L’Irak : les fakes news qui ont conduit à la mort de millions de civils

   S’il n’est pas question de nier le fait que Saddam Hussein ne fut pas un saint ou un dirigeant sans reproche, force est de constater qu’il fut l’objet de nombreuses fakes news et que sur base de fausses accusations, les Etats-Unis et leurs alliés ont causé la mort de plusieurs millions de victimes depuis 1991, après avoir poussé l’Irak et l’Iran à se faire la guerre[1], causant la mort de nombreuses personnes (entre 680 000 et 1, 2 millions, civils inclus)[2] entre le 22 septembre 1980 et le 20 août 1988, soit près de 8 ans de guerre. Du côté irakien, cela était motivé pour des raisons politiques et une réaction aux « agressions iraniennes » comme l’expliquait Philippe Rondot : « Officiellement, la guerre entre l’Irak et l’Iran commence le 22 septembre 1980, lorsque le Conseil de commandement de la révolution (C.C.R.) irakien donne l’ordre à l’armée de « porter des coups décisifs aux objectifs militaires iraniens ». En fait, l’initiative prise par le président Saddam Hussein de s’engager dans une « guerre totale » est la conséquence d’une série fort longue d’incidents frontaliers d’ampleur croissante : suivant un mémorandum officiel irakien, les forces iraniennes auraient commis, du 23 février au 26 juillet 1980, pas moins de « 244 actes de violation de frontières ou d’agression contre l’Irak », faisant l’objet de 240 notes officielles de protestation de Bagdad à Téhéran. Le président Saddam Hussein, selon son habitude, aura voulu précéder l’événement et contenir un déferlement de la révolution khomeiniste que ses services de renseignement jugent, à travers plusieurs indices, imminent »[3].

   Mais d’un côté comme de l’autre, il y eut des décisions politiques injustes et critiquables, et ce, dès les années 70 entre l’Irak et l’Iran dirigé par le Shah, avec les accords d’Alger (1975) afin de redéfinir les frontières entre les 2 pays (là encore, les accords de Sykes-Picot ont engendré de nombreux conflits politiques et territoriaux dans toute la région). Néanmoins, si Saddam se motiva pour déclarer la guerre, c’était parce qu’il pouvait compter sur un soutien international et des gouvernements occidentaux qui acceptaient de lui vendre des armes. De l’autre côté, la Russie et Israël vendaient des armes à l’Iran mais via le marché noir, soit à un prix supérieur : « Si certains États, comme la Turquie, choisissent la voie de la neutralité active – traitant et commerçant avec les deux belligérants –, les Israéliens, ennemis des deux camps, vont faire un choix stratégique en se rangeant dans le camp iranien. C’est en réalité un prolongement de la stratégie israélienne « d’alliance de revers », menée conjointement avec l’Iran jusqu’en 1979, afin d’affaiblir des pays arabes jugés menaçants. D’autant que la santé économique d’Israël est fragile à l’époque : ces ventes d’armes vont se convertir en un levier de redressement de premier ordre. « En six ans (1980-1986), les livraisons d’armes et de pièces détachées à l’Iran rapporteront entre 1 et 2 milliards de dollars à Israël, plaçant celui-ci au quatrième rang des fournisseurs de l’Iran », note Pierre Razoux dans son ouvrage. L’administration américaine, quant à elle, craint qu’une victoire totale de son partenaire irakien ne renforce l’Union soviétique. Elle ne va pas tarder à sauter sur l’occasion, utilisant l’allié israélien comme intermédiaire. Le 17 juin 1985, le conseiller à la sécurité nationale Robert McFarlane rédige une directive interne appelant les États-Unis à entamer un rapprochement avec la République islamique d’Iran. « L’Union soviétique est mieux placée que les États-Unis pour exploiter et tirer profit de toute lutte de pouvoir qui entraîne des changements du régime iranien […]. Les États-Unis devraient encourager les alliés et amis occidentaux à aider l’Iran à répondre à ses besoins d’importation afin de réduire l’attrait de l’aide soviétique […] », argumente-t-il. C’est un scénario à peine croyable. En dépit de l’embargo qu’ils ont eux-mêmes imposé, et sans l’aval de leur Congrès, les États-Unis font parvenir en 1985 à l’Iran deux livraisons d’armes. Une stratégie qui traduit également une volonté d’apaisement : l’inquiétude est grande pour les sept otages américains détenus au Liban par un groupe affilié à Téhéran (…). L’Irak, au début de la guerre, est le premier partenaire commercial de la France au Moyen-Orient et son deuxième fournisseur en pétrole. Ces enjeux vont provoquer un alignement presque inconditionnel de Paris derrière le régime baasiste. Le volume des livraisons d’armes françaises est conséquent : « Entre 1972 à 1988, 90 avions de combat, 150 hélicoptères, 560 véhicules blindés, 81 canons automoteurs et plus de 15 000 missiles de tous types seront ainsi livrés à l’armée de Saddam Hussein, permettant aux industriels français d’engranger plus d’une vingtaine de milliards de dollars », rapporte Pierre Razoux. Pourtant, les élites françaises n’entendent pas rompre avec l’Iran, d’autant que la République islamique se montre particulièrement menaçante envers les intérêts français. Les points de discorde entre les deux pays sont nombreux.

En plus des ventes d’armes à l’Irak, il y a notamment la question de la détention du Libanais Anis Naccache – condamné à perpétuité pour plusieurs assassinats et tentatives d’assassinats sur le sol français –, mais également le contentieux historique du prêt Eurodif (en 1974, la France signait avec le shah un vaste contrat de coopération nucléaire ; après une rupture d’une partie de ce contrat par l’ayatollah Khomeini, Paris refuse de rembourser le prêt iranien, s’élevant à un milliard de dollars).  Au Liban, des attentats visant des intérêts français sont attribués à des groupes affiliés à Téhéran et plusieurs Français sont enlevés ; en France, une vague d’attentats, menés par des organisations proches du Hezbollah libanais, allié de Téhéran, endeuille le pays »[4].

    Les années les plus sombres de Saddam sont celles où le Baathisme et la laïcité furent son fer de lance politique, – période où il fut activement soutenu par l’Occident -. Par la suite, lorsqu’il entama des réformes politiques, religieuses et économiques, en voulant calmer et apaiser les tensions, les Etats-Unis et Israël ont intensifié leurs propagandes et leurs manœuvres politiques et militaires pour lutter contre Saddam, même si l’hostilité israélienne à l’encontre de Saddam datait déjà d’avant ce revirement, notamment avec l’opération Opéra (appelée également parfois opération Babylone ou opération Ofra) qui était une opération militaire israélienne ayant eu lieu le 7 juin 1981, où en 1976, l’Irak avait acheté un réacteur nucléaire (appelé Osirak) de classe Osiris à la France, devant servir à des fins de recherches scientifiques et non militaires, mais qui n’était pas toléré par le régime israélien, et qui, en toute illégalité, a mené cette opération.  L’Iran et Israël s’allièrent d’ailleurs dans leur lutte visant à saboter le programme nucléaire irakien. Le 6 avril 1979, le Mossad détruit avec des bombes à charge creuse, lors d’une opération commando à l’intérieur de l’usine de Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM), à La Seyne-sur-Mer (Var), la cuve en acier du réacteur d’Osirak, et dans la nuit du 13 au 14 juin 1980, le Mossad égorge dans un hôtel parisien l’Égyptien Yahya Al-Meshad, membre de la Commission atomique irakienne, tandis que des ingénieurs du Commissariat à l’énergie atomique avaient reçu des lettres de menace[5]. Le 30 septembre 1980, au début de la guerre Iran-Irak, 2 chasseurs-bombardiers F-4 Phantom de la force aérienne de la République d’Iran attaquent avec 12 bombes Mk 82 (fourni par le Mossad et importées en Iran) le centre de recherches de Tuwaitha à Bagdad mais sans toucher directement les 2 réacteurs Osirak et Isis[6].  Il s’agit ainsi de la première attaque militaire visant un site nucléaire[7].

    Après la guerre Iran-Irak, Saddam en ressort renforcé malgré l’accroissement des dettes, mais l’Iran est considérablement affaibli sur pratiquement tous les plans, avec des pertes humaines et économiques très importantes. Saddam, après l’affaire du Koweït (les Etats-Unis ayant poussé le Koweït à s’opposer à Saddam et à l’empêcher de développer économiquement l’Irak), de nombreuses propagandes anti-Saddam voient le jour, notamment avec l’affaire des fausses-couveuses, montée de toute pièce par les Etats-Unis. En effet, en 1990, une jeune femme (dont l’identité est tenue secrète), témoigne, les larmes aux yeux, devant le Congrès américain, qu’elle a assisté à des atrocités au Koweït, et notamment qu’elle a vu les soldats irakiens tirer sur une centaine de bébés et leur enlever les couveuses, mais l’histoire est inventée de toute pièce puis est répétée par George H. W. Bush afin de justifier l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Irak. La jeune femme était en fait la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington. Et la campagne de relation publique dans son ensemble est organisée par la compagnie Hill & Knowlton qui est payée 10 millions de dollars par l’organisation Citizens for a Free Kuwait[8]. Le même genre d’histoires à dormir debout fut propagé par les Etats-Unis ou par Nicolas Sarkozy en France, dans leurs luttes visant les Talibans en Afghanistan, notamment avec la fausse histoire des petites filles châtiées ou lapidées pour s’être mis du vernis à ongle, ce qui était faux.

   Charles Saint-Prot dans son ouvrage consacré à Saddam Hussein nous donne des informations intéressantes : « Le gouvernement a pris toutes sortes de mesures. Il encourage la natalité en accordant des allocations pour chaque enfant, des primes à la naissance. Il fait campagne en faveur du travail féminin et garantit aux femmes, à travail égal, un salaire égal à celui des hommes. Enfin, et c’est le plus important, il a multiplié les écoles, les collèges techniques, les lycées et les facultés ; il a rendu l’enseignement gratuit à tous les degrés (1974), obligatoire aux states du primaire et du secondaire, en 1978. Le nombre des analphabètes est ainsi passé de 90% avant la révolution de 1968, à 20% en 1977, et l’alphabétisation totale paraît près d’être atteinte. Tous ceux qui ont connu l’Iran avant et après la révolution de 1968 témoignent dans le même sens : en moins de vingt ans, le pays a fait un énorme bond en avant ; c’est sans doute celui qui, de tout le Proche-Orient, a le plus progressé. Mais ce qui frappe surtout, c’est la discipline, la retenue, la réflexion qui ont commandé, accompagné la progression. Ici, l’on n’a pas sacrifié la campagne à la croissance folle de ville-champignon, mais préservé un certain équilibre ; ici, la richesse pétrolière s’étale beaucoup moins que dans les Émirats ou en Arabie Saoudite ; ici, le chômage est inconnu puisqu’on manque même de main-d’œuvre ; ici, les foules vaquent tranquillement à leurs occupations, car le crime est rare. Et le voyageur s’émerveille de voir qu’en dépit de la guerre, ou peut-être à cause d’elle, les visages des «Irakiens nouveaux» reflètent la confiance, la fierté, l’espoir. Dans ce pays, la révolution s’accomplit régulièrement, jour après jour »[9].

