Les musulmans et les réseaux sociaux : définir nos objectifs et questionner la pertinence de notre présence

Les réseaux sociaux (comme Facebook, Twitter, Instagram et d’autres appli) font partie de notre quotidien, et en dépit de notables avantages et fonctions utiles, les méfaits ont souvent tendance à l’emporter, surtout pour ceux qui n’y prennent pas garde.

Beaucoup sont ainsi victimes de nombreuses propagandes tout comme d’un flux ininterrompu de négativité, de haine et de fausses accusations en tous genres, qui à leur tour, exercent un impact négatif sur les utilisateurs, nourrissant leur haine et leur colère au quotidien, jusqu’à l’implosion. Un grand nombre de personnes violentes (ayant commis des délits, des crimes ou des attaques terroristes) l’ont été en grande partie en raison des réseaux sociaux : embrigadement idéologique, fakes news, propagande entretenant savamment la haine des « autres » (selon le groupe et la perspective où l’on se situe), et les encourageant à passer à l’acte, …, où tout cela alimente l’industrie de la haine, elle-même propagée et exacerbée par les médias conventionnels proches du pouvoir français (pour prendre l’exemple de la France) ou des réseaux médiatiques liés à l’extrême droite (1) qui sont tout autant propagandistes sinon plus.

Dans un autre registre, des personnes de la communauté faisaient remarquer que dans la Ummah, des gens avaient tendance à « liker » massivement des publications qui parlaient des atours physiques et beautés corporelles des individus (hommes et femmes), ou encore des femmes qui se mettaient en avant, ou encore d’inonder de commentaires injurieux ou futiles des publications en lien avec le football ou le « racisme », tandis que pour les publications intellectuelles ou en rapport avec la santé ou l’écologie, – qui concernent pourtant au plus haut point toute la planète -, les gens ne semblaient pas s’y intéresser, ou du moins, bénéficiaient de très peu de likes/soutien.

C’est un constat que tout le monde peut malheureusement faire, mais cela n’est pas propre à la communauté musulmane (2).

Les émissions de téléréalité remportent un énorme succès en Occident et ailleurs, alors qu’il n’est question que de débauche, d’hypocrisie et d’abrutissement. A côté de ça, des émissions sur la spiritualité, l’histoire, l’écologie ou la science en général sont très peu suivies ou valorisées, ce qui en dit long sur notre société.

Il faut que chacun se questionne sur sa présence dans les réseaux sociaux. Sommes-nous là pour répandre des vices, des hérésies ou des futilités ? Doit-on “liker” ou encourager les personnes qui postent leurs photos pour avoir des likes ou qui illustrent de belles citations de grands auteurs (dont des maîtres spirituels) uniquement pour mieux afficher leurs photos, – contredisant par-là les enseignements et finalités des auteurs qu’ils et elles mettent en avant -. Que l’on soit beau ou nettement moins beau (selon les standards de chacun), – il est plaisant pour l’âme de voir ce qui attire le regard -, il ne faut cependant pas encourager ceux et celles qui postent leurs photos pour ce genre de raisons afin de mieux se mettre en avant (à la limite, ceux et celles qui postent une photo “normale” pour que les gens puissent les identifier, c’est compréhensible et légitime), tout comme ne pas trop encourager ceux qui ont tendance à publier plein de futilités ou de publications polémistes de nature malveillante. En tant que musulmans, notre présence ici se doit d’être bénéfique, bienveillante, utile et éducative, même si l’on peut tous commettre des erreurs, participer à des futilités ou s’emporter dans les débats.

Il vaut mieux « liker » et promouvoir généralement les publications intéressantes et pertinentes de ses contacts qui ont peu de visibilité ou de « soutien », alors qu’ils publient des choses bien plus intéressantes que les autres qui reçoivent des centaines de « likes ».

