Réflexion sur l’esclavage et l’Islam

Il s’agit d’une polémique qui revient souvent dans le discours des islamophobes ou même de certains musulmans qui tombent sur des citations ou propos – parfois tronqués ou incompris -. Souvent, le sujet est pris en otage par des islamophobes ou des mentalités quelque peu rétrogrades et « fixistes » du côté musulman, hystérisant le débat et ignorant les conditions socioculturelles de l’époque et les principes islamiques, qui sont pourtant la clé pour comprendre le sujet. Ainsi, au-delà des mots, il convient d’une part d’analyser le Réel – de façon dépassionnée et objective -, et d’autre part, d’identifier clairement les objectifs de la Loi divine à ce sujet, et enfin, de reconnaitre les abus ou incompréhensions qui ont pu exister dans ce domaine (1), – les passions humaines finissant souvent par transgresser ou contourner la Loi divine -. Le Qur’ân n’ordonnant ni l’esclavage et ne l’interdisant pas formellement, il s’agit ici d’une question plus culturelle que religieuse, mais pour autant, le Qur’ân traite formidablement de la question, à la fois en instaurant un cadre éthique et des moyens pour venir à bout des problématiques qui y sont liées, sans pour autant nier les réalités socioéconomiques des peuples et des sociétés. Beaucoup de gens continuent d’ignorer les nécessités ou contraintes qui pèsent sur de nombreux aspects de la vie humaine : économie, mentalité, psychologie, inégalités qui se creusent malgré de beaux slogans et des lois inadaptées, faisant comme si tout le monde était « saint(e) » ou vertueux, ou généreux et altruiste, et comme si toutes les richesses ou ressources étaient illimitées ou réparties de façon égale, et sans soupçonner les effets pervers et délétères quand le Réel est nié (différences entre les hommes et les femmes sans que cela n’implique évidemment de supériorité ou d’infériorité d’ordre absolu, la différence hiérarchique et juridique entre les parents et les enfants, l’importance de la spiritualité pour éviter les fléaux liés à l’alcool, à la drogue et au tabac, les frustrations qui se transforment en crimes quand on ne respecte pas les droits du mari ou les droits de la femme, etc.).


Une question fondamentale à se poser est celle-ci : « Peut-on éviter toutes les formes d’esclavage social même à notre époque ? ».

La réponse semble négative, comme l’a montré le professeur et spécialiste Jonathan A.C. Brown, spécialiste en histoire des civilisations, en droit et dans les sciences islamiques (2).

Avant l’avènement du monde moderne, aucun auteur, qu’il soit religieux ou non, philosophe ou scientifique, n’a condamné l’esclavage en tant que tel, mais seulement les abus ou certaines pratiques mauvaises qui pouvaient en découler, pour la simple raison que l’esclavage, si on le définit correctement, en gardant à l’esprit que chaque civilisation ancienne tout comme les sociétés modernes adoptent une forme d’esclavage, ce dernier consistant à instaurer et reconnaitre l’existence – parfois nécessaire – de plusieurs statuts juridiques et de personnes occupant des fonctions dans un champ d’action déterminé, une forme d’autorité sur d’autres personnes (des médecins sur leurs patients, des dirigeants sur leurs citoyens, des policiers sur les civils, des employeurs à l’égard de leurs employés, les parents sur leurs enfants, les professeurs sur leurs élèves, etc.), cette perspective pouvant épouser plusieurs formes et modalités au détriment des autres, selon les époques et les régions.

Dans les sociétés islamiques traditionnelles du passé, des gens ayant le statut juridique d’esclave pouvait accéder à des postes de ministre ou même de sultan, exerçant ainsi leur propre autorité sur les gens ayant officiellement le statut juridique de personne libre. De même, l’Islam interdit toute oppression, insulte, violence physique ou psychologique contre les domestiques et les esclaves.