   Sur le baasisme (baathisme) irakien, l’auteur dit à la page 97 : « Le Baas a donc désavoué la race comme fondement de la nation arabe, et a fortiori de la nationalité irakienne. L’Irakien est donc invité à se reconnaître comme l’héritier de toutes les civilisations qui se sont succédées sur le sol de la Mésopotamie, depuis Sumer jusqu’à l’Islam.


Ce recul du passé irakien jusqu’à l’aube de la première des civilisations le rend plus prestigieux, plus admirable, plus riche, que s’il datait seulement de l’Hégire, comme le voudraient les intégristes musulmans. L’Irakien n’a plus à courber la tête devant quelque nation que ce soit. Mais si la Mésopotamie a pour elle des millénaires, l’Islam a pour lui l’espèce, les plus vastes conquêtes, de la Malaisie et de l’Indus à l’Atlantique. Continuateur des plus veilles religions monothéistes, il est l’inspirateur d’une culture particulière, d’esprit œcuménique, le ciment qui lie entre eux près d’un milliard d’êtres humains : « Notre vision du monde, déclare encore Saddam Hussein, et nos principes, sont la quintessence de l’Islam et s’inspirent de son message qui exprime, lui-même, le génie arabe. Cette considération doit être perçue comme l’une des caractéristiques les plus marquantes de notre pensée, de notre théorie et lecture de l’histoire » »
.

   A la page 102, notre auteur dit : « On a vu que Saddam Hussein n’est pas un socialiste dogmatique. Selon lui, le socialisme ne doit pas être un système calqué sur une idéologie ou la simple copie du socialisme en cours dans le monde industrialisé. Il doit être spécifique, adapté aux besoins de l’homme arabe et à ses traditions. Ce socialisme reste profondément marqué par l’héritage de la civilisation arabo-islamique. En priorité, il prend en compte l’homme et il vise à aider l’épanouissement de ses potentialités.
Saddam Hussein lui-même affirme : « L’objectif final du socialisme baasiste, c’est le bonheur de l’homme et, surtout, sa promotion. Ce n’est pas le triomphe d’une idéologie matérialiste ». Cette conception est celle d’un socialisme moral et conforme aux valeurs progressistes de l’Islam. Il s’agit donc d’un socialisme humaniste. Pour Saddam Hussein cette dimension humaniste est essentielle : il ne peut être question que les transformations matérielles soient seules en cause ni que toutes les constructions économiques, techniques et sociales soient inspirées par le seul souci matériel. Le socialisme n’est pas un but en soi, il n’est pas recherché pour la satisfaction d’une idéologie ou d’un dogme, mais pour sa valeur humaine, pour les notions de justice et de liberté dont il est théoriquement porteur. On le voit, ce socialisme n’a rien de matérialiste ni de bureaucratique »
.

    Cela ressemble d’ailleurs fortement au travail colossal accomplit par Erdogan et son parti (l’AKP) au quotidien en Turquie depuis qu’ils sont au pouvoir (en 2002), en éradiquant à la fois le racisme et le laïcisme du kémalisme, tout en s’inspirant de l’héritage historique de l’identité turque et des valeurs de l’islam, avec d’importants progrès économiques, techniques, sociaux et scientifiques.

   Cela renforce donc le sentiment de plusieurs spécialistes, qui voyaient en Saddam le meilleur leader arabe de l’époque, ainsi que le meilleur meneur politique tout court après la Seconde Guerre mondiale. En effet, Saddam fit de l’Irak une nation prospère et forte, s’inspirant de l’identité islamique de la nation irakienne ainsi que des figures historiques telles que Salâhuddîn, mais son absence de piété religieuse et le modèle « laïc » (qu’il regrettera peu avant de mourir si l’on en croit ses dernières déclarations avant son exécution à la suite d’un procès biaisé et factice le 30 décembre 2006) firent qu’il ne put encadrer toutes ses actions dans une voie « spirituelle et morale », d’où le fait que certaines de ses méthodes étaient brutales et que certaines de ses décisions politiques (comme l’exécution de Mohammad Sadeq al-Sadr le 19 février 1999) furent plus que regrettables, même si le contexte irakien (qui connut de nombreuses violences) peut expliquer en partie la brutalité successive que connut l’Irak depuis le 20e siècle, – et qu’elle continue encore de vivre douloureusement actuellement. En 1993, le régime irakien lança une campagne nommée « Al Hamlah al-Imaniyyah » (Retour à/vers la Foi) sous la supervision de Izzat Ibrahim al-Dûrî. En effet, voyant de nouveau la corruption des idéologies sécularistes et leurs propagandes sur le peuple irakien, il fallait lutter contre les dérives sectaires et morales, et le gouvernement irakien accorda alors une plus grande liberté de culte et insista aussi sur l’importance des valeurs islamiques (doctrinales et morales). Cela avait aussi pour effet de mieux consolider la solidarité et l’identité du peuple irakien à travers une dévotion populaire[10]. Il fut rajouté le Takbir (proclamation islamique de la Puissance/Grandeur de Dieu) sur le drapeau irakien. Une station de radio nationale Al Qur’ân al-Karim Radio vit le jour, visant à enseigner les valeurs morales islamiques et l’identité islamique.

Furent aussi approuvées la construction de nouvelles mosquées, la rénovation d’anciennes mosquées, la propagation de la littérature islamique, l’enseignement et l’apprentissage du droit musulman, des écoles islamiques, la mise en place de cours et de cursus liés aux sciences islamiques, etc. Plusieurs aspects du droit musulman furent rétablis dans la constitution irakienne, allégeant ainsi certaines peines (brutales) antérieures et accordant ainsi une plus grande justice sociale, et plus d’équité dans les affaires pénales. Ce fut sans doute encore une motivation supplémentaire, aux yeux des puissances impérialistes, pour détruire l’Irak et anéantir les projets de Saddam Hussein, qui auraient pu conduire à l’indépendance de plusieurs pays arabes, à une plus grande stabilité et solidarité géo-politique de la région.

   La campagne du Retour à la foi était en effet très performative. Le rôle d’Al Duri est déterminant, et faisait partie du conseil révolutionnaire des généraux ba’athistes, un groupement armé plus puissant que Daesh, mais qui attend sa fin pour « entrer en action » (c’était ce conseil – dont l’armée sûfie naqshbandiya d’Al Dûri – qui avait fait « tout le travail » à Mossul, avant que Daesh les vire). Al Duri d’ailleurs alliait ba’athisme et sûfisme naqshbandi. Il fut considéré comme « mort » en 2015, mais il réapparut publiquement l’année suivante (en 2016).  Tout en étant anti-impérialiste et opposé aux dérives des milices identitaires (« shiites », plus par culture que par adhésion intellectuelle et religieuse) aux ordres de l’Iran, il condamne aussi les dérives des daeshites.
« Assaib Hahl al-Haq et Kateib Hezbollah, deux milices chiites extrémistes pro-iraniennes, auraient dû écouter Hadi al-Amiri, puissant chef de la Brigade Badr qui leur conseillait d’attendre un peu avant de proclamer la mort d’Izzat Ibrahim al-Douri. Résultat, elles se sont décrédibilisées.
Deux chaînes de télévisions baasistes – Al-Arabi et Al-Ezz – puis Al-Tagheer émettant de Jordanie, ont diffusé un discours du secrétaire général du parti Baas clandestin prononcé lors d’une réunion qui se serait tenue dernièrement à Bagdad.
Dans son intervention Izzat Ibrahim fait référence à un événement qui s’est déroulé après le 17 avril dernier – date à laquelle sa mort a été annoncée par les médias occidentaux – à savoir le déploiement, début mai, de miliciens chiites dans la région stratégique de Nukhayb, près de l’Arabie saoudite, dans le but , a-t-il dit, d’ouvrir un nouveau front pour aider la rébellion houtie au Yémen. Izzat Ibrahim a de nouveau pris ses distances avec l’Etat islamique, lui reprochant d’accuser les militants baasistes d’être des «infidèles». Il a révélé que Daech – nom désormais interdit d’emploi par l’EI – détiendrait actuellement le tiers du commandement de son parti.
Enfin, Izzat Ibrahim al-Douri a «dénoncé et condamné» avec la plus grande fermeté la tuerie du Camp Speicher où plus d’un millier de jeunes cadets, majoritairement shiites, ont été massacrés par Daech en juin 2014, mais il a fait remarquer que « le nombre des victimes de l’Etat islamique n’atteignait pas 1% de celui attribué aux milices chiites » »[11]
.  Mais sa mort officielle fut annoncée le 25 octobre 2020.

    Sous Saddam, d’énormes progrès au niveau social ont été enregistrés sous sa gouvernance. L’Irak s’industrialise rapidement et devient l’un des pays arabes où le niveau de vie est le plus élevé, avec comme résultat l’émergence d’une véritable classe moyenne[12].En 1973, Saddam lance la « Campagne nationale pour l’éradication de l’illettrisme » un plan ambitieux visant à lutter contre l’analphabétisme. L’école devient gratuite et obligatoire pour les garçons et pour les filles. En moins de 2 ans, le nombre d’enseignants atteint le nombre de 62 000, et le nombre de filles scolarisées est multiplié par 3. L’Unicef reconnaît que l’Irak a pratiquement éradiqué l’illettrisme et aura poussé la scolarisation des Irakiens à un niveau encore inédit au Moyen-Orient. En 1982, l’Unesco remet un trophée à l’Irak pour l’effort d’alphabétisation dont avait fait preuve le gouvernement à l’égard des filles. Près de 95 % des filles étaient scolarisées.

   En 1977, 70 % des pharmaciens et 46 % des dentistes étaient des femmes. Par ailleurs, une élite intellectuelle et scientifique voit rapidement le jour. L’Unesco explique que : « Le système éducatif en Irak avant 1991 était l’un des plus performants dans la région, avec un taux brut de scolarisation proche de 100 % dans l’enseignement primaire et un niveau élevé d’alphabétisation pour les deux sexes. L’enseignement supérieur était de qualité, particulièrement dans les établissements d’enseignement scientifique et technologique, et le corps enseignant compétent et motivé »[13].

