La société moderne, hyperindividualisée, a tendance à nous faire oublier à quel point notre comportement peut engendrer une influence positive ou négative dans la société, et a fortiori, auprès de nos proches.
Nous avons donc une responsabilité à l’égard de nous-même, non seulement sur notre vie et notre corps, – qui sont, aux yeux du musulman, des dépôts accordés par Allâh dont il faut savoir prendre grand soin -, mais aussi à l’égard de notre relation avec Lui, de notre famille, de nos voisins, de notre communauté et de l’ensemble des êtres vivants.
Le problème des idées divisera toujours les gens, et sachant que l’on est amené souvent à changer ou à abandonner certaines de nos idées et de nos opinions selon nos lectures, notre environnement socioculturel (même si ce n’est pas irréversible), notre expérience et nos échanges intellectuels avec d’autres communautés, il faut s’accorder au moins sur l’importance et la nécessité d’adopter un noble comportement, car en dehors de la Profession de foi (et de ses implications fondamentales autour du Tawhîd), rien ne pèse plus lourd que le bon comportement pour reprendre la maxime prophétique : « Le jour de la Résurrection, rien n’est plus lourd sur la balance du serviteur croyant que le bon comportement. Allah déteste tout être vulgaire aux propos grossiers » (Hadîth rapporté par At-Tirmidhî dans Al Jamî’ n°2002).
Le Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « Ô Abû Dharr, voudrais-tu que je t’indique deux qualités dont l’acquisition est très aisée, mais qui pèseront lourd dans la Balance (du Jour du Jugement) ? Certes oui, ô Messager d’Allâh (ﷺ). Tâche donc d’avoir un bon comportement et d’observer le silence (spirituel), par Celui qui détient l’âme de Muhammad dans Sa main, d’entre toutes les bonnes actions accomplies par les créatures, rien ne vaut ces deux qualités » (Hadîth rapporté par Ibn Abî ad-Dûnya).
Et le Qur’ân nous rappelle ceci : « Certes, Allâh enjoint la justice, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit l’indécence, l’injustice et la rébellion » (Qur’ân 16, 90) ainsi que : « Et que la haine (l’inimitié) envers des gens qui vous ont empêché d’accéder à la Mosquée Sacrée (de la Mecque) ne vous incite pas à vous rendre transgresseurs/agresseurs. Et entraidez-vous dans la vertu et dans la piété, et ne vous entraidez pas dans le péché ni dans la transgression (et la haine). Prenez (donc) pieusement garde à Allâh » (Qur’ân 5, 2). Si historiquement ce verset est lié à un événement historique particulier (lié géographiquement à la Mecque), il est universel et permet aussi d’être entendu dans un sens symbolique, où la Mosquée Sacrée symbolise la Présence Divine, et où ceux qui veulent nous empêcher d’y accéder, existent encore de nos jours, et malgré cela, Allâh nous ordonne de ne pas faire partie des transgresseurs et des agresseurs, et de nous entraider que dans la vertu et la piété.
En tant que fils, nous devons vouloir le bien pour nos parents, et faire en sorte de veiller à leur bien-être physique, moral, matériel et intellectuel, mais dans le convenable et le raisonnable, de même que pour nos enfants, nos voisins, nos époux/épouses, etc.
Dans notre cheminement, si nous aimons sincèrement notre prochain, nous ne devons pas le soutenir dans les actions blâmables ou les endroits malsains, où les incitations à la violence, à la délinquance, aux polémistes futiles ou aux interactions nocives constitueront une ambiance propice à l’ego, à l’obscénité, à la polémique, à la perte de temps et aux relations hypocrites ou illicites, c’est-à-dire tout ce qui peut sérieusement nuire à l’âme, quand bien même certains actes seraient licites ou innocents de prime abord, mais où avec l’habitude, ceux-ci se corrompront jusqu’à tomber dans l’ostentation, l’hypocrisie, la calomnie ou la fornication.
Nous devrions mettre notre énergie et notre temps dans l’éducation et l’accomplissement de bonnes oeuvres, – tout en gardant les distances et les convenances qui conviennent, que ce soit à l’égard du sexe opposé ou même entre personnes du même sexe -, et savoir être mesuré et raisonnable dans le temps que nous consacrons au divertissement, l’Islam instaurant un temps et un droit pour chaque chose (Allâh, soi-même, la famille, la vie conjugale, la société, le voisinage, etc.).
Il est facile de se laisser trop aller à des occupations futiles, ou à des échanges virant au blâmable, aux injures, aux disputes ou aux propos trop complaisants envers les autres, et si nous souhaitons le meilleur aux autres comme nous le prétendons, nous devrions nous conseiller mutuellement le bien avec douceur, parcimonie, indulgence et compassion, car nul n’est à l’abri des reproches et des situations où l’on tombe soi-même dans ce que nous craignions ou reprochions aux autres.