Le fait est qu’il est souvent question de perception culturelle et de relativité, en ce sens que tous les gens, esclaves ou officiellement libres, sont astreints à respecter l’autorité d’une personne ou d’un pouvoir politique, chacun ayant des droits et des obligations en commun, et d’autres qui sont spécifiques à telle ou telle catégorie. Encore aujourd’hui, des sociétés occidentales exploitent des enfants et des femmes dans des conditions terribles, à raison de 16 à 20 heures/jour, en les privant d’une bonne santé, de considération morale, d’éducation et de liberté ; leurs produits (vêtements, smartphones, etc.) qu’ils fabriquent sont ensuite vendus en Occident, où les gens qui prétendent condamner l’esclavage, jouissent avec le sourire des produits de l’esclavagisme, sans jamais penser aux enfants, pauvres, femmes ou personnes âgées, qui fabriquent tout cela pour eux, tout en étant exploités et maltraités. Et dans les sociétés occidentales elles-mêmes, les employés ne sont pas libres de faire ce qu’ils veulent, et doivent se plier aux exigences de l’entreprise qui les emploient, les femmes sur les plateaux TV sont obligées de renoncer à leur liberté de conscience, d’expression et de façon de se vêtir, sinon elles pourraient avoir des problèmes graves (violences physiques, verbales ou sexuelles) ou être virées de la chaine TV dans laquelle elles travaillent, et il en va de même pour les hommes qui sont soumis à leur employeur, et qui peuvent être harcelés, malmenés et maltraités, et être licenciés de façon arbitraire, et donc se retrouver endettés ou à la rue du jour au lendemain. La situation des esclaves à l’époque « islamique », – prisonniers de guerre lors d’une confrontation – était donc plus enviable sous plusieurs aspects, que celle du salarié occidental ou oriental d’aujourd’hui : pas de travail indécent, pas de surcharge au niveau du travail, prise en charge de nourriture décente et convenable, du logement, d’éducation, de vêtements, de santé, du transport si besoin, etc., avec possibilité d’affranchissement s’ils en faisaient la demande, et en cas de mauvais traitement, le responsable/employeur était sanctionné et devait affranchir (pour expier sa faute – la maltraitance étant un grand péché -) la personne qui était sous sa responsabilité. De même, des « esclaves » pouvaient se retrouver à diriger les affaires politiques ou militaires de la nation.

Les gens dits « libres », les prisonniers comme les domestiques, ont ainsi des contraintes, des droits et des obligations spécifiques. Le Qur’ân avait bien compris cela, raison pour laquelle aucune condamnation claire ne désavoue l’esclavage en tant que tel (terme qui fait certes peur et frémir par rapport à la façon dont cela a été enseigné et biaisé au sein de l’Education nationale moderne). Mais le Qur’ân et la Sunnah insistent par contre sur le fait de toujours se montrer juste et équitable, généreux et humble, bon et compatissant envers les personnes qui sont sous notre responsabilité (époux/épouse, enfants, parents, domestiques, travailleurs/employés, etc.) ainsi qu’envers notre voisinage et notre prochain. Tout comme l’expiation passe souvent par la libération d’esclaves ou de captifs, et tout comme le Qur’ân facilite aussi les démarches pour les esclaves qui souhaitent une autre forme d’autonomie (l’affranchissement d’un tuteur ou d’un responsable) en sommant aux tuteurs/responsables de les libérer s’ils en font la demande, et qu’il y a du bien en eux (c’est-à-dire, de la civilité), car il faut savoir que certains préféraient cette forme d’esclavage (leur assurant nourriture, éducation, soutien, protection et affection) plutôt que de mourir abandonnés dans les rues, ou alors se retrouvant trop pauvres ou sans défense face à d’éventuels brigands. De même, la Zakât et les aumônes surérogatoires (sadaqâ) devaient servir aussi à affranchir les captifs ou les esclaves qui le souhaitaient. L’Islam avait par ailleurs interdit la mise en esclavage des gens libres, la seule exception étant les combattants et leurs familles dans le cas d’une guerre, devenant captifs de guerre, mais en étant bien traités, et pouvant les prendre en charge jusqu’à leur libération ou leur affranchissement.

