sorcellerie, de la consommation d’alcool, du vandalisme, de l’agression physique ou sexuelle, de l’adultère, de la fornication, de la calomnie, du mauvais traitement infligé à ses parents, à son entourage ou à ses voisins, etc.), chaque sensibilité juridique est représentée en Islam, – l’autorisation d’écouter de la musique comme du refus d’en écouter[10], comme de représenter ou non des êtres vivants sous forme complète -, est possible selon l’Islam, mais chaque avis relevant de la préférence personnelle – et qui fait l’objet de divergence réelle – doit rester personnel et non pas imposer à tout le monde -. Aucun des différents avis sur une même question ne peut être taxé d’extrémiste ou d’hérétique, et surtout s’ils n’impliquent aucune nuisance pour la santé mentale ou physique ou pour la société, et qu’ils ne contredisent en rien les principes et les finalités de l’Islâm. Tout ce qui se trouve « au milieu » – c’est-à-dire entre les principes, les valeurs et les finalités de l’Islam – est licite jusqu’à preuve du contraire, et certains feraient bien d’éviter le fanatisme et le rigorisme, qu’ils soient « laïc » ou « religieux/culturel ».

   En outre, beaucoup de musulmans apolitiques (y compris dans la sphère salafiste) sont de cet avis (celui de l’interdiction), il n’y a donc aucun lien avec l’Islam politique. Par ailleurs, beaucoup de musulmans politisés – comme pour les chrétiens, juifs, agnostiques, bouddhistes, etc. qui sont politisés -, la grande majorité sont pour l’avis permissif des jouets avec un visage complet. C’est un choix et produit esthétique et commercial, – comme il en existe beaucoup d’autres – et si la France en est à l’interdire, pour les raisons officiellement évoquées, cela s’appelle du totalitarisme. Ce reportage est donc malhonnête, et pour certains décérébrés, – comme Zemmour et les fanatiques islamophobes -, considérer cela comme une menace prioritaire pour la France c’est ne rien comprendre à ce qui menace réellement le monde (la destruction du système de santé, la pollution, la mainmise de Big Pharma, la corruption politique, la pédocriminalité, le trafic de drogue, une jeunesse désabusée et de plus en plus violente et décadente, le consumérisme, la précarité et la prostitution de nombreux étudiants pour payer leurs études et/ou leur loyer, l’américanisation de la France qui efface et détruit toutes les cultures locales en France ou ailleurs, etc.). Dans un « débat » médiocre où Zemmour s’ illustrait le 28 janvier 2022 face à Jean-Luc Mélenchon, il mentait et jouait l’opportuniste en citant l’affaire des poupées pour y dire n’importe quoi[11], et en profitait pour dériver et multiplier les paroles révisionnistes, notamment en se référant au pseudo-historien Sylvain Gouguenheim qui prétendait que le monde musulman n’avait pas joué le rôle d’intermédiaire central dans la diffusion et la traduction de la « philosophie grecque », alors qu’il ignore que les seuls centres de traduction en Europe étaient secondaires et sans aucune commune mesure avec le mouvement de traduction et d’apports originaux issus du monde musulman. Si jusqu’au 15ème siècle, on constate un mouvement de traduction massive de l’arabe ou du persan vers le latin, c’est justement parce que l’Europe ne disposait pas de centres influents et suffisants pour le faire. Là où les plus grandes bibliothèques européennes comportaient 5000 volumes tout au plus, dans le monde musulman, elles pouvaient dépasser le million de volumes (médecine, théologie, musicologie, astronomie, logique, éthique, métaphysique, droit, exégèse, lexicographie, optique, physique, philosophie, etc.). Les travaux de l’historien Dimitr Gutas sur la question des traductions sont catégoriques à ce sujet. En effet, dans son ouvrage Pensée grecque, culture arabe: Le mouvement de traduction gréco-arabe à Bagdad et la société abbasside primitive (IIe-IVe/VIIIe-Xe siècles) aux éditions Aubier et paru en 2005, il était fait état de ceci : « Sous le pouvoir à peine conquis des Abbassides, Bagdad, entre le VIIIè et le Xè siècle, est le lieu d’un formidable éveil de la pensée philosophique et scientifique. Cet essor de la vie intellectuelle s’accompagne d’un vaste mouvement de traduction des textes grecs anciens. Que traduit-on ? Toutes les disciplines scientifiques — de l’astrologie, de la médecine, de l’astronomie, des mathématiques… et même des manuels d’art militaire -, puis de la philosophie, notamment Aristote. Tout un corpus se constitue — de traductions, fidèles ou paraphrastiques, en commentaires, de compilations en œuvres propres –, qui deviendra la base de la pensée arabe classique et une source capitale de notre accès à l’Antiquité grecque. L’originalité de Dimitri Gutas est d’analyser les facteurs sociopolitiques et surtout idéologiques qui ont permis ce grand mouvement culturel il corrige l’idée selon laquelle ces traductions auraient été faites en vertu d’une sorte de goût altruiste pour la culture. Il montre qu’elles émanent en réalité de la demande de l’État et plus généralement de la société, puisque leurs commanditaires sont les califes et aussi des marchands, des propriétaires terriens, des Arabes et des non-Arabes, des musulmans et des non-musulmans… Enfin, Dimitri Gutas décrit l’influence de cette grande entreprise de traduction sur cet autre renouveau intellectuel qu’on a appelé le ” premier humanisme byzantin “. Salué, lors de sa parution en langue anglaise en 1998, par une critique unanime, ce livre est un classique des études sur les rapports entre l’Antiquité grecque et le monde arabe ».

   Quant à S. Gouguenheim, ses travaux sont malhonnêtes et très lacunaires, même si tout n’est pas faux. Des historiens comme Jacques Verger, Thomas Ricklin et Aurélien Robert ont souligné les erreurs et nombreux problèmes de ses travaux, avant tout étant orientés idéologiquement.

   Après les mongols, ce furent les croisés et les forces coloniales (britanniques, françaises, puis israéliennes et américaines) qui brûlèrent de nombreux manuscrits, des bibliothèques et des mosquées du 18e au 21e siècles (en Algérie, en Egypte, en Lybie, au Sénégal, en Tunisie, en Inde, au Pakistan, en Turquie, en Irak, etc.).Par ailleurs, ce sont les croisés, et plus tard, leurs successeurs laïcards, qui ont souvent brûlé les livres (sauf ceux qu’ils voulaient garder pour eux) qu’ils voyaient chez les musulmans (Sénégal, Algérie, Mali, Liban, Inde, Pakistan, etc., où au total, quelques millions de livres furent brûlés, comme au Liban, où une grande bibliothèque contenant plus de 200 000 livres fut incendiée volontairement). Le siège de Tripoli au Liban qui eut lieu entre 1102 et 1109 : « En effet, les forces terrestres, conduites par Baudouin, Bertrand et Tancrède respectent ces conditions, au contraire des Génois qui pillent la ville, détruisent sa bibliothèque, le Dar-el-Ilm, et massacrent une partie de la population »[12]. Concernant cette bibliothèque : « Pour asseoir, leur jeune autorité politique sur Tripoli, sur le plan culturel, les Banû ‘Ammâr ont autour de 1080 créé une maison de la science qu’ils ont conçue comme un symbole de leur souveraineté sur la ville. Malheureusement, cette institution n’a fonctionné qu’une trentaine d’années. Après avoir conquis la ville en 1109, les Croisés ont mis fin à son existence, en livrant – semble-t-il – ses livres aux flammes. Combien étaient-ils, ces livres ? Une source chiite parle, mais de manière exagérée, de trois millions de volumes, parmi lesquels il y avait cinquante mille corans et vingt mille commentaires. Contredisant ces chiffres rhétoriques, une source sunnite évalue le fonds de la bibliothèque à deux cents mille volumes (Y. Eche, “Les bibliothèques arabes”, 118). Bien que plausible, au regard des dimensions des grandes collections de l’époque, ce nombre reste impressionnant. Il rappelle que les grands collectionneurs polymathes, qui ne se contentaient pas d’embrasser toutes les figures du savoir, aspiraient à réunir toutes les quantités de livres possibles. Ainsi pouvaient-ils travailler à l’universalité de leurs collections d’un point de vue tant encyclopédique que morphologique »[13].

