Les femmes et l’Islam, entre Tradition et modernité, la politique et le monde du travail

Loin des préjugés actuels – en vogue dans les milieux islamophobes comme culturels/sexistes -, beaucoup de points doivent être clarifiés, à partir des sources et principes mêmes de l’Islam, confortés ou développés parfois par de grands savants musulmans tout au long de l’histoire musulmane.

Il est admis de façon catégorique qu’une femme peut hériter (1), choisir son mari, demander le divorce (dans un certain nombre de cas de figure), signer un contrat, acheter, vendre, travailler (dans les endroits sains et sécurisés, et dans un domaine licite – comme pour les hommes -), étudier, enseigner (jusqu’à devenir une savante ou une autorité dans son domaine, diriger la prière (pour les femmes ou pour les gens de sa famille plus ignorants qu’elle, cf. le hadith de Umm Warawa, qui a été utilisé comme preuve par de grands savants et imâms comme Ahmad et At-Tabarî, mais que certains savants ont interdit en se basant sur un hadith jugé faible), surveiller les marchés avec un fouet comme As-Shifa’ bint Abdullah à Médine sous le califat d’Umar ibn al Khattab et Samrâ bint Nuhayk à la Mecque, Yahya Ibn Sulaym relatait à ce propos : « J’ai vu Samrâ bint Nuhayk avec une veste ample, et un voile, en train de rappeler les gens à l’ordre, ordonner le bien et interdire le blâmable », elle était donc chargée de surveiller et d’inspecter les lieux, ainsi que de sermonner sagement les hommes et les femmes qui troublaient l’ordre public (2). Elle peut aussi avoir un poste élevé en tant que mufti (cf. ‘Aisha bint Abî Bakr, l’épouse du Prophète), diriger sa propre entreprise/commerce (comme Khadija bint Khuwaylid, la 1ère épouse du Prophète ; autorisation qui n’a jamais été abrogée ou blâmée du vivant du Prophète) ou dans une mosquée (cf. ‘Aîsha qui enseignait dans la mosquée tout en la gérant en partie, ainsi que les femmes musulmanes au Moyen-âge, notamment Anas Khatun, la femme d’Ibn Hajar al ‘Asqalânî), et même, de façon exceptionnelle, par la force des choses, devenir cheffe de guerre ou gouverneuse en quelque sorte comme Sayyida al-Hurra (Sayyida al-Hurra bint Ali ibn Rashid au 16e  siècle, connue pour la lutte qu’elle mène contre les Portugais qui occupent Ceuta et pour son alliance avec le corsaire turc et gouverneur de la régence d’Alger, Arudj Barberousse, princesse de Tétouan, régente de la cité de 1515 à 1542) ou un peu plus tard comme Lalla Fatma N’Soumer dans sa lutte contre les colons français en Algérie au 19e siècle. De même en ce qui concerne le Sultanat ou les hautes fonctions politiques ou militaires que ce soit en Egypte, en Inde musulmane, au Yémen ou en Indonésie, et ce avant l’époque moderne (où le monde musulman connait aussi des femmes musulmanes présidentes et ministres – sans que cela soit instrumentalisé pour des raisons politiques et idéologiques comme en Occident, et où des femmes présidentes devancent donc des pays comme la France ou les Etats-Unis qui n’ont pas encore connu de femmes à cette fonction).

Parmi les grandes figures féminines du passé dans le monde musulman, nous pouvons ainsi citer :

– Al-Khayzuran bint Atta (m. 789), est l’épouse du calife abbasside Al-Mahdi et la mère des califes Al-Hadi et Harûn al-Rashid. Elle règne de facto de 775 à 789 sous les règnes de son mari et de ses fils et est connue pour son immense influence sur les affaires de l’État. Même si elle ne dirige pas officiellement, est la première femme dans l’histoire des musulmans à avoir des pièces d’or frappées à son nom et devint l’une des femmes les plus puissantes de son temps sous le nom de son mari et de ses fils.

– Asma Bint Shihab al-Sulayhiyya (m. 1087) était la reine du Yémen et co-dirigeante de 1047 à 1087, et fut très proche de Arwa al-Sulayhi, sa belle-fille.

– Sayyadiah Bint Ahmad (+- 1048 – 1138 à l’âge de 90 ans), plus connue aujourd’hui sous le nom d’Arwa al-Sulayhi, est la souveraine ayant régné sur le Yémen le plus longtemps, d’abord à travers ses deux 2 maris puis seule, jusqu’à sa mort, pendant 40 ans. Arwa Al Sulayhi a atteint une position unique dans l’histoire des femmes musulmanes. Elle a été la première femme dans le monde musulman à se voir accorder le titre prestigieux de Hujjat en 1084 par l’imâm Al-Mustansir Billah, au sein du courant batinite/ismaili. Certains récits et plusieurs sources indiquent cependant qu’elle pouvait ne pas être « totalement » batinite, mais être plus indépendante que cela (par rapport à ce courant), et plusieurs personnes l’ont décrit comme étant pieuse, connaisseuse du Qur’ân et intègre. Idris Imad al-Din l’a décrite comme « une femme d’une grande piété, intégrité et excellence, d’une intelligence et d’une érudition parfaites (…) » (3). Umara la décrit comme « (…), en plus du don de l’écriture, [elle] possédait une mémoire rémanente stockée avec la chronologie du temps passé » (3) et a également décrit sa connaissance du Qur’ân, sa mémoire de la poésie et de l’histoire, et son habileté à traduire et à interpréter des textes (4). A notre époque, Farhad Daftary a caractérisé Arwa comme ayant eu une personnalité plutôt indépendante (3).

– Zaynab an-Nafzâwiyyah (1039 – 1071 ou 1075 ; en berbère Zineb Tanefzawt), a été une femme berbère très influente du 11e siècle, dans les débuts de la dynastie almoravide. Elle eut 3 époux au cours de sa vie, dont le dernier était le célèbre dirigeant Yusuf ibn Tashfin (m. 1106), faisant d’elle de facto la co-dirigeante. Elle fut, avec son époux, à la base de la création de Marrakesh, capitale almoravide, et devint reine de Marrakesh et pris le contrôle du Maghreb, et d’une partie de l’Espagne. Dans un ouvrage datant du 12e siècle, intitulé Kitab al-Istibsar, il est dit : « A son époque, il n’y avait personne de plus belle ou intelligente ou plein d’esprit … elle était mariée à Yusuf, qui a construit Marrakech pour elle ».

– Hafsa bint al-Hajj al-Rukuniyy (+- 1135 – 1191) était une arabo-berbère musulmane, aristocrate, bien éduquée et poétesse de renom, devenue enseignante pour éduquer les filles du calife Abû Yûsuf Yaqub al-Mansur à Marrakesh.

– Keumalahayati ou Malahayati (16e siècle) est l’une des premières femmes (ou la première femme) à avoir porté le titre d’amirale à son époque. Elle est née au 16e siècle durant le sultanat d’Aseh, royaume musulman d’Indonésie. Après avoir été formée aux sciences islamiques, elle poursuit une formation dans le domaine militaire et est nommée par la suite Commandante de la Garde Royale du palais et Ministre des affaires étrangères du Sultanat. Elle est encore célébrée de nos jours à Sumatra dans de nombreuses institutions.

– Nana Asma’u (1793 – 1864), née au Nigéria en 1793 était, en plus de devenir une princesse, savante, poétesse, philosophe, artiste, enseignante, et célèbre diplomate. Elle rédigera plus de 60 ouvrages à visée pédagogique sur des thématiques assez variées comme le droit, l’histoire, la théologie, la politique, la littérature, la poésie, etc. Nana Asma’u s’est battue toute sa vie pour améliorer les droits des femmes. Elle est la fille du célèbre calife Usman dan Fodio, un savant musulman orthodoxe et sûfi qui fondera le califat de Sokoto. Elle parlait l’arabe, le peul, le haoussa et le touareg, et oeuvra pour enseigner aux femmes leurs droits et leur implication dans la société, dans de bonnes conditions et selon les dispositions de la Loi divine (dans un cadre alliant piété, pudeur, dignité, productivité et sérénité). Elle décéda en 1864, et son combat, tout comme sa personnalité, sont à bien des égards, un exemple pour les femmes, et un modèle de femme réellement « libre » par la piété religieuse, la dignité, la spiritualité et l’intellectualité, précédant et surpassant de loin les pseudo-combats féministes en vogue actuellement en Occident. Elle s’inspira de la personnalité éminente de son père Calife, qui disait ceci : « Un gouvernement doit être fondé sur 5 choses :

    – le pouvoir ne doit pas être donné à celui qui le cherche ;

    – la nécessité de la consultation ;

    – l’abstention de la violence ;

    – la justice ;

    – la bienfaisance ».

Récemment en 2021, une biographie lui a été entièrement consacrée par Patricia Mons, Nana Asma’u, un idéal féminin, aux éditions Albouraq.

– Shajar Al Durr (m. 1257) est une femme musulmane devenue sultane après la mort de son 1er époux lors de la 7ème croisade contre l’Egypte (1249 – 1250). Bien que ses origines ne fassent pas l’objet d’un consensus, il se peut qu’elle soit bien en partie d’origine turcique, arménienne, bédouine, circassienne et grecque. Elle fut décrite comme une femme pieuse (s’acquittant des rites islamiques et ayant un bon caractère), belle et intelligente, comme le relate par exemple l’historien Ibn Taghribirdi dans al-Nujum al-Zahira (6/102-273) à qui l’on doit notamment des œuvres importantes comme al-Nujum al-zahira fi muluk Misr wa’l-Qahira (qui décrit la période historique en Egypte depuis la présence militaire musulmane en 641 jusqu’en 1468) et al-Manhal al-ṣāfī wa-al-mustawfá baʻda al-wâfī qui est un dictionnaire biographique de 3000 biographies sur les sultans, princes, dignitaires et savants. Il écrivit aussi quelques autres ouvrages. L’historien et savant Al-Maqrizi dans al-Mawaiz wa al-‘i’tibar bi dhikr al-khitat wa al-‘athar,Matabat aladab (1/459-462) relate un certain nombre de détails importants sur le contexte de l’accession au pouvoir de Shajar Al-Durr, où après l’assassinat de Turanshah, les Mamelûks et les émirs se sont rencontrés au Sultanic Dihliz (tente royale du Sultan) et ont décidé d’installer Shajar al-Durr comme nouveau monarque avec Izz al-Din Aybak comme Atabeg (commandant en chef). Shajar al-Durr en a été informée à la Citadelle de la Montagne au Caire et accepta. Shajar al-Durr prit alors le nom royal « al-Malikah Ismat ad-Din Umm-Khalil Shajar al-Durr » avec quelques titres supplémentaires tels que « Malikat al-Muslimin » (Reine des musulmans) et « Walidat al-Malik al -Mansûr Khalil Emir al-Mu’minin » (Mère d’al-Malik al-Mansûr Khalil Emir des croyants). Elle a été mentionnée dans les prières du vendredi dans les mosquées avec des noms tels que « Umm al-Malik Khalil » (mère d’al-Malik Khalil) et « Sahibat al-Malik as-Salih » (épouse d’al-Malik as-Salih). Des pièces ont été frappées avec ses titres et elle a signé les décrets avec le nom Walidat « Khalil ». Utiliser les noms de son défunt mari et de son fils décédé était aussi un moyen de gagner le respect et la légitimité de son règne en tant qu’héritière du sultanat. Elle joua aussi un rôle important durant cette période en Egypte musulmane, et eut un rôle déterminant dans la fondation de la dynastie Mamelûk. Son parcours remarquable fut malencontreusement entaché par un retournement tragique. En effet, bien qu’elle fit à l’adversité et aux obstacles avec intelligence et bravoure, sa chute fut provoquée par la polygamie de son mari. Très jalouse, elle avait déjà exigé de son premier mari qu’il divorce d’avec sa femme légitime. Et lorsque son second époux Mu’izz Aybak al-Turkomani, prit une seconde épouse, elle devint folle de rage et de jalousie, planifiant alors son assassinat dans un hammam, au moment, ordonnant à ses domestiques de le transpercer. Cet assassinat provoque d’intenses émotions et confusions, jetant l’armée dans un désarroi profond, se scindant entre les partisans de l’époux assassiné et les partisans de Shajar ad-Durr. Elle fut finalement arrêtée, initialement assignée à résidence au Borjd al-ahmar (la citadelle rouge) avant de finir à son tour, assassinée.

– Sitt Al Mulk (+- 970 – 1023) – La Dame du Royaume -, était une princesse fatimide. Après la disparition de son demi-frère, le calife al-Hakim bi-Amr Allah, en 1021, elle joua un rôle stratégique dans l’obtention de la succession de son neveu Ali az-Zahir et a agi en tant que dirigeant de facto de l’État jusqu’à sa mort le 5 février 1023. Le père de Sitt Al Mulk instruisit sa fille dans les affaires politiques, et fit d’elle l’une de ses conseillères. Sur certains aspects, on lui reconnait une tolérance religieuse à l’égard des non-musulmans là où certains dirigeants fatimides étaient plus intolérants (notamment envers les autres courants de l’Islam).

– Zumurrud Khatûn (m. vers 1140), était la régente de Damas entre 1135 et 1138. Elle était la fille de Safwat al-Mulk, et se maria avec Buri b. Tughtekin avec qui elle eut un fils. En 1132, son fils Shams al-Mulk Ismâ’îl devint le roi de Damas. Elle ne s’entendait pas très bien avec son fils aîné, et en apprenant que ce dernier souhaitait proposer le pouvoir à Imad al-Din Zengi, elle ordonna à ses soldats mamelûks d’assassiner son fils en sa présence dans la citadelle de Damas le 14 février 1135. Elle a fait jeter son corps par la fenêtre et son action a été bien accueillie par certains de ses partisans. Après l’assassinat de son fils aîné, elle fit placer son deuxième fils Shihab al-Din Mahmud sur le trône. Elle s’est assise côte à côte avec Mahmud et ils ont reçu ensemble le serment de loyauté de l’élite de Damas. Il est rapporté à ce sujet : « Les émirs, les soldats et les nobles ont été forcés de le reconnaître et de prêter le serment d’allégeance à tous les deux, qu’ils serviraient sincèrement les deux, et soutiendraient leurs partisans et apercevraient leurs ennemis ». Pour les sources, se référer à Taef El-Azhari, Queens, Eunuchs and Concubines in Islamic History, 661–1257, Edinburgh University Press, 2019.

