La question du Mawlîd et de la « bid’a » (innovation religieuse) en Islam

Nous entendons souvent les prédicateurs et têtes de file chez les wahhabites déconstruire pratiquement l’ensemble de la Tradition islamique en invoquant le fameux hadîth sur l’interdiction de l’innovation blâmable (bid’a) sur le plan religieux, contrairement au plan technique.

Dans leurs réponses (à travers leurs fatwas) ce hadîth revient régulièrement : « kullu muhdathatin bid’ah, wa kullu bid’ah dalâlah, wa kullu dalâlah fî-n-nâr » (« toute nouveauté est une innovation, et toute innovation est un égarement, et tout égarement mène à l’Enfer »), hadîth rapporté avec quelques variantes par Abû Dawûd, at-Tirmidhî, Ibn Mâjah et d’autres dans leur recueil.  Comme des perroquets, les adeptes de ce courant répètent sans rien comprendre ce qu’ils ont entendu de leurs « savants » et « prédicateurs », et taxent d’innovateurs (ou d’innovations) ou d’égarés de nombreux musulmans, sans savoir que ces derniers se basent souvent sur des preuves légales tirées du Qur’ân, de la Sunnah, de la pratique des Compagnons (as-Sahaba), de l’analogie (al-qiyâs) et de la permission originelle dans le fiqh, tant que ce qui est autorisé mais qui n’a pas reçu le statut d’obligation religieuse ou de recommandation religieuse, ne change pas de statut sans preuve légale. Ils oublient généralement cet autre hadîth, lui aussi authentique : « Si quelqu’un instaure dans l’Islâm une bonne tradition (sunnah hassanah), il en aura la récompense et aura une récompense chaque fois que les gens la referont après lui sans que rien ne soit diminué de leurs récompenses. Mais si quelqu’un instaure dans l’Islam une mauvaise tradition (sunnah sayyi’ah), il se chargera de son péché et sera chargé d’un péché chaque fois que des gens la referont après lui sans que rien ne soit diminué de leurs péchés », rapporté par Muslim dans son Sahîh ainsi que par at-Tirmidhî, an-Nasâ’î, Ibn Mâjah et d’autres.

Comme souvent, leur manque de clairvoyance fait qu’ils ne parviennent pas à concilier des ahadîths authentiques avec intelligence et cohérence. L’imâm et Shaykh ul-Islâm Al-Bayhaqî rapporte d’ailleurs dans son Manaqib (1/468), cette parole de l’imâm As-Shafi’î : « Les innovations sont de deux types : l’un est ce qui est innové et qui rentre en conflit avec le Livre (Qur’ân), la Sunnah, un rapport d’un Compagnon [athar] ou un consensus ; cette innovation est un égarement. L’autre type est ce qui est innové à partir du bien et qui ne rentre pas en conflit avec quoi que ce soit de ce qui est précédemment cité ; il s’agit alors d’une innovation qui n’a rien de blâmable ».

L’imâm et Shaykh ul-Islâm an-Nawawî a écrit à ce propos en commentant l’ouvrage Al-Qawa’id (Al-Kubrâ) : « L’innovation est divisée en celle qui est obligatoire (wâjiba), interdite (muharrama), recommandée (mandûba), déconseillée (makrûha) ou indifférente (mubâha). La manière de décider est d’examiner l’innovation à la lumière des règles de la Loi (qawâ’id al-sharî’ah). Si elle tombe dans le champ des obligations (îjab), elle est donc obligatoire, si elle tombe dans le champ des interdictions, elle est interdite (tahrîm), dans le champ des recommandations, elle devient recommandée, déconseillé si elle concerne ce qui l’est et permise si elle touche aux permissions ».

L’imâm et Shaykh ul-Islâm al-‘Izz ibn Abd as-Salâm a écrit dans Qawa’îd al-Kubrâ : « La bid’a, c’est un acte qui n’a pas été connu à l’époque du Prophète Muhammad, mais elle se divise en 5 catégories : obligatoire, interdite, recommandée, déconseillée, autorisée ».

Pour le Shaykh Sayyîd Muhammad Al Alawî al-Malikî al-Makkî al-Hassânî (1943-2004), il s’agit là d’un « mafhûm yajib an yusahhah » (« une (in)compréhension (que l’on doit) corriger »). Le Shaykh, – qu’Allâh lui fasse Miséricorde -, fut de son vivant le muftî du l’école juridique malikite de la Mecque, en plus d’être une autorité dans le tasawwuf, la ‘aqida (théologie), les ussul ad-dîn (fondements de la religion), le hadîth, la biographie prophétique (Sirâ an-nabawiyya), le tafsîr (l’exégèse qurânique), l’histoire et la langue arabe.

 Dans une fatwa, il aborda ce sujet :

« Question : Nous aimerons savoir maintenant d’un point de vue langue arabe (luhghawiyyan) et juridique (shar’iyyan) le terme bid’a pour que l’on puisse discerner sa signification selon ces deux angles.        

Réponse du Shaykh Muhammad Alawî al-Malikî : Bâraka-Llâh fîk, votre question est excellente dans sa formulation car c’est l’approche idoine pour ce genre de termes : la prière (as-salâh), l’aumône légale (az-zakât), l’invocation (ad-du’â’), le pèlerinage (al-hajj), le jeûne (assawm)… doivent être examinés lughatan wa shar’an (des points de vues linguistique et juridique). Tous ces termes techniques (mustalah) ont une signification dans la langue et dans la loi (divine).        

Dans la langue arabe, la bid’ah signifie toute chose nouvelle, toute innovation … par exemple un immeuble ou une voiture créés par des ingénieurs, ou bien des machines ou toute chose inventées sans modèles sont des bid’ah (dans le sens d’innovations). Le nom d’Allâh al-Badî’ (L’Innovateur, L’Inventeur), « Il est le Créateur des Cieux et de la Terre sans modèle ! » (Qur’ân 2, 117).

D’un point de vue légal, le terme bid’a signifie quelque chose de tout à fait spécifique : il s’agit de quelque chose qui est apparu et qui n’existait pas à l’époque de l’Envoyé – sur lui la Grâce et la Paix ! –        

Un spécialiste de la langue arabe ne peut pas venir figer les termes techniques légaux (al-mustalahât ash-shar’iyyah). De même quelqu’un qui parle dans le domaine des termes techniques légaux, doit avoir une instruction dans la langue.        

Les savants avec leurs visions (subtiles), leurs idées lumineuses ont dit que le terme bid’a au sens technique légal s’applique à ce qui n’a pas été formulé de façon explicite au moment du message (prophétique) à l’époque de l’Envoyé d’Allâh – sur lui la grâce et la paix ! -. Lorsque le Prophète – sur lui la grâce et la paix – a dit : kullu muhdathatin bid’ah (chaque nouveauté est une bid’a)et puis a dit : wa kullu bid’ah dalâlah (et chaque bid’ah est un égarement), on ne peut pas juger avec cette définition lexicale (mustalah) et ce droit canonique (qânûn) sur toute chose qui n’a pas eu lieu à l’époque de l’Envoyé – sur lui la grâce et la paix ! – sauf pour ce que nous trouvons dans le makhlas. Et qu’est-ce que le makhlas ? Le makhlas est ce qui a été mis en évidence par les savants des fondements (‘ulamâ’ al-usûl), les Imâm de la religion (a’imatu-d-dîn), les gardiens fidèles de la jurisprudence islamique (umanâ’u-l-fiqh), et les gardiens fidèles de la Loi (umanâ’u-sh-sharîah), l’Imâm as-Shâfi’î, l’Imâm Mâlik, l’Imâm Abû Hanîfa, et ce qui est venu après eux parmi les grands imâm de la jurisprudence « qui ont bien baigné dans les océans la langue arabe » (lladhîna tabahharû fî-l-lughah al-‘arabiyyah) et « qui ont bien baigné dans les océans les lexiques techniques légaux » (lladhîna tabahharû fî-l-mustalahât ash-shar’iyyah) et qui avaient le « pied ferme » (al-qadam ar-râsikh).                

