A propos du Hadith sur les 73 « sectes/groupes » et le sectarisme

Le sectarisme est un fléau qui touche malheureusement presque toutes les communautés, qu’elles soient athées, religieuses, ethniques, politiques, sportives, gastronomiques, linguistiques, idéologiques, scientifiques ou philosophiques. Dans le cas de l’Islam, le Qur’ân comme la Sunnah mettent en garde contre le sectarisme, et où les mises en garde ne doivent pas être permanentes, ni injustes, ni fondées sur les conjectures, le fanatisme ou l’ignorance, l’Islam mettant l’accent plutôt sur la réforme intérieure (la purification de l’âme), l’étude, la fraternité, l’indulgence, le pardon, la justice, les bonnes œuvres et les œuvres de bienfaisance et de charité, plutôt que de mettre en garde contre tout le monde – au point d’en dégoûter le monde entier et de n’épargner personne de leur folie et de leur fanatisme -, et même de conseiller (dans le bien et par la sagesse) en privé plutôt qu’en public, sauf pour les personnes orgueilleuses qui trompent volontairement les gens, qui appellent à l’idolâtrie (identifiée clairement comme telle), le terrorisme, à la débauche, à une escroquerie ou à la haine gratuite, et qui refusent les bons rappels qui lui ont été présentés en privé.  Le hadith bien connu prouve ceci : « Celui qui veut conseiller le dirigeant, qu’il ne le fasse pas en public mais qu’il le prenne plutôt par la main et qu’il s’isole avec lui en privé (pour le conseiller en bien). S’il accepte son conseil ceci est l’objectif et s’il refuse alors il aura accompli ce qui lui incombe (comme devoir) » (Rapporté par Ibn Abi ‘Asim dans Kitab As Sunnah n°1096 selon ‘Iyad Ibn Ghunm), qui vaut aussi pour les autres personnes (qu’ils occupent ou non d’autres fonctions comme père ou mère de famille, juge, policier, mufti, juriste, prédicateur, commerçant, professeur, …).

Pour ce qui est « douteux » ou faisant l’objet de divergence, il suffit simplement d’appeler à la prudence, sans citer inutilement de noms en particulier, de peur de tomber dans la calomnie ou à la médisance. Enfin, montrer le bon exemple et appeler à la sagesse est la meilleure voie afin d’apaiser les cœurs et de guider les âmes sur la Voie droite par la Grâce divine : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute (et échange) avec eux de la meilleure manière. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien » (Qur’ân 16, 125).

L’imâm As-Shafi’î a dit : « Celui qui conseille son frère en privé l’a certainement conseillé et embelli. Tandis que celui qui le conseille en public l’a certainement dévoilé et enlaidi » (rapporté par Abû Nu’aym dans Hilyat al-Awliyâ 9/140).

 L’imâm Ibn Rajab Al-Hanbali dans Jamî al-Ulûm wa-l-hikam (1/236) a dit : « Quand les Salafs us Salîh (Pieux prédécesseurs) voulaient prodiguer un conseil à quelqu’un, ils le sermonnaient discrètement. Certains disaient à ce propos : quand quelqu’un sermonne son coreligionnaire en privé, il lui donne un vrai conseil. Quand il le fait en public, il le réprimande.  Al-Fudhayl a dit : « Le croyant dissimule et conseille alors que le pervers recourt au chantage et dénigre » »

A l’origine, il y avait un hadith qui mettait en garde contre le sectarisme et le fait de se diviser inutilement, comme le stipule aussi le Qur’ân : « Attachez-vous tous fermement au pacte d’Allâh, et ne vous divisez pas » (Qur’ân 3, 103).

« Ne vous livrez pas entre vous à des disputes qui entameraient votre union et compromettraient vos chances de succès ! Soyez patients ! Allah est avec ceux qui font preuve de patience » (Qur’ân 8, 46).

« Ô croyants ! Craignez Allâh et dites des choses conformes à la vérité » (Qur’ân 33, 70).

« Dis à Mes serviteurs d’employer dans leurs propos des mots aimables, de peur que Satan ne sème entre eux la discorde, car Shaytân est l’ennemi mortel de l’Humanité » (Qur’ân 17, 53).

« … et des propos que vous colportiez de bouche en bouche, sans en avoir aucune preuve, croyant que la chose avait peu d’importance, alors qu’elle revêtait une gravité exceptionnelle auprès du Seigneur » (Qur’ân 24, 15). 