– Vaifa (Dayfa) Khatûn (m. 1242), princesse ayyûbide, qui devint la régente entre 1236 et 1242 lorsque son petit-fils était encore trop jeune pour diriger le Sultanat. Elle joua un rôle important dans le patronage architectural de la ville d’Alep, et fut responsable de la construction de la madrassa Firdaws. Elle se chargea également – au moins en partie – de la Khanqah al-Farafra, un lieu réservé aux femmes sûfies et ascétiques, où alors aux femmes veuves, divorcées ou pauvres qui n’avaient pas d’autres endroits où se loger. C’était un lieu où les femmes recevaient aussi une bonne éducation religieuse et sociale – parfois aussi scientifique et/ou artistique -. Safwat al-Mulk, princesse seljukide, ordonna la réalisation d’une coupole funéraire pour elle et son fils. Cette coupole faisait partie d’un plus grand complexe à l’ouest de Damas qui abritait une mosquée et un hospice sûfi. Tout comme Dayfa Khatûn, le patronage de Safwat al-Mulk était centré sur la religion en général (comprenant des oeuvres de bienfaisance et de charité) et le Tasawwûf en particulier, comme c’était la norme pour les mécènes de l’époque. Dayfa et Safwat étaient fort appréciées d’une bonne partie des savants et du peuple.

– Raziya ud-Din Sultana (1205 – 1240), de son nom Raziyyat ud-Dunya wa ud-Din, fille du Sultan Mamelûk Shamsuddin Iltutmish, il la désigna pour gérer les affaires administratives du Sultanat de Delhi (dans le nord de l’Inde) en 1231-1232 lorsqu’il était occupé avec la campagne militaire de Gwalior. Recevant le soutien de nobles d’origine turcique, mais les ayant en quelque sorte trahi et déçu en plaçant certains de leurs rivaux à des postes importants, fit qu’elle dût renoncer au trône après plus de 3 ans de règne en avril 1240. Elle se maria avec Ikhtiyaruddin Altunia – l’un des rebelles – dit-on dans l’optique de regagner le trône, mais en vain, puisque ce fut son demi-frère Muizuddin Bahram qui accéda au trône, mais qui fut tué environ 2 ans après. Enlevée du trône, elle fut confiée à son ami d’enfance Altunia qui prit soin d’elle, vivant ainsi le reste de sa vie dans une résidence confortable mais surveillée. Ibn Battuta a rapporté dans ses chroniques à son sujet : « Elle régnait comme un monarque absolu [et] montait à cheval comme un homme, armé d’arc et de carquois ». Consulter Gavin R. G. Hambly, Women in the Medieval Islamic World. New York : St. Martins Press, 1999. Sunil Kumar, Sultan Raziyya Bint Iltutmish, Oxford Encyclopedia of Women in World History. Bonnie G. Smith, ed. Vol. 1 Oxford : Oxford University Press, 2008. Rafiq Zakaria, Raziya : Queen of India, Oxford, Oxford University Press, 1966.

– Sayyida al-Hurra (1485 – 1561) de son nom Lalla ‘Aîsha bint ‘Alî ibn Rashid al-Alami, fut gouverneure de Tétouan (actuel Maroc) et sillonnait la mer sur son navire de guerre. Elle épousa le Sultan Ahmad ibn Muhammad al-Wattasi. Alliée du célèbre Corsair Ottoman Hayrettin Barbarossa, elle contrôla la partie Ouest de la Méditerranée, et lui la partie Est. Il est dit qu’elle était une femme musulmane très instruite, descendante du savant et Saint (Sûfi) Abd as-Salam al-Alami, lui-même descendant de l’imâm Hassân Ibn ‘Alî, petit-fils du Prophète. Pendant environ 30 ans, elle gouverna et fut une combattante en même temps, au service de sa Foi et de son peuple.

– Taj al-‘Alam (1612 – 1675), de son nom Sulṭâna Taj ul-Alam Safiatuddin Syah. Elle fut la 14ème dirigeante du Sultanat d’Aseh en Indonésie. Fille du Sultan Iskandar Muda et l’épouse de son successeur, Iskandar Thani, elle devint sulṭâna à la mort de son mari et régna de 1641 à 1675, étant la première des 4 femmes à occuper successivement le poste. Le principal écrivain officiel de son règne fut Abdurrauf de Singkil, qui écrivit sur la jurisprudence Shafi’ite ainsi que sur le Tasawwuf. Une prolifération de la littérature et de l’apprentissage des sciences islamiques sous le règne de Taj ul-Alam et des 3 reines qui lui ont succédé. Cette renaissance intellectuelle était notamment le fruit d’une collaboration efficace entre les sultanes (reines) et les savants musulmans. Les 3 autres sultanes étaient Nurul Alam Naqiatuddin Syah (m. 1678) lui succéda de 1675 à 1678, puis lui succéda Inayat Zakiatuddin Syah (+- 1645 – 1688) qui régna de 1678 à 1688 et qui demanda au Shaykh Abdul Ra’uf le commentaire du recueil des 40 ahadiths d’An-Nawawî, et enfin, ce fut Zainatuddin Kamalat Syah (m. 1700) qui lui succéda et qui règne entre 1688 et 1699. Son successeur, que certains estiment avoir été son mari, est Badr ul-Alam Syarif Hasyim Jamaluddin, un arabe descendant du Prophète Muhammad. Se référer notamment à Sher Banu Khan, The sultanahs of Aceh, 1641-99, 2010, in Arndt Graaf et al. (eds), Aceh: History, Politics and Culture. Singapore: ISEAS, pp. 3–25.

– Lalla Fatma N’Soumer (1830 – 1863), célèbre figure musulmane, berbère et féminine de la résistance du Maghreb face aux envahisseurs français. Son courage, sa bravoure et sa force s’illustrèrent notamment lors des Batailles du Haut Sebaou, du col de Chellata et d’Aît Aziz. Elle combattit de 1849 (lorsqu’elle avait environ 19 ans) jusqu’en 1857, soit quelques années avant son décès. Son père Sidi M’Hamed Bou Qobrine était le responsable d’une école qûranique et un éducateur dans la tariqa sûfie Rahmaniyya. Outre son aspiration à la spiritualité et à la méditation, elle participa aussi dans les affaires politiques et militaires de son peuple face à la colonisation française. En 1849, Fatma N’Soumer entre dans la résistance et se rallie à Si Muhammad Al-Hashemi, un Shaykh sûfi qui participe à l’insurrection du Shaykh Bumaza dans le Dahra en 1847 (5). En 1850, elle soutient le soulèvement du Shérif Boubaghla venu de la région des Babors. L’assemblée de Soumeur, Tajmaât, autorité politique du village, délègue Lalla fatma et son frère Sidi Tahar, maîtres éducateurs, pour diriger les Imseblen (volontaires de la mort) venus de nombreux villages de la contrée du Djurdjura tels qu’Aït Itsouregh, Illilten, Aït Iraten, Illoulen u Malou. En 1854, elle remporte sa première bataille face aux forces françaises à Tazrouk (près de Aïn El Hammam), connue sous le nom de bataille du Haut Sebaou. Elle dure 2 mois de juin à juillet 1854. Les troupes françaises sont vaincues et contraintes de se retirer. Les villages environnants sont toujours indépendants. Les troupes françaises estimées à 13 000 hommes dirigés par les généraux Mac Mahon et Maissiat sont confrontées à une forte résistance. En 1857, les troupes du maréchal Randon réussissent à occuper Aït Iraten à la suite de la bataille d’Icheriden. Les combats sont féroces, et les pertes françaises considérables (6). Fatma forme un noyau de résistance dans le hameau Takhlijt Aït Aatsou, près de Tirourda. Le 11 juillet 1857, Fatma est arrêtée par le général Youssouf. Elle est conduite au camp du maréchal Randon à Timesguida, et est emprisonnée dans la zaouia d’El-Aissaouia, à Tablat, placée ensuite en résidence surveillée sous la garde de si Tahar ben Mahieddine. Elle y meurt en 1863, à l’âge de 33 ans, éprouvée par son incarcération et affectée par la mort de son frère en 1861. Les chefs, Si Hadj Mohand Amar, Si Seddik Ben Arab, Si El-Djoudi et Sidi Tahar, sont contraints de se rendre. Émile Carrey, écrivain, et Alphonse François Bertherand médecin lors de la campagne de Kabylie en 1857, tous 2accompagnant les troupes françaises la décrivent ainsi : « Seule la prophétesse, formant disparate avec son peuple, est soignée jusqu’à l’élégance. Malgré son embonpoint exagéré, ses traits sont beaux et expressifs. Le kohl étendu sur ses sourcils et ses cils agrandit ses grands yeux noirs. Elle a du carmin sur les joues, du henné sur les ongles, des tatouages bleuâtres, épars comme des mouches sur son visage et ses bras, ses cheveux noirs soigneusement nattés, s’échappent d’un foulard éclatant, noué à la façon des femmes créoles des Antilles. Des voiles de gaze blanche entourent son col et le bas de son visage, remontant sous sa coiffure comme les voiles de la Rebecca d’Ivanhoé. Ses mains fines et blanches sont chargées de bagues. (…) Fatma est une espèce d’idole, d’une tête assez belle mais tatouée sur tout le corps et d’un embonpoint tellement prodigieux que quatre hommes ne pouvaient l’aider à marcher ….tous les soldats criaient « Place à la reine de Pamar » et faisaient sur son compte milles bonnes ou mauvaises plaisanteries. Le lendemain on lui rendit la liberté mais du moment où elle est entre nos mains, toute résistance cessa » (7). Les colons qui ignoraient tout du Tasawwuf et de la spiritualité, voyaient en elle une « prophétesse » alors qu’elle-même et ses semblables n’y voyaient pas du tout une « prophétesse », mais une « commandante » doublée d’une aura spirituelle en lien avec son rattachement à la tariqa sûfie de la Rahmaniyya (8). Elle était par ailleurs aussi généreuse envers les pauvres, et était très proche et attaché à son frère frère Mohamed Sidi-Taieb, dont il est rapporté qu’elle s’adoucissait énormément en sa présence (9). Son frère, lui aussi sûfi, couvert de cicatrices de guerre est décrit comme un guerrier brave, combatif et défenseur des libertés. Il s’engage dans la résistance contre la colonisation des troupes françaises. Consulté comme sage, d’une filiation vénérée et émancipée, appartenant à une famille de maîtres sûfis de la tribu des Illilten.

– Cut Nyak Dien (1848 – 1908) et Cut Nyak Meutia (1870 – 1910) étaient des femmes indonésiennes rattachées au Sultanat d’Aseh, célèbres pour leur résistance face à la colonisation hollandaise. Cut Nyak Meutia et son mari Muhammad Teuku Cik Tunong devinrent des héros nationaux. En effet, son mari devint le chef du district de Keureutoe, et de 1901 et 1903 il devint commandant et remporta plusieurs batailles, mais fut capturé puis tué en 1906. Souhaitant venger son défunt mari et continuer le combat, elle rejoint le combat aux côtés du nouveau commandant, Pang Nanggroe, qu’elle épousera ensuite. Pang Nanggroe fut également tué lors de la bataille du 26 septembre 1910. Sa mort fit finalement de Cut Nyak Meutia le nouveau commandant, avec seulement 45 hommes et 13 canons restants. Mais peu de temps après, Cut Nyak Meutia fut retrouvée par les Hollandais en septembre 1910 dans sa cachette de Paya Cicem, où elle résista à la capture, brandissant un rencong, jusqu’à ce que les troupes néerlandaises lui tirent une balle dans la tête et la poitrine. Quant à Cut Nyak Dhien, elle combattit courageusement jusqu’à ce que son état de santé l’affaiblisse au point de ne plus pouvoir poursuivre la résistance. Les forces d’occupation hollandaises, craignant son influence et sa capacité de mobilisation des forces locales, l’exile à Sumedang jusqu’à sa mort.

Rien n’interdit donc en soi à une femme d’occuper une fonction politique ou sociale, voire même de gouvernance (mais cela fait l’objet d’une divergence politique selon un hadith circonstanciel rapporté par al-Bukharî, mais qui a fait l’objet de certaines critiques). Plusieurs femmes ont été sultanes à travers l’histoire musulmane (Inde, Yémen, Egypte, …) comme nous l’avons vu, et aujourd’hui plusieurs femmes sont 1er ministre dans le monde musulman. Au Bangladesh il y avait Nurjahan Murshed (Ministre d’état, ministre de la Santé et de la Protection sociale entre 1972 et 1973, Ministre des Affaires sociales et du Planning familial entre 1973 et 1975), Badrunnessa Ahmed (Ministre de l’Education entre 1973 et 1975) ; au Bahreïn on peut citer Hind bint Sulman Al-Khalifa (Sous-secrétaire d’Etat au Travail et aux Affaires sociales en 2000), Nada Abbas Haffad (Ministre de la Santé entre 2004 et 2007) ; aux Emirats Arabes-Unis Aysha al-Sayâr (Vice-ministre de l’Education en 1996), Lubna al-Qassemi (Ministre du Plan économique en 2004) ; au Koweït Rasha as-Sabakh (Sous-secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur en 1991), Massouma al-Mubarak (Ministre du Plan et du Développement administratif en 2005) ; en Oman il y a Rajiha bint Abdul Ameer Bin Al (Sous-secrétaire d’Etat au Développement entre 1995 et 2004 et Ministre du Tourisme depuis 2004) ; en Palestine il y avait Intissar al-Wazir (Ministre des Affaires sociales entre 1994 et 2000 et entre 2000 et 2003 et entre 2003 et 2005) ; au Qatar il y avait la ministre de l’éducation de 2003 à 2009, Shaikha bint Ahmad la fille de Ahmad Ibn Abdullah al-Mahmûd (Secrétaire d’Etat à l’éducation et à l’Enseignement supérieur entre 1996 et 2003 et Ministre de l’éducation en 2003) ; au Yémen on peut citer aussi Amat Al-Aleem Alsoswa (Sous-secrétaire d’Etat à l’Information entre 1991 et 2000, et Ministre des Droits de l’Homme entre 2003 et 2005. En Indonésie il y avait la présidente Megawati Sukarnoputri (née en 1947), présidente du 23 juillet 2001 au 20 octobre 2004. Au Kosovo il y a Atifete Jahjaga (née en 1975) qui est la troisième et actuelle présidente de la République du Kosovo (depuis 2011 jusqu’à nos jours en 2017). Aux Emirats Arabes-Unis, dans le domaine politico-économique il y a Sheika Lubna al Qasimi. À 53 ans, elle est classée première dans le classement 2015 des femmes arabes membres de gouvernement par Forbes. Sheika Lubna al Qasimi est diplômée de l’Université de Californie. Après avoir été ministre de l’économie, du Commerce international, de la Coopération internationale et du développement, elle est aujourd’hui à la tête du ministère de la Tolérance des Émirats Arabes Unis. Puissante et experte dans son domaine, Lubna Al Qasimi est aussi celle qui a ouvert la voie de la politique aux femmes de son pays. En 2004, elle est en effet la première citoyenne des Émirats arabes unis à entrer au gouvernement en tant que ministre de l’Économie. Depuis, la politicienne s’est imposée comme figure indispensable à cette jeune nation en pleine mutation. En 2008, on lui confie le ministère du Commerce international avant de lui mettre entre les mains, en 2013, celui de la Coopération internationale et du développement. Aujourd’hui avec son nouveau poste, la ministre de la Tolérance est septième dans l’ordre protocolaire du gouvernement, deux rangs devant le ministre de l’Économie.

