Depuis l’avènement du monde moderne, rares sont les intellectuels et les spécialistes qui arrivent à prendre du recul sur les questions politiques.
Les modernes restent ainsi prisonniers du « pathos » et de « l’ethos », pour mettre de côté le Logos. Ainsi, on ne va pas plus parler des considérations essentielles telles que ce qu’Allâh attend de nous, le respect de la justice sociale, le bien-être spirituel ou l’accès aux soins, mais plutôt du confort fondé sur le gaspillage et la misère des pays pauvres, etc.
Au final, est-ce qu’il vaut mieux un régime autoritaire relativement juste et qui protège sa population du terrorisme, de la débauche sexuelle, de la décadence des mœurs, – qui conduit à l’éclatement de la société – et qui rappelle les nobles idéaux religieux et spirituels à atteindre et à respecter -, ou alors une « démocratie » (avec tout ce qu’elle comporte d’imperfections, de dangers, de dérives et d’illusions) qui institue la débauche, l’impudicité, l’idolâtrie et la corruption politique ?
Quant aux dictatures, qu’elles soient sécularistes ou « religieuses », même si l’Islam interdit la tyrannie et la conversion forcée, mieux vaut une dictature de nature religieuse, – entretenant quand même une relation avec le Divin et certaines valeurs morales -, qu’une dictature séculariste qui souille l’âme humaine et la condamne à l’avilissement, et à la priver de sa raison d’être.
Si les méthodes et processus politiques pour se hisser au pouvoir ou s’y maintenir peuvent être discutés ou contestés, – voire contestables -, il faut avant tout regarder la nature et les effets de ce « pouvoir politique », à savoir, s’il respecte les valeurs universelles de la Religion, s’il n’éradique pas l’identité religieuse et les identités plurielles des minorités ethniques et religieuses de la Nation, s’il assure la sécurité et un développement appréciable du pays, etc. On sait que de nos jours, les peuples sont facilement manipulables, – ce qu’insinuent clairement les médias occidentaux par ailleurs – et qu’ils ne savent parfois même pas ce qui est bon et utile pour eux, ou ignorent les enjeux et difficultés en rapport avec l’économie, la politique et la géopolitique, vivant dans une sorte d’utopie ou de vision manichéenne.
De nombreux pays occidentaux ne respectent même pas les processus et résultats électoraux démocratiques dans des pays comme la Palestine, l’Egypte avec Morsi, la Turquie, etc., et soutiennent par contre des ennemis de la démocratie et des droits humains (comme l’Egypte de Mubarak et l’Egypte de Sissi, des dictatures africaines, etc.) de même qu’elles supportent des organisations terroristes marxistes qui ciblent des pays où le dirigeant a vraiment été élu par la majorité comme en Turquie.
Dans les pays occidentaux, les libertés démocratiques et politiques sont limitées et surveillées, interdisant souvent l’accès à la politique à des partis ayant un projet politique intéressant ou des individus compétents qui n’adhèrent pas à l’idéologie dominante du pays en question et qui ne sont pas soumis au diktat des multinationales et des grandes banques. Les traitements médiatiques ne sont pas non plus équitables, neutres et transparents, puisque les autorités politiques et le monde de la finance sont parties prenantes par rapport aux candidats, et contrôlent les principaux organes médiatiques du pays (comme en France et aux Etats-Unis par exemple).
D’un point de vue intellectuel et social, se conformer aux préceptes religieux universels et bien établis (dans le Qur’ân et dans la Sunnah mutawatir) et les pratiques dont les bienfaits sont visibles, est ce qu’il faut privilégier, sachant qu’Allâh ayant créé le monde et ses lois, est la seule autorité absolue qui transcende les subjectivités humaines ainsi que leurs perceptions limitées ou biaisées. Sur les modalités et dispositions juridiques secondaires, les divergences existeront du fait des différences de compréhension et d’application selon les spécialistes, mais l’avis à considérer est celui qui concorde avec les principes et les finalités de la Loi divine.
Si on exclut l’Autorité divine du débat, alors chaque opinion humaine peut être relativisée, contestée et rejetée, sans que le débat avance, car pour trancher une question en cas de litige ou d’opposition, il faut toujours se référer à une instance supérieure (famille, policiers, avocats, juges, ministres, chefs d’Etat, instances internationales, …), elle-même toujours subordonnée à l’Autorité divine, qui est l’Autorité absolue et éternelle, prévalant sur toutes les autorités créées et limitées.