C’est pour cela que nous devons distinguer deux sortes de bid’a : une bonne innovation (bid’a hasanah) et une mauvaise innovation (bid’ah sayyi’ah), d’autres distinguent entre innovation « grasse » (bid’ah madmûmah) et innovation louangée (bid’ah mahmûdah), d’autres encore distinguent entre innovation de guidance (bid’at hudâ) et innovation d’égarement (bid’at dalâlah). Ces distinctions furent faite à l’époque de l’Imâm ash-Shâfi’î – qu’Allâh soit satisfait de lui -. L’Imâm Mâlik ne faisait pas explicitement cette distinction mais il l’exprimait d’une certaine façon en affirmant : wa khayru umûri-n-nâsi mâ kâna sunnatan wa sharru-l-umûri al-muhdathâtu-l-badâ’i’u, « les meilleurs choses des hommes sont celles qui suivent une voie légale, les plus mauvaises sont les innovations en dehors des voies ». Ce que veut dire l’Imâm Mâlik par al-muhdathâtu-l-badâ’i’u, c’est l’innovation d’égarement (bid’at dalâlah), l’innovation de la passion (bid’atu-l-hawâ) et l’innovation qui contrevient aux fondements légaux (al-bid’atu llatî tukhâlif al-ussûl as-shar’iyyah). Ce sens est présent dans les cœurs des Savants, dans les cœurs des imâms, dans les cœurs des Compagnons, – qu’Allâh soit satisfait d’eux -, mais Allâh a aussi mis dans leur langue cette nuance qu’il ne faut pas prendre le sens de bid’a d’un point de vue absolu et l’appliquer à toute chose qui n’a pas eu lieu à l’époque de l’Envoyé – sur lui la grâce et la paix ! -. On ne doit pas non plus dire après cela que « chaque bid’a est un égarement » (wa kullu bid’ah dalâlah) et si nous lions ceci avec cela, cela revient à abroger la Sharî’ah islamique et détruire beaucoup de nos fondements !(wa idhâ rabatnâ bayna hâdhâ wa dhâk ma’nâh nasakhnâ as-sharîah al-islâmiyyah wa hadmanâ kathîr min usûlinâ) ». Fin de la réponse.

Il est évident qu’en ce qui concerne la Révélation et la Sunnah, dans les rites fondamentaux et légaux, les doctrines théologiques, les qualités morales et les convenances, que tout est déjà « parachevé » et intégralement préservé par le Qur’ân et la Sunnah, ce qui constitue la « Rissala ». Cependant, tous les développements logiques, juridiques, spirituels, scientifiques, économiques et autres n’ont pas été explicités de façon explicite, mais leurs fondements implicites sont et doivent être rattachés au Qur’ân.

La preuve de cela est que Prophète – sur lui la grâce et la paix – n’a pas dit à ses Compagnons ce qui lui a été inspiré directement par Allâh au terme de l’Ascension (mi’râj) dont parle le verset : « Ensuite, il s’approcha (danâ) et descendit ; il fut à la distance de deux arcs ou plus près. Il inspira à Son serviteur ce qu’Il inspira » (Qur’ân 53, 8-10). Le Shaykh al-Akbar – qu’Allâh soit satisfait de lui et nous fasse profiter de sa baraka – commente dans ses Futûhât (chap. 553) comme suit : « Personne ne peut savoir ce que (le Prophète) a obtenu alors en fait de Science d’Allâh. C’est Sa Parole : « Il inspira à Son serviteur ce qu’Il inspira » ; Il n’a pas précisé ce qu’Il lui a inspiré et l’Envoyé d’Allâh – sur lui la grâce et la paix ! – ne l’a mentionné à aucun de Ses Compagnons. En effet, il s’agissait d’une communication (talaqqâ) « essentielle » (dhâtiyyan) qui ne peut être connue que par celui qui l’a goûtée ».

Et parmi les autres preuves légales, citons « Il est le Premier (al-Awwal) et le Dernier (al-Akhir), l’Extérieur (al-Zâhir) et l’Intérieur (al-Bâtin). Il est informé de toute chose » (Qur’ân 57, 3).

« Dis : Si la mer se faisait d’encre pour écrire le langage de mon Seigneur, elle s’y épuiserait, même si Nous en doublions l’étendue, avant que ne s’épuisât le langage » (Qur’ân 18, 109). Les sagesses que l’on peut en puiser sont inépuisables et indéfinies, bien qu’elles ne pourront ni abroger ni contredire le sens extérieur et les préceptes légaux.

« Et c’est ainsi que Nous t’avons révélé un esprit [le Qur’ân] provenant de Notre ordre. Tu n’avais aucune connaissance du Livre ni de la foi; mais Nous en avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos serviteurs. Et en vérité tu guides vers un chemin droit, le chemin d’Allâh à Qui appartient ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. Oui c’est à Allâh que s’acheminent les choses » (Qur’ân, 42, 52-53).

« Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous » (Qur’ân 18, 65).

Ibn Hibbân rapporte dans son Sahîh (1/75) rapporte le hadîth prophétique disant que : « Le Qur’ân est descendu suivant 7 sens (a’rufin) et chaque verset possède un sens intérieur et un sens extérieur (zahîr wa batîn) ». Le 7 fait souvent référence à un nombre symbolique, désignant une « grande quantité », souvent apparentée à l’indéfini (c’est-à-dire une réalité dont l’homme ne peut pas mesurer ou saisir toute la portée et l’étendue).

Il y a aussi le hadîth suivant : « Lisez le Qur’ân et cherchez [humblement] à saisir ses significations extraordinaires (garâ’ibahu) » (Hadîth rapporté par Ibn Abî Shayba dans son Musannaf, n°30532).

Une parole similaire est attribuée au compagnon du Prophète (ﷺ) Ibn Mas’ûd (qu’Allâh l’agrée).

Le compagnon du Prophète (ﷺ) Abû-l-Dardâ’ (qu’Allâh l’agrée) disait quant à lui : « Nul ne comprend le Qur’ân jusqu’à qu’il perçoive en lui des significations multiples » (Récit rapporté par Abû Nu’aym dans son Hilyat al-awliyâ’, 1/211).

De plus, les compagnons et leurs disciples, après la mort du Prophète, ont détaillé et « innové » certaines questions et pratiques juridiques, tout comme d’autres questions d’ordres économique, théologique, administratif et autre que cela.

