Bien des théologiens, logiciens et métaphysiciens de l’ère médiévale, en terres d’Islam, ont tenté des démonstrations logico-rationnelles et linguistiques pour montrer que le Qur’ân était la Parole divine (on pensera notamment aux célèbres Ibn Qutayba, Al-Khattâbî, Al-Baqillânî, Al-Qâdi Abd al-Jabbâr, Abû Hâmid al-Ghazâlî, Ibn ‘Arabî, Fakhr ud-Dîn ar-Râzî, as-Sayyid as-Sharif ‘Alî Ibn Muhammad Al-Jurjânî, ‘Abd al-Qahir al-Jurjânî, Az-Zarkashi, etc.), et tout en perpétuant le cycle de la Révélation divine qui existe depuis le début de l’Humanité, sa forme « historique » (le Qur’ân), dans ses modes d’expression et ses impacts sur le cœur et l’esprit, opère une irruption singulière et originale, à laquelle on ne lui connait aucune similarité avec les modes d’expression de l’époque. Et concernant le caractère prophétique de Muhammad (ﷺ), là aussi, des savants remarquables ont déployé des efforts considérables pour en montrer le bien-fondé, tant par son envergure spirituelle[1], que son intelligence extraordinaire, ses nobles traits de caractère, sa vigueur physique et mentale décrite comme valant celle de plusieurs hommes ordinaires, les nombreuses prédictions qui faisaient allusion à sa venue (que ce soit dans la Torah, la Bible, ou les écritures hindoues, zoroastriennes, etc. plusieurs siècles ou millénaires avant sa manifestation corporelle sur terre), ses nombreuses prophéties qui se sont réalisées au cours des plus de 1400 ans qui ont suivi sa prédication (découverte du pétrole, sorties humaines dans l’espace, apparition des mouvements kharijites/terroristes avec leurs caractéristiques psychologiques/idéologiques/physiques, découverte des satellites et de la radio, existence des avions, le phénomène du capitalisme et de la mondialisation, le fait que la Perse, l’Égypte, la région du Moyen-Orient et du Proche-Orient deviendra musulmane, la conquête de Constantinople après la génération de premiers Musulmans, le « retour » par la violence et le terrorisme de l’idéologie sioniste en Palestine, l’apparition d’armes biologiques et bactériologiques, le retour en terres d’Islam de la mentalité préislamique comme le tribalisme, le sexisme, le racisme, l’esclavagisme, le « matérialisme », etc.).
Il existe donc, outre les dévoilements spirituels, inspirations divines et rêves de nature spirituelle qui démontrent le caractère divin du Qur’ân et la mission prophétique de Muhammad (ﷺ), toute une série d’arguments et d’éléments historiques, littéraires, scientifiques, sociologiques, psychologiques, rationnels, etc. qui convergent vers cette conclusion.
On sait que le Qur’ân dont nous disposons a bien été préservé et qu’il correspond à celui des premiers temps de l’Islam sous la dictée prophétique (les premiers manuscrits retrouvés pour le moment montrent que le corpus qurânique était fixé et contemporain du Prophète et de ses Compagnons après lui comme le Codex Parisino-petropolitanus, le BnF Arabe 328(c), le Manuscrit de Birmingham, le Manuscrit de Tübingen, le Codex Mashhad, etc.) et qu’il n’existe aucune raison valable, sur ce point, de remettre en question l’approche traditionnelle (fondée sur des récits historiques) de la Tradition musulmane comme l’ont montré des chercheurs et spécialistes des études qurâniques comme Muhammad Mustafa Al-A’zami, Joseph E.B. Lumbard, Seyyed Hussein Nasr, Muhammad Hamidullah, Tayeb Chouiref, etc. On sait aussi que selon la science des lettres (‘ilm Al Hurûf, cf. Ibn ‘Arabî, René Guenon, Charles-André Gilis, Pierre Lory, etc.) et les analyses numériques du Qur’ân (cf. par exemple Abdelrhafour Elaraki dans Le Coran lu par un scientifique paru en 2013 puis Le Coran arithmétique paru en 2015) démontrent que chaque lettre est à juste place ce qui confirme la tradition rapportée selon ‘Uthmân Ibn Affân indiquant que le Prophète (ﷺ) leur avait indiqué l’emplacement exact de chaque mot, verset et Sûrah, tout comme les analyses stylistiques, rhétoriques et littéraires (cf. Nouman Ali Khan dans ses conférences et son livre The Divin Speech, Raymond Farrin dans Structure and Qur’anic Interpretation – A study or Symmetry and Coherence in Islam’s Holy Text paru en 2014, Michel Cuypers sur la rhétorique sémitique, Geneviève Gobillot dans ses derniers travaux, Abdessalam Lippold dans Miracles et Signes divins dans le Coran paru en 2017, etc.) ou archéologiques (cf. Hocine Jaied dans L’histoire de Moïse et des Hébreux – D’après les données coraniques et archéologiques paru en 2023, Dr. Sami ‘Amiri dans ses travaux, …), etc. démontrent d’une part que le Qur’ân ne contient pas d’erreurs linguistiques, scientifiques, numériques, historiques ou archéologiques – contrairement aux allégations erronées de certains auteurs (islamophobes ou non) qui avaient d’énormes lacunes concernant la langue arabe et la science (biologie, physique, nutritionnisme, etc.), et d’autre part que sa cohérence interne et son aspect stylistique et littéraire sont à la fois bien établis, et parfaitement harmonisés et agencés, montrant l’unité qui s’en dégage du début à la fin (nous informant donc sur le fait qu’un seul esprit en est à l’origine) et qu’il s’agit d’une production littéraire unique et singulière dans l’histoire, qui ne relève ni du plagiat ni d’un bricolage mélangeant arbitrairement différents styles.