Étrangement, dans tous les États modernes où l’Islam est érigé au rang d’ennemi de la liberté et de la démocratie, on trouve des états « démocratiques » qui ont combattu l’indépendance et la prospérité des peuples à disposer d’eux-mêmes de leur propre volonté politique et de leurs ressources matérielles. De même, on y trouve des états ouvertement totalitaires comme la Chine ou des régimes militaires comme la Birmanie, qui ont tous piétiné les libertés fondamentales des citoyens et même le droit à la vie de millions de personnes.
Au-delà des massacres de grande ampleur (dans les pays du Moyen-Orient, comme en Asie ou en Afrique) commis par les puissances occidentales depuis ces dernières décennies, les violentes répressions politiques visant les minorités musulmanes sous des régimes autoritaires, ou encore des nombreuses mesures liberticides ciblant les musulmans en Occident comme en Orient, mais aussi toutes les autres communautés qui se voient privées de leur liberté de conscience ou leur liberté politique, ce sont encore ces mêmes états qui dépensent une somme faramineuse chaque année dans l’intelligence artificielle à des fins liberticides : surveillance de masse jusqu’à violer l’intimité des citoyens chez eux ou au travail, à mieux cibler, piéger, traquer ou assassiner les opposants politiques ou journalistes trop curieux… En effet, parmi les pays qui comptent beaucoup sur l’intelligence artificielle et qui y consacrent un budget conséquent, nous trouvons des pays ennemis des libertés positives, comme les États-Unis, la Chine, la France, la Russie, Israël, l’Inde, le Royaume-Uni, etc. Seuls quelques pays non-impérialistes comme la Corée du Sud et le Japon font partie du haut du classement. (“Intelligence artificielle, arme ultime”, Géopolitis, 9 avril 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=cBMzWnjcoAc).
Quand on sait aussi qu’une partie importante des personnalités influentes de notre monde tout comme pour de nombreux citoyens, ont une propension marquée à la perversité et à la criminalité, il devient irresponsable et criminel, – et liberticide par extension -, de développer des outils technologiques qui ne sont pas indispensables mais dont leurs usages peuvent conduire à de terribles catastrophes et drames en tous genres, et qui l’emportent clairement sur les quelques avantages de leur utilisation que ces mêmes outils permettraient de réaliser.
Ce « progrès » tant vanté menace l’ensemble de l’Humanité et même de la vie sur Terre tout simplement, et la conduit tout droit vers la destruction, non seulement de l’âme et de la liberté, mais aussi de la vie.
De même, il ne faut pas se fier qu’aux statistiques brutes, mais les analyser et les resituer dans leur contexte, et les interroger. Par exemple, en France il y a tel nombre de journalistes emprisonnés, en Egypte tel autre nombre et en Turquie tel autre nombre. Il faut alors interroger les chiffres ; pour quels motifs ces journalistes sont-ils en prison ? Pour avoir fait leur boulot, pour des activités criminelles, pour une simple critique contre le pouvoir, pour des liens supposés ou avérés avec une organisation terroriste ?
De même, du côté du pouvoir, pourquoi les ont-ils arrêtés ? Pour une simple critique, pour avoir mis en danger la sécurité nationale, pour une activité terroriste ou criminelle ? Leurs accusations sont-elles réelles ou inventées de toute pièce, ou encore exagérées ? Parfois, les différents facteurs et motifs se mélangent, à savoir des accusations et mesures justifiées, d’autres fois ces accusations sont exagérées mais pas forcément infondées ou gratuites, et d’autres fois encore, il s’agit d’une pure invention. Or, après une enquête approfondie, on se rend compte qu’en Egypte, – grande alliée de la France -, de nombreux opposants politiques et journalistes emprisonnés l’ont été alors qu’ils n’avaient commis aucun crime réellement répréhensible, mais que les autorités agissaient avec injustice. En France aussi, de nombreux journalistes, manifestants, intellectuels et responsables d’associations ont été violentés, diabolisés, accusés à tort, emprisonnés ou même tués. En Turquie, nul doute que cela existe aussi, mais le Président interdit les injustices et les bavures, mais les erreurs ou les dérives de certains procureurs ou juges échappent parfois à l’autorité présidentielle, de même que la situation en Turquie est fort différente, avec des agents travaillant pour d’autres puissances que la Turquie et qui sabotent ou menacent la sécurité nationale, avec une tentative de coup d’Etat en 2016, et se cachant parfois derrière la fonction de « député », de « journaliste », « d’amiral » ou de « professeur ». Ce sont aussi des centaines de milliers de personnes qui sont liées directement au PKK (organisation terroriste et criminelle : attentats suicides sur des civils et des zones touristiques, assassinats, trafic de drogue, …), – y compris avec des députés du HDP qui affichaient clairement leur soutien au PKK – ou à FETÖ (impliqué dans le coup d’Etat, dans des affaires de corruption, d’espionnage, de chantage, d’embrigadement sectaire et financier, …) parmi les personnes « haut placées » de l’organisation, contrairement aux « membres de la masse » qui se contentent de faire dans l’aide humanitaire ou l’éducation des jeunes. En enquêtant sur le profil des « journalistes » ou « députés » des opposants politiques turcs qui ont été médiatisés et soutenus par l’Occident, ceux-ci avaient des liens évidents et attestés avec le terrorisme, des activités criminelles, une menace pour la sécurité nationale (mettant en péril la vie de soldats, de policiers, d’enseignants, de diplomates et même de civils du pays), du racisme et une incitation à la haine ou à fomenter un coup d’Etat contre l’autorité légitime et élue, fraudes et pots-de-vin, mais les médias occidentaux n’évoquaient pas tout cela, ni même dans certains de leurs rapports officiels.
