Ibn Taymiyya et le Wahhabisme, similitudes et disparités
Le Shaykh Ibn Taymiyya, figure très controversée, et dont son nom revient systématiquement par rapport à l’actualité en lien avec le Jihadisme et le Wahhabisme, c’est-à-dire que son nom revêt de nos jours un caractère péjoratif, étant donné que certains mouvements sectaires et violents se réclament de lui de nos jours. Mais qui était-il réellement, et quelle est sa place au sein du monde musulman, de son époque jusqu’à nos jours ?
Le Shaykh Taqî ud-Dîn Ahmad Ibn Taymiyya (661 H/1263 – 728 H/1328) était issu d’une famille connue pour sa piété et sa science, sa formation incluait l’étude du Qur’ân, du hadîth et de l’exégèse qurânique (sans pour autant atteindre le rang le plus élevé dans la science du hadîth et l’exégèse), de la langue arabe et du droit. Il étudiera également plusieurs religions et écoles philosophiques, ce qui le poussera aussi à s’intéresser à la médecine, aux mathématiques et à l’astronomie, sans pour autant se spécialiser dans ces domaines. Ses contemporains étaient mitigés à son égard, certains le traitant de mécréant, d’autres d’égaré ou d’innovateur, tandis que d’autres le considérait comme le plus grand savant de son temps voire même de toutes les époques. Cependant tous reconnaissaient à son propos son érudition incontestable. Il lisait en effet beaucoup. Néanmoins certains de ses élèves n’ont pas épargné le Shaykh de leurs critiques, comme le fait que son érudition (accumulation d’informations) dépassait son intelligence (faculté de synthèse et clairvoyance dans les analyses), qu’il avait parfois un caractère très dur et hautain face à ses contradicteurs, et qu’il s’éloignait parfois de la voie des salafs pour s’aventurer dans des polémiques où les expressions et opinions employées furent condamnées par des salafs et par les plus grands savants de l’islam avant lui et à son époque. Il n’est donc pas rare de trouver dans les témoignages qui lui sont consacrés par un même savant, des passages très élogieux ainsi que d’autres passages comportant de violentes critiques à son égard, à l’instar de ce que l’on peut trouver chez Ibn Rajâb al-Hanbali (l’élève d’Ibn al-Qayyîm, lui-même élève d’Ibn Taymiyya), Ad-Dhahâbî (élève d’Ibn Taymiyya), As-Suyûtî, Ibn Hajar al Haytâmî (où certaines de ses critiques sévères étaient conditionnées par la véracité de ce qui était rapporté à son sujet parmi les rumeurs qui circulaient à son propos), Ahmad Ibn Atâ’Llâh As-Sakandarî, Taqî et Tâj ud-Dîn As-Subkî, Ibn Hajar al ‘Asqalânî, où tout en faisant son éloge, l’avait critiqué aussi pour sa malhonnêteté dans le fait d’affaiblir des ahadiths authentiques et d’authentifier des ahadiths inventés ou faibles quand ça l’arrangeait afin d’étayer son opinion. Ses ouvrages ne sont ainsi pas exempts de récits faibles ou inventés, que ce soit par rapport aux récits prophétiques ou à ceux attribués à des salafs. Il faut dire aussi que certains savants ont fait des éloges sur des auteurs dont ils n’ont pas lu tous les ouvrages, ou à contrario, de sévères critiques basées essentiellement sur des rumeurs ou des incompréhensions.
Ibn Taymiyya eut de nombreux opposants, certains étant très malhonnêtes et clairement moins érudits que lui (comme Ibn Makhlûf et Ibn ‘Adlân), tandis que d’autres étant plus clairvoyants, érudits et pondérés que lui (comme Taqî ud-Dîn As-Subkî, Ahmad Ibn Atâ’Llâh As-Sakandarî, Ibn Daqîq Al-‘Id, …). An-Nadwî avança plusieurs raisons qui suscitèrent l’opposition des savants à son égard, mais il occulte également le fait que des oppositions furent causées par les propres contradictions du Shaykh ainsi que par ses propos déviants dans la ‘aqida qui existent dans certains de ses écrits. A différentes occasions, le Shaykh écrivit des ouvrages pour expliquer aux gens la ‘aqida (surtout sur les Noms et Attributs d’Allâh), mais avec des différences notables entre ces écrits en la matière comme dans Bayân Talbîs al Jahmiyyah où l’on peut y lire des propos considérés comme hérétiques d’après une lecture attentive du Qur’ân et selon la voie des éminents salafs. Même chose dans son ouvrage Dar at Ta’rûd ‘Aql wa An Naql ainsi que dans ses Majmû al-fatawâ, où il redéfinit les choses à sa propre sauce, et où les implications logiques de ses propos mènent à l’hérésie, mais où il entendait parfois autre chose, ou alors n’était pas lui-même conscient des implications déviantes que comportaient ses postulats.
Pour autant, nous sommes très loin de la vision réductrice et caricaturale que s’en font les Wahhabites eux-mêmes, tout comme certains universitaires ou anti-Wahhabites primaires en milieu islamique. Il est tout aussi faux de penser que le Shaykh Ibn Taymiyya et que le prédicateur Mohammed Ibn ‘Abdel Wahhâb (m. 1206 H/1792) étaient similaires. En effet, d’un côté nous avons le Shaykh Ibn Taymiyya qui avait atteint le rang (du point de vue théorique et technique) de mujtahid, ayant des analyses souvent très fines et une grande érudition à propos du patrimoine islamique, et de l’autre, un prédicateur qui a rejeté l’héritage scientifique et religieux des savants sunnites sur plusieurs générations, dont l’école hanbalite de laquelle il a profondément divergé, et où son alliance politique avec Al-Saûd, a accéléré et accentué sa propension à la violence, allant jusqu’à ordonner des assassinats de savants musulmans orthodoxes enracinés dans la science et la piété, et connaissant très bien la ‘aqida atharite (celle de l’imâm Ahmad), et connaissant aussi l’œuvre de Ibn Taymiyya. D’ailleurs, pour réfuter les hérésies et les déviances de Mohammed Ibn ‘Abdel Wahhâb, son propre frère Sulaymân Ibn ‘Abdel Wahhâb (m. 1208 H/1794) avait rédigé plusieurs réfutations des idées répandues par son frère, et dans les lettres et épitres que Sulaymân écrivait, – comme son Fasl ul khitâb fi r-raddî ‘alâ Mohammed ibn Abdul Wahhâb et son al-Sawa`iq al-Ilahiyya fi Madhhab al-Wahhabiyya -, il se basait sur le Qur’ân, la Sunnah, plusieurs savants anciens dont le Shaykh Ibn Taymiyya. En effet, que ce soit en matière d’éthique, de fiqh, de ussûl et sur des questions concernant les divergences entre musulmans, le tasawwuf ou autre, Ibn Taymiyya était souvent plus nuancé et moins radical que Mohammed Ibn ‘Abdel Wahhâb. Ainsi, les premiers opposants au Wahhabisme étaient des savants musulmans hanbalites et souvent même taymiyyiens, dont son propre