Concernant l’embryologie par exemple, l’histoire, les pharaons, etc. le Qur’ân ne reprend ni les erreurs du médecin grec Galien (comme l’ont expliqué plusieurs médecins et scientifiques dont des proches qui sont à la fois médecins/biochimistes et arabophones, cf. Le Coran lu par un scientifique d’Abdelrhafour Elaraki par exemple), ni les erreurs, imprécisions ou contradictions présentes dans certains évangiles canoniques ou textes religieux juifs (et dont certaines versions du Talmud sont de toute façon postérieure au Qur’ân).
Enfin, d’un point de vue spirituel, les grands maîtres spirituels ont authentifié et confirmé via leurs expériences et visions spirituelles l’ensemble des versets du Qur’ân et de nombreux ahadiths (ayant une portée spirituelle, éthique, rituelle, théologique, métaphysique, juridique, etc.), tout comme la vision contemplative des Attributs divins, des anges, des Prophètes, de certains sages comme Platon et Socrate, etc. comme l’ont indiqué nos grands maîtres comme Al-Hakim at-Tirmidhî, Al-Junayd, Abû Yazid Al Bistâmi, Abû Tâlib al-Makkî, Abû-l Hassân al-Kharaqânî, Al-Qushayrî, Abû Hâmid al-Ghazâlî et son frère Ahmad, ‘Umar Khayyâm, ‘Ayn al-Qudhât al-Hamadânî, ‘Abd al-Qadîr Al-Jilânî, Ahmad ar-Rifâ’î, Shaykh al-Akbar Ibn ‘Arabî, Jalâl ud-Dîn Rûmî, ‘Abd ar-Razzâq Al-Qâshânî, ‘Abd al-Wahhâb As-Sha’rânî, Muhammad ‘Abd ar-Ra’ûr al-Munawî l’auteur du Fayd al-Qadîr, Jalâl ud-Dîn As-Suyûtî, ‘Abd ar-Rahmân Jâmî, ‘Abd al-‘Azîz al-Dabbâgh, Muhammad al-‘Arabi al-Darqâwî, Ahmad Ibn ‘Ajibâ, l’émir ‘Abd al-Qadîr al-Jaza’iri, Ahmad Al-‘Alawî et d’autres.
Les prophéties dans la Torah, la Bible, ainsi que dans les écritures religieuses hindoues, zoroastriennes, celtiques et bouddhistes qui évoquent le Prophète Muhammad (ﷺ) et l’Islam, la venue du Mahdi et le retour du Christ sont des preuves supplémentaires, des millénaires et siècles avant leur naissance historique, tout comme les centaines de prédictions prophétiques de Muhammad qui se sont déjà réalisés, dont au moins une bonne cinquantaine rien que depuis le 20e siècle.
La nature divine du Qur’ân est ainsi établie par toutes les voies intellectuelles, spirituelles et historiques, tout comme son effet bénéfique sur les âmes, les esprits et les cœurs, soignant et guérissant même certaines maladies physiques, mentales ou occultes dans de nombreux cas, là où la médecine moderne était inopérante, et de même que l’Islam recommande de façon générale une bonne hygiène de vie et une bonne alimentation loin des beuveries, de la fornication à gogo ou des produits nocifs pour la santé, tout comme il enjoint à la prière et au dhikr qui sont une protection supplémentaire contre les troubles psychiatriques et les attaques/influences du monde occulte, qui sont aussi attestées par l’observation et l’expérience et dont nous avons nous-mêmes été témoins.