Il est correct également, dans les actes de dévotion trouvant déjà leurs fondements dans l’Islam (comme le dhikr par exemple) d’y introduire ses propres inspirations ou méditations tant qu’elles ne contredisent pas le Qur’ân et la Sunnah, par exemple le fait d’accomplir le dhikr et les invocations par des formules dans les fondements résident dans le Qur’ân et la Sunnah, même si le Prophète Muhammad (ﷺ) ne les a pas explicitement prononcées, comme le prouvent les hadiths suivants : « Anas — qu’Allâh l’agrée — dit : « J’étais assis avec le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — dans son assemblée, quand un homme arriva, salua le Messager — paix et bénédictions sur lui — et les gens (qui étaient là) disant : « Que la paix soit sur vous ainsi que la miséricorde d’Allâh ». Le Messager — paix et bénédictions sur lui — répondit : « Que la paix soit sur vous ainsi que la miséricorde d’Allâh et Ses bénédictions ». Une fois assis, l’homme dit : « Louange à Allâh une louange abondante, agréable et bénie, comme notre Seigneur aimerait qu’on le loue et comme il Lui sied ». Le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — lui demanda : « Qu’as-tu dit ? ». L’homme lui répéta ce qu’il venait de dire. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : « Par Celui Qui détient mon âme, 10 anges se sont précipités à qui la consignerait en premier, mais ils ne surent comment la consigner jusqu’à ce qu’ils l’eurent élevé au Tout-Puissant qui leur ordonna : « Consignez-la telle que mon serviteur l’a dite » ». (Rapporté par Ahmad selon des narrateurs fiables dans son Musnad, par An-Nasâ’î dans ses Sunân et par Ibn Hibbân dans son Sahîh, sauf que ces deux derniers le rapportèrent selon la variante : « comme Il aime et agrée » ; voir aussi At-Targhîb wa at-Tarhîb, dans le chapitre du dhikr et des invocations).

Selon `Abdallâh Ibn `Umar — qu’Allâh l’agrée ainsi que son père —, comme cela est rapporté par les Imâms Ahmad dans son Musnad et Ibn Mâjah dans ses Sunân : « Le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — leur parla de l’un des serviteurs d’Allâh ayant dit : « Seigneur, louange à Toi comme il sied à Ta noble Face et à Ton immense Pouvoir ». Ne sachant pas comment consigner cette parole, les 2 anges montèrent au ciel et dirent : « Seigneur, il a dit une parole que nous ne savons pas inscrire ». Allâh dit et Il est certes parfaitement informé de la parole de Son serviteur : « Mon serviteur qu’a-t-il dit ? ». Ils répondirent : « Seigneur, il a dit : « Seigneur, louange à Toi comme il sied à Ta noble Face et à Ton immense Pouvoir » ». Il leur dit alors : « Inscrivez-la telle que Mon serviteur l’a dite jusqu’à ce qu’il Me rencontre pour que Je l’en rétribue » ».

La question du Mawlid an-nabawî

En comprenant ce qu’est une innovation blâmable en Islam, on comprend que la pratique du mawlîd (la commémoration de la naissance du dernier Prophète, Muhammad (ﷺ) ) n’est pas une bid’a au sens blâmable, et qu’elle relève du fiqh. Or, dans le fiqh, tout est permis sauf s’il existe des preuves de son interdiction, ou que ladite pratique comporte une nuisance certaine. Qui plus est cette pratique est culturelle/juridique (avec un fondement spirituel tiré de l’islam) et non pas doctrinale ou rituelle, et rien ne l’interdit dans le fiqh, sauf si par là on souhaite imiter et ressembler volontairement aux non-musulmans dans ce qui leur est spécifique, ce qui n’est pas le cas ici.

Dans le cas du mawlîd, non seulement il n’y a rien de contraire au Qur’ân et à la Sunnah, mais il y a même des textes islamiques qui confortent cette pratique.

Dans le Qur’ân : « En effet, vous avez dans le Messager d’Allâh un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allâh et au Jour dernier et invoque Allâh fréquemment » (Qur’ân 33, 21).

« Ô les croyants ! Craignez Allâh, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent ! » (Qur’ân 5, 35).

Muslim rapporte dans son Sahîh (n°1162) d’après Abû Qatâdah al-Ansâri que le Prophète Muhammad (ﷺ) commémorait son anniversaire (sa date de naissance) en jeûnant notamment : « Le Prophète a été interrogé à propos du jeûne du lundi, il a répondu : « C’est le jour où je suis né et le jour où j’ai été envoyé comme prophète », tout comme al-Bukharî dans son Sahîh rapporte un hadîth allant aussi en ce sens. Il y a dans ce hadith une incitation pour les gens à jeûner le lundi afin de témoigner de la gratitude envers le Seigneur des mondes (Allâh) pour ce bienfait qu’a été la manifestation du Prophète et sa naissance sur terre, en tant que Messager et Modèle excellent.

Les musulmans ont aussi le droit de se rappeler la vie du Prophète (ﷺ), – le modèle excellent ! – pour louer Allâh de ce bienfait immense, comme le montre ce hadîth rapporté par le Compagnon Abû Sa’îd Al-Khudri : « Mu’awiyah a dit : « Le Messager d’Allâh (ﷺ) arriva vers un cercle – (formé par ses compagnons) – et dit : « Que faites-vous donc ? ». Ils dirent : « Nous sommes réunis pour prier Allâh et Le louer pour nous avoir guidés vers Sa religion et nous avoir béni par ta personne ». Il répondit : « Je vous demande, par Allâh, est-ce la seule raison ? ». Ils répondirent : « Par Allâh, nous ne nous sommes pas réunis pour une autre raison ». Il dit alors : « Je ne vous demande pas de prêter serment par soupçon, mais plutôt parce que (l’ange) Jibril est venu à moi et m’a dit que Allâh, le Puissant et Sublime, vous vante auprès des anges ».(Rapporté par An-Nasaï dans ses Sunân n°5428, par Muslim dans son Sahîh n°2701, par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°3326, par Ahmad dans son Musnad n°16488, par Ibn Hibbân dans son Sahîh n°820 ; par Abû Ya’la dans son Musnad n°7331, par Ibn Abî Shayba dans son Musannaf n°28894, par At-Tabaranî dans son Mu’jam al-Kabîr n°16079 ; par An-Nawawî dans son Riyad as-Salihin n°1450). Ce hadith peut être mis en lien avec ce verset du Qur’ân où Allâh dit : « Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le ! » (Qur’ân 93, 11). Muhammad Hamidullah dit en commentaire de ce verset : « Les musulmans se basent sur ce verset pour célébrer la fête du Mawlid ou la naissance du Prophète (ﷺ). Pour un croyant, quel bienfait divin plus grand que celui-là ! ». Par ailleurs, il s’agit aussi d’une question de fiqh, et rien ne l’interdit, ni dans le Qur’ân ni dans la Sunnah, et bien au contraire, cela se justifie par les finalités de l’Islam et de la Loi, tout comme le fait d’assister à des séminaires ou des conférences sur la Religion, la Sunnah, les sciences utiles, la biographie de certaines personnalités influentes ou qui méritent d’être connues ou méditées, etc.