frère, qui nomma son courant le Wahhabisme, – qui n’est donc pas une appellation inventée par des non-musulmans comme certains Salafis et Wahhabites tardifs le prétendent -. Il suffit aussi de lire le Kitâb at-Tawhîd et les fatawa de Mohammed Ibn ‘Abdel Wahhâb pour s’apercevoir qu’il ne maîtrisait même pas les fondements du Tawhîd, les subtilités du shirk, les ussûl al fiqh, le Hadîth, la ‘aqida, les règles du Tafsîr, l’histoire islamique et de son patrimoine, ou encore l’éthique islamique, et qu’il ne pouvait donc pas être qualifié pour être un mujtahid, un « Shaykh ul Islâm » ou un « mujaddîd », car s’opposant au sunnisme traditionnel des toutes les générations précédentes, et s’écartant de la voie du juste milieu, de la science, de la sagesse et l’intégrité, au point de s’allier avec un homme politique peu recommandable qui avait simplement soif de pouvoir, pour répandre son message. En lisant les ahadiths et les commentaires traditionnels qui en sont fait au sujet du « Najd » et de la « corne du Shaytan », et de la description donnée sur les khawarij, force est de constater que cela s’appliquait bien à sa mentalité, à sa vision superficielle des choses et aux effets pervers de sa prédication, et dont les musulmans ont été profondément éprouvés (rupture avec la Tradition et l’Islam sunnite orthodoxe, massacres et destructions contre les musulmans, pillages de leurs biens, etc.). Mohammed Ibn ‘Abdel Wahhâb était déjà violent et sectaire, mais ses disciples ont été encore plus radicaux que lui, faisant aussi le takfir de masse sur pratiquement tous leurs opposants et l’ensemble du monde musulman, sans aucun respect du Qur’ân et de la Sunnah, ni de la voie de l’élite des Salaf. Pour toutes ces raisons, la voie de Ibn Taymiyya n’est pas comparable ni réductible à la prédication binaire, sectaire et pauvre de Mohammed Ibn ‘Abdel Wahhâb, – bien que des similitudes existent aussi -, d’autant plus que le contexte historique et la configuration sociopolitique n’étaient pas du tout les mêmes. Par ailleurs, Ibn Taymiyya a souvent combattu les envahisseurs (croisés et mongols), tandis que les Wahhabites de la première heure ont combattu les Musulmans tout en les taxant « d’apostats » ou de « mécréants pire que les idolâtres de Quraysh du temps du Prophète (ﷺ) ».
L’influence du Shaykh Ibn Taymiyya de son vivant et après son décès
Pour en revenir au Shaykh Ibn Taymiyya, bien que ses écrits n’aient jamais été très répandus à son époque ni dans les quelques générations qui suivirent, il n’était pas inconnu des savants, et le simple fait qu’il y ait eu de nombreuses polémiques et réfutations (ou tentatives de réfutations), et qu’il fut emprisonné à plusieurs reprises, montrent bien qu’il n’était pas un parfait inconnu, et que de grands savants, tout comme des autorités politiques, le prenaient au sérieux.
Sur le site Masud.co.uk, des savants sunnites nous donnaient quelques renseignements intéressants. Le Shaykh Nûh Keller As-Shâfi’î tout d’abord : « Des écrits ont été signés par Abû Hayyân An Nahwî (m. 745 H), Taqiy ud Dîn As Subkî (m. 756 H), Badr Ud Dîn Ibn Jama’ah (m. 733 H), Al Âmir As Sananî, l’auteur de Subul us Salâm (m. 1182 H), Taqîy Ud Dîn Al Hisnî, l’auteur de Kifâyat ul Akhyâr (m. 829 H), et Ibn Hajar Al Haytamî (m. 974 H) en réfutation de sa croyance, et elle est restée non acceptée par les musulmans pendant encore 400 ans jusqu’à l’apparition du mouvement wahhabite au 18e siècle, lequel suivait Ibn Taymiyya sur certains points de croyance et l’a déclaré son Shaykh de l’Islâm. Mais ce ne sera pas avant l’arrivée de l’imprimerie dans le monde Arabe que les livres d’Ibn Taymiyya (et les dogmes de ce groupe) ont vraiment vu la lumière du jour, quand un riche marchand de Jaddah commissionna l’impression de son Minhaj us Sunnah et d’autres de ses ouvrages sur la croyance, en Egypte à la fin du siècle dernier, ressuscité cette fois sous le nom de salafisme ou « retour à l’Islâm des débuts ». Ils ont de là été exportés aux quatre coins du monde islamique, propulsés par le financement généreux d’un ou deux pays musulmans modernes, dont les efforts ont rempli les mosquées de livres, de pamphlets, et de jeunes gens qui répandent ces idées et même les attribuent (grâce aux chaînes de transmissions douteuses d’Ibn Taymiyya) aux Imâms des premiers temps de l’Islâm ». Si en effet, les ouvrages de Ibn Taymiyya n’ont jamais constitué les ouvrages de référence dans les sciences islamiques dans le monde musulman de son vivant et même dans les quelques siècles qui suivirent (jusqu’à l’apparition du Wahhabisme et des pétrodollars), il n’était cependant pas non plus totalement ignoré, car même au sein de l’empire Ottoman, certains savants et juges l’étudiaient parfois (comme Kadizade Mehmed Efendi), même si la grande majorité était plutôt affiliée aux savants hanafites et maturidites, et à Ibn ‘Arabî, tout en étudiant aussi des références shafiites, comme certains ouvrages de Ibn Hajar al ‘Asqalânî. Le célèbre Shaykh al-Islâm Ibn Kamâl Pashâ (m. 940 H/1534), conseiller de Selim 1er premier, Calife du Califat ottoman, écrira d’ailleurs une célèbre fatwa défendant l’honneur et le rang du Shaykh al-Akbar Ibn ‘Arabî, le sûfi et juriste très orthodoxe : « Au Nom d’Allâh le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux. Louange à Celui qui, parmi ceux qui Lui vouent un culte pur, a fait de Ses serviteurs les héritiers des Prophètes et des Envoyés ; et que la grâce soit accomplie sur Muhammad qui est suscité pour corriger les égarés et ceux qui égarent, ainsi que sur sa Famille et ses Compagnons, les interprètes autorisés du droit islamique appelés à répandre la Loi ferme et évidente.
Ô vous les hommes, sachez que le Shaykh suprême, le modèle le plus noble, le pôle des connaissants et chef de ceux qui professent la doctrine de l’Unité, Muhammad Ibn al-‘Arabî at-Tâ’î al-Hâtimî al-Andalusî, juriste (inspiré) accompli et guide excellent, bénéficie de vertus merveilleuses, de grâces extraordinaires, et de disciples en multitude, reconnus par les savants et les personnages illustres. Quiconque est négatif à son encontre se retrouve dans l’erreur et quiconque persiste dans cette attitude est égaré. Le sultan a pour devoir de le rééduquer et de l’obliger à changer de convictions, étant donné qu’au sultan incombe l’ordre bien (admis) et l’interdiction de ce qui est négatif (et blâmable).
Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont les Gemmes sapientiales (Fusûs hikmiyyah) et les Ouvertures Mekkoises. Certaines des questions qui y sont abordées ont une expression et un sens saisissable et conforme à l’Ordre divin sans qu’il soit nécessaire de jouir d’un dévoilement intuitif ou initiatique. Que celui qui ne parvient pas à se hisser jusqu’au but recherché se taise où il se tient, en raison de cette Parole du Très-Haut : « Et ne poursuis pas ce dont tu es dépourvu de science. L’ouïe, la vue et le cœur : sur tout cela on sera interrogé (ou rendu responsable) » (Qur’ân 17, 36). Et Allâh est le Guide vers la Voie d’accès direct ». (Voir notamment Éric Geoffroy, « Annexe I – Texte arabe de la fatwā sur Ibn ‘Arabī contresignée par Ibn Kamāl Pacha », in Le soufisme en Égypte et en Syrie, Damas, Presses de l’Ifpo / Institut français de Damas (« Études médiévales, modernes et arabes », no PIFD 156), 1996, p. 511 ; Muhammad Vâlsan : traduction dans l’article Aperçus sur les indications allusives du titre : « Messages des Ouvertures Mekkoises pour la Connaissance des Secrets du Roi et du Royaume », Science Sacrée n°1-2, 2001).
Dans les autres sciences islamiques, voici par exemple les références que des savants et juges de l’Empire Ottoman devaient étudier dans leur cursus au 16e siècle : « En 972 de l’hégire – 1565 de l’ère chrétienne -, un décret impérial imposait l’étude de certains ouvrages aux élèves souhaitant entrer dans les écoles officielles. Sur les 39 titres retenus, 3 étaient des ouvrages de langue arabe, 5 des livres sur les fondements du droit (ussûl al fiqh), 7 des livres sur les branches du droit (furû’ al fiqh), 12 ouvrages étaient des ouvrages de hadith et 12 autres des exégèses (Tafassir) du Qur’ân. Parmi les oeuvres à apprendre pour espérer devenir juge (qadi), les juges, gouverneurs et muftis de Jérusalem, Damas ou Istanbul de demain figuraient ceux-ci : Le Qamus du lexicographe al Fairuzabadi (m.816H/1414), ouvrage majeur en langue arabe ; Al Kashshâf du perse al Zamakhshari (m.1144), exégèse aux relans mu’tazilites dont les commentaires imposés, notamment celui de Sharaf al din al Tibi (m.743 H/1342), servaient à corriger certains points de vue ; les Sahihayn de Muslim et Bukhari, avec les commentaires d’Ibn Hajar al ‘Asqalâni (m.853 H/1449) et Badr al-Din al Ayni (m.857 H/1453) ; le classique du fiqh hanafite qu’est Al Hidayah, de Burhan al-Din al-Farghani al-Marghinani (m.593 H/1197), accompagné lui encore de plusieurs de ses commentaires ; Al Jami fi Ahkam al Qurʾân, célèbre exégèse d’al Qurtubî (m.671 H/1273) ; le recueil d’avis juridiques, Al fatawa al Khaniyya, de l’imâm Hassan ibn Mansur Qadi Khan (m.592 H/1196) ; Al Durr Al-Manthur, une autre célèbre exégèse du Qur’ân de Jalâl ad-Dîn As-Suyûtî (m.911 H/1505) ; ou encore Masabih al Sunnah, recueil de hadith du savant shafiite al Baghawi (m.515 H/1122). An Nawawi et Ibn al Athir comptaient encore parmi les autres savants dont les ouvrages étaient souvent étudiés dans un cursus imposé par les autorités politiques ». (Voir notamment Ahmad Shahab et Nenad Filipovic, “The Sultan’s Syllabus: A Curriculum for the Ottoman Imperial medreses Prescribed in a fermān of Qānūnī I Süleymān”, 973 H (1565 de l’ère chrétienne).
Et le Shaykh ‘Abd ul Hakîm Mûrad a dit : « Dans tous les cas, bien que ces auteurs [Ibn Taymiyya et Ibn Al Qayyim] furent récemment ressuscités et rendus proéminents, leur influence sur la tradition scientifique orthodoxe fut négligeable, comme le suggère le nombre réduit de manuscrits de leurs ouvrages préservés dans les grandes bibliothèques du monde islamique. Beaucoup des ouvrages d’Ibn Taymiyya n’existe qu’en tant que manuscrits uniques ; et même les autres, lorsqu’on les compare aux ouvrages des grands savants tels que As Suyûtî et An Nawawî, ils semblent n’avoir été recopiés que très rarement. Voir la liste d’anciens manuscrits de ses ouvrages donnée par C. Brockelmann, Geschichte der Arabischen Litteratur (2nd. Ed. Leiden, 1943-9), II, 126-7, Supplément, II, 119-126 ».
Dans les siècles qui suivirent son décès, ce ne furent pas les ouvrages du Shaykh Ibn Taymiyya qui furent considérés comme des références à étudier, et ce sont plutôt d’autres savants de son époque (dans le siècle qui lui a précédé et dans le siècle qui lui a succédé) qui ont triomphé, comme les ouvrages de An-Nawawî, de Ibn Hajar al ‘Asqalânî, de ad-Dhahâbî, de Taqî ud-Dîn as-Subkî, de Ibn Hajar al-Haythâmî, de Ibn Rajâb al-Hanbalî et d’autres, qui étaient enseignés, aussi bien dans la logique (mantiq) que la ‘aqida, les ussûl, le Hadîth, le Tafsîr, le fiqh, l’histoire, etc.
Ses disciples et contemporains, entre suivisme et forte opposition
Parmi les disciples du Shaykh Ibn Taymiyya, ceux qui viennent directement à l’esprit de la plupart des gens qui connaissent Ibn Taymiyya de nom, sont Ibn al-Qayyîm (son plus « fidèle » disciple), Ibn Kathîr, Ad-Dhahâbî et As-Safadî. Or, seul Ibn al-Qayyîm l’a suivi en presque toute chose, aussi bien dans le fiqh (hanbalite), dans la ‘aqida (une conception particulière, n’étant pas conforme à la voie de l’imâm Ahmad et des autres éminents Salaf), et dans le Tasawwuf, adhérant à la tariqa qadiriyya (celle du Shaykh Al-Jilânî). Les 3 autres ne le suivirent pas du tout dans la même voie, se rattachant ainsi plutôt à l’école shafiite dans le fiqh, à l’école asharite (mais sans sectarisme) dans la ‘aqida, et rejoignant d’autres voies sûfies.
Al-Hafiz ad-Dhahâbî fut, durant sa jeunesse, un disciple du Shaykh Ibn Taymiyya, mais par la suite il étudia auprès d’autres grands savants, y compris le Shaykh et ami Taqî ud-Dîn As-Subkî, le Shaykh Diya’ al-Din `Isa ibn Yahya al-Ansari, le Shaykh Ahmad ibn Ishaq ibn Muhammad al-Misrî (m. 701 H) et le Shaykh Abû-l Fath Ibn Daqîq Al ‘Îd pour ne citer que ceux-là.