   Sa volonté était que tout le pays sache lire et écrire, et de rendre l’éducation gratuite également, au sens large. L’éducation gratuite englobe aussi bien l’accès à l’école en elle-même, que l’obtention de livres scolaires et la gratuité des moyens de transport. C’est pour cette raison que dans les années 1970 et 1980, le ministère de l’éducation irakien distribue tous les outils nécessaires à une bonne éducation. Les élèves pouvaient se rendre à l’école grâce à des bus qui étaient gratuits, et à la fin de leur année scolaire, tous les élèves recevaient un cadeau, comme des montres pour les collégiens et les lycéens. Les frais d’hospitalisation sont dorénavant pris en charge par l’État et des subventions sont accordées aux fermiers. Le système de santé irakien devient l’un des plus modernes et efficaces ; les services publics ne sont pas en reste, car le recrutement se fait dorénavant sur le mérite.
L’Irak dépendant grandement du pétrole, Saddam tenta de diversifier l’économie en menant un plan d’industrialisation efficace. L’Irak devient donc le premier pays arabe à avoir utilisé sa rente pétrolière pour optimiser son industrialisation. Il entreprend alors le développement d’industries, la construction de routes et des grands axes autoroutiers et des bâtiments.

   Il lança par ailleurs une révolution énergétique, amenant l’électrification de presque toutes les villes d’Irak (même les villes se situant dans les campagnes ou difficile d’accès). Près de 10000 villages ont été électrifiés durant une même courte période. En outre, il ordonna la distribution gratuite des réfrigérateurs et des téléviseurs à de nombreux irakiens.
Avant les années 1970, l’Irak était un pays largement rural ; à la suite des différentes réformes, l’urbanisation s’étend. Saddam redistribue les terres aux paysans, qui étaient auparavant dans les mains d’une minorité de personnes. Il mena une réforme agraire devant permettre aux fermiers de maximiser le profit de leur exploitation. L’agriculture fut donc mécanisée, et les paysans ne sachant pas utiliser les nouvelles machines furent alors formés par le gouvernement irakien. Cette réforme avait également comme but de mettre fin au féodalisme.

   En 1980, l’Irak était le seul pays arabe en passe d’atteindre l’autosuffisance alimentaire[14]. D’ailleurs sa politique de modernisation ne s’arrêtait pas à l’Irak, car voulant la modernisation du monde arabe, il mit en place le projet le Fonds national pour le développement extérieur. Il proposa donc que l’augmentation du prix du brut, soit en partie consacrée à aider les États arabes les plus pauvres par l’intermédiaire d’un fonds de répartition. Cette proposition est saluée par les citoyens des pays arabes, mais elle est immédiatement rejetée par les émirs du Golfe, alors aux ordres de Washington.

   Il avait lancé également une réforme culturelle d’envergure, réhabilitant et entretenant les anciens palais datant de l’Empire Abbasside, l’ancienne cité de Babylone, les palais de Nabuchodonosor, la triple enceinte ainsi que la porte d’Ishtar à Babylone. Il fonda plusieurs musées à Bagdad en vue de rassembler et de conserver le patrimoine historique irakien, qui reste l’un des plus riches au monde, mais détruit en partie par la coalition internationale.

   Après la chute de Saddam, l’éducation, l’économie et l’élite intellectuelle ont subi des transformations radicales débouchant sur la perte de grands intellectuels et d’un niveau scientifique et sanitaire élevé. Tous les efforts consentis sur deux décennies ont été presque réduits à néant par les forces américaines, iraniennes et milices identitaires d’Irak. Le travail de Saddam et de son gouvernement (par exemple des milliers de professeurs d’université, le développement de grandes universités et d’hôpitaux, …) a été détruit, et ces dizaines de milliers de scientifiques et d’intellectuels ont été rendu chômeurs en une nuit, parce qu’ils étaient « loyalistes », ce qui fait que l’élite irakienne a littéralement été décapitée en une journée. Et ceux qui purent y échapper, – y compris de nombreux laïcs et nationalistes parmi eux – ont rejoint généralement les factions « jihadistes » irakiennes dans leur combat contre l’ingérence iranienne (en Irak) et l’invasion américaine.

    Le rapport de Saddam aux Kurdes doit être nuancé également, car si des soldats irakiens ont bien attaqué, – selon certains rapports du moins qui étaient connus des gouvernements occidentaux avec l’implication des firmes occidentales [15] – à l’arme chimique des « rebelles/miliciens » kurdes (soutenus par le gouvernement iranien) qui avaient pris le contrôle de Halabja, au Kurdistan irakien, cela s’est fait notamment par l’intermédiaire des soldats irakiens d’origine kurde, et ce n’est donc pas le peuple kurde en soi qui était visé. En outre, Saddam est carrément rentré au pouvoir en virant son cousin Ahmed Hassan Al Bakr, qui lui était bien « kurdophobe ». De plus, le chef de « l’armée populaire » (faite de volontaires, mais qui était aussi nombreuse que l’armée régulière d’Etat), Taha Yassin Ramadan était lui-même kurde, et était l’un des premiers baathistes irakiens, vice-président du pays en ‎1991-2003[16].

   Le spécialiste et auteur Charles Saint-Pro disait sur ce sujet : « L’autre aspect essentiel de la progressive libéralisation du régime concerne le peuple kurde. Dans ce domaine également, le rôle de Saddam Hussein a été capital. Il estime qu’on « ne règle pas un problème par la répression. La meilleure réponse aux groupuscules d’agitateurs manipulés par l’étranger était de régler humainement la question. Il convenait donc de tout mettre en œuvre pour assurer à nos concitoyens kurdes irakiens un statut au sein du pays et les intégrer pleinement à la vie nationale ». Dès le 11 mars 1970, le Conseil de commandement de la révolution avait publié un Manifeste concernant la question kurde. La Constitution du 16 juillet 1970 en avait repris les dispositions, les rendant ainsi légales. Il y est dit : « Le peuple irakien est formé de deux nationalités principales : la nationalité arabe et la nationalité kurde. Cette Constitution reconnaît les droits nationaux du peuple kurde, ainsi que les droits légitimes de toutes les minorités, dans le cadre de l’unité irakienne».
La langue kurde devenait « langue officielle, au même titre que l’arabe ». L’article 19 précise : « Les citoyens sont tous égaux devant la loi, sans discrimination de sexe, de race, de langue ou d’origine sociale ou religieuse».
Enfin, l’autonomie du Kurdistan était promise pour 1974. Elle est promulguée le 11 mars 1974 : « La région du Kurdistan est considérée comme une unité administrative douée de personnalité morale, exerçant l’autonomie dans le cadre de l’unité juridique, politique et économique de l’Irak… Son peuple fait partie intégrante du peuple irakien… ». Faut-il préciser que les Kurdes n’ont obtenu aucun statut semblable dans les quatre autres pays où ils sont minoritaires, l’Iran, l’URSS, la Turquie et la Syrie ?»[17]
.

    Mais l’ouvrage étant paru avant les années 2000, les conditions des kurdes en Turquie ont depuis beaucoup évolué de façon positive.

   Les Etats-Unis ont détruit, avec la participation du gouvernement iranien, l’Irak, perpétrant ainsi un crime contre l’Humanité, ayant entrainé la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes (au moins) ainsi que d’importantes vagues de réfugiés. Cette politique a conduit également à la mort de quelques milliers de soldats américains, et à d’autres milliers de soldats américains blessés et traumatisés à vie[18]. En effet, les troubles de stress post-traumatique sont récurrents, et sont responsables du suicide de nombreux vétérans chaque année aux Etats-Unis. Le soldat Ivan Lopez qui avait ouvert le feu le 2 avril 2014 dans la base militaire américaine de Fort Hood, au Texas, tuant 3 personnes avant de se suicider, « suivait une évaluation pour déterminer s’il était atteint de troubles de stress post-traumatique ». Ivan Lopez opéra plusieurs mois en Irak en 2011, et les terribles séquelles qui en ont résulté avaient probablement motivées ses actes. Il faut rappeler ainsi qu’aux Etats-Unis, les post-traumatic stress disorders sont plus que jamais un problème de santé publique. Le taux de suicide chez les vétérans américains est d’environ 3 sur 10 000, contre 1,9 pour l’ensemble de la population. Depuis le début de l’année 2014, 22 vétérans en moyenne se sont donnés la mort chaque jour, rappelait le New York Times[19]. C’est plus que le nombre de soldats américains tués en Afghanistan sur la même période, à en croire le décompte du site iCasualties[20]. Pourquoi les états de stress post-traumatique (ESPT, le terme le plus utilisé en France) touchent-ils autant les soldats ?
Au lieu de pacifier la région, les Etats-Unis ont « dé-modernisé » l’Irak, qui était le pays le plus modernisé (du point de vue technique) du Moyen-Orient[21].

   Saddam Hussein pouvait être considéré comme un « allié » de l’Occident jusque dans les années 80. Lors de la guerre Irak-Iran (1980-1988), l’Occident vendait des armes à l’Irak ainsi qu’à l’Iran (au marché noir), afin de se faire énormément d’argent sur le dos des deux pays, – où la France demanda ensuite à l’Irak de payer l’armement fourni par la France une seconde fois -, afin de les affaiblir mutuellement, car il s’agissait de deux grosses puissances montantes régionales (l’Irak était à la pointe de la technologie et de l’éducation, et l’Iran était un pays qui avait connu une forte modernisation de ses diverses infrastructures). Le rôle pervers et trouble des Etats-Unis était encore présent dans ce conflit[22].