Fort de son rayonnement national et international, Lubna est désormais considérée comme l’une des femmes les plus puissantes du monde. En 2015, elle figurait en 42e position du classement féminin de Forbes. L’année précédente, elle se plaçait à la 55e place. Le magazine Arabian Business a lui aussi constitué son propre classement. Il a alors attribué la première marche du podium des cent femmes les plus puissantes du monde arabe à la ministre. Une distinction qu’elle occupe sans répit, depuis 2011. À travers ses fonctions de ministre, Lubna Al Qasimi s’exprime sur des sujets aussi variés que la crise syrienne, l’égalité hommes-femmes ou l’éducation des filles à travers le monde aux côtés de la militante pakistanaise Malala Yousafzai. Devant les représentants des Nations unies, la politicienne a par exemple demandé à la communauté internationale de « développer et de mettre en place des solutions directes » pour venir en aide aux populations touchées par les conflits en Syrie. Lubna encourage aussi les femmes de son pays à oser et entreprendre autant que les hommes pour offrir aux Émirats arabes unis « une vision ambitieuse d’un futur meilleur ». Car pour elle, « le progrès d’une société ou d’une nation se détermine par la manière dont sont traitées les femmes », a-t-elle expliqué sur le site de Fatima bint Mubarak, la « mère de la nation » émiratie. Il est donc crucial que les hommes et les femmes soient égaux entre eux, selon Lubna. Grâce à sa posture dans le Conseil émiratie, la ministre donne l’exemple et se positionne en tant que modèle à suivre pour que les femmes participent à la vie politique et s’investissent dans tous les domaines : médecine, sport, médias ou finance, tout est possible pour les Émiraties !

La nouvelle ministre de la Tolérance a été récompensée à de nombreuses reprises pour ses engagements politiques et sociaux. Le dernier de sa collection ? Un Clinton Global Citizen Award, qui distingue les individus engagés dans une logique de « citoyenneté globale », reçu en septembre 2015. La princesse Reem Ebrahim Al-Hashimi est secrétaire d’État aux Émirats Arabes Unis ainsi que directrice générale de l’Exposition Universelle de Dubaï qui aura lieu en 2020. Hind Al-Subaih est la troisième femme de gouvernement la plus puissante selon le classement Forbes de 2015. Hind Al-Subaih est ministre des Affaires Sociales et du Travail au Koweit. Toujours dans la sphère politique, il y a Hessa Al-Jaber. Elle est la troisième femme à avoir un poste de ministre dans le gouvernement qatari et la toute première en charge de l’Information et de la Communication du pays.

Du côté des finances, il y a Shaikah al Bahar, classée 21ème dans le classement Forbes des 100 femmes arabes les plus influentes, Shaikah al Bahar est la directrice de la Banque Nationale du Koweit. Il y a aussi la saoudienne Lubna Al-Olayan, une des business women les plus connues et influentes du monde. Son nom est de toutes les listes des grands influenceurs. À la tête de la Olayan Financing Compagny, une multinationale privée spécialisée dans l’investissement et la distribution en Arabie Saoudite, Lubna Al-Olayan règne en maître. Créée en 1947, l’entreprise a su dépasser les frontières du Moyen Orient pour conquérir l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. La fortune de la famille Olayan serait estimée à près de 10 milliards de dollars. Au Koweit, on peut citer la fameuse Maha Al-Ghunaim, une “star” de la finance au Moyen-Orient. Et pour cause, elle est la co-fondatrice de la Global Investment House créée en 1998. Cette firme koweitienne a été la première à être classée au London Stock Exchange.

En 2005, Nahed Taher est la première saoudienne à diriger un groupe financier dans la région du Golf. Elle est actuellement la directrice générale de la National Commercial Bank, dont le siège est situé au Bahreïn. Dans le domaine médiatique, Amina Al-Rustamani, qui est à la tête d’un empire médiatique aux Émirats Arabes Unis. Sous sa coupe : TECOM qui regroupe Dubai Media City, Dubai Studio City et International Media Production Zone. Elle est classée 6e femme arabe la plus puissante par Arabian Business. Toujours aux Emirats Arabes Unis, il y a Noura al Kaabi, qui, le 13 août 2016, s’est rangée parmi les influenceurs principaux du réseau social et professionnel Linkedin. Elle est la directrice général de Twofour54, une firme regroupant les différentes structures médiatiques aux Émirats Arabes Unis. Elle est classée 38e dans le classement des 100 femmes les plus puissantes du monde par le site Arabian Business. (Aux côtés de la reine de Jordanie à Abu Dahbi, le 17 novembre 2014). En Jordanie, il y a Randa Ayoubi, qui est la fondatrice de Rubicon Holding, une société de divertissement, qui au fil des années a développé cinq branches internationales. Forte de ses 300 employés, l’entreprise, basée en Jordanie, produit notamment des dessins animés pour enfants visant à faire le pont entre le Moyen Orient et l’Occident. Dans les arts et la culture, il y a l’iranienne Shadi Ghadirian, qui est photographe de formation, née et vivant toujours à Téhéran. Elle travaille sur la mise en image des femmes voilées. Toute sa série de photos a été exposée à la Saatchi Gallery de Londres de 2000 à 2001. La burqa y était la pièce maitresse, entourée d’objets obsolètes censés représenter les femmes qui portent ce vêtement. Au Qatar, il y a Sheika Mayassa Bint Hamad bin Khalifa Al-Thani. Le Time et Forbes s’accordent unanimement à placer la princesse qatari Sheika Mayassa Bint Hamad bin Khalifa Al-Thani comme l’une des femmes les plus influentes de l’art et de la culture dans le monde. À 33 ans, elle est présidente du Qatar Museum Authority, après avoir été diplômée de l’Université de Duke et de Sciences-Po Paris. Mais la préférence est toutefois donnée aux hommes, premièrement à cause des normes culturelles et sociales et pour éviter d’heurter la sensibilité/virilité de l’homme, et car un dirigeant digne de ce nom doit être dévoué à plein temps à sa fonction et être doté d’un charisme (aussi pour montrer aux autres nations qu’il est puissant et juste) ; car la femme connait la période des menstrues où cela peut perturber sa vie professionnelle et ses décisions. Or un dirigeant, en principe, se doit d’être toujours apte à prendre les décisions lucides. La politique exerce une forte pression sur le/la dirigeant(e) et demande beaucoup d’efforts mentaux, physiques et rationnels, et exige aussi de prendre des décisions très difficiles, à la fois justes et pragmatiques, sans sombrer dans l’injustice, mais sans tomber non plus dans l’émotivité et la naïveté. Or la période des menstrues, du point de vue scientifique, peut affecter certains jugements, produire des sauts d’humeur, etc. Même si certains scientifiques pensent que les causes de ces sautes d’humeur ne sont pas liées au cycle menstruel, les effets constatés eux, sont bien visibles, , mais cela n’exclut pas l’exercice du pouvoir pour autant pour les femmes, de façon exceptionnelle ou « anormale », et l’Islam impose le respect du souverain ou de la souveraine, si la justice, la liberté religieuse et la stabilité sont globalement assurées et préservées. Traditionnellement, les femmes sont généralement tournées vers l’intérieur et font germer et fructifier la semence (principe actif) – étant les réceptacles (principe passif) nécessaires à l’éclosion de la vie, les éloignant ainsi des dangers potentiels du monde extérieur, dont l’homme – tourné vers l’extérieur – servira (en principe) de rempart et de protection pour la femme – source (sur le plan humain) de la vie et garante de la survie de l’espèce humaine -, risquant sa vie et dépensant ses efforts et son énergie pour subvenir à ses besoins et la satisfaire dans ce qui est bénéfique, licite et nécessaire. Les pères ne pourront jamais remplacer les mères dans certains de leurs attributs et dans certaines de leurs fonctions, mais ils peuvent donner leur vie pour elles – et selon un hadith bien connu, celui qui défend son épouse et/ou sa famille et/ou sa patrie/communauté tombe en martyr -. Se décharger de l’exercice du pouvoir, c’est éviter un autre fardeau dangereux et éprouvant – rares sont les dirigeant(e)s qui ont réussi à préserver ou à garder intact leur santé physique ou mentale, leur éthique, leur sens de la justice ou leur honneur.

Plus proche dans le temps, on peut citer des femmes courageuses et engagées intellectuellement et politiquement contre les dictatures séculières dans le monde arabe comme en Egypte avec les savantes, prédicatrices, intellectuelles et militantes Zaynab Al Ghazali (1917 – 2005), Hamida Qutb (1937 – 2012) – sœur du célèbre écrivain, militant et philosophe Sayyed Qutb (1906 – 1966) exécuté par le régime – et Fatimah Abdul Hadi la femme de Yousef Hawash (lui aussi exécuté), qui furent torturées et emprisonnées pour leurs opinions politiques critiques envers la dictature séculariste qui était imposée par la force en Egypte. Zaynab al-Ghazali fonda et dirigea la Jama’at al-Sayyidat al-Muslimat (Association des femmes musulmanes). Les conférences hebdomadaires pour les femmes à la mosquée Ibn Tulun qu’elle donne attirent des milliers de personnes, et en plus des cours qui y sont donnés, l’association offrait son aide aux femmes et aux pauvres, publiait un magazine, gérait un orphelinat et organisait les médiations de conflits familiaux ou conjugaux. Emprisonnée en 1965 et condamnée à 25 ans de travaux forcés, pour ses activités intellectuelles et sociales nobles, sur ordre du dictateur laïc et panarabiste Gamal Abdel Nasser, mais fut libérée en 1971 sous la présidence de Anouar el-Sadate en 1971, qui succéda à Gamal Abdel Nasser après sa mort. Elle écrit alors un livre intitulé Ayyam min hayyati (Des jours de ma vie ; disponible chez Albouraq en français), décrivant l’expérience de son emprisonnement ; le « Pharaon » est le président Nasser ; Al Ghazali expliquant qu’elle avait enduré la torture avec une remarquable détermination et résilience et faisant de 2 prodiges et des visions spirituelles qui l’ont renforcée dans son endurance (à ne pas céder aux pressions et menaces politiques pour soutenir le dictateur égyptien) et lui ont permis de survivre, notamment une rencontre spirituelle (avec des effets réels) du Prophète Muhammad (ﷺ) lui donnant à manger alors que les geôliers l’affamaient. Quant à Hamidah Qutb, elle était aussi une savante ayant mémorisé le Qur’ân, et fut libérée, puis poursuivit à l’étranger ses études en histoire et en langue, et publia plusieurs ouvrages jusqu’à son décès survenu en 2012. La neuroscientique, biologiste et militante pakistanaise Aafia Sidiqqui (née en 1972), qui pour ne pas avoir approuvé le terrorisme américain et leur invasion en Afghanistan, fut calomniée et accusée à tort par les autorités américaines, victime d’une agression par balle par des agents américains, et condamnée à 86 ans de prison et incarcérée depuis 2008, et victime de tortures physiques et psychologiques au point où son apparence fut défigurée, alors qu’elle était aussi mère de famille. L’intellectuelle et écrivaine marocaine Nadia Yassine, engagée socialement également.  La sœur Hind Shalabi (m. 24 juin 2021), chercheuse et universitaire en plus d’avoir eu une bonne maitrise (et l’obtention d’un doctorat) dans plusieurs sciences islamiques comme le Tafsîr, la théologie (‘aqida) et les fondements du Dîn (Ussûl ud-Dîn). Elle avait mémorisé le Qur’ân à un âge précoce avec son exégèse (tafsîr). Elle avait publiquement fustigé Bourguiba et sa vision de la femme rétrograde (réduite à un faire-valoir et à un objet sexuel qu’il fallait dévoiler) contraire à l’islam. Malgré la dictature sous Bourguiba et certaines lois humiliantes et discriminatoires pour les femmes pudiques et dignes, elle continuait de porter le sefsari (jilbab tunisien) en dépit de la loi de 1981. En effet, début octobre 1975, le président tunisien Habib Bourguiba organise à l’occasion de la 27e nuit du Ramadan (souvent considérée comme la Nuit du Destin), une cérémonie au palais présidentiel de Carthage où Hind Shalabi (orthographié parfois Chelbi) est invitée à s’exprimer sur « la place de la femme en islam ». Apparaissant voilée devant le chef d’État (connu pour qualifier le hijab de « linceul noir » et de « misérable chiffon ») à qui elle refuse par ailleurs tout contact physique, son entrée en scène fait forte impression tant sur le public présent sur place qu’aux milliers de personnes qui suivent la retransmission en direct à la télévision. Lors de son allocution, elle critique ouvertement la politique bourguibienne, la jugeant contraire aux enseignements qurâniques et prophétiques, manifestant ainsi son courage, sa franchise, sa liberté intellectuelle et son indépendance, face à la dictature laïque qui sévissait alors en Tunisie (certaines lois étant liberticides et discriminantes, tandis que d’autres, qui pouvaient paraitre égalitaires, ont engendré plus de méfaits que de bienfaits, et ont provoqué des déséquilibres et des frustrations de part et d’autre, car contraires aux réalités biologiques et psychologiques des femmes et des hommes d’une part, et des réalités socioéconomiques et spirituelles d’autre part). Le 7 octobre 1961, dans un article d’Afrique Action, Béchir Ben Yahmed, ancien secrétaire d’État à l’information, écrit déjà : « Le pouvoir personnel [est] détenu par des hommes qui sont des présidents de la République mais sont en fait des monarques sans le titre. Bourguiba détient aujourd’hui, en droit et en fait, plus de pouvoirs que n’en avaient le bey et le résident général réunis ».