  S’il est normal de s’identifier selon son origine ou sa « race » (par exemple untel al-Arabî, al-Farisi, al-Turkî, al-Kurdî, al-Maghribî, etc.), selon son école juridique (al-Hanafî, al-Malikî, al-Shafi’î, al-Hanbalî, …), son école théologique (al-Ash’arî, al-Maturidî, al-Atharî, etc.), selon son affiliation spirituelle en lien avec une Tarîqa sûfie orthodoxe (al-Qadirî, al-Shadhilî, al-Naqshbandî, etc.), selon son pays (Iran, Turquie, Maroc, Algérie, Sénégal, France, Espagne, Palestine, Yémen, Inde, Mali, etc.), sa lignée (notamment celle des Ahl ul Bayt à travers la lignée d’Al-Hassân – al-Hassânî – et d’Al-Hussayn – Al-Hussaynî – ou celle de certains Compagnons ou Sahabiyyât, ou de Sultans par exemple) ou éventuellement selon une université ou école religieuse dans laquelle la personne a étudié, tout cela est correct et fondé en Islam, à condition que cela serve simplement à s’identifier à une école/méthodologie visant à clarifier et développer, sans fanatisme ni sectarisme, les principes et éléments islamiques en lien avec la ‘aqida (dont les écoles théologiques explorent cette dimension de l’islam), le fiqh (le droit musulman), la spiritualité à travers le Tasawwuf et ses écoles, les autres sciences islamiques (notamment la langue et la grammaire, l’exégèse, les ussûl ud-Dîn, le Hadîth, etc.). L’important est que cela ne soit pas sources d’orgueil – mais simplement de fierté spirituelle -, de fanatisme ou de mépris envers les autres écoles ou appartenances (y compris ethniques ou sociales), et que l’union doit être préservée. Mise à part quelques périodes troubles dans l’histoire du monde musulman, les savants musulmans et gens du commun ont su se respecter et s’unir, entre personnes appartenant à différentes écoles théologiques, juridiques, spirituelles et même interconfessionnelles, pour s’entraider dans la piété et la justice, conformément au Qur’ân : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression » (Qur’ân 5, 2).

  Cependant, l’histoire étant cyclique, et la psychologie humaine ayant rarement changé, les divisions sont « naturelles », et là où à l’origine, certaines sensibilités s’exprimaient naturellement mais sans volonté de division, avec le temps et les malentendus, ses sensibilités (souvent légitimes) ont dévié jusqu’à se transformer en rancœur puis en identité, chacune exagérant et spéculant, en inventant aussi de nouvelles conditions ou doctrines pour se distinguer des autres. Ainsi en est-il par exemple, de certains courants shiites qui trahissent et déforment les enseignements de la famille alide en ayant inventé beaucoup de faux-récits, alors que l’imâm ‘Alî était aussi le partisan du Prophète (ﷺ) tout comme d’Abû Bakr, de ‘Umar et de ‘Uthmân, et que ces derniers aussi, étaient des partisans du Prophète (ﷺ), d’Alî et de sa famille, les protégeant contre les hypocrites et ceux qui leur voulait du mal. De même avec le Wahhabisme, qui, tout en prétendant revenir à l’Islam originel et suivre les Salafs (premières générations des Musulmans vertueux), ont rejeté des pratiques et doctrines islamiques, déformé de nombreux principes islamiques (comme le Tawhîd, l’alliance et le désaveu, la Foi, les Noms et Attributs divins, le takfir, etc.) et s’opposent aux avis de nombreux grands Salafs concernant la ‘aqida, le fiqh, l’adab, le Tasawwuf, etc., tout en ayant rejeté ou amoindri d’importantes dimensions et valeurs morales et spirituelles de l’Islam. Le wahhabisme par exemple, et son équivalent dans le monde shiite (les akhbaris par exemple, par opposition aux ussulî ainsi qu’aux shiites étant enracinés plutôt dans la gnose spirituelle, influencée en partie aussi par le Tasawwuf sunnite comme leurs figures Mullâh Sadra ou Haydar Amoli par exemple, influencés par Ibn ‘Arabî), ou chez les coranistes ou réformistes sectaires, font du takfir et du sectarisme, la pierre angulaire de leur identité, là où le Qur’ân exhorte d’une part à l’union (sur les principes islamiques), et d’autre part, à l’indulgence, à la compassion, à la justice et à l’amour bienveillant envers les autres, y compris ceux qui ne sont pas de notre « courant religieux » ou de notre religion. Les sectes sont souvent animées par la haine et le rejet de l’autre – indépendamment des questions d’arnaques financières ou des dérives sexuelles comme c’est souvent le cas des sectes modernes aux Etats-Unis, en Inde ou en Europe par exemple qui tournent souvent autour du culte de la personnalité du fondateur contemporain (y compris dans les sectes athées ou non-religieuses comme la scientologie ou le raélisme) -, plutôt que par sa relation spirituelle avec le Divin et l’accomplissement des bonnes œuvres comme nous le rappelle le Qur’ân. Or, à force de scruter les défauts (supposés) des autres, de souhaiter et débusquer leurs faux pas, et d’être dans la polémique, l’ego se gonfle, perd ses repères, et finit par se corrompre, et développe les tares que l’on dénonçait chez les autres, car c’est ce qui arrive quand on s’éloigne du Divin autant que de la sagesse, de la foi et de l’intelligence, raison pour laquelle nous voyons souvent que leur visage et leur cœur s’assombrissent, que la compassion et l’amour bienveillant sont absents de leur cœur, qu’ils préfèrent suivre leurs « passions » (dont l’idolâtrie, le fanatisme, l’injustice, la méchanceté, la haine, la vengeance personnelle, etc. sont autant de symptômes) que leurs paroles deviennent dures et sans lumière, que leurs actes inspirent dégoût et laideur, et qu’il n’y a plus aucune trace de la lumière de la prophétie dans leur comportement. Ils ne deviennent ainsi que des instruments de la haine, et des coquilles vides, privées de lumière, de piété, du sens de la justice, de miséricorde et de bonté, alors que le Qur’ân décrit ceux qui ont la foi, comme étant des gens justes, spirituels, bienveillants, bons, qui cultivent l’amour et l’humilité, qui sont endurants et clairvoyants dans la foi et les épreuves, loin du fanatisme, des ruses de l’ego et de la violence gratuite.