Notre rôle implique de veiller autant à leur sécurité physique qu’à leur santé mentale et à leur épanouissement spirituel. Or, c’est rarement ce qui est fait quand on voit à quel point les idioties et les dérives les plus crasses inondent les réseaux sociaux et nos interactions dans la vie réelle. Combien sont les personnes (jeunes ou adultes) qui ont sombré dans l’extrémisme (peu importe la tendance idéologique), l’agressivité, les idées suicidaires, les dépressions sévères, les pertes de temps considérables, la perversité, voire même la folie ou le meurtre à cause de tout cet amas et ce flux continu d’informations et de relations sans aucune portée spirituelle ou intellectuelle.
N’oublions pas également que de nombreuses personnes (hommes ou femmes) sont encore sous l’autorité directe de leurs parents (ou de leurs tuteurs), et contreviennent à leur volonté (soit sous formes d’ordres explicites, soit par rapport à leurs recommandations) quand ils passent énormément de temps sur les réseaux sociaux, et pire encore quand ils fréquentent des groupes, des serveurs ou des personnes dangereuses, toxiques ou blasphématrices, qui les endoctrinent, les poussent aux troubles et aux polémiques agressives et malveillantes, – souvent basées sur des considérations idéologiques ne reposant sur aucun argument solide qui plus est -, envers leurs familles ou leur communauté d’origine. La recherche de la vérité n’est nullement en cause ici, mais la mentalité moderne inverse les valeurs, déforme les vérités universelles, et joue essentiellement un rôle de division et de trouble au sein des familles et de la société, là où le simple extrémisme relevait souvent des passions ou des déviances doctrinales clairement identifiables. Souhaitons-nous donc être responsable de cette tragédie ? Avoir poussé des « contacts, des proches ou des amis » dans des endroits (virtuels ou physiques) malsains ne les conduisant qu’à la fornication, aux dramas, aux polémiques qui vident l’âme de la noblesse de caractère et les éloignant de la spiritualité ? Nous ne voudrions cela ni pour nos enfants, ni pour nos parents ni pour personne parmi les gens que nous aimons et que nous apprécions, alors posons-nous les bonnes questions. Et quand bien même certaines personnes seraient dotées d’une certaine érudition (on les trouve dans toutes les communautés), la sagesse et la clairvoyance manquent cependant à beaucoup, et on reconnait l’absence de sagesse, aux polémiques et aux troubles qui apparaissent lorsque les motivations ou les conditions pour enseigner certaines vérités ou informations utiles, n’étaient pas bonnes ou adaptées au contexte donné.
Là où nous devons agir sur le terrain, le virtuel finit par nous détourner de la spiritualité et des actions concrètes exerçant un réel impact dans le monde, car perdre le contact immédiat avec le terrain, c’est se perdre dans les méandres du virtuel, – bien qu’il ne faille pas totalement déserter le champ virtuel mais prendre de saines et bonnes dispositions pour en limiter ses dégâts et ne pas se laisser piéger par ses multiples dangers -.
La preuve de notre amour et de notre bienveillance envers quelqu’un, est de nourrir l’intention de le voir sur le « droit chemin de la Vérité et de la Vertu », menant à l’épanouissement spirituel ici-bas et au salut dans l’Au-delà (sauf pour les négateurs de l’Au-delà) et ce quelque soit l’idéologie de la personne. Si donc nous abandonnons notre responsabilité d’être un bon conseiller et un support du bien et de la compassion, c’est qu’il nous manque l’amour et la détermination dans le bien.
Nous ne pouvons certes pas leur imposer nos propres décisions, car chacun doit pouvoir assumer ses choix, – même si cela nous est difficile quand leurs choix nous semblent mauvais, blâmables ou même dangereux pour eux-mêmes ! -, mais il nous incombe de les aider dans le bien, de les mettre en garde contre des dangers réels ou potentiels, et d’être de bons conseils par empathie, compassion, fraternité, amour, bienveillance et solidarité.
Sachons donc fréquenter les endroits bienveillants, enrichissants (sur les plans intellectuel et spirituel), les personnes bienveillantes tournées vers l’amour du Divin et le respect du Sacré, gérer notre temps comme il se doit ainsi que nos relations humaines afin de nous préserver des ruses de l’ego, de l’hypocrisie nourrie et alimentée par le virtuel, et des dangers divers survenant dans les contacts trop fréquents et systématiques dans les relations virtuelles que nous pouvons avoir avec un certain nombre de contacts.