Dans les sciences, Inès Safi la physicienne et mathématicienne spécialiste de la physique quantique et qui aborde souvent l’histoire et la philosophie des sciences ainsi que le Tasawwuf, Rana, la neurobiologiste taïwanaise, etc.. Il y a aussi Nabila Aghanim – astrophysicienne et directrice de recherche au CNRS -, Rana Dajani – microbiologiste et professeure associée à la Hashemite University en Jordanie -, la libano-palestinienne Iqbal Mahmud al-Assad qui fut la plus jeune femme médecin du monde (à 13 ans, en 2006, elle avait fini ses études secondaires avec une maîtrise de biochimie et une maîtrise de mathématiques, soit environ avec 5 ans d’enfance, et à 20 ans, elle était diplômée de médecine en 2013), et le 29 février 2016 elle reçut le prix du meilleur chercheur en cardiologie de l’hôpital pour enfants de Philadelphie (Projet : « Caractéristiques des patients et des quartiers en tant que prédicteurs de survie dans les arrestations pédiatriques hors hôpital »). Docteure Haifaa Younis qui est d’origine Irakienne, diplômée de l’université de médecine de Bagdad, qui se spécialisa ensuite aux Etats-Unis en obstétrique et gynécologie au Forest Park Hospital ainsi qu’à l’université de médecine de Washington et obtient ses diplômes, puis se rend en Arabie Saoudite pour étudier les sciences islamiques, notamment au Mecca Institute of islamic studies  (Jeddah ) et à Al-Huda Qur’an Memorization School, jusqu’à sa mémorisation intégrale du Qur’ân et sa maîtrise de diverses sciences, et partit enfin fonder et diriger le Jannah Institute à Saint-Louis qui a pour but d’éduquer les jeunes filles et les femmes en leur inculquant un noble savoir. Jackie Yi-Ru Ying (taïwanaise née en 1966) qui est une scientifique, chimiste, ingénieure, renommée en nanotechnologie, en bioingénierie et directrice de l’Institut de Bioingénierie et de Nanotechnologie (IBN). En décembre 2015, elle était l’une des récipiendaires du premier prix Mustafa 2015 décerné par la Fondation Mustafa pour la science et la technologie, elle a reçu également le prix « Top Scientific Achievement » pour « ses grandes contributions et réalisations scientifiques et technologiques à la synthèse de matériaux et de systèmes nanostructurés avancés bien conçus, de biomatériaux nanostructurés et de biosystèmes miniaturisés pour diverses applications intéressantes » En 2016, elle a été élue au Cooper Union Hall of Fame pour ses réalisations. En 2017, Ying a été nommé membre de l’Académie nationale des inventeurs des États-Unis (NAI), la première fois qu’un scientifique basé à Singapour a obtenu la plus haute distinction professionnelle pour les inventeurs universitaires. Le statut est accordé aux inventeurs universitaires qui ont fait preuve d’un esprit d’innovation en créant ou en facilitant des inventions exceptionnelles qui ont contribué à la société. À cette époque, Ying détenait plus de 180 brevets primaires et demandes de brevets qui ont conduit à 11 spin-offs. L’une de ces entreprises dérivées, SmartCells Inc., disposait d’une technologie capable d’autoréguler la libération d’insuline en fonction de la glycémie pour le traitement du diabète. La société a été acquise par le géant pharmaceutique Merck en 2010. En 2020, Ying a reçu un Lifetime Achievement Award du Journal of Drug Targeting pour « ses nombreuses contributions exceptionnelles dans les domaines de la nanotechnologie et de la nanomédecine, y compris l’administration et le ciblage de médicaments ». En 2021, elle a été élue à la National Academy of Engineering. Enfin, elle a été rédactrice en chef de Nano Today et conseille actuellement la revue en tant que rédactrice émérite. Dr. Hayat Sindi (née en 1967) d’origine saoudienne biologiste de formation et diplômée aussi en biotechnologie, elle est toutefois célèbre pour ses contributions majeures aux tests médicaux et à la biotechnologie pour les services de pointe. Elle a été classée par Arabian Business comme la 19ème arabe la plus influente au monde et la neuvième femme arabe la plus influente. En 2018, elle a été répertoriée comme l’une des 100 femmes de la BBC. Durant ses études en Occident, et refusant de renoncer à son voile, elle subit des pressions pour abandonner ses convictions religieuses et culturelles alors qu’elle était à l’université ; mais elle a persisté malgré les propos et pressions idéologiques et sexistes qui avaient cours encore à cette époque dans certains milieux occidentaux. Elle reçut plusieurs prix et distinctions ces dernières années pour ses travaux scientifiques et ses engagements dans l’éducation. Ibtesam Saeed Badhrees elle aussi d’origine saoudienne et physicienne de formation (PhD) et diplômée aussi en relations internationales (PhD), elle parle couramment l’arabe, l’anglais et le français, et fut appelée « Femme physicienne du mois » pour le mois d’août 2014 par l’American Physical Society. Amani Al Hosani est une émiratie, diplômée en tant qu’ingénieure chimiste puis en tant qu’experte en énergie nucléaire, et est devenue une femme très influente et appréciée aux émirats arabes unis ainsi que dans l’ensemble du monde arabe. Et nous pourrions encore en citer plein d’autres (physiciennes, biologistes, astrophysiciennes, informaticiennes, neurobiologistes, etc.).

Aussi, hommes ou femmes, les plus vertueux et clairvoyants des hommes répugnaient à exercer le pouvoir politique, car celui-ci exige une énorme responsabilité devant laquelle ils devront rendre des comptes à Allâh pour la moindre décision, sachant que chaque décision peut impacter la vie d’autrui, et qu’un souverain injuste, et en-dessous de lui, un souverain ou un juge inique, seront sévèrement châtiés le Jour du Jugement. Il ne s’agit donc pas d’une situation et d’une fonction réellement enviables, mais le juste doit s’efforcer d’exercer convenablement (avec dignité, sincérité, justice, équité, intelligence, sagesse, humilité, virilité, générosité, lucidité et perspicacité) la fonction politique qu’il incarne – qu’il ait été élu ou contraint à l’exercer ou non -. Précisons quand même que les femmes qui accédèrent officiellement au pouvoir l’ont été en raison de leur mariage avec certains sultans ou conquérants, ou par rapport à leurs fils. Mais de façon générale, beaucoup de femmes de Sultans étaient des conseillères de l’ombre, et là où leurs époux (sultans) étaient officiellement en charge des affaires politiques, s’exposaient publiquement à être des cibles politiques, tandis que leurs épouses étaient souvent épargnées de ce genre de choses. Si l’adage « derrière chaque grand homme se trouve une femme » (généralement mère, épouse, sœur ou « muse » ou comme compagnonne sur le plan spirituel) est souvent avéré, la réciproque est aussi vraie, car l’on retrouve souvent derrière les grandes femmes, des hommes dévoués, pieux et justes (père, frère, époux, compagnon sur la voie spirituelle, …).

Dans les autres domaines, notamment ceux des sciences religieuses et de la spiritualité et de la poésie, nous pouvons citer, parmi les femmes ayant marqué le monde musulman avant l’ère moderne :

– Umm al-Darda al-Kubra (entre le 6e et le 7e siècle), compagnonne du Prophète et épouse du grand compagnon Abû al-Dardâ’, fut très érudite, au point d’être considérée comme une autorité dans le Fiqh et le Hadith, et eut pour étudiants notamment le célèbre calife ʿAbd al-Malik ibn Marwân.

– Umm al-Darda as-Sughra – la plus jeune – pour la distinguer de Umm al-Darda al-Kubra qui l’a précédé – est née au 7e siècle, et fut une enseignante et savante exerçant à Damas et à Jérusalem. Elle était connue pour son savoir et sa maitrise du Qur’ân, du Hadith et du Fiqh notamment. Il y a parfois une confusion entre les 2, car Umm al-Darda al-Kubra comme elle ont vécu un moment à Damas, ont enseigné à Damas dans les mosquées, et ont connu le calife ʿAbd al-Malik ibn Marwân. Elle aimait aussi débattre et échanger avec les autres savants, et était considérée comme étant une femme savante, intelligente, pieuse et modeste. Ahmad ibn Hanbal rapporte dans son Musnad de Zayd ibn Aslam qu’il a dit : « ‘Abd al-Malik avait l’habitude d’envoyer une invitation à Umm al-Darda et elle passait en tant qu’invitée, et il lui posait des questions sur le Prophète. Il a dit : « Il s’est levé une nuit et a appelé sa servante, mais elle est venue lentement et il l’a maudite, alors elle a dit : « Ne maudissez pas, car en effet Abû ad-Darda m’a raconté qu’il avait entendu le Messager d’Allâh dire : « Ceux qui maudissent ne seront pas témoins ou intercesseurs le Jour du Jugement dernier ». Al-Bukharî rapporte aussi ce hadith dans son Sahîh. Elle était habilitée à délivrer des fatawa également. Umm al-Darda était considérée par Iyas ibn Mu’awiya, un célèbre traditionaliste de l’époque et un juge d’une capacité et d’un mérite incontestés, comme supérieure à tous les autres traditionnistes de l’époque – du moins la plupart (selon sa connaissance) , y compris les célèbres maîtres du hadith comme Hassân al-Basrî et Muhammad Ibn Sirîn, bien que d’autres ne la placent pas au-dessus d’eux, elle est cependant fortement estimée par l’ensemble des savants vertueux, la considérant comme une autorité fiable, savante et pieuse incontestable (10).

– Hafsa bint Sirin (651 – 719), sœur du célèbre imâm et sûfi Muhammad Ibn Sirîn. Elle suivit les pas de son frère, puisqu’elle fut une ascète, une vertueuse, et une autorité dans le Tasawwuf comme dans les sciences islamiques (notamment le Hadith et le Fiqh).

– Sayyida Nafissa (762 – 824) descendante de l’imâm ‘Alî à travers la descendance de l’imâm Hassân, et était également cousine de Muhammad Ibn Idriss As-Shafi’i pour qui elle avait beaucoup d’estime et inversement. Renommée pour sa piété, sa générosité, sa spiritualité et son savoir, elle fut une autorité également dans le fiqh, le hadith et le tafsîr. Elle épousa Isḥâq al-Muʾtamin (fils de l’imâm Ja’far) et eut 2 enfants, son fils Qasim et sa fille Umm Kulthûm, issus donc de la lignée de l’imâm ‘Alî et de celle d’Abû Bakr As-Siddiq (par leur père Ishâq al-Mu’tamin). Ibn Kathîr dans Al-Bidaya wa an-Nihaya dit à son sujet : « C’était une femme riche [bien qu’ascétique], qui rendait beaucoup de services aux gens, en particulier aux paralysés, aux personnes gravement malades et à tous les autres malades. Elle était dévote, ascétique et d’une vertu abondante. Lorsque l’Imam al-Shafi’i est arrivée en Égypte, elle lui a fait du bien, et parfois Shafi’i l’a conduite dans des prières pendant le (mois de) Ramadan ». On dit qu’as-Shafi’i, après son arrivée au Caire (en Egypte), a demandé à Sayyida Nafissa d’entendre des hadiths d’elle (comme le rapporte Al-Yafi’î dans Mir’at al jinan, 2/43) et qu’il bénéficia des connaissances et de la personnalité de Nafissa, puisqu’il avait été un invité fréquent dans sa maison, un auditeur de ses conférences dans sa mosquée, et comme il est rapporté par les historiens, a demandé son invocation (Duʿâʾ) et a cherché des bénédictions (Barakât) d’Allâh à travers elle. Quand As-Shafi’i s’est senti malade et a senti la mort approcher, il a immédiatement écrit le testament dans lequel il mentionnait que Sayyida Nafissa devait honorablement réciter la prière funéraire (Ṣalât al-Janâzah). Après la mort de l’imâm, son corps a été transporté chez elle et elle a prié Allâh sur lui, fruit de « sa renommée, de son honneur et de son respect au sein du peuple » comme le rapporte Ibn Al-‘Imad dans Shadharat al-Dhahab 2/21. Plusieurs historiens rapportent que sa nièce Zaynab a dit : « J’ai servi ma tante Sayyida Nafissa pendant 40 ans. Je ne l’ai jamais vue dormir la nuit et je ne l’ai jamais vue manger pendant la journée, sauf les jours interdits de jeûne – les 2 `Aïds et les Jours de Tashriq (11ème – 13ème de Dhul Hijja) ». Zaynab a dit un jour à Sayyida Nafissa : « Tu dois prendre soin de toi ». Elle a répondu : « Comment dois-je prendre soin de moi avant d’atteindre mon Seigneur ? Devant moi se trouvent tant de barrières que personne ne peut franchir sauf ceux qui réussissent (al-fayzûn) ». On rapporte de nombreux prodiges (karâmat) qu’Allâh lui a accordé, et dont certains sont cités par Al-Munawî et al-Azhari dans al-Kawakib as-sayyâra. Aux côtés de Sayyidah Ruqayyah (Ruqayyah fille de l’imâm ‘Alî et de Al-Sahba bint Rabi’a) et Sayyidah Zaynab bint ‘Alî, elle fait partie des Saintes patronnes de la ville du Caire, c’est-à-dire des Saintes qui sont assignées par Allâh pour y répandre Sa Baraka à travers elles, à l’instar des Abdâl mentionnés dans de nombreux ahadiths, qui occupent une fonction assignée par Allâh par rapport à Ses bénédictions. Cependant, contrairement à de nombreux chrétiens qui commettent du shirk, les musulmans n’adorent pas les Saint(e)s et ne pensent pas qu’ils sont omniscients et omnipotents, et n’adorent qu’Allâh, mais peuvent demander aux Prophètes, Vertueux et aux Saint(e)s d’invoquer Allâh pour leurs besoins ou d’intercéder auprès d’Allâh pour leurs besoins, où parfois selon certains savants, procéder à al-istighatha – la demande de Secours – en ayant la conviction qu’Allâh permet à Ses serviteurs de l’Invisible (parmi les Anges, les Prophètes ou les Saint(e)s de les entendre et d’aider ceux qui parmi Ses serviteurs de ce bas-monde, demandent au Secours – en cherchant Son Appui et Son Soutien, soit à travers Son action immédiate (sans cause seconde) soit à travers les causes naturelles ou l’aide de Ses serviteurs.

