S’instruire pour mieux réfuter et identifier les manipulations islamophobes

  On constate que les procédés islamophobes sont étrangement les mêmes, que ce soit concernant le Qur’ân, le Hadith ou le fiqh (droit musulman), il y a énormément de manipulations, falsifications et de découpages malhonnêtes dans leurs publications, discours ou vidéos[1]. Au-delà de la maitrise des textes, il y a aussi la profondeur spirituelle, la rigueur intellectuelle et une fine connaissance de la psychologie humaine qui permettent de sortir du cercle vicieux des « polémiques », et sur ce plan, des personnalités comme Tayeb Chouiref, Abdallah Penot, Pierre Lory, Corentin Pabiot, Hamza Benaïssa, Charles-André Gilis, Luc Desfontaines ou Denis Gril – ou encore les défunts Muhammad Hamidullah, Malek Bennabi et Eva de Vitray-Meyerovitch – dans la sphère francophone, apportent d’importants éclairages dans leur domaine respectif.

  Dans le monde anglophone, ils sont plus nombreux, mais on peut citer Dr. Seyyed Hossein Nasr, Shaykh Hamza Yusuf, Shaykh Abdal Hakim Murad (Timothy Winter), Dr. Joseph E. B. Lumbard, Muzaffar Iqbal, Dr. Jonathan A.C. Brown, Nouman Ali Khan et tant d’autres.

 Dans le monde arabophone aussi, ce travail de réfutation existe[2]. Concernant les accusations infondées « d’erreurs scientifiques dans le Qur’ân », les travaux du scientifique marocain Abdelrhafour Elaraki et Anis d’Alger les ont déjà réfuté, montrant que le Qur’ân comporte des versets relatant des faits scientifiques bien confirmés (rappelant les vérités antérieures – donc déjà connues -) ainsi que certains faits scientifiques inconnus ou non-confirmés expérimentalement auparavant, mais qui le furent durant notre « période moderne », comme le fer, sa structure et sa provenance, le « chant de la terre », la rotation de la terre, etc. Pour Abdelrhafour Elaraki, se référer à ses 2 ouvrages majeurs sur le sujet : Le Coran lu par un scientifique – lecture critique (éd. Fenex, 2013) et Le Coran arithmétique – lecture critique (éd. Fenex 2015), et sur la chaine YouTube officielle d’Anis d’Alger[3], qui bien que certaines analyses soient parfois peu convaincantes, d’autres – en nombre significatif – le sont, et montrent ainsi la pertinence du Qur’ân sur les plans scientifiques et mathématiques. Il faut cependant alerter contre les amateurs (non-musulmans comme musulmans) qui méconnaissent l’histoire et la philosophie des sciences, tout comme la logique, l’épistémologie et les découvertes les plus récentes et établies en physique quantique comme en biologie, en médecine, dans les neurosciences ou en astrophysique, et qui confondent « fait scientifique » et « hypothèse scientifique », et ignorant les perspectives métaphysiques et la portée symbolique du Qur’ân également, voulant contester ou prouver le Qur’ân, par des hypothèses ou des théories scientifiques faillibles et non établies, alors que le Qur’ân se suffit à Lui-même, en ce sens que les réalités spirituelles – expérimentées par des millions de personnes depuis son origine -, psychologiques, sociales, etc., dépassent de loin « l’autorité scientifique » qui est souvent basée sur des prémisses illusoires ou fragiles. De même, l’archéologie et l’histoire ont souvent confirmé les récits qurâniques sur les anciennes civilisations et sociétés humaines. L’histoire étant cyclique, les vérités du Qur’ân sur l’analyse psychologique et sociologique des peuples, sont toujours d’actualité et confirment sa pertinence, tout comme les centaines de prédictions prophétiques précises sur le devenir du monde, dont certaines se sont confirmées entre les années 1950 à nos jours (prolifération de l’adultère, pulvérisation de montagnes en Arabie et constructions humaines surpassant les montagnes autour de la Ka’aba, construction des satellites, le recours à l’usure bancaire à l’échelle mondiale de façon directe ou indirecte, montée de l’athéisme et du matérialisme, ignorance des masses sur les préceptes religieux, etc.).

  Pour en revenir aux procédés islamophobes, il suffit en réalité de lire, quand il s’agit du Qur’ân, les versets antérieurs et postérieurs des passages cités (quand les versets sont bien traduits, ce qui n’est pas toujours le cas), pour voir que les passages incriminés s’inscrivent dans un contexte qu’ils ont totalement omis, et qui réfutent leurs prétentions. Nous en donnerons quelques exemples typiques qui sont révélateurs. Ils veulent tordre aussi parfois le sens de certains versets, en faisant appel à quelques exégètes dont la perception a été falsifiée et déformée (par ceux qui les citent), ou dont l’opinion en elle-même surinterprète et déforme les sens desdits verses et contredit les principes qurâniques, cela parce que certains savants ont été plus influencés par leur environnement socioculturel ou politique que par les principes religieux eux-mêmes.

  Quand il s’agit d’un hadith ou de la Sirah, ils citent là aussi, des récits sortis de leur contexte, ou alors des ahadiths qui sont apocryphes, ou du moins, non-authentifiés, et qui contredisent le Qur’ân et la Sunnah mutawatir. Parfois encore, ils citent bien des ahadiths authentifiés, mais qui ne leur plaisent pas, car condamnant des formes de perversion et d’injustice, qu’ils aimeraient banaliser.

 Ils citent aussi parfois les chroniques d’At-Tabarî[4] et d’Ibn Kathîr[5], sauf que ceux-ci ne contiennent pas que des récits authentifiés, comme ils l’expliquent eux-mêmes, et que pour beaucoup, ils se basent même sur la version altérée du Târîkh d’At-Tabarî par un autre auteur du nom de Abû Ali Muhammad Bal’ami (appelé aussi Amirak Bal’ami) mort vers 997 – soit près de 70 ans après At-Tabarî (mort en 923), qui lui, avait inséré ses propres commentaires et des récits faibles ou apocryphes dans sa version traduite vers le persan, sans les distinguer de l’œuvre de l’auteur original (à savoir At-Tabarî), écrite en langue arabe (bien qu’At-Tabarî était aussi persan et savait le parler. Quant à Ibn Kathîr, il est souvent cité comme « argument » par les islamophobes, mais en tronquant généralement ses paroles ou en faisant croire qu’il a tenu tel ou tel avis, alors que, par honnêteté intellectuelle, la plupart des exégètes citaient les avis ou les arguments (même faibles ou erronés) des différents auteurs parmi leurs prédécesseurs, sans pour autant y adhérer. Ils le présentent aussi comme le « plus grand exégète », ce qui est faux, puisque parmi les exégèses les plus rigoureuses et profondes, on lui préfère généralement les exégèses d’At-Tabarî, de Sahl al-Tustarî, d’As-Sulamî, d’Al-Qushayrî, d’Abû Hâmid al-Ghazâlî (même si une partie n’est plus accessible, sauf peut-être au sein de cercles privés qui ont encore certains manuscrits privés écrits à la main), d’Al-Zamakhshari, d’Ibn ‘Arabî, de Fakhr ud-Dîn ar-Râzî, d’Al-Qashânî, d’Al-Qurtûbî, de Qutb ud-Dîn as-Shirâzî, d’Ahmad Ibn ‘Ajiba, etc., ainsi que celui du Shaykh ul-Islâm Shams ud-Dîn Ibn Kamâl Pasha al-Hanafî (873 H/1469 – 940 H/1534) qui était aussi poète, mathématicien, logicien, historien, éthicien, linguiste, spécialiste de l’histoire islamique et de la philosophie, théologien, juriste hanafite, juge, muftî, muhaddith, métaphysicien et cheminait dans le Tasawwuf, et écrivait aussi bien en turc, qu’en persan et en arabe. Il fut de ceux qui défendirent le Shaykh al-Akbar Ibn ‘Arabî face à ses détracteurs. Il a écrit environ 267 ouvrages, dont un Tafsîr en arabe en 9 volumes. Il fut désigné Mufti et Shaykh ul-Islâm de l’empire Ottoman sous le règne de Sulaymân le Magnifique.