Le Shaykh Muhammad Al Khidr Hussayn Al Azharî Al Malikî (m. 1377 H) a dit dans le magazine Al Hidayatû l-islamiyyah : « Quant au fait que l’on commémore la naissance du Prophète (ﷺ), nous n’avons pas fait autre chose que ce qu’a fait le compagnon Hassan Ibn Thabit (qu’Allâh l’agrée), dont s’asseyaient autour de lui les gens et il leur faisait écouter l’éloge du Prophète (ﷺ) en poésie, et nous n’avons pas fait autre chose que ce qu’a fait ‘Alî Ibn Abû Tâlib ou Al Bara Ibn ‘Azib ou Anâs Ibn Mâlik quand ils évoquaient les qualités morales et physiques du Prophète (ﷺ) en assemblée ».

Il est rapporté que l’Imâm ‘Abdallâh Ibn al-Mubârak a dit : « L’Imâm Abû Hanîfa visita Médine, c’était le 12 de Rabî’ al-Awwal et je l’ai vu distribué des boissons aux enfants de Médine en leur disant de se réjouir pour le jour où le Prophète [salla l-Lâhou ‘alayhi wa sallam] nous a été envoyé » (Voir Ibn Rajab dans Jami al-Ulm wa al-Hakim 1/223, As-Shaybani dans Hadai’q al-Anwar 1/130, As-Shawkani dans Nîl ul-Awthâr 2/11 et d’autres). Cela ne concerne pas tous les lundis, mais bien un événement précis, celui du jour de la naissance du Prophète (et peu importe le jour exact, c’est la symbolique qu’il y a derrière, et surtout l’importance de sa naissance, qui comptent ici avant tout). Il fit ça à la date de la naissance du Prophète (ﷺ).

L’exégète Ibn Jarir At-Tabârî a dit dans son Târîkh (2/125) : « Le noble Messager (‘alayhî salât wa salâm) est né le lundi, le douzième de Rabi ‘ al- Awwal au cours de l’année de l’éléphant ».

Le Shaykh Muhammad Abû Zahra dit dans Khatam al-Nabiyyin (1/115) que la grande et vaste majorité des savants de la narration (riwaya) sont d’accord sur le fait que la naissance du Prophète Muhammad (ﷺ) eut lieu au cours de l’année de l’éléphant, le 12ème de Rabi ‘ al – Awwal.

Ibn Rajab al-Hanbali dit dans Lata’if al – Ma`arif (p. 185) : « La grande majorité dit que le Prophète (ﷺ) est né le 2ème jour de la semaine (al-Ithnayn = lundi) le 12 Rabi al-Awwal de l’année de l’Eléphant ».

Qu’il y ait divergence ou non importe peu car le but est de se commémorer sa naissance, qui est un fait avéré puisqu’il n’a pas toujours existé en ce bas-monde, et dont les vertus et bienfaits qui en découlent sont nombreux. Par ailleurs l’existence d’une divergence dans le fiqh ou sur une date historique n’abroge pas l’autorisation de se référer à un avis plausible en accord avec le Qur’ân et la Sunnah.

L’Imâm Ibn Kathîr a dit dans al-Bidâya wa an-Nihâya : « Ibliss pleura fortement en 4 occasions : Lorsque Allâh le déclara maudit, lorsqu’il fut banni, lors de la naissance du Prophète [‘alayhî salât wa salâm ] et quand la Sûrate al-Fâtiha fut révélée ».


Al-Hâkim rapporte dans son Al Mustadrak que ‘Abbâs célébrait le Mawlid (naissance) dans le Masjid al-Nabawi. Lorsque le Prophète Muhammad (ﷺ) est revenu de l’expédition de Tabuk à Madina, son oncle ‘Abbâs (qu’Allâh l’agrée) lui a demandé la permission de réciter quelques lignes de poésie dans ses louanges.
Le Prophète lui répondit : « Récite, puisse ta bouche rester fraîche ».
Ensuite ‘Abbâs commença à réciter sa poésie, à l’intérieur du Masjid, devant le Messager d’Allâh et le groupe des Sahaba en citant la généalogie de notre Prophète et des Prophètes précédents (sur eux tous la Paix divine) en les bénissant tous puis continua sa poésie par : « Le jour où vous (le Prophète) êtes né, le soleil s’est levé sur la terre et l’horizon a été illuminé de votre lumière afin que nous – dans ce rayonnement, cette lumière et et ces lignes directrices – puissions percer à travers ». Cela fut rapporté également par Ibn Kathîr dans son ouvrage al-Mawlid, As-Suyûtî dans Husn al-Maqsid et al-Khasais al-Kubra, al-Qastalani dans al-Mawahib, Ibn Hajar al-Asqalanî dans Fath al-Barî.

Ibn Kathîr a dit dans son Al-Bidâyah wa an-Nihâyah (3/136) : « Il organisait – il vise le roi Al-Mudhaffar – le Mawlid honoré au mois de Rabî`u l-’Awwal et le fêtait par une festivité grandiose. Il était magnanime, courageux, brave, sage, savant et juste, qu’Allâh lui fasse miséricorde et qu’Il honore pour lui sa demeure dans l’au-delà. Il a dit : le Shaykh Abû l-Khattâb Ibn Dahyah a composé pour lui un livre sur la naissance du Prophète qu’il a intitulé : At-Tanwîr fI Mawlidi l-Bashîri an-Nadhîr ; il l’a récompensé pour cela de 1000 dinars. L’époque de son règne s’est prolongée jusqu’à ce qu’il meurt alors qu’il faisait le siège des croisés dans la ville de `آkkâ en l’an 630 (de l’Hégire) et il était alors louable de conduite et de fond de cœur ».

Cette magnifique pratique a donc été approuvée par de nombreux savants sunnites.
Le mawlîd, lorsqu’il est bien pratiqué, purifie les coeurs, unis les musulmans, illumine les âmes, apaise les musulmans, incite au bien et à la vertu, revivifie le souvenir du modèle excellent qu’était le Prophète Muhammad (ﷺ), participant ainsi à intensifier l’Amour d’Allâh et de Son Messager :

« Si vous aimez Allâh, conformez-vous à moi [il s’agit du Prophète Muhammad, selon l’interprétation habituelle], Allâh vous aimera » (Qur’ân 3, 29)

« Et Nous ne t’avons envoyé que comme une miséricorde pour les mondes » (Qur’ân 21, 107).

« Dis : « Si vous aimez vraiment Allâh, suivez-moi, Allâh vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allâh est Pardonneur et Miséricordieux » (Qur’ân 3, 31).

« Ne considérez pas l’appel du messager comme un appel que vous vous adresseriez les uns aux autres » (Qur’ân 24, 63).

« (…) pour que vous croyiez en Allâh et en Son Messager, que vous l’honoriez, reconnaissiez Sa dignité, et Le glorifiez matin et soir » (Qur’ân 48, 9).

« Ô vous qui avez cru ! Ne devancez pas Allâh et Son messager. Et craignez Allâh. Allâh est Audient et Omniscient » (Qur’ân 49, 1).

« Allâh suscitera des gens qu’Il aime et qui L’aime. Telle est la générosité d’Allâh qu’Il accorde à qui Il veut » (Qur’ân 5, 54).

« Allâh vous a fait aimer la foi et embellie dans votre cœur… » (Qur’ân 49, 7).

