Le salafisme-wahhabisme qui est un mouvement sectaire (dès ses origines) parmi d’autres – il en a existé avant et d’autres ont émergé par la suite, aussi bien dans le monde musulman qu’ailleurs -, a sans doute été l’un des principaux facteurs des vagues d’apostasie et de radicalisme dans le monde musulman. Soutenu très tôt par les britanniques, puis par les Etats-Unis et les pays européens impérialistes, aussi bien durant la période coloniale que post-coloniale, pour lutter contre le communisme, il s’agit avant tout d’une idéologie qui a opéré une rupture avec l’Islam traditionnel et orthodoxe remontant aux premières générations de l’Islam (avec ses écoles théologiques, juridiques et spirituelles, remontant à l’époque des Salafs avec des figures comme ‘Alî Zayn ul Abidîn, Muhammad al-Baqir, Ja’far as-Sadiq, Zayd Ibn ‘Alî, Hassân al-Basrî, Abû Hanifa, Sufyân at-Thawrî, Mâlik, As-Shafi’i, Ahmad, Dhû-l-Nûn al-Misrî, Al-Hakim at-Tirmidhî, ‘Abdullâh Sahl al-Tustarî, Al-Junayd, At-Tabarî, Al-Harith al-Muhasibi et tant d’autres parmi les Salafs). Bien que se réclamant des Salafs, du Qur’ân et de la Sunnah, le salafisme contredit dans ce qui est spécifique à sa mouvance, les principes et finalités du Qur’ân, de la Sunnah et l’avis de l’élite des Salafs sur de nombreux sujets et aspects de la Religion. En ce sens, le Salafisme s’inscrit dans une perspective moderniste – prenant souvent ce qu’il y a de pire et délaissant ce qu’il y a d’utile par un double mouvement d’ignorance et de fanatisme -. Le wahhabisme, par son opposition à la Tradition (métaphysique et intellectuelle, juridique, théologique, spirituelle, sociale et politique) de l’Islam, a donné 2 principaux courants antagonistes : le salafisme rationaliste (refusant ou condamnant la perspective métaphysique et la spiritualité, cédant ainsi aux pressions des superstitions modernes) et le salafisme littéraliste qui est en fort décalage avec les principes de la Religion et sa dimension spirituelle d’une part, et aussi avec les réalités socioéconomiques de notre époque d’autre part. Ne connaissant pas les outils et principes juridiques de l’Islam concernant la réadaptation continuelle du fiqh telle que développée par les grands Compagnons et savants de l’ère des Salafs et de leurs disciples, ils se condamnent à une vision mécaniciste, superficialiste et inadaptée du fiqh à notre époque, et confondant ainsi la Shar’îah (ensemble des principes et des préceptes de la Religion, universels par définition) avec le fiqh qui relève d’une méthodologie et d’une interprétation dynamique, devant prendre en compte les changements spatiotemporels et les cas individuels, réadaptant les méthodes et les articulations entre la politique, la sphère savante des juristes et la société.