  Les savants connus pour leur science, leur tempérance et leur piété occupent certes une place importante dans l’Islam, mais n’étant pas infaillibles, si des raisons pertinentes exigent de ne pas les suivre sur certaines déclarations, l’Islam demande aux fidèles d’adopter la prudence en même temps que l’humilité, car soit nos raisonnements sont meilleurs (après avoir mené de véritables analysées poussées, et pas par « passion » ou « ignorance » comme le font la plupart de nos contemporains, qui ne maitrisent d’ailleurs aucune science ni ne connaissent les règles élémentaires dans la science du Hadith ou dans la « méthode historique »), et alors il ne faut pas suivre l’erreur, soit nos raisonnements sont erronés ou lacunaires, et ce que l’on pensait être des erreurs étaient des avis légitimes ou pas si dénués de faiblesse que cela, et alors, par humilité, on reconnait la possibilité que l’on puisse se tromper, et on demande à Allâh le pardon pour nous, tout comme pour nos prédécesseurs dans la foi et dans la Voie. Enfin, savant musulman ou non, l’Islam nous demande de suivre la vérité et la justice, y compris les arguments qui sont pertinents, même si cela peut émaner de nos pires ennemis. Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « La sagesse est la quête et la propriété du croyant, il doit la saisir et la cultiver n’importe où il la trouve »[6], ainsi que « Ô Allâh ! Fais-moi bénéficier ce que Tu m’as appris, enseigne-moi ce qui m’est bénéfique et accorde-moi une science dont je tire bénéfice et augmente ma connaissance »[7].

Et tout cela fait partie de ce qu’Allâh indique dans Sa Parole : « Seigneur, accorde-moi (et accrois ma) sagesse et connaissance et fais-moi rejoindre les gens de bien » (Qur’ân 26, 83) ; « Il donne la sagesse à qui Il veut, et certes, celui à qui la sagesse a été donnée bénéficie d’un grand bien. Ceux doués d’une profonde intelligence sont les seuls à s’en souvenir » (Qur’ân 2, 269), et « Et quiconque se purifie, ne se purifie que pour lui-même, et vers Allâh est la Destination » (Qur’ân 35, 18). Cette purification qurânique consiste à purifier son coeur de tous les péchés et de tous les vices, et l’éducation de l’âme visant à dompter son ego pour ne cultiver que la sagesse, la justice et la vertu, forment un objectif à atteindre pour le croyant. De là, les meilleurs avis politiques, juridiques, éthiques, spirituels, etc. doivent tendre vers cette finalité. La spiritualité transcende l’érudition, et fait naitre la sagesse, car comme on peut le voir, beaucoup de lecteurs ou de spécialistes qui s’expriment, dans les médias ou ailleurs, peuvent complètement se tromper (malgré une accumulation d’informations), mentir, manipuler les lecteurs ou les auditeurs, et manifester les pires bassesses, loin donc de la Sagesse et de la connaissance qui élèvent l’âme et éclairent l’esprit[8]. Une Sagesse qui ne mène pas à la piété, à la droiture et à la vertu, n’en est pas réellement une : « Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussi, certes celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt » (Qur’ân 91, 7-10).

Le Compagnon Mû’adh ibn Jabal a dit : « Je vous avertis de la déviation du sage, car Shaytan peut dire un mot d’égarement par l’intermédiaire du sage et l’hypocrite peut dire la vérité. Ainsi, acceptez la Vérité car sur la Vérité est la lumière ». Ils ont dit : « Comment pouvons-nous savoir si le sage, qu’Allâh lui fasse miséricorde, a fait des erreurs ? ». Mû’adh a dit : « C’est un mot que vous rejetez de sa part et vous dites : « Qu’est-ce que c’est ? Cependant, ne vous détournez pas de lui, car il peut se rétracter et revenir à des choses de ce que vous reconnaissez. En vérité, la place de la foi et des actes est fixée jusqu’au Jour de la Résurrection, de sorte que quiconque les recherchera les trouvera »[9].

  Quant à l’importance d’accepter la Vérité peu importe d’où elle provient, il s’agit d’une sunnah également. Le Shaykh Ibn Taymiyya nous rappelait aussi cette vérité dans son Majmû’ al-fatâwâ (5/101-104) : « (…) La vérité doit être acceptée de qui que ce soit. Mu’âdh Ibn Jabal disait dans une parole bien connue de lui, rapportée par Abû Dâwûd dans ses Sunân, ainsi que par Al-Hâkim et Al-Bayhaqî : « Acceptez la vérité de quiconque l’apporte, même si elle vient d’un mécréant – ou bien a-t-il dit : même si elle vient d’un pervers –. Et méfiez-vous de l’égarement du sage. On lui a dit : Comment savoir lorsqu’un mécréant dit la vérité ? Il répondit : La vérité est une lumière ». Et cette « lumière », est celle qui engendre et produit de la sagesse, qui appelle au louable et renforce la piété, qui détourne les gens du mal, de l’ignorance, des superstitions, des turpitudes, de l’injustice, de l’idolâtrie et de la débauche, et qui rapproche d’Allâh et de la vertu. On rapporte le même enseignement, de la part du Prophète (ﷺ) et de Abû Hurayra, où shaytan avait enseigné une vérité à ce dernier, et à la suite d’une longue discussion, le Prophète (ﷺ) dit à Abû Hurayra : « En vérité, il t’a dit la vérité bien qu’il soit un menteur. Ô Abû Hurayra ! Sais-tu avec qui tu parlais ces 3 dernières nuits ? ». J’ai dit : « non ». Il (ﷺ) a dit : « C’était le Shaytân »[10].

  Cependant, il faut se méfier des paroles propagées par des gens connus pour leur perversion et leur manipulation : « Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait » (Qur’ân 49, 6). Allâh n’a pas dit de rejeter systématiquement ce qu’ils rapportent, mais d’y voir bien clair, de faire attention et d’en vérifier la pertinence et la fiabilité. Et Il n’a pas non plus restreint la « perversion », en ce sens qu’il s’agit de l’attitude qui est blâmée, que la personne se dise musulmane ou non.

Et sur l’accusation de chaque groupe, à l’encontre d’autres groupes, et dont certaines allégations et accusations sont infondées, voici ce que disait l’imâm Ibn Hajar Al Asqalânî dans Nuz’hat un-nazar (p. 81) : « Ce qui est retenu c’est qu’on ne rejette pas (le hadîth de) toute personne ayant été traitée de Kâfir pour cause de Bid’a. Car chaque groupe prétend que ceux qui le contredisent sont Mubtad’i ; et parfois (un groupe) exagère et prétend que ceux qui le contredisent sont Kâfir. Dès lors, si on prenait cela de façon absolue, cela entraînerait le fait de considérer tous les groupes : Kâfir. Ce qui est fondé c’est que celui dont le Hadîth est à rejeter [parce qu’il est vraiment dans le Kufr Akbar], c’est celui qui réfute ce qui est établi au niveau « nécessairement connu comme faisant partie du Dîn », ou qui dit le contraire de ce (qui est établi à ce niveau) ».

   Ainsi, même s’il s’agit d’un propos d’un spécialiste ou d’une personne jugée compétente ou digne de confiance, si un fort doute sur la pertinence de ses propos se pose, alors il faut être prudent. Le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « Laissez ce qui vous fait douter (et qui vous trouble) de ce qui ne vous fait pas douter (et troubler). En vérité, la vérité apporte la tranquillité d’esprit et le mensonge sème le doute »[11].

    Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Le serviteur (d’Allâh) n’atteindra pas la réalité de la piété (taqwâ) tant qu’il n’abandonnera pas ce qui vacille (et trouble) dans son cœur »[12]. Le Prophète (ﷺ) a dit : « Tout ce que votre cœur (sain) rejette, alors abandonnez-le »[13]. Car de 2 choses l’une, ou bien la conscience tournée vers la piété et la pudeur rejette ladite pratique en raison de son opposition à la justice et à la piété, et alors il faut la rejeter, ou bien ladite pratique avait une certaine raison d’être à une époque ancienne mais dont les conditions et mentalités ont évolué et qui n’a donc plus aucune raison d’être et qui présente en plus de cela, de nombreuses dérives qu’un cœur « pur » aspirant à la droiture ne saurait accepter et approuver. Le Prophète (ﷺ) a dit : « Si vous êtes content (d’accomplir) vos bonnes actions et attristé par vos mauvaises actions, alors vous êtes un croyant (…) Et le péché est quelque chose qui répugne l’âme, alors vous devriez l’abandonner »[14].

    Le Compagnon Ibn Mas’ûd disait : « Le péché est ce qui trouble et perturbe le cœur »[15].

    Ibn al-Qayyîm dans son Madârij al-Sâlikîn (2/303) définissait la bonne action et son rapport avec la conscience comme étant : « Dans la clémence, le pardon et la tolérance sont la douceur de la foi, la paix de l’esprit et la tranquillité, ainsi que la noblesse de l’âme, son honneur et son ascension (préférence et prédominance) sur la satisfaction de la vengeance ».