Les pièges sont nombreux, à savoir : les provocations qui visent à énerver les musulmans ou à les diviser entre eux sur des questions sensibles (qu’elles soient politiques, ethniques, raciales ou religieuses), les charlatans et pseudo-penseurs qui veulent détourner les musulmans de l’autonomie intellectuelle et de la piété ou leur faire vendre des produits ou des formations (à des prix exorbitants) sans grand intérêt, les femmes manipulatrices et les hommes pervers, les idéologues de la haine et les fakes news propagées par de nombreux groupes, – même ceux qui s’opposent entre eux -, et puis le flot d’insanités et de futilités qui finit par entrainer beaucoup d’utilisateurs dans ce cercle vicieux. Comme nous l’enseigne le Qur’ân, face à la haine, à la provocation, à l’ignorance et à la désinformation, réagissons par le bon comportement, le refus de propager des fakes news, la publication de réflexions pertinentes, l’établissement de faits indiscutables et par la sagesse, leur montrant l’inanité de leurs thèses ou croyances erronées de façon bienveillante et courtoise, car dans le cas contraire, la haine, la fracture et la violence ne feront qu’augmenter et emporter tout le monde dans leur sillage.

Il est donc impératif de s’imposer des objectifs, des limites, une meilleure gestion du temps, de bonnes pages à suivre, des profils/comptes qui apportent l’apaisement et proposent du contenu utile et/ou élévateur pour l’âme et l’esprit. Avant de publier un commentaire, prendre la peine de réfléchir à sa nécessité ou à sa pertinence, de ne pas réagir à chaud pour éviter les regrets éventuels par la suite, et aussi, savoir s’imposer le silence en public de temps à autre, et faire une « désintoxication » des réseaux sociaux de temps en temps, pour reprendre le dessus sur son ego et sur sa vie.

Le « savoir » ne s’obtient d’ailleurs pas que sur les réseaux sociaux, et la revivification de la foi passe aussi par les actions caritatives et humanitaires sur le terrain, au contact des personnes dans la vie réelle, par la lecture seule chez soi ou dans des bibliothèques ou des cafés, par la rencontre avec ses ami(e)s, par l’étude auprès de shuyukhs ou de professeurs qualifiés et modestes, par les voyages à caractère spirituel, etc. Il y a également de très bonnes conférences et vidéos qui sont disponibles, pour peu que l’on sache vers « où » et « qui » se diriger.

Il nous faut donc prendre du recul sur tout cela faire son introspection, et se souvenir quels sont les objectifs de notre présence ici, et constamment chercher la Satisfaction d’Allâh et le bien pour les autres, être un acteur positif dans la société et non pas un facteur de corruption, d’injustice ou d’ignorance.

Qu’Allâh nous pardonne, nous guide, nous inspire, nous préserve et nous renforce dans la sincérité, l’humilité, la piété, la bienfaisance, la clairvoyance et la science utile.

Notes :

(1) L’extrême droite se divise globalement en 2 tendances : la tendance souverainiste (parfois aussi antisémite malheureusement et tout aussi anti-immigré et raciste, mais pas toujours) et la tendance islamophobe et pro-sioniste, – un habile tour de passe-passe opéré par les agents sionistes qui ont détourné une grande partie de l’extrême droite des problèmes majeurs de la France pour mieux les manipuler et épuiser leur énergie dans un faux-débat lié à l’Islam et aux musulmans -. Nous sommes cependant pour l’idée d’un vrai débat autour de l’immigration, de la « remigration » volontaire pour faciliter économiquement et administrativement les familles à s’expatrier ailleurs (car ce sont des milliers de familles, – maghrébines, turques et françaises aussi notamment – qui aimeraient s’installer dans un autre pays en dehors du continent européen), de l’identité culturelle et du rapport entre le religieux et la politique, étant donné les crises que secouent l’Europe, et ce, évidemment, en interdisant les dérapages racistes et criminels qui ne peuvent qu’empoisonner davantage la situation.

(2) Malgré la décadence d’une partie de la communauté, ils sont généralement bien moins pervers et salaces que ce que l’on peut voir sur les pages ou serveurs tenus par des non-musulmans, où presque tout tourne autour de la sexualité, du blasphème et de la vulgarité. Il y a toutefois des non-musulmans (souvent des chrétiens ou des déistes d’ailleurs, mais aussi certains athées et agnostiques) qui sont plus pudiques dans leurs propos et leurs publications, qu’un certain nombre de musulmans de la nouvelle génération, occidentalisés (parfois malgré eux), ce qui devrait les faire cogiter, sachant que l’Islam propose beaucoup d’aspects et d’activités qui élèvent l’être humain à des réalités plus prolifiques, passionnantes et spirituelles que l’assouvissement effréné des pulsions « bestiales » et biochimiques.


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