S’il y a bien 2 choses que l’on doit retenir depuis le début des années 2000 avec l’émergence d’Internet, en ce qui concerne la géopolitique (mais ce qui est vrai aussi pour d’autres domaines comme l’économie, la politique, la science, la Religion, etc.), c’est que, concernant la première chose, les médias mainstream imposaient leurs propres « universitaires » et « experts » pour façonner et imposer leur propre « doxa », relevant généralement d’une propagande mêlant désinformation et hypocrisie, afin de défendre leurs propres intérêts. Et pour la deuxième chose à retenir, c’est que si l’Internet (via les sites web, les forums, les réseaux sociaux et les médias alternatifs), la parole est à la fois plus libre et indépendante d’une part, mais aussi plus chaotique et toxique d’autre part, puisque les utilisateurs sont noyés dans de nombreuses sources et références contradictoires, et exposés à des désinformateurs comme à des auteurs intéressants et indépendants.
Mais ce qu’il en ressort de tout cela au final, c’est qu’il faut se méfier aussi bien des géopolitologues des médias mainstream (qui sont souvent invités sur les plateaux télé et les médias mainstream, par exemple pour la France dans des médias de haine et de propagande comme Le Figaro, CNews, Le Point, France Info, Europe1, etc.) que ceux des médias dit alternatifs. D’autres médias mainstream, tout en étant propagandistes, font tout de même l’effort d’assurer légèrement une pluralité d’opinions comme Le Monde. D’autres médias semi-indépendants comme Le Monde Diplomatique, L’Orient le Jour ou Orient XXI même s’ils n’ont pas une liberté de ton complète, offre des analyses plus nuancées et pertinentes en général. Pour ce qui est des médias alternatifs indépendants de gauche il y a le Canard Réfractaire et Le Média, qui sur certains sujets font un très bon travail (notamment sur la Macronie, l’Extrême droite, l’islamophobie, la guerre russo-ukrainienne et la guerre israélo-palestinienne malgré des erreurs en lien avec la résistance palestinienne car ils reprennent – sans doute inconsciemment – certains éléments de langage erronés de la propagande sioniste) mais ils n’étaient pas à la hauteur quand il s’agissait de traiter en profondeur du wokisme et de la période covidiste, et sur des pays comme le Qatar, la Turquie et la question kurde, ils reprenaient souvent la propagande impérialiste atlantiste qui mentait sur de nombreux aspects du conflit. Mais globalement, leur travail reste plus sérieux que les médias mainstream classiques comme LCI, TF1, Le Parisien, 20 Minutes, France 24, etc., qui avant 2019 avaient propagé des milliers de fakes news et d’informations complètement biaisées (sur le Qatar, la Syrie, la Turquie, le conflit en Irak, la Russie, la Hongrie, la Pologne, l’Iran, etc.), mais qui depuis le Covid, puis la guerre en Ukraine et en Palestine puis au Liban, ont explosé les records en termes de fakes news propagées.
Quant aux médias mainstream de l’extrême droite comme Marianne, Ligne Droite – La matinale de Radio Courtoisie et Valeurs actuelles, ils propagent la haine et la désinformation contre les minorités ethniques et religieuses, contre les Musulmans et l’Islam, exagèrent et déforment sur le sujet de l’immigration, s’en prennent injustement à des chercheurs ou des députés dès qu’ils font preuve d’intégrité, de bienveillance et de justice envers l’ensemble des citoyens français et des différentes catégories de la population. Les seuls points positifs sont leur approche critique envers le wokisme et les dérives LGBTISTES ou de certaines tendances extrémistes du féminisme, ainsi que leur distance critique à l’égard de la période covidiste (seuls points positifs que l’on peut accorder aussi à CNews qui ont osé inviter de vrais experts indépendants, bien que la chaine était forcée de leur interdire d’évoquer certaines données remettant en cause les mensonges dictés par la doxa dominante, comme l’avoueront plusieurs chroniqueurs et animateurs de CNews en 2024). Le média Sud Radio s’est révélé plus intéressant dans certains sujets depuis la crise Covid, en assurant aussi une réelle pluralité de points de vue (bien qu’ils aient refusé des auteurs trop critiques du colonialisme français et du sionisme), mais certains animateurs se sont montrés insupportables comme Jean-Jacques Bourdin – qui aime piéger ceux qui sont trop critiques du sionisme ou de l’Etat français mais qui ne reprend pas les fakes news des agents du sionisme -, ou des animateurs comme André Bercoff qui font partie de l’opposition contrôlée, visant à aborder des thématiques sensibles et graves mais en ne permettant pas d’aller jusqu’au bout des enquêtes et raisonnements et en refusant d’inviter certains auteurs, bien que la pluralité soit mieux respectée que dans d’autres médias mainstream. Bien qu’ils aient permis aux citoyens d’être mieux informés au sujet du Covid, du wokisme, des dérives et scandales de l’UE ou des Etats-Unis, il est inadmissible que, lorsqu’ils invitent des propagandistes du sionisme qui se permettent de balancer des fakes news et des appels à la haine, de ne pas les confronter ou de leur rappeler des faits incontestables. Mais la chaine mainstream la plus problématique est celle d’i24 News, qui est le média représentant l’idéologie terroriste, suprémaciste, raciste et sioniste la plus radicale, et où les autorités françaises laissent faire, et où l’extrême-droite se couche, alors même que des intervenants sur la chaine ont clairement craché sur la France, le droit international, la morale, les citoyens français, les Chrétiens, etc., allant encore plus loin que BFM TV ou RMC en termes de propagande, d’incitation à la haine et de déni.
Concernant les médias alternatifs, souvent centrés autour d’une ou quelques personnes, mais qui font appel à d’autres invités et experts, il y a des personnalités comme Alexis Poulin (qui gère son média Le Monde moderne, qui est souvent pertinent dans la plupart des sujets qu’il traite), Rémy Watremez l’auteur de la chaine du Juste Milieu (globalement pertinent, indépendant et courageux, sauf dans quelques rares sujets, et son humour parfois un poil trop vulgaire gâche le plaisir de l’écouter en certaines occasions), Eric Maïsto (plutôt centré sur la politique française et de l’UE, avec d’excellentes analyses et où on sent aussi beaucoup de bienveillance chez lui), Clémence Houdiakova (qui gère son média : Tocsin ; assurant elle aussi une belle pluralité d’opinions parmi ses invités, et sans leur couper la parole), Florian Philippot et François Asselineau (2 hommes politiques courageux et pertinents surtout depuis la période covidiste, qui ne s’alignent pas sur l’impérialisme de l’OTAN, mais qui sont tout de même trop niais et naïfs par rapport à l’impérialisme russe et à certains conflits au Moyen-Orient), Eric Morillot (qui gère son média Les Incorrectibles et qui anime aussi des émissions pour TV libertés ; où il traite de nombreuses thématiques sans trop prendre ouvertement parti, laissant la parole à ses invités, là aussi de gauche comme de droite, sionistes comme antisionistes, etc.), Idriss Aberkane (très pertinent dès qu’il s’agit de traiter les sujets autour de la science, du Covid, de l’économie, de l’épistémologie, de la politique de l’UE ou des USA, mais beaucoup moins quand il fait preuve d’amateurisme concernant la Religion, la Syrie ou le conflit russo-ukrainien, sujets où les confusions et les erreurs s’enchainent, et sans qu’il prenne le temps de corriger les erreurs qu’il s’évertue à répéter dans plusieurs vidéos), Youssef Hindi et Rachid Achachi qui reprennent les analyses d’Alain Soral (qui propose de très bonnes analyses mais aussi des raccourcis fallacieux et qui ignorent la complexité de nombreux conflits au Moyen-Orient, le poussant à soutenir un régime criminel, mafieux et finalement « allié » du régime israélien aussi, qu’est le régime syrien) mais qui peuvent se montrer intéressants et pertinents quand il s’agit d’analyser la politique de la France et certains aspects du sionisme et de la politique US, mais qui, concernant le monde musulman, et surtout les dossiers du Qatar, de la Syrie et du « jihadisme », accumulent les erreurs et la mauvaise foi, au point de répandre des fakes news (peut-être par méconnaissance ?). Nous aborderons plus loin un parfait exemple illustrant leur amateurisme dans leurs analyses.
Chez les premiers (géopolitologues et experts mainstream), ils se révèlent souvent être des agents de l’Etat ou des agents étrangers (et en Occident, généralement ils travaillent d’une manière ou d’une autre pour les lobbys atlantistes et/ou sionistes), bien que d’autres aient simplement peur de parler trop librement car ils pourraient être assassinés, licenciés, emprisonnés ou victimes de chantages et de menaces par la mafia sioniste ou les services US. Chez les seconds (experts et géopolitologues – parfois autoproclamés – des médias alternatifs), ils tiendront un discours plus nuancé ou antagoniste à ceux des plateaux mainstream, même ils peuvent aussi être de parfaits propagandistes au service d’autres idéologies ou états, comme ceux qui sont anormalement pro-russes, pro-régime syrien, etc. lorsqu’ils justifient certaines guerres ou invasions et qu’ils cachent aux internautes et aux auditeurs les massacres et causes réelles ou plus complexes des conflits en Ukraine ou en Syrie, au point de mentir ou de reprendre eux aussi d’autres fakes news. Et s’ils sont plus écoutés, ce n’est pas seulement grâce à certaines astuces liées aux bots ou aux algorithmes numériques, mais aussi car les médias « officiels » occidentaux ont tellement menti sur de nombreux sujets, que de nombreux internautes ne les croient plus – sauf sur certains sujets particuliers -, et préfèrent aller voir ailleurs, notamment chez ceux qui critiquent les médias mainstream, mais malheureusement, sans se douter non plus que certains d’entre eux, sont à leur tour des propagandistes de la guerre, mais pour un autre camp.
Idriss Aberkane dans plusieurs vidéos répète toujours la même hypothèse erronée, consistant à dire que « si Bashar n’a pas été ciblé/tué c’était uniquement grâce à Poutine qui pouvait protéger la Syrie face aux USA »[1], ce qui est faux, puisque d’une part la coalition internationale menée par les USA ciblent de nombreux endroits en Syrie dans l’impunité la plus totale et qu’Israël et la Russie ont conclu des accords pour que les Russes n’empêchent pas les frappes israéliennes en Syrie (qui ciblent aussi bien des groupes rebelles que des milices et hauts gradés liés à l’Iran et au Hezbollah), et d’autre part car c’est par l’intervention des hauts officiels israéliens auprès de l’ONU, des USA, de la France et de la Russie (où leurs intérêts convergeaient de toute manière), leur sommant de laisser le régime syrien au pouvoir car leur étant nécessaire pour sécuriser leurs frontières et éviter des ennemis plus dangereux et déterminés que Bashar à leurs frontières, car en effet, le clan Assad a souvent fait le jeu des israéliens et trahi la Palestine, le Liban ainsi que les citoyens syriens eux-mêmes, en massacrant des dizaines de milliers de Palestiniens depuis l’époque de Hafez el-Assad puis des milliers sous le régime syrien de son fils Bashar (avec la complicité du Hezbollah et de l’Iran) depuis la guerre civile en 2011, interventions qui ont permis à de nombreux pays musulmans d’ouvrir les yeux sur la réalité de ce régime tyrannique, et des mensonges et dérives du soi-disant « axe de la résistance », qui malgré des escarmouches contre les intérêts USraéliens, n’ont jamais hésité à s’allier avec eux pour massacrer des centaines de milliers de Musulmans (essentiellement Sunnites mais aussi parfois Shiites et autres Musulmans lambda) comme en Afghanistan et en Irak – qui avec l’aval et la complicité de l’Iran, les Américains et Israël ont détruit et pillé l’Afghanistan puis l’Irak de Saddam Hussein -, et veulent avant tout préserver leurs privilèges plutôt que d’assumer une guerre ouverte (qu’ils pourraient pourtant remporter assez facilement) contre l’entité sioniste. En effet, dès le 8 octobre 2023, l’Iran, le Hezbollah et leurs proxys en Irak et en Syrie auraient pu remporter la guerre en 24 ou 48 heures s’ils le voulaient, ou tout du moins, reprendre une bonne partie des terres palestiniennes colonisées illégalement par Israël. Mais au lieu de ça, ils balancent leurs missiles, envoient leurs tanks et leurs roquettes sur des zones civiles en Syrie ainsi que sur des groupes rebelles hostiles à Daesh aussi bien qu’à la tyrannie du régime syrien – objectivement allié d’Israël -.
Il est donc faux d’affirmer (comme le font Idriss Aberkane, Youssef Hindi, Rachid Achachi, l’excellent Jacques Baud sur le conflit en Palestine – mais complètement à l’ouest dès qu’il s’agit de la Syrie -, Alain Soral, Paul-Éric Blanrue, Michel Collon – lui aussi à côté de la plaque dès qu’il s’agit de la Syrie ou de la Turquie – et d’autres) que la Russie protège la Syrie (son territoire, sa population, ses infrastructures civiles, son patrimoine historique, ses « alliés », forces et sites militaires) puisqu’elle laisse Israël frapper le sol syrien sans réagir (plusieurs milliers d’agressions israéliennes en Syrie depuis les années 2000) et que la Russie et Assad ont détruit un bon nombre d’écoles, d’hôpitaux, de sites religieux (chrétiens et musulmans) sans parler de leurs massacres et punitions collectives s’élevant à au moins 210 000 civils massacrés. Or, l’accord appliqué entre la Russie, Assad, les Émirats (pro-Israël ; qui financent en grande partie la réalisation de cet accord) et Israël prévoit uniquement de protéger le noyau du clan Assad (et de maintenir le régime syrien en place tout en l’affaiblissant, de sorte à en faire un pays faible et soumis) tout en empêchant la Turquie, les factions sunnites ou l’Iran de croitre leur influence et puissance dans le pays et dans la région plus généralement. N’oublions pas que de hauts officiels israéliens voyaient dans la Turquie d’Erdogan (malgré les concessions de part et d’autre, les nécessités et relations géopolitiques complexes de la région) comme la plus grande menace pour le régime sioniste en Israël/Palestine : « (…) Un article récent du Times affirmait que le chef du Mossad, Yossi Cohen, « a discuté en secret avec ses collègues espions dans les États du Golfe pendant des années ». Alors qu’il a évoqué la menace iranienne, une autre menace se profile, note l’article. « Il y a environ 20 mois, il a laissé échapper un autre ordre du jour : « La puissance iranienne est fragile, mais la véritable menace vient de la Turquie », aurait-il déclaré aux maîtres-espions d’Égypte, d’Arabie saoudite et des Émirats ». Israël considère les objectifs stratégiques d’Ankara comme un défi. En janvier, l’évaluation annuelle d’Israël menée par l’armée israélienne a noté que la Turquie est également devenue un « défi » pour la première fois. Cela semble être le consensus croissant dans les cercles militaires et du renseignement »[2].
Nombreux sont aussi ceux qui ont critiqué la Turquie d’Erdogan au sujet du commerce avec l’entité sioniste (l’Iran et le régime syrien le font aussi, mais par des sociétés intermédiaires). Et bien que la Turquie ait affirmé avoir boycotté économiquement Israël à partir de 2024, cela n’est que partiellement vrai, mais le temps que la Turquie trouve d’autres alternatives, ou pour éviter le fort mécontentement de nombreuses entreprises turques (qui dans un monde capitaliste, cherchent surtout à se faire de l’argent, comme pour les entreprises du monde entier), il n’est pas évident de rompre toutes formes d’échanges commerciaux, surtout quand il n’existe pas d’alternative. En outre, il ne faut pas oublier que l’Etat turc n’a pas la mainmise sur les entrepreneurs privés, et que la nécessité autorise/excuse ce genre d’échanges (avec la volonté d’en sortir dès que possible et de politiquement lutter contre leur influence) cf. traité de Hudaybiyya entre les Musulmans et les qurayshites idolâtres qui combattaient le Prophète (ﷺ) comme cela est rapporté dans la Sirah (notamment celle d’Ibn Hisham).