 Leur marque de fabrique est de mettre en garde contre tout le monde, et surtout contre les personnes, sans trier ni nuancer, ou en généralisant systématiquement à toutes les personnes du mouvement ou du courant qui est mis en garde, alors même que tous ne pensent pas pareils ni n’agissent de la même façon. Ils mettent tout le monde dans le même sac : les gens qui suivent fidèlement l’Islam et les déviants, les pieux et les pervers, les justes et les injustes, les sincères et les hypocrites. Cela est symptomatique des gens sectaires : mettre en garde contre tout le monde (même contre ceux qui se conforment à l’Islam et qui incarnent la piété, la justice, l’intelligence et la sagesse) tout en s’oubliant eux-mêmes alors qu’Allâh a dit (ici en particulier aux Enfants d’Israël, mais qui concerne aussi tout le monde en général) : « Et croyez à ce que J’ai fait descendre, en confirmation de ce qui était déjà avec vous ; et ne soyez pas les premiers à le rejeter. Et n’échangez pas Mes révélations contre un vil prix. Et c’est Moi que vous devez craindre. Et ne mêlez pas le faux à la vérité. Ne cachez pas sciemment la vérité. Et accomplissez la Salât, et acquittez-vous de la Zakât, et inclinez-vous avec ceux qui s’inclinent. Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous- mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? Etes-vous donc dépourvus d’intelligence ? Et cherchez secours dans l’endurance et la Salât (prière) : certes, la Salât est une lourde obligation, sauf pour les humbles, qui ont la certitude de rencontrer leur Seigneur (après leur résurrection) et retourner à Lui seul » (Qur’ân 2, 41-46). De même que ce verset : « Ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allâh et (soyez) des témoins équitables et justes. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété. Et craignez Allâh. Car Allâh est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites » (Qur’ân 5, 8). Et toute la Sûrah 49 également qui est une mise en garde contre le sectarisme : « Ô vous qui avez cru ! Ne devancez pas Allâh et Son messager. Et craignez Allâh. Allâh est Audient et Omniscient. Ô vous qui avez cru! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres, sinon vos oeuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte. Ceux qui auprès du Messager d’Allâh baissent leurs voix sont ceux dont Allâh a éprouvé les coeurs pour la piété. Ils auront un pardon et une énorme récompense. Ceux qui t’appellent à haute voix de derrière les appartements, la plupart d’entre eux ne raisonnent pas (et n’agissent pas avec intelligence). Et s’ils patientaient jusqu’à ce que tu sortes à eux, ce serait certes mieux pour eux. Allâh cependant, est Pardonneur et Miséricordieux. Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. Et sachez que le Messager d’Allâh est parmi vous. S’il vous obéissait dans maintes affaires, vous seriez en difficultés. Mais Allâh vous a fait aimer la foi et l’a embellie dans vos coeurs et vous a fait réprouver la mécréance, la perversité et la désobéissance. Ceux-là sont les bien dirigés, c’est là en effet une grâce d’Allâh et un bienfait. Allâh est Omniscient et Sage. Et si 2 groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, combattez le groupe qui se rebelle, jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre d’Allâh. Puis, s’il s’y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Allâh aime les équitables. Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allâh, afin qu’on vous fasse miséricorde. Ô vous qui avez cru ! Qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu’eux. Et que des femmes ne se raillent pas d’autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu’elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux). Quel vilain mot que « perversion » lorsqu’on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas… Ceux-là sont les injustes.

