La science « empirique » : prudence et gare aux fausses certitudes et à la pseudo-science

Dans les sciences empiriques, que ce soit dans les sciences de la vie (1) comme dans les sciences naturelles et physiques (2), ou encore des neurosciences (3), ce que nous apprenons, sur le plan de l’histoire et de la philosophie des sciences, c’est qu’il existe très peu de certitudes, où les études scientifiques dans leur domaine respectif restent le plus souvent du temps, des théories ou des hypothèses pouvant potentiellement être erronées, réfutables ou lacunaires. Que ce soit sur l’âge exact de l’univers, de la terre ou des strates géologiques, sur l’apparition ou les changements des espèces vivantes, sur la fin de l’univers, les questions liées au climat, aux vaccins ou aux maladies, il existe encore de nombreuses zones d’ombre et des discussions qui opposent les scientifiques. Tout cela doit nous rappeler le caractère relatif de la science, sans pour autant la nier ou la mépriser, tout comme l’histoire ou l’archéologie en tant que disciplines sont importantes et passionnantes même s’il faut en admettre dans le même temps les limites et les lacunes, que ce soit dans les méthodes ou dans les biais idéologiques ou culturels qui interviennent dans l’interprétation ou la sélection des faits ou des hypothèses.

Beaucoup de scientifiques pêchent cependant par orgueil, en élevant leurs hypothèses au rang de certitudes, contredisant les hypothèses (elles aussi présentées parfois faussement comme des certitudes), et ce pratiquement chaque année, si bien que les prédictions théoriques avancées comme des faits précédemment sont constamment réfutées ou débattues par d’autres études dans la littérature scientifique.

Tout cela ne fait que confirmer les considérations abordées déjà au siècle dernier par le célèbre métaphysicien français, logicien, mathématicien, connaisseur de la philosophie et des religions comparées ainsi qu’épistémologue au savoir encyclopédique et scientifique impressionnant René Guénon (1886 – 1951), le philosophe, métaphysicien, logicien et épistémologue franco-allemand Frithjof Schuon (1907 – 1998), le géophysicien, mathématicien, métaphysicien et philosophe des sciences iranien Seyyed Hossein Nasr (né en 1933), et du Docteur en médecine, neurochirurgien, sociologue, épistémologue et métaphysicien algérien Hamza Benaïssa (né en 1947). Par ailleurs 4 auteurs d’une érudition impressionnante (histoire, philosophie, religions comparées, arts, littérature, sciences, psychologie, sociologie, …), enracinés dans l’Islam et sa perspective spirituelle.

Il y a une complexité qu’il ne faut pas occulter, et des choses qu’il faut reconnaître, comme les limites de la science empirique, et le fait que d’anciennes théories sont parfois réhabilitées tandis que des théories scientifiques récentes ou modernes sont réfutées ou obsolètes. Quant aux paradigmes, notamment ceux du scientisme et du matérialisme, ceux-ci, après avoir été en vogues durant un temps dans l’histoire moderne, ont fini par être réfutés par la science elle-même et des scientifiques parmi les plus éminents de leur discipline.

Il convient donc de rester prudent et humble, et de bien distinguer entre ce qui relève de la certitude – ou du « fait scientifique » -, de ce qui s’identifie uniquement comme une hypothèse ou une théorie, aussi séduisantes soient-elles en apparence. Et enfin, distinguer les différentes interprétations possibles d’un fait ou d’une théorie, comme par exemple pour la théorie évolutionniste ou transformiste, qui repose sur un certain nombre d’hypothèses et de spéculations à prendre donc au conditionnel, mais qui admet pourtant un certain nombre d’interprétations différentes, tant du point de vue de l’explication scientifique (avec les écoles et théories néodarwiniennes, néolamarckiennes, structuralistes, saltationnistes, l’Intelligent Design, etc.) que dans leurs implications philosophiques et métaphysiques, autour des débats sur la philosophie, la religion, les idéologies, les croyances, etc.

Notes :

(1) Par exemple dans les sciences de la vie, en 2025 : “Mitose : une découverte inattendue remet en cause un principe enseigné depuis 100 ans (et ça pourrait tout changer)”, Science Post, 15 mai 2025 : https://sciencepost.fr/mitose-une-decouverte-inattendue-remet-en-cause-un-principe-enseigne-depuis-100-ans-et-ca-pourrait-tout-changer/

(2) Exemple ici dans le domaine de l’astrophysique : “Une nouvelle étude prédit que la fin de l’univers surviendra bien plus vite que prévu…”, RTBF, 15 mai 2025 : https://www.rtbf.be/article/une-nouvelle-etude-predit-que-la-fin-de-l-univers-surviendra-bien-plus-vite-que-prevu-11546799

(3) En 2018, des études alertaient sur le manque de fiabilité de la plupart des études, que ce soit dans les domaines de la psychologie, des neurosciences et autres. Cf. “”La plupart des études sont fausses”: l’avertissement choc d’un chercheur”, RTBF, 8 juillet 2018 : https://www.rtbf.be/article/la-plupart-des-etudes-sont-fausses-l-avertissement-choc-d-un-chercheur-9964614 ; Beaucoup de théories ou concepts en psychologie manquent aussi de fondements empiriques et sont rationnellement contestables, concepts souvent instrumentalisés par certains pour renforcer certaines névroses ou mieux leur vendre certains traitements relevant parfois de la pseudoscience, notamment concernant la psychanalyse. En paléontologie également, de nombreuses découvertes remettent régulièrement beaucoup de théories ou d’hypothèses en question, si bien que les manuels – tant scolaires que spécialisés et universitaires – devraient en principe être révisés chaque année.


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