Aussi, pour faciliter le cheminement de l’aide humanitaire et du matériel pour Gaza et d’autres territoires palestiniens, il est nécessaire de passer d’abord par Israël, ce qui explique en partie pourquoi la Turquie doit acheminer de l’aide humanitaire pour la Palestine (d’où l’immense soutien palestinien à la Turquie d’Erdogan – y compris émanant de la résistance palestinienne -, plutôt qu’au régime syrien, détesté par la majorité des Palestiniens) en passant par les ports contrôlés par les autorités israéliennes. Par ailleurs, on sait que certains pays sous embargo sont obligés de contourner une partie des sanctions en passant par des sociétés écrans ou des intermédiaires, que ce soit entre l’Iran et les USA, l’Iran et Israël (notamment pour du matériel informatique et militaire), la Russie et les USA, la Chine et l’Iran, etc.,, autant de pays ennemis ou rivaux selon les cas, et qui pourtant commercent directement ou indirectement entre eux, chacun ayant besoin de l’aide pour se développer économiquement et se renforcer politiquement jusqu’à l’heure où ils devront se confronter dans une guerre ouverte – là où pour l’heure, il s’agit plutôt d’une guerre froide par proxys ou pays interposés -. La Turquie renforce la résistance palestinienne, car outre l’aide humanitaire et la construction pour la population palestinienne, la Turquie fournit aussi des armes (utilisées d’ailleurs par Yahya Sinwar, et que les israéliens ont retrouvé au moment de sa mort) et de la logistique, ainsi qu’un soutien politique d’envergure, d’où le fait que la résistance palestinienne remercie régulièrement la Turquie. Malheureusement, la Turquie ne peut pas intervenir militairement directement en faveur de la Palestine tant que l’Egypte, la Syrie, la Jordanie, l’Irak et la Jordanie n’ouvrent pas leurs frontières, couloirs aériens, maritimes et terrestres pour qu’une armée étrangère puisse intervenir directement, et comme tous les pays frontaliers s’y refusent (y compris la Syrie de Bashar, qui sécurise les frontières israéliennes de son côté), cela est impossible, sans même parler du fait de se mettre directement les USA, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni à dos, qui n’hésiteraient pas une seule seconde à attaquer la Turquie d’une manière ou d’une autre, et ce même si l’un des articles du traité de l’OTAN l’interdirait en principe (les USA, la France, le Royaume-Uni et Israël, tout comme la Russie et la Syrie, comme on le sait, n’ont pas pour habitude de respecter le droit international ou la simple morale).
Si les USA et la Russie ne sont pas des ennemis mortels l’un pour l’autre (ils sont alliés dans plusieurs pays et le commerce continue entre les 2 pays dans plusieurs secteurs, et ce bien que les USA dictent aux européens d’arrêter le commerce avec la Russie, ce qui pousse plusieurs pays européens à contourner les sanctions officieusement) mais des rivaux stratégiques cherchant à étendre leur influence quitte à priver de nombreux pays de leur souveraineté et de leurs droits fondamentaux, la Russie comme les USA sont des alliés d’Israël et favorisent Israël par rapport à l’ensemble des pays arabes, à l’Iran, à la Turquie ou aux pays africains et asiatiques.
Youssef Hindi quant à lui, répète sur Twitter (devenu « X » entre temps) la même propagande dès qu’il s’agit de Daesh ou du régime syrien, quand il affirme par exemple que « Daesh n’a jamais attaqué les forces israéliennes » ce qui est complètement faux, car bien qu’il y ait effectivement une corrélation entre Daesh et l’entité sioniste, et des liens bien établis entre eux (choses qui ont été admises et reconnues par des hauts officiels, députés et analystes politiques aussi bien américains qu’israéliens, russes, turcs, syriens, français et iraniens), des cellules indépendantes au sein de Daesh ont bien mené des attaques contre des forces de Tsahal ou des sites israéliens, même si cela ne représente même pas 1% de leurs opérations militaires ou terroristes à l’échelle mondiale, ciblant beaucoup plus l’Afghanistan (faisant ainsi le jeu des Etats-Unis), la Turquie, la Syrie (aussi bien les groupes rebelles que les forces loyalistes du régime de Bashar et les militaires russes, notamment depuis le désert syrien) ainsi que des pays africains.
Rachid Achachi qui, le 29 novembre 2024, tweetait ceci sur son compte personnel :
« – Le 27 novembre, cessez-le feu entre Israël et le Hezbollah.
– Le 28 novembre, des groupes terroristes hyper entraînés et armés attaque la région de Alep en Syrie »[3].
Que répondre à cela, si ce n’est qu’il s’agit là d’une preuve éclatante de son amateurisme, ce que sont d’ailleurs la plupart des géopolitologues et analystes politiques médiatisés, qu’ils soient de type « mainstream » ou de type « alternatifs ».
Son propos est accompagné d’une illustration mettant en scène un match de football, où on voit un entraineur (incarnant le gouvernement US), et un arbitre signalant le remplacement d’un joueur (Israël) par un autre joueur (Daesh), dans un match les opposant au régime syrien dans le contexte particulier de la contre-offensive rebelle pour reprendre Alep.
Mais pourquoi ce propos est grotesque ? Car rien ne va. En effet, la base en la matière c’est de savoir qu’une opération comme celle qui a débuté principalement le 27 novembre 2024, se prépare en plusieurs mois ou même en années, sachant que le front était plus ou moins figé depuis environ 5 ans, avec quelques escarmouches de « basse intensité » de part et d’autre.
De plus, il confond Daesh avec des groupes rebelles qui lui sont hostiles et qui ont été les premières victimes de Daesh pendant que le régime syrien et la Russie s’étaient servis de Daesh tout en s’alliant temporairement avec eux le temps d’affaiblir l’opposition et de radicaliser les différents camps pour faire apparaître Bashar comme la seule alternative possible. Il n’y a d’ailleurs pas que des groupes jihadistes[4] salafistes ou wahhabites dans le camp anti-Assad, mais aussi des groupes sunnites lambda, ainsi que des groupes sunnites/sûfis et des éléments disparates (laïcs, marxistes, communistes, Chrétiens, et même alaouites hostiles au clan alaouite au pouvoir actuellement, etc.) ainsi que des Kurdes qui font partie des groupes rebelles sunnites opposés à Daesh, au régime syrien et aux FDS/YPG (« Kurdes » marxistes terroristes soutenus par les USA, Israël et des pays de l’UE comme la France et l’Allemagne). Et dans le camp pro-Assad, on retrouve des mercenaires et narcotrafiquants du Mexique et de Colombie (issus des Cartels) – ce qui pourrait expliquer pourquoi le régime syrien et le Hezbollah soient devenus à leur tour des producteurs/exportateurs importants de drogue (notamment de captagons) dans toute la région pour financer leurs opérations[5] -, des jihadistes/milices criminelles et identitaires « shiites », des mercenaires occidentaux (rejoignant surtout les FDS/YPG mais qui sont temporairement alliés à Bashar depuis le début de la révolution pour contrer la Turquie et les rebelles syriens), Afghans (de la communauté shiite), Russes (en dehors des simples soldats russes qui appuient le régime). Bashar peut aussi compter sur le soutien du régime israélien qui assure sa survie et somme les Etats-Unis et l’UE de ne pas viser Assad – d’où leurs frappes contre des groupes de l’opposition syrienne plutôt que contre le QG du clan Assad), ainsi que d’autres pays arabes alliés d’Israël comme l’Egypte de Sissi et les Emirats arabes-unis qui ont sauvé financièrement Bashar et financé une partie des opérations militaires contre les intérêts turcs, qataris et iraniens en Syrie. Rappelons également que des savants shiites comme le Shaykh Subhi al-Tufayli, qui était l’ex-secrétaire général et fondateur du Hezbollah, soutiennent aussi la révolution syrienne contre le tyran Bashar al-Assad et le régime russe qui le soutient.
Comme l’explique le Shaykh shiite et ex-secrétaire général du Hezbollah Subhi al-Tufayli, Assad et le Hezbollah ont fait le jeu de l’entité sioniste en Syrie, et sont devenus des pantins aux mains des Russes et de la politique de l’Iran, empêchant le monde arabe d’avoir une véritable indépendance et cohésion (idem pour les états arabes soumis à l’impérialisme US). Il affirme que l’Iran de Khamenei (contrairement à l’Iran de Khomeiny) et les USA ont comploté ensemble pour diviser la Ummah et répandre le sectarisme de part et d’autre pour leur propre agenda.
Il dénonce aussi la stratégie russo-assadiste de favoriser et renforcer Daesh pour contrer et fracturer l’opposition syrienne, et condamne aussi les attaques terroristes des forces d’Assad et de la Russie qui ont massacré de nombreux civils en Syrie.
Il accuse aussi les USA et la Russie de comploter ensemble pour faire couler le sang de la communauté musulmane :
Bien sûr, bien que ce qu’il dit est factuel et qu’il appelle à l’unité de la Ummah, il est devenu la cible de critiques et d’attaques sectaires de la part des pro-Assad ou des pro-Russes car il est politiquement indépendant tout en étant factuel et critique. Ils sont d’ailleurs incapables de le réfuter sur le plan factuel, étant alors obligés de tomber dans des attaques ad hominem pour tenter de le discréditer.
Aussi, imaginons que dans un monde parallèle, qu’Assad ne fut-ce pas un traitre et un allié (pas un ami ; puisque les sionistes ne veulent pas d’amis, mais d’alliés soumis circonstanciels sacrifiables à tout moment), cela n’excuserait pourtant en rien sa barbarie et les civils qu’ils bombardent sans aucune pitié, ni sa volonté de diriger comme un tyran et un boucher un pays (la Syrie) qui ne lui appartient pas. Allâh dans le Qur’ân condamne tous les terroristes et les tyrans, qu’ils soient de tendance sioniste ou pas.
Dans un autre registre, même si certains groupes sont classés comme organisations terroristes comme le PKK, HTS, Daesh, etc., par les USA, l’UE et d’autres pays, cela n’empêche cependant pas certains états (comme les USA, la France, Israël et le régime syrien de financer ou soutenir durant un temps des groupes terroristes comme le PKK et Daesh quand cela coïncide avec leurs intérêts). Pour la Turquie, c’est la même chose avec HTS (beaucoup moins criminel que le régime syrien ou les FDS/PKK au passage). La Turquie est obligée de reconnaitre ce groupe comme terroriste car faisant partie de traités internationaux, mais ça n’empêche pas la Turquie de soutenir par moment HTS car ils ont des objectifs communs. La Turquie avait combattu l’aile extrémiste de HTS auparavant et avait ensuite fait pression pour que le groupe respecte désormais les principes islamiques stipulant la protection et le respect des minorités ethniques et religieuses, d’où le changement radical du groupe HTS, devenant un mouvement plus respectable et respectueux, du moins dans les directives imposées à ses combattants (mais comme dans tout mouvement armé ou dans toute armée conventionnelle, il peut s’y cacher des fanatiques mais la hiérarchie devra alors les sanctionner en fonction de leurs crimes ou comportements déviants) : « Selon Ömer Özkizilcik, chercheur associé à l’Atlantic Council à Ankara, la Turquie entretient “une relation complexe et difficile” avec le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a conduit la marche des factions rebelles syriennes sur Alep. L’offensive était prévue “sept semaines plus tôt, les plans militaires prêts, mais la Turquie a empêché les rebelles d’avancer” et la Russie, alliée de Damas, “a lourdement bombardé leurs positions” pour sauver le gouvernement Assad, affirme Ömer Özkizilcik.Point de vue partagé par Charles Lister, expert au Middle East Institute à Washington, qui donne la date initiale de “mi-octobre”. Ce n’est qu’après l’échec des tentatives de normalisation des relations avec Damas et la recherche d’une solution politique à travers le processus diplomatique d’Astana – qui associe depuis 2017 Turquie, Russie et Iran – qu’Ankara a donné son feu vert, assure Ömer Özkizilcik. “Ce serait une erreur, à ce stade, d’essayer d’expliquer les événements en Syrie par une quelconque ingérence étrangère”, a affirmé lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. (…) La Turquie a combattu l’expansion du groupe HTS dans sa “zone de sécurité”, dans le nord-ouest de la Syrie. Ankara a fait pression sur ce groupe pour qu’il rompe son affiliation à Al-Qaïda et ne s’en prenne pas aux minorités, chrétiennes et druzes en particulier: “Le HTS d’aujourd’hui n’est plus celui de 2020″, affirme M. Özkizilcik. (…) Damas et Ankara ont rompu leurs relations en 2011, après le début du conflit syrien qui a morcelé le pays (…) mais le président turc Recep Tayyip Erdogan, soutien des rebelles, a tendu la main à partir de 2022 à Bachar al-Assad, qu’il qualifiait jusque-là “d’assassin”. En juillet, il s’est dit prêt à l’inviter “à tout moment” mais M. Assad a conditionné cette rencontre au retrait des forces turques de Syrie, malgré la médiation de la Russie, alliée de Damas. Ankara espérait par cette réconciliation faciliter le retour d’une partie des quelque trois millions de réfugiés syriens toujours sur son sol, dont la présence est devenue un enjeu politique fort. “Avec le changement de donne sur le terrain, la Turquie apparaît comme l’acteur majeur du moment en Syrie et l’Iran et la Russie vont devoir négocier avec elle une solution” politique au conflit, avance Ömer Özkizilcik (…) » comme le rapportait le média belge 7sur7 le 3 décembre 2024 dans son article intitulé L’offensive rebelle en Syrie, une aubaine pour la Turquie?.
Mais si HTS ne dépend pas essentiellement de la Turquie, ce n’est pas le cas des groupes sunnites réunis sous l’appelation d’ANS/SNA (armée nationale syrienne – de l’opposition -) que l’on ne peut pas qualifier d’extrémistes, dans leur immense majorité, puisque respectueux des droits des minorités ethniques et religieux, et visant avant tout l’établissement – en cas de la chute du régime d’Assad -, d’un système politique fondé sur la justice et la liberté de culte, même si l’on ne doit pas tomber dans une vision caricaturale et naïve des choses car on trouve des corrompus, des opportunistes, des pilleurs et des fanatiques dans la plupart des pays, des groupes armés et des systèmes politiques actuels, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, pro-US ou pro-Russe, laïcs ou marxistes, etc. L’ANS dépend ainsi beaucoup de la Turquie et opère actuellement aussi dans l’offensive contre le régime syrien et le groupe terroriste marxiste des FDS/YPG (eux-mêmes alliés du régime terroriste syrien et pourtant soutenus et armés par USraël ; et qui le 3 décembre 2024 ont bombardé la ville de Jarablus dans le nord d’Alep sous contrôle SNA, tuant 1 enfant et blessant 7 autres civils). Aussi critiquable que soit HTS cependant, il faut rappeler que c’est un mouvement qui a fait beaucoup moins de morts parmi les civils que le régime syrien et que la Russie en Syrie. Il est reconnu de tous les observateurs et des rebelles syriens du SNA/ANS eux-mêmes, qu’ils sont activement soutenus par la Turquie. Et le contraire eut été étonnant, car ce serait même une erreur stratégique de la Turquie que de ne pas soutenir des groupes rebelles (non-radicaux) en Syrie alors qu’ils ont une importante frontière commune et des intérêts communs, et qu’ils doivent faire face d’une part à un régime criminel et terroriste qui utilise des groupes terroristes contre la Turquie, et qui de par sa politique, provoque des vagues de réfugiés (par millions) vers la Turquie, afin de susciter des crises majeures en Turquie jusqu’à causer une sorte d’implosion.