Niant, occultant ou combattant selon les cas, les dimensions spirituelles et intellectuelles de l’Islam (ussûl al-fîqh, la métaphysique, la théologie scolastique/kalâm que le Qur’ân autorise et que des Salafs ont développé, maqâsid, logique/mantiq, l’épistémologie), le wahhabisme a causé beaucoup de tort au monde musulman, et même au-delà. Leur approche littéraliste (trahissant à la fois l’aspect littéral et l’esprit de la Révélation), leur vision superficielle et binaire, ainsi que leurs méconnaissances des subtilités des principales sciences islamiques, font qu’il s’agit d’un bricolage hétérodoxe où la cohérence, la logique, la spiritualité et l’intelligence sont absentes de leur compréhension de la Religion et du monde, ce qui donne de nombreux contre-sens, et chez leurs adeptes les moins avertis, une sorte de schizophrénie et de mal-être qui se traduit par beaucoup de frustrations ou de troubles psychologiques. D’ailleurs, les moins sectaires d’entre eux, les plus érudits et les plus intelligents parmi eux, sont ceux qui s’éloignent le plus des références et idées wahhabites, pour se rapprocher – souvent inconsciemment – des références et fondements de l’islam traditionnel. Ajoutons également que le salafisme se divise en 3 grandes sous-tendances ; celles des quiétistes qui sont apolitiques comme les pseudo-salafis qui soutiennent généralement tous les tyrans sécularisés comme les dirigeants non-musulmans en Occident, la tendance des “ghulât” (qui vont à l’extrême) partant du principe que personne n’est musulman – même s’il s’en réclame – jusqu’à preuve du contraire (mentalité qui n’est pas conforme à l’Islam par ailleurs), ne légitimant aucun gouverneur considéré comme injuste ou impie, mais qui est aussi contre les qitalistes (adeptes de la lutte armée) car pour eux le peuple doit d’abord revenir au Tawhid (selon leur conception étriquée) avant d’envisager une lutte armée, et enfin, la tendance des qitalistes (appelés aussi de façon impropre et caricatural de jihadistes ; alors que beaucoup d’entre eux ne respectent pas du tout les règles islamiques concernant la guerre, la politique, le droit, la théologie, l’éthique et les relations intercommunautaires) qui sont partisans de la lutte armée contre les envahisseurs, les tyrans ou les gouvernements impies en terres d’islam, mais certains groupes parmi eux ont recours aussi à des méthodes criminelles et terroristes surfant sur une mentalité fanatique que l’Islam réprouve catégoriquement. Mais certains groupes parmi eux, malgré une certaine mentalité rigoriste et superficielle, ne sont pas du tout des groupes criminels ou terroristes, et ont existé en Irak et en Syrie par exemple, ne justifiant jamais le meurtre de civils ou le recours au terrorisme, et sont donc des groupes bien moins sanglants que les organisations terroristes et criminelles identitaires (pro-régime), marxistes ou daeshites par exemple, ou que les régimes barbares (comme l’est le régime syrien).
En résumé, il y a des salafistes quiétistes (qui sont apolitiques) mais d’autres salafistes qui sont aussi armés et très politisés au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique notamment. Et certains parmi eux sont de véritables dangers pour l’Islam, les Musulmans et les non-Musulmans dans les régions où ils sévissent. Aussi dangereux que les régimes oppressifs laïcistes, les milices et mercenaires qui n’agissent que pour l’argent tout en commettant des atrocités sans nom, etc.
Précisons que dans ce présent texte, nous parlons ici spécifiquement des particularités (déviantes et erronées) qui caractérisent le wahhabisme et les autres mouvements sectaires, et non pas de ce qui est commun à tous les courants et qui ne pose donc aucun problème (du point de vue de l’orthodoxie, de l’éthique, des rites, etc.), car évidemment, toutes leurs valeurs ou affirmations ne sont pas fausses ou dénuées de fondements, contrairement à celles qui les distinguent des autres et qui posent de sérieux problèmes (théologiques, métaphysiques, politiques, historiques, épistémologiques, juridiques, etc.).
