Évincer le Divin mène à toutes les dérives possibles

Alors que les idéologues de l’anti-religion assuraient la « venue imminente » du « Paradis terrestre », aucune promesse n’a été tenue, et plus que jamais, les gens ressentent l’insécurité, la peur et une angoisse existentielle terrible quand leur confort matériel est en train de voler en éclat.

Le penseur chrétien anglais, écrivain, philosophe, poète et chroniqueur qui milita aussi contre l’eugénisme et la maltraitance des handicapés mentaux (notamment contre l’amendement déposé par Winston Churchill à la loi de 1913) Gilbert Keith Chesterton (1874 – 1936) vit juste lorsqu’il dit : « Quand les gens cessent de croire en Dieu, ce n’est pas pour croire en rien, c’est pour croire en n’importe quoi » (1). En effet, l’athéisme en lui-même, est une forme de croyance en un certain nombre de postulats, d’idées et de positions qui sont soit invérifiables soit fausses, et parfois même absurdes sur le plan logique. Certains croient aussi au « Néant », au « Progrès » (comme une sorte « d’horizon métaphysique » tout étant contradictoire avec les principes métaphysiques), à la « Science » (alors que ceux qui croient au caractère irrationnel de l’existence et de l’univers devraient rejeter le caractère rationnel et la prétention logique et universelle de la démarche scientifique), à « l’Évolution », etc.

Ce propos est donc juste, car le nombre de personnes déséquilibrées et perdues à notre époque, qui croient que les extraterrestres ou les reptiliens ont tout créé et planifié, que le néant (absence de tout et de réalité) a tout créé, que les États-Unis ou la Russie vont sauver le monde et sont les nations les plus éthiques de notre époque, que la zoophilie et la sodomie sont d’immenses progrès pour l’Humanité, que la pédophilie est un droit, que renier son identité biologique pour s’inventer des fantasmes et mutiler son corps est une bénédiction qu’il faudrait imposer à l’ensemble des peuples, que l’avenir de l’Homme consiste à abandonner la science et l’intelligence pour lécher des excréments (au point d’en faire un métier bien rémunéré, public et accessible à tous), tout cela a été rendu possible – surtout dans le sens d’une banalisation sans précédent -, du refus d’accepter le Divin comme une réalité transcendante et comme une réelle autorité législative avec des normes sociales, des valeurs éthiques et morales universelles.

Par ailleurs, si le fanatisme de certains religieux est bien réel, il est surtout un problème d’éducation spirituelle et d’une ignorance sur l’histoire et le contexte de certains passages textuels. C’est une dérive pour ainsi dire accidentelle, qui n’est pas consubstantielle à la religion car si l’on prend le cas de l’Islam et du Christianisme par exemple, que ce soit concernant les nombreux textes scripturaires qui enseignent la paix, la justice, la compassion et l’indulgence entre les peuples et les communautés,  ou que ce soit par l’exemple des millions de religieux érudits, cultivés, altruistes, bons et respectueux, on sait que la Religion, en soi, ne produit pas le fanatisme ni la destruction des peuples ou de la planète, sachant que l’ère des grands génocides et de la destruction massive de l’environnement est apparue avec la modernité (et ses idéologies comme le rationalisme – à ne pas confondre avec la rationalité ou la logique qui existaient bien avant dans le monde traditionnel -, le scientisme, le capitalisme, le communisme, le progressisme, le matérialisme, le darwinisme social, etc.).

Mais si l’on évince l’idée du Divin, et que comme on le sait, l’humain a horreur du vide, cela signifie qu’il sera comblé ou remplacé par d’autres choses, bien plus terribles, et souvent par des idéologies ou des superstitions fausses voire absurdes, plaçant au centre de leur vie, des croyances malsaines et dégénérées, qui contiennent, dans leurs postulats même et en germes, les déviations les plus totales et les plus délétères, non pas en tant qu’aberrations individuelles ou accidentelles isolées, mais en tant que problèmes massifs potentiels.


Notes :

(1) Cité notamment par Eric Voegelin dans “quand les idéologies prennent la place des religions”, Radio France, 1 février 2017 : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-tour-du-monde-des-idees/eric-voegelin-quand-les-ideologies-prennent-la-place-des-religions-6882693


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