   Après la guerre inutile Iran-Irak (mais sanglante, avec la mort d’un grand nombre d’enfants) dans les années 80, l’Irak était fortement endetté en raison de ses nombreux achats d’armes sophistiquées auprès des puissances occidentales. Comptant en partie sur la rente pétrolière pour réduire la dette, Saddam Hussein fut alors confronté à la forte baisse des cours qui sévissait depuis 1986. Plusieurs pays pétroliers ne respectèrent pas leurs quotas annuels, – peut-être en suivant les ordres de Washington -, et finalement inondèrent le marché de surproductions engendrant une brutale baisse du prix du baril. Parmi ces pays, on trouve le petit émirat du Koweït, que l’Irak considérait depuis longtemps comme une de ses provinces, qui produisit plus que nécessaire alors qu’il n’avait pas besoin de liquidités. Les Etats-Unis exercèrent une pression sur le Koweit afin de baisser le prix du pétrole dans le but d’affaiblir l’économie irakienne (qui investissait énormément dans la recherche scientifique, l’éducation et la santé, possédant de très nombreux scientifiques de haut niveau). Puis tout en ayant la garantie des Etats-Unis qu’ils n’empêcheront pas l’Irak de récupérer le Koweit (qui était une ancienne province irakienne), les Etats-Unis ont trahi sournoisement Saddam et se sont retournés contre lui. Et si l’Irak tombait, tous les autres pays de la région s’affaibliraient mutuellement et se lanceraient dans des conflits sectaires et nationalistes. Pour s’en prendre par la suite à la Turquie (comme l’avait prédit Erbakan), il fallait encore s’en prendre à la Syrie et l’affaiblir (pas par hostilité au régime syrien, qui n’a jamais mis réellement en péril les intérêts américains, – même si l’avidité américaine n’a pas de limite -, ayant souvent collaboré entre eux, notamment pour torturer des opposants à l’impérialisme américain, dans les prisons syriennes) pour espérer remodeler la région du Moyen-Orient, en augmentant d’un cran les troubles.

   Quant à ce qui était reproché à Saddam comme le gazage des kurdes ou la répression des shiites, cela n’était pas totalement vrai. N’ayant pas un contrôle absolu du pays et des hommes influents du pouvoir irakien, il n’était pas au courant du gazage de kurdes ordonné par un autre homme puissant du pouvoir. Et dans la structure politique irakienne, il y avait aussi des hommes shiites. Mais sous l’impulsion du gouvernement iranien, certains groupes shiites ou kurdes voulaient faire chuter Saddam et avaient donc affiché clairement une hostilité déclarée à Saddam, d’où la répression qui s’en suivit. Khalil Al-Doulaïmi, dans son ouvrage Saddam : Les secrets d’une mise à mort livrés par son avocat (éd. Sand, 2010) donnait des informations rarement évoquées dans les médias occidentaux : « “En Iraq, tout le monde ment” dit un spécialiste de la région. Dans la grande partie de poker menteur de ce 21e siècle, les témoignages de première main sont rares, comme rares sont les documents considérés comme fiables. Ce texte qui émane d’un défenseur de Saddam auquel ce dernier s’est confié, dénonce les manipulations et les distorsions des faits. Saddam Hussein, accusé de tous les maux par les USA, est fait prisonnier dans des circonstances connues de tous. Avec son avocat, Al Doulaïmi, il évoque sa présidence passée – se justifie, mais avoue aussi ses erreurs – et les perspectives pour son pays et la région du Proche Orient. Dans cet ouvrage plein de révélations inédites et de rappels de faits peu connus en France, l’auteur éclaire l’autre face du conflit que les Américains ont présenté comme une guerre des civilisations, alors que l’Iraq de Saddam, malgré les atrocités, se développait dans une modernité laïque, dans une prospérité accrue grâce aux revenus du pétrole. Si Saddam justifie la brutalité du régime par les tendances claniques d’un pays issu d’un accord entre la France et la Grande-Bretagne au lendemain de la Grande Guerre, il omet la catastrophe de la guerre contre l’Iran, des répressions meurtrières contre les Kurdes au nord, contre les Chiites au sud, contre les opposants démocrates, contre tous ceux qui développaient des avis différents de ceux du dictateur. Dans ces conversations, il relate les négociations entamées par les Américains pour son abdication, le rôle de l’Iran et des autres pays arabes dans le conflit. Lors de sa captivité, de nombreux partisans du président déchu se mobilisent pour l’élargir : on y apprend les plans d’évasion, l’incertitude des intentions et des éventuelles manipulations pour le tuer lors d’une tentative de libération. Les derniers instants du président déchu sont racontés avec émotion par son avocat et ami. Le général américain chargé de son dossier s’oppose à sa pendaison, mais ne sera pas écouté par ses supérieurs. Jusqu’aux dernières heures, la possibilité d’une grâce tiendra en haleine ses défenseurs, sa famille, ses partisans. Saddam fera face à ses bourreaux en homme digne. Ce document exceptionnel nous apporte l’éclairage du monde et des événements vus du monde arabe, tant Saddam a incarné le nationalisme baasiste, donc laïc et moderne, ce nationalisme arabe tenant tête à la fois à l’islamisme et aux intérêts américains. Au lecteur de faire le tri dans ces informations différentes de ce qu’il a pu entendre alors. Mais les secrets révélés par Saddam sont autant de vérités provisoires à entendre ».

   Ce livre aborde énormément de points intéressants (c’est l’avocat de Saddam qui l’a interviewé dans ses derniers moments), notamment où il explique que Khomeiny avait initié la guerre ou encore concernant la propagande anti Saddam (pp. 126-127) : « En décembre 2004, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient mettre fin officiellement aux recherches d’armes de destruction massive en Irak. C’est ce qui a fait dire à Scott Ritter, ancien chef de l’équipe d’inspecteurs, que cette annonce met un terme à la pire entreprise internationale de désinformation des temps modernes, estimant que l’occupation de l’Irak « est le pire crime commis jusqu’à présent ». Dans son article intitulé « De plus en plus, les Irakiens ont le sentiment que Saddam était le meilleur » (25 février 2005), Lagauche réfute les mensonges répandus par l’Amérique et destinés à flétrir l’image du président et à justifier son occupation de l’Irak. En 2003, écrit-il, l’Amérique a annoncé avoir découvert, dans le sud de l’Irak, un charnier comprenant les restes de 400 000 Irakiens. Tony Blair devait cependant préciser, ultérieurement, qu’il s’agissait en fait de quelque cinq mille corps, dont la plupart étaient des soldats tués par les États-Unis en 1991, lors de l’opération « Tempête du désert ». Lagauche cite également certaines expressions utilisées à répétition comme l’expression « Saddam a utilisé les gaz mortels contre son peuple ». Il affirme que les Kurdes de Halabja ont été tués par les gaz iraniens, vérité établie par les services de renseignement américains dès 1988 et confirmés en 2004, à savoir que l’Iran avait utilisé les gaz chimiques contre les Kurdes. La Ligue des droits de l’Homme, ajoute-t-il, a indiqué que les forces irakiennes ont tué, lors de l’opération d’Anfal, en 1988, quelque 180 000 personnes, dont une majorité de Kurdes, mais a reconnu ultérieurement avoir été induite en erreur par les Américains, affirmant en outre n’avoir découvert aucun corps ».

   Dans un article intitulé ‘Lies’ About Saddam’s Oppression of the Shia par le shiite Muhammad al-Baghdadi, paru le 25 mars 2005 sur The Wisdom Fund[23], on apprend que l’Irak fut victime d’une intense campagne de propagande émanant du gouvernement américain, notamment en instrumentalisant la cause shiite et parallèlement la cause kurde.
En effet, car au sein de l’appareil gouvernemental irakien, des shiites occupaient des fonctions importantes, comme Sa’di Tu’mah al-Jabburi (Ministre de la Défense), ‘Abd al-Wahid Shannan Al Ribat (Lieutenant général), Dr. Sa’dun Hammadi (Ministre des affaires internes et responsable de la production pétrolière) et Muhammad Sa’id as-Sahhaf (aussi shiite) lui succédera par la suite. Dr. ‘Abd al-Hasan Zalzalah et Tariq at-Takmah Ji étaient des shiites gouverneurs de la Banque centrale irakienne. Nazim Kazzarétait Directeur de la sécurité publique, et son assistant ‘Ali Rida Bawah était aussi un shiite d’origine kurde. Celui qui se chargea d’enquêter sur les crimes commis par le groupe terroriste « Da’wah Party », obéissant aux ordres de l’Iran, en posant des bombes en Iran durant la guerre Iran-Irak était le Colonel de la sécurité ‘Ali al-Khaqani, lui aussi un shiite originaire de la ville de Najaf. L’auteur évoque aussi d’autres figures politiques importantes qui étaient shiites et/ou kurdes sous Saddam Hussein.

    Quant aux explications de Saddam concernant la guerre Iran-Irak : « Avant la guerre entre l’Irak et l’Iran, l’ingérence iranienne dans les affaires irakiennes était arrivée à un tel degré qu’il devenait impossible de se taire. Sa visée expansionniste était évidente. Au temps du Chah, il était devenu le principal soutien financier des rebelles dans la région du Nord. Cette ingérence en était arrivée au point que les groupes rebelles n’avaient qu’à se servir sur le territoire iranien de ses appareils, ses armes et ses munitions. Nous avons conclu l’accord d’Alger et nous avons fait des concessions pénibles en vue de préserver l’unité du peuple irakien. Parmi les clauses les plus évidentes de cet accord, la non-ingérence dans les affaires internes des deux pays.
(…) Quand Khomeïni s’est réfugié en Irak, il a vécu parmi les Irakiens, entouré de respect. Nous avons fermé les yeux sur beaucoup de ses tentatives d’ingérence dans nos affaires internes. Mais lorsqu’il s’est mis à utiliser notre territoire pour promouvoir sa révolution et réaliser ses objectifs, nous lui avons demandé soit de respecter la souveraineté du pays soit de quitter l’Irak. Cela lui a fortement déplu, il s’est mis à adresser des déclarations contre l’Irak, il en est même arrivé à considérer ce pays comme partie intégrante du territoire iranien. Et ce bien avant que les occidentaux le portent au pouvoir. Il s’est mis à menacer les États du Golfe, qu’il considérait comme des provinces iraniennes. (…). Comme tout le monde le sait, nous avons essayé d’éviter l’affrontement par tous les moyens. Mais dès son arrivée à Téhéran, ses forces ont été placées sur la frontière irakienne. Il s’est mis à parler publiquement de l’exportation de la révolution et de l’Irak comme première étape de ce processus. En 1980, l’artillerie lourde et les chars ont commencé les provocations, à bombarder nos villes et nos villages frontaliers. Nous avons demandé aux Iraniens, à travers des dizaines de notes diplomatiques, d’arrêter leurs provocations. Mais ils ont échoué : ils ont été combattus par les chiites irakiens d’abord, par les sunnites ensuite. Plusieurs dirigeants musulmans et africains, comme Ahmed Sékou Touré en Guinée, tentèrent de mettre un terme à la guerre, en vain. En conséquence, nous l’avons combattu et ses plans ont échoué grâce à nos victoires successives. Fao, notre ville frontière du Chott Al-Arab fut la première perdue, et la première libérée par la force. Nous avons proclamé notre victoire sur Khomeïni. Il a dû boire le calice jusqu’à la lie en signant l’ordre de cessez-le-feu à Al-Qadissiya (1) le 8 août 1988.
(1) Tout un symbole : la bataille d’Al-Qadissiya en 636, marque la fin de la domination des Perses, vaincus par les musulmans arabes »[24]
.