– Rabi’a al Adawiyya (vers 714 – 801), femme musulmane d’origine arabe, célèbre pour sa sainteté et considérée comme une éminente figure du Tasawwuf, non seulement au féminin, mais rayonnant même parmi les Saints, réalisant ainsi la virilité spirituelle. Erudite dans les sciences islamiques (fiqh, hadith, Qur’ân, ‘aqida, Sîrah, …), elle était proche des grandes figures masculines du Tasawwuf de son temps comme Hassân al-Basrî (qui a été éduqué par des Sahaba), Sufyân at-Thawrî (aussi disciple de l’imâm Ja’far) et Muhammad Ibn Sirin, qui tous la tenaient en haute estime et aimaient sa compagnie, alors qu’elle était encore adolescente si l’on en croit la date de naissance/décès généralement donnée pour ces différents personnages. Ils étaient des autorités dans l’exotérisme (orthodoxie musulmane) comme dans l’ésotérisme (Tasawwuf). On lui doit des poèmes restés célèbres sur l’Amour du Divin, le Tawhîd, l’indépendance, la liberté et la dévotion pieuse. A la fois libre et indépendante, courageuse et franche, elle était aussi très pieuse et vertueuse, très loin des revendications « féministes » actuelles, puisqu’elle était aussi très proche du monde masculin (notamment des figures spirituelles). Bien qu’il y eut des exagérations et des légendes à son sujet, ses vertus, poèmes (les plus célèbres) et prodiges sont bien attestés pour un certain nombre d’entre eux.

– Lubna de Córdoba (m. 984) est une femme musulmane d’Al-Andalûs, connue pour être polymathe et qui devint secrétaire du palais sous le califat omeyyade, mais également bibliothécaire, mathématicienne et poète. Grâce à sa ténacité et son ambition, Lubna est devenue une des personnes les plus importantes au sein du palais. Copiste et traductrice, elle maitrisait aussi la grammaire et plusieurs langues, en plus de ses qualités de poétesse et de mathématicienne et d’astronome. D’après Louis-Félix de La Salle de Rochemaure, le Monge de Montaudon, troubadour auvergnat qui parcourut l’Espagne tant chrétienne que musulmane, se serait fortement inspiré de ses vers et les aurait transposés dans ses textes de langue occitane (11). L’historien et savant Ibn Bashkuwâl l’a mentionné dans son encyclopédie biographique d’Al-Andalus intitulé Kitâb al-ṣila fī taʾrîkh aʾimmat al-Andalûs, décrite comme étant « une écrivaine intelligente, grammairienne, poétesse, bien informée en arithmétique, complète dans son apprentissage, personne dans le palais n’était aussi noble qu’elle (…) » ainsi que comme ayant « une grande connaissance des mathématiques et des autres sciences également et comme connaissant bien les sciences exactes, avec la capacité de résoudre les problèmes géométriques et algébriques les plus complexes connus à son époque » (12). Ainsi, outre ses études en sciences islamiques, elle se versa aussi dans de nombreuses autres disciplines de son temps.

– Lalla (ou Saïda) Manûbia (1199 – 1267) de son nom ‘Aîsha Manûbia et née dans l’actuelle Tunisie, encore très révérée et respectée de nos jours, est une sainte et sûfie rattachée à la tariqa Shadhiliyya. qui fut elle-même disciple de l’imâm Abû-l-Hassân as-Shadhili, – pôle de son temps -, et qui dit-on, sera elle aussi considérée comme étant le pôle de son temps à la mort de son Shaykh et maître Abû-l-Hassân, au point qu’elle fut désignée comme imâm à la mosquée de Zitouna de Tunis, sans doute car, comme Rabi’a al-Adawiyya, elle atteint la réalisation spirituelle et donc la virilité spirituelle, transcendant en quelque sorte la dualité masculin-féminin, ce qui relève de l’exception et non pas de la norme religieuse comme peuvent l’entendre de travers certaines féministes modernes. Elle fut désignée ainsi à la tête d’un ordre féminin de la confrérie, et étudia auprès d’hommes et enseignait et priait aussi avec des hommes aussi bien que des femmes. Elle était aussi très versée dans la connaissance du Qur’ân et du Tafsîr, du Hadith, du Fiqh, de la ‘Aqida et de la logique. Pieuse et modeste, elle travaille pour gagner sa vie et pratique souvent l’aumône, partageant ses gains matériels et financiers avec les femmes en détresse, se plaçant ainsi du côté des opprimés, des nécessiteux, des faibles et des malades qu’elle soutient et réconforte par sa charité et sa spiritualité, suivant en cela l’exemple prophétique.

– Sayyida Nunah Fatimah bint Abî l-Muthanna  de Séville (12e-13e siècles) contemporaine du grand Savant et Sûfi Ibn ‘Arabî (1165 – 1240) qui en fit de nombreux éloges : « En la voyant, on aurait pu dire qu’elle était une demeurée (hamqâ’), à quoi elle répondait : « le demeuré est celui qui ne connaît pas son Seigneur » » comme cela est indiqué dans l’ouvrage Les Soufis d’Andalousie traduit par les éditions Tasnîm, 2020 avec la préface (traduite) de Martin Lings.

– On citera encore de nombreuses figures saintes des femmes musulmanes comme Rayhanâ al-Waliha (femme spirituelle de la première heure qui vivait pratiquement en extase spirituelle permanente), Rabîa al-Shamsiyya (8e siècle, dont nous avons encore plusieurs chants et poèmes spirituels), Mu’adhâ (8e  siècle), Shawanâ (et dont les célèbres savants et maîtres spirituels parmi les salafs tels que Fudayl Ibn ‘Iyyâd, – m. 803 -, et Bishr al-Hafi, – m. 841 – firent l’éloge) , Amina ar-Ramliyya (dont l’imâm Ahmad ibn Hanbal lui demanda d’intercéder auprès d’Allâh en sa faveur), ‘Aisha al-Marwuziyya (10e siècle), Sayyida Fatima de Nishapur 9e siècle, morte en l’an 223 de l’hégire, le grand maître Abû Yazid al Bistami et Dhu an-Nûn al Misrî la tinrent en grande estime, notamment pour ses charismes et son exégèse du Qur’ân, vraiment riche et profonde selon eux), Shabaka de Basra (avant le 10e siècle), Sayyida Maryam Al Bassriya (8e-9e siècle, contemporaine de Rabîa al Adawiyya), etc. L’imâm, historien et sûfi ‘Abd ar-Rahmân as-Sulamî (937-1021) écrira un livre intitulé Dhikr an-niswa al muta’abbidat as sufiyyat‘ regroupant une liste comprenant plus de 100 femmes saintes jusqu’à l’époque de l’auteur, en citant parfois quelques anecdotes ou paroles qui leurs sont rattachées. Signalons aussi au passage qu’il est connu que les savants musulmans célèbres comme As-Shafi’î, Sufyân at-Thawrî, Ibn ‘Asâkir dans Mujam al-Niswan, An-Nawawî, Ibn Taymiyya, Ad-Dhahabî As-Suyûtî, et d’autres, avaient des professeures femmes comme enseignantes, ou avaient des échanges intellectuels avec des femmes jugées exceptionnelles ou remarquables en leur temps, en termes de piété et de savoir. Ibn Hajar al ‘Asqalânî en mentionna plus de 1000 dans son ouvrage biographique dédié au sujet, et étudia lui-même sous la direction de plusieurs femmes dont Fatima bint al-al-Manja Tanukhiyya (m. 1401), et son épouse Anas Khatun était une autorité aussi dans le Hadith comme lui et donnait des cours et des assemblées à la mosquée en présence d’hommes – dont le célèbre savant al-Sakhawî et de femmes -. Plus récemment, Mohammad Akram Nadwi dans son encyclopédie en 43 volumes Al-wafâ’u bi asmâ al-nisâi mawsu‘atu tarâjimi a‘lâm al-nisâi fi al-hadîth al-nabawiyy al-sharîf (2021 ; un immense dictionnaire biographique sur plus de 10 000 femmes savantes dans le domaine des sciences du Hadith, en lien directement avec la Science sacrée – qui n’est donc pas réservée qu’aux hommes -). L’imâm Ad-Dhahabî dit ainsi dans Mīzân al-I’tidâl (4/604) : « Je ne connais personne parmi les narratrices qui ait été accusée de mensonge, ni dont la narration ait été abandonnée ». L’imâm Ibn Hajar al ‘Asqalânî quant à lui écrit dans Ibn Hajar écrit dans Fatḥ al-Bârî (5/347) : « Il est permis de consulter une femme méritante, et le mérite d’Umm Salamah et son intelligence abondante étaient tels que l’Imâm al-Haramayn a dit : « Nous ne connaissons pas une femme exprimant son opinion et étant correcte autant qu’Umm Salamah » ». Al-Shawkani écrit dans Nayl al-Awṭâr (6/359-360) : « Si vous dites que cette déclaration d’Umar contient une faille dans la narration de Fatimah de sa déclaration parce que nous ne savons pas si une femme se souvient ou oublie, je dis que cela en soi est erroné et faux par le consensus absolu des musulmans. Il n’a été rapporté par aucun érudit qu’il ait rejeté le rapport d’une femme au motif qu’elle était une femme. Combien de traditions prophétiques la Ummah a-t-elle reçues d’une seule femme parmi les compagnes ? ».

Aisha Abdurrahman dans l’introduction de son ouvrage Muslim Women: A Biographical Dictionary (Ta-Ha Publishers, 2004) écrit : « Lorsque j’ai parcouru mes références biographiques, j’ai été surprise par le nombre de références aux femmes, et le grand nombre de femmes représentées dans tous les domaines de la vie, des érudits aux dirigeants, qu’il s’agisse de régentes ou de femmes qui régnaient de leur propre chef, ou femmes qui exerçaient une influence politique considérable. Cela a conduit à la décision de compiler une plus grande source de référence sur les femmes musulmanes et, compte tenu des visions modernes des femmes dans l’islam, cela nous donne une image surprenante de l’activité des femmes dans l’histoire de l’islam depuis le tout début jusqu’au temps présent. « Le dictionnaire couvre la période allant de l’époque du Prophète à environ le milieu du 13e au 19e siècle. (…) Comme nous pouvons le voir en parcourant les mentions, le rôle des femmes musulmanes n’était en aucun cas confiné à la maison et au foyer. Elles étaient actives dans de nombreux domaines. Ce n’est pas une question (d’opposition) de l’un ou l’autre. Il s’agit de plusieurs rôles, tous imbriqués et liés, plutôt que de catégories distinctes. Une femme d’affaires est toujours une mère et une érudite est toujours une épouse. Les femmes apprennent simplement à jongler davantage avec les choses, mais c’est quelque chose que les femmes savent très bien faire, comme le montrent les mentions. Les notes sont compilées à partir d’un certain nombre de sources. De nombreuses collections biographiques consacrent une section aux femmes, comme le 8e volume du Tabaqat d’Ibn Sa’d et le Kitab an-Nisa’ d’al-Sakhawi. Parfois, des références se trouvent dans les biographies d’autres références. Un certain nombre d’érudits notables mentionnent leurs professeurs, qui comprenaient un certain nombre de femmes. Ibn Hajar a étudié avec 53 femmes, as-Sakhawi avait des ijazas de 68 femmes et as-Suyuti a étudié avec 33 femmes – 1/4 de ses shuyukhs. Al-Aghani d’Abu’l-Faraj al-Isbahani est la principale source de chanteurs. Une excellente source moderne est A’lam an-Nisa’ par ‘Umar Rida Kahhala, qui se compose de 5 volumes traitant de femmes notables, et n’est en aucun cas exhaustif ».

Les historiens du 8e siècle hégirien ont été marqués par la vie d’Umm Zaynab Fatimah bint ‘Abbas al-Baghdadi (m. 714 H/1314), qui s’appelait « Ribat al-Baghdadiyya » au Caire lors de sa fondation en 684 H/1285. Dans son Siyâr à sa biographie il dit : « La Shaykha du mufti al-faqih, l’érudit, le (savant) Hanbali », et dans un autre ouvrage, il dit qu’elle était une « dame des femmes de son temps ». Il dit dans Dhayl al-‘Ibar (p. 80) et dans al-Juz’ al-mafqûd de son Siyar a’lâm al-nubalâ’, (416) : « Un grand nombre de femmes en ont profité et se sont repenties. Elle possédait une abondance de sciences, se contentait de peu (concernant sa vie matérielle), tenait à aider les gens et à donner des sermons avec sincérité, scrupule envers Allâh et dans le but de commander le bien. Les femmes de Damas [et] ensuite [après que sa renommée se soit répandue et qu’elle ait déménagé au Caire] les femmes d’Égypte ont été réformées par elle. Elle avait beaucoup de popularité et d’influence sur le cœur [des gens] ». Al-Yafi’î dans Mir’ât al-Jinân 4/254 rapporte aussi cela. Au même endroit de son Siyâr il dit aussi : « Je lui ai rendu visite et j’ai aimé son caractère, son humilité et son scrupule envers Allâh. Elle connaissait bien le Fiqh. Ibn Taymiyya a été émerveillé par ses connaissances et son intelligence et l’a félicitée sans réserve ». Ibn Kathîr dans Al-Bidâyah wa an-Nihâya dit à son sujet : « J’ai entendu Shaykh Taqi al-Din ibn Taymiyya la louant beaucoup et louant sa vertu et sa connaissance. Il a déclaré qu’elle connaissait la plupart d’al-Mughni par cœur. Et [il] préparait pour elle de nombreuses questions juridiques adaptées à ses questions et à sa compréhension aiguë (…). Elle était parmi les savants et les femmes de vertu. Elle commandait le bien et interdisait le mal, et s’opposait à la secte Ahmadiyyah [ndt : une secte de l’époque, différente de celle qui porte le même nom actuellement dans le monde indopakistanais] pour leur « amitié » [illicite] avec les femmes et les jeunes garçons. Et elle a critiqué leurs états (ahwâl) et la pensée et les arguments (usûl) des gens de la bid’ah (innovation) et d’autres. En [tout] cela, elle a fait ce que les hommes [autour d’elle] ont été incapables de faire ».