De même, quand on parle de démocratie, il y a 2 volets à analyser. D’une part, les processus quant aux méthodes, et ici, la France comme les Etats-Unis ne respectent pas tous les processus démocratiques, puisque les conflits d’intérêts, fraudes, trucages, manipulations et restrictions des candidats sont légion. Voir notamment l’analyse suivante : « En France, on aide les plus riches à acheter leur influence politique. On aide les plus riches à orienter les résultats des élections. Ce n’est pas une opinion militante. C’est le résultat objectif des recherches de l’économiste Julia Cagé. Et ça nous coûte des dizaines de millions d’euros chaque année. Dans cette vidéo, on voit comment se fait ce hold up et comment on pourrait changer le système de financement de la vie politique pour le rendre vraiment démocratique ». (Osons Causer, “Comment les riches achètent les élections”, 11 avril 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=KyaqEa3zG4o).
Mais quand bien même le processus démocratique serait équitable, transparent et « libres », reste la question de l’idéologie démocratique, où l’opinion de la majorité ferait office de « loi », en écrasant souvent les minorités, en imposant des lois pernicieuses, inadaptées, dangereuses ou liberticides. Une majorité aliénée ou pervertie ne choisira que très rarement les meilleures lois. Il faut donc des principes universels et des outils juridiques qui encadrent tout système politique pour éviter les dérives et les tragédies humaines.
On nous parle aussi d’indépendance ou de souveraineté, ce qui sont de bonnes choses, mais qui ne priment pas sur le Vrai, la justice sociale, une société fondée sur un cadre spirituel et reposant sur des valeurs éthiques. Si l’indépendance sacrifie l’éthique, la prospérité et la justice, alors à quoi bon ? Mieux vaut être sous la domination d’une autre puissance politique tant qu’elle assure la stabilité, la justice sociale, la liberté de culte et le respect des citoyens, qu’être un pays indépendant où les citoyens sont humiliés, miséreux et écrasés.
Ceci étant dit, dans les pays colonisés, les citoyens étaient humiliés et n’avaient même pas la fierté d’être indépendants, ni n’étaient pas les propriétaires de leurs richesses, donc l’indépendance, – toute relative puisque souvent les pions des puissances coloniales sont parfois encore actifs -, a été une nouvelle étape vers la fin d’une humiliation étrangère, mais n’a pas encore aboutie au respect de leurs valeurs (que les colons occidentaux bafouaient quand même avec plus de mépris) et à la justice sociale envers les citoyens. Ainsi, les colons criminels et pernicieux ont été remplacés par des locaux corrompus et criminels pour certains (mais souvent moins sanguinaires que les colons, qui avaient tout de même le sang de millions de civils sur la conscience).
De même, les musulmans se sont largement laissé entrainer dans les fausses considérations politiques du monde moderne, à travers les clivages entre la « gauche » (qu’elle soit au « centre » ou à « l’extrême ») et la « droite » (elle aussi, qu’elle soit à « l’extrême » ou non). Les idéologies politiques nous enferment dans un système par essence biaisé par leur propre paradigme limité. Or, c’est auprès d’Allâh que le musulman doit chercher la totale satisfaction, la libération, la puissance, le refuge et le secours, et c’est Sa Loi et les nobles principes qu’Il a décrété, auxquels il nous faut aspirer, pour ne pas être pris au piège par les pseudo-luttes (souvent futiles, et même souvent mortifères) et les contradictions des idéologies et des groupes humains.