« Ô vous qui croyez ! Répondez à Allâh et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie, et sachez qu’Allâh s’interpose entre l’homme et son cœur, et que c’est vers Lui que vous serez rassemblés » (Qur’ân 8, 24).

« Ô les croyants ! Obéissez à Allâh, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez l’objet de votre dispute à Allâh et au Messager, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation » (Qur’ân 4, 59).

« Certes, Allâh et Ses Anges sanctifient et bénissent le Prophète ; ô vous qui croyez priez (Allâh) sur lui et adressez-lui vos salutations » (Qur’ân 33, 56).

 « C’est une lumière [Nûrun] émanant d’Allâh, qui est venue vous éclairer ainsi qu’un Livre explicite » (Qur’ân 5, 15).

« Ô Prophète ! Nous t’avons envoyé [pour être] témoin, annonciateur, avertisseur, appelant (les gens) à Allâh, par Sa permission ; et comme une lampe éclairante (Sirâjân Munîrân ; la racine de Minuirân vient du mot Nûr) » (Qur’ân 33, 45-46). Selon l’avis de nombreux exégètes, cela désigne bien le Prophète notamment, comme Ibn Jarîr At-Tabarî dans son Jami‘ al-bayan (6/161) : « Par Lumière, Il veut dire Muhammadau travers duquel Allâh a illuminé la vérité, manifesté l’Islam, anéanti l’idolâtrie, car il est une lumière pour quiconque cherche l’illumination par lui, lequel rend clair la vérité ». Le même avis est partagé par As-Suyûtî dans Tafsir al-Jalalayn (p. 139), par Fakhr ud-Dîn Râzî dans At-Tafsir al-kabir (11/194), par Al-Zajjâj selon Al-Qurtubî dans Ahkam al-Qur’ân (6/118) et Al-Mawardî dans An-Nukat wal-‘Uyun (2/22), par Al-Baghawî dans Ma‘alam al-Tanzil (2/228) qui qualifie cet avis de fort contrairement aux autres avis.

Ainsi le mawlîd an-nabawî est un merveilleux témoignage envers le Prophète Muhammad (ﷺ) avec l’intention d’adorer et de glorifier Allâh, en revivifiant la voie prophétique, et en y faisant participer, dans la vertu et la joie, les enfants et les adultes, les voisins et les voyageurs. Un moment béni où tout le monde est convié à la piété, à l’union des cœurs, à la joie et aux bonnes œuvres : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression » (Qur’ân 5, 2) et « (…) concertez-vous dans la bonté et la piété » (Qur’ân 58, 9).

Ibn Taymiyya dit dans Iqtidâ As-Sirât al-Mustaqîm : Mukhâlafatu Ashâb al-Jahîm, bien qu’il ignorait (comme d’autres savants) certains récits prophétiques et des récits à l’époque des compagnons puis des successeurs et des successeurs des successeurs à ce sujet :  « Même si nos prédécesseurs ne le faisaient pas [ndt : comprendre : ne célébraient pas le Mawlid dans son organisation tardive] et qu’ils avaient de bonnes raisons, il n’y a rien [dans la Sharî’ah] qui soit contre (cette célébration) ».

Et il dit également dans son Majmu’ al-Fatawi (23/163)  : « Célébrer et honorer la naissance du Prophète () et en faire un moment exceptionnel, comme le font certains, est une bonne chose en laquelle réside une grande récompense, en raison de la bonne intention d’honorer le Prophète () ».

Ailleurs il condamne cependant ceux qui introduisent des choses illicites lors de cet événement. Il s’agit là des conclusions de Ibn Taymiyya, qui sont généralement passées sous silence par certains salafistes contemporains, reprenant la fatwa de Al ‘Uthaymîn, qui ne cite pas la fin de la fatwa de l’imâm Ibn Taymiyya (par ailleurs, les autres grands savants suffisent amplement pour légitimer cette pratique, d’après les arguments religieux qu’ils ont avancé) : « Le Shaykh al-Islâm Ibn Taymiyya (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit dans son ouvrage intitulé : Iqtidâ As-Sirât Al Mustaqîm : Mukhâlafatu Ashâb Al Jahîm :
« L’institution, par certains, d’une fête commémorant la naissance du Prophète malgré les divergences existant quant à sa date exacte -et qui vise, soit à ressembler aux chrétiens dans leur commémoration de la naissance de ’Îssa (‘alayhi salam), soit à exprimer leur amour et leur vénération pour le Prophète (
) – n’était pas pratiquée par les anciens bien qu’ils aient eu raisons de le faire et que rien ne les en empêchait.
Et si une telle démarche comportait un bien, qu’il soit absolu ou même prépondérant, ces derniers seraient plus en droit de l’appliquer que nous. L’amour et la vénération qu’ils avaient à l’égard du Prophète (
) étaient en effet bien plus intense que les nôtres et ils étaient on ne peut plus soucieux que nous de pratiquer le bien. Leur amour et leur vénération s’exprimaient donc uniquement dans leur mise en conformité avec la voie du Prophète, l’obéissance qu’ils lui vouaient, l’application de ses commandements, la revivification tant dans la forme que dans le fond de sa Sunna, la propagation [du message] avec lequel il fut dépêché et enfin dans tous les efforts qu’ils déployèrent dans leur coeur, par leur langue ou par les actes- dans cette voie. Or, force est de constater que la plupart de ces personnes soucieuses de pratiquer de telles innovations sont dans une totale léthargie lorsqu’il s’agit d’œuvrer là où l’ordre du Prophète () leur est parvenu. On ne peut que les comparer à ceux qui ornent et embellissent le Qur’ân sans le lire ou encore à ceux qui le lisent sans l’appliquer » mais cela concerne bien ceux qui sont laxistes dans l’application de l’islam, et non pas ceux qui le pratiquent (le mawlid) tout en étant constant dans la religion comme l’ont été les grands savants qui appliquaient la Sunnah tout en faisant le mawlîd. Par ailleurs ceux qui ne prient pas ou ne font pas le bien en général, mais qui participent à cette commémoration, se rapprocheront au moins de la religion et d’Allâh, lors de cet événement.
Et sa conclusion indique que rien ne l’interdit au regard de la Loi, car il ne s’agit pas d’une innovation blâmable contredisant les piliers, fondements, principes ou finalités de l’islam.
Et parmi ceux qui font le mawlîd, il y a des savants, des étudiants vertueux, des ignorants, etc., exactement comme ceux qui fréquentent les mosquées.



Celui qui a atteint le rang d’Amir al-Mu’minin dans le hadith, Ibn Hajar al-‘Asqalânî rapporte que l’Imâm Ibn Kathir rédigea son livre sur le Mawlid qu’il nomma : Dhikra Mawlid Rassul Allâh lors du dernier jour de sa vie. Ibn Hajar dit : « Il le traita en long et en large ». Ceci se trouve dans son livre Durar al Kamina fi al-Mi’at al-Thamina. Citations qu’omettent de dire certains prédicateurs salafistes qui manipulent les textes de l’imâm Ibn Kathîr.

