« Fatwa » sur les feux d’artifice

Il est un sujet rarement abordé de nos jours, concernant un sujet de fiqh sur lequel les musulmans devraient se pencher davantage, à savoir l’utilisation des feux d’artifice.

Les feux d’artifice sont souvent utilisés comme « éléments » (et donc comme moyens) pour « illuminer » le ciel lors de certaines occasions festives (Noël ou le Nouvel An grégorien généralement). En soi, l’utilisation d’un moyen ou d’une substance qui n’est pas illicite pour une chose permise ou louable est autorisé. Ici, cet « élément » ne pose pas problème en soi (en tant qu’objet illuminant le ciel), mais il devient problématique à partir du moment où son usage provoque des problèmes de santé, la peur et la mort même chez un certain nombre d’êtres vivants. Par ailleurs, en temps de crises écologiques et économiques, alors que de nombreuses personnes meurent de faim, cela constitue du gaspillage matériel et financier, ainsi qu’un manque de solidarité envers les nécessiteux, alors que cette pratique ne relève pas de la nécessité, bien que son usage soit devenu très répandu et quasi systématique dans les mœurs et les grandes fêtes culturelles (comme le Nouvel An). Il est par ailleurs possible de célébrer convenablement des fêtes sans avoir recours à ces moyens qui comportent beaucoup de nuisances pour les êtres humains, les animaux, les insectes et la nature. Il n’est pas nécessaire non plus d’imiter aveuglément les autres peuples, même dans leurs modalités festives (tout ce qui est pratiqué ou employé au cours de leurs fêtes) tout comme dans leurs occasions festives qui ne sont pas intrinsèquement islamiques.

Ainsi, car les feux d’artifice polluent l’air et le sol, effraient les animaux et même des êtres humains, et sont responsables de la mort de nombreux animaux chaque année, il est moralement et juridiquement répréhensible de les employer, tant que leurs composants provoquent un impact nocif pour la santé et l’environnement, qu’ils constituent un coût exorbitant en tant de crise, et qu’ils effraient les animaux. En effet, parmi les finalités et valeurs importantes de l’Islâm, il y a le respect et la préservation de la nature et de l’environnement, assurer le sentiment de sécurité et les droits du voisinage, de la société et des animaux, et le fait d’éviter les gaspillages inutiles, plus encore en temps de crises ou de pénuries (de certaines ressources et matières premières), – ce qui provoque même parfois de terribles conflits pour s’en accaparer.

« Chiens et chevaux morts de crise cardiaque, milliers d’oiseaux en panique: les feux d’artifices, CAUCHEMAR des animaux

Une semaine après les festivités de Nouvel An, plusieurs associations de protection des animaux dressent leur bilan des effets des feux d’artifices sur les bêtes. Chiens, chats, moutons, chevaux, oiseaux des prairies ou même perroquets, ils sont nombreux, cette année encore, à avoir été pris de panique au moment de l’euphorie de minuit. Cette année encore, certains n’en sont pas sortis vivants.

Claudine, une habitante de Visé, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous afin de souligner un phénomène encore trop peu connu. “Dans ma famille on aime les animaux, nous en avons toujours eu. Les feux d’artifice sont un réel problème pour les chevaux, chiens et autres compagnons!”, raconte-t-elle.

“Un pur-sang foudroyé par une crise cardiaque”

Elle poursuit, plus gravement: “Cette année encore, un pur-sang a été foudroyé par une crise cardiaque lors du feu d’artifice du Nouvel An et de nombreux chiens sont dans le même cas! Je peux comprendre que cela fasse partie du folklore mais pourquoi ne pas se contenter d’un lieu de rassemblement pour cela ? Cela explose dans beaucoup de jardins et il devient difficile de les éviter!”

Laeticia nous a écrit, elle aussi: “Durant la nuit du nouvel an j’ai perdu une vingtaine d’oiseaux en volière (inséparables, perruches). Les gens ne se rendent pas compte, chacun fait son petit feu d’artifice dans son jardin aux 12 coups de minuit sans penser une seule seconde à ce qu’il se passe autour.”

Interdire purement et simplement les tirs de feux d’artifices chez les particuliers

L’association belge de défense des droits des animaux Gaia est l’un des groupes les plus actifs concernant cette problématique. Cela fait déjà cinq années qu’à la veille des festivités, Gaia envoie un communiqué aux autorités afin de sensibiliser toutes les villes et communes du royaume.