En général, les aspects positifs des différentes tendances politiques se retrouvent dans les idéaux de l’islam : compassion, charité, solidarité, équité, discipline, respect et défense de l’identité religieuse, ethnique et nationale mais sans tomber dans le fanatisme ou le tribalisme, la tolérance et la redistribution économique des richesses.
Par contre, l’Islam se désavoue des dérives de la gauche (pseudo-tolérance, hypocrisie, naïveté, relativisme destructeur, anti ou a-religiosité, décadence morale, positivisme, consumérisme, haine et guerre idéologique contre l’Islam et les musulmans, rejet du spirituel et/ou du religieux, volonté de domination face aux religions et aux religieux, soutien du terrorisme et de l’impérialisme à l’extérieur de leurs frontières, …) comme de la droite (racisme déclaré et assumé, violence ou haine contre les musulmans, les immigrés et les étrangers, apologie du terrorisme quand ça va dans leur sens, inversion des rapports entre le spirituel et le temporel, …).
Bien sûr, nous visons ici les tares et les tendances générales que ces courants politico-idéologiques ont engendré de façon générale, et non pas de tous les individus qui s’en réclament, et dont certains, aussi bien de gauche comme de droite, ont dénoncé le racisme, comme le terrorisme, les discriminations sociales, les dérives politiques ou encore le fanatisme idéologique de certains laïcs (ou laïcards) se rattachant à différents courants politiques.
Nous pouvons ainsi être tantôt en accord avec la droite (en s’inscrivant contre les dérives relatives à la décadence morale, à la déchéance intellectuelle et aux théories du genre qui engendrent des confusions et des déséquilibres réels, en voulant préserver une identité religieuse et culturelle, …), non pas car c’est la droite qui défend ces valeurs, mais car l’Islam l’exige, tout comme on peut rejoindre la gauche et d’autres courants politiques, sur la lutte contre la maltraitance visant les femmes, les enfants ou les animaux, sur un discours tolérant qui ne sape cependant pas les principes théologiques et les valeurs éthiques, et qui respectent les structures biologiques et psychologiques de la vie, de même que, au nom de l’Islam, même si la norme sexuelle est celle de l’hétérosexualité vécue dans le cadre du mariage, cela ne légitime pas la violence (verbale, politique ou physique) des minorités sexuelles, même si l’Islam ne promeut pas, – et à juste titre -, un cadre juridique leur laissant renforcer et répandre leurs propagandes, leurs demandes de soutien financier ou leur mainmise sur l’éducation ou la société, au vu des dérives que cela engendre, et qui menacent la stabilité de la nation et de la cellule familiale, – déjà fortement fragilisée par la société capitaliste -.
Par ailleurs, les adeptes politiques de la « gauche » comme de la « droite », sont tous illusionnés par la modernité, si bien qu’ils se rejoignent pour défendre un modèle politique décadent, peu ou anti-spirituel, et ne remettant pas fondamentalement en cause le confort de la société occidentale qui est fondé sur l’exploitation des pays du tiers-monde et sur les ventes d’armes à destination de pays dictatoriaux, qui entrainent par la suite des vagues de flux migratoires, que ni la gauche ni l’extrême droite ne veulent réellement assumer. Pour faire diversion et ne pas devoir à assumer leurs dérives et leurs échecs, ces mêmes tendances politiques se cachent derrière l’Islam et le concept flou « d’islamisme » ou « d’islam politique », pour en faire un bouc émissaire afin de détourner l’attention de l’opinion publique des problèmes et crises de grande ampleur qui frappent les sociétés occidentales.
Dans un cas comme dans l’autre, les musulmans ne trouveront grâce, – superficiellement – à leurs yeux que s’ils abandonnent leur religion, leurs valeurs, leur identité et leurs principes, pour devenir comme eux, c’est-à-dire des personnes ayant rompu ou ignoré leur pacte avec le Divin, renoncé à Lui plaire et à réaliser les plus nobles vertus. Comme le dit le Qur’ân : « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion » (Qur’ân 2, 120), « Ils aimeraient vous voir mécréants comme ils ont mécru, alors vous seriez tous égaux (dans l’égarement et le blâmable) » (Qur’ân 4, 89) et « Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à, s’ils peuvent, vous détourner de votre religion » (Qur’ân 2, 217).