   Le Shah finançait lui aussi les rebelles kurdes contre l’Irak, mais les accords d’Alger (1975) avaient « résolu » (ou plutôt « apaisé ») ce problème. Avec, Khomeiny, sa « révolution », menaçait indirectement la souveraineté nationale de tous les états musulmans, et l’Irak en tête (proche voisin et état puissant de la région), ce qui a engendré par la suite la tragique guerre Iran-Irak, dans laquelle se sont ruées tous les pays exportateurs d’armes.
La guerre Irak-Iran était une tragédie qu’il fallait à tout prix éviter, c’est une certitude, mais il faut garder en tête quelques éléments. Saddam et le Shah venaient de signer les accords d’Alger (1975), qui statuaient sur des points vénéneux pour les relations Iran-Irak. Notamment, Saddam, en échange que le Shah arrête de soutenir les indépendantistes kurdes, a retiré ses propositions concernant le Chatt El Arab, ce qu’il avoue, était pour lui, le nationaliste irakien-arabe, une humiliation, mais cela signifie aussi qu’il était prêt à la paix avec une Perse qui, depuis les Achéménides, a toujours visé l’expansion dans la Mésopotamie (la capitale perse de plusieurs siècles, Ctésiphon, se trouvait près de Baghdâd).

   Pourtant, au même moment, Khomeiny, qui bénéficiait de l’hospitalité irakienne depuis des années, jouait à l’agitateur politique ; Saddam n’eût nul autre choix que de l’exiler (il ira, comme on le sait, en France). Khomeiny gardera une rancune et une vindicte contre le leader irakien, et l’Occident utilisera Khomeiny, pour avancer leur agenda politique dans la région.
Quand Khomeiny prit le pouvoir, il voulut exporter sa révolution : quelle meilleure « cible » que l’Irak, voisine et rivale et à 55-60% shiite (avec une identité proche) ? C’était une menace manifeste pour la souveraineté et l’intégrité nationales de l’État irakien – mais on ne s’arrêtait pas là, puisque comme le rapportent plusieurs observateurs, Khomeiny avait une rancune personnelle contre Saddam, ce qui précipita les 2 rivaux à accepter plus facilement d’entrer en guerre, en plus des manœuvres hostiles des 2 côtés qui intensifiaient déjà les tensions et qui annonçaient une guerre imminente. L’Iran prenait des positions belliqueuses, notamment en encourageant des irrédentistes shiites irakiens (plusieurs hommes politiques irakiens ont été tués, et Tarek Aziz avait échappé de peu à une tentative d’assassinat). Saddam envoya alors, selon certains témoignages, plusieurs lettres diplomatiques pour sauvegarder la paix, ce que Khomeiny refusera, pour des raisons idéologiques. Du côté iranien comme du côté irakien, on se renvoie dos à dos la responsabilité et les intentions belliqueuses, et l’on nie certains faits, comme pour le contentieux lié au Sahara entre le Maroc et l’Algérie, où des décisions injustes et des provocations ont émané des 2 côtés. La guerre Iran-Irak, découlant d’une erreur politique capitale, fut une véritable tragédie aux conséquences terribles et pénibles, où ni l’Irak, ni l’Iran, n’en ressortirent vainqueurs, et où les pertes humaines et économiques furent immenses, et où ces 2 pays s’affaiblirent mutuellement alors qu’ils étaient à la pointe de la technologie et de l’éducation.
Mais tout cela faisait l’affaire des Etats-Unis, de la France, de la Russie, de la Chine et d’Israël, qui pouvaient ainsi faire d’importantes ventes d’armement. C’est le fameux scandale politique sous Reagan, l’affaire Iran-Contra. Plus tard, sous l’Iran de Khamenei, bien que l’indépendance politique de l’Iran constituera toujours une opposition nette avec les ambitions expansionnistes israéliennes dans la région (ainsi que l’impérialisme américain tant qu’il aura des vues sur le Moyen-Orient)  – et suscitera ainsi toujours l’hostilité israélienne, dont la politique est constamment nourrie par des actions hostiles et criminelles envers tous les états aspirant à l’indépendance, à la vertu, au progrès scientifique et à la justice -, l’Iran n’hésita pas à collaborer activement avec les américains dans l’invasion de l’Afghanistan puis l’invasion de l’Irak, afin de prendre ainsi leur revanche sur les Talibans en Afghanistan, et sur Saddam Hussein en Irak. La suite, on la connait que fort bien malheureusement. Le député du parti politique allemand CDU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne) Jürgen Todenhِfer, ancien parlementaire allemand, homme politique, journaliste et opposant de la guerre, plaidait en faveur de la vérité en disant que :
« On estime à 1 200 000 le nombre de civils irakiens assassinés depuis le début de la guerre américaine contre l’Irak en 2003. Cela témoigne dès lors d’une arrogance inouïe d’entendre affirmer chez nous que le problème de notre époque est la violence du monde musulman. La vérité, c’est que le problème provient de l’agressivité de certains états occidentaux »[25].

   Avec le blocus imposé par l’Occident à l’Irak en 1991, eut lieu l’une des pires tragédies contemporaines, avec la destruction programmée d’une nation :

« – L’opération débute le 17 janvier 1991 par des bombardements massifs sur les villes irakiennes. La destruction du potentiel militaire et de l’infrastructure économique de l’Irak constitue l’objectif prioritaire, avant la libération du Koweït. Depuis des mois, l’action psychologique des alliés a considérablement gonflé les capacités militaires de l’Irak – son armée est présentée comme la quatrième du monde -, alors que ce pays n’est qu’une puissance moyenne du tiers-monde.

– En six semaines, le territoire irakien reçoit autant de bombes que l’Allemagne en reçut pendant toute la Seconde Guerre mondiale : 88 500 tonnes sont larguées lors des 110 000 sorties aériennes. Pour conserver l’appui de l’opinion publique, l’information sera contrôlée, voire manipulée (…).

– Dès l’invasion du Koweït en août 1990, l’Irak est soumis à un embargo total. Les missions d’inspection des armements de destructions massives, qui veillent au respect des résolutions de l’ONU, tournent court. Elles sont suspendues en 1998. D’un côté, la mission onusienne est manipulée par les USA pour provoquer l’Irak. De l’autre, le dictateur de Bagdad joue au chat et à la souris avec les inspecteurs, chacun trouvant intérêt à pourrir la mission de l’ONU. Les inspections n’étant plus assurées depuis 1998, le projet de levée de l’embargo a été abandonné. Depuis, les zones d’exclusions en Irak, contrôlées directement par l’ONU, en fait par Washington et Londres, et accompagnées de bombardements réguliers, sont la règle. Inauguré en 1996, le programme pétrole contre nourriture permet l’importation de nourriture et de médicaments. Un soulagement mais les sanctions continuent de tuer, selon les estimations irakiennes et de différentes ONG, 8 000 personnes chaque mois en Irak, 30 % de la population souffre de malnutrition »[26].

    Les bombardements massifs (autant que toxiques) perpétrés par la coalition internationale en Irak (en 1991) ont été un facteur élevé et terrible de mortalité, de malformations génitales et de pollution environnementale : « C’est en homme satisfait que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair déclarait à l’automne 2012 que « les forces britanniques devaient être fières de leur intervention en Irak, lors de l’invasion américaine, car le pays a connu une forte croissance économique depuis que Saddam Hussein a été chassé du pouvoir en 2003 », et se réjouissait d’« une chute de la mortalité infantile ». Ces déclarations enthousiastes ont indigné les médecins irakiens, qui doivent faire face à une progression alarmante des cancers et des malformations congénitales des nouveaux-nés dans les villes bombardées par la coalition internationale. Après le retrait des forces armées étrangères en 2010, la situation environnementale de l’Irak est calamiteuse. L’industrie chimique, peu réglementée, avait déjà déversé quantité de rejets toxiques dans la nature. Les guerres et les insurrections qui ravagent le pays depuis le début des années 1980 ont, elles aussi, eu des conséquences désastreuses sur l’environnement. Particulièrement lorsque pipelines et sites industriels furent sciemment bombardés, provoquant des fuites incontrôlées de produits chimiques dans les sols et dans l’eau. Les munitions utilisées pour soumettre les villes irakiennes pendant la guerre du Golfe (1990-1991) et l’invasion en 2003 par les États-Unis et leurs alliés en sont une autre, avec de lourdes conséquences sur la santé publique.

« Atomisées » dans la nature lors des bombardements, les munitions continuent de tuer à petit feu les populations civiles plusieurs années après que les combats aient cessé. En 2005, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans un rapport intitulé Assessment of environmental hot spots in Iraq, estime à plusieurs milliers le nombre de zones contaminées cumulant — à des degrés divers — pollutions industrielles et contaminations militaires. Plus de trois cents « points chauds » — comprendre hautement toxiques —, sont identifiés, parmi lesquels quarante-deux sites concentrant des taux considérables de dioxine et d’uranium appauvri. Dix présentent des taux de radioactivité très élevés. (…) L’emploi de munitions renforcées à l’uranium appauvri n’est pas interdit par un traité international spécifique mais par l’article 35 intitulé « Règles fondamentales » du Protocole I additionnel des Conventions de Genève. (…) Ce protocole n’a pas été ratifié par les États-Unis, le Pakistan et l’Iran. L’uranium appauvri provient des munitions utilisées par la coalition en 1991 et 2003 (Lire Dr. Souad Al-Azzawi, Depleted Uranium Radioactive Contamination In Iraq : An Overview, PDF). Ce métal lourd a les faveurs de l’industrie de l’armement en raison de son fort pouvoir de pénétration des matériels blindés. Une fois la charge explosée, les composants chimiques se dispersent et s’infiltrent dans le sol et dans l’eau, occasionnant des pollutions persistantes dans la nature et les espaces de vie : rues, jardins, cultures, et les aires de jeu pour enfants… Il contamine aussi les soldats sans que le commandement ne s’en émeuve. D’autres métaux lourds, comme le plomb et le mercure, entrent dans la composition des munitions et se retrouvent aussi disséminés en quantités significatives dans l’environnement (…) Pour les populations le cauchemar continue mais en silence cette fois. Partout, le même constat tragique : une hausse de la mortalité infantile, des leucémies, des cancers, des tumeurs, des malformations congénitales. En dépit des avertissements successifs lancés par les médecins, aucune étude sérieuse n’est menée pour déterminer l’origine de ces symptômes. Washington refuse de reconnaître un lien de causalité entre les contaminations militaires et ce très inquiétant problème de santé publique, et semble plutôt déterminé à entraver toute recherche scientifique (cf. l’article du Dr. Souad Al-Azzawi cité plus haut) »[27].