Ô vous qui avez cru! Evitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché. Et n’espionnez pas; et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? (Non !) vous en aurez horreur. Et craignez Allâh. Car Allâh est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. Ô les humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allâh est certes Omniscient et Grand- Connaisseur.

Les Bédouins ont dit : « Nous avons la foi ». Dis : « Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt : « Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n’a pas encore pénétré dans vos coeurs. Et si vous obéissez à Allâh et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres » ». Allâh est Pardonneur et Miséricordieux.

Les vrais croyants sont seulement ceux qui croient en Allâh et en Son messager, qui par la suite ne doutent point et qui luttent avec leurs biens et leurs personnes dans le Sentier d’Allâh. Ceux-là sont les véridiques.

Dis : « Est-ce vous qui apprendrez à Allâh votre religion, alors qu’Allâh sait tout ce qui est dans les cieux et sur la terre ? ». Et Allâh est Omniscient. Ils te rappellent leur conversion à l’Islam comme si c’était une faveur de leur part. Dis : « Ne me rappelez pas votre conversion à l’Islam comme une faveur. C’est tout au contraire une faveur dont Allâh vous a comblés en vous dirigeant vers la foi, si toutefois vous êtes véridiques ». Allâh connaît l’Inconnaissable des cieux et de la terre et Allâh est Clairvoyant sur ce que vous faites » (Qur’ân 49, 1-18). Cette Sûrah met en garde contre ceux qui prétendent défendre « l’orthodoxie » alors qu’ils ne défendent pas la Voie divine et la Tradition prophétique, mais plutôt leur groupe déviant, qui ne sont ni justes ni humbles, mais qui prétendent incarner la justice et réprimer les autres en transgressant ce faisant, la Loi divine et s’écartant de la Voie prophétique, en se prenant pour les seuls juges, et tombant dans l’orgueil et le shirk mineur. Ils interdisent ce qu’Allâh et Son Messager n’ont pas interdit, ils inspirent le dégoût, parlent sans science et agissent avec brutalité et fanatisme. Ils haussent leur voix au-dessus de celle du Messager (qui était doux et pondéré envers les gens, mais dur envers les criminels et les orgueilleux tyranniques qui s’en prenaient aux faibles, aux femmes, aux orphelins, aux personnes âgées, aux pauvres, etc.) et prétendent tout connaitre (comme s’ils savaient mieux qu’Allâh Lui-même ce qu’Il enseignait et révélait aux gens). Ces personnes-là, savants, prédicateurs ou de gens de la masse noyés dans le sectarisme, sont une épreuve et une « fitna » pour les Musulmans, mais ceux qui cheminent avec sincérité, piété et endurance, n’ont pas à les craindre ni à s’en faire pour leurs blâmes : « Ô les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie de sa religion… Allâh fera venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime, modeste et doux envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants (qui leurs sont hostiles), qui lutte dans le sentier d’Allâh, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur. Telle est la grâce d’Allâh. Il la donne à qui Il veut. Allâh est Immense et Omniscient » (Qur’ân 5, 54) et : « Et ne semez pas la corruption sur la terre après qu’elle ait été réformée (par la Vérité et la Voie de la justice). Et invoquez-Le avec crainte révérencieuse et espoir, car la miséricorde d’Allâh est proche de ceux qui agissent avec bonté et bienveillance » (Qur’ân 7, 56). 