   Denis Enet dans son ouvrage Vendre aux Arabes (éd. Entreprise moderne d’ED Paris, 1978) disait : « En 712, Les Arabes fabriquèrent le papier, une manufacture fut installée à Baghdâd, son coût à bon marché remplaça le papyrus, et les bibliothèques commencèrent à fleurir dans les quatre coins des pays musulmans. Pour l’exemple, Cordoue comptait entre ses murs un million d’habitants, avec 80 écoles publiques et une bibliothèque de 600 000 volumes, fondée par l’Omeyyade ‘Abd Ar-Rahaman (792-852) quatrième souverain Omeyyade en Andalousie. La bibliothèque du Caire fondée en 875 par Ahmad Ibn Touloun (835-884) fut émir de Damas puis de l’Egypte en 868. La plus grande bibliothèque du monde Arabo-Musulman, comptait 1 600 000 volumes. Alors qu’à la même époque la bibliothèque de la Sorbonne s’enorgueillit d’être avec 1000 volumes, la plus grande de l’Occident. Trois siècles après la mort du prophète, la langue Arabe était devenue celle de la culture et de la science ». Et ce, même en Occident, où les grands savants européens étudiaient l’arabe et/ou le persan pour avoir accès directement aux manuscrits scientifiques, théologiques, philosophiques, spirituels et techniques.

   Pierre Rousseau écrivit : « Vers le début du VIIe siècle, le flambeau de la science passe aux mains des Arabes. Dès lors, l’Humanité a connu une innovation torrentielle qui jaillissait de l’Arabie, emportant toutes les barrières sous son flot irrésistible »[14].

   L’historien André Clot écrivait dans son ouvrage L’Espagne Musulmane VIIIe – XVe siècle (éd. Perrin, 1999, pp. 72-73) que : « Chrétiens et juifs convertis sont organisés en communautés, plus nombreuses, dit-on, que partout ailleurs dans le monde musulman, plus pacifiques aussi, chacun étant satisfait de son sort et ne désirant pas en changer. Cette rapide assimilation, cette adoption des goûts et des habitudes des musulmans n’étaient pas du goût des autorités chrétiennes, loin de là. L’ignorance du latin, la langue de l’Eglise, était telle que l’archevêque de Séville fit traduire la Bible en arabe afin que les chrétiens puissent la lire. Alvaro, un écrivain chrétien de cette époque, qui habitait Cordoue et était à la tête d’un groupe de chrétiens exaltés, observe avec tristesse : « Mes coreligionnaires, dit-il, aiment à lire les poèmes et les romans des arabes, ils étudient les écrits des théologiens et des philosophes musulmans, non pour les réfuter mais pour se former une diction arabe correcte et élégante. Où trouver aujourd’hui un laïque qui lise les commentaires latins sur les saintes écritures ? Qui d’entre eux étudie les évangiles, les prophètes, les apôtres ? Hélas, tous les jeunes chrétiens qui se font remarquer par leurs talents ne connaissent que la langue et la littérature arabes ; ils lisent et étudient avec la plus grande ardeur les livres arabes, ils s’en forment à grands frais d’immenses bibliothèques… Parlez-leur, au contraire, des livres chrétiens. Ils vous répondront avec mépris que ces livres là sont indigne de leur attention… ».

    L’ignorance « volontaire » de Zemmour à ce sujet est donc scandaleuse[15]. De même, ne pas fêter Noël ou le Nouvel an n’est pas du séparatisme, mais un choix personnel – qui n’est pas imposé aux autres -, tout comme ne pas vouloir manger du cochon, de la viande, du poisson ou consommer du lait sont des choix personnels, mais qui sont aujourd’hui considérés en France comme un délit (apparenté au séparatisme) à peu de choses près.

   Demande-t-on aux non-musulmans de fêter l’Aïd ou de jeûner durant le mois de Ramadan ? Non, va-t-on alors les taxer de séparatistes dangereux ? Non. Dans les pays musulmans, ils ne sont pas forcés à jeûner – seulement à respecter ceux qui le font – ou à fêter l’Aïd, et nous demandons simplement cette réciprocité dans le respect de l’autre[16].

   Etant donné que les banques, écoles et lieux de la République discriminent, persécutent, et empêchent les musulmans (et des non-musulmans) de vivre leur foi et de mener leurs activités humanitaires, éditorialistes, intellectuelles et cultuelles comme ils l’entendent (sans pour autant tomber dans le fanatisme, l’extrémisme, le terrorisme ou la criminalité), et que leurs libertés fondamentales sont menacées (comptes bancaires fermés, associations dissoutes, arrestations ou violences arbitraires, diffamations et fausses accusations, saisies des biens, insultes, menaces, …), ce sont les gouvernements répressifs et totalitaires qui poussent les communautés locales à s’organiser et à fonder leurs propres commerces, écoles, banques, médias, etc., car leurs voix et leurs droits ne sont pas respectés. Par ailleurs, il existe des commerces et écoles tenus par des juifs, des chrétiens, des bouddhistes et des non-religieux de façon communautaire, et cela ne gêne personne (tout comme les groupes laïcs relèvent aussi du communautarisme).

   Selon le rapport du Sénat de 2021 en France sur la radicalisation islamiste[17],

il y aurait entre 90 000 et 98 000 personnes jugées « radicalistes », sur une population musulmane de 4,1 millions à 8-10 millions. Soit une infime minorité (entre 0,6% et 2% grand maximum). Au sein de ces 0,6% à 2% maximum, l’immense majorité ne sont pas du tout en lien ou en phase avec le terrorisme, l’extrémisme ou la violence, et ne demandent qu’à vivre en paix selon leurs convictions et leurs préférences (vestimentaires, alimentaires, éducatives, etc.).  Le problème réside également dans la mauvaise définition (très arbitraire et idéologique) de la « radicalisation », sachant que selon leur définition (qui est vue comme intolérante et rétrograde par la plupart des autres pays du monde, y compris en Occident) du  radicalisme islamiste, il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas du tout extrémistes mais simplement critiques vis-à-vis du pouvoir, ou refusant la décadence morale ou sociale ; et apprendre l’arabe et le Qur’ân est associé souvent à de l’islamisme pour eux ; comme si apprendre l’hébreux, le latin ou le français en étudiant aussi la Bible ou la Torah serait de la radicalisation, ou encore ou des livres ou manuels en lien avec l’athéisme ou la République française, et qui elles, sont des croyances et des idéologies, parfois en lien avec les pires horreurs du 18ème au 20ème siècles. L’Etat dépossède les parents de leurs droits à éduquer sainement leurs enfants comme ils l’entendent et sans mauvais traitement, et c’est là le propre d’un Etat totalitaire… C’est le droit des parents que de vouloir inculquer des valeurs morales à leurs enfants et de ne pas leur imposer une idéologie nauséabonde imposée par un état corrompu et hypocrite qui plus est. Faudrait-il aussi interdire aux parents d’habiller leurs enfants comme ils le souhaitent (tant que cela reste décent et pudique, avec ou sans voile, comme avec ou sans bonnet ou sans gants), ou encore interdire les couleurs associées à la Tradition islamique, telles que le vert, le blanc, le noir ou le bleu ?

