Si on reconnait un arbre à ses fruits alors force est de constater que la balance penche en effet du côté des traditionnalistes (en dépit de leurs divergences internes et des différentes sensibilités en leur sein), pourquoi ?
N’est-il pas chose étrange que malgré toutes les prétentions de la majorité des coranistes et des réformistes (1) qui rejettent la Sunnah, ceux qui lisent, méditent, récitent, enseignent et transmettent le plus le Qur’ân soient des traditionnalistes ? Et comme Allâh le dit dans le Qur’ân, ils sont aussi ceux qui aiment le plus Allâh et Son Messager, qui passent leur temps à invoquer Allâh, à faire des prières (invoquer la Grâce d’Allâh) sur le Prophète. Ils ont ainsi la Parole d’Allâh dans le « cœur », ainsi que l’amour pour le Prophète, cherchant à s’inspirer de lui dans tous leurs états spirituels, conformément aux versets du Qur’ân. Ils sont aussi ceux qui cherchent à élever Sa Parole en principe, et qui sont les plus attristés et secoués quand des injustes calomnient et insultent volontairement Allâh et Ses Messagers. Ils ne s’allient pas avec les dénégateurs pour s’en prendre aux croyants.
En dépit donc, des contradictions internes d’un certain nombre de traditionnalistes dans leurs positions « secondaires », – tout comme dans tous les autres groupes -, ils correspondent bien aux propos élogieux qu’Allâh tient par rapport aux croyants.
De plus, il existe tellement de types de coranistes et de réformistes, qu’il n’y a chez eux, aucune cohésion interne, aucune ambiance spirituelle et qu’ils délaissent souvent les actes d’adoration les plus élémentaires, – sauf à un groupe parmi eux -. Certains en effet, renient la salât et la prosternation, d’autres permettent encore la fornication en dehors du mariage ainsi que la consommation d’alcool, ou nient l’importance et la haute station spirituelle du Prophète, ainsi que de sa famille ou de ses nobles compagnons, – alors que plusieurs versets du Qur’ân en parlent clairement -. A force de leur faire croire qu’ils sont tous aptes à être des « spécialistes clairvoyants » autoproclamés, ils créent plus de divisions et de querelles qu’auparavant, et s’enferment dans un conditionnement des plus contreproductifs, sans même parler des aberrations logiques et doctrinales dans lesquelles ils pataugent, à l’exception de quelques réformistes et coranistes que nous pouvons qualifier de « sincères » et de « sérieux », malgré les désaccords qui nous opposent. Quoi qu’il en soit, ils ne paraissent unis que dans leur opposition plus ou moins agressive et totale contre la Tradition, mais entre eux, il est rare de trouver un grand nombre de points communs.
Les plus enclins à suivre leurs passions, jusqu’à falsifier des sens explicites et des versets explicites du Qur’ân, sont aussi des « ennemis jurés » des traditionnalistes. Passant leur temps à tout remettre en question, à insulter et menacer les autres, à justifier la débauche, le sectarisme contre les traditionnalistes sunnites et shiites, l’injustice et même des idéologies mécréantes incompatibles avec la Parole Divine, voilà ce qu’a souvent donné le coranisme et le réformisme entre les mains d’une génération immature et impatiente.
Allâh dans le Qur’ân indique quelles sont les finalités de Son Livre que le croyant doit atteindre : la Certitude spirituelle (à travers le tasawwuf et donc l’éducation spirituelle de l’âme), la piété, la droiture (le bon comportement et les vertus), la justice, l’amour de Ses bien-aimés et la conscience du Tawhîd. Or, combien de coranistes et de réformistes sont loin de l’idéal qurânique, et se soumettent volontiers, aveuglément, aux idéologies modernes qui marquent soit une opposition avec les fondements métaphysiques et spirituels de la Religion, soit participent à l’amoindrir ou à la dénaturer au point de la laisser prisonnière des pires charlatans et criminels, – reproche qui vaut aussi pour ceux qui se prétendent « traditionnalistes » mais qui par lâcheté se soumettent totalement aux caprices de leur ego ou du pouvoir politique -.