  Quant au hadith en question, il est souvent instrumentalisé n’importe comment par les sectaires de tous bords, alors que la version qu’ils citent, n’est pas totalement sahîh selon de nombreux savants et muhaddithîns : « Les Juifs se sont divisés en 71 sectes et les Chrétiens se sont divisés en 72 sectes et cette communauté se divisera en 73 sectes toutes iront en Enfer sauf une seule »[1], hadith relaté dans de nombreux recueils, mais qui comporte une faiblesse dans la chaine,  notamment Muhammad Ibn ‘Amr Ibn ‘Alqamah qui est connu pour sa faiblesse dans le Hadîth malgré qu’il soit réputé honnête[2]. Par ailleurs, d’autres rapportent ce même hadith mais sans l’ajout « toutes en enfer sauf une seule »[3]. La première partie du Hadith a été rapportée par de multiples voies, mais qui sont presque toutes faibles ou très faibles, à l’exception de quelques-unes qui peuvent être considérées comme « bonnes (hassân) » par certains. Sous prétexte qu’aucune voie soit irréprochable, certains réformistes veulent considérer ce hadith comme « forgé », allant trop vite en besogne, car plusieurs voies indépendantes, même faibles, peuvent se renforcer mutuellement, puisqu’il est extrêmement rare que dans ce domaine, des gens à la mémoire défectueuse, aux orientations politiques différentes, ou même parmi les menteurs, qui, sans se connaitre, transmettent la même chose. Tout au plus, ils citent une partie et en extrapolent une autre, ou instrumentalisent un hadith (ou un propos) légitime, à des fins personnelles, passionnelles ou malhonnêtes. Les variantes de ce hadîth remontent à plusieurs Sahaba comme Abû Hurayra, ‘Alî et d’autres.

  Ce que l’on peut dire de tout cela est que, autant de chaines différentes se renforcent mutuellement sur plusieurs points. Qu’il a bien existé 73 sectes (et même plus) chez les Musulmans (et autant ou plus chez les Juifs et les Chrétiens), même s’il ne s’agit pas forcément de grandes sectes (on en trouve des dizaines dans le sunnisme, autant dans le shiisme, plusieurs chez les khawarij, chez les mu’tazilites, chez les réformistes, coranistes, etc.), même si la définition de « groupe » et de « secte » est parfois poreuse ou floue. On peut dire, que dans ce genre de cas, les chiffres avant tout symboliques. C’est sans doute la fin du hadith « tous seront en enfer sauf une » qui est une invention ou plutôt une déduction personnelle d’un des narrateurs, même si l’on peut interpréter aussi ce passage de façon convenable, sous-entendu comme étant toutes les voies hérétiques qui sont fausses et leurs doctrines étant destinées « au feu » – hyperbole afin de marquer les esprits mais sans les exclure pour autant du Pardon divin et du Paradis -, et toutes les voies se rejoignant sur les piliers de l’Islam et de la foi et des bonnes actions constitueront le « groupe (au sens large) sauvé », méritant le Paradis de par leur saine doctrine et leurs bonnes oeuvres.

Il existe néanmoins un hadith mais dont la dernière partie dit : « toutes au Paradis, sauf les hérétiques » – ce qui rejoint l’interprétation du hadîth précédentet par « hérétiques », sans doute celles et ceux qui suivent leurs passions – comme le dit le Qur’ân : « Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion (blâmable) et dont le comportement est outrancier et grossier » (Qur’ân 18, 28) ; « Ne vois-tu pas celui qui a fait de sa passion sa (fausse) divinité ? Est-ce à toi d’être un garant pour lui ? » (Qur’ân 25, 43) ; « Mais s’ils ne te répondent pas, sache alors que c’est seulement leurs passions qu’ils suivent. Et qui est plus égaré que celui qui suit sa passion sans une guidée d’Allâh ? Allâh vraiment, ne guide pas les gens injustes » (Qur’ân 28, 50).

  En substance donc, ce hadith semble plus aborder la chose en usant de l’hyperbole qu’à prendre au sens apparent. Cela met en garde contre les sectes et ce qui s’éloigne des principes de la Religion et de l’exemple pieux des premières générations parmi les Musulmans vertueux.

  Enfin, nous pouvons citer la réponse magistrale du Shaykh Ahmad Al-Alawî dans sa Lettre ouverte à celui qui critique le soufisme[4], dévoilant un autre sens (plus profond) au Hadith, en répondant à un salafi sectaire, notamment concernant ce hadîth. Répondant un jour a un « Shaykh » salafi qui faisait des Sûfis l’un des groupes qui iront en enfer selon la parole du Prophète : « Ma communauté se divisera en 70 et quelques groupes. Tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui auront suivi cette voie qui est la mienne et celle de mes Compagnons », le Shaykh Al Alawî eut la réponse suivante : « Mais pourquoi donc ne cites-tu pas le hadith qu’a rapporté l’Imâm Al-Ghazali dans son Fasl al-tafriqât ? Le Prophète a dit : « Ma communauté se séparera en 70 et quelques groupes. Ils iront tous au Paradis, excepté le groupe des hérétiques ». Bien sûr, ton regard n’est pas tombé sur ce hadith ! Il s’est arrêté à ce qui t’arrangeait pour promettre le feu au reste des Musulmans et vous réserver exclusivement le Paradis, à tes semblables et à toi-même. Dis : « Si la demeure dernière auprès d’Allâh vous est réservée, à l’exclusion de tout autre, souhaitez donc la mort si vous êtes sincères ! ». Mais ils ne la désireront jamais à cause des œuvres qu’ils ont accomplies. Allâh connaît bien les injustes » (Qur’ân 2, 94).