   Ceux qui sont les plus violents – parmi les « ennemis » de la République et plus largement de la société – sont soit les délinquants éloignés de la religion et les trafiquants qui transgressent justement l’Islam et qui causent l’insécurité en France, – tout comme chez les Français ou européens de souche impliqués dans différents trafics de drogue et d’armes – et quant aux terroristes (ou sympathisants) ils sont assez rares et très peu passent à l’acte, même moins que les terroristes passant à l’acte au sein de l’extrême gauche comme de l’extrême droite mais dont les médias TV parlent beaucoup moins, et sans parler de terrorisme alors que c’est bien le cas (attentats, meurtres, agressions et volonté de semer la peur par la terreur). La France souhaite imposer son idéologie et non pas la neutralité religieuse ou idéologique, et se base sur une vision rétrograde, biaisée, extrémiste et décadente de la société et de la vie.

   L’argument souvent invoqué de « contraire aux « valeurs » de la République » est un leurre, puisqu’elles ne sont jamais définies clairement, mais qui, dans les faits, s’apparentent au fanatisme laïc, à l’obscurantisme, à la haine de la religion, à la débauche sexuelle, à l’hypocrisie politique, à la corruption politique, à la pédocriminalité, à l’américanisation des mœurs, à une mauvaise hygiène de vie (alcool, porc, tabac, boite de nuit, fornication, adultère, individualisme, consumérisme, …), au racisme, au mépris, à la pensée unique, à une vision totalitaire et binaire de la société, la propagande et le lavage de cerveau sécularistes dès le plus jeune âge, etc. Il s’agit d’intolérance et de totalitarisme, dès que le pouvoir politique n’est pas « d’accord », ils diabolisent, discriminent, méprisent, interdisent ou sanctionnent pour la moindre opinion divergente ou le moindre choix vestimentaire ou moral (en lien avec la pudeur, la décence, la dignité, etc.). On ne peut guère considérer leur intolérance et leur mépris total pour les convictions, valeurs et choix des « autres » comme étant de la tolérance et de la « fraternité » et encore moins de « l’égalité », quand le choix vestimentaire devient la priorité d’un gouvernement qui en fait une chasse aux sorcières, quand les pédocriminels et les trafiquants sévissent, quand les défis de la violence conjugale, de la cause animale et de l’écologie ne sont pas pris au sérieux dans les faits – tout au plus de timides discours sans action concrète derrière -.

   Là où la France – et quelques autres pays comme la Belgique – discriminent et privent des millions de femmes de leurs droits fondamentaux (accès à l’éducation, à l’emploi, aux activités extrascolaires, etc.) pour des raisons idéologiques, la Turquie – depuis que le parti AKP qualifié d’islamo-conservateur est au pouvoir -, les femmes sont plus libres et plus respectées, que ce soit les femmes au foyer, les mères de famille, les jeunes entrepreneuses, les avocates, les femmes universitaires ou députées, elles ont plus de droit et sont mieux respectées – tout en étant moins instrumentalisées – qu’en France par exemple. Même si le sexisme et la violence conjugale restent un problème en Turquie comme en Occident, il faut dire que beaucoup de violence émane souvent au sein de l’opposition laïque et républicaine. La Turquie a cependant haussé et durci le ton envers la violence contre les femmes, et a entamé plusieurs réformes juridiques et éducatives à ce sujet, conformément aux valeurs de l’Islam qui interdisent la maltraitance féminine et enjoignent le respect et la bienveillance envers les femmes.

   Avec la montée du sécularisme, tous les pays ont observé une hausse de dépression, de violence en tous genres et de déséquilibres dans les rapports hommes/femmes tout comme dans les rapports entre les gens du même sexe ou d’une même communauté. Ainsi, même les pays qualifiés de religieux n’y échappent pas, même si certains dégâts sont limités. La classe politique turque, quant à elle, est beaucoup moins impliquée dans des affaires de viols ou de pédocriminalité que les classes politiques américaines ou françaises par exemple.

   Femmes voilées ou non-voilées, femmes religieuses ou non-religieuses, sont traitées avec respect et considération en Turquie, et ont accès à l’éducation et au marché du travail, sans que cela ne créé de l’insécurité, du fanatisme ou de la peur.

   La France ne respecte donc pas du tout le principe d’égalité homme/femme ni même entre les femmes elles-mêmes, outre le fait que le concept d’égalité (envisagé comme une similitude dans l’identité) n’a aucun fondement scientifique ou philosophique, car il y a des différences notables entre les femmes (même entre elles) et entre les hommes (même entre eux), ainsi qu’entre les enfants et les parents, les humains et les animaux, on ne doit pas gommer leurs différences et leur altérité, mais respecter leur essence sacrée (la vie n’est pas chose banale et remplaçable comme un vulgaire objet), et l’essence humaine doit être respectée en soi (peu importe les identités féminines ou masculines, ou les manifestations particulières de celle-ci : enfant/adulte, homme/femme, etc.). La différence est complémentaire et n’implique pas de supériorité ou d’infériorité de façon absolue[18].

  « Octobre 2020 : après l’assassinat de Samuel Paty par un fanatique djihadiste, le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer incrimine “l’islamogauchisme” qui ferait des ravages à l’université et soutiendrait le terrorisme. Cette fake news est massivement reprise dans les médias français et endossée par la ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal, qui demande une enquête au CNRS. Janvier 2022 : une parodie de colloque est organisée dans un amphithéâtre de la Sorbonne sous le titre « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture », pour dénoncer pêle-mêle l'”islamogauchisme”, le “wokisme”, le “décolonialisme” ou encore les méfaits du féminisme, qui séviraient dans l’enseignement et la recherche. Essayistes, universitaires et journalistes réactionnaires y enchaînent des interventions bien peu scientifiques et non dépourvues d’outrances diverses, sous le patronage du ministère de l’éducation nationale (Jean-Michel Blanquer a co-financé l’opération et fait une allocution introductive) et avec la caution de l’HCERES, l’instance supérieure d’évalution de la recherche, dont le président Thierry Coulhon (nommé par le gouvernement) participe aux conclusions. C’est l’attaque générale contre les libertés intellectuelles et universitaires illustrée de façon frappante par ces deux épisodes que l’historienne Michelle Zancarini Fournel et le professeur de philosophie Claude Gautier analysent dans un livre d’intervention intitulé “De la défense des savoirs critiques. Quand le pouvoir s’en prend à l’autonomie de la recherche”.

   L’historien Julien Théry reçoit Claude Gautier, qui revient aussi sur les enjeux réels du débat actuel, dans les sciences sociales, autour de l’intersectionnalité et des “studies”, c’est-à-dire les études centrées sur le point de vue des dominés. Claude Gautier évoque en particulier la controverse survenue, l’année dernière, autour du livre de Gérard Noiriel et Stéphane Beaud, “Race et sciences sociales”, qui mettait en discussion la pertinence et la place trop importante désormais donnée, selon eux, aux approches centrées sur les discriminations raciales. L’entretien porte aussi sur les difficultés du monde universitaire français à réagir face au processus de démantèlement du service public d’enseignement et de recherche lancé sous Nicolas Sarkozy avec la LRU (loi sur l’autonomie des universités), poursuivi par les socialistes au pouvoir avec François Hollande et accéléré récemment sous la présidence d’Emmanuel Macron avec la LPPR (loi de programmation de la recherche) »[19].