Il y a d’ailleurs un passage très intéressant dans le texte du Shaykh Ibn Taymiyya qui réfute ceux qui passent leur temps à traquer les innovations ! Il dit : « Beaucoup de ceux qui condamnent les innovations d’adorations, tu les trouves négligents à accomplir les Sunân de ces adorations ou à exhorter (les gens) à faire ces Sunan. Et peut-être que la situation de beaucoup d’entre eux [ceux qui condamnent systématiquement les innovations] est pire que celle de ceux qui font ces traditions contenant quelque chose de déconseillé ». Ainsi, indirectement, Ibn Taymiyya montre à la fois l’existence d’une distinction à établir dans les innovations (blâmables et louables, et pour chaque type, différentes catégories : autorisées ou interdites, recommandées ou déconseillées, graves ou non, etc.), et l’attitude blâmable des gens qui se pensent bien-guidés et qui passent leur temps à critiquer (parfois à tort) les autres, alors qu’ils commettent peut-être des actes plus graves ou des négligences détestables.
Cela doit également nous alerter sur les falsifications de certaines personnes se réclamant de l’islam (aussi bien shiites que salafistes). Il y a aussi les paroles d’Ibn Al Qayyim dans son Madarij as-Salikin (p.498), – ouvrage écrit après le décès de son Shaykh Ibn Taymiyya – : « Ecouter une belle voix célébrer l’anniversaire du Prophète (ﷺ) ou célébrer l’un des jours saints de notre histoire apporte la paix dans le cœur, et apporte au cœur de l’auditeur la lumière du Prophète (ﷺ), et il boira plus encore à partir de la source Muhammadienne (`Ayn al-Muhammadiyya) ».

Al-Hafiz Ismaïl Ibn Kathîr le célèbre exégète autorise également la célébration du Mawlid et enchante cette fête dans al-Bidaya wa an-Nihaya (3/136). Il a dit : « La nuit de la naissance du Prophète () est une magnifique, noble, bénie et sainte nuit, une nuit de bonheur pour les croyants, pure, radieuse avec des lumières, et des récompenses inestimables ».

L’imâm as-Suyûtî a dit dans son épitre intitulé Husnu al-Maqssad fi ‘amali al-Mawlid sur la validité du Mawlid où il dit ceci : « Il y a une question qui était posée concernant la commémoration du Mawlid du Prophète au mois de Rabi ‘ Al-Awwal : Quelle est la décision légale religieuse à cet égard, c’est bon ou mauvais ? Celui qui le célèbre est-il récompensé ou non ? ».  La réponse selon moi est comme suit : Pour commémorer le Mawlid qui réunit essentiellement les gens ensemble, récitant les parties du Qur’ân, relatant des histoires de la naissance du Prophète et les miracles (et prodiges) qui l’ont accompagné, est une des bonnes innovations (bid’a hassana) ; et celui qui le pratique est récompensé, parce qu’il implique la vénération du statut du Prophète et l’expression de la joie pour sa naissance honorable ». (Son ouvrage est traduit en français également sous le titre Le mawlîd, fatwa sur la célébration de la naissance du Prophète de As-Suyûtî, et traduit par Tayeb Chouiref aux éditions Tasnîm). A son époque déjà, il répondait à quelques savants qui n’étaient pas en faveur du mawlîd, et prit le temps de réfuter leurs allégations.

L’avis du Mufti de la Mecque Ahmad ibn Zayni Dahlan, dans son livre As-Sira An-Nabawiyya wa Al-athar Al-muhammadiyya (p. 51) sur le Mawlid : « Célébrer le Mawlid et se rappeler le Prophète est accepté par tous les savants musulmans ».

Le Shaykh as-Subki a dit : « Quand nous célébrions l’anniversaire du Prophète () un grand état de ‘uns’ (caractère familier) vient à notre cœur et nous sentons quelque chose de spécial » (cité aussi par le muftî Ahmad ibn Zayni Dahlan dans son livre As-Sira An-Nabawiyya wa Al-athar Al-muhammadiyya).

L’Imam Sakhawi a dit dans Subul Al Hudâ wa Ar-Rachâr fî Sîrati Khayr Al ‘Ibâd  : « Le Mawlid [dans son organisation] a été introduit 3 générations après le Prophète, et toutes les nations Musulmanes l’ont célébré et tout `ulama l’a accepté, en adorant Allâh seul, en donnant des donations et en lisant la Sira du Prophète ». Il a également donné dans ses fatawi tous les arguments sur l’autorisation de cette commémoration dans Fatawi as-Sakhawi, néanmoins comme on l’a vu, cette pratique avait déjà des fondements à l’époque des Compagnons et des Successeurs.

Hafiz Ibn Hajar al-Haytamî a dit dans Fatawa al-Hadithiyyah (p.202) : « Comme les Juifs ont célébré le jour de Ashura en prenant part au jeûne pour remercier Allâh, nous devons aussi célébrer le jour de Mawlid (…).
On remercie Allâh pour la faveur qu’Il a donnée un jour particulier ou pour un grand bienfait, ou pour la prévention d’un désastre. Ce jour est célébré chaque année ensuite. L’action de grâces entraîne les formes diverses d’adoration comme la prosternation, le jeûne, l’aumône et la récitation de Qur’an et quel plus grand bienfait y a t-il que l’apparition de ce Prophète, le Prophète de la Miséricorde, en ce jour de Mawlid ? ».

L’Imâm al ‘Iraqi a écrit un ouvrage formidable également sur le sujet intitulé al-mawridu al-hani fi mawlidi an-nabî.

L’imam Ibn Rajab al Hanbali (disciple de l’imâm Ibn al-Qayyîm) parle également du mawlid en bien dans son livre intitulé Lata’if al-Ma`arif fi ma li Mawasim al-`Am min al-Waza’if (Les subtilités de l’apprentissage qui concerne les dévotions qui se rapportent à diverses périodes de l’année).

Ibn Hajar ‘al-Asqalânî a dit qu’il y a un dalil pour cela, il a fait référence à un hadith sahîh où un compagnon demanda au Prophète ﷺ : « Pourquoi ya Rassul Allâh jeûnes-tu le lundi ? » Sayyidna Muhammad a répondu : « Car c’est le jour où je suis né ». L’imam Ibn Hajâr al-‘Asqalânî a dit dans Fath ul Bari (vol. 7) : « Le Prophète lui-même commémorait sa naissance ». Pour Ibn Hajar, célébrer le mawlîd n’est pas obligatoire, mais pour celui qui veut y assister cela est permis, à la condition qu’il doit avoir une bonne ‘aqida et s’assurer qu’il n’y ait pas de choses illicites (alcool, promiscuité, tentations, dragues, chants indécents, idolâtrie, etc.).