Et par rapport à la complexité du groupe HTS, n’oublions pas que, avant qu’HTS prenne ses distances avec Al-Qaïda, et alors même que l’Iran taxe Al Qaïda d’être un groupe lié à la CIA, que l’Iran soutenait et protégeait Al Qaïda pendant des années durant les années 90 et 2000 car ils avaient des intérêts communs, où des membres importants d’AQ y trouvaient même refuges, notamment en 2005 Suleiman Abu Ghaith le porte-parole d’Al-Qaïda à l’époque de Ussama Ben Laden, le commandant militaire d’AQ Saif al-Adel et 2 des fils d’Ussama Bin Laden.
Il est cependant vrai aussi qu’en Syrie, certains officiels US voulaient utiliser Al-Qaïda car dans le dossier syrien, Al-Qaïda luttait contre la tyrannie du régime syrien (notamment pour sa collaboration avec la CIA, les tortures et tueries massives contre la population civile, etc.) comme l’affirmait Jake Sullivan – qui était à l’époque le conseiller de Barack Obama et Directeur de la planification des politiques, dans un courrier 12 février 2012, publié par WikiLeaks, ainsi que favoriser des groupes salafistes extrémistes, comme cela est indiqué dans un rapport US du 5 août 2012 de la DIA (Defense Intelligence Agency).
Sauf que les USA ont décidé d’écouter Benyamin Netanyahu qui voulait laisser Bashar au pouvoir car les autres options étaient trop dangereuses pour la sécurité de l’entité sioniste et sa volonté de colonisation, le clan Assad étant une mafia qu’ils connaissent bien et qui ne représente pas de danger majeur pour Israël, ce que le cousin de Bashar el-Assad, Rami Makhlouf (qui détenait plus de 60% de l’économie syrienne en 2011) affirmait déjà : « La sécurité d’Israël dépend de celle de la Syrie », ce qui signifie que si Israël ne soutient pas le régime syrien dans ce conflit, Israël perdra la protection et sécurisation que le régime syrien a fourni à l’entité sioniste depuis des décennies. Propos rapportés par Anthony Shadid dans un article du 10 mai 2011 intitulé Syrian Elite to Fight Protests to ‘the End’.
Ce qui explique aussi pourquoi le patron du plus puissant service de renseignements israélien Aviv Kochavi effectua une visite au siège de l’ONU à New York, alertant déjà en 2011 « l’Occident du danger d’un renversement du régime syrien » , – danger pour la sécurité du régime israélien -.
Mais c’est là qu’on comprend la complexité et les doubles alliances contradictoires selon les intérêts du moment : l’Iran, comme la Syrie, Israël, la France, la Russie, la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Etats-Unis, ont tantôt renforcé et appuyé les mouvances jihadistes ou islamistes, tantôt les ont combattus dès qu’ils n’en avaient plus besoin ou que leurs intérêts ne convergeaient plus. En fait, les USA et Israël ont l’habitude de soumettre des alliés de circonstance, pour ensuite les lâcher ou les remplacer si cela coïncide avec leurs intérêts, non pas pour des raisons morales ou éthiques – ils soutiennent ou commettent des massacres ou des génocides et supportent des dictatures -, mais pour des raisons idéologiques ou géopolitiques. Ce n’était pas le simplement renversement de Bashar qu’ils souhaitaient – comme nous l’apprend un article dans The Guardian du 15 septembre 2015 intitulé West ‘ignored Russian offer in 2012 to have Syria’s Assad step aside’ , mais remodeler la Syrie et soutenir la cause d’un faux Kurdistan, pour diviser la région puis affaiblir le Kurdistan et favoriser enfin leur projet du Grand Israël, passant par l’affaiblissement et le dépeçage de la Turquie, de l’Iran, de la Syrie, de l’Irak, du Liban, de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite comme l’avait déjà annoncée en 1992 l’ex-premier Ministre turc Necmettin Erbakan. En 2012 donc, la Russie avait proposé aux USA de négocier le retrait voire le départ politique de Bashar (du moins en tant que dictateur à la tête du pays) en 2012, – proposition peut-être purement théorique pour ne pas se mettre à dos les USA dans ce conflit – en attendant un meilleur deal avec Israël -, et sans doute sans que Bashar n’ait son mot à dire. Quoi qu’il en soit, cela montre à quel point les USA n’avaient aucune volonté de vouloir une Syrie libre, juste et pacifiée, car destituer Bashar pour y mettre un système politique plus souple, moins brutal et criminel, aurait permis d’éviter sans doute une guerre civile sanglante qui dure encore jusqu’à présent.
Achachi, Hindi, Idriss, Collon et d’autres opèrent donc trop de raccourcis fallacieux et simplistes. Car si la Turquie a un agenda à défendre (notamment sécuriser ses frontières face aux terroristes du PKK utilisés parfois par le régime syrien, le régime US et le régime israélien pour menacer et affaiblir la Turquie), ils oublient que le régime syrien a aussi son propre agenda (et qui est responsable d’attentats au Liban et du pourrissement politique du Liban avec la France, Israël et l’Iran), que l’Iran et la Russie ont aussi leur propre agenda, et qu’ils saisissent donc la moindre occasion pour avancer leurs pions ; cela s’appelle tout simplement de la géopolitique,
Même si on note la présence du groupe jihadiste HTS (qui historiquement n’est plus affilié à Al-Qaïda – groupe qui avait aussi été protégé fut un temps par l’Iran et le régime syrien, il faut le rappeler, avant la guerre civile de 2011, certains de leurs membres influents avaient même trouvé refuge en Iran et en Syrie, non pas en raison des convergences ou accointances idéologiques ou religieuses – ce qui n’est certainement pas le cas – mais par calculs politiciens de leur part), leur idéologie et leurs méthodes ont évolué en leur sein, et bon nombre de leurs membres ne sont pas d’anciens d’Al-Qaïda. Bien que l’on puisse trouver des opportunistes, des extrémistes et des hypocrites dans pratiquement tous les groupes armés sur la planète, au Moyen-Orient comme en Europe et ailleurs, leur ligne directrice et officielle interdit de tuer les civils et assure la protection des minorités religieuses et ethniques, dont les Chrétiens, ici plus précisément dans la ville d’Alep.
Les groupes rebelles ont assuré que les Musulmans comme les Chrétiens et les autres seront sains et saufs, et leurs droits respectés. Ils appelèrent aussi les loyalistes du régime syrien à faire défection, leur promettant aussi le pardon. La plupart des captifs, dans ce que l’on a pu voir, étaient bien traités.
Même pour Bachir al-Ali, l’un des responsables du groupe HTS a dit le 29 novembre 2024 sur les médias officiels du groupe : « y compris les chrétiens (…) vos vies, biens, lieux de culte seront protégés (…). Vous êtes libres de rester (…), votre sécurité est une priorité ». Et concernant les relations internationales : « nous condamnons les frappes contre les civils, [on] ne prends pas partie y compris pour l’Ukraine […] nous voulons une relation de respect y compris avec la Russie que nous considérons comme un partenaire probable pour bâtir un meilleur avenir ».
Il n’est évidemment pas du tout question « d’angéliser » les groupes rebelles, mais ceux-ci sont loin d’être homogènes, et on trouve de tout en leur sein, d’autant plus que certains groupes rebelles ont été intoxiqués par l’idéologie wahhabite najdite (sa tendance la plus radicale et sectaire) – voulue d’ailleurs parfois par les régimes syrien et israélien/US afin de radicaliser l’opposition pour mieux la diviser et susciter la peur et l’angoisse au sein de la population civile qui en majorité soutenait la révolution dès le début. Néanmoins, si on regarde les acteurs politiques les plus meurtriers envers les civils (meurtres, massacres de grande ampleur, tortures, arrestations arbitraires, etc.) on s’apercevra que de 2011 à 2016, le régime syrien était jusqu’à 100 fois plus meurtrier que Daesh, et que Daesh était nettement plus meurtrier que HTS, et que les FDS (PKK/YPG/PYD) étaient plus meurtriers et violents sous plusieurs aspects que les groupes rebelles (y compris les groupes « jihadistes » comme HTS). Par ailleurs, ceux qui depuis 2021 tuent le plus de civils en Syrie sont d’abord le régime syrien (qui est une constante malheureusement depuis le début de la guerre) et ses milices (avec un appui russe également), suivi de l’organisation terroriste des FDS (soutenus par les puissances occidentales et tolérée par la Russie), FDS qui avait d’ailleurs relâché des centaines de combattants de Daesh pour qu’ils ciblent les forces turques et syriennes (de l’opposition) alliées de la Turquie.
Le bilan des violations des droits humains en Syrie en 2022 est sorti (avec comparaison avec 2021), et cela est sans appel : le régime syrien avec la Russie ont tué le plus de civils, plus que l’ensemble des autres « acteurs armés influents » dans cette guerre ; que les FDS/PKK/YPG/PYD (qui sont les alliés des USA, de la France et d’Israël, et alliés temporaires du régime syrien) sont en 2ème position dans le meurtre de civils, avant même les groupes rebelles, les groupes jihadistes comme HTS et même avant Daesh (qui était une année « calme » pour Daesh en termes de meurtres)[6]. Il y a ceci dit les décès de 724 civils qui n’ont pas pu être attribués avec certitude, mais qui ont été potentiellement causés par les frappes russes, américaines voire même israéliennes dans le pays, ainsi que des meurtres issus de « règlements de compte »).
Entre 2011 et 2019, il avait été identifié la mort de 199 455 civils par le régime syrien et ses milices contre 5004 civils par Daesh.
Parmi les civils tués par le régime on comptait 22 737 enfants au moins et plus de 11857 femmes, contre 952 enfants et 584 femmes par Daesh. Bien que de nombreux civils n’ont pas pu être identifiés lors de ce rapport, le ratio reste à peu près similaire. Sur 8 ans de guerre, lorsque Daesh était au sommet de sa capacité d’action et de sa puissance, cette organisation terroriste restait tout de même près de 40 fois moins meurtrière que le régime syrien à l’égard des civils[7], ratio ceci dit plus faible qu’au début de la guerre où le régime syrien était 100 fois plus meurtrier que Daesh selon plusieurs rapports documentés. Que dire alors pour les groupes rebelles, qui eux étaient moins meurtriers que le régime syrien et que Daesh.
Dans un rapport encore plus récent, datant d’août 2024, voici ce qu’il en ressortait concernant le bilan des victimes civiles identifiées entre 2011 et juin 2024 pour la Syrie selon SNHR :
1) Le régime syrien avec plus de 201 290 civils tués par le régime (sur un total identifié de 231 495 morts)
2) Autres factions (dont des alliés des occidentaux, en dehors donc des groupes rebelles et des groupes jihadistes) : 8820 morts
3) Forces russes : 6969 morts (mais entre 15 000 et 25 000 civils tués selon les rapports locaux comme le rapporte Airwars)
4) Daesh : 5058 morts (pour la Syrie)
5) L’ensemble des groupes rebelles (en dehors de HTS) : 4234 morts
6) Coalition internationale menée par les USA : 3055 morts (mais en réalité le bilan est bien plus élevé selon les rapports locaux qui parlent de près de 30 000 civils tués par la coalition entre Irak et en Syrie comme le rapporte Airwars).
7) FDS (dominé par des soi-disant « Kurdes » marxistes, organisation terroriste et coupable de nettoyage ethnique en Syrie et d’actes terroristes, d’arrestations et de tortures de civils, y compris Kurdes, comme le rapporte Amnesty International dans son rapport du 13 octobre 2015 intitulé Syria: US ally’s razing of villages amounts to war crimes[8] ; rapport critiqué de façon infondée par les responsables et terroristes des YPG/FDS alors les preuves disponibles les incriminaient bien : trafic de drogue, assassinats et arrestations d’opposants politiques – même Kurdes -, arrestations, destruction de maisons, déportation et nettoyage ethnique, persécutions au nom de leur idéologie marxiste-léniniste, esclavage, meurtres de civils, enrôlement d’enfants soldats, menaces et chantages, etc.) : 1516 morts (bilan sous-estimé et qui ne prend pas en compte tous les civils tués sous leurs anciennes appellations comme PYD/YPG, etc., où ils firent des milliers de victimes également).
8) HTS (qui a rompu avec Al-Qaïda depuis plusieurs années) : 549 morts
C’est-à-dire que le régime syrien, la Russie et la coalition internationale ont tué bien plus de civils et détruit plus de villes, d’écoles et d’hôpitaux que Daesh, aussi bien en Syrie qu’en Irak – ce qui n’excuse en rien évidemment les crimes et le terrorisme de Daesh -. On voit aussi que la Turquie est l’acteur politique – parmi les acteurs majeurs – qui a le plus évité de cibler les civils et qui a le moins détruit la Syrie, contrairement au régime syrien, au régime russe, au régime iranien, aux USA et à la France, aux FDS marxistes et à Daesh. On remarque aussi que HTS est moins meurtrier envers les civils que le régime syrien, la Russie, l’Occident, les FDS/PKK et que Daesh[9]. Et les FDS (alliés des USA et d’Israël) ont tué près de 3 fois plus – au moins – de civils que le groupe HTS que les médias occidentaux et pro-russes accusent d’être toujours liés à Al-Qaïda.
A cette époque, le régime syrien avait malheureusement battu tous les records de terrorisme et de meurtres et de tortures envers les civils, records battus cependant par le régime israélien depuis octobre 2023, puisque le ratio de meurtres de civils est de 180 fois plus élevés à Gaza (estimation basse qui plus est, puisque d’autres ONG et spécialistes parlent d’environ 4 à 5 fois plus de civils tués que les chiffres fournis par l’identification précise du Ministre de la Santé) qu’en Syrie, et notamment dans le cas du siège de la ville de Homs : « En fait, c’est une comparaison fascinante car en 3 ans de siège, Homs en Syrie a connu 5 fois moins de morts que Gaza en 1 mois. Le taux de mortalité des civils tués par Israël est donc littéralement 180 fois (!!!) plus élevé qu’en Syrie. C’est peut-être pour cela que les gens sont incomparablement consternés… ». [10], sans parler des records concernant les journalistes, ambulanciers, médecins, écoles et hôpitaux ciblés et/ou tués volontairement par le régime israélien dans une politique génocidaire dépassant et surpassant le simple « terrorisme ».
Pour comparer la situation en Syrie et à Gaza, voici le terrible bilan :
Pour la Syrie, plus de 600 000 morts en 13 ans (mais d’autres parlaient déjà de 1 million de morts en 2017), dont la moitié au moins sont des civils, et dont 90% ont été tués (parmi les civils recensés en tout cas) uniquement par le régime syrien (et les milices pro-Iran) ; les 10% restants se divisent entre les forces russes, américaines, françaises, britanniques, israéliennes, « kurdes » des FDS, Daesh, HTS, groupes sunnites divers et autres factions indépendantes. De même, le régime syrien et l’aviation russe ont détruit à eux seuls près de 80% du patrimoine historique, sanitaire, éducatif, religieux et civil (parmi ce qui a été détruit) de Syrie, le reste là aussi, l’a été par la coalition internationale dirigée par les USA et la France, les forces du FDS/YPG, d’Israël, de Daesh, etc.