   Dans le reportage de Zone Interdite, on y voit des pratiques honteuses de dissimulation, d’espionnage et d’abus de confiance. La moindre erreur (qui est tolérée ou impunie généralement quand ça concerne les non-musulmans) peut être fatale pour les musulmans, et quand il n’y a pas d’erreurs ou d’infractions banales, ils en inventent pour faire fermer leurs établissements ou commerces, et conduire des familles à la rue ou dans des problèmes judiciaires sans aucune raison valable. Etant donné la forte demande et le peu d’écoles disponibles, des associations prennent en charge l’éducation des enfants selon de bonnes valeurs et une bonne instruction. Mais les fanatiques laïcs trouvent ça scandaleux, et préfèrent une jeunesse déscolarisée (et en proie à la criminalité) plutôt qu’une prise en charge citoyenne et responsable de l’éducation des enfants… Bien qu’ils utilisent les notions galvaudées et inversées d’égalité et de vivre-ensemble pour justifier leurs persécutions et leur intolérance, c’est tout bonnement la preuve qu’ils refusent aux femmes voilées et aux hommes assumant leur foi, l’égalité, le respect et le vivre-ensemble, tant qu’ils n’auront pas épousé totalement leur idéologie totalitaire décadente et hypocrite.

   Certaines idées ou modes de penser peuvent être débattues ou critiquées évidemment, mais l’Etat s’y refuse et préfère condamner directement (souvent ce qui est noble d’ailleurs), invectiver, censurer ou imposer une idéologie totalitaire. Nous ne sommes pas salafistes ni même des « fréristes », et plusieurs conceptions juridiques et théologiques qui en émanent sont considérées comme des erreurs ou des déviances doctrinales par le sunnisme traditionnel, mais cela ne justifie pas de persécuter ou de criminaliser des opinions et pratiques qui ne relèvent en rien de la criminalité ou de l’extrémisme (ne pas aimer écouter la musique ou certaines musiques ou réaliser certains types d’art par exemple, ne sont en rien des crimes ou des actes extrémistes). Cela relève du libre choix de la personne. Face à ces multiples dérives et injustices étatico-politiques, de nombreux citoyens s’indignent et font de la résistance civile et pacifique pour protéger et exercer leurs droits légitimes, mais accusés injustement ensuite de séparatistes ou d’extrémistes par des médias et politiciens crapuleux.

   De même, beaucoup de mamans ne veulent pas que leurs enfants écoutent de la musique ou certains types de musique (pouvant conduire à la dépression ou à la violence sociale comme on le sait), et elles ne font rien de mal en adoptant ce mode de vie, et libre à chacun de s’y conformer ou non.

   Sans être d’accord avec Nadiya Lazzouni sur tous les points, force est de constater qu’elle a su apporter la contradiction à partir des faits, à tous les propos rétrogrades, discriminatoires, liberticides, islamophobes et xénophobes de ses détracteurs (et détractrices) sur les plateaux-tv.

    Le voile étant perçu comme une préservation de la chasteté de la femme et comme un vêtement évitant de renvoyer la femme qu’à son identité sexuelle, il participe à sa dignité, contrairement aux ennemis du voile qui méprisent les femmes voilées, et qui sont soumis à leur ego et au diktat de la société consumériste qui réduit les femmes à son apparence physique et à son attractivité dans la société de consommation.

   Quant à la question de la neutralité politique, elle n’a aucun sens puisque personne n’est réellement neutre, et qu’un Etat repose sur une idéologie (ici républicaine, elle-même en lien avec le capitalisme, le consumérisme, le matérialisme, le positivisme et la lutte contre la Religion et la spiritualité). Si on prétend à la neutralité du pouvoir public, des femmes voilées comme non-voilées peuvent aussi bien les unes que les autres devenir enseignantes, députées, ministres ou secrétaires.

   Tout d’abord, le voile n’est pas spécifique à l’Islam mais il est universel, faisant ainsi partie de la civilisation judéochrétienne, il n’est pas non plus intrinsèquement politique, et même s’il peut être le symbole d’une revendication politique il n’y aurait là aucun problème tant qu’il ne fait pas la promotion du terrorisme ou d’une incitation à commettre un crime. Si toutes les autres revendications rétrogrades sociopolitiques fondées sur des symboles identitaires et communautaristes (que ce soit en lien avec le CRIF ou avec les lobbies LGBT) sont autorisées en France, pourquoi des revendications reposant sur des nobles valeurs de pudeur et de piété, émanant d’une communauté importante en France (la communauté musulmane) seraient-elles interdites ou problématiques ? La communauté musulmane, qui est plus importante que d’autres communautés, possède pourtant bien moins de droits et est paradoxalement la cible de nombreuses attaques et pressions politiques, et le gouvernement porte donc une responsabilité déterminante dans la radicalisation des revendications politiques. Par ailleurs, une femme non-voilée peut aussi porter un projet politique, tout comme elle peut motiver ses choix vestimentaires pour des raisons idéologiques ou en relation avec l’appartenance ou l’identification à certaines communautés.

   Selon la 2ème définition du dictateur par Larousse, un dictateur est : « une personne autoritaire qui impose son point de vue et sa manière de vivre aux autres ; tyran, despote ». Selon cette définition, la France est devenue une dictature en imposant un mode de vie rétrograde, consumériste, anti-religieux et décadent à l’ensemble des communautés de la nation.

   Interdire aux femmes de se voiler alors qu’elles sont conscientes et qu’elles le portent volontairement en toute connaissance de cause, c’est les insulter, et leur dénier non seulement cette liberté fondamentale, mais aussi insulter leur intelligence et les infantiliser. Beaucoup détestent le voile car il empêche la perversion, l’envie ou la jalousie qu’ils éprouvent à l’égard des femmes qui leurs sont inaccessibles. Comme le disait un internaute du nom de Visage de la terreur sur twitter en date du 8 avril 2021 : « On veut juste pouvoir les reluquer en paix. Leur voile (…) signifie qu’elles ne sont pas accessibles contrairement aux restes des femmes françaises que l’on côtoie (…) »[20].

  Provoquer, dénigrer et insulter les musulmans et l’Islam (qui est une religion) dans l’espace public et politique serait encouragé et toléré. Mais parler d’Islam en bien dans l’espace public serait vu comme de l’intégrisme et une atteinte à la laïcité. N’est-ce pas là le comble de l’absurde, de la haine et de l’hypocrisie, comme on peut le voir d’ailleurs dans le fameux reportage de M6 dans Zone interdite. N’est-ce pas la République française, qui n’a aucune neutralité, qui favorise certaines idéologies ou communautés sur les autres, qui persécute des intellectuels, des humoristes et des artistes pour des raisons idéologiques et politiques, sans aucun lien pourtant avec le terrorisme ou des réseaux criminels ? Quand les végans, homosexuels, LGBTQ, juifs, chrétiens, laïcs se plaignent d’un manque de respect ou d’atteintes à leurs droits, vis-à-vis de certains auteurs, politiques, entreprises ou publicités, cela ne gêne personne et les fautifs doivent s’exécuter et se rétracter. Mais quand les musulmans sont concernés, et que leur dignité s’en retrouve menacée et piétinée, ils n’auraient pas le droit de contester les provocations et atteintes dont ils sont victimes ? En outre, ils se plaignent que des marques ou compagnies retirent des affiches faisant l’éloge de la moquerie, de la perversité et de la provocation (envers les musulmans), mais encouragent la promotion de tous les mouvements politisés et les idéologies non-musulmanes, qui devraient, selon eux, en toute logique, se cantonner à la sphère privée. Il n’y a plus aucune cohérence. Les musulmans sont humiliés et leurs droits sont bafoués, et les droits qui sont accordés aux non-musulmans, même les plus fanatiques, sont interdits et retirés aux musulmans même les plus sages et les plus pondérés.