Le croyant ne doit donc pas se laisser duper par les beaux slogans trompeurs ou les oppositions relatives qu’il peut exister entre les différents courants politiques. De même, l’hypocrisie de certains est à vomir, puisque prétendant combattre le racisme et la xénophobie, n’hésitent pas à se cacher derrière de faux prétextes pour haïr, salir ou mépriser les musulmans, les arabes, les noirs, les maghrébins, les turcs, les iraniens ou les asiatiques. Là aussi, le croyant doit être perspicace, car il est parfois préférable de faire face à des personnes qui assument complètement leur racisme ou leur haine, qu’à des personnes qui dissimulent leurs véritables opinions et pensées.
Il a été rapporté que le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « Le croyant est discernateur (il distingue la vérité de l’égarement, le vrai du faux), intelligent, avisé et sage » (Rapporté par Rûmî dans son Fihi ma Fihi, par Al Munawi dans son Kunuz, p.136, par As-Suyûtî dans Al Jamî’ as Saghir 2/184 et par d’autres encore).
C’est aussi en ce sens que le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit encore : « Les justes de chaque génération porteront ce savoir et le préserveront de la déformation des rigoristes, de l’usurpation des imposteurs et de l’interprétation des ignorants » (Rapporté par At-Tabarî, Tamâm, ‘Adî dans ses Fawâ’id, Ibn al Qayyim dans Miftâh dâr as-sa’âda qui le juge sahîh, Ibn al Wazîr le juge sahîh/hassân, l’imâm Ahmad le juge sahîh ainsi qu’Ibn ‘Abd’al-Barr).
Nous l’aurons compris, peu importe les concessions faites par les musulmans pour trouver « grâce » à leurs yeux, cela sera peine perdu, – tous ceux qui ont rampé devant eux ont été par la suite discrédités, rejetés ou humiliés après leur avoir rendu service -, or, les gens endurcis ou corrompus ne comprennent que le langage de la force politique ou économique, c’est-à-dire un langage fort, une attitude « virile », des négociations visant à protéger notre identité et nos droits légitimes et fondamentaux. Sans force économique, il demeure toutefois difficile d’être pris au « sérieux » par des autorités dont l’argent demeure le principal mobile et leitmotiv politique. Dans les sociétés occidentales plus particulièrement, mais aussi dans les sociétés modernes plus généralement, les impératifs économiques de la société communiste comme de la société capitaliste, conduisent à délaisser les considérations spirituelles, religieuses, idéologiques et éthiques, en dépit des discours trompeurs entretenus par les politiciens pour galvaniser la foule et continuer d’exercer leur emprise sur elle en leur vendant et promettant continuellement du rêve, qui restera continuellement une illusion inatteignable ou irréalisable.
Comme le disait notre maître ‘Umar ibn al-Khattâb (‘alayhî salâm) : « Ne vous laissez pas impressionner par le rugissement d’un homme. Plutôt, s’il agit de façon à être digne de confiance et qu’il s’abstient de nuire à l’honneur des gens, alors il sera vraiment un homme » (Rapporté par Abdallâh ibn al-Mubarak dans al-Zuhd wal-Raqâ’iq n°681).
Pour autant, la clairvoyance du croyant quant à leurs manigances et à leurs dérives, ne doit pas le pousser à sombrer dans la haine, car rien de bon n’est lié à la haine, engendrant même souvent plus de problèmes. Le Qur’ân dit en effet : « Ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allâh et soyez des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété. Et prenez garde à Allâh. Car Allâh est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites » (Qur’ân 5, 8).
De même, le croyant ne doit pas foncer tête baissée dans les provocations orchestrées et élaborées par ses ennemis, car comme le dit Allâh : « Toutes les fois qu’ils allument un feu pour la guerre, Allâh l’éteint. Et ils s’efforcent de semer le désordre sur la terre, alors qu’Allâh n’aime pas les semeurs de désordre » (Qur’ân 5, 64).
Plutôt, le désaveu du croyant vis-à-vis de la mécréance, de l’idolâtrie, de l’injustice et de la décadence, doit le pousser à vouloir pour les autres ce qu’il y a de mieux pour eux, et d’agir avec persévérance, indulgence, justice et bonté, – quand cela ne les renforce pas dans leur incroyance ou dans leur attitude injuste ou belliqueuse -. A ce propos, l’un des derniers passages qurâniques révélés par Allâh nous enseigne ceci : « Il se peut qu’Allâh établisse de l’amitié entre vous et ceux d’entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Allâh est Omnipotent et Allâh est Pardonneur et Très Miséricordieux. Allâh ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allâh aime les équitables. Allâh vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes » (Qur’ân 60, 7-9).