A Gaza cependant le ratio est plus important encore, avec environ 95-97% de civils tués, estimés à plus de 200 000 civils (et plus de 400 000 blessés) d’octobre 2023 à octobre 2024, avec la destruction de 90% des infrastructures civiles, sanitaires, électriques et autres, détruites uniquement par le régime israélien, et à cela s’ajoute plus de 2 millions de réfugiés (sur une population de 2,2 millions d’habitants, dont environ 50 000 à 100 000 combattants si l’on compte les « réservistes » qui s’engagent pour défendre Gaza de l’invasion israélienne).
En conclusion, bien que l’on pensait difficile voire impossible de faire pire que Bashar en termes d’atrocités, le régime sioniste a réussi la prouesse de surpasser les atrocités du régime syrien, surtout si l’on parle en termes de ratios et de contexte (puisque les Syriens avaient des endroits où fuir, ce qui n’est pas le cas des Gazaouis, et dans une zone beaucoup plus petite, Israël a largué bien plus de bombes en 1 de guerre que les régimes syriens et russes réunis en plusieurs années de conflit, sans parler du nombre record de journalistes, humanitaires et médecins volontairement ciblés, qui dépassent de loin le cas syrien, etc.). Si l’on rapporte cela au ratio syrien (selon l’estimation moyenne couramment admise de 600 000 morts, combattants et civils confondus) qui est d’une moyenne de 46 150 morts par an (si on arrondit), l’équivalent à Gaza (pour être au même niveau) aurait été de 15 384 victimes ; or le ratio actuel est près de 5 fois plus élevé, et plus encore si l’on ramène ça uniquement au ratio des civils tués (qui dans le cas syrien représente de 50 à 70% maximum alors que dans le cas de Gaza cela représente environ 95%, dont 70% de femmes et d’enfants).
Ce qui est paradoxal et très inquiétant, c’est que certains analystes se présentant comme des chevaliers de la résistance et de la lutte contre les médias mensonges occidentaux, comme Idriss Aberkane, Youssef Hindi, Rachid Achachi, Michel Collon, Jean Bricmont, Alain Soral, Régis Le Sommier, les médias « indépendants » Espoir et Dignité ou Omerta, ou encore malheureusement Jacques Baud, relaient (consciemment ou inconsciemment) la propagande pro-russe/pro-Assad tout en reprenant une partie de la propagande occidentale autour du « jihadisme ». De façon totalement arbitraire, ils acceptent les faits documentés pour ce qui concerne la Palestine (malgré quelques réserves pour certains) mais concernant la Syrie, où cela est aussi documenté et dont il est possible de vérifier ce qui a été dit, ils font les aveugles et reprennent sans esprit critique la propagande du régime syrien et omettent de parler de ses « alliances » avec Israël et de ses liens (notamment passés) avec les USA et la CIA (notamment pour affaiblir ou faire chuter Saddam Hussein) puis actuellement pour limiter ou affaiblir l’influence iranienne en Syrie, surtout dans la région limitrophe avec l’entité sioniste.
Rares sont parmi eux ceux qui évoquent que l’opposition syrienne est composée de rebelles musulmans, d’islamistes, de laïcs, de chrétiens, de marxistes et de jihadistes qui ont aussi combattu Daesh – donc on ne peut pas tous les mettre dans le même sac puisque ce n’est pas du tout une opposition homogène -, tout comme ils omettent étrangement de parler des jihadistes identitaires, des terroristes marxistes et identitaires, et des mercenaires que l’on retrouve du côté du régime syrien aussi. Le conflit est bien éminemment plus complexe que ce qui est présenté par les médias pro-russe et pro-US. Dans le cas de Jacques Baud (qui est excellent quand il s’agit de la Palestine et du Liban, mais qui l’est moins au sujet de l’Ukraine) se trompe cependant énormément sur la Syrie, puisque Israël et la Russie protègent Bashar en échange de repousser l’influence iranienne en Syrie, sur Bashar bombarde régulièrement son peuple et des hôpitaux et ce juste avant la grande offensive menée par les rebelles contre le régime (donc le régime a refusé la paix tout en lançant les hostilités, ce qui amenait fatalement à cette conséquence, où ils font mine de ne pas savoir quand il s’agit du cas syrien), et tout cela est bien documenté. Bashar est responsable aussi d’avoir relâché des jihadistes des prisons syriennes afin de sectariser le conflit, ce qu’ils ne mentionnent pas non plus.
Rien non plus sur les nombreuses fakes news des médias pro-Russe et pro-Assad qui circulent depuis fin novembre 2024 à propos de cette offensive, pour diaboliser tous les rebelles syriens, et dont quelques exemples ont été débunkés même par France 24 le 2 décembre 2024. Pour défendre la barbarie du régime syrien et les crimes de guerre russe en Syrie, des comptes pro-russe et pro-Assad inondent internet avec de fausses informations sur le conflit actuel, fakes news qui ne sont pas dénoncées par les analystes pro-Assad.
Rachid Achachi omet également de dire que le clan Assad a été mis au pouvoir par les colons français pour jouer les chiens de garde et affaiblir le monde musulman, tout comme il occulte le fait que le clan Assad a massacré des milliers de Palestiniens depuis l’époque de Hafez el Assad et ensuite sous le règne de son fils Bashar[11].
Puis quand des groupes et civils sont bombardés et attaqués par des barbares sanguinaires d’un régime des plus cruels, la simple psychologie humaine permet de comprendre que les opprimés chercheront à s’émanciper de cette tyrannie, voire même à participer à sa chute ou à se venger ; légitime cause mais qui peut être récupérée ou instrumentalisée par d’autres groupes ou États pour leurs intérêts. Le régime syrien lui-même avait envoyé plein de « jihadistes » radicaux en Irak lors de l’invasion occidentale en 2003, puis relâché d’autres « jihadistes » (détenus dans les prisons syriennes, souvent sur ordre des Etats-Unis et d’Israël) lors de la guerre civile afin de radicaliser le conflit et y introduire une dimension ultra-sectaire alors qu’avant la révolution réunissait de nombreux Musulmans (sunnites lambda, sûfis, salafis, fréristes, najdites, shiites et même une partie des alaouites), ainsi que des Chrétiens, des laïcs et des marxistes.
Pourquoi Achachi mentionne-t-il pas non plus le fait que le régime israélien a interdit aux occidentaux de faire chuter Bashar, puisque ce dernier avait sécurisé la frontière israélienne comme jamais, et que derrière son discours anti-israélien de façade (qui permet à l’entité sioniste de justifier sa politique agressive envers la Syrie) le régime syrien n’a jamais mené d’attaques ni de ripostes malgré les milliers d’attaques israéliennes sur le territoire syrien…[12]
Lors de la contre-offensive des rebelles sur Alep et ses alentours : « L’offensive a permis aux rebelles de libérer environ 70 localités depuis mercredi, dont une vingtaine vendredi, parmi lesquelles Saraqeb, selon l’OSDH.
L’aviation russe a intensifié ses frappes aériennes, selon cette source. Dans une conférence de presse, le chef du « gouvernement » autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a affirmé jeudi que l’offensive avait été lancée car le régime avait « commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils ».
Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a indiqué que « plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont été déplacées » par les violences »[13].
Dans un autre article, on pouvait lire également que : « L’analyste Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy, estime que les rebelles « ont tenté d’anticiper la possibilité d’une campagne militaire syrienne dans la région d’Alep, que préparaient les frappes aériennes des gouvernements russe et syrien (…). Le nord de la Syrie bénéficie ces dernières années d’un calme précaire, rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020. La trêve a été parrainée par Moscou et Ankara, le pouvoir turc soutenant certains groupes rebelles syriens à sa frontière. Dans le même temps, la Turquie « envoie un message à Damas et à Moscou pour qu’ils renoncent à leurs efforts militaires dans le nord-ouest de la Syrie », a ajouté l’analyste »[14], choses qui étaient déjà confirmées par des analystes indépendants (avec des preuves) avant le début de l’offensive, éléments connus de tous ceux qui suivaient de près le conflit syrien depuis des années.
En 4 jours seulement, les rebelles ont repris plus de 70 localités, et contrôlent une bonne partie de la ville d’Alep (2ème plus grande ville du pays) dont l’aéroport, tout en prenant le contrôle aussi de Kafr Zita, Latamiyah, Sûran et Taybat Al-Imam, et sont en chemin vers la ville de Homs. Ils ont aussi pu libérer plus d’une centaine de prisonniers politiques. Les combats ont fait plus de 300 morts, et les rebelles ont fait des dizaines de captifs parmi les soldats et miliciens loyalistes. Les forces russes se sont retirés de l’aéroport de Hama, de nombreux loyalistes ont fui la ville, et les agents iraniens quittent aussi bon nombre de leurs positions face à l’opération éclair des groupes rebelles, ce qui constitue une étonnante débâcle. En fin d’après-midi du 30 novembre 2024, les rebelles entrent dans la ville de Hama. La Russie et l’Iran promettent une riposte forte, mais la justice et la morale imposent de trouver une véritable solution plutôt que l’enlisement dans lequel le pays est plongé depuis des années par la répression et l’incompétence du régime syrien, et l’absence d’une solution juste et adaptée proposée par la Russie et l’Iran en Syrie. Les rebelles, la Turquie, l’Iran et la Russie devraient régler leurs différends et trouver une solution – quitte à faire quelques concessions – pour retrouver l’unité et la stabilité du pays, en écartant les massacres et les opérations militaires.
Du côté de la Turquie, si Alep et le reste de la région sont libérés, et si une sécurité est assurée aux habitants, alors des centaines de milliers de réfugiés Syriens actuellement en Turquie pourraient retourner chez eux et développer et exploiter les ressources alimentaires et agricoles en Syrie (qui sont à l’arrêt en grande partie, le régime syrien n’ayant pas bien géré du tout cet aspect-là, tout comme d’autres aspects), ce qui permettra de calmer une partie des Turcs qui ont été radicalisés ou intoxiqués par le racisme propagé par l’opposition kémaliste et ultra-nationaliste en Turquie depuis quelques années, certes, dans un contexte mondial difficile pour de nombreux peuples.
Beaucoup de Syriens et de Palestiniens sont plutôt pro-Erdogan, même si beaucoup ont été déçus car la Turquie n’a pas pesé de tout son poids militaire pour confronter directement Netanyahu en Israël et Bashar en Syrie.
Les Libyens cependant ont apprécié l’intervention turque en Libye pour protéger les régions tenues par le gouvernement légitime de Tripoli face aux forces terroristes du maréchal Haftar (agent de la CIA) soutenues par Israël, la France, les USA, la Russie et les émirats arabes unis notamment, tandis que le gouvernement de Tripoli (reconnu par l’ONU) était soutenu par la Turquie, le Qatar et l’Italie.
Les Somaliens aussi remercient la Turquie d’Erdogan pour les avoir protégé des mouvements terroristes – certains étant financés par l’Occident -, et pour avoir développé leur pays.
Mais la géopolitique ce n’est pas un conte de fée. Si un pays (ici la Turquie) ne dispose pas d’une puissance concrète pour détruire le régime ennemi (tout en épargnant la population civile) – qui dans ce cas-ci, le régime d’Assad, est protégé par Israël, la Russie, les USA et l’Iran -, le pays est alors obligé de négocier et de faire des compromis, aussi tristes ou humiliants soient-ils.
Les faits montrent que la Turquie a fait du bien aussi à des millions de Syriens, de Libyens, d’Irakiens, de Kurdes, d’Africains, d’habitants des Balkans, etc., surtout au niveau des aides humanitaires, de la construction ou de la sécurisation de certains pays, même si certaines décisions ont été clairement mauvaises. Mais dans un tel bourbier d’une complexité peut-être indépassable et inédite à notre époque, la direction prise par Erdogan (malgré les traitres dans le pays, les kémalistes, les racistes, les fanatiques de tous bords, et les pressions externes colossales qui visent la Turquie) est globalement bonne, même si loin d’être parfaite ou irréprochable.
La politique turque face aux états hostiles est de toujours privilégier d’abord la main tendue et les solutions diplomatiques. Si après plusieurs tentatives l’état hostile continue la mauvaise foi et d’agir militairement (ou par des coups politiques tordus ou en soutenant des groupes terroristes), la Turquie prend alors des dispositions pour y mettre un terme ou les calmer. Face aux groupes terroristes ou aux civils dans les zones où la Turquie intervient militairement pour déloger des terroristes : elle cherche d’abord à négocier, puis sécurise des corridors terrestres pour laisser les civils fuir les zones de combat (tout en leur apportant de l’aide humanitaire pour les déplacés et réfugiés), en leur donnant un délai raisonnable. Elle laisse aussi aux combattants ennemis un délai aussi pour négocier ou déposer les armes. Elle évite les bombardements aveugles et procède à des frappes ciblées (avec parfois de faibles dommages collatéraux, comme à Afrin et Al-Bab, où le PKK à Afrin et Daesh à Al-Bab avaient empêché une partie des civils de fuir les zones de combat ; en excluant aussi le cas des combattants du PKK habillés en civils ou les faux-témoignages relayés par leurs pages, et dont les affirmations ont été débunkées). Une politique qui contraste radicalement avec celle des Occidentaux quand ils ont rasé Raqqa et Mossoul en y massacrant aussi tous les civils (des dizaines de milliers), ou celle d’Israël en Palestine et au Liban (des centaines de milliers de victimes parmi les civils et des quartiers entiers rasés volontairement, y compris écoles, hôpitaux, boulangeries, camps de réfugiés, cliniques, universités, …), ou quand les Russes et le régime syrien ont bombardé Hama (en 1982), ou Homs (lors de la guerre civile depuis 2011) ou d’autres villes syriennes en rasant là aussi des zones civiles entières et y bombardant aveuglément les populations civiles, avec des morts et des blessés par milliers.
La Turquie avait proposé au régime syrien à plusieurs reprises et à la Russie de pacifier la région à condition que les populations civiles de l’opposition et les groupes rebelles (souhaitant la paix et la justice) non-affiliés à Daesh soient protégés et que le régime syrien renonce à sa politique de terreur indiscriminée (politique similaire, même si de moindre intensité, que la politique sioniste de Netanyahu en Palestine et au Liban) envers les civils et les résistants (qui ont lutté contre Daesh également depuis le début), mais le régime syrien n’a rien voulu entendre et a multiplié les attaques contre les groupes rebelles pro-turcs et contre HTS, – ainsi que contre des postes militaires turcs – tout en massacrant et ciblant aussi de nombreux civils, ainsi que des écoles et des hôpitaux avec la complicité de la Russie[15]. Par ailleurs, le régime syrien a souvent utilisé aussi le PKK pour attaquer le territoire turc et les intérêts turcs dans leur région. Les populations civiles en Syrie à Alep et ailleurs, ont en majorité, acclamé les rebelles, vus comme des libérateurs par rapport au régime syrien (gangréné par les criminels, les corrompus, des terroristes et beaucoup d’opportunistes, de voleurs et d’incompétents, laissant les villes dans un état déplorable).
« Interrogées par Reuters, des sources rebelles en contact avec les services de renseignement turcs ont déclaré que la Turquie avait donné son feu vert à l’offensive. Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Oncu Keceli, a toutefois déclaré que la Turquie cherchait à éviter une plus grande instabilité dans la région et qu’elle avait prévenu que les récentes attaques sapaient les accords de désescalade »[16].