   Sur la mixité, ne pas faire la bise ou serrer la main, – sans agressivité aucune évidemment -, sont aussi des choix qui existent chez des non-musulmans (juifs, chrétiens, non-religieux, hommes, femmes, etc.) pour des raisons religieuses, culturelles, sanitaires, personnelles, etc., or cela ne devient une polémique que quand des musulmans sont concernés. Des milliers de personnes sont ainsi licenciées car la France demeure incapable d’accepter et de respecter la diversité religieuse et philosophique. A la suite de ce reportage, il y a eu plusieurs agressions et tentatives de meurtres envers des femmes musulmanes. Tentative de meurtre sur une femme voilée en France, 25 janvier 2022 : « je me suis faites agresser ce matin, une dame a essayer de me pousser sur les rails du RER sous prétexte qu’avec « ce truc sur ta tête tu n’as pas ta place en France ». j’en suis traumatisée jusqu’ou vont-ils aller ? »[21]. Silence radio des médias et des responsables politiques…

   Chaque année, ce sont des milliers de musulmans (hommes et femmes) intègres qui sont menacés de mort sur les réseaux sociaux ou même chez eux (avec des lettres de menace), débouchant parfois sur des agressions, des tentatives de meurtres ou même des assassinats, ou encore des associations, cimetières et mosquées vandalisées ou diffamées…Mais là encore, l’Etat français laisse faire.

   A noter que des Français extrémistes ont menacé de mort Nadia Lazzouni car elle était musulmane et voilée, tout en réfutant intellectuellement les extrémistes islamophobes et racistes dans plusieurs débats télévisés. Ils lui ont ainsi envoyé des lettres à son domicile, comportant des menaces, des insultes et des propos d’une extrême violence, mais les autorités politiques françaises n’ont tenu aucune conférence de presse ni aucun discours politique public pour dénoncer cela. Le 9 avril 2021 par exemple, elle reçut une nouvelle lettre comportant une menace de mort[22] : « Nadiya Lazzouni, journaliste a eu cette semaine la surprise de trouver dans sa boîte aux lettres une lettre manuscrite. Une lettre de menace de mort et d’insultes à caractère raciste. On lui promet une balle dans la nuque à elle ainsi qu’à toutes les musulmans et musulmanes. Elle a décidé de déposer plainte. Nous la recevons aujourd’hui pour parler de ces pressions qu’elle reçoit, de son travail et de son analyse sur le climat de haine ambiant alimenté par les politiques et médias »[23].

   Quant au voile, il est avant tout religieux et spirituel, ou encore culturel. Mais quand bien même il serait une revendication politique, cela ne poserait rationnellement et moralement aucun problème (ce n’est pas un trouble à l’ordre public, ni une pratique nocive, nuisible, malsaine ou dangereuse pour la société), sachant que les écologistes, les végans, les LGBTQ+, les communistes, les chrétiens, les laïcs, les juifs, etc. ont aussi des revendications politiques. Le voile étant perçu par de nombreuses femmes comme étant un symbole de liberté autant que de chasteté et de pudeur, il marque l’appropriation par la femme qui le porte, son contrôle de son propre espace intime, qu’elle décide de préserver face à des regards qui peuvent la déranger, et pour protéger son mystère des yeux profanes. Or, la France veut la docilité et la soumission de la femme à des fins marchandes et idéologiques, et le voile – qui est une barrière contre cette soumission idéologique – pose un sérieux problème à la France.

   Selon le reportage de Zone Interdite, 672 établissements (associations, commerces, écoles, mosquées, …) fermés depuis 2019 en France selon le reportage, or l’immense majorité des établissements fermés n’avaient aucun lien avec le terrorisme ou l’extrémisme.  Or, quand la Turquie licenciait ou fermait des établissements ou médias incitant à la haine ou impliqués dans des organisations criminelles et terroristes, la France s’indignait et faisait de la propagande, en défendant notamment des terroristes et des criminels.

   Beaucoup d’artistes, d’intellectuels et de chercheurs ou d’experts, musulmans ou non, mais une partie des femmes voilées, finissent par quitter la France pour travailler à l’étranger. Depuis plusieurs années, la France subit la fuite des cerveaux, beaucoup de citoyens ne trouvant plus la liberté, la dignité et le bien-être en France, un pays qui est à la dérive depuis longtemps – comme le reconnaissent tous les candidats à la présidentielle -.

   Au final, ils reprochent aux citoyens de vouloir se sentir plus libres, épanouis et respectés quand l’Etat français ne leur permet pas cet épanouissement…

 

Dans le reportage ils s’interrogent sur comment faire pour éviter les amalgames et le Ministre de l’intérieur Darmanin répondait « que la France était le meilleur pays où vivre pour ceux qui croient en Dieu », or ils font des amalgames tout au long du reportage, divise la société et s’oppose à la tolérance et au respect d’autrui. Quant à l’Etat, il promeut l’intolérance et l’obscurantisme. Et des pays où il fait mieux vivre qu’en France, du point de vue spirituel, gastronomique, intellectuel ou social, il y en a plein (Turquie, Espagne, Qatar, Malaisie, Sultanat d’Oman, …). La France n’est plus du tout un « pays de rêve » pour les citoyens, ni pour Dieu ni pour la Science, ni pour la Religion, ni pour la Spiritualité ou la Rationalité. Les Français en ont marre dans leur grande majorité, et même à l’époque de l’élection présidentielle (truquée et décidée d’avance) d’Emmanuel Macron, il n’avait pas du tout remporté la majorité des voix. Depuis, le nombre de plaintes et de critiques envers Macron et ses ministres ne font qu’augmenter : « En France, 19 685 plaintes pénales déposées contre le Premier ministre Jean Castex, le ministre de la Santé Olivier Véran, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer et le ministre délégué chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari, au motif qu’ils auraient mal géré le processus épidémique du Covid-19 ont été classées sans suite. Selon les informations parues dans la presse française, la Cour de Justice de la République (CJR) a classé sans suite ces 19.685 plaintes parce qu’elles ne sont pas de nature à « caractériser un délit ». Toutes ces plaintes avaient été rédigées « en termes identiques » à partir d’un formulaire payant mis en ligne par un avocat. En septembre 2020, la CJR avait placé l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui » durant le processus épidémique du Covid-19 » (“France : près de 20 000 plaintes contre Castex et des ministres, classées sans suite”, TRT, 25 janvier 2022), et cela sans même prendre en compte les nombreuses plaintes visant Emmanuel Macron.


   A noter que de nombreux citoyens, intellectuels, professeurs et chercheurs musulmans (ne s’inscrivant pas du tout dans l’extrémisme) et non-musulmans (juifs, chrétiens, non-religieux) ont critiqué et dénoncé non seulement les manipulations et méthodes honteuses employées dans ce reportage, mais aussi la charge idéologique (et propagandiste) du reportage et leur mauvaise représentation de Roubaix et des discours qu’ils critiquent.

La France devrait procéder à son autocritique plutôt que de se déchainer toujours sur des boucs-émissaires selon les cas (Musulmans, Arabes, Maghrébins, Turcs, Africains, non-vaccinés, vaccinés au schéma incomplet, migrants, etc.). En effet, les assassinats de journalistes, députés, juges, etc. en France, qui sont classés sous « secret défense » sont une honte et un scandale : « Alors que l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzin est accusée de « mise en danger de la vie d’autrui » dans sa gestion de la crise sanitaire, les enquêteurs de la Cour de justice de la République se heurtent notamment au secret défense. En effet, à l’image du Conseil de défense et de sécurité nationale, les délibérations du Conseil de défense sanitaire sont classifiées.  Le journaliste Pascal Jouary, auteur de l’enquête “Secret défense, le livre noir” paru aux éditions Max Milo retrace plus d’une quarantaine d’affaires et de drames importants couverts par la raison d’Etat. Celui qui est aussi archiviste, montre comment cette noble motivation a été dévoyée jusqu’à devenir le prétexte suprême qui empêche la résolution d’énigmes policières cousues de fil blanc… » (“Secret défense en France : Le scandale permanent”, Le Média, 18 novembre 2021).