L’historien et savant Salah al-Din al-Safadi (m. 764 H/1362) dans son Kitab al-Wafi bi’l-Wafayat a dit qu’elle « avait l’habitude de monter en chaire et de prêcher aux femmes … [et] un groupe de femmes à Damas s’est réformé avec elle…, [puis] après le 7e siècle H, elle s’est déplacée en Égypte, et elle en a profité (…). Chez al-Muqadasah (une famille Hanbali dont les générations ont hérité des connaissances), elle comprenait (bien) le Shaykh Shams al-Din (al-Maqdissi Abû Muhammad) le Shaykh des Hanbalites (décédé en 682 H/1283) et d’autres … et elle connaissait la jurisprudence, ses ambiguïtés subtiles et ses problèmes difficiles ».

L’imâm Ad-Dhahâbî fut aussi impressionnée par la savante Zaynab bint ʿUmar bint al-Kindî (m. 699 H/1300) qui fut la principale enseignante (une autorité dans son domaine) parmi les femmes dans les sciences du Hadith, enseignant notamment le Sahîh al-Bukharî. Il écrivit à son sujet dans Târîkh al-Islâm (notice 623) qu’elle était « une femme juste, généreuse, qui possédait de la piété et (donnait) la charité. Elle a construit un hospice pour les pauvres et elle a légué des dotations religieuses. Elle a vécu dans la bonté et la bénédiction, elle a fait le Hajj, elle a beaucoup transmis (concernant le savoir et le Hadith), elle était sans pareille dans le temps (dans lequel elle vivait) (…) Elle décéda le 29e  jour de Jumadâ al-Âkhirah à la citadelle Ba’labek à l’âge de 90 ans ». Il note que son père, son oncle maternel et de nombreuses autres personnes à Bâlbek ont ​​reçu la tradition d’elle (Abû-l-Hussayn Al-Yunini et ses enfants et parents, Ibn Abil-Fath et ses 2 fils, Al-Mizzi et son aîné fils, Al-Birzali, Ibn-al-Nabulusi, Abû Bakr al-Rahbi, Ibn-al-Muhandis, Ahmad Ibn-al-Duraybi). Dans son Târikh al-Islam aux notices 191, 192, 193 et suivantes, il précise que les savantes du Hadîth Fâtimah bint al-Hafiz, Sittul-‘Arab bint Yahya bin Qaymâz appelée aussi Umm ul-Khayr ad-Dimasqhîyya et Zaynab Bint ‘Alî Bin Ahmad Bin Fadl (dont son frère Taqî ud-Dîn cherchait la baraka d’Allah à travers elle) lui ont donné leur ijazat et la permission de transmettre leur savoir (ou dans certains cas, affirme simplement avoir assisté à leurs cours sans avoir reçu pour autant d’ijazat).

Et comment en serait-il autrement, alors qu’Allâh fait l’éloge de femmes particulières dans le Qur’ân (comme Maryam, Assiya, Bilqis et d’autres) en citant leur sagesse, leur véridicité, leur savoir, leur justice ou leur vertu, ainsi que de façon générale en parlant des femmes croyantes qui sont vertueuses, bienfaisantes et justes. De même, Abû Mûsâ a rapporté : « Nous n’avons jamais eu de problème qui nous venait, les compagnons du Messager d’Allâh, paix et bénédictions sur lui, et avons interrogé Aisha à ce sujet, qui avait la connaissance et l’information (dont nous avions besoin » comme le rapporte At-Tirmidhî dans ses Sunân n°3883, sahîh.

Masruq a rapporté aussi : « On lui a demandé : « ‘Aîsha était-elle au courant des obligations religieuses ? » Masruq répondit : « Par Celui dans la main duquel est mon âme, j’ai vu les anciens savants parmi les compagnons de Muhammad, paix et bénédictions sur lui, l’interroger sur les obligations religieuses » comme le rapporte Ibn Abî Shayba dans son Muṣannaf n°30387 avec une bonne chaîne.

Le savant et juge Ibn Rushd écrit dans Bidâyat al-Mujtahid (4/248) : « Quant au témoignage de femmes individuelles, c’est-à-dire de femmes sans hommes, il est accepté par la majorité dans des droits personnels qui ne sont généralement pas du ressort des hommes, tels que la grossesse, la consommation et les affections affectant les femmes. À cet égard, les règles classiques étaient largement basées sur les rôles de genre coutumiers de l’époque et n’étaient pas révélatrices d’une déficience universelle de l’intelligence, du témoignage ou de la véracité des femmes. Dans d’autres cas, le témoignage d’une femme a été accepté dans des affaires importantes de droit de la famille sans la présence d’aucun homme ».

Ibn Taymiyyah écrit comme cela est rapporté par Ibn al-Qayyîm dans al-Turuq al-Hukmîyyah (1/128) : « Quoi qu’il y ait parmi les témoignages de femmes, dans lesquels il n’y a aucune crainte d’erreur habituelle, alors elles ne sont pas considérées comme la moitié d’un homme ».   

Ibn al-Qayyim écrit dans son al-Turuq al-Hukmîyyah fi al-Siyasa al Sharî’a (1/135) : « L’imâm Ahmad a dit à propos d’un homme qui rédige son testament et dont personne n’est présent à l’exception des femmes : J’autorise le témoignage des femmes. Ainsi, cela montre qu’il a affirmé la volonté par le témoignage de femmes individuelles même si aucun homme n’était présent ». Et un peu plus loin (1/136) il écrit : « La femme est égale à l’homme en véridicité, honnêteté et piété ; sinon, si l’on craint qu’elle oublie ou se souvienne mal, elle se fortifie d’un autre comme elle. Cela les rend plus fortes qu’un seul homme ou ses semblables. Il ne fait aucun doute que le bénéfice du doute accordé au témoignage d’Umm Darda et d’Umm ‘Atiyyah est plus fort que le bénéfice du doute accordé à un seul homme sans eux ou leurs semblables ».

Ainsi le passage qurânique disant : « Ô les croyants ! Quand vous contractez une dette à échéance déterminée, mettez-la en écrit ; et qu’un scribe l’écrive, entre vous, en toute justice; un scribe n’a pas à refuser d’écrire selon ce qu’Allâh lui a enseigné; qu’il écrive donc, et que dicte le débiteur: qu’il craigne Allâh son Seigneur, et se garde d’en rien diminuer. Si le débiteur est gaspilleur ou faible, ou incapable de dicter lui-même, que son représentant dicte alors en toute justice. Faites-en témoigner par 2 témoins d’entre vos hommes; et à défaut de 2 hommes, 1 homme et 2 femmes d’entre ceux que vous agréez comme témoins, en sorte que si l’une d’elles s’égare, l’autre puisse lui rappeler. Et que les témoins ne refusent pas quand ils sont appelés. Ne vous lassez pas d’écrire la dette, ainsi que son terme, qu’elle soit petite ou grande: c’est plus équitable auprès d’Allâh, et plus droit pour le témoignage, et plus susceptible d’écarter les doutes. Mais s’il s’agit d’une marchandise présente que vous négociez entre vous: dans ce cas, il n’y a pas de péché à ne pas l’écrire. Mais prenez des témoins lorsque vous faites une transaction entre vous; et qu’on ne fasse aucun tort à aucun scribe ni à aucun témoin. Si vous le faisiez, cela serait une perversité en vous. Et craignez Allâh. Alors Allâh vous enseigne et Allâh est Omniscient » (Qur’ân 2, 282), ne dit pas qu’une femme vaut la moitié d’un homme, mais souligne le fait que le témoignage de la femme est valable et qu’elle peut participer aux différentes activités de la société tant qu’une interdiction divine n’est stipulée à ce sujet, et que si l’on craint d’elle qu’elle oublie ou soit inexpérimentée, qu’on fasse appel à une autre femme ou à un homme, preuve que le témoignage de la femme est considérée et peut être suffisant (même s’il n’y a pas d’hommes), car même selon ce verset, parfois le témoignage d’un seul homme ne suffit pas, et le témoignage supplémentaire d’un autre homme ou d’une autre femme (ou plusieurs) est alors nécessaire. Alors exhorte simplement ici la justice et l’existence de témoins (hommes ou femmes) en citant quelques exemples intégrant une précaution pour éviter des problèmes ou malentendus par la suite. Et le « 2 femmes et 1 homme » est conditionné par le fait simplement si certaines femmes (comme certains hommes) sont inexpérimentées ou ont tendance à oublier dans certains domaines. Ce n’est donc nullement absolu.

Beaucoup plus de femmes donc, en partant des épouses du Prophète (ﷺ) et des épouses de ses Compagnons, étaient des femmes véridiques, pieuses, intelligentes, instruites et expérimentées, dont le seul témoignage était souvent pris en compte.

Tout comme il y a des exceptions notables chez les hommes, il y a leur pendant du côté des femmes, et même si la tendance générale est que la politique est une affaire plutôt masculine (et avoir les épaules pour ça), – indépendamment de la question de la justice et de la clairvoyance (qui peuvent être présentes ou absentes aussi bien chez les hommes que chez les femmes, et l’histoire le démontre catégoriquement, avec des hommes et des femmes exemplaires comme médiocres et sanguinaires) -, le monde musulman a accepté en certaines occasions, qu’une femme soit à la tête de l’Etat, sans soulèvement populaire. Cependant, en faire une idéologie malsaine comme le promeut l’Occident, est un poison dont il faut se méfier, tout comme l’idéologie de la parité qui mise sur l’idéologie et la perversion plutôt que sur la qualité (compétence, intégrité, intérêt général). L’Islam accorde plus d’importance à la Vérité, à la justice, à la piété et à l’intérêt général, qu’à la question des sexes. Ainsi, une femme juste et pieuse est préférable – en tant qu’épouse ou souveraine – qu’à un homme injuste et débauché en tant qu’époux ou souverain -, tout comme un homme juste et pieux est préférable à une femme injuste et débauchée. S’il n’y a donc aucun homme apte à gouverner – selon les critères et qualités de l’Islam – mais qu’une femme peut y correspondre, alors cela ne poserait de toute façon aucun problème, puisqu’il y a la nécessité d’avoir une personne qui dirige (convenablement) les affaires de l’Etat, plutôt que le chaos, l’anarchie et les troubles.

On peut dire que, concernant les « leaders » spirituelles, combattantes ou commandantes militaires et guerrières, ou concernant les hautes fonctions politiques, que cela fut à la fois inspiré des exemples parmi l’entourage féminin du Prophète (ses épouses comme Khadija, ‘Aîsha, Umm Salama ou Hafsa, sa fille Fatima, Asma bint Abî Bakr – sa belle-sœur et fille d’Abû Bakr -, la Compagnonne  Nusaybah Bint Ka`b de sa kûnya Umm `Ammârah, qui participa d’abord à la bataille d’Uhûd en tant qu’infirmière, puis qui prit courageusement les armes pour secourir les combattants et frappait ceux qui attaquaient le Prophète, …), ainsi que par la nécessité.

Que ce soit dans les domaines comme la médecine, le calcul, l’histoire, l’astronomie ou la logique, ou dans les sciences sacrées liées à la Religion comme la théologie, le Hadith, le Qur’ân/Tafsîr ou le droit, on y trouve des femmes du Prophète qui y ont excellé (Khadija, ‘Aîsha, Hafsa, Umm Salama, etc.) dont certaines comme Hafsa (fille d’Umar ibn al-Khattâb et épouse du Prophète) savaient déjà lire et écrire et retranscrivait la Révélation du Qur’ân.

Il est même fortement recommandé, voire obligatoire, qu’il y ait des femmes médecins, infirmières, diététiciennes, gynécologues, avocates/juristes, professeures, psychologues, etc. pour éviter les dérives liées à la promiscuité (en Occident, de nombreux scandales ont été révélés au cours de ces 30 dernières années sur les nombreuses dérives liées à cette promiscuité). De façon générale, même si en temps normal une chose est interdite ou fortement déconseillée dans le fiqh, la nécessité, la contrainte et certains contextes précis peuvent lever l’interdiction – mais il ne faudra pas s’y complaire et il faudra œuvrer pour se sortir de cette situation dès que possible et de façon licite évidemment -.

Ibn Hajar al ‘Asqalânî mentionne que Al-Hakîm rapportait dans son Al-Mustadrak qu’Aisha a dit : « Zaynab fut une femme artisan, elle travaillait le cuir et faisait l’aumône ».

L’historien, juriste et traditionniste Ibn Al-Athîr mentionne dans son Usd Al Ghaba, le cas d’une femme commerçante vivait à Médine, qui s’appelait Qayla Anmariyya. Elle dit au Prophète : « « Ô Messager d’Allâh, je suis une femme qui fait du commerce, et il m’arrive de demander un prix de marchandise supérieur à celui auquel je voudrais bien la vendre, puis je négocie avec l’acheteur jusqu’à arriver au prix que je souhaite », et le Prophète de lui répondre : « Ne fais pas ça Qayla, si tu veux vendre, annonce un prix à l’acheteur et à lui de te l’accorder ou non » ».

Ibn al-Athîr mentionne aussi dans le même ouvrage le cas de Al Hawla qui était une commerçante dans le domaine de la parfumerie. Elle rendit visite une fois à ‘Aîsha afin de se plaindre à propos de son mari. Le Prophète Muhammad la trouva et dit : « Je reconnais le parfum d’Al-Hawla, est-elle venue chez vous, lui avez-vous acheté quelque chose ? ».

Ibn Hajar dans son Al-isaba et Ibn al-Athîr toujours dans son Usd al Ghaba citent par ailleurs le cas de Malika Umm As’Sayb, qui était venue vendre du parfum chez le Prophète. Aussi le cas de Saîra qui ramassait la laine et le tissu et faisait le tissage. Ainsi que Umm Râla, qui dit au Prophète : « « Ô Messager d’Allâh ! Je suis coiffeuse et esthéticienne, je rends les femmes belles pour leurs maris, est-ce un péché ? Auquel cas je cesserais ». Il lui répondit : « Umm Râla ! Continue à les coiffer et à les rendre belles » ».