Ceci étant dit, cela doit pousser désormais tous les chercheurs, poètes, scientifiques, théologiens, philosophes, juristes, etc. pour comprendre le Qur’ân et méditer dessus, le Qur’ân offrant une multiplicité de lectures possibles très riches et complémentaires pour peu qu’elles se fondent sur les principes théologiques, métaphysiques et éthiques édictés par le Qur’ân lui-même, rendant ainsi légitime ce qui s’y conforme, et erronée et illégitime ce qui s’y oppose.
Mais imaginons que, malgré toutes les évidences ou les arguments raisonnables avancés, que certains estiment qu’il existerait toutefois des « erreurs », ou même sans aller jusque-là, qu’il y aurait des « divergences insolubles d’interprétation ou de compréhension » dans le Qur’ân et la Sunnah. Que resterait-il ?
Il resterait alors ce qu’Allâh ordonne aux fidèles en matière de foi, de rites, de valeurs et de finalités, et dont on sait par l’expérience, l’observation, l’intellect et la science qu’il s’agit là de bienfaits sur la santé mentale, physique et la stabilité d’une société.
A savoir concernant la foi : les 6 piliers de la foi évoqués dans le Qur’ân, et qui fondent aussi la nécessité morale et spirituelle d’agir avec bonté et justice et de se prémunir contre ce qui est injuste et mauvais.
Concernant les rites, il y a les 4 derniers piliers de l’islam rattachés au Tawhid, en plus de dhikr qui apporte soulagement, apaisement, éducation et illumination de l’âme et du coeur.
Pour les valeurs, il y a ce qui apporte la joie, la sécurité, la solidarité et la justice dans les couples, les familles et les différentes communautés au sein de la société : la paix, l’amour bienveillant, la justice, l’équité, la patience, l’humilité, la bonté, la bienfaisance, la charité, l’endurance, la compassion, etc.
Et dans les finalités de la Religion, il y a la piété, la droiture, la sagesse, la spiritualité, la justice, la connaissance bénéfique, la science utile, etc. afin de rechercher la Proximité divine et de se rendre utile à l’Humanité au cours de notre existence terrestre.
Il peut donc y avoir discussions et débats sur la bonne compréhension de certains passages du Qur’ân ou de la Sunnah (ainsi que sur les faux ahadiths qui existent), mais son caractère sacré ne fait aucun doute de par sa portée spirituelle[2], son langage symbolique (« Dis : Si la mer se faisait d’encre pour écrire le langage de mon Seigneur, elle s’y épuiserait, même si Nous en doublions l’étendue, avant que ne s’épuisât le langage » Qur’ân 18, 109 ; « Quand bien même tous les arbres de la terre se changeraient en calames [plumes pour écrire], quand bien même l’océan serait un océan d’encre où conflueraient 7 autres océans, les Paroles d’Allâh ne s’épuiseraient pas. Car Allâh est Puissant et Sage » Qur’ân 31, 27 ; « Il est le Premier (al-Awwal) et le Dernier (al-Akhir), l’Extérieur/Manifesté (al-Zâhir) et l’Intérieur/Non-Manifesté (al-Bâtin). Il est informé de toute chose » Qur’ân 57, 3), son usage et effets spirituels dans les rites et la prière, et les différents principes et aspects théologiques, scientifiques, éthiques, rituels, historiques, métaphysiques, etc. qu’ils renferment et qui proposent de nobles idéaux à mettre en œuvre surtout à partir d’une praxis fondée sur des valeurs nobles et opératives sur l’âme et pour l’esprit ainsi que pour le corps humain (que ce soit la prière, le jeûne, l’usage du siwâk pour l’hygiène dentaire, l’eau « pure et bénie » de zamzam – pas les contrefaçons -, le fait de dormir sur le côté droit plutôt que sur le ventre ou sur le dos, la façon de manger ou de boire ainsi qu’en privilégiant la position assise plutôt que couchée ou debout, ne pas consommer de boissons alcoolisées ou ne pas manger de viande de porc ni trop souvent de la viande – même halâl -, etc.).
Ainsi, ce qui est « Divin » dans l’Islam englobe le Qur’ân, les invocations et évocations traditionnelles, les principes et/ou préceptes théologiques, juridiques, éthiques, spirituels, moraux, politiques, économiques, métaphysiques, rituels, etc. Mais ce qui est « humain », concerne le fiqh et la façon dont seront articulées la compréhension et l’application de certaines dispositions juridiques ou pénales, qui elles, laissent place à l’ijtihâd ou à la remise en question et à « l’évolution » selon les principes même de l’Islam en fonction du contexte, de l’intérêt général, de la nécessité, du moindre mal, de la coutume (tant qu’elle ne contredit pas les principes, valeurs et finalités de la Loi), etc. Ce qui relève de la spéculation philosophique et exégétique, sur des questions historiques (sans révélation ou dévoilement spirituel authentique à l’appui, et sans preuve historique solide), ou même théologiques (en dehors de ce qui a été confirmé dans le Qur’ân et des ahadiths mutawatir) et philosophiques, cela aussi relève de la dimension « humaine » qu’il est permis de contester, de développer, de corriger ou de remettre en question.