   Ils jouent ainsi avec le feu, et à force de mentir, de propager la haine, d’imposer des mesures discriminatoires et liberticides, et d’inciter les gens à haïr et à diaboliser les musulmans et à nuire à leur vie sociale, professionnelle et familiale, cela ne fera qu’envenimer la situation et risquerait même de radicaliser certains citoyens car face à l’oppression, aux harcèlements, aux calomnies et aux persécutions, certains s’énervent ou pètent les plombs, et finissent par répondre par la violence, parfois la plus impulsive qui soit. Mais en tant que musulmans nous nous devons de réagir intelligemment et sagement, de penser et de ne pas tomber dans leurs provocations, sans céder pour autant à leur terreur idéologique. Le parallèle avec les discriminations envers les. non-vaccinés est pertinent ici, puisque l’Etat ment et joue sur les amalgames, manipule l’opinion publique et pilote des reportages mensongers et biaisés sans donner la libre parole (dans le contexte) à leurs cibles politiques qui sont aussi leur bouc-émissaire pour justifier leur politique criminelle et totalitaire, fondée sur des arguments fallacieux et spécieux- et évitant ainsi de reconnaitre leurs nombreuses erreurs et calculs opportunistes-, en montant une partie de la population contre eux, alors que l’immense majorité des musulmans comme des non-vaccinés ne sont pas un danger pour le vivre ensemble, et que beaucoup d’entre eux sont même des gens très intelligents et cultivés, généreux et prudents, mais qui s’opposent à la tyrannie et aux manipulations criminels du pouvoir qui profite et abuse de son rapport de force.

   Néanmoins, comme nous l’apprennent l’Islam et la vie, derrière chaque « mal » il y a aussi un bien et une leçon à en tirer. Le musulman devant chercher l’excellence en toute chose, doit se servir de cette occasion pour redoubler d’efforts, d’actions utiles et d’intelligence pour déjouer les pièges de l’Etat, la haine des ignorants, la tentation du fanatisme et mieux connaitre sa religion et les subtilités juridiques et théologiques que beaucoup de salafis ou musulmans de culture ignorent il est vrai. De même, certains comportements détestables qui constituent même une transgression de la Loi divine – comme le sexisme, la misogynie, le racisme, l’oisiveté, l’avidité, le consumérisme et même un manque d’équité envers les membres de la communauté – doivent être combattus et délaissés, et nul musulman, selon l’Islam, ne peut échapper à son introspection – voir où il en est dans sa relation avec le Divin, avec sa famille, avec l’Etat, avec ses voisins, avec ses collègues, avec la Nature et la faune, tout comme avec la Communauté musulmane et la Nation -.

   En effet, la Tradition prophétique nous apprend ceci : « La pratique de la Religion est facile (doit être facilitée). Toute personne qui cherche à la pratiquer avec puritanisme et extrémisme succombera devant elle. Soyez donc dans le juste milieu, rapprochez-vous [de l’excellence en cas de défaillance) et ayez bon espoir [quant aux oeuvres permanentes]. Enfin sollicitez l’aide [des moments suivants]: la matinée, le soir et une partie de la nuit »[24]; « En vérité, Allâh a prescrit (aux croyants) l’excellence et la bienfaisance en toute chose »[25]; « En vérité, Allâh est Excellent (Bienfaisant) et Il aime l’excellence et la bienfaisance (pour Ses créatures) »[26], et ce en conformité avec le Qur’ân en maints passages dont celui-ci : « Non, mais quiconque donne (livre, soumet, laisse) à Allâh son être tout en étant bienfaisant (muhsin), aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour ceux-là il n’y a nulle crainte, et ils ne seront point attristés » (Qur’ân 2, 112). Al-Ihsân que l’on pourrait traduire par « l’excellence spirituelle, la bienfaisance ou la réalisation spirituelle – l’acquisition et la manifestation des plus belles vertus et qualités morales – », c’est la dimension spirituelle et intellectuelle de l’Islam, qui concerne la métaphysique et la spiritualité, où à travers l’éducation de l’âme, le croyant se purifie, dissipe les voiles des illusions, acquiert de nobles caractères, contemple Allâh en toute situation, se débarrasse des vils caractères et plonge dans la Présence Divine, à la fois dans Son Immanence (Présence Divine en toute chose) et dans Sa Transcendance (sans contact, incarnation ou fusion substantielle avec les choses créées), et agit en pleine conscience, où toute action est orientée vers Lui et emprunte de Sacré. Le croyant s’absorbe ainsi constamment dans la Présence Seigneuriale et s’abstient de commettre des péchés et même des choses futiles (qui sont autorisées, mais qui ne constituent ni des obligations religieuses ni des recommandations religieuses). C’est le plus haut degré que le croyant puisse atteindre, mais cela ne peut s’obtenir qu’en s’appuyant fermement sur les deux premiers aspects de l’Islâm (l’islâm/fiqh et al-imân/’aqida). Cela a donné naissance à la science du Tasawwuf, englobant la futuwwa (la chevalerie spirituelle) fondée sur l’adab (la conscience et le respect des convenances et l’observation de la courtoisie), la métaphysique et la connaissance spirituelle, l’éducation de l’âme, la discipline spirituelle, la méditation, etc. Cela est évoqué clairement dans le Qur’ân et dans la Tradition prophétique : « Dis : Si la mer se faisait d’encre pour écrire le langage de mon Seigneur, elle s’y épuiserait, même si Nous en doublions l’étendue, avant que ne s’épuisât le langage » (Qur’ân 18, 109), le langage étant limité, contrairement à la connaissance intégrale qui dépasse lelangage humain, l’usage du symbolisme est une nécessité pour décrire des réalités dépassant le cadre « ordinaire » du mental et des phénomènes physiques. De même, concernant Allâh : « Il est le Premier (al-Awwal) et le Dernier (al-Akhir), l’Extérieur (al-Zâhir) et l’Intérieur (al-Bâtin). Il est informé de toute chose » (Qur’ân 57, 3). Des Noms divins, découlent plusieurs types de connaissance et de science. De Son Nom Al-Bâtin, les sciences ésotériques en manifestent ses significations et ses applications, et de Son Nom Al-Zâhir, les sciences exotériques se manifestent, et Ses 2 Noms se complètent et s’appuient l’un sur l’autre, mais l’un (Al-Bâtin) dépassant et approfondissant l’autre (Al-Zâhir) sans pour autant l’abroger ou l’abolir. Sur les visions spirituelles, Allâh dit : « Et lorsque nous te disions que ton Seigneur cerne tous les gens par Sa Puissance et Son Savoir. Quant à la vision que nous t’avons montrée (…) » (Qur’ân 17, 60). De même, concernant le dévoilement spirituel (kashf) et l’inspiration divine (ilhâm), Allâh dit : « Telle est la Grâce d’Allâh, Il la donne à qui Il veut. Et Allâh est Détenteur de la Grâce Immense » (Qur’ân 57, 21) et « Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous » (Qur’ân 18, 65), et sur l’éducation spirituelle en général, visant à purifier l’être des illusions, des vices et des mauvaises tendances et passions de l’ego : « Et quiconque se purifie, ne se purifie que pour lui-même, et vers Allâh est la Destination » (Qur’ân 35, 18). Quant au fait de ne pas agir de sorte à se causer du tort, une nuisance ou un préjudice, ni de le faire aux autres, ce principal général est évoqué par le Prophète en ces termes : « Pas de nuisance (tort, préjudice, injustice), ni à soi-même, ni à autrui »[27], principe universel à observer dans l’adhésion et l’accomplissement de toutes les actions éthiques et les avis juridiques auxquels on adhère. De même, face aux divergences juridiques et politiques, et en l’absence d’une argumentation totalement convaincante et catégorique, la Tradition prophétique regorge de critères et de recommandations pour nous aider à mieux choisir, – à condition d’être sincère et de vouloir la piété et la droiture – : « Demande la fatwa à ton coeur, demande la fatwa à ton âme. Le bien est ce à propos de quoi l’âme se tranquillise et le coeur se tranquillise. Le péché est ce qui se trame dans l’âme et qui va et vient dans le coeur, même si on te donne des fatwas sur le sujet »[28] ; « Consulte ton cœur malgré les avis que te donnent les jurisconsultes »[29], « Consultez votre âme, consultez votre coeur. La justice et la droiture sont ce qui rassurent et tranquillisent votre âme et votre coeur, et le péché est ce qui vacille (et trouble) l’âme et met de la tension dans votre poitrine, même si les gens l’approuvent encore et encore dans leurs jugements »[30] et « Le sage est celui qui distingue le vrai du faux, ce qui est utile de ce qui est nuisible, ce qui est beau (comme oeuvre) de ce qui est laid (comme oeuvre). Tout ce qui a une longue vie mais qui est périssable est laid ; et tout ce qui dure est beau, même quand il s’absente »[31].   