J’imagine que tu dois te demander comment l’on peut concilier ces 2 paroles du Prophète. Tu ne trouveras qu’un sûfi pour résoudre cette difficulté ou d’autres du même ordre. Malheureusement tu ne pourras t’abaisser à le questionner, car la jalousie a clos en toi la porte de l’objectivité et t’empêche de reconnaître tes carences. Quoi qu’il en soit, je dirai ce qu’Allâh a révélé [à ce sûfi] ; à supposer que tu n’en aies pas besoin, cela pourra toujours servir aux autres.

Ces 2 paroles sont aisément conciliables. Il suffit pour cela de considérer que le terme « communauté » désigne l’ensemble de ceux auxquels le message est prêché dans le premier hadith, et l’ensemble de ceux qui répondent à cet appel dans le second. Le sens s’éclaircit dès lors que l’on exploite la forme complète du hadith, qui est le suivante. Le Prophète a dit : « Les Juifs se sont séparés en 71 groupes et les Chrétiens en 72. Quant à ma communauté, elle se séparera en 73 groupes ; tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui suivent cette voie qui est la mienne et celle de mes Compagnons ».

La succession mentionnée met en évidence qu’il existait 70 religions avant la venue de Mûsâ (Moïse) – sur lui la Paix -, la sienne constituant la 71ème. Ces groupes sont voués à l’enfer, en dehors de ceux qui ont suivi cette voie qui était la sienne – sur lui la Paix – et celle de ses Compagnons. L’ensemble des 71 groupes peut être appelé sa « communauté » parce qu’il était l’Envoyé d’Allâh pour cette époque, et que sa prédication s’adressait donc à eux. Après la venue de Jésus – sur lui la Paix -, qui complète le chiffre de 72, tous les groupes autres que ceux qui suivaient sa voie et celle de ses disciples sont destinés au feu. Ahmad – sur lui la Grâce et la Paix – fut par la suite envoyé avec la religion ahmadienne[5] qui correspond au 73ème des groupes mentionnés ; tous sont voués à l’enfer sauf un : c’est le groupe de ceux qui suivent cette voie qui est la sienne et celle de ses Compagnons. Et là encore, le mot « communauté » désigne l’ensemble des gens auxquels sa prédication s’adresse ; il disait en effet : « Je suis l’Envoyé d’Allâh pour tout être humain vivant à mon époque ou né après moi ». Après lui, la religion ahmadienne s’est divisée, selon le deuxième hadith, en 70 et quelques groupes ; ils représentent les différentes écoles et les approches divergentes, dont les partisans iront tous au paradis, à l’exclusion des hérétiques. Voilà ce qu’exigent la bonté Muhammadienne et la Miséricorde divine ! S’il n’en était ainsi, c’est la presque totalité de la communauté qui serait perdue, puisque seule une partie sur 70 et quelques serait sauvée ; d’ailleurs, en l’occurrence, rien ne permet d’identifier clairement cette partie, et ce qui le prouve, c’est que chaque groupe prétend être l’heureux élu[6]. Quant à moi, j’affirme qu’Allâh – gloire à Lui – est conforme à la [bonne] opinion qu’ont de Sa Personne ceux qui croient en Lui, à Son Prophète et au Jour dernier, lorsqu’ils font un effort pour se rapprocher de Lui. S’ils tombent juste, 2 récompenses leur échoient[7], dans l’hypothèse inverse, ils en obtiennent au moins une.

Ils sont donc récompensés quoi qu’il arrive, que tu le veuilles ou non, car les créatures ne sont pas dans l’obligation d’être infaillibles ; elles sont simplement tenues d’essayer d’être dans le vrai, et cela s’explique par la « largesse » de la voie ahmadienne, à laquelle fait allusion ce verset : « Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion » (Qur’ân 22, 78). En témoigne également le hadith marfû[8] rapporté par At-Tabarânî, selon lequel le Prophète a dit : « 300 chemins (tarîqa) différentes mènent à ma loi (sharî’ah). Il suffit de suivre l’un d’entre eux pour être sauvé »[9]. Mais ce qui corrobore plus encore cette idée, c’est le hadith rapporté par As-Suyûtî dans son Jâmi’ al-saghîr, selon lequel le Prophète a dit : « Dans toute communauté, une partie des gens va au paradis tandis qu’une autre se retrouve dans le feu, sauf dans le cas de ma communauté qui, tout entière, ira au paradis », et – s’il plaît à Allâh – il en sera bien ainsi ! ».