   Le Prophète (ﷺ) a dit : « La droiture (et la justice) procurent la sérénité dans l’âme et la paix de l’esprit dans le cœur. Le péché n’est pas confortable dans l’âme et ne satisfait pas le cœur, même si le juge (muftî) vous donne son approbation (ou son jugement) »[16]. Ainsi, il y a certes l’éthique universelle dont l’idéal est perceptible et intellectuellement intelligible par tous, mais la perception de la piété dépend parfois du degré de conscience propre à chacun, en ce sens que la noblesse de caractère est parfois étouffée ou voilée chez certains en raison de mauvaises croyances ou de la prédominance des passions. Sur le plan éthique, l’avis du mufti, aussi savant soit-il, ne doit pas l’emporter sur la Parole divine, l’idéal prophétique et la « conscience spirituelle » du croyant, qui doit donc agir en son âme et conscience. Ibn Rajab al-Hanbali a dit dans son Jâmi ’al-‘Ulûm wa al-Ḥikam (2/95) : « Pour cette raison, Allâh a nommé ce qu’il a commandé comme bien connu (ma’rûf) et ce qu’il a interdit comme inconnu (munkâr) », c’est-à-dire que dans une société encore tournée vers la spiritualité, le sacré et la piété, peu importe leur religion ou leur croyance philosophique, les gens reconnaissent ce qui est convenu comme étant convenable ou blâmable, par exemple, parmi les bonnes actions, le fait de nourrir les affamés, de soutenir les opprimés et les faibles, d’être gentil et bon, d’aider les personnes malades, etc. Parmi les choses blâmables, se mettre en colère pour pas grand-chose, tuer les gens sans raison, etc.

   Le Prophète (ﷺ) a dit : « Consultez votre âme, consultez votre cœur (ô Wabisa). La droiture (fondée sur la justice) est ce qui rassure votre âme et votre cœur, et le péché est ce qui vacille dans votre âme et met de la tension dans votre poitrine, même si les gens l’approuvent encore et encore dans leurs jugements »[17] ainsi que : « La piété consiste en la haute moralité, le mal est ce qui met ton âme dans l’embarras et qu’il te répugne que les gens le découvrent en toi »[18].

  En cas de doute raisonnable, la méthode prophétique est un excellent remède qui préserve de bien des maux et de biais cognitifs.

  Une autre attaque pernicieuse de la part d’islamophobes, concerne les avis juridiques, c’est-à-dire les opinions des jurisconsultes, les islamophobes mentionnant des avis tantôt erronés et réprouvés par d’autres grands juristes (invoquant des arguments qurâniques et prophétiques qui réfutent les déviances de certains juristes), tantôt des avis circonstanciels ou déformés, et qui n’ont donc pas vocation à être universels ou appliqués sans aucune condition. Souvent, un avis juridique ne s’applique que pour certaines catégories de personne ou uniquement selon un certain nombre de conditions. La fatwa étant essentiellement liée à un contexte particulier, ne peut pas être transposée telle quelle partout dans le monde ou à toutes les époques. La fatwa doit se baser sur les principes islamiques, et parmi eux, la prise en compte du contexte, des conditions de vie, de l’intérêt général, du moindre mal, la préservation de la vie, de la santé, de la dignité et de la foi, etc. Enfin, chaque musulman doit en principe respecter la Loi divine, ne pas semer le trouble dans les sociétés (musulmanes ou non-musulmanes) où il réside, et respecter les lois du pays tant qu’elles ne lui ordonnent pas de commettre des péchés (tels que le meurtre, le terrorisme, le viol, le vol, l’adultère, la fornication, l’ivresse, la consommation de drogue, le pillage, etc.).

  Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Nulle obéissance dans les actions qui sont mauvaises et blâmables, l’obéissance ne se fait que pour ce qui est bon, juste et convenable et qui est reconnu universellement (comme étant une bonne chose) »[19].

  Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit encore : « L’écoute et l’obéissance sont exigées de chaque musulman – dans ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas – tant que cela n’implique pas la désobéissance (au Créateur) dans ce qui constitue un péché ou un acte blâmable et nuisible. Si on lui ordonne de désobéir à Allâh (dans un acte légiféré et relevant du bien), alors aucune écoute ou obéissance (envers celui qui donne un ordre illicite ou injuste) n’est exigée de lui »[20].

  Le Compagnon Abû Dharr al-Ghiffarî a relaté que : « Le Prophète me demanda, en croisant les doigts : « Comment te comporterais-tu, Abû Dharr ! si tu te trouvais avec la lie de l’humanité ? – Que me suggères-tu, Envoyé d’Allâh ? – La patience, la patience, la patience, répéta-il. Soyez indulgents pour la nature des hommes, mais ne les suivez pas dans leurs (mauvaises) actions ! » »[21]. Il s’agit du rebut, ce qu’il y a de plus vil, de plus mauvais chez une personne ou un groupe de personne. On dit souvent par exemple « la lie du peuple ». Et même dans cette situation, l’Islam exige l’endurance et l’indulgence face à l’ignorance ou au mauvais caractère des gens, sans pour autant les suivre dans leurs mauvaises actions ou croyances.

  Le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit en effet : « Ne soyez pas des suiveurs. Ne dites pas : « si les gens font le bien, nous le ferons aussi, et s’ils se conduisent injustement, nous nous conduirons comme eux ». Fixez votre pensée, et décidez que si les gens font le bien, vous le ferez aussi, mais s’ils se conduisent méchamment, vous ne vous laisserez pas entraîner à l’injustice »[22]

  Le Compagnon ‘Abdullâh Ibn Mas’ûd (a dit : « Ne soyez pas comme des moutons ». On lui demanda : « C’est-à-dire ? ». Il répondit : « C’est de se dire : Je suis les gens. S’ils empruntent le droit chemin je l’emprunte avec eux et s’ils s’égarent, je m’égare avec eux. Que chacun d’entre vous se prépare à ne pas renier sa religion si un jour tout le monde la reniait »[23].

  Conformément au Qur’ân : « Ô les croyants ! Obéissez à Allâh, et obéissez au Messager (Muhammad) et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement (l’autorité). Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allâh et au Messager, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement) » (Qur’ân 4, 59). Ainsi, bien que les savants, théologiens, mufti, scientifiques, professeurs, dirigeants, parents, policiers, soldats, etc. doivent être respectés en principe, cependant, en raison du fait qu’ils ne sont pas infaillibles ni toujours vertueux et justes, il n’est pas permis de leur obéir dans ce qui constitue un crime évident, un péché ou un acte blâmable.

  Enfin, ils font l’amalgame entre certaines pratiques culturelles ou sociales blâmables, – que l’Islam condamne, tels que la délinquance ou le trafic de drogue -, commis par certaines couches sociales issues de l’immigration ou non, avec l’Islam, alors qu’il n’y a aucun lien entre les 2. D’une part, l’Islam condamne de tels agissements et méfaits, et d’autre part, les délinquants, criminels, terroristes ou gens violents (dans le cadre de la violence familiale par exemple) sont pour beaucoup aussi, des non-musulmans ou des « musulmans » transgressant la Loi divine et ne cheminant pas du tout dans la voie de la piété exigée par l’Islam, et sont plutôt des citoyens influencés par le consumérisme, le modernisme et les dérives du capitalisme.

  Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « (Il ne doit y avoir) nulle nuisance, iniquité ou préjudice envers soi-même ou envers autrui ! »[24]. Ce hadith doit constituer l’une des règles fondamentales dans le fiqh des Mu’âmalât, c’est-à-dire, dans ce qui relève des relations sociales, morales, politiques et commerciales entre les gens. Par conséquent, ce principe islamique est général, et interdit le terrorisme, la délinquance, la criminalité, le viol, la maltraitance conjugale, infantile ou familiale, l’escroquerie, la pédocriminalité, la débauche, le tapage nocturne, le pillage, les provocations gratuites, les propos injurieux ou méprisants, etc.

  Il est nécessaire de garder à l’esprit, que l’Islam est une chose, et que le patrimoine islamique ou musulman en est une autre, en ce sens que le premier concentre les principes et valeurs nobles de la Religion, tandis que le second est l’accumulation de la production et de l’interprétation, de nature humaine, d’une Religion, et pouvant donc comporter le meilleur, le bon, l’ordinaire, le détestable et le pire, mais en tant que musulmans, seulement ce qui est véridique, bon, pur et juste doit être pratiqué, et non pas ce qui s’oppose à Sa Loi et aux nobles vertus, comme nous le verrons dans le chapitre consacré à la Shar’îah et au Fiqh. Il n’y a donc nulle difficulté, pour le Musulman, de se dissocier d’un avis juridique émanant d’un savant du passé ou d’un contemporain, si celui-ci est erroné et contraire aux principes de la Religion, ou de choisir un avis adapté à son contexte et à sa situation, s’il existe plusieurs avis « valides » sur un certain nombre de questions, à condition évidemment, de ne pas « jouer avec la Religion », et de tendre toujours vers ce qui est adapté à sa portée, ce qui est juste, bon et conforme à la piété et à la sagesse qui sont les finalités et idéaux de la Religion.