Al Hafiz ad-Dhahâbî dit dans son Siyâr A’lam an-Nubalâ’ à propos des mujadiddîn (revivificateurs de la Religion, envoyés à chaque génération) : « Je dis : pour le 4e siècle, il s’agit de Abû Hâmid Al Isfarâyînî ; pour le 5e siècle, il s’agit de Abû Hâmid Al Ghazâlî ; pour le 6e siècle, il s’agit du Hâfiz ‘Abd ul Ghanî ; et pour le 7e siècle, il s’agit de notre Shaykh Abû-l Fath Ibn Daqîq Al ‘Îd ». Et dans la même encyclopédie (17/118–119 et 16/300–302) il dit à propos du pacte initiatique de la tariqa sûfie Suhrawardi qu’il prit : « Notre Shaykh, l’ascète, le Muhaddith Diya’ al-Din `Isa ibn Yahya al-Ansari m’a vêtu de la cape (manteau) sûfi (al khirqa) au Caire en disant : ‘Shaykh Shihab al Dîn al Suhrawardi me l’a remise à la Mecque, il la tenait de son oncle Abû al Najib’ ».
Dans une lettre intitulée An-Nasihah ad-Dhahabiyya li-Ibn Taymiyya, – et rapportée notammnt par al-Hafîz al-Sakhawî dans Al-`Ilan bi Tawbikh li man Dhamma (p.136), par Ibn Hajar al ‘Asqalânî dans Ad-Durar al-Kamina (1/151) et dans l’introduction du Siyâr A’lam an-Nubalâ’ de Bachar Awwad et d’autres -, qu’il écrivit à Ibn Taymiyya lorsqu’il réalisa qu’il s’égara de la Voie des Salafs et de la noble éthique dans la critique et le débat. Voici le contenu de sa lettre :
« Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Mes modestes Louages vont à Allâh.
Ô Seigneur, ayez pitié de moi, diminuez mes erreurs, et préservez ma Foi. Quelle tristesse à mon manquement ; quelle douleur sur la Sunnah et le départ de ses gens ; quel regret pour mes frères croyants de partager avec moi mes pleurs ; quel chagrin envers la perte des gens qui clair-octroyaient les lampes de la science Sacrée, hommes de la crainte d’Allâh, et trésor de trouvailles de chaque bonne chose ; hélas pour ne pas trouver un dirham qui est halal ou un frère qui est affectueux.
Quelle bonne nouvelle pour celui dont les propres fautes le détournent de celles des autres, et où les fautes des autres le distraient des siennes. Combien de temps verrez-vous la brindille dans l’oeil de votre frère et oublierez la poutre dans le vôtre ? Combien de temps vous louerez vous vous-même, vos babillages, votre style, pendant que vous blamez les savants et que vous cherchez les choses gênantes des gens, en sachant comme vous le faites que le Prophète l’a interdit, disant : « Dis, la mort ne sera pas sauvée par le bien, pour eux sont passés à ce qu’ils ont envoyé en avant ».
Bien sûr, je réalise que vous vous défendrez en me disant que les attaques ne sont qu’envers ceux qui n’ont jamais senti le parfum de l’Islam et ne savent pas ce que Muhammad a apporté, et que c’est votre Jihâd. Non, par Allâh ceux que vous attaquez savent que le résultat est encore meilleur quand il suffit d’ignorer vos accusations (attaques), qui les font réussir (les laisse en paix). Même plus, ils sont ignorants (ne sont pas au courant) qu’une grosse manœuvre (dénégation) les concerne. Et « l’excellence de l’Islam d’une personne inclus de laisser ce qui ne le concerne pas ».
Par Allâh, ô homme ! Donnez-nous du répit (sursis) de vous, car vous êtes un polémiste un peu trop éloquent qui ne se repose pas, ni ne dors (qui ne nous laisse pas d’air). Attention à la création du doute, aux questions religieuses problématiques. Notre Prophète a été offensé par trop de questions, les a critiqué, et a interdit les demandes trop excessives (concernant la religion) en détails.
Il a aussi dit : « La chose que je crains le plus pour ma communauté est l’hypocrite éloquent ».
Trop de discours (publics), même sans erreurs, durcissent le coeur quand il concerne le Halal et le haram. Alors comment cela aurait dû être si cela concernait les mots de la Yunusiyyah, les philosophes, et expressions de kufr (mécréance), qui rendent les cœurs aveugles ?
Par Allâh, nous sommes devenus des comiques dans l’existence (de l’humanité/des musulmans). Combien de temps exhumerez-vous (exposerez aux yeux de tous) les détails des expressions philosophiques de kufr pour nous pour réfuter avec (ainsi que) nos avis (esprits) ? Vous avez gobé, (ô) homme, plus qu’un seul poison des philosophes et de leur travail, et à trop utiliser de poison (poison addictif) fait que vous devenez dépendant. Par Allâh, ça s’entasse dans le corps (le coeur).
Ô, qu’a envie le groupe parmi lequel le Qur’ân est récité avec réflexion, où la crainte est éprouvée par sa méditation, où il y a le silence avec sa méditation (contemplation). Ô, qu’a envie une assemblée où les pieux sont mentionnés, de la pitié descend là où les gens justes sont rappelés, pas là où le juste parle avec du mépris et des malédictions. L’épée d’al-Hajjaj et la langue d’Ibn Hazm étaient soeurs (liées), aucuns musulmans ne pouvaient être épargnés (de leur accusation), et vous avez rejoint la famille (de leur méthode et de leur façon de faire).
Par Allâh, laissez-nous tranquille avec « la bid’ah du Jeudi », et de « manger des grains », et faites plutôt un effort de vous rappeler que les bid’ah que nous considérons comme des sources d’égarement, qui sont maintenant devenues « la Sunnah authentique » et « les bases du Tawhid », et que quiconque ne les connaît pas est un mécréant, ou un âne, et que quiconque ne les déclare pas mécréant est devenu encore plus mécréant que Pharaon. Vous considérez les Chrétiens [très pratiquants] comme nous. Par Allâh, il y a des pressentiments dans des coeurs. Vous êtes chanceux si votre foi envers les deux Shahadahs est restée indemne.
Oh la déception de celui qui vous suit (disciple), car il est exposé à la corruption dans les croyances de base et à la dissolution. Particulièrement s’il manque d’étude et de religion, un oisif complaisant qui vous rend service en se battant en votre nom avec sa main et sa langue, alors qu’il est en réalité votre ennemi dans son être et son cœur. Ce que sont vos disciples ne sont que bornés avec peu d’intelligence, des menteurs communs avec des esprits mornes, des silencieux astucieux, ou sèchement juste sans comprendre ? Si vous ne le croyez pas, regardez-les juste et évaluez-les honnêtement. L’âne de vos désirs, ô musulman, a marché pour vous applaudir. Combien de temps aimerez-vous à la folie votre ego, et attaquerez les gens les plus excellents ?
Combien de temps le cautionnerez-vous et dédaignerez-vous le pieux ? Combien de temps l’exalterez-vous et mépriserez-vous les dévoués ? Jusqu’où serez-vous son ami le plus proche et détesterez-vous l’abstinent ? Combien de temps louerez-vous vos propres dires de la manière que vous n’utilisiez même pas les Sahih d’al-Bukhari et de Muslim ? Les Hadiths des deux Sahihs devraient être sans faille pour vous, au lieu de vos attaques perpétuelles envers eux, en suggérant leur faiblesse, les considérant telle une proie idéale ou avec une explication figurative pour les démentir.