Du côté de la Russie, la Syrie représente pour eux un gouffre financier et aussi la perte de plusieurs hauts gradés officiels qui ont été tués lors des divers affrontements, et comme la Russie est encore très occupée en Ukraine, voir une Syrie plus stable où la Russie devrait moins intervenir serait une meilleure chose tant que la Russie garde un privilège économique et militaire dans le pays, mais il parait difficile d’envisager que la Russie lâche le régime syrien, car même si celui-ci est criminel et incompétent, constituant une épine dans le pieds de la Russie, il lui garantit encore un accès presque total aux ressources et au contrôle du pays, qui n’a plus de souveraineté depuis longtemps (le régime syrien, bien que ne respectant presque personne, pas même ses alliés, n’est encore au pouvoir que grâce aux soutiens iraniens et russes, et par l’intervention du régime israélien pour le garder au pouvoir faute de mieux pour le moment).
Au même moment, le 30 novembre 2024, les forces loyalistes ont massivement fui les villes d’Alep, de Homs et de Hama, et à Damas, une tentative de coup d’Etat a eu lieu dans les rangs du régime syrien pour renverser Bashar el-Assad.
« ALERTE INFO – Un coup d’État est en cours à Damas, capitale de la Syrie. Hassam Louka, chef de la direction générale de la sécurité du régime syrien, tente de renverser Bachar Al Assad »[17] et « Des rapports initiaux font état d’un possible coup d’État en cours dans la capitale syrienne de Damas, avec des explosions et des coups de feu entendus près de l’état-major général et du bâtiment des médias d’État dans la ville) »[18].
Il se peut que la Russie, l’Iran et la Turquie se soient mis d’accord pour renverser Bashar et le remplacer par un autre dirigeant, moins vendu au régime israélien, et surtout moins corrompu, afin de pouvoir sécuriser la Syrie et éviter les frappes israéliennes qui restaient impunies, la Syrie devenant une passoire, où des cibles iraniennes et du Hezbollah, ainsi que des groupes rebelles, étaient ciblées par le régime israélien avec la complicité ou la passivité du clan Assad. Mais pour la Russie, cela parait peu probable car leurs accords avec Israël consistent notamment à protéger le clan Assad au pouvoir tout en affaiblissant l’influence iranienne et les différentes factions syriennes sunnites et empêcher la souveraineté de la Syrie.
Bashar s’est rallié plus solidement au régime israélien sous le patronage russe afin d’affaiblir l’influence iranienne (en plus de celle des rebelles sunnites trop déterminés à lutter contre la politique sioniste) en Syrie, et ce depuis plusieurs années déjà, comme l’ont clairement admis des officiels israéliens.
« L’Axe de la moindre résistance : Bashar al-Assad est désormais l’allié d’Israël, selon une analyse des médias Israël souhaite qu’Assad reste au pouvoir et batte ses adversaires maintenant qu’il dispose d’une forte influence sur lui par le biais de la Russie, selon un rapport du quotidien local Haaretz (…). Selon Barel – citant des sources du ministère israélien des Affaires étrangères – l’establishment israélien est depuis longtemps divisé sur la question de savoir s’il faut ou non dénoncer Assad. Ces « acrobaties diplomatiques », écrit Bar’el, ont convaincu les dirigeants rebelles syriens « qu’Israël voulait qu’Assad reste au pouvoir… [et] ils avaient raison ». Les documents rédigés par l’armée israélienne et le ministère des Affaires étrangères au cours des deux dernières années « n’ont pas réellement exprimé de soutien au président syrien, mais leurs évaluations montrent qu’ils considéraient son maintien au pouvoir comme préférable ou même vital pour la sécurité d’Israël ». Le nouveau changement de position d’Israël est principalement lié aux relations étroites entre Tel-Aviv et Moscou, l’allié international le plus important d’Assad. Les Russes, a écrit à Bar’el, ont donné à Israël un grand droit de regard sur ce qui se passe en Syrie, Moscou donnant à Israël « carte blanche pour attaquer le Hezbollah et les cibles iraniennes en Syrie » (…). En outre, l’objectif d’Israël d’expulser l’Iran de Syrie ne peut être atteint qu’en accord avec Assad via la Russie : « la seule puissance capable de limiter les opérations de l’Iran là-bas et peut-être même de le faire partir ». Cela a « ajouté les Israéliens à la coalition officieuse d’États arabes qui soutiennent le maintien au pouvoir d’Assad », a ajouté Barel, en référence à l’Égypte, qui a apporté son soutien au régime syrien. En retour, Israël aurait promis à Moscou de ne pas saper le régime d’Assad. L’analyse de Haaretz fait écho aux informations de la semaine dernière selon lesquelles la Russie et Israël avaient conclu un accord pour permettre aux forces syriennes de prendre le territoire rebelle dans le sud de la Syrie, à condition que les troupes iraniennes ne participent pas à l’offensive et restent à 24 kilomètres du plateau du Golan occupé par Israël (…) »[19].
Assad, Putin et Israël ont convenu de protéger le régime syrien tout en bombardant les infrastructures du pays, les cibles pro-Iran et les groupes rebelles. Assad détruit son pays depuis 2011 dans une étonnante indifférence, détruisant des sites musulmans et chrétiens (mosquées, églises, écoles, etc.), maisons, hôpitaux, etc. Il veut se maintenir au pouvoir même si la Syrie doit être rasée entièrement. La monstruosité incarnée par le régime syrien – sans doute l’un des régimes les plus barbares et sanguinaires de notre temps et sous un système laïc (de centaines de milliers de morts civils, des dizaines de milliers de combattants et résistants nobles tués, de terroristes qui ont émergé en raison du chaos de ce conflit, des dizaines de milliers de femmes violées, d’innocents torturés et humiliés par centaines de milliers) est le produit des influences toxiques des projets expansionnistes et toxiques tout d’abord franco-britanniques en ayant dépecé l’Empire ottoman en créant une Syrie laïque et sectaire pour affaiblir le cœur du Shâm, puis d’Israël et de la Russie, ainsi que des USA et de l’Iran.
De nombreux analystes israéliens, occidentaux, arabes, turcs et autres sont assez formels d’ailleurs, disant que si le régime syrien d’Assad tombe, le régime israélien tombera aussi car sa sécurité dépend beaucoup de la docilité du régime syrien à son égard, qui traque et combat les rebelles antisionistes en Syrie, tout en sécurisant les frontières israéliennes sans jamais riposter aux agressions israéliennes en Syrie et sans vouloir reprendre le Golan occupé, et enfin, en permettant aux forces israéliennes de cibler des hauts officiels pro-iraniens ou iraniens en Syrie. De plus, il n’y a pas que le régime israélien qui massacre les Palestiniens, mais aussi le régime syrien qui en a massacré des dizaines de milliers depuis l’époque de Hafez el-Assad, puis depuis 2011 sous Bashar el-Assad, , d’où le soutien majoritaire (environ 80%) des Palestiniens envers les rebelles syriens qui luttent contre l’oppression du régime syrien, et d’où l’absence de réel soutien du régime syrien envers la Palestine. En outre, avant 2011, la CIA et Bashar coopéraient également ensemble pour traquer et torturer des prisonniers politiques et combattants dans les prisons secrètes syriennes, qui étaient parmi les pires du monde. (cf. “Iran : If Assad Falls, Israel Falls”, The CJ Werleman Show, 2 décembre 2024 : https://youtu.be/oQ4J2DyWHRg).
Le 2 décembre 2024, le haut cadre du Hamas Talal Nasser déclare le soutien de la résistance palestinienne à l’opposition syrienne face à la tyrannie du régime syrien, déplorant le fait que l’Iran ait envoyé des dizaines de milliers de miliciens pour défendre le tyran Assad et combattre les mujahidîns syriens (pas seulement depuis 2011, mais surtout depuis début décembre 2024) alors que l’Iran n’a envoyé aucun combattant en Palestine contre l’agression israélienne. Il confirme par ailleurs que le régime syrien avait bien utilisé des armes chimiques contre son peuple, et qu’il bombarde hôpitaux, écoles et civils. Il dénonce les crimes du régime syrien qui sont comparables à ceux du régime sioniste, et insiste sur le fait que le régime syrien ne fait rien quand Israël agresse le peuple syrien et le territoire du pays, et qu’Assad ne lutte pas réellement pour la liberté du peuple palestinien ni contre l’entité sioniste.
https://x.com/xumas_iq/status/1863808750513009023
Le journaliste CJ Werleman, le 2 décembre 2024, avait aussi débunké toute la rhétorique des pro-Assad concernant la Palestine et la Syrie, en montrant le soutien massif des Palestiniens et des combattants du Hamas envers les opprimés et rebelles syriens contre le régime syrien : « *Footnotes: If Assad Falls, Israel Falls*
Dear Subscriber,
Questions for those who have been sorely misled by pro-Assad propaganda:
1. Why did Assad request help from Israel to attack Syrian Rebels, with Israel approving the request on the condition Assad remove Iranian militias from Syria, as reported in Israeli media? (see tweet)
2. If Israel backs the Rebels, then why is Israel holding emergency calls with its allies and putting together plans to attack the Rebels in Idlib out of concerns Rebels “will turn Syria into Libya,” as reported in Israeli and US media?
3. If Israel wanted Assad gone, then why is he still alive and in power, whereas Nasrallah, Soleimeni, Saddam, and Gaddaffi are dead?
4. Why did the US never attack Assad, even after he crossed the US “red line” of using chemical weapons?
5. Why did the US stop arming a select few Rebel groups in 2017, and why did they only start arming these groups with small arms 2 full years after Assad began mass murdering Syrian protesters? And why did they deny these groups desperately needed anti-aircraft weapons?
6. Why do 83% of Palestinians support the Syrian demonstrators seeking to bring down the Assad regime?
7. Why does Hamas lend support to the Rebels?
We at CJWS have no doubt whatsoever that the near future will disprove the pro-Assad propaganda that so many of our audience members have sadly digested.
Israel will attack the Rebels, and not Assad! Count on that.We are living in hyper-emotional times, so I happily forgive anyone who hurls abuse towards me. This comes with the territory in which I inhabit. I get it ». https://www.youtube.com/post/UgkxS2aPE8_4SpQh-C1eTxUIw34Km3OVuSH3
Le Mossad affirmait sur son compte twitter le 29 novembre 2024 :
« Les 2 raisons qui font que la Turquie est derrière la guerre civile syrienne :
1) Gouverner l’empire sunnite
2) Créer une voie pour attaquer le régime israélien
Donc non, Israël ne soutient pas les rebelles (sunnites). C’est du bon sens ».
Néanmoins la révolution syrienne est le fruit d’un réel mécontentement populaire (de la majorité du peuple) face à la tyrannie sanglante – très bien documentée – du régime syrien et de la crise économique qui frappait le pays. La Turquie, comme l’Iran, la Russie, le régime syrien, les USA, la France, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats, le PKK et Israël – ainsi que d’autres pays -, ont ensuite saisi l’opportunité pour renforcer leur propre agenda ou se protéger contre les conséquences d’une guerre civile à leurs frontières ou dans leur zone d’influence, en se souciant rarement de protéger les civils et réfugiés (que la Turquie seule, en tant qu’acteur politique, a protégé et soutenu, contrairement aux autres états).
D’un autre côté, l’une des stratégies employées par les USA et Israël, est de fonder ou soutenir des groupes radicaux ou de pousser plusieurs camps à se faire mutuellement la guerre afin qu’ils s’affaiblissent tous par une guerre d’usure au profit de l’impérialisme américano-sioniste, en leur vendant aussi des armes, puis en les éliminant à petit feu par la suite.
Dans le cas de la guerre Iran-Irak, les USA vendaient des armes aux 2 camps après les avoir poussés au conflit, et Israël vendait au prix fort leurs armes à l’Iran des Mollahs via le marché noir. En effet, le journal The Observer a estimé que les ventes d’armes d’Israël à l’Iran durant sa guerre contre l’Irak totalisèrent 500 millions de $ par an, et le Time Magazine déclara que « tout au long des années 1981 et 1982, les Israéliens ouvrirent des comptes bancaires suisses pour traiter la partie financière de ces accords » en échange de quoi l’Iran libérerait des diplomates, journalistes occidentaux retenus en otage par des groupes armés pro-Iran tels que le JI (Jihad Islamique) et le Hezbollah. Le régime israélien entendait favoriser le prolongement de la guerre afin de voir 2 ennemis s’affaiblir et détourner l’attention de l’opinion publique du problème palestinien. Le média israélien Haaretz, résumant ainsi l’opinion des dirigeants israéliens, écrit : « Mieux vaut pour Israël que cette guerre continue le plus longtemps possible ». Le journal politique du Monde Diplomatique d’octobre 1987 publiait aussi ceci : « Le spécialiste des questions militaires du même journal, M. Zeev Schiff, réputé pour ses analyses, apportait cette précision : « Notre intérêt réside dans la survie de Saddam Hussein et de Khomeiny. Tant qu’ils resteront au pouvoir, on peut être sûr que la guerre du Golfe ne s’arrêtera pas. » Dans l’éventualité même d’une fin des hostilités, les Israéliens souhaitent qu’il n’y ait ni vainqueur ni vaincu, comme l’a clairement affirmé M. Yitzhak Rabin, ministre travailliste de la défense : « Israël aspire a ce qu’il n’y ait pas de vainqueur dans cette guerre. » A quoi fait écho ce propos du premier ministre, M. Itzhak Shamir, chef du Likoud : « Une victoire Iranienne ou Irakienne dans la guerre du Golfe représentera une menace pour la sécurité d’Israël » ».
Et sans doute qu’USraël (la CIA et le Mossad sont généralement liés, d’autant plus que depuis les années 70, on retrouve beaucoup d’agents israéliens dans la CIA qui ont la double nationalité américano-israélienne) infiltre aussi les appareils politiques et militaires des différents camps, pour les entrainer dans une guerre fratricide afin de les affaiblir mutuellement ce qui permet à USraël de se renforcer et d’avancer dans leur agenda.
La même stratégie USraélienne a été à l’œuvre en Syrie en 2011, où l’Iran et Assad sont tombés dans le piège, tout en alimentant le sectarisme en Syrie, et certains groupes rebelles, totalement immatures, sont également tombés dans ce bourbier. Or, le régime syrien, plutôt que d’assurer le minimum en termes de justice sociale, d’apaisement de la société et d’une meilleure gestion du pays, a directement massacré les premiers manifestants pacifiques, et l’Iran et la Russie, au lieu de chercher l’unité nationale par une solution politique réaliste, ont directement soutenu le régime syrien dans une répression brutale d’une grande intensité, laissant aucune chance à une réconciliation nationale, ce qui a ouvert ensuite la porte à d’autres Etats et mercenaires pour intervenir en Syrie, en choisissant un camp ou l’autre, ou en formant encore leur propre camp politique.
En Syrie, Israël soutient à la fois le régime syrien et a soutenu quelques groupes rebelles (sans que l’on sache exactement qui et dans quelle proportion, puisque les groupes rebelles sont très hétérogènes et changeaient d’allégeance au fil du temps et selon les zones de guerre : des Sûfis, des fréristes, des salafis, des jihadistes, des laïcs, des marxistes, etc., dont des milliers d’anciens soldats syriens qui ne voulaient plus servir la tyrannie du régime syrien) ainsi que Daesh également, dans le but que tous s’entredéchirent en se faisant la guerre, puis avec les USA, ont ciblé des groupes rebelles et des cibles iraniennes.