  La malhonnêteté de certains islamophobes va même jusqu’à mentir en imputant à l’Islam et/ou aux Musulmans des pratiques ou croyances dont ils sont innocents, alors qu’on les retrouve dans les croyances, ou références religieuses ou idéologiques (notamment athées ou darwinistes) des islamophobes qui attaquent l’Islam et les Musulmans. D’autres fois, ils reprochent à l’Islam des pratiques ou choses qui sont vertueuses ou communes à d’autres communautés et religions, comme le port du voile, la polygamie, le port de la barbe, l’interdiction de la consommation d’alcool, l’interdiction de la fornication ou de l’adultère, bref, reprochant à l’Islam d’être une religion enjoignant la pudeur, la piété, une bonne hygiène de vie, et insistant beaucoup sur la dignité, la spiritualité et la décence.

  En conclusion sur ce sujet, si la pratique ou la parole d’un musulman (savant ou non) est conforme à l’Islam et à ses principes, cela engage tous les Musulmans, mais s’il y a un désaccord avec l’Islam, ou qu’il existe une réelle divergence d’opinion, alors cela n’engage personne d’autre que la personne qui a prononcé ladite opinion.

  Et pour leurs allégations, soit les versets du Qur’ân sont tronqués ou mal traduits, soit sortis de leur contexte – contexte qui est fourni dans les autres versets de la même thématique ou dans les versets antérieurs et postérieurs qu’ils n’ont pas cité -. De même pour les ahadiths, qu’ils citent hors-contextes (les fois où ils n’inventent pas eux-mêmes des ahadiths) ou de façon tronquée, ou qui ne sont pas authentifiés ni conformes au Qur’ân et aux principes de la Religion. Une autre difficulté pour eux, est de reconnaitre leurs propres lacunes et leur ignorance des réalités psychologiques et sociologiques, en procédant aussi à de nombreux anachronismes, en plus du fait de ne pas du tout maitriser les « sciences » de la logique et de l’épistémologie, demeurant incapables de distinguer ce qui relève de la logique et du possible, avec ce qui demeure impossible sur le plan rationnel. Il est facile de juger une société du passé sans y avoir vécu ni connu les conditions de vie, alors même qu’ils sont incapables de respecter le vivre ensemble, d’avoir des raisonnements honnêtes et rationnellement pertinents, et qu’ils sont très loin de respecter leur prochain et d’être des modèles de vertu et de justice. Or, comme le dit le proverbe « charité bien ordonnée commence par soi-même », et il faut incarner une certaine exemplarité avant de critiquer les autres et de prétendre donner des leçons de morale.

  Certains croyants (Musulmans ou non) sont parfois perdus ou en dissonance cognitive face à certains textes à caractère juridique dans leur patrimoine historique de leur communauté religieuse, alors que les principes et valeurs de la Religion sont fondés sur la justice, la pudeur, l’amour bienveillant, la piété, la droiture, l’équité, la compassion et l’indulgence. Mais c’est là chose normale puisque l’essence de la Religion, c’est la doctrine du Tawhîd en même temps que la bonne moralité et l’éthique, tandis que le fiqh/droit et l’histoire, sont des choses plutôt « contingentes » et qui évoluent en fonction des mentalités et conditions de vie, que l’on ne peut pas toujours comprendre si l’on ne vit pas dans l’époque où tel avis a été édicté dans un contexte particulier. Or il faut toujours dissocier l’essentiel du superflu, l’obligatoire de ce qui ne l’est pas, l’interdit de ce qui ne l’est pas, l’universel du particulier, les fondements (ussûl) des branches (furu’). Sans méthodologie et sans cette conscience des distinctions nécessaires à garder à l’esprit, on peut facilement se perdre, surtout quand, par ignorance des règles et des textes, des gens nous polluent et bombardent de textes divers, confus et massifs, de façon anachronique et sortis tout droit des époques passées où il n’est guère possible de nous projeter ou de nous y plonger, pour bien saisir les enjeux, réalités et mentalités de leur époque. Les principes de la Religion sont universels, mais l’articulation juridique est plurielle, circonstancielle, relative et donc pas toujours destinée à être appliquée de la même façon selon les époques et les situations, sans parler du fait même, que certains récits ne sont pas authentiques, et que certains avis juridiques relèvent tout simplement de l’erreur ou de la déviance, selon les principes islamiques eux-mêmes.

  Il existe parfois une certaine tension ou contradiction entre l’éthique islamique et certains avis juridiques du patrimoine, or, en cas de doute ou de divergence, il est exigé du croyant qu’il tende vers l’éthique car c’est qui est le plus bénéfique et le plus proche de la piété et de la justice, et donc ce qui réalise les finalités de la religion, et cela conformément à Sa Parole : « Certes, ce Qur’ân guide vers ce qu’il y a de plus droit (et de meilleur), et il annonce aux croyants qui font le bien (en accomplissant de bonnes œuvres) qu’ils auront une grande récompense » (Qur’ân 17, 9).

  Dans certains cas, l’avis juridique peut s’expliquer par le contexte particulier de l’époque ou d’une situation précise, mais dans d’autres cas, il s’agit d’une erreur ou d’une déviance introduite par certains êtres humains, et la Loi divine nous exhorte toujours à suivre ce qui se conforme à la piété, à l’équité, à l’indulgence, à la justice et à la bienfaisance, ainsi qu’à s’abstenir de causer du tort à autrui.

  Ce qui est paradoxal, c’est que ce sont souvent des athées belliqueux ou d’autres genres d’islamophobes intolérants et violents, généralement arrogants et ignorants (sans doute pour compenser leur manque d’intelligence et de bonté), qui veulent semer le « doute » chez les croyants en ressortant certains textes, qui « jouent » sur l’éthique alors que celle-ci puise directement dans les valeurs fondamentales de la Religion. Indirectement, ils confirment la nécessité de se référer à la Religion (et donc à la Révélation divine) et à son origine transcendantale, car selon leur propre croyance, aucune attaque ne peut avoir de caractère « universel ou objectif » pour susciter l’adhésion des autres personnes. Mais leurs méthodes malhonnêtes, dans le cas de l’Islam, consistent à citer des textes ou récits qui sont soit apocryphes ou non-authentiques (et qui n’engagent donc nullement la foi du croyant) soit complètement mal traduits ou décontextualisés, en ignorant les principes supérieurs de la Religion qui priment sur certains récits (ou leurs interprétations erronées ou obsolètes) ou sur certains avis juridiques. Ils ignorent que les principes éthiques, spirituels et juridiques (et ses outils) priment sur les considérations culturelles ou juridiques passées, car la nécessité, la préservation de la santé physique et mentale, la protection de la vie humaine et de sa dignité, l’intérêt général de la nation, la contrainte et l’absence de préjudice physique, mental, psychologique, social et politique sont des principes supérieurs qui peuvent lever une interdiction en temps normal (ou un avis juridique stipulant l’interdiction, dans le cas où il n’y aurait pas consensus des savants) ou interdire une pratique culturelle ou sociale qui impliquerait une nuisance ou un dégoût pour la personne à l’échelle individuelle, ou pour un peuple tout entier car la coutume de leur époque n’approuve pas cela, pratique à délaisser donc, sauf si cela met en péril les obligations religieuses universelles (comme la prière, l’aumône légale, le jeûne du mois de Ramadan, le bon comportement envers la famille en particulier et les gens en général, etc.) – selon les conditions connues et les dérogations déjà existantes – et les valeurs morales, ou que cela implique la réalisation des grands interdits comme l’idolâtrie, le meurtre, la sorcellerie, le terrorisme, l’adultère, le viol, l’ivresse, le pillage, etc.

  L’imâm al-Qarâfî, un grand savant et juriste de l’ère médiévale, disait en s’adressant au mufti compétent dans son Anwar al Buruq fi Anwa’ al Furuq : « Toutes les fois qu’il y a un renouvellement dans la coutume (‘Urf) des gens, le Mujtahid (savant) la prend en considération, et toutes les fois où elle s’arrête, il la laisse. Ne te fige pas sur ce qui est consigné dans les livres toute ta vie ! Mais plutôt, s’il te vient un homme qui n’est pas de ta région et qui te demande la Fatwâ (avis juridique), ne le ramène pas vers la coutume de ton pays. Questionne-le sur la coutume de sa région, guide-le vers celle-ci et donne-lui la Fatwâ par elle sans tenir compte de celle de ton pays et de ce qui est établi dans tes livres. Ceci est la vérité claire et limpide. Le fait d’être figé à jamais dans les textes rapportés (al Manqulât) est un égarement dans la religion et une ignorance des desseins des savants musulmans et des Salafs passés ». Les Musulmans orthodoxes ont donc l’obligation légale et intellectuelle, selon la Religion, de ne pas transposer des fatâwâ du passé ou d’un autre contexte, à une réalité actuelle dont les conditions sont différentes, et qu’il faut donc prendre en compte l’évolution des pratiques sociales et juridiques, tant que cela ne mène pas à l’injustice, au préjudice, à l’impiété, à la dépravation, et aux autres interdictions formelles.