Le temps n’est pas venu pour y renoncer ? N’est-il pas le moment de vous repentir et expier (vos fautes) ? N’êtes-vous pas au dixième de la vie d’un homme quand il atteint 70 ans et que le départ final est bientôt tracé ? En effet, par Allâh, je ne me rappelle pas que vous vous rappeliez souvent la mort. Vous vous moquiez de quiconque se rappelle la mort. Donc je ne pense pas que vous prendrez en compte mes mots ou entendrez mon exhortation. Au lieu de ça, vous devriez probablement montrer votre grande force, et vous concerner à détruire cette feuille de papier avec une importante implication, couper mes fins de phrases jusqu’à ce que vous gagniez l’avantage et terminiez l’argumentation avec un triomphe … du tout. Et il était silencieux.
Si vous tenez encore à mes yeux (que vous avez encore de la valeur), et je suis quelqu’un de sympathique envers vous, affectueux et tendre, comment croyez-vous que vous teniez face à vos ennemis ? Par Allâh, parmi vos ennemis, il y a les hommes justes et intelligents, et les vertueux, de même que parmi vos amis il y a le mauvais, les menteurs, les ignares (ignorants), les fainéants, le vil, et l’aveuglé (le bétail).
Je peux accepter (concevoir) que vous devriez publiquement me dénigrer, en profitant secrètement de ce que j’ai dit. « Qu’Allâh ait pitié de l’homme qui me montre mes fautes » (mots attribués à ‘Umar – Radiallahu anhu -). Car j’ai beaucoup de fautes et de péchés, malheur sur moi si je ne me repens pas et énorme est mon déshonneur envers Allâh qui connaît le Caché. Mon seul remède est le pardon d’Allâh et Sa Miséricorde, Son octroi du succès et Ses conseils.
Louanges à Allâh, le Seigneur des Mondes. Qu’Allâh bénisse notre seigneur (guide) Muhammad, le dernier des prophètes, sa famille et ses compagnons ».
Cependant, Ad-Dhahâbî cita aussi la position du Shaykh Ibn Taymiyya, peu avant sa mort, où il renonça au sectarisme, et considérait comme musulman, quiconque faisait ses ablutions et se tournait vers la qibla pour prier Allâh lors de la salât.
Il dit en effet dans Siyar A‘lâm an-Nubalâ’ (15/85-89) dans la biographie de l’imâm Abû al-Hassan ‘Alî ibn Ismâ‘îl al-Ash‘arî (260-324 H) : « J’ai vu chez Al Ash‘arî une parole qui m’a étonné, et elle est confirmée, al Bayhaqî (m. 458 H) l’a rapporté en disant : « J’ai entendu Abû Hâzim al ‘Abdawî (m.417 H) dire : « J’ai entendu Zâhir ibn Ahmad as Sarakhsî (m.389 H) dire : « Lorsque les derniers instants de Abû al Hassan al Ash’arî ont approché dans ma maison à Baghdâd, il m’a appelé, je suis venu, puis il a dit : « Atteste de ma part que je ne rends personne mécréant parmi les gens de la Qiblah, car tous appellent à une Divinité Unique, et nos divergences ne sont que dans les expressions ».
Je dis (Ad-Dhahabî) : « Sur cela je pratique ma religion. Notre Shaykh Ibn Taymiyya (m.728 H) était ainsi lors de ses derniers jours, il disait : « Je ne déclare personne de la communauté mécréant, et le Prophète (ﷺ) a dit : Personne ne garde son ablution sauf un croyant, quiconque prie avec son ablution est musulman » ».
Ibn Hajar al-`Asqalânî (m. 852 H) mentionne dans son al-Durar al-Kâmina (1/153-155) les paroles de l’élève d’Ibn Taymiyya (m. 728 H) : Sulaymân Najm al-Dîn al-Tufî al-Hanbalî (m. 716 H) concernant ce dernier : « En une seule heure, il (Ibn Taymiyya) avait l’habitude d’extraire du Livre, de la Sunnah, de la langue arabe, des problèmes, des choses que personne n’aurait pu extraire même en plusieurs séances, comme si ces sciences étaient sous ses yeux et qu’il choisissait parmi elles à son bon vouloir.
Puis vint un moment où ses compagnons exagérèrent en éloges à son sujet, qui conduisit à son auto-satisfaction jusqu’à le rendre vaniteux envers ses semblables. Il devint convaincu qu’il était un érudit capable d’effort d’interprétation [mujtahid]. Et depuis cela, il commença à réfuter chaque érudit, petit ou grand, ancien ou contemporain, jusqu’à ce qu’il remonte jusqu’à `Umar (ibn al-Khattab, le compagnon) en lui reprochant certaines choses.
Cela atteignit les oreilles du Shaykh Ibrâhîm al-Raqî qui le réprimanda. Ibn Taymiyya alla le rencontrer, s’excusa, et demanda pardon. Il critiqua également `Alî (ibn Abî Tâlib, le compagnon) et dit : (…) « Il s’est trompé dans 17 sujets dans lesquels il aurait contredit le texte même du livre […] ».
Dû à sa défense fanatique de l’école Hanbalite, il attaqua les Ash`arites jusqu’à insulter al-Ghazâlî (m.505 H) à tel point que certaines personnes s’opposèrent à lui et faillirent le tuer […]
Et ils ont constaté qu’il avait laissé échapper certains mots de sa bouche [qu’il avait dérapé] concernant le credo dans ses sermons et ses réponses juridiques (fatâwâ), et ils ont mentionné qu’il avait cité le hadith de la « descente » d’Allâh, puis est descendu des marches de son minbar et a déclaré : « [Allâh descend] Tout comme ma descente », et on lui a ainsi attribué l’anthropomorphisme (tajsîm). Ils ont également cité sa réfutation de celui qui utilise le Prophète (ﷺ) comme intermédiaire [tawassul] ou recherche son aide [istighâtha] […]
Les gens se divisèrent en partis à cause de lui. Certains l’ont considéré comme un anthropomorphiste à cause de ce qu’il mentionna dans al-`Aqidah al-Hamawiyya et al-`Aqidah al-Wasitiyya ainsi que dans d’autres de ses ouvrages, qui indiquent que « al-Yad » [litt: La Main] , « al-Qadam » [litt: Le Pied], « al-Saq » [litt: partie entre le tibia et le mollet] et « al-Wajh» [litt: Le Visage] sont des Attributs compris dans leur sens apparent et qu’Il est établi sur le Trône par Son Être. On lui rétorqua que si tel était le cas, Il serait obligatoirement cerné par l’espace et sujet à la divisibilité.
Il répondit (Ibn Taymiyya) : « Je ne concède pas que d’être cerné par l’espace et la divisibilité soient des propriétés nécessaires aux corps », après quoi il fut prouvé à son encontre qu’il pensait que l’Être d’Allâh était sujet au confinement spatial.
D’autres l’ont considéré comme un hérétique du à ses propos comme quoi l’aide du Prophète (ﷺ) ne devait pas être recherchée et le fait que cela revenait à diminuer la grandeur du Prophète (ﷺ) et à empêcher l’établissement celle-ci […]
D’autres l’ont considéré comme un hypocrite en raison de ce qu’il a dit sur `Alî b. Abî Talib : […]
A savoir qu’il avait été abandonné partout où il allait, qu’il tenta à plusieurs reprises d’obtenir le califat sans jamais l’avoir, qu’il combattit par soif de pouvoir plutôt que pour la religion, et il a dit : « Il aimait l’autorité, tandis que `Uthmân aimait l’argent ». Il disait qu’Abû Bakr a déclaré sa conversion à l’Islam quand il était d’un âge avancé, totalement conscient de ses propos, tandis que `Alî l’a déclaré étant enfant, et que les propos d’un enfant en Islam ne sont pas considérés comme valable basé sur sa propre parole […]. En somme, il prononça d’horribles choses comme celles-ci, et il fut dit à son encontre qu’il était un hypocrite, compte tenu des paroles du Prophète (ﷺ) [qu’il dit à `Alî] : « Seul un hypocrite peut te haïr » ».