    Le même article évoque le bilan terrible sur le plan sanitaire : « En 2009, les médecins de l’hôpital général de Falloujah, horrifiés par ce qu’ils constatent au fil des années, adressent un courrier commun aux Nations unies pour réclamer des investigations indépendantes : « En septembre 2009, sur 170 nouveaux-nés, 24 % d’entre eux sont morts dans leur première semaine, parmi lesquels 75 % présentaient des malformations importantes. » Des enquêtes partielles seront ensuite menées à Falloujah et à Bassorah quelques mois plus tard et les résultats publiés dans le Bulletin of environmental contamination and toxicology de l’université du Michigan [1]. Les auteurs résument leurs observations en une phrase qui veut tout dire : « Le taux de cancers, de leucémies et de mortalité infantile observé à Falloujah est plus élevé qu’il ne le fut à Hiroshima et Nagasaki en 1945. » [2] Il est rappelé que l’exposition aux métaux toxiques (dont les effets morbides sont reconnus) est source de complications sévères pour les femmes enceintes et le développement du fœtus. En conclusion, il est plus que probable que les munitions utilisées pour les bombardements dans ces deux villes soient à l’origine de ces tragédies (…)  Entre 2004 et 2006, le taux de fausses couches s’élève à 45 % du nombre de grossesses et celui de bébés malformés à 30 % du nombre de naissances. Entre 2007 et 2012, le nombre de fausses couches diminue et tombe à 15 %, tandis que celui de bébés souffrant de malformations augmente sensiblement pour atteindre 54 %. Plus de la moitié des nouveaux-nés souffrent de malformations congénitales affectant le cœur, le cerveau, la moelle épinière, les poumons et le palais ».

    Toujours dans le même article, les mêmes horreurs concernent aussi la ville de Bassorah : « À Bassorah, l’étude présente des résultats similaires. Bien des voix appellent à ce que des recherches plus poussées soient pleinement entreprises à travers tout le pays. C’est la condition pour que la situation soit évaluée avec précision, des mesures adéquates mises en place et des réparations exigées. Car il faudra à un moment mettre la coalition — principalement les États-Unis et le Royaume-Uni — face à ses responsabilités pour qu’elle reconnaisse son rôle dans ce qu’il faut bien appeler un crime. Un crime de plus, puisque les crimes d’hier — Hiroshima, Nagasaki, Vietnam — demeurent, aujourd’hui encore, impunis.

Fier de son armée et de son industrie de l’armement, le Parlement français a voté quasi à l’unanimité (515 pour, 4 contre, 10 abstentions) le 26 novembre 2015 la prolongation des bombardements sur la Syrie et sur l’Irak pour combattre Daech. En France, après les attentats perpétrés à Paris le 13 novembre, c’est l’état d’urgence. Les musées sont fermés mais le salon des armes, le Milipol, lui, reste ouvert. Quoi de plus « normal » : les affaires prospèrent sur le marché de la guerre, les industriels français distillent leurs armes toutes catégories partout dans le monde, notamment au Moyen-Orient. Les bombes larguées visent les djihadistes et leurs infrastructures mais elles provoquent aussi, comme toujours, de très sérieux « dommages collatéraux » qui meurtrissent les civils et dévastent les territoires dont ils dépendent pour leur survie. La France admet posséder des armes à uranium appauvri mais prétend que son armée, jusqu’à mi 2013, n’en n’ait pas fait usage ».

    Les forces américaines avaient également eu recours, notamment à Fallujah, aux bombes au phosphore blanc, arme interdite et causant de terribles souffrances inutiles[28].

    La barbarie occidentale ciblait aussi bien les civils que les soldats irakiens, sans épargner non plus les systèmes de santé, l’éducation, l’énergie et les routes : « Le 26 février, l’Irak se retirait du Koweit. Les troupes qui se repliaient étaient également attaquées. Rien que là, on a compté 25 000 morts irakiens. Au total, 125 000 militaires irakiens ont trouvé la mort, contre 125 Américains.  Après le retrait irakien du Koweit, le Conseil de sécurité des Nations Unies organisait un embargo jusqu’à ce que toutes les armes non-conventionnelles (chimiques, biologiques et atomiques) soient détruites. La commission des Nations unies UNSCOM était chargée de cette mission. Jusqu’au mois d’août, 340 équipes UNSCOM ont contrôlé 9 346 sites où des armes auraient pu être entreposées. Après ces contrôles, il n’y avait plus d’armes de destruction en Irak. L’embargo serait d’application jusqu’en mai 2003, après la chute du président Saddam Hussein.

La guerre du Golfe a coûté 676 milliards de dollars, ce qui correspondait à ce moment-là à la moitié du montant de la dette du tiers-monde. (…) Le nombre de morts dus à l’embargo est énorme. D’après les chiffres du ministère irakien de Santé publique (chiffre pour fin 2002), 1 806 915 victimes civiles, dont 750 000 enfants de moins de 5 ans, sont mortes à cause de l’étranglement économique. Avant la guerre du Golfe, l’Irak importait 70 % de sa nourriture : pour 2 à 3 milliards de dollars par an. Sous l’embargo, à peine la moitié entrait encore dans le pays. La production locale n’a pas non plus pu se rétablir.

L’embargo a été une punition collective, imposée à toute la population irakienne pour exercer une pression sur le gouvernement irakien. Les changements que le pays subissait après dix ans de sanctions sont incommensurables. Les indicateurs de base (alphabétisation, santé, enseignement…) qui mesurent le niveau de bien-être des gens étaient en Irak avant l’embargo parmi les meilleurs du monde. En 2000, l’Irak régressait jusqu’au 20 % les plus bas. En dix ans, la mortalité infantile passait de l’une des plus basses au monde à l’une des plus hautes.

Même quand la guerre du Golfe était officiellement terminée, il y avait encore des bombardements tous les jours sur une grande partie du pays. Entre 1991 et 2001, les forces armées américaines et britanniques ont effectué 280 000 vols de combat au-dessus de l’Irak et tué des centaines de civils.

L’infrastructure était également gravement touchée. L’Irak a quand même réussi à reconstruire toute seule une partie importante de ses infrastructures vitales »[29].

    Dans le même article, cette barbarie était motivée par plusieurs objectifs stratégiques : « Les États-Unis avaient cinq buts stratégiques pour le Moyen-Orient :

• Assurer le contrôle des réserves pétrolières du Moyen-Orient pour déterminer les quantités produites et faire baisser les prix.

• Maintenir les structures politiques de la région, surtout celles des Émirats et de l’Arabie saoudite qui assuraient le contrôle de l’Occident sur le pétrole.

• Détruire le potentiel économique et militaire de l’Irak.

• Installer des bases militaires pour imposer les diktats de l’Occident.

• Sécuriser la suprématie d’Israël sur tous les pays arabes.

Comme grand producteur de pétrole, l’Irak avait nationalisé ce secteur en 1972 et investissait les revenus de ce pétrole pour son propre développement. Les pouvoirs occidentaux et les compagnies pétrolières n’ont jamais pu l’accepter.

Dans les années 1990, la France et la Russie avaient conclu des accords avec l’Irak pour exploiter le pétrole irakien après la levée des sanctions. Ces contrats concernaient au total 1 100 milliards de dollars. Les États-Unis étaient exclus de l’accès au développement futur des plus grandes réserves de pétrole au monde (à un près).

L’Occident avait aussi un problème par rapport à l’économie socialiste (socialisante) d’Irak. A la fin de l’année 2000, le gouvernement irakien décidait de ne plus travailler avec le dollar pour les opérations pétrolières parce qu’il était une « monnaie ennemie ». Toutes les transactions se faisaient, depuis la fin de 2000, en euros, et le siège des comptes pétroliers n’étaient plus situé aux USA mais à Paris. « Dans le monde réel (…), le seul facteur à la base de la prospérité américaine est le maintien du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Ceci ne peut se faire que si les pays producteurs de pétrole gardent le dollar pour calculer le prix du pétrole. Le dernier clou au cercueil de Saddam Hussein a été sa décision de commencer à vendre son pétrole en euros », commente Richard Benson, analyste de Citibank et Chase Manhattan.

Tout cela était une raison suffisante pour les États Unis pour entreprendre une action déterminante et envahir une nouvelle fois l’Irak ».

   Quant à l’invasion illégale américano-britannique en Irak en 2003, l’article relate ceci : « Le 19 mars 2003, les États-Unis et la Grande-Bretagne attaquaient illégalement l’Irak. 41 000 vols de combat étaient effectués et 27 000 bombes étaient larguées. A peu près 200 000 soldats prenaient part aux opérations au sol. Les gouvernements des États-Unis et de la Grande-Bretagne n’avaient pas l’approbation du Conseil de sécurité des Nations Unies pour une telle attaque. Ils ont alors eu recours à des mensonges pour pouvoir envahir l’Irak : ce pays détiendrait des armes de destruction massive et aurait un lien avec les terroristes d’Al Qaïda ; et la guerre apporterait la démocratie en Irak… Le président Bush et ses ministres ont menti exactement 935 fois entre le 11 septembre 2001 et le 19 mars 2003 pour justifier leur invasion. Et cette désinformation a été coûteuse. En 2009, le ministère américain de la Défense a dépensé au moins 4,7 milliards de dollars pour « gagner les cœurs et les esprits » dans le pays et à l’étranger ».

    Jusqu’en 2016, l’article indique également que le coût de cette guerre fut colossal : « Le budget de la Défense des États-Unis a augmenté de 335 milliards de dollars en 2001 à 637 milliards de dollars en 2015. Le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz a déclaré à ce sujet : « Une guerre gratuite n’existe pas. L’aventure de l’Irak a sérieusement affaibli l’économie américaine et la misère va bien plus loin que la crise des hypothèques. On ne peut pas dépenser 3 milliards de dollars pour une guerre ratée à l’étranger sans en ressentir le mal à l’intérieur du pays ».

D’après Stiglitz, les États Unis dépensent en ce moment 5 milliards de dollars par an en Afrique : « 5 milliards d’euros, c’est environ 10 jours de combats. Cela vous donne une idée du gaspillage de moyens » ».