  Les athées islamophobes sont donc inopérants en la matière, puisque d’une part, l’athéisme (leur croyance) implique nécessairement le rejet de toute valeur universelle, objective, rationnelle et transcendante de la morale universelle et de l’éthique, et que du point de vue athée et matérialiste, le bien et le mal n’existent pas vraiment en soi (dans leur croyance, il ne peut pas y avoir d’objectivité en soi, de vérité, d’éthique, de morale, de démarche scientifique et rationnelle, etc.), et que leur croyance peut justifier tout un tas d’atrocités, d’injustices et de perversions, puisque théoriquement l’athéisme est amoral, irrationnel et « a-scientifique », et peut facilement donc amener à ce qui est immoral, irrationnel et antiscientifique. Ils sont donc obligés de se référer aux valeurs religieuses et à une certaine forme de transcendance, pour que leurs arguments soient pertinents, et en cela, ils confirment la nécessité de la Révélation (pour confirmer et trancher les différents aspects de la morale et de l’éthique) et les fondements de la morale religieuse et la pertinence de s’y référer. Et d’autre part, quand ils ne peuvent pas être cohérents sur le plan de la philosophie morale, ils sont obligés d’admettre qu’il faut une certaine forme de consensus culturel relativiste, qui implique une évolution légale où, du jour au lendemain, si l’Etat, selon une loi humaine, décrète que telle vertu ou telle pratique devient illégale, alors elle devient mauvaise ou immorale. Or, ils confondent souvent légalité et moralité, alors qu’une disposition juridique n’est pas nécessairement conforme à la morale ou à l’éthique, et qu’une chose illégale (comme on peut le voir aux Etats-Unis, en France, en Corée du Nord et ailleurs) peut être morale ou éthique – mais la corruption des autorités politiques fait qu’ils inversent la norme -, et a contrario, que des choses légales sont en réalité des pratiques immorales (comme la pédocriminalité, l’exploitation abusive des ouvriers et des migrants, le vol institutionnalisé des ressources, l’interdiction de la liberté de culte ou d’expression pour des valeurs et idées justes et nobles, etc.). De plus, de quelles lois humaines parlent-ils, sachant que dans de nombreux pays non-musulmans, où leur propre loi fait office de norme, la liberté de culte n’est pas toujours garantie, les opposants politiques sont exécutés ou persécutés, l’homosexualité pénalisée ou sévèrement sanctionnée, etc. L’Islam constitue donc le meilleur système, non seulement par sa « garantie du Paradis » dans l’Au-delà, mais aussi par sa cohérence et sa pertinence en tant que modèle sociétal ici-bas, où la norme repose sur la Loi divine, elle-même d’essence transcendantale et universelle, et promouvant la justice sociale et politique, la protection de la vie et de la dignité, l’institution de la liberté de culte et de conscience, la promotion de la vertu et du bien, et la réprobation du mal et des choses répréhensibles, d’une part dans ce qui relève de l’universel, et d’autre part, en acceptant les évolutions socioculturelles où la Religion ne se fige donc pas dans ce qui relève du droit (fiqh), seul aspect de la Religion qui peut varier, changer, évoluer, etc. selon les situations et les époques. La plupart des détracteurs de la Sharî’ah islamique (Sharî’ah se référant à la Loi, chaque société, même non-religieuse, possède donc sa propre « Shar’îah ») le sont par incompréhension, ou par haine car la Shar’îah islamique les renvoie à l’importance de la vertu, de la justice et de la spiritualité, choses bénéfiques à l’Humanité, mais qui les horripilent car leur société « moderne » les a corrompu et noyé dans un nombre incalculable de vices et d’abrutissement, au point où ils n’ont même plus conscience de ce qui est bénéfique et sage de ce qui ne l’est pas. Même s’il faut dire aussi, que cette incompréhension découle de l’état désastreux de certains systèmes politiques hybrides (bafouant de nombreux principes et finalités islamiques) qui prédominent dans un certain nombre de pays musulmans, souvent soumis aux codes et puissances impérialistes imposés par l’Occident, ainsi que par la décadence avancée d’une partie de la communauté musulmane, ravagée par les idéologies modernes d’un côté, et les mentalités déviantes du tribalisme de l’autre.

  En février 2024, les « têtes » des athées islamophobes et apostats belliqueux, nous avaient lancé un défi (aux musulmans) – parfois en nous harcelant -, défi que nous avons finalement accepté, mais que leurs principaux représentants ont finalement fui tout en envoyant leurs bras droits (plus cultivés et mieux préparés qu’eux). Le débat portait sur la Réalité divine (et comment montrer rationnellement la nécessité du Principe créateur) et les questions liées à la morale et à la Loi islamique. Le bilan est assez révélateur car lorsque les islamophobes propriétaires de chaines médiatiques faisant le buzz sur le dos de l’Islam et des Musulmans, font face à des Musulmans connaissant très bien leurs textes, tout en étant solides sur le plan rhétorique comme sur les différentes disciplines (histoire, philologie, logique modale, philosophie morale, épistémologie, mathématiques, métaphysique, sociologie, psychologie, etc.), ils finissent par fuir le débat, et les rares fois où ils l’acceptent, perdent totalement leurs moyens, puisqu’ils n’ont plus l’occasion de falsifier les textes et de mentir face à des gens capables d’identifier leurs contradictions et leurs manipulations, et aussi car ils demeurent finalement incapables de démontrer la supériorité ou la validité de leurs systèmes de pensée ou de leurs arguments, qui finissent généralement par se retourner contre eux. Ce débat a été une telle catastrophe pour eux, que nombreux de leurs suiveurs ont été à la fois choqués et déçus de leur argumentaire lamentable, – où l’arrogance et l’hystérie ont compensé leur ignorance et leur niveau de médiocrité -, et ont plutôt apprécié le discours des érudits musulmans (pourtant bien plus jeunes pour la plupart, dont certains sont étudiants en mathématiques et en physique quantique, en plus des sciences islamiques), là où les représentants de l’athéisme islamophobe n’avaient aucun bagage sérieux dans les différentes disciplines scientifiques ou dans l’histoire, qui esquivaient les questions qui leurs étaient posées, et qui demeuraient incapables d’argumenter lorsque nous répondions à leurs questions ou allégations. Cela a conduit beaucoup de leurs suiveurs, athées, déistes ou agnostiques, à changer positivement de regard sur l’Islam, le théisme et les Musulmans, et certains même, à se remettre fondamentalement en question, notamment pour certains non-religieux sincères et très courtois, qui ne demandaient qu’à apprendre, mais qui étaient déçus lorsqu’ils se sont aperçus que les représentants francophones (dont un certain Jack le F. et un certain Athée i.) procédaient à de nombreuses manipulations des textes et des arguments – en finissant par diffamer leurs détracteurs -, et rejetant en fin de compte la rationalité, la philosophie morale, la science (et l’empirisme) et le bon sens lorsque cela desservait leurs causes et impliquait de reconnaitre la validité des arguments de leurs « opposants ». Des non-musulmans sont ainsi venus nous parler pour nous dire à quel point ils avaient apprécié nos interventions et qu’ils n’aimaient pas l’arrogance, l’hostilité et l’ignorance des islamophobes qui cherchent le buzz avant tout. Ils nous ont lancé un défi, et nous y avons répondu, mais leurs représentants les plus arrogants ont préféré fuir et envoyer leurs bras droits (plus cultivés qu’eux ceci dit) qui n’étaient pas à la hauteur et qui ont été hystériques et non-rationnels au lieu d’être rationnels et posés. Le jour suivant, nous avons à notre tour lancé un défi sur 3 axes (l’épistémologie, la cohérence de notre modèle face au leur, et sur les textes islamiques) – suite à leurs fausses accusations et à leurs provocations – mais une fois encore, ils se sont désistés. Face aux nombreuses réfutations de leurs erreurs et allégations irrationnelles, ils rétorquent toujours la même chose « et le mariage avec ‘Aisha, et la question du mariage des petites filles, et la question de l’apostat ou des homosexuels, et se conformer à la loi humaine ? ». Mais ailleurs, nous y avons déjà répondu – et il est vrai que certains musulmans connaissant mal ces sujets là sont souvent maladroit ou lacunaire dans leurs réponses -.