Les métiers de certaines femmes parmi les épouses du Prophète et des compagnons (liste non-exhaustive) :

– Poésie, littérature, éloquence, rhétorique et/ou Histoire et généalogie : ‘Aîsha, Safiyya, Umm Al Fadhel, Asmâ bint Abî Bakr, Asma bint Yazid, Arwa bint Al Harith, Zaynab bint Al ‘awam, Arwa bint Abd Al Muttalib, Umm Ma’bed, …

– La médecine, nutrition, soins apportés aux blessés et aux malades : ‘Aîsha bint Abî Bakr, Rafida, Al Shifâ, Umm Sulaym, Humna, Nusaybah Bint Ka`b de sa kûnya Umm `Ammârah, …

– Hadiths  (le nombre de ahadiths se réfère à ceux qui ont été rapportés dans les principaux recueils, ce nombre peut s’avérer plus élevé si l’on prend la totalité des recueils – même les plus secondaires et célèbres -) et/ou Fiqh, et/ou Tafsîr : ‘Aîsha bint Abû Bakr (2210 ahadiths rapportés), Umm Salama (378), Asma bint Yazid (81)  Maymûna (76), Umm Habiba (65), Hafsa (60),  Asma bint ‘Umays (60), Asma bint Abû Bakr (58), Umm Hani (46), Umm ‘Atiya (40), Khadija l’épouse du Prophète, Fatima la fille du Prophète, Zaynab la petite-fille du Prophète, etc.

– Relations publiques et administration : Khadija l’épouse du Prophète, Umm Salama l’épouse du Prophète, ‘Aîsha l’épouse du Prophète, Safiyya bint Abd al Muttalib, Ramla bint Al Harith, …

– Combat et martyrs : Sumayya, Umm Waraqa, Umm Haram bint Milhan, Nusaybah Bint Ka`b de sa kûnya Umm `Ammârah, …

– L’industrie et le tannage : Umm Sinan, Asma bint Abû Bakr, Sumayya bint Mas’ûd, Zaynab, Umm Salama, Saûda, …

– L’écriture : Umm Salama, Hafsa, Al-Shifâ, ‘Aîsha, Umm Khulthum bint ´Ukba.

– Le commerce, la comptabilité et l’agriculture :  Khadija et ‘Aîsha les épouses du Prophète, Asmâ bint Abû Bakr, Malika bint Al Saib, Hind bint ‘Utba, Zaynab bint Mu’awiya, Khala Jaber, Umm ´Ammar, …

– La décoration : Umm Ayman, Basra bint Safwan, Umm Zafar, Umm Sulaym, …

Et d’autres métiers encore, sans compter celui de l’enseignement.

Néanmoins, que l’on ne s’y trompe pas, les droits (islamiques) et exemples historiques montrant à quel point les femmes étaient valorisées en Islam, s’inscrivaient dans un contexte où il n’y avait pas tout cet avilissement et cette perversion modernes, où de nos jours, les hommes sont frustrés, malheureux et « déprimés », et où l’Occident impose aux femmes d’imiter les hommes dans ce qu’il y a de plus ingrat et avilissant.  Mais vouloir imiter l’homme dans un travail avilissant et pervers n’est pas un « progrès », et le concurrencer en développant la perversion, la séduction, la trahison, le mensonge ou la « brutalité » (du système capitaliste) ne peut que rendre les femmes et les hommes malheureux, en conflit permanent, et engendrer d’autres dérives difficilement contrôlables. Renoncer à sa dignité, à sa vie de famille, à sa santé et à sa spiritualité, pour une carrière dénuée de sens et d’épanouissement, dans un milieu de requins hypocrites et de stress continu, n’est clairement pas une chose souhaitable ni un « progrès », mais bien une régression et une atteinte à la dignité humaine. Est-ce un progrès de renoncer à sa dignité et à son épanouissement pour subir les caprices, déviances, surmenages, injustices ou demandes déplacées de son patron ou de sa patronne, en ruinant au passage sa vie personnelle, conjugale et familiale ? Certes, cela ne concerne pas en soi les femmes qui travaillent à leur propre compte ou qui travaillent dans certains cadres plus éthiques, sains et moins stressants, mais c’est là une minorité de femmes, puisque la majorité se trouve souvent « esclaves » du « grand capital », et que des millions de femmes dans les sociétés occidentales ou occidentalisées, se disent clairement malheureuses et angoissées, souvent même méprisées ou sous-payées, et grandes consommatrices d’antidépresseurs (situation dans laquelle se trouvent aussi beaucoup d’hommes).

Il faut cesser également de dévaloriser les femmes au foyer, car elles éduquent leurs enfants – et sont de fait des éducatrices/enseignantes – en plus de se charger d’autres tâches et activités, qui peuvent être épuisantes, bien que plus dignes, plus utiles et plus éthiques que la plupart des métiers que font les femmes qui « travaillent » à l’extérieur, en dehors de certains domaines liés à la santé, à l’alimentation, à l’édition et à la traduction, etc. Le problème majeur est que tout est chamboulé ; des femmes se laissent manipuler par le diktat consumériste et renoncent à leur dignité pour alimenter l’industrie de la perversion, des hommes (maris ou pères de famille) ainsi que des mères de famille n’éduquent pas convenablement leurs enfants et ne fournissent aucun effort pour subvenir aux besoins légitimes de leurs enfants, des hommes interdisent aux femmes de travailler dans tel ou tel endroit mais ne font aucun effort pour « créer » les conditions favorables à un travail licite et épanouissant pour leurs filles ou leurs épouses, et puis il y a toutes les femmes qui doivent faire des métiers pénibles par nécessité, car ni l’Etat, ni leur famille ni leur communauté (ethnique ou religieuse) ne se bougent pour les aider. Il faut ainsi continuellement trouver le juste milieu et le bon équilibre, entre la dignité et la nécessité, se satisfaire de l’essentiel et du licite de sorte à ne pas céder aux caprices ou aux dépenses inutiles qui exigeraient de notre part de tomber dans l’illicite et le blâmable pour les obtenir.

Critiquer pour rabaisser les personnes dans une « mauvaise situation » comme le font certaines personnes ne peut que provoquer le dégoût et la déprime, or, si l’on apporte aucune solution réaliste et louable, il faut alors se montrer indulgent, faire des du’a pour les personnes en question, les rediriger vers d’autres solutions ou personnes susceptibles de les aider, et se blâmer soi-même si l’on a les moyens financiers, matériels ou autres pour leur venir en aide mais qu’on ne le fait pas pour son simple confort personnel. Quant au conseil, il est le bienvenu si l’on soigne la forme, qu’il est exempt d’hypocrisie, de méchanceté et d’arrogance, et qu’il vise vraiment le bien de la personne à qui le conseil est adressé.

Alors que depuis un demi-siècle, les polémiques et conflits entre Hommes et Femmes font rage un peu partout en Occident puis dans les régions contaminées par les idéologies occidentales (qui ne font qu’engendrer ou exacerber de nombreuses tensions à tous les niveaux, au lieu d’apporter l’apaisement ou de véritables solutions), Allâh a réglé très clairement les problématiques humaines, en essentialisant pas les hommes et les femmes, et en rappelant de simples évidences et réalités, à savoir qu’il existe de bons hommes et de bonnes femmes, comme de mauvais hommes et de mauvaises femmes, ainsi que des spécificités et avantages propres aux hommes de façon générale (mais pas forcément de manière absolue) et d’autres qui sont propres aux femmes, et qu’enfin, aux yeux d’Allâh, la supériorité de l’un(e) sur l’autre ne peut se faire que par la piété et l’intégrité morale, et qu’ils sont « égaux » en valeur et en humanité, mais chacun(e) avec une identité particulière (masculine ou féminine selon les cas) et avec des statuts déterminés selon leur situation (enfant/adulte, enfant/parent, épouse/époux, célibataire, enseignant/enseignante, mère/père, sœur/frère, etc.), et que de façon générale, ce qui est permis à l’homme est permis à la femme et vice-versa sauf ce qui a été rendu spécifique à l’un ou à l’autre selon les préceptes et principes décrétés par Allâh, et que les croyants et les croyantes ne sont que les alliés des uns et des autres, devant chercher la Satisfaction divine, étant responsables devant Lui, s’efforçant de réaliser les actes de dévotion et les bonnes œuvres, et cultivant les nobles qualités morales et vertus spirituelles, jusqu’au Jour de la Rétribution.

« Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance (et la convenance reconnue) » (Qur’ân 2, 227).

« Et ne pense point qu’Allâh soit inattentif à ce que font les injustes. Il leur accordera un délai jusqu’au jour où leurs regards se figeront » (Qur’ân 14, 42).

« Entretenez de bons rapports (et comportez-vous de façon convenable et digne) avec vos femmes » (Qur’ân 4, 19).

« Allâh commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches, et Il interdit la turpitude, l’acte blâmable et la tyrannie (et l’injustice) » (Qur’ân 16, 90), « La bonne action et la mauvaise (action) ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur (le bien) ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. Mais (ce privilège) n’est donné qu’à ceux qui endurent et il n’est donné qu’au possesseur d’une grâce infinie.  Et si jamais le diable t’incite (à agir autrement), alors cherche refuge auprès d’Allâh ; c’est Lui, vraiment l’Audient, l’Omniscient » (Qur’ân 41, 34-36), « Adorez Allâh et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les domestiques sous votre responsabilité, car Allâh n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant » (Qur’ân 4, 36).

« La bonne action et la mauvaise (action) ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur (le bien) ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. Mais (ce privilège) n’est donné qu’à ceux qui endurent et il n’est donné qu’au possesseur d’une grâce infinie.  Et si jamais le diable t’incite (à agir autrement), alors cherche refuge auprès d’Allâh ; c’est Lui, vraiment l’Audient, l’Omniscient » (Qur’ân 41, 34-36).

« …Parmi Ses signes qu’Il ait créé pour vous à partir de vous-même des épouses, afin qu’auprès d’elles vous trouviez l’apaisement ; et Il a placé entre vous mawwada (affection, tendresse) et rahma (miséricorde, amour, compassion, …) » (Qur’ân 30, 21). Le mariage n’est pas donc là, en islam, pour rendre malheureux ou pour justifier une vision « totalitaire » et « violente » de la relation conjugale, mais plutôt celle de l’apaisement, de l’affection, de l’amour et de la tendresse.

« C’est Lui qui vous a créé d’une âme unique, dont il tira l’épouse, pour que ce dernier trouvât auprès d’elle la paix… » (Qur’ân 7,189). L’homme et la femme ont la même origine, et la « séparation » ou « l’émanation » des deux sexes à partir de l’âme originelle (unique et primordiale), ont pour but l’union (par leur complémentarité) dans la réalisation de la paix mutuelle.

Cette dimension de complémentarité et de soutien mutuel est évoquée dans le verset suivant : « Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles » (Qur’ân 2, 187). Ce verset aborde la notion de réciprocité et de complémentarité, d’un soutien mutuel et d’un respect mutuel.

« (…) concertez-vous dans la bonté et la piété » (Qur’ân 58, 9).

« Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression » (Qur’ân 5, 2).

« La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allâh, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelqu’amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs, d’accomplir la Salât (prière rituelle) et d’acquitter la Zakât (aumône obligatoire). Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux » (Qur’ân 2, 177).

« Tout ce qui vous a été donné [comme bien] n’est que jouissance de la vie présente; mais ce qui est auprès d’Allâh est meilleur et plus durable pour ceux qui ont cru et qui placent leur confiance en leur Seigneur, qui évitent [de commettre] les péchés les plus graves ainsi que les turpitudes, et qui pardonnent après s’être mis en colère, qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Ṣalât, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons, et qui, atteints par l’injustice, ripostent. La sanction d’une mauvaise action est une mauvaise action [une peine nécessaire] identique. Mais quiconque pardonne et réforme, sa récompense incombe à Allâh. Il n’aime point les injustes ! Quant à ceux qui ripostent après avoir été lésés, …ceux-là pas de voie (recours légal) contre eux ; Il n’y a de voie [de recours] que contre ceux qui lèsent les gens et commettent des abus, contrairement au droit, sur la terre : ceux-là auront une correction douloureuse. Et celui qui endure et pardonne, cela en vérité, fait partie des bonnes dispositions et de la résolution dans les affaires » (Qur’ân 42, 36-43).

« Et ne cherchez pas à leur nuire (ou à leur faire du mal) en les contraignant à vivre à l’étroit » (Qur’ân 65, 6),

« Ô Fils d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. – Mais le vêtement de la piété voilà qui est meilleur. – Autant de signes (de la puissance) d’Allâh destinés à vous faire méditer » (Qur’ân 7, 26).

« Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussi, certes celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt » (Qur’ân 91, 7-10).

« Faites le bien, car Allâh aime ceux qui sont bienfaisants et excellents (dans leur conduite) » (Qur’ân 2, 195).

« Ne l’avons-Nous pas guidé aux 2 voies élevées ? Or, il ne s’est pas engagé sur la voie ascendante ! Et qu’est-ce qui t’instruirai sur ce qu’est la voie ascendante ? C’est délier un joug [affranchir un esclave], ou nourrir, en un jour de famine, un orphelin proche parent ou un pauvre dans le dénouement. Et c’est être, en outre, de ceux qui croient et s’enjoignent mutuellement l’endurance, et s’enjoignent mutuellement la miséricorde (et l’amour rayonnant). Ceux-là sont les gens de la droite » (Qur’ân 90, 10-18).

« Évitez la fornication : c’est une abomination ! quel détestable chemin ! » (Qur’ân 17, 32).

« (…) il leur ordonne ce qui est bon et reconnu convenable (par les gens de bien ; Ma’rûf- et leur interdit ce qui est répréhensible et convenu comme étant blâmable (Munkar) ; il déclare licites pour eux (les choses) qui sont bonnes et déclare illicites pour eux (les choses) qui sont mauvaises ; il enlève d’eux la charge, et les jougs qui étaient sur eux… » (Qur’ân 7, 157).