Contrairement à une autre accusation infondée, le Qur’ân n’autorise pas le viol (ni de son épouse, ni d’une esclave ni d’une femme « étrangère »), puisqu’aucune autorisation explicite ne le rend permis et que de façon générale, le Qur’ân interdit explicitement l’injustice, le mauvais caractère et le mauvais traitement, et exige cependant la bonté à leur égard (tout comme à l’égard de sa famille, de ses voisins, de ses proches, des voyageurs, etc.). Concernant son épouse, le droit du mari comme de l’épouse implique le consentement mutuel des rapports intimes dans les conditions normales, il est donc du droit du mari comme de l’épouse que l’autre y consente, sauf dans les cas où il y aurait maladie, urgence, fatigue (physique ou mentale) ou nécessité. Si l’autre se refuse sans excuse valable à l’autre, il y a alors faute et péché, mais en aucun cas l’usage de la force contrainte n’est autorisé même si l’autre commet une faute ou un péché. Si le mari ou l’épouse estiment avoir été lésé(e) ou victime d’abus – le fiqh musulman classique englobant tous les abus possibles sous la notion de préjudice, là où le droit moderne détaille parfois les différents cas -, que ce soit par des violences physiques, verbaux ou psychologiques, ils peuvent porter plainte et exiger justice, compensation ou divorce. Pour la domestique qui n’est pas mariée avec un autre homme, si elle y consent, alors cela est autorisé car s’il y a consentement, équité et tendresse, il s’agit de relations consenties de personnes nubiles vivant sous le même toit et faisant partie des relations licites – c’est-à-dire aucune forme d’inceste, de violence ni d’adultère -, les domestiques étant aussi des êtres humains, ils/elles ont le droit à une vie sexuellement épanouie et au respect de leur dignité. Là aussi, si le responsable commet des abus (une simple gifle est considérée comme un abus susceptible d’expiation et donc d’affranchissement – cf. Sahîh Muslim -, donc ce qui est plus douloureux ou grave que cela est pire encore et donc évidemment interdit et sanctionnable), il sera puni, et la victime pourra exiger la libération immédiate et une forme de dédommagement. Concernant le viol d’une femme libre ou d’une domestique n’étant pas du tout liée à la famille ou au foyer de la personne ayant commis ce crime, non seulement cela est interdit (ayant commis plusieurs transgressions de la Loi divine : adultère/fornication, agression physique et abus psychologique, trouble à l’ordre public, insécurité, etc.), la victime est excusée et évidemment protégée et exemptée de toute sanction, mais la peine pour le coupable peut aller jusqu’à la peine de mort, en plus d’autres sanctions et d’un dédommagement versé à la victime ou à la famille de la victime.

Il n’est pas aucunement question de viol pour les domestiques, mais plutôt d’une forme licite de concubinage par de bonnes mœurs et avec bonté, et non pas de rapports non-consentis, de violence ou de pratiques débauchées. Le Qur’ân en somme, interdit la violence (sexuelle, physique, psychologique, verbale, etc.), interdit la prostitution des domestiques/esclaves comme des personnes « libres », est moins sévère dans les sanctions envers les abus/fautes commis par les esclaves/domestiques que par leurs responsables ou des gens « libres », offre une protection juridique et morale aux esclaves/domestiques, ordonne leur affranchissement en cas de maltraitance, leur offre la possibilité de demander eux-mêmes l’affranchissement et que leurs responsables doivent y consentir s’ils en ont les moyens et évidemment si les esclaves (ancien(ne)s captifs/captives de guerre) ne représentent aucun danger pour la société ou s’ils veulent retrouver leur pays d’origine ou leur peuple lorsque la guerre est finie, etc. De façon générale, le Qur’ân interdit l’idolâtrie et la violence, et ordonne la bonté envers tout le monde (sauf les criminels endurcis) : « Adorez Allâh et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves/domestiques qui sont sous votre responsabilité, car Allâh n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant » (Qur’ân 4, 36).

Dans le Tafsîr de Fakhr ud-Dîn Râzî concernant ce passage : « (…) Sachez qu’un bon traitement envers les serviteurs est de plusieurs points de vue : Premièrement, qu’ils ne sont pas tenus responsables de ce qu’ils sont incapables de faire. Deuxièmement, qu’ils ne soient pas blessés par des mots grossiers. Il devrait plutôt vivre avec eux en bonne compagnie. Troisièmement, qu’ils reçoivent de la nourriture et des vêtements selon leurs besoins ».

Al-Qurtûbî dans son Tafsîr du passage qurânique 4/36 : « (…) Je dis sur la base de ce verset, un traitement aimable des voisins est enjoint et recommandé, qu’ils soient musulmans ou non-croyants, et c’est la bonne chose à faire. Un traitement bienveillant peut être dans le sens d’aider ou cela peut être dans le sens d’être gentil, de s’abstenir de faire du mal et de les soutenir (dans ce qui est licite) ».