Bien que se réclamant du Shaykh Ibn Taymiyya, ils le contredisent dans de nombreux aspects, puisque ce dernier s’était aussi formé dans le Tasawwuf, la philosophie, la théologie scolastique (après en avoir été un détracteur), l’astronomie et la logique, alors que les wahhabites en sont généralement les pires détracteurs et négateurs, alors que ces disciplines font partie aussi de la Révélation et de ce qu’Allâh a enjoint, et qui sont indépendants des courants idéologiques qui s’en réclament. Le Qur’ân évoque en effet la rationalité et la logique, la biologie et l’astronomie, la métaphysique et la spiritualité, les mathématiques et la réflexion. Le Shaykh Ibn Taymiyya dira ainsi concernant le ‘ilm al-Kalâm dans Al-Nubuwwat (p.615) : « Le Kalâm (en tant que science) qui ne contredit pas le Qur’ân et la Sunnah ne relève pas de l’interdiction ». Et dans Dar’ Ta‘arud al-‘Aql wa’l-Naql (7/155) il dit : « Le fait est qu’Ahmad (Ibn Hanbal) déduisait, au moyen de preuves rationnelles, des propositions concernant la Divinité, à condition qu’elles soient valables. Ce qu’il a interdit (et blâmé) était tout ce qui s’opposait au Livre (Qur’ân) ou à la Sunnah, la parole sans connaissance, ou la parole [avec] des significations déviantes (en tant innovations blâmables) dans la religion (al-kalam al-mubtadi’ fi’l-din). Il [l’Imâm Ahmad] n’était pas opposé à l’idée – si les significations du Livre ou de la Sunnah étaient connues – de laisser des termes [textuels] pour d’autres terminologies, si le besoin s’en faisait sentir. En fait, il l’a fait lui-même. Ce qu’il méprisait plutôt, c’étaient les significations déviantes dans ce domaine – c’est-à-dire dans les questions théologiques sur lesquelles les gens se disputaient, comme la nature du Qur’ân ; la Vision Béatifique, la Prédestination ou les Attributs Divins – sauf ce qui est conforme au Livre, à la Sunnah ou aux rapports des Sahaba ou des tabi’in ». Et dans son Majmû’ al-Fatâwa (13/147) : « Ainsi, le Kalām qui a été blâmé par les Salafs est le mauvais kalâm, et c’est celui qui va à l’encontre de la Législation (les principes de la Religion) et de l’intellect ».
Et par rapport au Tasawwuf et aux Sûfis il dit dans son Majmû’ al-Fatâwa al-Kubra (vol. 10) : « Les grands savants Sûfis sont bien connus et acceptés, tels que : Bayazîd Al-Bistâmi, Shaykh Abdul Qâdir Jilâni, Junayd ibn Muhammad, Hasan Fudayl Al-Basrî, Ibn Al-Ayyâd, Ibrahim Ibn Al-Adham, Abî Sulaymân ad-Dâranî, Ma‘rûf Al-Karkhî, Siri as-Saqtî, Shaykh Hammâd, Shaykh Abul Bayân. (…) Ces grands Sûfis étaient les imâms de l’humanité et ils appelaient à ce qui était juste et interdisaient ce qu’Allah avait interdit de mauvais ». Et dans le même recueil (11/5-23) il démontre le terme « Tasawwuf », n’est pas seulement une appellation sans réalité, mais qu’il désigne plutôt une science islamique à part entière, au même titre que le fiqh. Le Tasawwuf implique, selon lui, « la gnose/métaphysique (maʿârif), les états spirituels (aḥwâl), les bonnes mœurs (aḫlâq), les convenances spirituelles et règles de bienséance (âdâb), etc. ». La finalité du Tasawwuf, qui est la science des états spirituels, doit conduire le cheminant progressivement au degré de la Proximité divine (qurb). Il développa cela aussi dans sa lettre adressée à son disciple sûfi ʿImâd ad-Dîn al-Wâsiṭî (m. 1311). Dans al-rissâla al-safadiyya,Ibn Taymiyya dit : « Les grands savants [sûfis] mentionnés par Abû `Abd ar-Rahmân al-Sulamî dans Tabâqat al-Sûfiyya, et Abû al-Qassim al-Qushayrî dans al-Rissâla, étaient adhérents de l’école d’Ahl al-Sunna wa al-Jama`a et de l’école d’Ahl al-hadith, comme al-Fudayl ibn `Iyyad, al-Junayd ibn Muhammad, Sahl ibn `Abd Allah al-Tustarî, `Amr ibn`Uthman al-Makki, Abû `Abd Allah Muhammad ibn Khafi al-Shirazî, et d’autres; et leurs enseignements étaient fondés sur la Sunnah, et ils rédigèrent des livres au sujet de la Sunnah ». Et enfin, dans son Minhaj as-Sunnah (1/172-173) il rappelle que la science du Tasawwuf était déjà assimilée et défendue à l’époque des Salafs : « Abû Hanifa, Mâlik ibn Anas, As-Shafi’i et Ahmad ibn Hanbal – qu’Allâh les agréé – étaient tous des imâms dans le Hâdith, le Tafsîr, le Tasawwuf et le Fiqh ». Cela montre aussi – sans doute après sa période d’hostilité envers le Tasawwuf et les Ash’arites – qu’il considérait les Sûfis et les théologiens ash’arites (comme As-Sulâmî et Al-Qushayrî, qui étaient des autorités dans le Hadith, le Tafsîr et le Fiqh en plus du Tasawwuf) comme faisant partie des Ahl ul Sunnah.