L’Imâm as-Suyûtî a rapporté également dans son ouvrage Al-Hawi li l-Fatawa les paroles de Ibn Hajar Al-Asqalânî : « Shaykh al-Islam, le Hafiz de son époque Abû l-Fadl Ibn Hajar – Al-Asqalanî – fut interrogé au sujet de l’organisation du Mawlid. Il répondit ce qui suit : « L’organisation (dans les modalités) du Mawlid à l’origine est une innovation [qui n’est pas blâmable] qui n’est rapportée d’aucun des gens du Salaf vertueux, ceux des 3 premières générations. Malgré cela, elle comporte de bons aspects et des aspects qui leur sont contraires. Dans le cas où les gens ne font dans leurs actes que les bons aspects et se gardent de leurs opposés, c’est une bonne innovation. Dans le cas contraire, ça ne l’est pas. Il m’a semblé bon d’extraire à ce sujet des hadiths confirmés. C’est ce qui est confirmé dans les deux Sahih que le Prophète vint à Médine et y trouva les juifs jeûnant le jour de Ashûra’. Il les interrogea et ils répondirent : c’est le jour où Allâh a fait périr noyé Pharaon et a sauvé (le Prophète) Mûsâ (Moïse). Nous le jeûnons pour remercier Allâh Très Haut. Le Prophète a dit ce qui signifie : « Nous sommes prioritaires (nous sommes plus « en droit ») sur vous par rapport à (le Prophète) Mûsâ (Moïse) ». On tire de cela la permission d’accomplir un acte de remerciement envers Allâh pour ce qu’Il a accordé par grâce en un jour précis, que ce soit un bienfait accordé ou un mal repoussé et la permission de l’accomplir de nouveau la même journée de chaque année. Le remerciement envers Allâh s’effectue par différentes sortes d’adoration comme la prosternation, le jeûne, l’aumône, la récitation [du Qur’ân]. Et quel plus grand bienfait que l’apparition de ce Prophète, le Prophète de la miséricorde en ce jour-là. Ainsi il convient de rechercher et de s’assurer de la journée elle-même pour que cela soit conforme à l’événement arrivé à (le Prophète) Mûsâ (Moïse) au jour de Ashûra’. Celui qui ne s’assure pas de cela et n’y prête pas attention organisera le Mawlid n’importe quel jour du mois, ou même certains le généraliseront et le feront n’importe quel jour de l’année et cela comportera ce que cela comportera … Voilà concernant l’origine de l’organisation de la fête et ce qu’on y fait. Il convient donc de se limiter à ce qui représente un remerciement de Allâh Très Haut, de l’ordre de ce qui a été cité plus haut, à savoir la récitation, la présentation de nourriture et le chant de quelques chants élogieux rappelant le détachement des plaisirs de c bas-monde et touchant les cœurs pour les inciter à faire le bien et à œuvrer pour l’Au-delà ».


Ibn Al-Jawzî a composé un livre de poésie et de Sira destiné à être lu lors des célébrations du Mawlid. Le livre a pour titre Mawlid Al-‘arus et commence par les mots : al-Hamdulillah al-Ladhi abraza min ghurrati ‘arusi al-Hadrati subhan Mustanira…
Il a dit aussi : « Au Haramayn (c’est-à-dire La Mecque et Médine), en Egypte, au Yémen et d’une manière générale, tous les gens du monde Arabe ont célébrés le Mawlid depuis longtemps. A la vue de la lune de Rabi ul-Awwal leur bonheur atteint son sommet et de là, ils organisent des rassemblements spécifiques de Dhikr de Mawlid grâce auxquels ils gagnent d’innombrables récompenses et atteignent un immense succès ». (Voir Biyan al-Mawlid an-Nabawi).


Le Shaykh Ahmad Ash-Sharabâsî a dit dans Yas’alûnaka fî ad-Dîn Wal (1/462-464) : « Nous avons besoin de nous souvenir de toute chose liée au Messager d’Allâh (), car il est le modèle par excellence pour tout musulman. Ainsi, il n’y a pas de mal à ce que les musulmans, aux quatre coins de la terre, profitent de cette occasion – la naissance du noble Prophète () – pour étudier sa Sunnah, sa prédication, ses nobles manières, et pour approfondir leur compréhension de la religion et du Livre de leur Seigneur, pourvu que cela les pousse à multiplier les oeuvres pies et les efforts dans le bien. Nous devons donc comprendre que la célébration de la naissance du plus noble Messager, Muhammad (), est une bonne habitude. Il n’y a aucun mal à ce que les musulmans lui accordent des soins et se réunissent à son occasion, à condition que leur célébration reste dans le cadre de ce qu’Allâh a légiféré et autorisé ».

L’imam Abû Shama, le Shaykh de l’imâm an-Nawawî, a dit dans Alba ‘ith’ ala inkar Al-bid’a ‘ wa Al-hawadith : « La meilleure innovation (bida’a hassana) en notre jour est le souvenir de l’anniversaire du Prophète (). Ce jour, les gens donnent beaucoup, font beaucoup d’adoration, montrent beaucoup d’amour au Prophète et donnent beaucoup de remerciements à Allâh Tout-puissant pour l’envoi parmi eux de Son Messager (), et pour préserver la Sunnah et la Sharî’ah ».

Si on considère le mawlid comme une bid’a comme le font les Salafis en général, c’est commettre une hérésie en vérité, car ils refusent que des gens se réunissent en grand nombre pour parler d’Allâh et de Son Messager (ﷺ), – ce qui est plus que recommandé en Islam et ce que la Sharî’ah autorise explicitement – ce qui est très grave, car contrevenant aux principes de la Religion et privant les gens de grands bienfaits et de nombreuses récompenses, pour une chose que le fiqh permet de façon générale comme de façon particulière – sauf si cela devient une obligation religieuse alors qu’Allâh ne l’a pas spécifié comme étant une obligation -. Plus grave encore, ils interdisent non seulement une chose qu’Allâh n’a pas interdit, mais en plus de cela, une pratique dont la finalité a été établie comme étant louable par Allâh. Cette question, bien que secondaire, reflète tout de même un problème plus profond, car ceux qui rejettent le mawlîd en soi (et non pas seulement les excès qui pourraient s’y dérouler) en le considérant comme une hérésie, sont horrifiés par l’idée que des musulmans puissent honorer le Prophète (ﷺ) et vivifier son souvenir dans une ambiance de joie et de fraternité.

Aussi, alors même qu’à l’époque des Sahaba, le Prophète (ﷺ) était parmi eux, quand il n’était pas physiquement à leur côté, certains se réunissaient pour louer Allâh, méditer les enseignements du Prophète (ﷺ), évoquaient sa vie et ses périples. Mais les Sahaba étaient plus proches d’Allâh et du Prophète (ﷺ) que nous le sommes, aussi bien dans le temps, la présence spirituelle que de la proximité physique, et les musulmans connaissent un relâchement des mœurs, il convient donc de multiplier les rappels et les occasions populaires pour que toute la communauté soit intégrée dans des activités et pratiques spirituelles, éthiques et religieuses en s’éloignant du mal et du harâm, pour se rapprocher d’Allâh, de la bienfaisance, de la vertu et de Son Rappel. Choisir une période dans l’année – à partir de sa naissance comme période symbolique dont le Prophète se souvenait lui-même (cf. Sahîh Muslim) – en accomplissant des pratiques comme le jeûne, la prière surérogatoire, la lecture du Qur’ân, la méditation sur la Religion et le monde, nourrir les nécessiteux, offrir des cadeaux à ses proches ou aux orphelins, etc., tout en réunissant la famille ou les musulmans dans une ambiance joviale et spirituelle, et pour rapprocher les gens (pieux comme insouciants) d’Allâh, comportent énormément de mérites et bienfaits – tous approuvés par la Loi divine -, est une excellente chose, et le Qur’ân comme la Sunnah et les Sahaba l’approuvent. D’un point de vue exécutif, l’Etat musulman a tout à fait le droit d’instituer cela comme une fête nationale ou culturelle, mais pas au même titre que les fêtes obligatoires des 2 Aïd, ni d’imposer cela comme une obligation religieuse spécifique aux croyants, car ce qu’Allah n’a pas rendu obligatoire ne peut pas l’être, sauf si des preuves corroborent cela. Le statut du mawliid oscillera ainsi entre le permis et le recommandé surtout à une époque où tant de gens sont éloignés de la Religion, mais se rappellent d’Allâh et de Son Messager par cette occasion, tout comme durant le mois de Ramadan, où les insouciants se rapprochent d’Allah en priant, jeûnant ou soignant leur comportement, alors même qu’ils devraient faire cela au quotidien (sauf pour le jeûne, qui n’est pas une obligation pour ceux qui peuvent le faire, en dehors du mois de Ramadan). En effet, mieux vaut se souvenir d’Allâh, aimer Son Messager et méditer sur sa vie et ses enseignements bénis, et faire le bien durant une période de l’année, plutôt que de n’accomplir aucune bonne œuvre tout au long de leur vie ou de l’année.