Mais les groupes rebelles les plus influents et anti-régime syrien sont aussi les plus antisionistes, et les rapports US et israéliens parlent d’un soutien fourni à certains groupes rebelles à partir de 2013-2014, donc 2 ans après le début de la révolution syrienne.
« L’État hébreu a armé et versé un salaire à des milliers de combattants anti-régime pour sécuriser sa frontière et contrer l’influence de l’Iran en Syrie. La théorie d’un complot israélien a souvent été évoquée, tant par les partisans de Bachar el-Assad que par les soutiens de la rébellion syrienne, pour tenter de justifier le chaos actuel qui règne en Syrie. Pour les premiers, l’État hébreu aurait soutenu en sous-main les opposants islamistes au président syrien, pour obtenir sa chute et déstabiliser « l’axe de la résistance » irano-syrien à Washington et Tel-Aviv. Pour les seconds, l’État hébreu aurait au contraire tout fait pour maintenir au pouvoir le maître de Damas, son « meilleur ennemi », qu’il connaît parfaitement et qui n’a en réalité jamais inquiété Israël (…). e la revue américaine Foreign Policy vient apporter un éclairage nouveau sur le rôle d’Israël dans le conflit syrien. À l’issue d’une enquête fouillée publiée sur le site de la revue, la journaliste Elizabeth Tsurkov, également chercheuse au Forum Regional Thinking, un think tank israélien, affirme que l’État hébreu a secrètement armé et financé au moins douze groupes rebelles syriens, opérant dans le sud de la Syrie de 2013 à juillet 2018 (…). Si l’aide israélienne demeure largement inférieure à celle qu’ont pu verser les pays du Golfe ou les États-Unis, elle vient contredire le « ni Bachar-ni rebelles » annoncé depuis le début du conflit par l’État hébreu.
« Le but d’Israël était de limiter au maximum les incidents à sa frontière nord », souligne le chercheur Ely Karmon. Une stratégie qui fonctionne. Pendant quatre ans, seuls quelques tirs d’obus « perdus » se dirigent vers la clôture de sécurité d’Israël, qui réplique en attaquant des positions de l’armée syrienne, qu’elle tient pour responsable de la sécurité de la zone. En novembre 2016 pourtant, dans une rare escalade, un groupe local lié à l’organisation État islamique, les « C ombattants de la Brigade des martyrs de Yarmouk », prend pour cible une uni té de reconnaissance israélienne qui patrouille dans la « zone grise » qui délimite les deux frontières. L’incident, le premier du genre de la part de l’État islamique contre Israël, est resté isolé. Néanmoins soucieux de contrer la présence de Daech à ses frontières, l’État hébreu a éliminé lors de raids aériens plusieurs dirigeants djihadistes, et apporté un soutien aérien aux factions rebelles en guerre contre l’EI, en se gardant bien de se mêler de leur lutte contre Bachar el-Assad (…). À l’issue de nombreux échanges avec le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait obtenu de la Russie, parrain de Damas, que ce soit l’armée syrienne – et non les milices chiites – qui reprenne le contrôle de l’ouest de Deraa et de la ville de Quneitra, deux zones qui jouxtent la partie occupée du Golan. D’après l’accord, les forces de Téhéran seraient quant à elles censées se tenir à au moins 80 kilomètres de la frontière israélienne. (…) le ministre israélien de la Défense a pour la première fois admis que la reprise d’une grande partie du territoire syrien par les forces de Bachar el-Assad représentait certains avantages. « En Syrie, de notre point de vue, la situation revient à celle qui prévalait avant la guerre civile, a déclaré Avigdor Lieberman. À savoir qu’il y a clairement quelqu’un à qui s’adresser, quelqu’un qui est responsable et il y a un pouvoir central » »[20].
Mais pour en revenir au raisonnement de Rachid Achachi, il faut revenir au bon sens et aux données disponibles, à savoir que les groupes rebelles devaient alors savoir avec exactitude qu’Israël et le Hezbollah signeraient ce cessez-le-feu à ce moment précis, sachant qu’une opération d’une telle envergure exige de longs moments de préparation (cela ne se fait pas en quelques heures ou quelques jours seulement), beaucoup de renseignements et de logistiques, le feu vert de l’ensemble des groupes rebelles et ici aussi de la Turquie.
Par ailleurs, s’il disait vrai, alors il aurait été plus judicieux pour les rebelles d’attaquer justement avant le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah car le Hezbollah serait encore occupé au Liban contre l’invasion israélienne. Or, là le Hezbollah peut repartir en Syrie pour aider Bashar. On pourrait même penser que le Hezbollah et Israël ont préféré opter pour le cessez-le-feu afin d’aider Bashar contre les groupes rebelles, car la chute du régime syrien ne serait pas de bon augure pour le régime israélien. De plus, c’est Bashar qui a commencé à bombarder toute la région, tuant des civils, ciblant des écoles et des hôpitaux, et faisant plus de 14 000 déplacés parmi les civils, dans un contexte de pénurie. Il était alors logique que les groupes visés ripostent au moment qui leur semblait le plus opportun. Aussi, dans un conflit, chaque groupe ou état guette les opportunités pour remporter des victoires, et quand ils sont ennemis, ils réfléchissent rarement à l’intérêt général ou à une vision plus globale des choses, d’autant plus qu’ici, c’est en premier lieu la faute du régime syrien, car la population en 2011 demandait plus de justice et moins de tyrannie de la part de l’Etat, or en asphyxiant le peuple ainsi et en leur répondant toujours par plus de violence malgré leurs revendications légitimes et leurs manifestations pacifiques, cela n’a fait qu’accélérer le conflit puis l’intervention d’autres états.
Et enfin, Bashar, au lieu d’aider la Palestine et le Liban et riposter aux frappes israéliennes, ou au moins, neutraliser leurs frappes, préférait massacrer des civils Syriens et cibler des groupes rebelles (non-affiliés à l’impérialisme USraélien) qui étaient aussi des ennemis de Daesh.
Et contrairement à la propagande du régime syrien, les victimes du régime syrien ne sont pas que des « terroristes » d’inspiration wahhabite ou frériste, mais aussi des Sûfis, des Musulmans lambda, des Chrétiens et des laïcs, et ce depuis l’ère du tyran Hafez el-Assad, comme l’écrivait le syrien de culture chrétienne Moustafa Khalifé dans son livre autobiographique La Coquille: Prisonnier politique en Syrie (paru aux éditions Babel en 2012) qui s’est retrouvé torturé et emprisonné durant des décennies, accusé à tort d’être un frère musulman alors qu’il était chrétien (non-pratiquant) pour avoir simplement critiqué un trait physique de Hafez el Assad.
Alors qu’il était en France pour faire des études en relation avec le cinéma, lors d’une discussion, il émit quelques petites critiques sur le régime et le président, alors-même qu’il ne suivait pas trop l’actualité politique du pays et la situation à l’époque où il vivait en France (pendant son long séjour en France, au même moment en Syrie, Hafez el Assad avait ordonné le massacre de dizaines de milliers de syriens à Hama en 1982), mais un agent des renseignements syriens le repéra à ce moment-là et fit son rapport, puis l’envoya à ses supérieurs. A son retour au pays (Syrie), il fut arrêté à l’aéroport, et emmené directement en prison, sans aucun interrogatoire ni procès.
C’est alors qu’il décrit sa vie en prison, les tortures et les injures incessants que les soldats et gardiens de prison infligent aux prisonniers (femmes, jeunes enfants, adolescents, hommes, personnes âgées, etc.). Les conditions sont extrêmement difficiles, la dignité n’existe pas, et le code « éthique » des gardiens et soldats n’intègre que la barbarie la plus immonde, et toute valeur morale ou principe éthique y est absent (telles que les valeurs de compassion, de justice, de compréhension, de douceur, de dignité, de respect ou d’équité. C’est ainsi le règne de la terreur à l’intérieur des prisons, et à l’extérieur des prisons, où la liberté politique n’existe pas, car à la moindre critique ou contestation, à l’égard du régime en raison de ses injustices et de son oppression omniprésente, c’est l’assassinat ou bien l’emprisonnement.
Moustafa décrit aussi les différentes classes et tendances parmi les prisonniers des prisons où il fut emprisonné, tels que des Chrétiens, mais aussi et surtout des Musulmans initiés à des turûq (ordres) Sûfis et Sunnites (respectant la dignité humaine de tous, et se montrant justes, aussi bien avec les musulmans qu’avec les non-musulmans), des Frères musulmans modérés et d’autres qui sont radicaux (qui ignorent certains aspects et valeurs de l’islam, et qui se montrent très sectaires par rapport aux autres), des musulmans médecins et ingénieurs, et même des déserteurs de l’armée, etc. Certains musulmans engagés, instruits, justes et braves ont pris des risques et des coups à sa place pour le protéger (contre les tortures et coups des soldats, ou contre certaines menaces émanant de prisonniers parfois malveillants, énervés ou frustrés), et lui ont même sauvé la vie.
On y apprend aussi que le régime n’a rien d’islamique malgré quelques écriteaux et slogans officiels employant des formules islamiques, afin de ne pas inciter tous les Musulmans à contester leur autorité. Mais au niveau des officiers, des personnes influentes et haut-placées, c’est l’islamophobie qui constitue la norme, des gens très sectaires, violents et radicaux tout en étant « laïcs ». La constitution syrienne n’est pas basée sur l’Islam, et la politique syrienne ne s’inspire en aucune manière des valeurs islamiques. Elle est areligieuse, et même athée, en ce sens où la divinité ne peut résider qu’en la personne du chef d’état (et donc, implicitement, l’autorité ne reconnait pas la Souveraineté et la Législation du Dieu Transcendant et Immanent, Éternel et Immuable, Créateur et Maître de toute chose), et dont la seule religion étatique, dans la pratique, est celle de l’amour de la patrie, mais subordonnée à l’allégeance inconditionnelle au chef d’état (et où tout le peuple a le devoir de se sacrifier pour lui) corrompu et tyrannique. De nombreux prisonniers meurent en prison, et certains furent arrêtés sans raisons précises, ou par simple soupçon. Certains agents et soldats violaient les filles ou les femmes des prisonniers devant eux, ou torturaient leurs fils.
Dans les prisons, des chansons à la gloire du président tournent en boucle pour réduire l’influence spirituelle et religieuse sur les prisonniers, et la prière y est interdite. Prononcer des Bénédictions divines sur le Prophète (chose que fait généralement tout musulman sur la personne de tous les Prophètes) est susceptible de tortures et d’insultes (notamment des insultes touchant le Prophète et sa mère).
Il relate également certains propos ironiques des soldats, lorsque, pour justifier les sévices infligés aux prisonniers Musulmans, disent « nous sommes un état musulman, donc on torture les musulmans », puis traitant de chiens, d’ânes, de « merde » les prisonniers, et les faisant boire l’eau mélangée avec leurs crachats, leur urine, leurs excréments, etc.
La cruauté des soldats du régime parait ne pas avoir de limites, tellement que les techniques et modalités dans leur application de la torture, émanent d’une créativité, à ce niveau, où l’innovation est régulière, redoublant d’ingéniosité dans la torture et la cruauté, dont de nombreux cas de tortures atroces, plus même que ceux de Daesh ou de l’armée américaine en Irak, ont été dévoilés lors de la guerre civile syrienne en 2011, cette fois-ci sous Bashar el-Assad.
Ainsi, déjà sous l’époque du père de Bashar, les Syriens en avaient ras-le-bol et avaient amorcé un début de révolution, qui fut malheureusement rapidement matée à l’échelle collective. C’est un fait connu, mais que les conspirationnistes sur le cas syrien feignent d’ignorer dans leur analyse géopolitique de la révolution syrienne.
D’ailleurs, de nombreux fonctionnaires et soldats du régime, ont appris leurs techniques de manipulation, d’oppression et de torture, en Russie, aux Etats-Unis, en France, etc.
La situation n’a malheureusement pas pris fin avec la mort de Hafez el Assad, et perdure toujours depuis, sous le pouvoir de son fils (Bashar). Tous les troubles en Syrie n’avaient donc pas commencé qu’en 2011, mais bien avant, et où ni Hafez ni Bashar, n’ont pris les mesures adéquates pour réduire la souffrance du peuple, opéré les réformes nécessaires, changé les mentalités rétrogrades et les attitudes violentes des autorités. Ils sont la cause-même des révoltes et des actions menées par le peuple pour combattre l’oppression et l’instaurer une véritable justice, et ce n’est que dans un second temps, que d’autres Etats ont tenté de récupérer ou d’instrumentaliser la révolution syrienne – réellement populaire – pour leur propre agenda politique.
Le témoignage de Moustapha est donc instructif, terrible, cruel, émouvant, touchant et poignant, où l’on voit l’évolution intellectuelle de l’auteur : ignorant de sa propre tradition religieuse et celle de l’islam, méconnaissant la situation politique de la Syrie lors de son séjour en France, et ne se doutant pas un seul instant de ce qui l’attendra à son retour en Syrie. Quelques préjugés de l’auteur (notamment ceux émanant des idéologies occidentales, auxquelles l’auteur adhère en partie), tout comme certaines réflexions parfois déplaisantes, gâchent un peu le contenu et le plaisir de la lecture, mais les détails et les informations qu’il donne objectivement sur les conditions de vie en prison, et sur sa position de chrétien non-religieux, au milieu d’une majorité de prisonniers de confession musulmane enfermés injustement par le régime syrien, font que cet ouvrage demeure des plus intéressants.
Avant son passage en prison, sa vision du monde était assez pauvre, « naïve » et peu spirituelle ou préoccupée par le sort des autres, mais une fois en prison, il changea quelque peu sa perception des choses et sa vision de la vie, se tournant parfois vers Dieu (notamment en quelques occasions par « profond désespoir », et d’autres fois en voyant la force prodigieuse et la détermination sans faille de certains prisonniers Musulmans profondément pratiquants.
Notre amie Inès T., universitaire qui a aussi travaillé sur l’histoire politique syrienne avait commenté ce livre en 2015, en disant : « Moustafa Khalifé est un militant syrien des droits de l’homme. De culture chrétienne, il fut cueilli à l’aéroport à son retour de France, où il était parti faire ses études, et fut incarcéré dans la tristement célèbre prison de Palmyre, pour un « motif » absurde qu’il ne connut que 12 ans plus tard, à sa libération.
C’est le témoignage de ces 12 années infernales qu’il nous livre dans « la coquille ». Entassement de plusieurs dizaines de personnes dans une même cellule. Coups de fouet en allant chercher la soupe. Coups de fouets en allant à la douche, coups de fouets en en sortant. Une centaine de coups de fouets au hasard, lorsqu’un gardien décide de « pointer » un prisonnier de la cellule. Une centaine de coups de fouets lorsque le directeur de la prison décide d’appliquer une punition collective aux prisonniers. Famine organisée. Coups de fouets et sévices lors de la « promenade », prisonnier obligé d’en abuser d’un autre. Hommes paralysés, ou aveuglés par les coups de fouets. Humiliations diverses, crachats dans la nourriture, insultes. Exécutions.
Les prisonniers. Pour l’essentiel, des militants islamistes, très éduqués (beaucoup de médecins spécialisés, des ingénieurs, des avocats) et issus de milieux aisés pour la plupart. Une frange de jeunes radicaux. Parce qu’il a dit être athée, Moustafa Khalifé fut longtemps considéré comme un espion du régime, et méprisé pour cela. Il s’enferma alors dans une “coquille”, où il observait le monde en ne parlant à personne. Heureusement, il put compter sur l’humanité des leaders de ces groupes, qui décidèrent de le soutenir et de le protéger contre ceux qui voulaient s’en prendre à lui, et allèrent, eux ainsi que leurs militants, jusqu’à s’opposer par la force à un leader radical récemment arrêté et qui avait décidé de s’en prendre à lui.