  La réponse à leurs allégations est dans le fond, assez simple : L’Islam instaure l’ordre public et une norme sexuelle sur des bases biologiques, psychologiques et spirituelles. Maintenant, les homosexuels qui veulent pratiquer leur sexualité, tout comme les hétérosexuels, en public, ne doivent pas le faire, car la sexualité relève de l’intime et doit rester dans le privé, et là l’Etat (islamique) n’intervient pas. Dès lors, c’est chacun qui devra ensuite assumer ses choix devant Allâh (Dieu). La décence et la pudeur sont des valeurs morales importantes et civilisationnelles, et tout le monde est tenu de le respecter en signe d’intelligence et de respect à l’ordre public, puisque le non-respect des valeurs morales qui sont au fondement de la civilisation ne peut mener qu’à sa destruction. Il est donc impératif, qu’une société soit encadrée par la décence, la dignité, la spiritualité et l’intelligence, si on ne veut pas la pousser à s’autodétruire, et où la norme publique doit s’imposer, tout en pouvant tolérer les vices, faiblesses et péchés des gens uniquement en les cantonnant dans la sphère privée, afin de ne pas rompre l’équilibre dans la sphère publique. Pour l’apostasie simple, même si l’avis le plus dur est appliqué par l’Etat – sachant que la punition de l’apostat qui rend public son apostasie ne relève pas d’un « hadd » en Islam (donc aucune obligation d’instaurer une sanction) -, il suffit à l’apostat de feindre son repentir pour qu’il soit de nouveau en paix avec la société, ou sinon, qu’il aille vivre dans un autre pays, ou sinon qu’il vive sa vie tranquillement sans faire de prosélytisme ou sans causer de troubles à l’ordre public. Par ailleurs, du temps du Prophète (ﷺ) et des Compagnons, les simples apostats étaient laissés tranquilles et n’étaient pas menacés d’une sanction (et du temps du Califat de ‘Umar Ibn al-Khattâb puis du temps de son descendant ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azîz, les apostats en temps de paix redevenaient des dhimmis ; c’est-à-dire des non-musulmans protégés par l’Etat musulman, comme le rapportent Sa’îd Ibn Mansûr dans ses Sunân et ‘Abd ar-Razzâq al-San’ânî dans son Musannaf), contrairement aux apostats combattants ayant rejoint une armée ennemie qui combattait les Musulmans et les non-Musulmans en terres d’Islâm, qui eux, s’ils étaient attrapés avant de rejoindre le camp ennemi, devaient être arrêtés et emprisonnés (en leur laissant le choix du repentir, jusqu’à la fin de la guerre). L’Islam introduit clairement cette nuance quand on prend la peine d’y regarder de plus près, tandis que dans certains régimes athées communistes ou capitalistes, ou encore dans la Torah et la Bible, on ne trouve pas ce genre de nuances concernant les « hérétiques », les « blasphémateurs », les « apostats », les « traitres », les « ennemis de la République ou de la Nation », etc., même si dans les faits, certaines subtilités ou nuances étaient ou sans sous-entendues (contrairement au cas des régimes athées ou capitalistes comme la Corée du Nord, la Chine, les Etats-Unis, la France, etc., où les lanceurs d’alerte et opposants au pouvoir, selon leur degré d’implication dans les critiques ou les scandales dévoilés, peuvent directement être exécutés, empoisonnés/assassinés ou emprisonnés à vie ou pour de très longues années, comme certains opposants du Kremlin ou de Washington – on peut penser notamment à Julian Assange, Edward Snowden ou Aafia Siddiqui -).

  Quant au mariage de ‘Aîsha, elle-même l’approuva, fut épanouie et cohabita avec le Prophète (ﷺ lorsqu’elle, sa famille et sa société la considéraient nubile, pubère et apte (psychologiquement) à se marier.

  Pour les modalités du mariage, la Shar’îah exige de vivre avec les coutumes de son temps (qui sont considérées comme étant « convenables et acceptables » par les pieux et les gens qui ne sont pas connus pour leur perversion et leur débauche), à condition qu’elles ne soient pas indécentes, injustes ou préjudiciables pour les personnes qui se marieront tout comme pour leur entourage. Ne pas prendre en compte les changements liés à la coutume et aux mentalités est même une trahison et un égarement du point de vue de l’Islam orthodoxe, traditionnel et classique, car c’est aller contre la Shar’îah qui fait de la justice, de la sagesse et de l’équilibre, des finalités à privilégier et à atteindre, contrairement aux coutumes socioculturelles devenues obsolètes ou inadaptées, ou comportant des préjudices ou des problématiques évidents. Donc le mariage ne doit se faire, pour les Musulmans, qu’entre personnes consentantes, nubiles, pubères, matures psychologiquement, stables mentalement, dotées d’une moralité convenable (et excellente dans l’idéal), qui sont conscientes des droits et devoirs du mariage et qui sont jugées aptes à mener potentiellement une vie conjugale dans de bonnes dispositions, et cela, ce sont les principes de l’Islam qui le déterminent.

  Quand ils nous parlent de « loi humaine », il faut leur rappeler que celle-ci n’a pas vocation à être « objective » ou « vraie », légitime en soi (mais uniquement par son rapport de force imposé dans un pays) ni même « vertueuse » ou « bonne », mais uniquement « légale », et que la morale et l’éthique ne sont donc pas toujours au « cœur » des lois humaines. Faut-il rappeler qu’en France, avant les années 1980 ou 1990, que les homosexuels étaient parfois persécutés par l’Etat, que la peine de mort existait toujours, que le port du pantalon était interdit pour les femmes (et passible de sanctions), ou encore que pour l’OMS, l’homosexualité comme les théories du genre, étaient considérées comme des pathologies mentales (ce que pensent toujours de nombreux spécialistes dans le monde, même si l’OMS et de nombreux gouvernements occidentaux dirigées par des pervers et pédocriminels notoires, criminalisent les citoyens ou spécialistes qui n’abonderaient pas dans leur sens), choses qui n’ont changé que « récemment » dans l’histoire occidentale, et pour des raisons idéologiques plus que « morales », juridiques ou scientifiques. Savent-ils au moins qu’en Chine ou en Corée du Nord, ou en Inde, ou dans d’autres pays non-musulmans, que leurs lois humaines sont différentes de celles de la France, qui elle-même est différente de la loi humaine aux USA, etc., et où certaines de leurs lois humaines (en Occident ou en Orient, et même dans de nombreux plusieurs pays musulmans) sont inadmissibles et immorales, comme l’interdiction de la liberté de conscience ou de culte, la répression face aux citoyens appelant à plus de justice ou de vertu et à moins de corruption, les pédocriminels impunis qui dictent des lois et font vivre un calvaire à leurs victimes, les criminels de Big Pharma qui empoisonnent les citoyens sans jamais être inquiétés par la case « prison », etc. C’est donc là aussi, de leur part, du pur subjectivisme qui se mord la queue.

  En dehors des obligations religieuses (comme la Salât – la prière canonique -, verser la Zakât pour ceux qui en ont les moyens, jeûner durant le mois de Ramadan pour les personnes qui en sont capables, accomplir le Hajj au moins une fois dans sa vie si on en a la possibilité, bien se comporter envers ses parents, son épouse/époux, ses enfants, ses voisins, les citoyens et l’autorité légitime et juste, etc.) et des interdictions formelles (shirk, meurtre, sorcellerie, viol, inceste, pédocriminalité, adultère, vol, agression, etc.), les Musulmans sont tenus, au nom de la Shar’iâh, de ne pas causer de troubles à l’ordre public ou à leurs voisins, ni commettre d’agressions dans le pays (musulman ou non-musulman) où ils vivent, ni de pratiquer des coutumes culturelles (qui ne sont nullement des obligations en Islam) jugées illégaux dans le pays où ils résident. Cependant, si l’Etat leur impose de commettre des actes illégaux et immoraux en Islam comme le meurtre, l’adultère, le vol, le viol, l’agression des innocents, etc., ils ne doivent pas leur obéir en cela, et si cela devient invivable, doivent penser à émigrer dans une terre moins injuste et dépravée.