Ainsi, si cela est vu comme un rassemblement particulier, sans lui donner le statut d’une grande fête (parmi les deux grandes fêtes islamiques qui sont célébrées par tous les musulmans et qui sont une obligation), cela possède le même statut légal que les conférences, les assemblées religieuses ou scientifiques, les mariages et autres occasions festives, – qui sont toutes licites et recommandées -, si le but est de Louer Allâh pour nous avoir envoyé le Prophète et révélé le Qur’ân, de réciter le Qur’ân, de réciter des poèmes faisant l’éloge du Prophète et des vertus morales, d’enseigner la Sîrah du Prophète, de nourrir les pauvres, etc. Par contre, cela n’est pas permis si les gens en font une nouvelle obligation, une « grande fête », et où des actes déconseillés ou illicites accompagnent cet événement.
Bien que certains salâfs le pratiquaient (seul ou en petit groupe), certaines actions (publiques et en grand nombre) ou modalités (dans la pratique) du mawlîd pouvaient changer d’une époque à l’autre, mais tant qu’aucune contradiction avec l’islam n’était introduite dans la pratique du mawlîd, elle reste autorisée selon l’islam. De la même manière que les universités religieuses constituent de nouvelles modalités (temporelles), qui sont de nouvelles organisations, et qui sont donc de « nouvelles innovations » (mais louables dans leurs finalités, et ne contredisant pas les piliers et les fondements de l’islam) pour répandre les sciences religieuses (qui elles-mêmes ont été codifiées et réadaptées selon les besoins des époques postérieures, après l’époque du Prophète et des compagnons).

Par conséquent, si l’on en fait pas un pilier de la religion ou une obligation religieuse, ou une « nouvelle fête obligatoire », cela rentre dans le cadre de la Shar’îah, rendant licite toute activité religieuse visant à manifester son attachement à l’islam, son respect pour le Prophète (ﷺ), son amour sacré pour Allâh, et les actes de piété légiférés (récitation du Qur’ân, aumônes, jeûner, etc.), cela entre en adéquation avec les principes du Qur’ân et de la Sunnah, et dont ces 2 sources ne contiennent aucune interdiction en cela (sauf dans le cas où les activités religieuses, comme les conférences, les assemblées de dhikr ou de ‘ilm, comportent des choses interdites, comme l’alcool, la consommation de porc, la promiscuité illicite, la fornication, l’idolâtrie, etc.).  

Cependant à notre époque on constate malheureusement des excès dans certains groupes, et l’aspect plus culturel et festif que spirituel et religieux. Ainsi il convient de réprouver les excès, sans pour autant rejeter le mawlîd en soi (en tant qu’occasion pour se réunir afin d’accomplir des actes d’adoration et des activités religieuses en commun, comme on le ferait pour certaines réunions, assemblées, conférences, etc.). Il s’agit non pas d’un nouveau principe ou d’une finalité en soi, mais d’un moyen légal pour accomplir les actes religieux, revivifiant le cœur des insouciants comme des vertueux, et les réunissant en une magnifique occasion.

Que ce soit Ibn Taymiyya (bien qu’il se contredise un peu dans son argumentaire), Ibn Al Qayyim, Ibn Kathir ou As-Suyûtî, tous ont déjà traité la question d’un point de vue légal, et tous l’ont autorisé (car rien dans la Shar’îah ne l’interdisait) tant que rien de blâmable n’y était introduit.
Manifester son amour envers le Messager d’Allâh (comme suivre sa Sunnah, multiplier les prières adressées à Allâh sur le prophète, etc.) peut se réaliser de différentes manières, – et à différents degrés -, chez les gens. Aussi, le mawlîd ne peut pas devenir une nouvelle fête religieuse collective obligatoire comme l’Aïd al-Fitr (fête de la « rupture » du mois de jeûne) et l’Aïd al-Adha  (fête du « sacrifice »), appelé aussi Aîd al-Kabîr (« la grande fête »). Il y a des fêtes religieuses légales communes (pour tous les musulmans), et d’autres événements parfois aussi festifs (comme les mariages), ou scientifiques (comme les conférences), et c’est à ce niveau-ci que le mawlîd doit s’apparenter, et non pas aux 2 « fêtes » islamiques.
C’est un événement auquel tout musulman est convié pour se rassembler, réciter le Qur’ân, apprendre la vie du Prophète Muhammad (ﷺ), apprendre et transmettre la science, etc. Mais ce n’est pas obligatoire ni n’a le même statut que les fêtes telles que l’Aïd al Fitr ou l’Aïd al Adha.

Nous pensons qu’il était donc utile d’éclaircir ce point pour justement distinguer 2 niveaux que posent ce sujet : d’une part, le statut légal du mawlîd en soi, et d’autre part, les événements festifs et culturels qui prétendent s’en inspirer, mais qui débouchent sur des pratiques que la Sharî’ah réprouve (promiscuité entre les sexes, innovations blâmables, gaspillages de nourriture, chants pas toujours conformes à l’islam, ostentation, etc.).
Donc si une personne voit qu’il existe des excès dans un événement, il lui devient alors clair qu’il vaut mieux s’en éloigner plutôt que d’y participer. Et si la personne observe l’absence de pratiques illicites dans un événement, il peut y participer. Sachant que les savants anciens et contemporains ont divergé sur le statut légal du Mawlîd, mais que dans de nombreux cas, le mawlîd constitue une belle occasion d’aspirer à la piété, de participer à des assises spirituelles et religieuses, à des moments de joie (notamment certains chants spirituels et religieux), à la récitation du Qur’ân ou à des poèmes sur le Prophète (ﷺ), et à contribuer dans des actes de bienfaisance et de charité, et que de nombreux savants ont autorisé cette pratique, personne ne peut interdire aux gens d’y participer, car cela pourrait les priver d’un grand bien, et la divergence doit être acceptée et respectée quand elle est « légitime » et « bien argumentée » et c’est alors cette règle islamique qui s’applique : celui qui veut y participer peut le faire – et son intention est auprès d’Allâh -, et celui qui ne veut pas peut s’en abstenir – et son intention est aussi auprès d’Allâh -.



N.B. : Cet article a été inspiré en partie par une discussion alimentée par notre frère, Sidi A.


Be the first to comment “La question du Mawlîd et de la « bid’a » (innovation religieuse) en Islam”