 En somme, ce hadith ne restreint pas la bien-guidée à un seul groupe particulier (sunnite, shiite, mu’tazilite, ibadite, salafi, etc.), mais plutôt, à toutes les personnes qui essayent sincèrement et tant bien que mal, de suivre la bonne guidée, qui est celle d’Allâh (et du Qur’ân), de Son Envoyé Muhammad (ﷺ) et de son entourage (les Ahl ul Bayt et les nobles Sahaba) comme l’indique très clairement le Qur’ân, en se conformant autant que possible aux piliers de l’Islam et de la foi, à l’accomplissement des bonnes œuvres, à cultiver sa confiance en Lui autant que l’intelligence, la piété, la sagesse, la connaissance bénéfique et profitable, le bon caractère, l’endurance, le sens de la justice, etc. pour tendre vers le modèle prophétique qui est la mise en pratique de l’éthique qurânique.

L’argument wahhabite ne tient pas debout, car les sunnites traditionnels par exemple, qui suivent le Qur’ân et la Sunnah, et adoptent les avis les plus sûrs et les méthodologies d’éminents Salafs (‘Alî Zayn ul Abidîn, Muhammad al-Baqîr, Zayd Ibn ‘Alî, Ja’far as-Sâdiq, Abû Hanifa, Ahmad, As-Shafi’î, Ahmad, Sufyân at-Thawrî, At-Tabarî, al-Bukharî, Al-Harith al-Muhasibi, Junayd, Hassân al-Basrî, Sahl al-Tustarî, Dhû-l-Nûn al-Misrî, ‘Abdullah Ibn al-Mubarâk, Bishr al-Hafi, Yahya Ibn Mu’âdh Ar-Râzî, Fudhayl Ibn ‘Iyyâd et tant d’autres), en suivant aussi leurs méthodes dans la ‘aqida, le Tasawwuf, l’adab et le fiqh (notamment en prenant en compte le ‘urf, le qiyâs/analogie, la pratique notoire/mutawatir, le moindre mal, le contexte, l’intérêt général, etc. qui imposent parfois d’adopter d’autres avis plus adaptés), tout cela concerne les sunnites traditionnels, qui les suivent dans la ‘aqida, le fiqh, le Hadith (et la façon de comprendre ou d’appliquer les ahadiths), la langue arabe, le Tafsîr ou le Tasawwuf, tandis que dans tous ces domaines, la plupart des salafis ne les suivent pas, ou que très partiellement, et sans profonde sagesse ou science, connaissant très mal les principes et règles théologiques, juridiques et exégétiques par rapport au Qur’ân, à la Sunnah et au Hadith, à la Sirah, au fiqh, etc., et sans parler de leur ignorance ou de leur rejet « volontaire » du Tasawwuf, qui est pourtant une dimension qui a été expérimentée et codifiée par d’éminents Salafs, y compris par l’imâm Ahmad et l’imâm Mâlik, ainsi que par l’imâm As-Shafi’i, l’imâm Abû Hanifa et d’autres, comme l’ont authentiquement attribué par exemple Ibn Taymiyya, Ibn al-Qayyîm et Ad-Dhahabî, qui sont pourtant des références (sur le plan théorique du moins) chez les salafis, quand ils parlent des anciens savants, mais dont ils connaissent très peu l’étendue de leurs oeuvres.
Enfin, on sait qu’une personne ne peut guère être orthodoxe et bien-guidée à la fois, si après avoir eu connaissance des Textes et des réalités spirituelles, rejette, refuse ou méprise certaines dimensions de l’Islam (en lien avec l’Islâm/fiqh, l’imân/’aqida et l’ihsân/spiritualité), les nobles Compagnons (comme Abû Bakr, ‘Umar, Salmân, ‘Uthmân, Bilâl, Abû Dharr, Miqsad, Mû’adh Ibn Jabal, Al-Zubayr, Talha, etc.), les épouses du Prophète (Khadija, ‘Aîsha, Hafsa, Umm Salama, Zaynab, Safiyya, …), les Ahl ul Kissa (‘Alî, Fatima et leurs enfants, ainsi que leurs descendants), l’entourage familial du Prophète (en plus de ses épouses : ses enfants, ses parents, ses tantes et oncles qui l’ont suivi, ses cousins et cousines, et leurs enfants) et tous ceux qui sont aimés d’Allâh et de Son Messager comme les croyants vertueux, les enfants, les âmes bienfaisantes, pures et justes, etc. De même que le Qur’ân précise ceux qu’Allâh aime, parmi les croyants manifestant les nobles qualités comme la justice, l’équité, la piété, l’humilité, la sagesse, la science utile, la spiritualité, l’ascétisme, la bienfaisance, la bonté d’âme, la pureté spirituelle du coeur, l’endurance, ceux qui pardonnent aux autres et maitrisent leur colère et qui refusent de céder à leurs passions ou aux péchés de la main du coeur et de la langue (comme la médisance, la méchanceté, la vulgarité, la diffamation, la calomnie, etc.).