  Lorsque des non-Musulmans aussi fouillent sur les aberrations et monstruosités de la loi française ou américaine par exemple, – avec l’absence d’interdictions formelles sur certains cas d’incestes ou de pédocriminalité par exemple -, cela les fait vomir. Et lorsque nous débattions sur ça avec des islamophobes qui disaient qu’il fallait absolument respecter et approuver toutes les lois d’un pays ou sinon la quitter, ils étaient coincés et admettaient eux-mêmes, pour certains d’entre eux du moins (puisque d’autres ne voient aucun problème à la pédophilie, à l’inceste, au meurtre des étrangers ou des innocents qu’ils n’apprécient pas, ou à l’adultère, pour ne citer que quelques exemples) qu’ils étaient écœurés et qu’ils critiquaient les lois qu’ils n’appréciaient pas, ce que font d’ailleurs l’immense majorité des peuples dans le monde à l’égard de leur gouvernement ou par rapport à certains articles de loi ou de la constitution. Mais paradoxalement, ils se l’autorisent mais l’interdisent aux Musulmans (ou à d’autres aussi, souvent Chrétiens ou Royalistes), et par contre soutiennent les fauteurs de troubles ou les fanatiques laïcards qui veulent imposer la débauche dans le monde musulman, en ne respectant ni leurs autorités, ni la culture dominante, ni la loi en vigueur dans le pays. La vérité est que l’Islam, bien qu’exigeant de ne pas enfreindre la loi du pays, demande aux croyants d’améliorer autant que possible – selon les capacités de chacun et les outils légaux à leur disposition -, la vie en société, de diminuer l’injustice et l’oppression, de soutenir les opprimés, de dénoncer ou réprouver (sans violence ni stupidité) le blâmable, de secourir les gens dans le besoin, de leur apporter des solutions à leurs problèmes ou à leur vide existentiel, et d’encourager le louable et la vertu autant que faire se peut. La meilleure da’wah reste l’exemplarité dans la piété, le bon comportement, l’érudition et l’intelligence, et non pas le fait d’alimenter des polémiques ou de semer inutilement le trouble dans la société, même avec de bonnes intentions. N’est-ce pas là le summum de l’hypocrisie de leur part, à savoir taxer les « Musulmans » de France de « séparatisme » pour avoir réclamé uniquement le respect de leurs droits fondamentaux (au même titre que les autres citoyens qui ne sont pas de confession musulmane) – alors qu’ils ne sont même pas fréristes pour l’immense majorité d’entre eux -, et qui ne causent pas de troubles à l’ordre public, alors qu’au même moment, les autorités islamophobes et leur soutien, financent ou incitent des mouvements séparatistes et fanatisés, dans le monde musulman, à s’en prendre (parfois pour de mauvaises raisons) aux autorités ou à une partie de la population civile.

  Il est nécessaire également de ne pas se tromper de raison pour laquelle on tente de justifier ou de critiquer une position ou un avis juridique, en ce sens que nos positions ne doivent pas être fondées sur la haine d’un autre modèle, par ego ou par désir de plaire à certains groupes humains (notamment les islamophobes, les régimes dictatoriaux, qu’ils soient de type marxiste ou néolibéral, …).  Après tout, nous n’avons pas eu besoin d’attendre l’Occident moderne et décadent pour que nos savants musulmans de l’ère médiévale adoptent une approche critique des sources, des textes du patrimoine islamique, des avis juridiques des autres savants, etc., et c’est un débat qui n’a jamais été figé ni scellé au final, et doit demeurer vivant à chaque époque, sous réserve que les savants et intellectuels aptes à la critique soient dotés de bonnes intentions, aient conscience des nobles finalités de la Loi, de la nécessité de fonder le fiqh sur l’intérêt général et l’éthique islamique, et qu’ils aient une bonne maitrise des sources, des outils et méthodologies juridiques, de l’histoire et du patrimoine islamique (ici en l’occurrence, celle du corpus juridique selon les différentes écoles de droit).

  Ce ne sont pas non plus les non-Musulmans qui doivent déterminer ce que doit être un vrai musulman ou le bon islam, en ce sens que, même s’il est possible que nos échanges intellectuels avec eux soient enrichissants, ce sont uniquement les principes mêmes de l’Islam qui déterminent quel est le vrai islam, et qui sont les musulmans les mieux guidés, et qui fournissent le meilleur cadre herméneutique des Textes. Si un sujet fait polémique, il faut l’investiguer sérieusement à la lumière des principes supérieurs de la Religion et des finalités de l’Islam et de la Loi, et non pas à la lumière des idéologies ou pressions occidentales, ou des cultures tribales qui existent encore dans le monde musulman. De même, l’Islam enjoint lui-même, dans ses textes fondamentaux, les règles et l’importance du vivre-ensemble avec les non-musulmans, en fournissant notamment l’exemple, en terres non-musulmanes, le cas des Musulmans qui avaient émigré en Abyssinie, et le Prophète (ﷺ) les exhorta à vivre dans la paix avec eux, et leur interdit de commettre la moindre injustice à leur égard, ou de causer des troubles ou des révoltes, alors que leur dirigeant était quelqu’un de juste et de pieux.

  En conclusion, il faut axer les réponses sur 3 angles : les fondements épistémologiques de la morale, la contradiction et l’inconsistance de leur propre système de pensée (et le fait que ce qu’ils reprochent aux autres, on le retrouve chez eux, parfois en bien pire) et enfin sur le fond, comprendre les textes islamiques à partir des principes supérieurs de la Religion comme l’ont stipulé les ussûliyyûn (spécialistes des fondements de la Religion et de la Loi) telles que l’intérêt général, la nécessité, la préservation de la vie et de la santé (physique, psychologique et mentale), l’absence de préjudice et de nuisance pour les êtres humains et l’absence de souffrance que l’on pourrait éviter autrement, la préservation de la foi tout comme de la dignité, et la protection de la liberté de conscience, de culte et de la propriété privée, autant d’outils et de finalités juridiques prévus par la Shar’îah, qui priment sur les avis juridiques – généralement contextuels – émis par des juristes. Sur le plan moral, ils n’ont ainsi aucun argument objectif, et doivent même se référer aux valeurs morales religieuses pour tenter d’atteindre une certaine forme d’objectivité pour éviter l’écueil du subjectivisme (qui est aussi une conséquence de l’athéisme).

  S’il est naturel que des non-musulmans se posent des questions sur l’Islam ou sur certains de ses aspects par rapport à tout ce qu’ils peuvent lire ou entendre ici et là, le cas des islamophobes endurcis est néanmoins différent. Ils ne cherchent en effet en réalité que le buzz et décharger leurs frustrations en haïssant les Musulmans et en insultant l’islam, espérant ainsi se faire un nom sur les réseaux sociaux, et s’enrichir par ce biais, au lieu de travailler normalement comme les autres. Mais avec eux, ils ont une petite armée coordonnée, mais très faible dans le fond, de trolls, de bots et de gens haineux incapables de réfléchir et suivant fanatiquement des charlatans et manipulateurs fanatiques avérés. Il suffit de bien connaitre l’épistémologie et les différents modes de la logique, l’histoire et la philosophie des sciences, les fondements de la philosophie morale, l’approche critique des textes, la métaphysique et les contradictions de leur propre modèle, pour s’apercevoir de leur supercherie et de leur profonde méconnaissance des sujets qu’ils transforment en polémique.

  Étudier sérieusement la logique, l’épistémologie, la philosophie et l’histoire des sciences, le ‘ilm ul kalâm, la métaphysique, la rhétorique, l’éthique et l’adab à travers le Tasawwuf, la linguistique et la philologie, les principes de l’art sacré, les ussûl al fiqh (fondements du droit) et les maqasid as-Shari’ah (finalités de la Loi) permettent de dissiper les doutes, de clarifier les ambiguïtés et de réfuter les thèses islamophobes et anti religieuses, de se rapprocher d’Allâh, d’identifier plus facilement les avis erronés ou problématiques et de contextualiser ou de relativiser les opinions savantes du passé, et enfin de mieux comprendre les textes et la réalité où nous vivons.

  Voir en ce sens, notamment les travaux de René Guénon, Seyyed Hossein Nasr, Muzaffar Iqbal, Mehdi Golshani, Asad Q. Ahmed, Inès Safi, Abdelhaq M. Hamza, Frithjof Schuon, Kurt Gödel, Jacques Vauthier, Stanley L. Jaki, John Polkinghorne, Wolfgang Smith, Bernard d’Espagnat, Olivier Rey, Isabelle Stengers, Douglas Axe, John Lennox, Mohammad Basil Altaie, Bruno Guiderdoni, Abû Hamid al-Ghazâlî, As-Shatibî, Al-Qarâfî, Al-Tahîr Ibn ‘Ashûr, Ahmad Ar-Raysûnî, Abd Al-Wahhâb Khallâf, Corentin Pabiot, Denis Gril, Abdellah Penot, Abdal Hakim Murad, Hamza Yusuf, Michel Meyer, Ananda Kentish Coomaraswamy, Michel Valsân, Charles-André Gilis, Reza-Shah Kazemi, Martin Lings, l’Emir ‘Abd al-Qâdir, Ahmad al-Alawi, Muhammad al-‘Arabî al-Darqâwî, Ahmad Ibn ‘Ajiba, Titus Burckhardt, Eva de Vitray-Meyerovitch, Maurice Gloton, Jean-Louis Michon, Faouzi Skali, Dr Ismaîl Râji Al-Faruqî, Lois Lamyâ’ al Fârûqî, Dr Hamza Al Bakri, Dr Ali al-Omari, Dr Hamza Benaïssa, Nouman Ali Khan, Alireza K. Zirani, Mahmoud Bina, Tayeb Chouiref, … ainsi que du Dr Abdelrhafour Elaraki en ce qui concerne les signes et aspects scientifiques et mathématiques dans le Qur’ân selon une approche critique réfutant à la fois les erreurs des concordistes et les thèses/négations de certains islamophobes et athées.