Ainsi, en décrivant ses codétenus, Moustafa Khalifé esquisse un début de description intéressant et nuancé des mouvements d’opposition en Syrie : des « communistes », militants de gauche, laïcs, d’une part, et d’autres part, des islamistes, parmi lesquels des cadres et des militants très éduqués et aussi humains, mais aussi des radicaux ultra-violents. Comme il l’explique, il y a les radicaux, qui prônent l’usage d’une violence extrême et indiscriminée, mais aussi les politiques, les pacifiques, les membres de cercles soufis (le soufisme est la tradition spirituelle de l’Islam appartenant à l’Islam sunnite classique, « orthodoxe »).
Les radicaux semblent surtout être des jeunes issus, contrairement aux autres islamistes, de milieux moins favorisés, et qui, en l’absence de leader manipulant leurs sentiments d’injustice et en profitant pour prôner la violence, sont capables d’avoir un comportement « normal », humain : « la plupart des radicaux sont jeunes et au fond plutôt bons et candides, tant que ne surgit pas un Abou Al Qa’qa ou un Abou Qatada ! » (p.204).
Des observations à prendre en compte si l’on s’intéresse à la dramatique question de l’émergence et de la gestion de groupes radicaux dans ces pays soumis à un régime tyrannique et oppresseur, coupables de traitements aussi cruels que ceux décrits dans ce témoignage. S’il y’a bien une situation où il ne fait pas de doute que l’extrémisme est lié à un vécu réel de violence et d’injustice, c’est bien celle de ces pays soumis à des régimes despotiques. Tout en sachant que la plupart de ceux qui rentrent dans l’opposition ne tombent pas dans le radicalisme.
Une description intéressante est également donnée de ces terribles gardiens, coupables de si cruels sévices : ils sont recrutés parmi les prisonniers de droit commun. Sans aucune perspective autre que celle de la torture qu’on les force, au début, à perpétrer, ils s’enlisent peu à peu dans une impasse de cruauté dont ils ne voient plus comment sortir, et c’est ainsi qu’ils se transforment en ces bourreaux commettant avec « joie » les mêmes sévices qui les faisaient vomir au début. C’est le même processus pour ceux des bourreaux qui ont été recrutés parmi les jeunes faisant leur service militaire.
La solidarité et le courage. Un groupe de jeunes se porte systématiquement volontaire pour recevoir les coups de fouets à la place des autres. La nourriture est partagée équitablement. Lorsqu’un prisonnier reçoit des vivres de sa famille, tout est réparti équitablement entre l’ensemble des prisonniers (y compris le narrateur). De l’argent est réunir pour corrompre les gardiens, le directeur, et acheter des médicaments, soigner les maladies. Les noms des prisonniers exécutes sont retenus et mémorisés par coeur.
Pourquoi ces gens sont-ils en prison ? Beaucoup, bien sûr, parce qu’ils s’opposent au régime, y compris lorsque leur engagement était pacifique. D’autres, parce qu’il fallait bien arrêter des gens, et qu’ils ont un jour été ramassés arbitrairement alors qu’ils vaquaient à leur occupation. D’autres parce qu’ils priaient et faisaient le Ramadan. D’autres parce qu’ils avaient un lien de parenté avec un syrien décrit comme radical. D’autres parce qu’ils se sont moqués du président.
Voici ce qu’est la dictature. Peut-on continuer à soutenir ce genre de régimes, et à faire nôtres les prétextes invoqués par les despotes pour justifier les répressions, juste parce qu’ils s’accordent tristement avec nos préjugés ? Combien faudra-t-il de récits, de témoignages, de chiffres, pour ouvrir les yeux ? Ces régimes sont à l’origine du chaos actuel. On prédisait leur “adoucissement”, on en vantait les “bienfaits”, on justifiait la répression qu’ils menaient : ils n’ont produit que violences, haines, radicalisme, et loin de s’infléchir, se sont mis à user d’une violence encore plus grande qu’auparavant pour se maintenir. Le cas syrien est un cas d’école. Espérons qu’il serve aux générations futures ».
Le chercheur et islamologue Eric Geoffroy faisait remarquer que dans le terrible carnage de Hama en 1982, le régime syrien y massacra bon nombre de Sûfis et de Muftis traditionnels : « À propos du consensus sunnite contre le pouvoir [ndt : du régime syrien du clan Assad], il ne faut pas oublier que la répression orchestrée par celui-ci a touché, outre les Frères musulmans, tous les milieux religieux. Il y avait donc une quasi-unanimité sur la nécessité de se débarrasser de ce régime. Seules divergeaient les méthodes, et il est intéressant de relever que les options choisies ne déterminent pas un clivage entre soufis et Frères musulmans, mais qu’elles partagent en leur sein l’un et l’autre courants :
Certains se sont prononcés en faveur d’une méthode douce, cherchant au préalable à réformer en profondeur les mentalités. Selon eux, le peuple syrien n’était pas mûr pour une révolution islamique. Telle était la position du leader des Frères musulmans exilé en Allemagne, ‘Isâm al-‘Attâr, rapidement mis en minorité par les partisans de la lutte armée. À l’instar des ulémas et des soufis de Damas, les Frères de cette ville se montraient également plus souples en la matière que ceux du nord du pays : l’appareil répressif y était évidemment beaucoup plus présent qu’ailleurs. Certaines personnalités religieuses ont tenté d’atténuer l’opposition du parti Baath envers la religion, et d’éviter que survienne une rupture totale entre les deux. Le shaykh Kuftârû ne prône pas seulement un islam tolérant et éclairé ; il appelle également à l’unité arabe. De même qu’al-Bûtî, il entretient jusqu’à maintenant une relation privilégiée avec le président Hafez al-Assad, dont l’ouverture à un islam sunnite non politisé se manifeste d’ailleurs de plus en plus. D’aucuns accusent ces shaykh de compromission avec le régime. Contentons-nous de remarquer que réapparaît ici l’accusation trop facilement maniée dans l’histoire islamique de la corruption des ulémas à la solde du pouvoir.
Les partisans de la lutte armée se trouvaient plutôt – on l’a vu – dans les régions de Hama et d’Alep. On ne saurait sous-estimer la participation des soufis, principalement shâzilis, à cette lutte. Y ont contribué les disciples de ‘Abd al-Qâdir ‘Isâ, shaykh maintenant exilé en Jordanie, ou encore ceux du shaykh ‘Abd al-Ghaffâr al-Durubî, de Homs, qui ont été massacrés dans leur prison de Palmyre le 26 juin 1980, partageant ainsi le sort de Frères musulmans. Ainsi F. de Jong affirme peut-être trop hâtivement que « le cas de la Rifâ’iyya de Hamâ est le seul cas connu de répression directe contre une confrérie ». Le rôle des soufis a également été minimisé dans ce qu’on appelle pudiquement les « événements de Hama » de février 1982, au cours desquels il y aurait eu jusqu’à 25 000 morts*. Cette ville, fief du radicalisme sunnite, témoigne en effet d’une implantation ancienne et profonde du soufisme. La grande famille Kîlânî, qui descend du saint de Bagdad ‘Abd al-Qâdir al-Jîlânî, s’engagea totalement dans le combat, notamment Munîr Kîlânî, un soufi shâzilî ; la plupart de ses membres furent tués, leur zâwiya et leurs quartiers rasés. En tout état de cause, l’insurrection armée de la population ne peut être imputée aux seuls Frères musulmans, comme l’ont prétendu les dirigeants syriens. Les divers rapports montrent que le mufti et les ulémas de Hama ont été exterminés. Les chefs des Frères musulmans auraient même pu prendre la fuite, semble-t-il, alors que beaucoup de sunnites traditionnels n’ont pas échappé au carnage. (…) divers exemples montrent à l’évidence que le soufisme significatif – et non le dervichisme de quartier, peu important en Syrie au demeurant – attire les classes moyennes et même supérieures de la société. Du fait de cette diffusion, peut-être ce soufisme a-t-il moins d’exigences spirituelles ou initiatiques ; car il s’efforce avant tout de préserver les valeurs islamiques d’une société désormais largement perméable à l’influence occidentale »[21].
* En réalité, jusqu’à 40 000 morts selon plusieurs sources[22].
Le régime israélien et le régime syrien se ressemblent énormément : tortures et arrestations arbitraires par milliers, destruction du patrimoine islamo-chrétien en Palestine, en Syrie et au Liban, massacres de masse de civils et punitions collectives, déplacements massifs de réfugiés, terrorisme d’Etat, soutien à des groupes radicaux et terroristes, régner par la peur et la terreur, violations répétées des accords et du cessez-le-feu, etc.
On peut dire aussi que la Syrie est le théâtre de toutes les trahisons, à commencer par la trahison du régime syrien à l’égard des peuples irakiens, syriens et palestiniens face à l’impérialisme USraélien et à leur propre tyrannie, ainsi que leur trahison à l’égard de l’Iran, la trahison de la Russie en s’alliant avec Israël contre l’Iran, celle de plusieurs groupes rebelles qui ont changé d’allégeance au fil du temps.
Mais au début de la révolution, les rebelles auraient dû commencer par négocier avec la Turquie, la Russie et l’Iran plutôt qu’en faisant cavaliers seuls pour les plus indépendants, ou en faisant confiance à l’Occident meurtrier comme l’ont fait certains. Cela aurait pu éviter éventuellement le prolongement et l’intensification d’une guerre civile terrible et d’une grande intensité. L’immaturité d’une partie des groupes rebelles, suivie du manque de vision politique claire et enfin d’une influence toxique du wahhabisme au sein de certains groupes rebelles, ont mené à l’échec de la révolution, mais depuis quelques années, les groupes rebelles ont gagné en maturité et en compétence, et certains se sont assagis en s’éloignant du wahhabisme.
Concernant Al-Qaïda, ce groupe était composé de 2 tendances, la 1ère qui refusait de lancer les hostilités et qui n’acceptait que la légitime défense et cibler les forces militaires ennemies qui entraient en guerre avec eux, en interdisant de tuer les civils. Et la 2ème tendance qui elle ne cherchait pas à se créer des ennemis non plus, mais qui était plus radicale, appliquant la loi du talion de façon contraire à l’Islam, par exemple « s’ils tuent 200 de nos enfants, alors on peut tuer aussi 200 de leurs enfants » rappelant la conception tribale de la loi du talion que l’Islam est pourtant venu abolir, car on ne châtie jamais les innocents et les non-combattants. Mais leur conception tribale reste plus modérée que celle des pouvoirs américains et israéliens qui eux appliquent une politique bien plus sanguinaire et fanatique, à savoir « s’ils tuent un de nos soldats ou de nos citoyens, on en tuera 1000 fois plus chez eux et on rasera leurs villes et leurs pays », ce qui s’est vu au Japon (qui avait alors déjà capitulé) avec les 2 bombes atomiques, en Irak, en Palestine, en Afghanistan, en Syrie, etc. En raison du fait qu’Al-Qaïda se concentrait essentiellement à frapper les forces américaines dans les pays musulmans qu’ils avaient envahi, et qu’ils dénonçaient les régimes tyranniques (sécularisés) qui opprimaient les Musulmans, leurs attaques n’étaient pas sectaires et ils n’étaient pas violents envers les Shiites non plus. Leur leader, Ussama Bin Laden avait lui-même une mère alaouite et un père « sunnite ». Dans ses discours, il disait que : « tant que les forces shiites vous laissent tranquilles, ne les attaquez pas ». Raison pour laquelle l’Iran protégeait aussi Al Qaïda durant des années, et ce jusqu’en 2011 environ, où Al-Qaïda prit clairement le parti des révolutionnaires contre la barbarie du régime syrien. Pendant longtemps, des hauts dirigeants d’Al-Qaïda se réfugiaient en Iran, en raison des intérêts communs entre les 2 parties, du moins jusqu’en 2011 d’après nos informations.
Pour les Frères Musulmans (du moins pour la plupart jusqu’au début des années 2000, car d’autres se méfiaient de l’expansionnisme irano-persan et d’une politique visant à affaiblir le monde arabe), eux et l’Iran de Khomeiny étaient des alliés jusqu’à la fin des années 80 au 20e siècle (car après la mort de Khomeyni en 1989, sous l’ayatollah Khamenei, cette alliance s’amenuisera progressivement, notamment au fur et à mesure de la corruption politique sous Khamenei et ses multiples trahisons envers les forces sunnites et arabes), ce qui réfute aussi la thèse actuelle de certains auteurs (comme Alain Soral, Thierry Meyssan, Youssef Hindi et d’autres) qui ne voient dans ce mouvement qu’une création de la CIA et du Mossad alors que ce n’est pas du tout le cas, du moins ni à ses débuts (par exemple les premiers résistants au sionisme sont des leaders musulmans sûfis, puis à la chute du Califat ottoman, les premiers Frères musulmans sont généralement sûfis et luttent contre les groupes terroristes sionistes en Palestine – comme le célèbre Shaykh ‘Izz ud-Dîn al-Qassâm qui était Sûfi -, mais au fur et à mesure, le salafisme influence une partie du frérisme qui se politise au sens moderne du terme, en négligeant souvent la profondeur du Tasawwuf et la science/discipline de l’adab). Puis le mouvement, comme tant d’autres (laïcs, marxistes, jihadistes, etc.) seront infiltrés à différents degrés par des agents israéliens et américains, ainsi que britanniques, soviétiques puis russes, et des services des renseignements des pays arabes sécularisés.
Quant à Daesh, cette organisation nébuleuse a bénéficié autant à Israël qu’au régime syrien dans la région, car avant son apparition en Syrie, les rebelles avaient clairement l’avantage. Et Daesh s’était focalisé essentiellement à attaquer les rebelles parmi les forces musulmanes en priorité, avant que le régime syrien et Daesh se mettent à se combattre l’un contre l’autre lorsque l’opposition syrienne a été fortement affaiblie. Paul. L. Williams, décrit comme étant un journaliste et un ex-conseiller en contre-terrorisme du FBI affirmait le 20 juillet 2017 sur la chaine RT (Russia Today) dont le titre de l’émission était The World not as it seems : « Nous avons créé Daesh, c’est une création de la CIA (et du Mossad). Quand les combattants de Daesh sont blessés (en Syrie), on les soigne en Israël » (diffusée aussi sur Dailymotion : https://www.dailymotion.com/video/x69d4o1 ; bien qu’il ait raison sur ce point, il semble mélanger aussi certains groupes rebelles aussi avec Daesh, mais il faut dire que les frontières et allégeances sont tellement changeantes, compliquées et poreuses, que la majorité des gens s’y perdent ; bien qu’il ait raison sur ce point, il y a des erreurs et confusions sur d’autres points, et il semble mélanger aussi certains groupes rebelles aussi avec Daesh, mais il faut dire que les frontières et allégeances sont tellement changeantes, compliquées et poreuses, que la majorité des gens s’y perdent. Sur la Turquie, Erdogan et Fetullah Gülen il confond aussi certaines choses, et Gülen, bien qu’agent de la CIA, était quelqu’un d’assez éduqué et non pas un simple « random »).