Il y a un autre phénomène que l’on doit prendre en compte si l’on ne veut pas que cela devienne un problème, c’est le danger d’essentialiser ou de ramener l’individu négativement à ses origines, à sa confession religieuse ou à son orientation politique, sexuelle ou philosophique.

Beaucoup ont l’habitude, lorsqu’ils vivent une expérience négative avec une personne, de généraliser et d’imputer ses mauvaises manières (ou ce qui peut être perçu comme un danger, une déception ou une trahison) à ses origines, son identité sexuelle ou sa confession religieuse, en pensant qu’ils sont tous comme cela, et que leur religion, appartenance ethnique ou communautaire, en sont la cause. Or, s’il existe bien certaines doctrines, idéologies ou croyances qui sont mauvaises et erronées en soi, d’autres sont bonnes et vraies en soi, mais le problème vient souvent du rapport qu’entretiennent les gens avec leur religion, leur idéologie ou leur vision communautaire des choses. Beaucoup ne sont pas sincères ou sérieusement engagés dans leur voie, et transgressent même les lois ou les préceptes de leur religion, code civil, idéologie politique pour x ou y raisons (peur, opportunisme, appât du gain, faiblesse morale, ignorance et méconnaissance, etc.).

Aussi, dans un pays où une communauté n’a pas le rapport de force (politique, économique et social) en sa faveur, ses membres doivent redoubler d’efforts pour éviter les amalgames car chaque expérience négative sera mal perçue ou amplifiée, même si dans les faits, il y a bien plus de problèmes ou de crimes commis par la communauté dominante ou d’autres communautés que la nôtre. Or, l’on sait que dans les faits, tous les Musulmans ne sont pas des terroristes, que tous les Juifs ne sont pas des comploteurs et des assassins, que tous les Arabes ne sont pas des voleurs ou des délinquants, que tous les Français ne sont pas des racistes ou des pédophiles, que toutes les femmes ne sont pas des manipulatrices et des matérialistes, que tous les hommes ne sont pas des pervers ou des misogynes, etc. Le mental a tendance à minimiser toutes les bonnes choses, et à amplifier toutes les choses négatives, même si ces dernières sont minimes par rapport aux expériences positives.

   De même, lorsqu’une communauté possède le rapport de force, elle a tendance à se relâcher dans les mœurs et les exigences éthiques et intellectuelles, se repose sur ses lauriers, et s’affaiblit (par la corruption et le relâchement) sur les plans intellectuel, moral, éthique, spirituel et politique. Or l’islam nous invite à l’excellence et à la vigilance à chaque instant dans n’importe quelle situation – qu’elle nous soit favorable ou défavorable -. Le musulman fait le bien car c’est un Ordre divin et une saine disposition qu’Il a ancré dans les cœurs qui aspirent à la pureté et à l’élévation spirituelle. Nous n’agissons pas par intérêt mondain, par calcul politique ou pour avoir un meilleur statut social ou le pouvoir politique : « Dis : « Je ne vous en demande aucun salaire (pour moi-même). Toutefois, celui qui veut suivre un chemin conduisant vers son Seigneur [est libre de dépenser dans la voie d’Allâh] » (Qur’ân 25, 57), et le Sentier d’Allâh est ce qui englobe la Vérité, la justice, la générosité, la compassion, le soutien aux opprimés et l’aide aux personnes dans le besoin – : « Telle est la [bonne nouvelle] qu’Allah annonce à ceux de Ses serviteurs qui croient et accomplissent les bonnes œuvres ! Dis : « Je ne vous en demande aucun salaire si ce n’est l’affection eu égard à [nos liens] de parenté ». Et quiconque accomplit une bonne action, Nous répondons par [une récompense] plus belle encore. Allâh est certes Pardonneur et Reconnaissant » (Qur’ân 42, 23).

   Les musulmans, même malgré eux, sont tous des « porte-paroles » ou des « ambassadeurs/trices » de l’Islam, et se doivent d’exceller dans tous les domaines, et de faire attention – avant tout pour plaire à Allâh – à l’image qu’ils renvoient d’eux-mêmes aux autres, de parler avec science, d’agir avec sagesse et de s’investir dans tous les projets et les domaines utiles et bénéfiques. Bien sûr, nous restons humains et donc faillibles, mais chaque erreur doit servir de leçon pour avancer et ne plus les reproduire, et nous devons savoir nous montrer indulgent envers les autres, montrer le bon exemple et rester humble dans nos démarches et nos interventions.

Quant aux conflits, il nous incombe de les régler intelligemment et si possible de façon pacifique autant qu’il nous est possible de le faire. Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « En vérité, après moi, il y aura des conflits ou des affaires (pénibles et confuses), alors si vous êtes en mesure d’y mettre fin de façon pacifique, faites-le »[32].

    Le Nom divin « Al-Salâm » doit être une qualité du croyant, qui renvoie non seulement aux idées de paix (intérieure et extérieure) et de « salut », mais aussi d’être exempt de haine, d’intentions malsaines et viciées et de mal dans les attributs et les actions du croyant. Comme l’ont défini les grands maîtres : « Tout serviteur dont le cœur est exempt de tromperie, de haine, d’envie et de mauvaise intention, dont les parties du corps ne sont pas souillées par les péchés et les actes répréhensibles, et dont les caractères ne sont pas affectés par une rechute (intikâs) ni par un renversement (in’ikâs), sera celui qui « vient à Allâh avec un cœur sain et pur (salîm) » (Qur’ân 26, 89) » car « Allâh appelle à la demeure de la paix et guide qui Il veut vers un droit chemin » (Qur’ân 10, 25). Abû Umama a rapporté : « Notre Prophète nous a ordonné de répandre la paix »[33]. En effet, le Prophète (ﷺ) avait dit : « Adorez le Tout Miséricordieux (Allâh) et répandez la paix »[34].


[1] Voir par exemple le communiqué de La voie droite du 25 janvier 2022, dissoute par le gouvernement français sous des prétextes fallacieux, en partie pour des raisons électoralistes.