   L’article parle aussi de destruction intentionnelle de l’Etat irakien : « Après 25 ans de guerre, d’embargo, d’occupation et de chaos, il est évident que la destruction de l’État irakien a été voulue sciemment par les États-Unis. Les architectes américains de cette guerre avaient déjà prédit depuis des années qu’une invasion de l’Irak provoquerait la fin de l’État irakien. Dans un rapport de 1996, des auteurs néoconservateurs décrivaient l’inévitable déclin de l’Irak après une invasion militaire, affirmant qu’un changement de régime mènerait à « un déchirement de l’Irak par la politique des seigneurs de guerre, des voleurs, des clans, des sectes et des familles importantes » Ces mêmes auteurs sont pourtant par la suite devenus les défenseurs les plus agressifs d’une invasion. Les effets désastreux du point de vue culturel et humain de la destruction de l’État irakien de 2003 à 2011 – déjà fort affaibli par la guerre du Golfe en 1991 et par les sanctions économiques – sont énormes. Plus d’un million et demi de citoyens ont perdu la vie, l’infrastructure sociale – électricité, eau potable, égouts et institutions publiques – était détruite, des académiciens et des professionnels étaient assassinés, à peu près 2,5 millions de personnes devenaient des réfugiés dans leur pays (IDP) et 2 764 000 personnes ont fui ».

    Sur les plans social et écologique, le pays est devenu « invivable », avec de nombreux conflits identitaires, instrumentalisés par les Etats-Unis, la France, l’Iran et d’autres acteurs, et les dégâts environnementaux sont aussi très alarmants : « La destruction sociale est inestimable. Le niveau de l’enseignement et de la santé se situent aujourd’hui encore loin en dessous de celui d’avant l’invasion. Les minorités nationales irakiennes (chrétiens, Assyriens, Mandéens…) sont au bord de l’éradication. Certaines de ces minorités religieuses et ethniques irakiennes ont cohabité en paix dans la région pendant plus de 2 000 ans. Les droits des femmes ont été complètement supprimés, comme le droit à la protection de la maternité, le permis de travail et les soins de santé. De grandes parties du pays sont devenues écologiquement invivables. Des régions entières sont contaminées par l’uranium appauvri et par d’autres pollutions militaires, des millions de tonnes de déchets ont été abandonnés et ont non seulement porté atteinte au système écologique fragile de façon irréversible mais ont également provoqué une forte augmentation des malformations génétiques et des cancers. Le bas niveau de l’eau des lacs et rivières a provoqué des catastrophes parce que l’absence d’égouts a rendu l’eau impropre à la consommation humaine et animale.

Du point de vue économique, l’Irak est devenu un immense paradis du marché libre, où les Irakiens n’ont aucun pouvoir »[30].

    De même, l’occupation américaine, illégale et barbare, a été perçue comme étant un fléau en Irak, ce qui a engendré une forte opposition, aussi bien chez les musulmans sunnites et shiites, que chez des groupes laïcs ou chrétiens, car toutes les communautés sont devenues des victimes de la guerre, et que les mercenaires et soldats américains ont commis aussi de nombreux crimes de guerre (meurtres de civils, viols sur les femmes, tortures et humiliations contre des femmes, des hommes et des opposants politiques, pillages et contrebandes, destruction de biens matériels, …). Le chaos semé par les Etats-Unis en Irak a conduit à une insécurité généralisée et croissante, où l’esclavage est réapparu sous différentes formes, où les enfants et les femmes ont perdu de nombreux droits et sont devenus les principales victimes de la guerre, et où les attentats-suicides commis de part et d’autre (y compris par des groupes marxistes et identitaires) ont littéralement explosé. Ensuite, en mettant en place un gouvernement répressif, – celui de Nouri al-Maliki, un laïc identitaire de culture shiite pro-Iran et pro-US -, la communauté sunnite a été sévèrement maltraitée, avec des milliers de disparitions, d’exécutions, d’actes de tortures et de femmes humiliées, ce qui a engendré un profond ressentiment, ainsi que l’apparition de groupuscules jihadistes, dont Daesh : « Quand, en juillet 2013, le diplomate américain Paul Bremer créait l’organe de direction provisoire, l’Iraqi Governing Council (IGC), il a sélectionné les gens sur base de leur provenance religieuse et ethnique,  mentionnant leur appartenance derrière leur nom. L’identité irakienne a été totalement effacée du dictionnaire des occupants. Au lieu de construire un État avec des droits et des devoirs égaux pour tous les citoyens, les arabes sunnites ont été marginalisés, et le gouvernement, surtout constitué de certains groupes chiites et kurdes, les a très mal traités. La poudrière en Irak a été créée par l’occupation américaine. (…) La sale guerre. Quand les armées américaine et britannique ont été confrontées à une opposition sérieuse, ils ont changé drastiquement leur tactique. « La seule façon que nous avons de gagner, c’est de passer à des moyens conventionnels. Nous devrons jouer leur jeu. Guérilla versus guérilla, terrorisme versus terrorisme. Nous devons terroriser les Irakiens et les obliger à se soumettre », ont-ils estimé. Pendant la période qui a suivi, des rapports ont vu le jour à propos des escadrons de la mort et de purification ethnique. Les médias ont, eux, parlé de « violences sectaires ». Une partie de la violence était peut-être spontanée, mais il y a cependant des preuves écrasantes que la plus grande partie était le résultat des plans décrits par les divers experts américains en décembre 2003. La firme de sécurité américaine Blackwater USA a recruté des mercenaires venant du Chili, de Pérou, d’Argentine, de Colombie et du Guatemala. Dans ces pays, on a de l’expérience pour les sales guerres. Les militaires y étaient bien entraînés à fréquenter les éléments subversifs internes. Le but n’était pas d’identifier les vrais combattants de l’opposition, de les arrêter et de les assassiner mais d’atteindre la population civile. C’était une stratégie de terrorisme d’Etat pour couper le lien entre la population et l’opposition et pour briser l’appui de la population à la guérilla.  Des milliers d’Irakiens ont disparu entre 2005 et 2007. Certains étaient attrapés par les milices et chargés sur des camions, d’autres avaient l’air de disparaître tout simplement. Au plus fort des assassinats sectaires, entre 50 et 180 corps étaient largués tous les jours dans les rues de Bagdad. Beaucoup étaient décapités ou abattus par balles et portaient des traces de torture (…). Chaos, répression et néolibéralisme ont fait le succès de Daech. Après une année de protestations pacifiques, le Premier ministre irakien Maliki a envoyé son armée et ses milices armées contre les manifestants. Plusieurs villes ont été attaquées et bombardées par les troupes gouvernementales. De ce fait, les islamistes sunnites séparatistes ont commencé à gagner en influence. Malgré les contretemps subis par Daech au cours de l’occupation de l’Irak, le groupe parvenait déjà fin 2012 à porter le nombre de ses combattants actifs à environ 2 500. La terreur semée par Daech est effrayante, mais les méfaits des milices chiites et de l’armée gouvernementale, soutenus par l’étranger, le sont tout autant (…) Et, pendant ce temps, la population irakienne est prise entre l’enclume et le marteau. Le 15 juin 2015, au moins quatre millions d’Irakiens étaient des déplacés internes ».

   Les archives et confidences indiquent que les présidents américain et français, – George Herbert Walker Bush (1924 – 2018) et François Mitterrand (1916 – 1996), dès le 3 août 1990, concernant la « crise du Koweït » avaient directement envisagé l’option militaire plutôt que d’envisager la solution diplomatique, ce qui faisait bien l’affaire des complexes industrio-militaires[31], et ce, contre l’avis d’une bonne partie des populations américaines et françaises, qui ont manifesté dans les rues pour s’opposer à la guerre.

   Dans un article intitulé Iraq Sanctions Kill Children, U.N. Reports, paru dans The New York Times le 1er décembre 1995, un rapport de l’ONU faisait état d’un bilan de 567 000 enfants de moins de 5 ans décédés à cause de l’embargo américain imposé à l’Irak[32]. Aux Etats-Unis, les démocrates, comme les républicains, refuseront pourtant de lever ou d’alléger l’embargo, sous prétexte que Saddam posséderait toujours des armes de destruction massive, tout comme le Royaume-Uni, allié fidèle des Etats-Unis à cette époque. Or, d’une part, cela n’a rien à voir avec le fait de permettre à la population irakienne d’avoir accès à l’eau potable, à l’électricité, aux médicaments et à de la nourriture, et d’autre part, des experts indiquaient déjà que l’Irak ne possédait pas d’armes bactériologiques ou nucléaires, et que le stock d’armes chimiques était inutilisable faute de moyens pour les entretenir, comme le rappelait Alain Chouet, chef de service de la DGSE française (de 1972 à 2002)[33]. De plus, ce sont bien les Etats-Unis qui ont fait usage des bombes atomiques et des armes chimiques contre des populations civiles, mais personne ne semble s’en offusquer. L’ONU, sous la pression des Etats-Unis et du Royaume-Uni, exerçait des pressions pour virer ou faire taire les journalistes ou les médecins présents sur le terrain irakien qui relayaient les horreurs et les besoins réels liés à la population, comme Denis Halliday et Hans-Christof Von Sponeck (coordinateur humanitaire en Irak), accusés à tort d’avoir été au service de Saddam, pour avoir observé et relaté la tragédie vécue par la population irakienne suite à l’embargo, et accusant le Conseil de Sécurité avait donc violé les droits humains du peuple irakien, ou encore Thomas Nagy, qui avait mis la main sur des documents déclassifiés de la DIA (l’agence de renseignement de l’armée américaine), montrant que les autorités américaines connaissaient parfaitement les conséquences gravissimes qui affectaient la population irakienne en raison des sanctions économiques.[34] Les Etats-Unis, n’exprimant aucun remord, ont réitéré la politique des sanctions économiques contre l’Iran, affectant considérablement la population iranienne plus que le régime iranien lui-même.

    Au final, que retenir de tout cela, si ce n’est que la barbarie occidentale a encore frappée, et que le bilan qui en a découlé est catastrophique, ayant engendré directement la mort de nombreux civils, alimenté et intensifié le terrorisme, et privé des millions d’enfants d’une vie paisible et d’une bonne éducation. Ce sont en effet plus de 2 millions de civils qui ont péri, dont plus de 750 000 enfants en bas âge avant même l’invasion de 2003. Ce sont aussi des milliers de scientifiques et intellectuels irakiens assassinés en toute impunité par les forces américaines, britanniques et israéliennes principalement, sans parler des autres dizaines de milliers de scientifiques et d’intellectuels, massacré aveuglément lors des bombardements aveugles ou de la « famine » instaurée par la coalition internationale. Concernant les infrastructures, de nombreuses écoles, maisons, mosquées, cliniques sanitaires, boulangeries, musées, centrales et usines ont été détruites lors des bombardements.