Du point de vue civilisationnel, le wahhabisme ne produit rien de bénéfique et de beau, et pire même, a eu la fâcheuse tendance de détruire une partie conséquente du patrimoine islamique (sites historiques et spirituels, art sacré, tombes et mausolées depuis l’ère des Salafs, pourtant autorisés et encouragés selon le Qur’ân, la Sunnah, les Salafs et les Khalafs, dans des textes et fatâwa qui échappaient aux wahhabites, se contentant de quelques récits faibles ou complètement décontextualisés qu’ils prenaient au sens apparent sans en respecter le sens voulu et le contexte).
La propagation de cette idéologie par l’Occident, en exploitant l’ignorance des masses musulmanes, a été un poison pour tout le monde musulman, avec une série de mouvements armés ou politisés qui ont éloigné les sociétés musulmanes de la paix, de la stabilité, de l’apaisement, de l’éducation spirituelle et religieuse, faisant ainsi le jeu des ennemis de l’Islam et des régimes laïcistes et répressifs. Certains ont été pilotés par des Etats occidentaux, régionaux ou même par la Russie dans certains pays, afin d’empêcher la stabilité et l’indépendance des pays musulmans qui regorgeaient de matières premières et de ressources naturelles.
Bien sûr, nous ne pouvons pas tout mettre sur le dos des wahhabites ou du wahhabisme, bien que cette idéologie soit déviante et jugée hérétique du point de vue islamique. Les autres groupes sectaires comme les modernistes prosélytes, les laïcistes, les shiites extrémistes, les sunnites rigoristes, les ultra-nationalistes, les régimes répressifs qui sont fortement sécularisés, les états occidentaux impérialistes, etc., tous ont une part de responsabilité dans le chaos imposé à une partie du monde musulman et de l’Afrique. Leur politique, leurs idéologies délétères et leurs manipulations ont alimenté le fanatisme et exploité la faiblesse psychologique de nombreux jeunes déséquilibrés, désemparés ou défavorisés. Certaines institutions politiques et religieuses, très corrompues et incompétentes, ont éloigné aussi les gens du juste milieu, les poussant parfois vers d’autres groupes et idéologies déviantes ou extrémistes.
Les pseudo-sûfis, très éloignés du véritable Tasawwuf et de la noblesse de caractère, ont aussi contribué à salir l’image des milieux sûfis et de la dimension spirituelle de l’islam, semant ainsi la confusion dans les esprits faibles et binaires, conduisant à condamner l’ensemble des pieux sûfis orthodoxes et du Tasawwuf en tant que dimension spirituelle de l’Islam liée à l’ihsân (recherche et réalisation de l’excellence spirituelle, morale, éthique, sociale, politique, etc. et de la bienfaisance envers toute l’Humanité).
Si certains mouvements salafistes étaient pilotés par l’Occident pour affaiblir et attaquer le monde musulman, d’autres ont participé aussi à la lutte armée contre des colons européens et des pays envahisseurs – se retournant donc parfois contre leurs anciens sponsors -, mais pas toujours d’une façon exemplaire ni en adoptant les meilleures méthodes pour éduquer la population et proposer de meilleures alternatives politiques.