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Jibrîl n’a cessé de m’enjoindre la bienveillance et la bienfaisance envers le voisin, jusqu’à ce que je pense qu’il aurait droit à une part de l’héritage; et il n’a pas cessé de m’enjoindre la bienveillance et la bienfaisance envers les femmes, jusqu’à ce que je pense qu’il serait interdit de les divorcer [ndt : c’est-à-dire que leur vie et leur honneur sont sacrées et inviolables] ; et n’a pas cessé de me recommander de traiter avec bonté les esclaves (et les domestiques), jusqu’à ce que je pense qu’il leur accorderait une période de temps après laquelle ils seraient automatiquement libres ; et il n’a pas cessé de me recommander l’utilisation du siwâk jusqu’à ce que j’aie eu peur que ma bouche s’use à force de me brosser les dents ; et il n’a pas cessé de me conseiller de faire qiyâm ul-layl (prière spécifique durant la nuit) jusqu’à ce que je pense que les meilleurs de ma Ummah ne dormaient pas la nuit » (Rapporté par Al-Qurtûbî dans son Tafsîr au verset 4/36 sur les droits du domestique). D’autres versets peuvent être cités encore : « La bonté pieuse (al birr) ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allah, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelqu’amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs (affranchir les esclaves), d’accomplir la Salât et d’acquitter la Zakât. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux ! » (Qur’ân 2, 177).

« Au milieu des biens qu’Allâh t’a accordés, recherche la Demeure Dernière. Ne néglige pas ta part de ce bas-monde. Sois bon comme Allâh est Bon avec toi. Ne cherche (et ne sème) pas la corruption sur la Terre. Allâh n’aime pas ceux qui sèment la corruption » (Qur’ân 28, 77).

« (…) ceux qui ont la foi et accomplissent de bonnes œuvres ; puis qui [continuent] d’être pieux et d’avoir la foi et qui [demeurent] pieux et bienfaisants. Car Allâh aime les bienfaisants » (Qur’ân 5, 93).

« En toute vérité, Allâh commande la justice, la vertu et la générosité (libéralité, assistance) envers les proches, et Il interdit la turpitude, les actes répréhensibles, la tyrannie (la rébellion et l’injustice) » (Qur’ân 16, 90).

A savoir que cela existe aussi dans la Torah et dans la Bible, mais sans les vertus et qualités de justice, de demande d’affranchissement ou de bonté, comme dans le Qur’ân. Et que les formes modernes, ici de libertinage, sans aucune responsabilité ni protection juridique et morale, ne semblent gêné personne, alors qu’il y a des meurtres, des grossesses, des avortements, des nouveau-nés abandonnés, des maltraitances diverses, etc. qui relèvent de la barbarie, mais qui sont parfois même encouragés par des gens non-musulmans ou par les autorités politiques en Occident.

Rappelons qu’à l’époque, pour éviter que les familles des combattants (ennemis) morts au combat ou devenus captifs, les Musulmans prenaient parfois en charge leur famille afin qu’ils ne manquent de rien et qu’ils soient protégés au lieu d’être abandonnés à leur sort ou réduit en esclavage par leur propre peuple. Les Musulmans pouvaient alors les prendre en charge, et à la fin de guerre, les libérer gratuitement, les échanger contre un service ou une rançon, ou les libérer si les captives/captifs de guerre en faisaient la demande. C’était là une forme de justice et de protection que l’Islam leur assurait, malgré les dures lois de la guerre, et une pratique qui était universelle, et qui existe encore de nos jours (l’Ukraine et ses alliés occidentaux, et la Russie et ses alliés, le font encore aujourd’hui dans le conflit ukrainien, mais souvent sans respecter leurs droits, là où l’Islam exige le respect du droit des vaincus comme des captifs).

En Islam et à travers l’histoire du monde musulman – si l’on met de côté les abus anti-islamiques commis par certains -, les esclaves étaient souvent affranchis après un certain temps, les responsables qui les maltraitaient étaient punis, et les esclaves étaient intégrés à la communauté, devenant des membres souvent respectés. Or, en Occident, à l’époque de la traite négrière et ce jusqu’au 20e siècle, les esclaves noirs étaient maltraités, considérés comme des marchandises – sauf dans certains cas personnels où le responsable et l’esclave se respectaient mutuellement – et étaient mis hors de la communauté nationale, sans considération.

