.
L’importance de la Sagesse dans l’Islam est une notion que tout musulman devrait méditer profondément, car elle procure la lumière de la foi et lui donne cette saveur particulière et spirituelle qui favorise la Paix (Salâm) et la Sérénité (Sakîna) dont parle le Qur’ân.
« Il donne la Sagesse à qui Il veut, et à qui la Sagesse a été donnée, certes, il lui a été fait don d’une grâce immense. Et seuls les doués d’intelligence s’en rappellent » (Qur’ân 2, 269).
« Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Sagesse et vous enseigne ce que vous ne saviez pas » (Qur’ân 2, 151).
« C’est à eux que Nous avons apporté le Livre (la Révélation), la Sagesse (spirituelle) et la Prophétie. Si ces autres-là n’y croient pas, du moins Nous avons confié ces choses à des gens qui ne les nient pas » (Qur’ân 6, 89).
« Et gardez dans vos mémoires ce qui, dans vos foyers, est récité des versets d’Allâh et de la sagesse » (Qur’ân 33, 34).
« Ô les croyants ! Obéissez à Allâh, et obéissez au Messager (Muhammad) et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité (légitime). Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allâh et au Messager, si vous croyez en Allâh et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement) » (Qur’ân 4, 59) .
« Notre Seigneur, et envoie parmi eux un Messager issu d’eux-mêmes qui leur récitera Tes versets, leur enseignera le Livre et la Sagesse, et les purifiera. C’est Toi, certes, le Puissant, le Sage » (Qur’ân 2, 129).
« Et quand il eut atteint sa maturité et sa pleine formation, Nous lui donnâmes la faculté de juger et une science (utile). C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants (qui agissent avec excellence spirituelle et morale) » (Qur’ân 28, 14).
« Et quand il eut atteint sa maturité Nous lui accordâmes sagesse et savoir. C’est ainsi que nous récompensons les bienfaisants (qui agissent avec excellence spirituelle et morale) » (Qur’ân 12, 22).
Le Qur’ân insiste donc sur la sagesse et l’importance de la cultiver. Et la sagesse implique de se focaliser sur ce qui est nécessaire, prioritaire, utile et bénéfique pour son cheminement, sa santé, sa dignité, sa famille, la société et l’Humanité, et c’est la voie choisie par les maîtres spirituels authentiques, contrairement à d’autres qui prétendent incarner l’autorité mais qui polluent l’esprit des gens avec des croyances erronées ou déviantes, ou des idées douteuses autant qu’inutiles ou dangereuses, sans même parler de mauvaises pratiques ou d’un comportement outrancier et décadent.
La sagesse se cultive par la recherche et l’acquisition de l’humilité, de la connaissance profitable, de la science utile, de l’endurance, de la patience, de la taqwâ (piété religieuse, vigilance contre son ego, sens de la droiture et de la justice), de la bienfaisance et de la bonté d’âme comme l’indique le Qur’ân.
Si le Qur’ân insiste aussi sur l’importance de la Sunnah (Tradition et Voie prophétique) conforme aux principes qur’âniques et à l’éthique (1), Il nous met en garde contre les faux récits apocryphes ou déformés qui viendraient les contredire, et c’est l’un des sens de ce hadith prophétique : « Il viendra un temps où vers la fin de ma Ummah, des charlatans (ou des ignorants) vous raconteront des choses que vous et vos parents (ou ceux qui vous ont précédé) n’aviez jamais entendu, alors méfiez-vous d’eux de peur qu’ils ne vous égarent et ne vous causent des troubles » (2).
Et cela concerne aussi bien les déviances dans la pratique que dans la compréhension de ceux que l’on appelle les Khawarij, les Salafis/Wahhabis (dans leur conception du Tawhîd, de la Religion, de la bid’a, du shirk, du harâm, du halâl, etc., leur rejet ou ignorance de la spiritualité et de la métaphysique, etc. où ils se sont éloignés de l’Islam et opposés à la compréhension des Salafs et des maîtres orthodoxes), des laïcs et des modernistes (dupés et influencés par le capitalisme, le consumérisme, le scientisme, le matérialisme, le communisme, etc.), des rawafidhs (dont la haine, le mensonge et le sectarisme occupent une place centrale dans leur idéologie, qu’il faut distinguer des simples shiites qui sont éloignés de cela et qui se concentrent sur les piliers de l’islam et de la foi), des rigoristes, fanatiques et charlatans en tous genres, etc. comme le précisent d’autres ahadiths et comme le décrit le Qur’ân.
Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Si quelqu’un introduit ou innove une chose (ou un récit) qui n’est pas en harmonie avec les principes de notre Religion, alors cette chose doit être rejetée » (3).
Et parmi ce qui est nécessairement connu de la Religion il y a l’importance du Tawhîd, de la prière, de la Zakât et de la charité, du jeûne et du pèlerinage, les 6 piliers de la foi, le bon comportement, la justice, la bonté d’âme, la piété religieuse, la pudeur et la modestie, l’humilité et la patience, la spiritualité et la vertu, la chevalerie spirituelle et les bonnes manières, la science utile (théologie, exégèse, logique, épistémologie, médecine, droit, mathématiques, astrophysique, économie, chimie, physique, ingénierie civile, Tasawwuf, etc.), le respect des parents et des voisins, la maitrise de soi et le refus de céder à la colère, à l’oppression, à l’adultère, à l’ivresse, à l’injustice, à la tyrannie, à la vilénie, à l’orgueil et à la cruauté (y compris contre les animaux), ainsi qu’à tout ce qui avilit l’âme humaine et peut détruire ou dégrader le corps humain tout comme l’environnement.
L’imâm Abû Dawûd, qui était à la fois un juriste, grand muhaddith et Sûfi de l’époque des Salafs et disciple de l’imâm Ahmad, disait dans l’introduction de son recueil de ahadiths (Sunân Abi Dawûd) compilant près de 4800 ahadiths : « J’ai rassemblé dans mon livre As-Sunân 4800 Hadiths, mais 4 ahadiths suffisent pour la religion d’une personne (pour en pratiquer l’essentiel) : « Les actes sont jugés (essentiellement) par les intentions », « Un signe de la bonne observance de l’homme envers l’Islam (sa piété) est de se tenir à l’écart de ce qui ne le concerne pas (ne se mêlant pas injustement des affaires des autres) », « Un croyant n’atteindra la véritable foi que s’il accepte et aime pour son semblable ce qu’il accepte et aime pour lui-même » et « Le licite est clair et l’illicite est clair, et entre cela sont des questions et choses douteuses et ambigües qui ne sont pas claires et que le croyant doit essayer d’éviter et de délaisser » ».
Notes :
(1) De nombreux ahadiths prophétiques que nous avons déjà cité ailleurs évoquent l’importance de la sagesse, de la spiritualité, de la vertu, de l’éthique et de la justice. Un ouvrage propose d’ailleurs la sélection de 40 ahadiths sur la sagesse et la connaissance accompagnés de certains commentaires, voir Tayeb Chouiref, Sagesse et connaissance. Quarante hadiths du Prophète, éd. Tasnîm, 2020.
(2) Rapporté par Muslim dans son Sahîh n°6 et 7 selon Abû Hurayra.
(3) Rapporté par Al-Bukharî dans son Sahîh n°2697 selon ‘Aîsha. Il est intéressant de noter que ce hadith a été placé dans le Livre sur la Paix et la Conciliation, à savoir l’attitude consistant à favoriser la concorde, la paix, la justice et la sécurité, l’harmonie, la solidarité et la bonne entente entre les gens et éviter tout ce qui pourrait menacer cela. Cela n’est pas restreint uniquement aux Musulmans mais bien à l’ensemble des gens, qu’ils soient croyants ou incroyants, hommes ou femmes, riches ou pauvres, enfants ou adultes, etc. Le Qur’ân dit : « Il n’y a pas de bien dans la plupart de leurs conversations secrètes sauf chez celui ou celle qui ordonne l’aumône et la charité, ou ce qui est bon, convenable et utile (ma’rûf), ou la conciliation entre les gens (qui constituent l’Humanité). Et quiconque fait cela, recherchant l’Agrément d’Allâh, Nous lui donnerons une énorme récompense » (Qur’ân 4, 114).