Il avait donc une approche assez ambigüe et hésitante comme cela peut être lu dans plusieurs de ses écrits et débats.
Le Shaykh Shams al-Din Ibn Muflih al-Maqdisî (710 H/1310 – 763 H/1362) était un célèbre savant hanbalite, disciple de l’imâm Ibn Taymiyya. Bien qu’il accordait une certaine préférence aux avis juridiques d’Ibn Taymiyya, en matière de credo concernant les Attributs et Noms d’Allâh, l’opinion d’Ibn Taymiyya n’a même pas été retenue, car contredisant les deux méthodologies acceptées et retenues par les savants hanbalites, tel que l’imâm Ibn Muflih l’a exposé dans son ouvrage Ussul al fiqh (cf. 1/316 notamment), qui est une référence dans le mahdhab hanbalite. Ainsi, la position de Ibn Taymiyya n’était pas considérée comme orthodoxe et fidèle à la voie de l’imâm Ahmad dans la ‘aqida.
L’imâm Salâh ud-Dîn As-Safâdî dit dans son Sharhu Lâmiyyat ul ‘Ajam li At Tughrâ’î : « Le Shaykh, l’Imâm et érudit Taqî Ud Dîn Ahmad Ibn Taymiyya (qu’Allâh lui fasse miséricorde) était grandement érudit mais il avait une intelligence défectueuse ce qui fut la cause de son péril et le fit tomber dans de gros travers ».
L’élève de Ibn Taymiyya, Yussûf Ibn `Abd al-Hâdî al Hanbali (qui était l’un de ses disciples les plus chevronnés et partisans du Shaykh, avec Ibn Al-Qayyim, mais Ibn Hajar al ‘Asqalânî l’a réfuté sur ses positions erronées dans la théologie, le hadith et le fiqh, notamment lorsque ‘Abd al-Hâdî tenta de réfuter As-Subkî, mais avec des arguments invalides et en rejetant des ahadiths authentiques) dit dans al-`Uqûd al-Durriyya (p. 117) : « Il donnait/utilisait des expressions étranges que les premiers et derniers savants n’osaient jamais utilisé alors qu’il s’y livrait hâtivement/hardiment ».
L’ancien élève d’Ibn Taymiyya, Abû Hayyan Al-Andalûsi a remis en cause Ibn Taymiyya alors qu’auparavant il ne faisait que son éloge, et qu’il n’arrivait pas à concevoir qu’on puisse ne pas aimer Ibn Taymiyya. Mais après lui avoir rendu visite, Al-Andalûsi est reparti déçu en ayant constaté l’arrogance de Ibn Taymiyya sur certains points. Mais surtout il s’est mis à le “maudire” après avoir vu dans le livre “Kitabû l-‘Arsh” de Ibn Taymiyya sa parole selon laquelle Allâh serait assis sur le Kursî et qu’Il aurait laissé une place pour y faire asseoir Son Prophète. Abû Hayyan Al-Andalûsi a dit : « J’ai vu cela dans son livre, son propre livre et je connais son écriture », cité dans son tafsîr intitulé “An-Nahrû l-Madd mina l-Bahr”. Al-Hafiz Ibn Hajar al ‘Asqalânî, tout en reconnaissant l’érudition et les qualités de Ibn Taymiyya (dans certains de ses ouvrages), l’a aussi corrigé dans son “Qawl al-Musaddad ʻan al-musnad al-Imām Ahmad”, sur des questions relatives à la ‘aqida, au hadith et au fiqh : « Ibn Taymiyya, à cause de la mauvaise opinion bien connue qu’il avait de ‘Ali, ne s’est pas limité à considérer ce hadith comme forgé comme l’a fait Ibn Jawzi, il a pris l’initiative d’en rajouter en prétendant que les experts du hadith (muhaddithun) le considéraient comme « forgé ». Ibn Taymiyya a tellement rejeté de hadiths simplement parce qu’ils étaient inconciliables avec ses opinions qu’il est difficile d’en établir la liste complète ». Il affaiblissait des ahadiths authentiques ou bons uniquement car cela contredisait ses opinions, puis apportait une nouvelle interprétation. Or ses arguments rationnels sont réfutables et pas toujours convaincants, et cela n’enlève rien à l’authenticité de la chaine, même s’il usait parfois de faux arguments pour les rejeter (comme « telle personne est faible ou inconnue », alors que les ouvrages traitant des biographies des narrateurs démontrent le fait qu’ils étaient à la fois connus et dignes de confiance).
L’imâm Ibn Rajab Al-Hanbalî a dit dans Dhayl Tabaqat al hanabilah (4/505) sur Ibn Taymiyya : « Cependant il (‘Imad ad din al Wasiti) et un groupe des plus proches compagnons d’Ibn Taymiyya ont désapprouvé les déclarations du Shaykh sur certains des plus grands Imams, et des plus exceptionnels, ou comme sur ceux qui se sont détournés du monde éphémère pour être seuls avec leur Seigneur (les sûfis). Et le Shaykh, – qu’Allâh lui fasse Miséricorde -, n’avait pour intention que le bien et la défense de la vérité Insha’Allâh ta’ala. Et divers cercles des gens du Hadith, dont les imams, Huffadh (mémorisateurs de plus de 100000 hadiths) et fuqaha (juristes) aimaient le Shaykh et le tenaient en haute estime. Mais ils n’ont pas aimé pour lui d’aller sur les questions en profondeur avec les théologiens et les philosophes comme c’était la méthodologie des Imams de Ahl al Hadith comme As-Shafi’i, Ahmad, Ishaq, Abû ‘Ubaid et d’autres comme eux. En outre de nombreux savants, jurisconsultes, Muhaddithin et Salihîn (pieux) n’aimaient pas qu’il aille de sa propre opinion avec certaines de ses prises de positions uniques que les Salafs désapprouvaient sur ceux qui les prenaient. Jusqu’à que l’un des juges justes de nos compagnons l’a empêché de faire ces fatawas ».
L’Imam Taqi al-Din al-Hisni al-Shafi’i (m. 829 H) mentionne dans son Daf ‘Shubah, man Shabbaha wa Tamarrad (p. 535) quelques points concernant l’imam ibn Rajab al-Hanbali (m. 795 H) et certaines de ses opinions négatives concernant ibn Taymiyya : « Al-Shaykh Zayn al-Din ibn Rajab al-Hanbali était parmi ceux qui croyaient fermement au kufr d’ibn Taymiyya (incrédulité), et avaient (écrit) des réfutations contre lui. Il dirait au sommet de sa voix lors de rassemblements : “Al-Subki est excusé – ce qui signifie en ce qui concerne son takfir” ».
Néanmoins, s’il est vrai qu’Ibn Rajab a réfuté Ibn Taymiyya sur plusieurs points, nous doutons fortement qu’il ait pu faire son takfir.
