Le pouvoir appartient-il réellement aux peuples dans nos sociétés modernes ?

Dans cet article il ne s’agira pas d’analyser la pertinence ou l’utopie de certains systèmes et concepts politiques modernes, mais de savoir si, dans les faits, la souveraineté populaire existe réellement.

En France, en Belgique, en Espagne et dans d’autres pays européens, les multinationales et les banques dictent les normes économiques et politiques que doivent suivre et appliquer les élus et les ministres. Le peuple n’a pas de pouvoir décisionnel sur les grands axes. On leur laisse simplement gaspiller leurs salives sur certains sujets, tout en fixant des lignes rouges à ne pas franchir (défendre ouvertement l’islam, dénoncer les réseaux pédophiles et “satanistes”, critiquer la politique meurtrière israélienne, s’opposer ouvertement aux organisations terroristes de type marxiste ou séculariste, …). Les différents partis politiques sont soit volontairement soumis aux multinationales, soit sont sincères mais subissent les pressions des multinationales, et fléchissent donc sous leur politique. Après des décennies d’élections et de promesses électorales, les promesses n’ont pas été tenues pour la grande partie, et le mécontentement populaire s’accroit d’année en année.

Par ailleurs, contrairement à l’Espagne, au Portugal ou à l’Italie, où l’identité religieuse est encore présente, dans les pays comme la France et la Belgique, la politique adoptée est très orientée idéologiquement, tournée dans la lutte contre le religieux et la diversité positive, où pour fuir les réels problèmes, des campagnes de diabolisation sont menées contre des communautés religieuses ou des minorités ethniques, incluant également de nombreuses discriminations, et même, de nos jours, des agressions et des injures quotidiennes.

En Chine et en Corée du Nord, tous les citoyens et hommes d’affaires ne peuvent rien faire sans l’accord du dirigeant (officiellement « communiste athée ») et de leur parti unique qui suit fidèlement les ordres du dirigeant. Il existe plus de sujets tabous qui ne peuvent pas être discutés en public, ni même en privé (la surveillance et la délation sont pratiquement omniprésentes désormais).

Aux Etats-Unis, les multinationales et les différents lobbies exercent une influence déterminante, ne laissant que très peu de choix au peuple dans leur marge de manoeuvre.

En Russie, il s’agit d’un autoritarisme fort pouvant se comporter comme une dictature par moment. Le pouvoir du peuple reste lui aussi assez limité.

En Turquie, il s’agit d’un cas assez atypique. Il s’agit réellement d’une démocratie, avec une dimension « laïque » particulière qui consiste uniquement en une liberté religieuse pour tous, mais sans son fondement idéologique tourné contre la religion et les communautés religieuses. La « laïcité » turque n’est donc pas agressive et n’est pas de même nature que la « laïcité française », qui elle, est plutôt idéologique et belliqueuse. Des opposants peuvent fonder leur parti (même le cas du HDP, entretenant souvent des liens avec des mouvements terroristes et criminels !), mais il existe des lignes rouges à ne pas franchir : critiquer ouvertement Atatürk, faire l’apologie du PKK ou de Daesh en public (qui sont des organisations terroristes), appeler à la guerre civile ou à humilier des communautés religieuses, sont strictement interdits. Il y a ensuite des sujets, au sein de la société, – mais pas forcément dans la constitution -, assez sensibles, comme celui de la tragédie de 1915. Affirmer de façon mensongère et provocatoire qu’il s’agissait d’un génocide, – alors que les archives historiques démentent le caractère génocidaire de cette guerre -, peut exposer leurs auteurs à des sanctions juridiques ou à des réactions violentes de la part du peuple (peu importe le parti politique ou la confession religieuse/a-religieuse des personnes). Depuis le début des années 2000, les multinationales et l’appareil militaire, – auparavant dictatorial -, ont de moins en moins d’influence, les turcs peuvent élire librement leur président, et celui-ci bénéficie d’une plus grande marge de manoeuvre, et le peuple participe à plusieurs référendums qui concernent des questions importantes.

Le régime syrien laïc, dicte totalement les lois et mesures, et la plupart des grandes compagnies et richesses du pays se trouvent dans les mains du clan Al-Assad. Le peuple n’a même pas, dans les faits, la possibilité de choisir leur dirigeant. Critiquer le président, le clan Assad ou dénoncer leurs crimes, sont passibles de l’emprisonnement, de la torture et de l’exécution (peine de mort dans des modalités diverses). De faux candidats se présentent parfois, mais dans les faits, la constitution change selon les besoins du dirigeant, et est pensée de sorte à ce que la famille Al-Assad soit toujours au pouvoir.

Comme on peut le voir, de nombreuses sociétés modernes, très sécularisées, mais pas toujours selon la même idéologie, sont très loin de posséder une véritable liberté politico-économique.


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