Et le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « La meilleure œuvre après la foi en Allâh est l’amour bienveillant envers les gens » (rapporté par At-Tabarânî dans son Mu’jam al-Kabîr et par As-Suyûtî dans al-Jâmi’ al-Saghîr n°1237 avec une bonne chaîne d’après Abû Hurayra).
Et dans une autre version, le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « Le fondement et le summum de (ce qu’exige) l’intellect, après la foi en Allâh, est l’amour bienveillant (une bonté aimante) envers les gens » (Rapporté par At-Tabarânî dans son al-Mu’jam al-Awsat n°6067 selon Abû Hurayra, et le muhaddith As-Saffarânî al-Hanbali l’a déclaré bon dans son Sharh kitâb al Shihab). L’imâm Hassân al-Basrî a dit dans le même registre : « L’amour bienveillant envers les gens est la moitié de l’intellect » (Rapporté par Ibn Abi Dunya dans Mudâraât al-Nâs n°44).
Le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « Le serviteur (c-à-d le musulman) n’atteint la réalité de la foi que lorsqu’il aime pour les gens ce qu’il aime pour lui-même de bon (et de bonté) » (Rapporté par Ibn Hibbân dans son Sahîh n°238).
Le Shaykh Al-Munawî dans son Fayḍ al-Qadîr (1/228) commente en disant : « L’emploi du mot « gens (peuple) » inclut (aussi) l’incroyant, il convient donc à chaque musulman d’aimer pour l’incroyant d’avoir l’islam et les vertus qui en découlent ».
De même, le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit par ailleurs que : « Le croyant ne se moque pas des autres, il ne maudit pas les autres, il ne commet pas de choses obscènes (et blasphématoires) et il n’abuse pas des autres » (Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°1977 selon Abdallâh Ibn Mas’ûd).
Le musulman ne doit être ni oisif ni un « mouton » qui suit aveuglément les autres, – pas même les musulmans peu avisés ou qui commettent des choses répréhensibles -, il doit ainsi avoir son propre agenda et toujours aspirer à la Satisfaction divine en accomplissant ce qu’Il souhaite, car ce qu’Il veut de nous concernant la société, c’est la justice et la vertu, et ce qu’Il attend de nous Le concernant, c’est une adoration sincère, une relation pure et éclairée entre Lui et nous. Ainsi, le musulman doit constamment œuvré à perfectionner sa relation avec Allâh, tout en étant un acteur bienfaisant au sein de sa société, et si possible, soutenir toutes les bonnes causes, car la justice et la vertu sont les 2 piliers exigés du comportement du croyant.
Le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit en effet : « Ne soyez pas des suiveurs. Ne dites pas : « si les gens font le bien, nous le ferons aussi, et s’ils se conduisent injustement, nous nous conduirons comme eux ». Fixez votre pensée, et décidez que si les gens font le bien, vous le ferez aussi, mais s’ils se conduisent méchamment, vous ne vous laisserez pas entraîner à l’injustice » (Rapporté par at-Tirmidhî dans ses Sunân n°2007).
Le Compagnon Abdullah Ibn Mas’ûd (m. 32 H) a dit : « Ne soyez pas comme des moutons ». On lui demanda : « C’est-à-dire ? ». Il répondit : « C’est de se dire : Je suis les gens. S’ils empruntent le droit chemin je l’emprunte avec eux et s’ils s’égarent, je m’égare avec eux. Que chacun d’entre vous se prépare à ne pas renier sa religion si un jour tout le monde la reniait » (Ibn Al-Qayyîm dans Al-fawâ’îd).
Comme le dit l’adage, nous ne sommes jamais mieux servis que par nous-mêmes, eux ont leur agenda et leur mode de vie, et nous avons les nôtres également, – mais veulent justement que l’on y renonce pour mieux nous dominer et nous manipuler -. Tout comme nous ne leur imposons pas d’embrasser l’islam, – même si nous savons que l’Islam leur serait éminemment profitable et bénéfique ! -, nous attendons de leur part qu’ils respectent aussi notre choix et notre identité qu’ils ne nous imposent pas non plus leur mode de vie ou leur idéologie (souvent malsaine voire mortifère). Ne soyons donc pas des « suiveurs » ni des semeurs de troubles, mais des acteurs au service d’Allâh, de la bienfaisance et de la justice.