Instruisons-nous et éduquons-nous aux meilleures sources plutôt que de passer notre temps à se clasher les uns les autres. Et par rapport aux attaques islamophobes et athégristes sur la Religion, approfondir son savoir est la clé. Les références et disciplines – évoquées précédemment – à étudier avant de s’engager dans les débats philosophiques, métaphysiques, scientifiques et théologiques, constitueront une base solide pour tout musulman soucieux de préserver sa Religion et de l’exposer intelligemment aux autres selon les principes de l’Islam. Et ne soyons pas pessimistes, et œuvrons avec intelligence et patience, y compris avec les apostats, car plusieurs d’entre eux finissent par revenir à l’Islam, après avoir mieux étudié, vu les aberrations, mauvais comportements et manipulations de certains islamophobes, etc* . S’il faut avant tout se concentrer sur notre vie spirituelle, sociale, familiale et intellectuelle, il est aussi utile à petite dose, de « débattre » avec ceux qui nous empoisonnent la vie et nous attaque, afin d’indiquer aux gens « Nous sommes là, nous n’avons pas honte de notre Religion, et nous savons la défendre de façon intelligente », tout en exposant les manipulations des islamophobes ou pour clarifier les interrogations légitimes que des gens pourraient se poser.

* Voir par exemple l’ex-apostat Adel, revenu à l’Islam en février 2024 : https://twitter.com/zwwyxn/status/1759553496246878404


Notes :

[1] Bien que l’on puisse regretter une certaine méconnaissance de la métaphysique, de l’épistémologie et du Tasawwuf, plusieurs chaines YouTube apportent une réfutation des thèses islamophobes, même si certaines réfutations mériteraient des arguments encore plus percutants qu’il est possible d’opposer aux islamophobes.

Dans le monde francophone il y a par exemple le collectif Hanifiyya ou Jésus musulman. Dans le monde anglophone il y a Sunnah Discourse, The Deen Show TV, Towards Eternity et Farid Responds qui répond notamment aux islamophobes les plus célèbres.

[2] Mention spéciale pour Siraj Hayani, ex-apostat très célèbre qui relayait auparavant toutes les thèses islamophobes et orientalistes, mais qui est revenu à l’Islam et les a déconstruites suivant une approche à la fois rationnelle, épistémologique et historique qui réfute déjà les postulats principaux des islamophobes : https://www.youtube.com/watch?v=XUriCaUgcSA

[3] https://www.youtube.com/@anisdalger

[4] Muhammad Ibn Jarîr Ibn Yazîd al-imâm Abû Ja’far at-Tabarî (224 H/839 – 310 H/923) était un savant musulman ayant aussi des origines persanes, de la génération des Salafs (les 3 premières générations de l’Islam Muhammadien et historique). Il fut célèbre avant tout pour son célèbre Tafsîr (Jâmi’ al-bayân fi tafsîr al-Qur’ân) et ses Chroniques historiques (Târîkh al-rûsul wa l-mulûk), et était un savant polymathe, formé à la médecine, aux mathématiques, à l’astronomie, à l’histoire, au Hadith, au Qur’ân, au droit musulman (jusqu’à devenir lui-même mujtâhid), à la grammaire, à la lexicographie et à la langue arabe, à la logique, à la théologie, à la philosophie, à la Sîrah, à l’éthique, à la spiritualité, etc.

[5] Imâd ud-Dîn Ibn Kathîr (701 H/1300 – 774H/1373), célèbre savant connu surtout pour son Tafsîr (Tafsîr al-Qur’ân al-‘azîm) et ses chroniques historiques (Al-Bidâya wa an-Nihâya), il était aussi un théologien, un juriste shafi’ite, un cheminant sur la Voie sûfie et un spécialiste du Hadith et de la langue arabe.

[6] Rapporté par Ibn Hibbân dans Al-Du’fa’ selon Abû Hurayra, par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°2687, Ibn Mâjah dans ses Sunân n°4169 mais avec une faiblesse dans la chaine, par Ahmad, As-Suyûtî dans al-Jâmî’ al-Saghîr n°6468 qui la considère comme valide, Al-Jilânî qui l’a authentifié par kashf dans Sirr al-Asrâr au chapitre 5, et d’autres.

[7] Rapporté par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°3833, At-Tirmidhî dans ses Sunân, Al-Hakim dans Al-Mustadrak et d’autres.

[8] Parmi les auteurs brillants, sages et érudits à la fois, nous pouvons citer ceux de la génération passée comme René Guénon, Michel Valsân, Martin Lings, Frithjof Schuon, Jean-Louis Michon, Titus Burckhardt, Tage Lindbom, Ivan Aguéli (alias Abdul Hadi), Muhammad Hassan Askari et d’autres, dont leur savoir et leurs travaux sont inestimables et très profonds.

[9] Rapporté par Abû Nu’aym dans Hilyat al-Awliyâ n°819 d’après Abû Idrîs, R Abû Dawûd dans ses Sunân n°4611, Al-Hakîm dans Al-Mustadrâk 4/507 qui authentifie le hadîth, …

[10] Rapporté par Al-Bukharî dans son Sahîh n°3275 sous l’autorité de Muhammad Ibn Sirîn, par An-Nawawî dans Riyâd as-Salihîn n°1020.

[11] Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°2518 selon Hassân Ibn ‘Alî, sahîh.

[12] Rapporté par al-Bukharî dans son Sahîh n°8 selon Ibn ‘Umar.

[13] Rapporté par ‘Abdullah Ibn al-Mubârak dans al-Zuhd wal-Raqâ’iq n°1147, selon Abdur Rahman ibn Mu’awiyyah, sahîh.

[14] Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°21965 selon Abû Umamah, sahîh.

[15] Rapporté par Hannad ibn al-Sari al-Kûfi dans son Kitâb al-Zuhd, appelé aussi al-Zuhd li-Hannâd n°935.

[16] Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°17396 selon Abû Tha’laba, sahîh.

[17] Rapporté par Ad-Dârimi dans ses Sunân n°2533, selon Wabisa ibn Ma’bad.

[18] Rapporté par Muslim dans son Sahih 4/1980 n°2553, At-Tirmidhî dans ses Sunân n°2389, Ahmad dans son Musnad 4/182, al Bayhaqî 10/142, al Hâkim dans Al-Mustadrak 2/14, Al Muttaqi dans Kanz ul-Ummâl n°5163, At-Tabrîzîdans Al Mishkât n°5073, An-Nawawî dans son Riyâd as Salihîn n°27, etc.

[19] Rapporté par al-Bukharî dans son Sahîh n°7257, Ahmad dans son Musnad n°724, Muslim dans son Sahîh n°1840 et Abû Dawûd dans ses Sunân n°2625 selon ‘Alî.

[20] Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°1707 selon Ibn ‘Umar, par Abû Dawûd dans ses Sunân n°2626 selon Ibn Mas’ûd ainsi que d’autres narrations voisines par ‘Alî, Imran Ibn Hussayn et d’autres.

[21] Rapporté par al-Bayhaqî dans Az-Zuhd al-Kabir n°192 sous l’autorité d’Abû Dharr, ainsi que par Al-Haythâmî dans Majmâ’ al-Zawâ’id 7/283.

[22] Rapporté par at-Tirmidhî dans ses Sunân n°2007.

[23] Ibn Al-Qayyîm dans Al-Fawâ’îd.

[24] Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°2865 avec une chaine valide, Mâlik dans Al-Muwattâ’, Ibn Mâjah dans ses Sunân n°2340, Al-Hakim dans Al-Mustadrak avec une chaine sahîh, et d’autres par plusieurs voies qui se renforcent via Ibn ‘Abbâs, Abû Hurayra, Abû Sâ’îd al-Khudri, ‘Aîsha et d’autres.


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