Et pour Michel Vandenbosch, président de l’association, “il est grand temps de passer à l’acte et de se décider à mettre en place des mesures plus strictes”. Cette année, le communiqué de Gaia demandait donc aux communes d’interdire purement et simplement les tirs de feux d’artifices chez les particuliers.

Peu de communes ont franchi le pas. Sur son site internet, l’association Gaia encourage les citoyens à signaler tout incident lié à des feux d’artifice et impliquant des animaux. “Jusqu’à aujourd’hui, plus de 50 personnes ont déjà envoyé une plainte rapportant un ou plusieurs incidents la nuit du 31… Et ça n’en finit pas !, nous apprend Michel Vandenbosch, on continue à recevoir plein de messages.”

“Cela provoque énormément de stress chez les animaux”

Au refuge Veeweyde à Anderlecht aussi, les effets des feux d’artifices ont été observés. “Nous avons noté des conséquences dès le premier janvier au refuge”, souligne une responsable. “Cela provoque énormément de stress chez les animaux. Beaucoup s’enfuient parce que les gens circulent en dehors de la maison mais aussi car ils ont peur.”

Une fois à l’extérieur, les animaux effrayés risquent leur vie. “En rue, la nuit, après avoir fui dans la panique, ils se perdent et il n’est pas rare qu’ils se fassent écraser par une voiture sur la route.” (…) ». (“Chiens et chevaux morts de crise cardiaque, milliers d’oiseaux en panique: les feux d’artifices, CAUCHEMAR des animaux”, RTL, 6 janvier 2016 : https://www.rtl.be/info/vous/temoignages/feux-d-artifice-784144.aspx).

« Pourquoi les feux d’artifice sont les champions de la pollution

Chaque année, ils sont les stars des festivités du Nouvel An. Malheureusement, les feux d’artifice contiennent un cocktail de produits chimiques particulièrement polluant.

Vous connaissez la recette de la poudre qui compose les feux d’artifices qui illuminent nos cieux ? Elle n’est pas très sexy et, surtout, pollue notre environnement plus qu’on ne le croit. La fameuse « poudre noire » qui sert de combustible est un mélange très chimique fait, entre autres, de charbon, de soufre et de potassium. Mais pas que. Et c’est là que notre planète en prend pour son grade, comme nous le rappelait Futura Sciences cet été.

Des particules fines métalliques

On retrouve ainsi dans la poudre magique des particules fines métalliques qui confèrent leurs couleurs éclatantes aux feux d’artifice. Cuivre ou encore lithium sont en effet monnaie courante dans la fameuse « recette ». Lors de l’explosion, celle-ci sont relâchées dans l’atmosphère et génèrent une pollution encore pire que celle produite par les véhicules automobiles. D’après une étude portant sur la fête nationale du 4 juillet aux États-Unis et publiée dans Science Direct, la concentration en particules fines demeure encore 42 % plus élevée durant les 24 heures qui suivent un feu d’artifice. Pas très rassurant.

À l’origine de troubles sanitaires

Au Royaume-Uni, les feux d’artifice constituent aujourd’hui la plus grande source de production de certaines particules métalliques dans l’atmosphère. Ces particules fines sont à l’origine de problèmes de santé bien documentés : affections respiratoires, augmentation des risques chez les asthmatiques et les personnes cardiaques, nous rappelle encore Futura Sciences.

Le CO2, encore lui

Pour dix tonnes de poudre projetées dans l’atmosphère, ce sont pas moins de cinq tonnes de dioxyde de carbone (CO2) qui investissent notre atmosphère, soit l’équivalent d’un bon trajet de 20 000 km en voiture.

Les points d’eau aux alentours des shows pyrotechniques sont les premiers à pâtir de la poudre noire. Et les substances qui y retombent viennent les contaminer durement.

En août dernier, lors des fameux feux d’artifice qui avaient égayé la fête nationale suisse au dessus du Lac Léman, par exemple, un taux de particules fines plus élevé que la normale avait été enregistré.

Et si, à l’avenir, à l’aube d’une année 2019 qui sera on l’espère plus que jamais placée sous le signe de l’environnement, on remplaçait tout simplement les show à la poudre magique par des performances sons et lumières moins nocives pour notre planète ? ». (“Pourquoi les feux d’artifice sont les champions de la pollution”, Paris Match, 31 décembre 2018 : https://parismatch.be/actualites/environnement/221994/pourquoi-les-feux-dartifice-sont-les-champions-de-la-pollution).


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