L’imâm Jalâl ud-Dîn As-Suyûtî, bien qu’ayant fait l’éloge de Ibn Taymiyya (peut-être avant d’avoir lu plusieurs de ses ouvrages), l’a également critiqué dans son Kam’ al-Mu’arid : « Ibn Taymiyya était arrogant. Il était très vaniteux. C’était son habitude de se représenter comme supérieur à tout le monde, de mépriser (ou offenser) celui à qui il parlait et de se moquer des grands musulmans ».
L’imâm Al-Sakhawi dans I’lan bi al-Tawbikh (p. 163) dit : « Il y a aussi ces savants de l’apprentissage approfondi, de l’austérité et de l’ascétisme que les gens ont évités et dont ils ont pris soin de ne pas s’y référer [ndt : « utiliser comme référence ou comme argument »], en raison de leur (mauvaise) langue et de leur manque de tact, ce qui les a amenés à parler et à critiquer excessivement. De tels hommes étaient ibn Hazm et ibn Taymiyya ». C’est-à-dire qu’ils étaient des hommes qui passaient certes leur temps à étudier et à lire, mais ils étaient parfois excessifs dans leurs critiques des grands imams, et parfois en utilisant un langage grossier.
Ad-Dhahabî dans son al-‘Ibar (4/84) après avoir fait l’éloge du Shaykh Ibn Taymiyya (pour ses qualités) précise et constate quand même que : « Il avait quelques opinions étranges sur lesquelles il a été réfuté (attaqué intellectuellement) ».
Dans Bayân Zaghl al-`Ilm (pp. 23-24), l’imâm Ad-Dhahabî dit d’Ibn Taymiyya : « S’il s’avère que tu excelles dans les Principes (al-Ussûl) et ce qui les suit – la logique, l’éthique, la philosophie, les paroles des anciens et les énigmes difficilement résolubles – tout en te protégeant avec le Livre (Qur’ân) et la Sunnah ainsi que la doctrine des Salafs -, ainsi alliant raison [ou intelligence] et transmission, même avec tout ceci, je ne pense pas que tu atteindras le niveau d’Ibn Taymiyya. Non, par Allâh ! Tu ne l’approcheras même pas. Pourtant j’ai vu ce qui lui est arrivé – toute l’opposition à laquelle il a dû faire face, l’abandon, des déclarations justifiées et injustifiées d’hérésie, d’apostasie, et d’erreur ! Avant qu’il pénètre cette science [i.e. la doctrine Islamique/théologie ; al ‘aqida], il brillait de lumière et illuminait les autres, portant la marque des Salafs sur son visage. Puis il devint éteint, sans lumière, obscur et sombre aux yeux de la plupart des gens, un maléfique imposteur [dajjâl] et un mécréant aux yeux de ses ennemis tandis qu’un grand nombre des gens sages et de l’élite le considérait comme un savant innovateur mais éminent et brillant (mubtadi` fâd.il muhaqqiq bâri`), et que le commun de ses amis sans éducation le considérait comme le champion de l’Islam, le défenseur de la Religion et le revivificateur de la Sunnah ». (Cité aussi par al-Sakhâwî dans al-I`lân, p. 78).
Selon Ad-Dhahâbî, à cause de son empressement, de son caractère polémiste, et d’avoir plongé dans certaines sciences sans prudence ni clairvoyance, il est tombé dans des innovations blâmables, s’est attiré de nombreux ennemis parmi les sectaires et les sages et a perdu du temps et son « éclat ». Trop de polémique tue en effet le « cœur ». Ad-Dhahabî était jeune quand il fréquentait essentiellement Ibn Taymiyya et fit de nombreux éloges sur lui. Mais quand il étudia auprès de grands shuyukhs (dont ceux qu’ils considéraient comme des « shaykh ul islam » et des « mujaddidin »), il revint sur certaines positions, et vit certaines déviances doctrinales et erreurs juridiques chez Ibn Taymiyya. Il relate donc que les opposants à Ibn Taymiyya étaient de deux sortes : les gens peu avertis et passionnels, qui disaient des choses parfois infondées à son encontre ; et enfin les musulmans parmi les sages et l’élite des savants (shaykh ul islam), qui lui reprochaient à juste titre des innovations blâmables et des déviances, tout en le considérant comme un savant possédant également des qualités certaines et une érudition incontestable.
Et enfin, il dit que certains de ses proches mal-éduqués (spirituellement et intellectuellement) le considéraient, – à tort selon Ad-Dhahâbî -, comme la plus grande référence de l’islam.
Ad-Dhahâbî dit encore dans son Dhayl Tarikh Al Islam (pp. 328-329) : « Et sans aucun doute, aucune considération ne devrait être accordée à l’éloge de ses compagnons les plus proches ou de ceux qui sont extrêmes dans leur admiration pour lui. Leur amour pour lui les amènera à couvrir ses erreurs, même s’il peut même les compter pour ses bonnes actions. (…) Celui qui l’a (Ibn Taymiyya) côtoyé et qui le connaît, pourrait dire que je ne lui accorde pas tout l’intérêt qu’il mérite. Tandis que celui qui l’a rejeté et qui le contredit, dirait que je lui accorde trop d’intérêts. J’ai été malmené par les deux parties, d’un côté ses partisans, et de l’autre ses opposants. Moi je ne crois pas à son infaillibilité. Bien plus je le contredis dans certaines questions relatives aux fondements de la religion et aux corollaires (branches). Malgré ses vastes connaissances, son courage exemplaire, son immense respect des choses sacrées de la religion, il n’en reste pas moins qu’un humain parmi les humains. Cela suscite chez ses adversaires l’animosité, la colère et le heurt. Cela engendre également l’hostilité chez certains. S’il n’en était pas ainsi, il aurait fait l’objet d’un consensus. Leurs plus grands maîtres sont pleins d’humilité face à son savoir. Ils reconnaissent que c’est un océan de de savoir, un trésor sans pareil. Pourtant, il lui est fait des reproches sur ses mœurs et actes. Ainsi, chacun de nous prend ce qu’il doit prendre et laisse ce qu’il doit laisser ».
Au début, Ibn Taymiyya était son maître principal, et il le suivit presque en tous points, mais lorsqu’il rencontra d’autres grands savants, à la fois plus humble et plus connaisseur que lui.
Parmi ceux qui réfutèrent Ibn Taymiyya de son vivant, sur plusieurs points, nous pouvons citer le Shaykh ul Islâm Taqî ud-Dîn As-Subkî dans la ‘aqida et le fiqh, le Shaykh Alâʾ al-Dîn al-Bâjî qui l’avait réfuté dans la ‘aqida, le Shaykh ul Islâm Ahmad Ibn Atâ’Llâh as-Sakandârî dans la ‘aqida, le Shaykh Ad-Dhahâbî dans le Hadîth et la ‘aqida, le Shaykh As-Safâdî, Cependant, d’autres critiques qui l’ont visé, nous les estimons peu convaincantes ou peu pertinentes, notamment sur « l’éternité de l’enfer », où Ibn Taymiyya fut attaqué car dans un écrit (repris et aussi développé par son disciple Ibn al-Qayyîm) il défendit la fin de l’Enfer (en se basant notamment sur quelques versets du Qur’ân, des ahadiths et des analyses intellectuelles en lien avec les Noms divins).
