Les noms de Isâ et Yeshu’a selon des polémistes chrétiens (souvent islamophobes) correspondraient à 2 personnages différents – Qu’en est-il réellement ?

Ces polémistes prétendent ainsi que le Jésus qurânique ne serait pas le Jésus biblique, alors que les éléments fondamentaux historiques et qurâniques confirment plusieurs éléments bibliques, que ce soit sur sa mission prophétique, son ascendance, son message fondamental, l’événement de la crucifixion, certains miracles et prodiges qu’il a pu réaliser par la Grâce divine (certains miracles mentionnés aussi dans d’autres évangiles en dehors des 4 canoniques qui ont été retenus par l’Église officielle).
Une telle prétention n’est pas honnête ni sérieuse, puisque n’importe qui peut déduire en lisant le Qur’ân qu’il s’agit de la même personne, mais avec une interprétation différente de la présentation donnée par divers courants chrétiens (qui divergent aussi dans leur interprétation de la nature du Christ, sa mission universelle ou non, la question de la crucifixion, etc.). Faut-il encore mentionner le fait que les Juifs et Chrétiens de l’époque, contemporains du Prophète Muhammad (ﷺ), et d’autres qui ont fini par embrasser l’Islam, savaient qu’il s’agissait de la même personne, que ce soit dans la péninsule arabique, en Égypte, en Abyssinie, etc, On se souviendra de l’épisode où Ja’far Ibn Abî Tâlib, le cousin du Prophète Muhammad (ﷺ), décrivit la présentation islamique de Jésus répondant ainsi à la demande du Négus pour savoir ce que l’islam disait de Jésus et de sa sainte mère Marie (Maryam) :
« (…). Le Négus convoqua les Musulmans, une fois de plus, Jaʿfar — qu’Allâh l’agrée — étant leur porte-parole. Le Négus posa cette question : « Que dites-vous de Jésus, fils de Marie ? ». « En ce qui le concerne, nous ne disons que ce qui a été révélé à notre Prophète », répondit Jaʿfar. « Et qu’est-ce donc ? ». demanda-t-il. « Notre Prophète (ﷺ) dit que Jésus est le Serviteur d’Allâh et Son Prophète. Son Esprit et Son Verbe qu’Il a insufflés à la Vierge Marie ». Puis, il récita le verset : « Ô gens des Écritures ! Ne soyez pas excessifs dans votre religion ! Dites uniquement la vérité sur Allâh (Dieu) ! Le Messie Jésus, fils de Marie, est seulement l’Envoyé d’Allâh, Son Verbe déposé dans le sein de Marie, un Esprit émanant du Seigneur ! » (Qur’ân 4, 171). Le Négus réagit avec bienveillance : « C’est ce que nous croyons également. Soyez bénis, et que votre Prophète soit béni. »
Le Négus fut visiblement ébloui par cette réponse et s’exclama : « Par Allâh (Dieu), Jésus fils de Marie est exactement comme l’a décrit votre Prophète — (ﷺ) — ». Les évêques ne purent que grommeler leur écœurement et se firent réprimander par le Négus. Il se tourna vers les musulmans et dit : « Allez en paix. Quiconque vous tourmentera, le paiera et quiconque s’opposera à vous sera puni. Car par Allâh (Dieu), je préférerais renoncer à une montagne d’or plutôt qu’il soit fait du mal à l’un d’entre vous » (…) »
(1).

Ainsi, les différentes personnalités et communautés contemporaines de la période prophétique, n’avaient vu de contradictions ou de dissensions à ce sujet, et ce indépendamment de l’appellation exacte du nom de Jésus selon les différentes langues (hébraïques, arabes, syriaques, araméennes, etc.) et communautés.

Le nom de Isâ’, qui est le nom arabe et qurânique donné à Jésus/Yeshu’a, peut signifier don divin (Don accordé/manifesté par Allâh/Dieu) sous-entendu à l’Humanité ou encore celui qu’Allâh a sauvé.

Les polémiques chrétiennes sont donc stériles à ce sujet, d’autant plus que certains textes bibliques ou évangéliques en arabe utilisent aussi le nom Isâ’ (2), et que l’on a retrouvé des mentions pré-islamiques de ce nom également datant d’avant la Révélation du Qur’ân, notamment en 2019 dans une inscription retrouvée dans le désert jordanien.

En effet, le chercheur, épigraphiste, historien, islamologue et philologue jordanien Dr. Ahmad Al-Jallad rappelait qu’un précédent du nom qurânique ʿsy était déjà utilisé dans une inscription chrétienne safaïtique du 4e siècle (3). Et en langue grecque : « Jésus s’écrit « Issous » avec 2 lettres I au début le Iota (pour le ayn) suivi par le Ita pour la vocalisation. Le S final est le signe du masculin en grec ».

Par ailleurs, nulle part le Qur’ân dénie que Isâ est connu sous plusieurs noms (comme pour Muhammad/Ahmad) dans d’autres langues ou en donnant une singularité à Jésus par une signification particulière afin de mettre en avant la singularité ou un aspect particulier de sa personnalité ou de sa fonction/mission.

Comme l’avait montré le Dr. Jonathan Cazalas – mathématicien et théologien connaisseur de l’histoire de la Bible et du Qur’ân – et qui devint musulman après avoir été chrétien, les Musulmans ne font que suivre les enseignements authentifiés de Jésus que l’on retrouve aussi dans les passages bibliques, notamment dans leur façon de prier Allâh. Il abordait également les noms de Jésus en hébreu et en araméen (4).



Notes :

(1) Cf. ‘Abdul Wahid Hâmid dans Companions of The Prophet, éd. Mels, 1995, Vol. 1 ; Shakeel dans son article Partie 15 : L’émigration en Abyssinie, Institut Miraj, 3 juin 2025 : https://institut-miraj.com/lemigration-en-abyssinie/ ; Muhammad Hamidullah, Le Prophète de l’Islam – Sa vie, son oeuvre, éd. El Falah, 2009, etc.

(2) Voir par exemple David Owen’s, Life of Christ, Arabic 1987.

(3) Cf. Ahmad Al-Jallad ,”The Pre-Islamic Divine Name ʿsy and the Background of the Qurʾānic Jesus”. Journal of the International Qur’anic Studies Association, 2021. 6 (1): 107–136 : https://www.academia.edu/73883276/Al_Jallad_2021_The_Pre_Islamic_Divine_Name_%CA%BFsy_and_the_Background_of_the_Qur%CA%BE%C4%81nic_Jesus_with_Ali_al_Manaser

(4) “Breaking Down Charlie Kirk’s Remarks on Islam | When a Christian Met a Muslim in Calculus Class”, The Deen Show TV, 20 septembre 2025 : https://youtu.be/N4utdHUl30Q


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