Le Qur’ân comprend très bien que l’éthique est universelle et qu’elle doit s’exercer en tous lieux et en tout temps : bonté, sagesse, compassion, justice, équité, etc., peu importe dans quel espace-temps particulier elle s’inscrit à un instant T, avec des coutumes sociales et politiques qui varient.

Le fiqh doit évidemment s’adapter car les coutumes changent et sont importantes, mais c’est toujours l’éthique qui doit avoir le dernier mot en Islam, si l’on veut éviter les dérives et les abus, même de pratiques qui sont à l’origine licite ou même louable. L’éthique islamique libère, tandis que certaines coutumes, devenues inadaptées ou qui seraient imposées de façon universelle alors qu’elles sont par essence contingentes et particulières, enferment et sclérosent la pensée autant qu’elles empoisonnent la société. C’est là tout l’équilibre à trouver.

L’Occident dissimule beaucoup de vérités en adoptant des termes biaisés exerçant un impact sur la psychologie humaine. Or, un employé qui renonce à sa dignité et à sa liberté, pour un salaire médiocre, avec une mauvaise santé et sans vie sociale épanouie, est bien plus malheureux et psychologiquement maltraité, qu’un esclave du temps du Prophète Muhammad (ﷺ), mieux éduqué, mieux respecté, plus libre d’une certaine façon, et surtout, plus digne et plus épanoui spirituellement.

L’objectif de l’Islam est d’assurer avant tout la sécurité et la justice pour les croyants comme pour les non-croyants, de leur faire connaitre les principes et finalités de la Religion, et d’encadrer les coutumes et réalités (parfois même les nécessités) socioéconomiques par les valeurs éthiques, afin d’empêcher (ou au moins de limiter fortement) les abus des uns et des autres. S’il n’est pas dans l’intérêt des gens d’instituer l’esclavage, alors le Qur’ân, tout en exigeant la bonté et la justice, n’encourage pas du tout l’institution de ce genre de pratiques. Si une pratique permet d’assurer la survie ou le bien-être réelle d’une population, alors le Qur’ân encourage ce genre de pratiques et de mesures, tant que le cadre éthique garantie une certaine forme de justice, de prospérité, de bienfaisance et de bien-être (spirituel, physique, mental, social, etc.).

Notes :

(1) Il y a 2 contre-vérités qui s’opposent et qu’il convient de dissiper. D’une part l’idéalisme de certains musulmans qui pensaient que l’esclavage n’a plus exister en terres d’Islam après la mort terrestre du Prophète, alors que cette pratique a continué d’exister sous plusieurs formes selon les époques et les régions, sachant que les terres d’Islam n’ont jamais abrité que des musulmans saints ou vertueux, mais aussi des hypocrites, des pervers, des pécheurs, ainsi que des non-musulmans, eux aussi impliqués dans les traites d’esclaves, aussi bien Juifs que Chrétiens ou autres. Cette pratique existait aussi en Chine, en Inde, en Afrique par des sociétés africaines elles-mêmes, et pouvait concerner des Arabes, des Persans, des Slaves, etc. et pas seulement des Africains. Et d’autre part, les thèses islamophobes qui mentent, car en réalité, sur plus de 1000 ans d’histoire, la traite des esclaves chez les Arabes (pas toujours Musulmans d’ailleurs) et le reste du monde musulman, il y a eu moins d’esclaves et moins d’esclaves tués que lors de la traite négrière occidentale sur les derniers 500 ans (sans même parler de l’esclavage qui existait avant, et même durant l’Antiquité chez les Grecs puis chez les Romains). Par ailleurs, une injustice commise par d’autres personnes n’excuse pas les injustices commises par les « siens ».

(2) Voir son ouvrage Slavery & Islam, Oneworld Publications, 2020. Il développa aussi la thématique lors d’une conférence : لماذا لم يحرّم الإسلام العبودية؟ : https://www.youtube.com/watch?v=NsSk_RnkjoU ; 3 janvier 2023


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