Conclusion
Le Shaykh Ibn Taymiyya fut un savant très prolifique, écrivant sur de nombreux sujets ayant trait à la médecine, à l’astronomie, à la philosophie, à la philologie, à l’exégèse qurânique, à la logique, à l’interreligieux, à l’histoire, à la théologie, à la jurisprudence, à la théologie, au Hadîth, à la Sîrah, au Tasawwuf, aux Ussûl al-Fiqh (Fondements du Droit), etc. Il était un érudit reconnu par ses pairs, mais ses erreurs et ses dérives se multiplièrent aussi, et de fausses rumeurs se sont rajoutées aussi à tout cela, ce qui lui a causé du tort, ainsi que de multiples emprisonnements. Ses qualités comme ses défauts furent évoqués par les grands savants de son époque. Dans ses Fatawa, on dénote une liberté intellectuelle et un courage très prononcés, mais où son intelligence et la finesse de ses analyses n’étaient pas toujours à la hauteur de son ijtihad. Chez de nombreux hanbalites, il n’est pas considéré comme une autorité dans la ‘aqida, – contredisant la voie de l’imâm Ahmad et des grandes autorités de l’école Hanbalite -, mais dans le fiqh, malgré de profonds désaccords avec l’école Hanbalite, son rang de mujtahîd est reconnu, et il en était certainement capable sur le plan théorique. Dans la ‘aqida, ses positions contradictoires et erronées, furent notamment causées par son investissement dans le domaine de la philosophie qui l’influença, – sans doute malgré lui – et qui lui fut dire des critiques exagérées ou infondées sur un certain nombre de grands savants et de maîtres sûfis, alors que lui-même fut un cheminant sur la Voie sûfie, et faisant l’éloge en d’autres occasions, de grands maîtres spirituels du Tasawwuf.
Comme tout savant prolifique, et engagé dans les débats, les erreurs et défauts ont existé, tout comme des contradictions dans son œuvre ou encore une évolution intellectuelle, et il ne convient pas de le suivre aveuglément sur ses erreurs et ses déviances, mais il ne faut pas non plus nier aussi ses mérites, ses qualités, et la finesse de ses nombreuses analyses dans un certain nombre de ses écrits.
On trouvera ainsi des propos singuliers, erronés et étranges dans pratiquement tous les domaines, à savoir l’histoire, le Hadîth, la théologie, le fiqh, la critique des savants, la Sîrah, le Tafsîr, les Compagnons, le Tasawwuf, etc., notamment dans ses affirmations erronées où il voulut étayer ses avis en prétextant le consensus ou l’avis majoritaire, ou l’inexistence de certains ahadiths dans les sources anciennes, etc., alors qu’il n’en était rien, et que la réalité était plutôt l’inverse de ce qu’il prétendait sur ces sujets. Il parait cependant difficile de douter de sa sincérité dans la Religion, car il a enduré l’emprisonnement, a dévoué toute sa vie pour la Religion, et a renoncé aux « plaisirs mondains » de l’existence terrestre, et Allâh sait mieux.
Parmi les grands savants ayant fait son éloge, tout en le critiquant sur plusieurs points, citons tout d’abord ses élèves As-Safadî et Ad-Dhahâbî, puis Taqî ud-Dîn as-Subkî et son fils Tâj ud-Dîn, Ibn Rajab al-Hanbalî, Ibn Hajar al ‘Asqalânî, Jalâl ud-Dîn As-Suyûtî et bien d’autres.
Nous conclurons par ces propos du Shaykh Ibn Hajar Al ‘Asqalânî qui a dit dans son Durâr al-Kâmina : « Ce sur quoi il a vu juste, et qui constitue l’essentiel de son œuvre, est profitable à tous et doit nous conduire à lui demander la miséricorde d’Allâh. Et ce sur quoi il s’est trompé ne doit pas être imité, mais on doit l’en excuser ».
Qu’Allâh lui pardonne ses péchés et ses fautes, et qu’Il le rétribue en bien selon ce qu’Il sait de lui, et nous empêche d’être injuste à son sujet, surtout dans ce que l’on ignore sur lui.
Cheikh Gaye – :
Le résumé le plus complet et balancé que j’ai jamais lu sur Tayymiyya
Bamba Lanciné – :
J’ai un grand estime pour Ibn Taymiyya, et
Je crois que comme tout autre savant, il a du commette des erreurs. Ma question est la suivante, est-ce que les adeptes d’une Tariqa, telle les Tidjanite, sont-ils à priori des sufi, oubien l’ont peut être adepte d’une Tariqa sans être sufi ?
Dawûd – :
As’Salâmu ‘alaykum.
Cela dépend des turuq, mais en règle générale, seuls les musulmans voulant cheminer sur le Tasawwuf sont acceptés en tant que disciples, bien que dans certains cas, certaines turuq acceptent que des non-musulmans assistent à leurs assemblées et accomplissent leurs pratiques et méthodes dans le cheminement, pour qu’ils bénéficient aussi d’une certaine Baraka, jusqu’à l’ouverture de leur poitrine à l’Islam et à la lumière muhammadienne.
On peut être sûfi (ou du moins, cheminant) sans tariqa, mais la tariqa orthodoxe est un bon encadrement et convient à la majorité des cheminants, mais il faut garder à l’esprit que la tariqa, comme l’école juridique ou l’école théologique, ne sont que des moyens pour se rapprocher d’Allâh – parfois des méthodes perfectibles – et non pas des finalités en soi.
Wa Allâhu a’lam.
abduli – :
Salam ,
Ibn Taymiyya (Qu’Allah Lui fasse miséricorde) disait : “Beaucoup de ceux qui s’affilient à la science sont éprouvés par l’orgueil.
De même que beaucoup de partisans de l’adoration sont éprouvés par l’association.
C’est pour cette raison que le fléau de la science est l’orgueil.
Et le fléau de l’adoration est l’ostentation.
Ceux-là se retrouvent donc privés de la réalité de la science.”
du coup si il a pu « énerver » certains , comme ceux qui ont dit a son sujet comme quoi il était : arrogant et hautain … c’est au fait tout simplement normal car les hommes de science sont éprouvés par l’orgueil, il (Ibn Taymiyya) l’a d’ailleurs avoué lui même … mais parmis ces détracteurs ils yen a aussi qui se sont fâché car ils les a remis en place sur leurs innovations, corruptions, bref c’est ni tout noir ni tout blanc ….
Et comme on peut voir dans ce texte, Ad Dhahâbî avait dit les très bons mots en jugeant en équité comme nous l’Ordonne Allah dans le Coran. et en + de cela sans se fanatiser .
Bref, un croyant reconnait un croyant et il reconnait également le pervers comme il reconnait le mécréant ,
et Ibn Taymiyya ya qu’a lire sa biographie pour constater que il était croyant , et qu’il repoussait le mal par le bien en patientant, Allah Décrit les croyants ainsi dans le Coran .
Comme Nous le dit Allah dans le coran , iblis est l’ennemi juré de l’homme , il faut le prendre comme un ennemi juré , qui tentera toujours d’égarer , il égare la masse des gens par les pêchés, la distraction, l’ignorance etc.. alors pas étonnant que il égare aussi les hommes de science ..