Cela contraste avec la plupart de grands maîtres sûfis qui étaient les pourfendeurs des superstitions modernes, de nobles résistants à la colonisation et aux forces coloniales, et qui connaissaient bien la psychologie de leur propre peuple ainsi que leurs besoins, les ramenant aussi à l’essentiel en termes de foi, d’adab, de spiritualité, de rites et de culture générale, afin de renforcer la cohésion sociale et politique, malgré les temps de décadence. De grands noms comme l’Emir ‘Abd al-Qâdîr d’Algérie, l’imâm Shâmil du Caucase, l’imâm Abdelkrim El-Khattâbi du Maroc, l’imâm ‘Umar al-Mukhtar de Lybie et bien d’autres, qui étaient des sûfis en même temps que de grands combattants et chefs politiques, continuent de résonner dans nos mémoires et servir de modèles à notre génération, désireuse de liberté, de dignité, de justice, de spiritualité et d’indépendance par rapport aux dérives totalitaires et sanguinaires de l’impérialisme occidental comme russe.
Une voie qui ne nous pousse pas à devenir meilleur, à tendre vers l’unité et l’union sur des principes forts et universels, à faire la part des choses entre nos désaccords profonds mais la nécessité de nous respecter mutuellement malgré tout, et qui ne nous conduit pas à l’élévation intellectuelle et spirituelle, ne saurait être une voie bénie sous la Guidance divine. En effet, le Qur’ân définit la bien-guidance comme étant la voie qui permet d’atteindre la Proximité divine et Sa Satisfaction, recueillant Ses bénédictions (Sa Baraka), purifiant le coeur, éduquant l’âme, faisant pénétrer la foi jusqu’à cultiver la piété, la clairvoyance, la sagesse, l’intelligence, la bonté d’âme et la rahma (miséricorde, clémence, amour bienveillant et rayonnant, etc.). Or, toutes ses qualités là sont absentes du salafisme, du shiisme identitaire et sectaire, du laïcisme, du modernisme, de l’anthropomorphisme, etc. Malgré tout, les gens sincères et cherchant réellement la piété, qui se réclament de ces mouvements, s’éloignent justement des références et caractéristiques spécifiques à ces mouvements, sans doute car ils y adhèrent sans trop savoir pourquoi, et sans connaitre les réalités néfastes derrière ces mouvances.
Tous les sectaires, peu importe leur idéologie, tombent souvent dans les mêmes travers, à savoir l’intolérance et le fanatisme, l’orgueil et l’ignorance, et sont incapables de s’élever intellectuellement et spirituellement, parlant toujours des mêmes sujets clivants et polémiques sans même les maitriser.
Concernant le Salafisme, si son slogan est légitime (revenir au Qur’ân, à la Sunnah et à la Voie des Salafs vertueux), ce mouvement s’est pourtant inscrit comme une rupture et une opposition à l’Islam traditionnel sunnite qui se fondait sur le Qur’ân, la Sunnah, la voie et la méthodologie des Salafs, à l’intellect et à la fitra – qui sont toutes des sources en Islam -. En effet, le salafisme s’est contenté d’une prétention vide de sens, car leurs savants n’ont ni la méthodologie (minhaj) ni les fondements (ussûl) des écoles (théologiques, juridiques et spirituelles) développées à partir des Salafs, tout en occultant leurs aspects et dimensions d’ordres spirituel, éthique et social. En s’opposant aux écoles juridiques et théologiques sunnites orthodoxes – qui puisent leurs références et orientations chez les Salafs -, le Salafisme a semé la confusion, abruti les masses, et rendu très difficile l’apaisement, l’unité et la bonne compréhension au sein de la Ummah. Répandant la confusion, l’ignorance, le sectarisme et l’arrogance, même les preuves issues du Qur’ân, de la Sunnah, des Salafs et de l’expérience ne permettent plus de susciter leur adhésion afin qu’ils renoncent à leurs positions erronées, problématiques, déviantes voire hétérodoxes ou hérétiques selon les cas, tant leur degré de haine et d’ignorance s’est renforcé sous l’emprise de cette mouvance, qui tend par ailleurs à étouffer ou à amoindrir l’intelligence et leur degré de compréhension, même pour des choses élémentaires en matière de religion. Chose étonnante, chez les gens sectaires et ignorants en matière de religion comme de politique ou d’idéologie, c’est qu’ils peuvent être de bons commerçants, scientifiques ou informaticiens, mais de piètres théologiens, juristes, philosophes, idéologues ou politiciens dès qu’il est question de méditer et de penser, car dépassant le simple savoir théorique de la « technique ».