« Dis : « Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. Et n’approchez pas des turpides et des perversions ouvertement, ou en cachette, qu’ils soient apparents ou cachés. Ne tuez qu’en toute justice la vie qu’Allâh a fait sacrée. Voilà ce qu'[Allâh] vous a recommandé de faire; peut-être comprendrez-vous. Et ne vous approchez des biens de l’orphelin que de la plus belle manière, jusqu’à ce qu’il ait atteint sa majorité. Et donnez la juste mesure et le bon poids, en toute justice. Nous n’imposons à une âme que selon sa capacité. Et quand vous parlez, soyez équitables même s’il s’agit d’un proche parent. Et remplissez votre engagement envers Allâh. Voilà ce qu’Il vous enjoint. Peut-être vous rappellerez-vous. « Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie » Voilà ce qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété » (Qur’ân 6, 151)

« Les mauvaises [femmes] aux mauvais [hommes], et les mauvais [hommes] aux mauvaises [femmes]. De même, les bonnes [femmes] aux bons [hommes], et les bons [hommes] aux bonnes [femmes]. Ceux-là sont innocents de ce que les autres disent. Ils ont un pardon et une récompense généreuse » (Qur’ân 24 , 26).

« Les hommes assument (les charges de la famille), prennent soin des femmes et doivent toujours se comporter convenablement [qawwâmûna] avec les femmes, par la faveur qu’Allâh a accordée aux uns par rapport à d’autres, et par ce qu’ils ont fait circuler (et dépenser) de leurs biens. Les femmes vertueuses [qânitât] se recueillent (spirituellement), gardiennes, devant le mystère, par ce qu’Allâh garde.  Quant à celles dont vous craignez l’hostilité [nushûz], exhortez-les, puis faites lit à part et, enfin, éloignez-vous d’elles et provoquez un choc chez elles [afin de montrer la gravité de la situation] sans leur causer de préjudice [wa-dribûhunna]. Alors, si elles restent disponibles vis-à-vis de vous, ne désirez pas de recours contre elles. Et si vous craignez le désaccord entre les 2 faites alors appel à un arbitre de la famille de l’époux et un de la famille de l’épouse. Si le couple souhaite au fond la réconciliation, Allâh rétablira l’entente entre eux … » (Qur’ân 4, 34-35).

Les notions qûraniques rendues par « qawwâmûna » et « wa-dribûhunna » dans ce passage qurânique sont polysémiques et exigent d’inclure un certain nombre de nuances et de précisions, orientées par le cadre éthico-linguistique qui l’impose dans le Qur’ân. 

« Et ceux qui dominent leur rage et pardonnent aux gens, Allâh aime vraiment les bienfaisants » (Qur’ân 3, 134).

« … Je ne laisse perdre l’action d’aucun agissant parmi vous, homme ou femme, en réciprocité … » (Qur’ân 3, 195).

« Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, pieux et pieuses, donneurs et donneuses d’aumône, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent d’Allâh et invocatrices : Allâh a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense » (Qur’ân 33, 35).

« Ceux qui sont avares et ordonnent l’avarice aux autres, et cachent ce qu’Allâh leur a donné de par Sa grâce. Nous avons préparé un châtiment avilissant pour les mécréants. Et ceux qui dépensent leurs biens avec ostentation devant les gens, et ne croient ni en Allâh ni au Jour dernier. Quiconque a le Diable pour camarade inséparable, quel mauvais camarade ! Qu’auraient-ils à se reprocher s’ils avaient cru en Allâh et au Jour dernier et dépensé (dans l’obéissance) de ce qu’Allâh leur a attribué ? Allâh, d’eux, est Omniscient. Certes, Allâh ne lèse (personne), fût-ce du poids d’un atome. S’il est une bonne action, Il la double, et accorde une grosse récompense de Sa part » (Qur’ân 4, 37-40).

« Et quant à ceux qui ont cru et fait de bonnes œuvres, bientôt Nous les ferons entrer aux Jardins sous lesquels coulent des ruisseaux. Ils y demeureront éternellement. (…) Et Nous les ferons entrer sous un ombrage épais. Certes, Allâh vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants-droit, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité. Quelle bonne exhortation qu’Allâh vous fait ! Allâh est, en vérité, Celui qui entend et qui voit tout. Ô les croyants ! Obéissez à Allâh, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allâh et au Messager, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement) » (Qur’ân 4, 57-59).

« Il appartient aussi aux émigrés besogneux qui ont été expulsés de leurs demeures et de leurs biens, tandis qu’ils recherchaient une grâce et un agrément d’Allâh, et qu’ils portaient secours à (la cause d’) Allâh et à Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Il appartient également à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs coeurs aucune envie (ni jalousie) pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. Et il appartient également à ceux qui sont venus après eux en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères (et sœurs) qui nous ont précédés dans la foi ; et ne mets dans nos coeurs aucune rancoeur pour ceux qui ont cru. Seigneur, Tu es Compatissant et Très Miséricordieux » » (Qur’ân 59, 8-10).

« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable accomplissent la Salât, acquittent la Zakât et obéissent à Allâh et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allâh fera miséricorde, car Allâh est Puissant et Sage » (Qur’ân 9, 71),

« Ne convoitez pas ce qu’Allâh a attribué aux uns d’entre vous plus qu’aux autres; aux hommes la part qu’ils ont acquise, et aux femmes la part qu’elles ont acquise. Demandez à Allâh de Sa grâce. Car Allâh, certes, est Omniscient » (Qur’ân 4, 32).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Vous êtes tous des bergers et tout berger est responsable de son troupeau. Le Calife (ou l’imâm) est un berger et il est responsable de son troupeau et sera interrogé à ce sujet (sur la façon dont il se sera comporté avec et s’il était à la hauteur de sa fonction). L’homme est un berger et il est responsable de son troupeau et sera interrogé à ce sujet (sur la façon dont il se sera comporté avec et s’il était à la hauteur de sa fonction). La femme (mariée et/ou mère de famille) est une bergère et elle est responsable de son troupeau et sera interrogée à ce sujet (sur la façon dont elle se sera comportée avec et si elle était à la hauteur de sa fonction). Le domestique qui s’occupe des biens de son patron est un berger et il est responsable de son troupeau et sera interrogé à ce sujet (sur la façon dont il se sera comporté avec et s’il était à la hauteur de sa fonction) » (Rapporté par al-Bukharî dans son Sahîh n°2554 et n°7138 selon ‘Abdullâh Ibn ‘Umar ainsi que dans son Al-Adab Al-Mufrad n°206, par Muslim dans son Sahîh n°1829, par Abû Dawûd dans ses Sunân n°2928, par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°1705).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui sont les meilleurs à l’égard de leurs femmes » (Rapporté par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°1978 selon ‘AbdullahIbn Amr, sahîh).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « En vérité, Allâh vous enjoint d’être bon envers les femmes. En vérité, Allâh vous enjoint d’être bon envers les femmes, car ce sont vos mères, vos soeurs et vos tantes » » (Rapporté par At-Tabarânî dans Al-Mu’jam al-Kabîr n°648, selon Al-Miqdam ibn Ma’di, sahîh).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Les femmes sont les partenaires, les égales (en humanité), les homologues et les sœurs jumelles (shaqa’iq) des hommes » (Rapporté par Abû Dawûd dans ses Sunân n°236, par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°113, ainsi que par Ahmad dans son Musnad n°25663 avec une chaîne sahîh selon ‘Aîsha., par Ibn ‘Arabî dans ses Futûhât 3/87 qui l’a commenté de façon spirituelle et métaphysique également).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Le meilleur d’entre vous est le meilleur avec les siens (ses proches et les gens de sa famille), et je suis certes le meilleur d’entre vous avec ma famille » (Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°3895 selon ‘Aîsha, par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°1977 selon Ibn ‘Abbâs, rapporté aussi dans Mishkat al-Masabih n°3252 et n°3253).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Ne vous enviez pas, ne faites pas de collusion, ne vous haïssez pas, ne vous tournez pas le dos et ne surenchérissez pas les uns les autres sur vos offres de vente ! Soyez des serviteurs d’Allâh, frères (et sœurs) ! Le musulman est le frère (homme ou femme) du musulman. Il ne le lèse pas, ne l’oppresse pas, ne l’humilie pas, ne l’abandonne pas, ne le dément pas et ne le méprise pas. La piété se trouve ici ! – et il désigna sa poitrine à 3 reprises – Qu’il suffise à l’homme (ou à la femme) pour être mauvais(e) de mépriser son frère (ou sa sœur) musulman(e). Tout le musulman est sacré pour un(e) musulman(e) : son sang, ses biens et son honneur ! » (Rapporté par Muslim dans son Sahîh n°2564 selon Abû Hurayra).

Donc oui, on sait qu’il y a des hommes bons et des hommes mauvais, de bonnes femmes et de mauvaises femmes, – tout cela relève de l’observation et de l’expérience -, mais soyons à la hauteur de nos exigences et ne cédons pax aux vices et dérives que nous dénonçons chez les autres. Il ne faut pas non plus se laisser entrainer dans les superstitions et les faux combats imposés par l’Occident moderne (au sens politicoidéologique et paradigmatique du terme) – belliqueux, illusoire, décadent et destructeur -, car c’est avant tout ce que le Divin nous a exhorté d’atteindre et de faire qui importe et qui doit constituer notre idéal et notre horizon, avec des valeurs et des finalités en rapport avec le Sacré, l’adoration, la contemplation, la science utile et bénéfique, la spiritualité, la piété, la sagesse, la décence, l’intelligence, la dignité, la justice, l’harmonie et la complémentarité (au sein du couple, de la famille, de la société, de la communauté, de l’humanité et avec l’ensemble du vivant), en préservant et respectant aussi les droits du corps (qui est un dépôt d’Allâh), de l’âme, de nos proches, de la nature et du monde animal.

Toutes les crises et catastrophes actuelles découlent de ce constat limpide, évoqué déjà par René Guénon en 1927 : « Rien ni personne n’est plus à la place où il devrait être normalement ; les hommes ne reconnaissent plus aucune autorité effective dans l’ordre spirituel, aucun pouvoir légitime dans l’ordre temporel ; les “profanes” se permettent de discuter des choses sacrées, d’en contester le caractère et jusqu’à l’existence même ; c’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité, l’humain qui se substitue au divin, la terre qui l’emporte sur le ciel, l’individu qui se fait la mesure de toutes choses et prétend dicter à l’univers des lois tirées tout entières de sa propre raison relative et faillible. « Malheur à vous, guides aveugles », est-il dit dans l’Évangile ; aujourd’hui, on ne voit en effet partout que des aveugles qui conduisent d’autres aveugles, et qui, s’ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l’abîme où ils périront avec eux » (13).


Notes :

(1) Une chose qui semble échapper à beaucoup de réformistes et islamophobes, est que dans le droit musulman classique, il existe de nombreux cas dans lesquels les femmes héritent plus que les hommes ; plus précisément, ce sont 140 cas qui ont été évoqués par certains juristes. Et il y a aussi des cas où la femme hérite d’une part égale à celle de l’homme. L’égalitarisme peut relever de l’injustice quand les situations et circonstances spécifiques ne sont pas prises en compte, selon les difficultés et charges qui incombent à chaque personne dans leur contexte propre. Voir l’étude de recensement et d’analyse de 140 cas dans lesquels les femmes héritent plus que les hommes : ʿAlî Muḥammad Šawqî, Itḥāf al-kirām bi-mi’atin wa-arbaʿīn ḥālatan tariṯ al-mar’a aḍʿāf al-rajul fī al-Islām, Le Caire : Dār al-Ḥikma, 2016. Déjà à l’époque d’Ibn Taymiyya et d’Ibn al-Qayyim, donc bien avant l’ère moderne, ces nuances et différents cas étaient abordés, et concernant le témoignage, la parole de la femme pouvait être égale ou supérieure à celle de l’homme selon les cas et les domaines où elle était jugée compétente ou même plus qualifiée.

(2) Récit rapporté notamment par Haytham Al-Khayat dans La femme musulmane – Pour un vrai retour aux sources, éd. Bayane, 2012, p. 41.

(3) Shahla Haeri, The Unforgettable Queens of Islam, Cambridge University Press, 2020, pp. 89–105.

(4) Delia Cortese, Calderini, Simonetta. Women and the Fatimids in the World of Islam, Edinburgh University Press, 2006 pp. 128–40.

(5) Malha Benbrahim, « Malha Benbrahim, Documents sur Fadhma N’Soumeur (1830-1861) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 9,‎ 1er avril 1999. Le terme « marabout » à l’époque, renvoyait aux maîtres sûfis éducateurs, et non pas aux sorciers comme cela peut être parfois le cas à notre époque, depuis que le Tasawwuf et la piété religieuse se sont amoindris un peu partout, pour laisser la place au fanatisme ou aux résidus et influences psychiques et occultes : entre les charlatans, les « devins » et les « sorciers ».

(6) Kamel Kateb, Européens, “indigènes” et juifs en Algérie (1830-1962) : Représentations et réalités des populations, Paris, INED, 2002, p.45.

(7) Voir Jules Liorel, Races berbères, Kabylie du Djurjura, Paris, E. Leroux, 1892, chap. 1, pp. 238-250. Edouard Charton, Voyageurs anciens et modernes ; ou, Choix des relations de voyages … : depuis le cinquième siècle avant Jésus-Christ jusqu’au dix-neuvième siècle, avec biographies, Bureaux du Magasin Pittoresque, 1863, chap. 2, p. 422. Voir aussi Journal des débats politiques et littéraires, Voici la fin de la campagne contre la Kabylie : Extrait d’une correspondance – Alger 21 juillet 1857, Paris, 1892 (lire en ligne [archive]), « Lundi 27 juillet 1857 », p. 2/4.

(8) Émile Carrey, Récits de Kabylie campagne de 1857, M. Lévy, 1858, p. 269.

(9) Jules Liorel, Races berbères, Kabylie du Djurjura, Paris, E. Leroux, 1892, chap. 1, p. 231.

(10) Voir Muhammad Zubayr Siddiqi. Hadith Literature Its origin, development and special features: Women Scholars of Hadith, The Islamic Texts Society Cambridge, 1993, pp.117–123.

(11) Louis-Félix de La Salle de Rochemaure, Les Troubadours cantaliens, 2 volumes, Paris, éditions Bloud & Cie, 1910, p. 607.

(12) Salim Al-Hassani, “Women’s Contribution to Classical Islamic Civilisation: Science, Médicine and Politics”, Muslim Heritage, 11 février 2020 : https://muslimheritage.com/womens-contribution-to-classical-islamic-civilisation-science-medicine-and-politics/ ; voir aussi Rabia Ismail, “Islam and Education”. UCG Journal. No. 45489: 375–377 – via Research Gate, Mai 2019 : https://www.researchgate.net/publication/338501152

(13) René Guénon, La crise de monde moderne, chap.5 : L’individualisme.


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