   Sur base de fakes news financées et diffusées en permanence, d’innombrables vies, infrastructures et dépenses inutiles d’argent ont été perdues, et l’Irak, qui était une nation relativement prospère et développé sur bien des aspects (au point que même des médecins et universitaires envoyés en Irak étaient choqués par leur niveau, parfois supérieur à celui des « experts occidentaux »), a été renvoyé « à l’âge de pierre », dans la barbarie la plus cynique qui soit, et où, loin d’avoir aidé l’Irak à se redresser, les Etats-Unis et leurs alliés européens, ont été la cause principale du terrorisme, de l’obscurantisme et de la dégradation sociale et politique du pays.


[1] Comme souvent, les Etats-Unis exacerbent et jouent sur des intérêts et tensions déjà existants dans la région. L’Iran avait un projet expansionniste dans la région et l’Irak craignait cette contagion en Irak et que des shiites pro-Iran sèment le chaos par la révolte. Les shiites irakiens se divisaient entre les pro-Saddam (pour des raisons nationalistes), les pro-Iran et ceux qui étaient neutres politiquement.

[2] Christophe Ayad, “Pierre Razoux : « La guerre Iran-Irak a façonné la géopolitique actuelle du Golfe”, Le Monde, 12 décembre 2013 : https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/12/12/pierre-razoux-la-guerre-iran-irak-a-faconne-la-geopolitique-actuelle-du-golfe_4333434_3218.html ; Pascal Buresi, “Guerre Irak-Iran, en bref”, Encyclopædia Universalis : https://www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-irak-iran-en-bref/

[3] Philippe Rondot, “Irak-Iran (Guerre)”, Encyclopædia Universalis : https://www.universalis.fr/encyclopedie/irak-iran-guerre/

[4] “« Une faute morale » : les ventes d’armes au cœur de la tragique guerre Iran-Irak”, Middle East Eye, Laurent Perpigna Iban, 25 septembre 2020 : https://www.middleeasteye.net/fr/decryptages/guerre-iran-irak-ventes-armes-irangate-france

[5] Jean Guisnel, Histoire secrète de la Ve République, éd, coll. « Cahiers libres », 2 novembre 2006, « La France, premier proliférateur nucléaire », pp. 242-255.

[6] Bartoll/Brahy, Mission Osirak tome 2 : le Raid Impossible, Dargaud.

[7] Tom Cooper, Farzad Bishop, “Target: Saddal’s Reactor – Israeli and Iranian operations against Iraqi plans to develop nuclear weapons”, Angelfire, mars/avril 2004 : http://www.angelfire.com/art2/narod/opera/

[8] “The disinformation campaign”, The Guardian, Phillip Knightley, 4 octobre 2001.

[9] Charles Saint-Prot, Saddam Hussein : un gaullisme arabe?, éd. Albin Michel, 1987.

[10] “Izzat Ibrahim Al-Douri / Izzat Ibrahim al-Duri”, Global Security. 17 avril 2015 http://www.globalsecurity.org/military/world/iraq/al-douri.htm et “Iraq: Saddam’s Aide Al-Duri Hiding in Diyala”, 17 mars 2009 par Rahmat al-Salaam. Cependant l’information concernant sa mort a été démentie.

[11] “Les médias occidentaux ridiculisés : Izzat Ibrahim al-Douri est de retour”, Palestine Solidarité, par Gilles Munier, 16 mai 2015 http://www.palestine-solidarite.org/analyses.gilles_munier.160515.htm

[12] “Itinéraire d’un tyran”, Le Point, 19 décembre 2003, Yves Cornu : http://www.lepoint.fr/actualites-monde/itineraire-d-un-tyran/924/0/42486

[13] http://www.unesco.org/afus/b85/Unesco.htm ; depuis l’article a été supprimé à cette adresse, mais la citation est toujours disponible sur la page de wikipédia (France) en date du 13 janvier 2021 : https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_d%27Irak_(1968-2003)#Modernisation_de_l’Irak

[14] “Irak”, Medea http://www.medea.be/fr/pays/irak/irak/ page accessible en date du 24 décembre 2016, se basant aussi sur la source CIA World Factbook 2014, “Arab Human Development Report 2009”, BBC, International Herald Tribune, Financial Times, “l’état du Monde 2014”, International Institute for Strategic Studies (IISS).

[15] Kendal Nezan, Quand « notre » ami Saddam gazait ses Kurdes, Le Monde diplomatique, 1er mars 1998 :  https://www.monde-diplomatique.fr/1998/03/NEZAN/3615 ; Voir aussi le reportage Irak, destruction d’une nation : L’allié, diffusé par France 5, le 31 janvier 2021 et réalisé par Jean-Pierre Canet. Il nous apprend que des firmes occidentales, – tout comme les gouvernements occidentaux impliqués dans cette guerre -, étaient impliquées dans l’utilisation des armes chimiques utilisées dans la guerre Iran-Irak.

[16] “Saddam Did Not ‘Kill The Kurds’ – The Myth Of The ‘Anfal Genocide'”, David Hungerford, 14 novembre 2006 : http://www.rense.com/general74/kurds.htm

[17] Charles Saint-Prot, Saddam Hussein : un gaullisme arabe ?, éd. Albin Michel, 1987, pp. 78-79.

[18] “Stress post-traumatique : après la guerre, les soldats meurent encore”, France Info, 4 avril 2014 : http://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/pourquoi-le-stress-tue-plus-de-soldats-americains-que-les-combats_568435.html

[19] “Using Flags to Focus on Veteran Suicides”, The New York Times, par Jada F; Smith, 27 mars 2014 https://www.nytimes.com/2014/03/28/us/using-flags-to-focus-on-veteran-suicides.html?_r=1

[20] “Fatalities by Year and Country”, icasualties, mis à jour en 2020 : http://icasualties.org/App/AfghanFatalities et http://icasualties.org/

4910 décès pour l’Irak (de 2003 à 2020) et 3596 décès pour l’Afghanistan de 2001 à 2020.

[21] “Iraq had a Long Tradition as a Center of Higher Learning: How America’s War Destroyed Iraq’s Universities”, Hugh Gusterson, 2 novembre 2011 http://www.globalresearch.ca/iraq-had-a-long-tradition-as-a-center-of-higher-learning-how-america-s-war-destroyed-iraq-s-universities/27418

[22] Voir cet ouvrage La guerre Iran-Irak: Saddam Hussein et le rôle controversé des États-Unis de Corentin De Favereau aux éditions 50 Minutes, 2014.

[23]“‘Lies’ About Saddam’s Oppression of the Shia” par le shiite Muhammad al-Baghdadi, The Wisdom Fund, 25 mars 2005 : http://www.twf.org/News/Y2005/0325-Shia.html

[24] Khalil Al-Doulaimi, Saddam : Les secrets d’une mise à mort livrés par son avocat, éd. Sand, 2010, pp. 76-77.

[25] Sans douter de son honnêteté, nous constatons qu’il a fini par développer une sorte d’anti-américanisme primaire, et couplé à certaine naïveté géopolitique, s’est laissé abusé quelque peu par la propagande du régime syrien, notamment lors de sa fameuse interview en 2016 d’une personne affirmant appartenir au mouvement Jahbat al Nusra alors qu’il s’agissait en réalité d’un agent du régime syrien se faisant passer pour un membre de l’opposition. Par rapport à la source de la citation, elle est extraite d’une émission télévisée, encore accessible en partie sur ce lien https://www.youtube.com/watch?v=rQItfHohSTU

[26] “IRAK Onze ans de guerre et d’embargo”, L’Humanité, 17 août 2002 : https://www.humanite.fr/node/269997

[27] “Irak : après les feux de la guerre, les cancers”, Visionscarto, 5 décembre 2015, par Agnès Stienne : https://visionscarto.net/irak-apres-les-feux-de-la-guerre

[28] “U.S. Used Phosphorous Munitions In Fallujah”, The Washington Post, 16 novembre 2005 : http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2005/11/15/AR2005111501690.html

[29] “Irak : 25 ans de guerre, d’occupation, de mort et de destruction”, Solidaire, 15 janvier 2016 : https://www.solidaire.org/articles/irak-25-ans-de-guerre-d-occupation-de-mort-et-de-destruction

[30] Ibid.

[31] Voir le reportage Irak, destruction d’une nation : L’adversaire (partie 2 sur 4), diffusé par France 5 le 31 janvier 2021 et réalisé par Jean-Pierre Canet.

[32] Cette réalité, – dont l’ampleur alarmante était bien réelle et ressentie sur le terrain -, fut néanmoins contestée par la droite américaine, accusant Saddam Hussein de faire de la propagande en parlant des effets néfastes des sanctions sur les enfants, – tel que  le criminel Douglas Feith, Sous-Secrétaire à la Défense des Etats-Unis (2001 à 2005) – alors même que le but avoué de l’embargo était de punir collectivement le peuple irakien puis de le pousser à se révolter contre Saddam Hussein – comme l’ont expliqué plusieurs responsables américains. Par ailleurs, l’ancienne secrétaire d’État des Etats-Unis et démocrate Madeleine Albright, assumait, elle aussi complètement la mort de plus de 500 000 enfants irakiens, et disait que cette décision en valait la peine lors d’une interview dans le cadre d’une émission intitulée Punishing Saddam, du 12 mai 1996 sur CBS News. Qu’il y ait eu plus de 500 000 enfants morts ou un peu moins, cela ne change rien à cette tragédie où de nombreux enfants perdirent la vie à cause de la monstruosité de certains responsables américains, justifiant cette politique barbare pour des raisons stratégiques et économiques.

[33] Voir le reportage Irak, destruction d’une nation : L’adversaire, diffusé par France 5 le 31 janvier 2021, et réalisé par Jean-Pierre Canet.

[33] Ibid. Denis Halliday et Hans-Christof Von Sponeck démissionnèrent d’ailleurs de leur poste à l’ONU suite à l’hypocrisie et à la cruauté de hauts responsables. H-C. Von Sponeck écrira d’ailleurs un ouvrage en 2006 afin de dénoncer cette politique de la terreur par les sanctions économiques, A Different Kind of War. The un Sanctions Regime In Iraq (New York/Oxford, Berghan Books, 2006) qui dénonce et décrypte l’autre forme de guerre qu’a représenté le régime de sanctions économiques imposées à l’Irak dans les années 1990 à la suite de la guerre du Golfe de 1991.


Be the first to comment “L’Irak : les fakes news qui ont conduit à la mort de millions de civils”