Notes :

[1] Rapporté selon Abû Hurayra par Abû Dawûd dans ses Sunân n°4596, Ahmad dans son Musnad n°8396, Abû Ya’la dans son Musnad n°5910, At-Tirmidhî dans ses Sunân n°2640, Al-Bayhaqî dans ses Sunân al-Kubrâ n°20901, Al-Hakim dans Al-Mustadrak n°10, 441 et 442, Ibn Hibbân dans son Sahîh n°6247 et 6731 et quelques autres.

[2] Ibn Sa’d rapporte dans At-Tabaqât al-kubrâ 1/363 notice 283 qu’il est affaibli dans le hadîth. L’imâm al-Jurjânî (m. 365 H) le cite dans al-Kâmîl fî Du’afa ar-Rijâl 7/456 notice 1693 et dit que des savants l’affaiblissent dans le hadîth et que d’autres comme Yahya Ibn Qattân ou Abû Hâtim et d’autres le déclarent honnête comme ibn al-Madinî. Muslim et al-Bukharî ne le citent que si d’autres rapporteurs dignes de confiance disent la même chose que lui, sinon non.

[3] Rapporté par Ibn Abî ‘Asim dans As-Sunnah n°67.

[4] Edité à plusieurs reprises, notamment aux éd. La Caravane en 2001 puis en 2004, aux éd. Entrelacs en 2011, …

[5] Allusion au hadith rapporté par Ahmad dans son Musnad et As-Suyûtî dans Jâmi’ al-saghîr : « J’ai été envoyé avec la hanîfiyya samha » ; la hanîfiyya désigne le monothéisme abrahamique pur, une voie fondée sur le fait qu’elle est facile (samha) et simple à saisir et à pratiquer, ainsi qu’indulgente et miséricordieuse, conformément au Qur’ân, et une voie promouvant la confiance en Lui seul et les bonnes actions à accomplir, ainsi que l’éducation spirituelle.

[6] Allusion au Hadith qûdsi rapporté par al-Bukharî et Muslim dans leur Sahîh : « Allâh – exalté soit-il – a dit : « Je suis conforme à l’opinion que Mon Serviteur se fait de Moi… » ». Dans d’autres variantes de ce hadith, le Discours divin continue ainsi : « Alors qu’il pense de Moi ce qu’il veut », ou encore : « Alors qu’il ait une bonne opinion de Moi ».

[7] Allusion au hadith rapporté par Muslim dans son Sahîh n°4261 indiquant une récompense pour la sincérité de l’intention de bien faire, et l’autre pour le bon résultat qui en découlerait, ici parlant de la fonction de juge ou de juriste, et plus généralement de savant, mais pouvant concerner toute personne qui serait légitimement amenée à rendre un jugement sur une affaire quelconque.

[8] Dans la terminologie de la science du Hadith, le hadith dit « marfu’ » est un hadith qui remonte jusqu’au Prophète Muhammad (ﷺ).

[9] Le terme « tariqa » selon les contextes peut désigner une voie/confrérie spirituelle et sûfie, un chemin, une voie, une méthode, etc. Dans ce hadith, cela peut désigner aussi toutes les méthodes et écoles légitimes – juridiques, spirituelles, théologiques, sociales, politiques, etc. – visant à incarner les valeurs de l’islam, à pratiquer les rites musulmans, à faire le bien, à cultiver la sagesse et la spiritualité, etc., qui rapprochent d’Allâh et de Sa Satisfaction, wa Allâhu a’lam. Chaque sensibilité tend naturellement vers des méthodes légiférées plus adaptées à elle, préférant certaines bonnes œuvres ou activités par rapport à d’autres (tout aussi légitimes). Par exemple, apprendre, mémoriser, réciter ou transmettre le Qur’ân est méritoire, tout comme le fait de jeûner, de prier, de donner la charité, d’aider les orphelins, d’assister les opprimés, de construire des hôpitaux ou des écoles, d’améliorer le quotidien des gens, etc., l’un ne s’oppose pas à l’autre dans ce genre de cas.


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