Notes :
[1] Parmi les auteurs anciens ayant abordé sa double dimension spirituelle et éthique on peut citer les maîtres Al-Hakim at-Tirmidhî, Abû Issâ’ At-Tirmidhî, Al-Qushayrî, As-Sulâmî, Al-Bayhaqî, Al-Ghazâlî, Al-Jilânî, Jalâl ud-Dîn Rûmî, Ibn ‘Arabî, Farid ud-Dîn Attâr, Muhammad Al-Darqâwî, Ahmad Ibn ‘Ajiba, l’émir ‘Abd al-Qadîr, Ahmad Al-‘Alawî, etc. Et parmi les contemporains on peut évoquer René Guénon, Martin Lings, Frithjof Schuon, Titus Burckhardt, Eva de Vitray-Meyerovitch, Claude Addas, Denis Gril, Michel Chodkiewicz, Pierre Lory, Francesco Ciabotti, etc.
[2] Comme l’attestent de nombreux commentaires spirituels des plus grands maîtres spirituels et poètes de l’Humanité : Ja’far as-Sâdiq, Sahl al-Tustarî, Al-Hakim at-Tirmidhî, Al-Junayd, As-Sulâmî, Al-Qushayrî, Abû Hâmid al-Ghazâlî et son frère Ahmad, ‘Ayn al-Qudhât al-Hamâdânî, Sâdi, Hafez, Ibn ‘Arabî, Sadr ud-Dîn al-Qunâwî, Jalâl ud-Dîn Rûmî, Farid ud-Dîn Attâr, Mahmud Shabastârî, Nizâmî, ‘Abd ar-Razzâq al-Qâshânî, Isma’îl Haqqî Bursevi, Yunus Emre, ‘Abd ar-Rahmân Jâmî, Ahmad Ar-Rifâ’î, ‘Abd al-Qadîr Al-Jilânî, Najm ud-Dîn al-Kubrâ, Rûzbehân Baqli, Muhammad al-Arabi al-Darqawi, Ahmad Ibn ‘Ajibâ, l’émir ‘Abd al-Qadîr, Ahmad Al-‘Alawî, etc.
Anselme Nicolas – :
As Salam Aleikoum Akhi. Tu dis :
« Les analyses stylistiques, rhétoriques et littéraires (cf. Nouman Ali Khan dans ses conférences et son livre The Divin Speech, Raymond Farrin dans Structure and Qur’anic Interpretation – A study or Symmetry and Coherence in Islam’s Holy Text paru en 2014, Michel Cuypers sur la rhétorique sémitique, Geneviève Gobillot dans ses derniers travaux, Abdessalam Lippold dans Miracles et Signes divins dans le Coran paru en 2017, etc.) ou archéologiques (cf. Hocine Jaied dans L’histoire de Moïse et des Hébreux – D’après les données coraniques et archéologiques paru en 2023, Dr. Sami ‘Amiri dans ses travaux, …), etc. démontrent d’une part que le Qur’ân ne contient pas d’erreurs linguistiques, scientifiques, numériques, historiques ou archéologiques – contrairement aux allégations erronées de certains auteurs (islamophobes ou non) qui avaient d’énormes lacunes concernant la langue arabe et la science (biologie, physique, nutritionnisme, etc.), et d’autre part que sa cohérence interne et son aspect stylistique et littéraire sont à la fois bien établis, et parfaitement harmonisés et agencés. »
« D’un point de vue spirituel, les grands maîtres spirituels ont authentifié et confirmé via leurs expériences et visions spirituelles l’ensemble des versets du Qur’ân et de nombreux ahadiths (ayant une portée spirituelle, éthique, rituelle, théologique, métaphysique, juridique, etc.), tout comme la vision contemplative des Attributs divins, des anges, des Prophètes, de certains sages comme Platon et Socrate, etc. comme l’ont indiqué nos grands maîtres. »
Mais alors justement comment répondre à l’ambiguïté islamophobe qui prétend que les 7 cieux décrits dans le Qour’an serait la reprise d’une théorie scientifique erronée datant de l’antiquité, et plagiée sur les écrits de Platon ?
J’ai chercher en français et en anglais, mais j’ai pas trouver la réponse. Peut-être qu’elle existe en arabe, mais n’étant malheureusement pas encore arabophone, j’ai pas les moyens de vérifier…
Jean – :
Que la Paix soit avec toi,
Quelle sont les références celtiques annonçant Muhammad (pbDsl) ?
Merci.