Malheureusement, en ce qui concerne la qualité des relations sociales entre individus, on constate des abus et des dérives dans tous les groupes, – fruit d’une absence de pénétration de la foi irriguant le cœur, l’âme et l’esprit des individus -, on trouvera donc des gens convenables et d’autres qui ne le sont pas, dans pratiquement tous les groupes et toutes les communautés, même si c’est surtout la doctrine de chaque groupe qu’il faudra examiner en profondeur. Mais toujours est-il qu’au sein du sunnisme ou du shiisme, on trouve de grandes références dont le comportement était exemplaire, imprégné du Qur’ân et de la Tradition prophétique dans ce qu’elle a de plus pure.
Quant aux appellations, l’obligation qurânique est de nous appeler « musulmans » (malgré les différents degrés en leur sein comme les pieux, croyants, vertueux, véridiques, rapprochés, témoins, …) et non pas « qurâniyyûn » (coranistes), sunnites, shiites, mutazilites ou autres, bien que certaines appellations ne soient pas contraires au Qur’ân et à l’intellect à titre de précisions seulement, c’est-à-dire adeptes du Qur’ân, ceux qui suivent la voie de Muhammad (sunnites), ceux qui sont les partisans des ahl ul bayt (shiites), etc. mais tout dépend de la compréhension de ces notions et appellations, et le but ne doit pas être de se diviser ni d’imposer le fanatisme, mais d’expliquer notre approche, étant donné qu’il existe de multiples approches avec lesquelles nous sommes en désaccord.
Au plus on médite le Qur’ân avec intelligence, au plus Allâh nous en accorde une compréhension plus perspicace, et nous rapproche de Lui, et nous dévoile de nombreuses réalités à travers l’expérience intime de notre être, et le « coranisme » vole alors en éclat, tout comme le « réformisme » qui consiste à s’éloigner du modèle prophétique et de la piété religieuse.
Ceci étant dit, tout cela ne doit pas nous empêcher de critiquer, avec bienveillance, objectivité et rigueur, toute une série d’avis juridiques n’ayant jamais fait l’objet d’un consensus, et dont les sujets portent sur des sujets qui n’impactent en rien les fondements et la noblesse de l’Islam, et qui ne sont pas en lien direct avec le Tawhîd, la spiritualité, la piété, la justice, la pudeur et les rites bien établis de l’Islam, car c’est là qu’on constate toute une série d’incohérences, de lacunes, de divergences et d’influences diverses (culturelles, idéologiques, politiques, etc.), malgré la justification complexe (mais parfois très peu convaincantes) de grands savants sur certains points.
Allâh pardonne et se montre très indulgent, – comme Il le dit dans le Qur’ân – à ceux qui ont, malgré leurs erreurs et contradictions, – surtout les implications assez graves que leurs positions ont involontairement engendré malgré leurs bonnes intentions – pris au sérieux le Qur’ân et le modèle prophétique de Son Messager Muhammad, et qui se sont efforcés d’accomplir les plus belles œuvres méritoires, réformé leur comportement, et cheminé sur la Voie spirituelle. Cependant, Il annonce Son châtiment (du moins temporaire) pour ceux qui se sont efforcés de prendre en raillerie les Messagers et Prophètes, les Compagnons sincères et les Saints, Ses préceptes, les vertueux et les humbles. A chaque génération ses œuvres, et Allâh les jugera. Veillons, quant à nous, à ne pas nous moquer de nos prédécesseurs, et de soigner le plus possible notre relation avec Lui.
Notes :
(1) La grande majorité des coranistes et réformistes que nous avons croisé ou avec qui nous avons discuté, étaient, selon leurs propos et leurs activités, déconnectés des principales activités spirituelles et religieuses en lien avec le Qur’ân. Les plus extrémistes parmi eux remettent en question non seulement des prescriptions qurâniques (comme le voile, l’interdiction de l’alcool, l’obligation et/ou recommandation de la salât et/ou la position de la prosternation, …), l’existence du Prophète Muhammad, mais aussi, rejettent certains versets du Qur’ân.