[2] https://www.6play.fr/zone-interdite-p_845/face-au-danger-de-lislam-radical-les-reponses-de-letat-c_12920554

[3] 23 janvier 2022 : https://twitter.com/alkanz/status/1485207436990590977?s=21

[4] 22 janvier 2022, Dômes & Minarets : https://twitter.com/domes_minarets/status/1484890955627081729

[5] 25 janvier 2022, Jotaro (tunisia stan account ) (@batatadolcee) https://twitter.com/batatadolcee/status/1485936560667308033?s=21

[6] “David Guiraud DETRUIT la réalisatrice de Zone Interdite (M6) sur l’Islam !”, David Guiraud, 25 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=7r9HkMjlYWE et “Le reportage de M6 à Roubaix salit la ville, à 3 mois des présidentielles !” – David Guiraud”, David Guiraud, 24 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=hMAufwVTFS4

[7] “Mélenchon chez “Baba”, zone interdite, flics ripoux…. : le grand déballage de Noam Anouar”, Le Média, 29 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=OWzsWheAUsA

[8] “”Lilia Bouziane recadre une militante d’extrême droite sur le port du voile”, Break Time TV, 27 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=xI-Efmnzuzk ; “#TPMP : MANIPULATION #M6 – Lilia Bouziane Balance une Audio #ZoneInterdite”, 26 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=LEkgu4bhtgA

[9] Pour quelques « preuves » scripturaires autorisant la représentation complète d’êtres vivants en Islâm si elles ne servent pas de support à l’idolâtrie ou à la perversion, voir “Que penser du divertissement audiovisuel (films, séries, reportages, jeuxvidéo, …) en Islam ?”, 29 septembre 2019 : https://editions-hanif.com/que-penser-du-divertissement-audiovisuel-films-series-reportages-jeuxvideo-en-islam/

[10] Voir notre ouvrage Soufisme, Lumière d’Islam, éd. Hanif, qui aborde la question de la musique et son autorisation – sous certaines conditions – selon la Tradition prophétique, des Compagnons, des Successeurs et de grands savants de l’époque du Moyen-âge.

[11] Voir son débat ridicule et malhonnête face à Jean-Luc Mélenchon : “Mélenchon Face à Baba – Le replay”, Jean-Luc Mélenchon, 28 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=-NygAeU9sr8

[12] René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem – I. 1095-1130 L’anarchie musulmane, Paris, Perrin, 1934 (réimpr. 2006), pp. 404-406.

[13] Houari Touati, Dar al-‘ilm : la Maison de la science fatimide, in Houari Touati (éd.), Encyclopédie de l’humanisme méditerranéen, printemps 2014 http://www.encyclopedie-humanisme.com/?Dar-al-ilm.

[14] Pierre Rousseau, Histoire de la science, éd. Fayard, Paris, 1945, p. 125.

[15] Pour d’autres exemples, voir notamment notre article La civilisation islamique et sa place particulière dans l’histoire des civilisations, 17 août 2019 : https://editions-hanif.com/la-civilisation-islamique-et-sa-place-particuliere-dans-lhistoire-des-civilisations/

[16] “Gérald Darmanin refuse d’attribuer la nationalité française à Gims”, Touche pas à mon poste, 28 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=DOHAUugaDC4&t=333s

[17] “Commission d’enquête sur la radicalisation islamiste et les moyens de la combattre” : http://www.senat.fr/commission/enquete/radicalisation_islamiste.html

[18] Voir nos articles publiés sur https://www.editions-hanif.com ainsi que le chapitre consacré aux femmes et aux enfants dans La lumière éclatante de la vie du Prophète Muhammad () et les merveilles de son enseignement, éd. Hanif, ebook 2021.

[19] “« Islamogauchisme », université : L’Offensive du pouvoir contre les savoirs | Cl. Gautier, J. Théry”, Le Média, 30 janvier 2022 : https://www.youtube.com/watch?v=b-4VdengbRA

[20] https://twitter.com/visag2laterreur/status/1380161483519184903

[21] Lina DZ, 25 janvier 2022 : https://twitter.com/linvlyc/status/1485975610656759815?s=21 peur

[22] https://www.facebook.com/speakupchannel/posts/1094066464448341

[23] “Journaliste menacée de mort parce que musulmane”, Le Média, 10 avril 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=bwddc9g85dw ; “Hijab et sorties scolaires : Nadiya Lazzouni sur le plateau de LCI”, Speak Up Channel, 1 avril 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=ci-4-UG7Roc

[24] Rapporté par al-Bukhari dans son Sahîh n°39 selon Abû Hurayra, par Ibn Hajar al ‘Asqalânî dans Fath ul-Barî 1/102.

[25] Rapporté par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°3170 selon Shaddâd Ibn Aws, sahîh, par Ibn Hajar dans Bulugh al-Maram 12/n°1382, par An-Nawawî dans son recueil des 40 Hadîths n°17, par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°1409, par Muslim dans son Sahîh n°1955 ainsi que selon Khalidal-Hadhdha’ et d’autres. Le hadith continue en parlant de la manière de tuer une bête en lui épargnant toutes les souffrances autant que possible, c’est-à-dire pour un acte sacré d’une haute importance, et que tous les actes en « dessous » sont aussi concernés par ce souci de l’excellence et de la bienfaisance.

[26] Rapporté par At-Tabarânî dans al-Mu’jam al-Awsaṭ n°5884 avec une bonne chaîne.

[27] Rapporté sous l’autorité de `Ubâda Ibn As-Sâmit, et rapporté par Mâlik dans son Al Muwattâ’, par Ibn Mâjah dans ses Sunân au chapitre des « Jugements » n°2430, par Ahmad dans son Musnad n°23462, par Al-Bayhaqî dans ses Sunân n°12224.

[28] Rapporté et commenté notamment par An-Nawawî dans son Riyâd As-Salihîn, As-Shâtibî dans son Al-I’tisâm 2/153 à 159, par Mullâ Alî al-Qârî dans Mirqâtul mafâtîh 6/45. Dans le Sahîh Muslim n°2553, une partie du hadîth similaire est citée aussi selon An-Nawwas ibn Sam’an : « La droiture (justice) est un bon caractère et le péché est ce qui trouble (ou souille) votre coeur (et qu’il faudrait y renoncer) et que vous détestez que les gens le découvrent ».

[29] Rapporté par Al-Bukharî dans son Târîkh sous l’autorité de Wâbisa al-Azdî, par l’imâm Al-Munâwî qui le commente dans son Fayd al-Qadir, et par As-Suyûtî dans al-Jâmi` al-Saghir mais qui ne se prononce pas sur le degré de son authenticité. Le sens rejoint néanmoins plusieurs versets du Qur’ân ainsi que des ahadiths.

[30] Rapporté par Ad-Dârimî dans ses Sunân n°2533.

[31] Rapporté par Ibn ‘Ajîba dans ses commentaires des Hikam et des Munâjât de l’imâm Ibn Ata’ Llâh. Hadîth confirmé par kashf également.

[32] Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°697 selon l’imâm ‘Alî, sahîh.

[33] Rapporté par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°3693, sahîh.

[34] Rapporté par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°3694 selon ‘Abdullâh Ibn ‘Amr, sahîh.


2 thoughts on “Analyse et critique du reportage de Zone Interdite – Face au danger de l’Islam radical, les réponses de l’Etat

  1. :

    Bonjour,

    Dans quel chapitre de l’ouvrage “Soufisme, Lumière d’Islam, éd. Hanif” est abordé la question de la musique dans la Tradition prophétique ?
    Je suis intéressé dans l’achat de cet ouvrage.

    1. :

      Bonjour.

      Voir le chapitre “Le Dhikr, pilier du tasawwuf et les autres pratiques (samâ’, dhikr collectif, balancement)”.

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