Ce que nous disons ici peut paraitre dur, mais cela relève simplement d’un constat basé sur plus de 20 ans d’observation, où le sectarisme, qu’ils proviennent d’athées, d’agnostiques, de déistes, de salafistes, de chrétiens, de sionistes, de juifs, d’hindous, de shiites, de laïcs, etc., les empêche de raisonner clairement et de cultiver en eux une bonté d’âme et de vivre selon des principes supérieurs et universels qui permettent l’élévation intellectuelle et spirituelle, le vivre ensemble et des échanges intellectuels fructueux. Car plus de 20 ans après, malgré les preuves et les réfutations de leurs positions, ils en sont toujours au même point, répétant en boucle les mêmes erreurs et déviances, en étant toujours incapables de comprendre des choses élémentaires concernant la théologie, l’éthique, la métaphysique, la science, l’épistémologie, etc. Or, si on ne secoue pas les gens avec fermeté et bienveillance sur leurs dérives qui nous tirent toujours vers le bas, rien ne changera, et en Islam, les Musulmans doivent être assidus et actifs pour faire le bien, dissiper les ténèbres, et lutter contre l’ignorance et l’injustice par des méthodes appropriées.
Pour en revenir au Salafisme, ils usent et abusent de façon récurrente de notions importantes (comme le Tawhid, le shirk/idolâtrie, l’égarement, la bid’a/innovation, le halâl/licite, le harâm/illicite, le taghût/tyran-idole, etc.) qu’ils ne maitrisent même pas, puisqu’étant incapables de les définir correctement selon la terminologie islamique et les notions logiques et épistémologiques, ce qui rend les débats tortueux et stériles. Bien plus, ils ont interdit des pratiques qui étaient islamiquement fondées sur des preuves textuelles et des principes de la Religion (comme le dhikr collectif à voix haute, le Tasawwuf, le tabarrûk, le tawassul, réciter le Qur’ân auprès des défunts, le ‘ilm ul kalâm que le Qur’ân autorise et qui a été pratiqué par des Compagnons comme ‘Alî et ‘Umar notamment face à des déviants parmi les fatalistes, les anthropomorphistes, etc., et aussi par des tabi’in comme Abû Hanifa, Ja’far As-Sâdiq et As-Shafi’i pour ne citer qu’eux – Kalâm orthodoxe qu’ils confondent avec le Kalâm des gens déviants, etc., autant de pratiques islamiques autorisées dans leur forme licite qui puisent toutes dans le Qur’ân, la Sunnah et la pratique de Salafs ; certains wahhabites avaient même interdit la poésie et le chant alors qu’il s’agissait de choses appréciées du Prophète (ﷺ) et pratiqués aussi par des Compagnons), et interdisent souvent tout de façon polémiste et arrogante sans jamais apporter de solutions ou d’alternatives crédibles aux gens qui sont éprouvés ou dans le besoin.
Même chose chez les athées, les shiites sectaires, les sunnites rigoristes ou sectaires et les autres, où les notions d’intelligence, d’expérience, de rationalité, de logique, d’épistémologie, des sources historiques ou religieuses (la Sunnah et les sciences du Hadith par exemple, qui échappent aux shiites sectaires comme aux orientalistes) les dépassent complètement, et où les discussions sérieuses, intellectuelles et rigoureuses (sur le plan méthodologique) sont pratiquement impossibles, tant ils manquent de bagage intellectuel.
Au-delà des invectives et de l’hystérie, le Qur’ân nous invite à faire preuve d’introspection, à purifier notre âme, à réfléchir et observer, à se défaire de nos préjugés, à lutter contre notre ego et notre propension à la « haine de l’autre », et à cheminer plutôt sur la voie de l’excellence, de la piété, de la sagesse, de la science utile, de l’humilité, de la spiritualité, de l’équité et de la justice, sans quoi l’élévation et la paix intérieure sont impossibles à atteindre.