Mais le régime syrien et la Russie ont aussi piloté Daesh durant un moment, tout en l’infiltrant, afin d’affaiblir l’opposition syrienne qui avait clairement l’avantage face au régime syrien durant les premières années de la guerre, malgré le soutien russe, ce que confirmeront aussi des combattants de Daesh (dont les témoignages furent diffusés sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter à l’époque), justifiant cela par le fait que l’opposition syrienne était la priorité à combattre, avant même Israël et le régime d’Assad.
En 2017, le secrétaire du Parlement syrien, Khaled Abboud affirmait que le régime syrien avait infiltré et piloté Daesh afin de les orienter dans des attaques terroristes afin de cibler la Turquie.
Il s’agit d’une méthode classique, employée par la France en Algérie (au 19e et au 20e siècle) puis par les généraux laïcs algériens contre l’opposition dans les années 1990, la Russie en Tchétchénie dans les années 90 et 2000, ainsi qu’en Syrie par le régime syrien et d’autres pays, où leurs agents infiltrent les mouvements politiques ou armés de l’opposition, et fondent des groupes dits jihadistes et radicaux pour affaiblir l’opposition et justifier la politique terroriste massive des régimes laïcs et sécularistes contre la population et l’opposition, espérant aussi que la population rentre dans le rang, se soumette au pouvoir politique et se retourne si possible contre les groupes armés de l’opposition, comme le révélaient des journalistes français également : « Des témoignages historiques, issus d’auteurs et militaires français, faisaient état des intentions génocidaires et barbares de la France républicaine en Algérie. Au 20e siècle, la France engageait des agents et mercenaires pour se faire passer pour des rebelles algériens pour commettre des massacres afin de retourner l’opinion publique. Les généraux laïcs algériens, dans les années 90, reprendront la même stratégie. Ils ont ainsi créé, piloté et/ou financé selon les cas des mouvements radicaux « jihadistes ». Autant de faits choquants révélés par des enquêtes indépendantes » (“Terrorisme en Algérie – Les autorités françaises et les généraux et leurs opérations false flag”, Editions Hanif, 24 mai 2024 : https://youtu.be/dcl9GHeF_Fs).
Le discours des pro-Assad ne tient pas à l’épreuve des faits, et leur rhétorique cache les nombreuses aberrations logiques et les dénis flagrants dès lors qu’il s’agit d’argumenter à partir des faits. Ils condamnent fermement – et à juste titre – les atrocités commises par Tsahal envers les Palestiniens, les Libanais ou les Syriens, mais soutiennent bec et ongle les nombreuses atrocités du régime syrien contre les Syriens et Palestiniens de Syrie ; bombardements massifs, punitions collectives, tortures à l’échelle industrielle, actes d’une singulière barbarie comme jeter du haut des toits des femmes enceintes ou des enfants (afin de les tuer dans d’atroces souffrances et de terroriser la population civile et les résistants) – méthodes utilisées aussi par Tsahal (cf. les vidéos où on les voit agir ainsi depuis le 7 octobre 2023) -, destruction du patrimoine historique de Syrie et destruction des hôpitaux, des écoles et des sanitaires, refus de la paix et de négocier pour plus de sécurité, de justice et de redistribution de richesses – ce qui impliquerait que le régime syrien renonce à son système mafieux, ce qui est intolérable aux yeux de cette mafia -.
De même, ils se plaignent, et à raison, de la dictature qu’il y a en France et des atrocités commises par les USA dans de nombreux pays, mais approuvent ou feignent d’ignorer les terribles massacres commis par la Russie et le régime syrien, et la dictature bien plus brutale qu’il y a en Syrie, où les opposants sont torturés, humiliés et assassinés de façon massive. Ils soutenaient Khadafi en Libye (dictateur aux déviances sexuelles certes, mais qui avait aussi apporté beaucoup de bien à la Libye et à l’Afrique) alors que le régime syrien, le Hezbollah et l’Iran approuvaient sa chute, comme le Qatar, Israël, les Etats-Unis et la France, même si l’Iran et le Qatar ont officiellement (ou extérieurement) dit avoir regretté cela, ou du moins l’invasion occidentale et les méthodes utilisées.
La géopolitique est une chose fort complexe à notre époque, puisque rien n’est simple ou binaire ; des dictateurs laïcs qui se réfugient en Arabie Saoudite (comme Ben Ali, ancien dictateur laïc de Tunisie) pays officiellement wahhabite et monarchique, des pseudo-démocraties sanguinaires (USA, France, Israël, …) qui soutiennent des dictatures ainsi que l’Arabie Saoudite, l’Iran qui opprime aussi des Shiites et s’allie avec des pays non-musulmans contre un pays shiite (certes sécularisé aussi) comme l’Azerbaïdjan ; des savants shiites (à l’instar des savants shiites Nimr Baqr al-Nimr et Subhi al-Tufayli) qui s’opposent à Bashar el-Assad le laïc et des sunnites qui défendent l’Iran et le régime syrien ; des antisionistes qui défendent de façon inconditionnelle la Russie alors que celle-ci reste un allié influent et un protecteur du régime sioniste dans les faits ; l’Egypte et les Emirats arabes unis qui sont prosionistes défendent le régime syrien (lui aussi allié – au moins de circonstance – du régime israélien) ; la mafia Assad qui a trahi les Syriens, les Palestiniens et l’Irak de Saddam Hussein depuis l’époque de Hafez el-Assad ; certains groupes rebelles salafistes qui prétendent à la justice et à la fin de l’oppression mais qui versent dans le kharijisme et le terrorisme en réaction aux atrocités et au sectarisme d’autres milices identitaires (qu’il soit laïc, marxiste ou shiite) ; les pro-Assad qui oublient que le Hamas soutenait les rebelles Syriens lors de la révolution de 2011 ; les pro-Assad qui taxent de daeshites les groupes rebelles sunnites anti-Assad qui ont aussi lutté contre Daesh ; la propagande autour des Kurdes alors qu’on retrouve des forces Kurdes dans l’armée turque et les rebelles sunnites en Syrie et en Irak, des Kurdes au sein de Daesh, des Kurdes apolitiques, des Kurdes chez les Yézidis, des Kurdes au sein du PKK/FDS/YPG eux-mêmes opposés aux Kurdes irakiens des Peshmerga du Kurdistan autonome irakien (allié de la Turquie), etc.
Plus que jamais, les schémas manichéens sont obsolètes et il faut réintroduire de la complexité.
Le Shaykh Sa’îd Hawa (1935 – 1989), à la fois sûfi, juriste hanafite et chef d’une branche armée des Frères Musulmans (qui selon les cas peuvent être plus proches de l’islam traditionnel et spirituel que du courant salafiste ou wahhabite), résistant à la tyrannie de la mafia Assad, disait : « Notre époque (corrompue et décadente) est celle de l’avidité et du matérialisme (…) et seule l’éducation proposée par le Tasawwuf (soufisme) peut contrecarrer ce phénomène »[23].
Citons aussi la déclaration de DabîhAllah Mujâhid, le porte-parole de l’Émirat Islamique d’Afghanistan, qui a défait les forces occidentales (et surtout américaines), en fin novembre 2024 qui a dit : « L’Émirat islamique d’Afghanistan félicite les musulmans en général et spécialement les habitants du Shâm pour la conquête d’Alep. Nous félicitons la Ummah pour cette victoire et disons : La sincérité envers Allâh, l’union des rangs, la modestie, le pardon et la miséricorde envers les gens sont et ne cesseront d’être la base de toute victoire parmi les victoires des musulmans ». Ici, il dit vrai, puisque l’Islam ordonne aux combattants musulmans de se prémunir contre toute forme de terrorisme, de tyrannie et d’oppression, même envers les combattants ennemis (et devant encore plus épargnés les civils du camp ennemi), et concernant la gestion de l’Etat, d’appliquer les choses avec intelligence et sagesse, en prenant en compte les réalités sociopolitiques, d’éduquer les gens, de leur assurer la sécurité et la dignité, et de ne pas appliquer les hudûd n’importe comment ou d’appliquer à la place des mesures ou peines plus souples ou légères en cas d’infractions si cela permet d’éviter un plus grand mal ou le chaos dans la société. Le problème étant que peu de groupes armés sont encadrés par de véritables maîtres spirituels et connaisseurs du fiqh (de ses ussûl, de ses maqâsid, de la prise en compte du contexte et du ‘urf, de la connaissance de la psychologie et de la sociologie, etc.) sans même parler des agents infiltrés dans ces groupes pour les détourner de la justice et de la sagesse, et semer ainsi le chaos et alimenter la radicalisation pour l’intérêt d’autres états (occidentaux ou autres). Mais ce qui se rapprocherait le plus d’un état islamique globalement conforme à la Shar’îah actuellement, concernant la gestion politique de la société, ce serait le Sultanat d’Oman, qui offre un bon équilibre entre Tradition et modernité, respect de l’identité religieuse et culturelle et ouverture au monde, respect des citoyens nationaux et des minorités religieuses et ethniques, bon développement du pays, etc. Le problème actuellement des Talibans est leur dissension interne dans la façon de gérer les aspects spirituels, culturels, artistiques et professionnels (dans les métiers) de la cité, car 2 tendances s’affrontent en leur sein. Si on peut s’accorder sur l’excellent travail afin de sécuriser le pays contre le terrorisme (notamment de Daesh, instrument de la politique US dans le pays) et l’insécurité, dans la lutte efficace contre le trafic de drogue et la toxicomanie et dans la sécurité pour que les femmes soient protégées des violeurs, des dragueurs ou des mariages forcés, les autres aspects sont plus que mitigés et problématiques, même en dehors de la propagande actuelle qui vise les Talibans (car il y a encore plus de 120 000 femmes qui travaillent dans le secteur de la santé, et d’autres qui travaillent en nombre dans l’agriculture, l’enseignement pour les enfants, et encore – mais bien moins – dans les médias, le journalisme, le gouvernement, etc.) et aussi la confusion entre les recommandations officielles du pouvoir taliban qui peuvent être perçues comme « stricts » ou « invivables » mais qui ne sont pas punissables en cas de non-application de leurs recommandations. Aussi les femmes peuvent parler en public mais pas crier ou chanter en public devant des étrangers ou des hommes ne faisant pas partie de leur cercle familial, contrairement aux fakes news des médias occidentaux. Par ailleurs, certaines situations changent selon les régions (plus ou moins conservateurs). Mais au fond, le problème réside dans l’absence de souplesse de la mentalité tribale pashtoune lorsqu’elle veut s’imposer dans les autres régions plus urbaines et « raffinées » (dans les arts et les activités spirituelles, intellectuelles ou sportives) où d’autres ethnies et sensibilités psychologiques et spirituelles prédominent.
Ceux qui affirment vouloir appliquer la Shar’îah devraient méditer sur ceci : Un jour, le calife omeyyade célèbre pour sa justice et sa droiture, le Salaf ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azîz (descendant du Sahabi ‘Umar et contemporain et ami du tabi’i Hassân al-Basrî et de Muhammad al-Bâqîr) fut interpelé en ces termes par son fils : « Père, pourquoi n’appliques-tu pas [toutes] les choses ? Je ne me soucie pas que moi et toi ayons à supporter des difficultés à cause de la vérité”. Le sage ‘Umar répondit : “Ne te presse pas, mon fils. Car Allâh a, dans le Qur’ân, critiqué 2 fois l’alcool, (puis,) la troisième fois, l’a interdit. Je crains que si j’applique d’un coup aux gens (tout) ce qui est vrai, ils rejettent d’un coup (tout ce qui est vrai) ; et que naisse à cause de cela une fitna »[24].
L’érudit et savant ‘Abd Allâh al-Mâliki a dit : « De même, établir la justice et confirmer la vérité est une partie essentielle de la sharî’a de Dieu. De même, l’ordre de faire le bien et l’interdiction de faire le mal sont un des piliers de la sharî’a. De même, l’action de s’entraider dans la bienfaisance et la piété ou le fait de dire la vérité devant un chef inique représentent une partie principale de la sharî’a. Je dirais même plus, se rendre utile à autrui, bien traiter les animaux et les plantes, respecter et préserver l’environnement et la nature, font partie de la sharî’a. Tout ce qui contribue à donner à l’homme sa dignité ou à la concrétiser ou à la renforcer, tout ce qui contribue à élever celui-ci matériellement et spirituellement, tout ce qui constitue une utilité ou une amélioration sur la terre relève de la sharî’a et constitue un moyen d’en établir les fondements. Toute œuvre, tout effort qui vise à écarter l’injustice, l’oppression ou empêche la corruption et le préjudice sur la terre, entre dans le cadre de la sharî’a »[25].
L’imâm Ibn al-Qayyîm a dit dans I’lam al-muwaqqi’in (3/14-15) : « Il s’agit d’un chapitre extrêmement bénéfique dont l’ignorance a provoqué une énorme confusion au sujet de la Législation (Sharî’ah), ce qui a impliqué la gêne, la difficulté et l’imposition de ce qui est insupportable et que la formidable législation – qui se situe au plus haut degré des intérêts – ne pourrait apporter. Car, en effet, la Législation est établie et fondée sur la prise en compte des finalités et des bénéfices (pour les créatures), dans ce bas-monde et dans l’au-delà. Elle est dans sa totalité justice, miséricorde, bénéfices (bienfaits) et sagesse … Ainsi toute question qui dévie de la justice vers l’injustice, de la miséricorde vers son opposé, de l’intérêt vers le préjudice, de la sagesse vers la frivolité, ne fait pas partie de la Législation [la loi islamique] même si on l’y insère par (mauvaise) interprétation ».
Pour les imâms Ahmad al-Rûmî al-Aqhisari (m. 1632) et Ismail Haqqi Bursevi (m. 1725) : « La Shar’îah doit être mise en œuvre comme un moyen de freiner le despotisme et l’injustice des dirigeants et des juges, et doit être une barrière contre la tyrannie et l’oppression … »[26].
Le problème de ceux que l’on appelle islamistes, est que même s’ils peuvent être de très bons stratèges et combattants, ils n’ont généralement pas la sagesse, la clairvoyance, la patience, la science approfondie et la connaissance subtile pour comprendre ou appliquer la Shar’îah en prenant en compte le contexte (économique, psychologique, sociologue, etc.) et délaissent un peu trop les maqasîd as-Shar’îah et l’importance d’une éducation spirituelle, morale et sociale saine avant d’imposer des lois sur une population noyée dans les superstitions (notamment le tribalisme, la misogynie, le sexisme, le matérialisme, le nationalisme, etc.) et les addictions avilissantes (alcool, drogue, tabac, fornication, etc.) depuis plusieurs décennies.
Aussi, la confusion entre la Shar’îah et le fiqh et la faible maitrise des sciences du fiqh et de la politique, et la négation ou la lutte contre la spiritualité chez certains, ont causé d’énormes troubles et problématiques dont les répercussions se font encore ressentir de nos jours.
Finalement, le dossier syrien est un excellent révélateur pour identifier les ignorants (ou amateurs ne maitrisant pas les sujets qu’ils abordent), les traitres et les agents.
Wa Allâhu a’lam.
Notes :
[1] Par exemple dans cette vidéo “L’État Profond joue ses Dernières cartes #Octogone52 01/12/2024”, Scanderia : https://youtu.be/zZHu3BYCdv4
[2] “Mossad thinks Turkey is a bigger menace than Iran”, The Times, 18 août 2020 : https://www.thetimes.com/article/loose-cannon-turkey-is-rattling-its-neighbours-72032kp0z et “Israeli military and intelligence assessments see Turkey as growing threat”, The Jérusalem Post, 23 août 2020, https://www.jpost.com/middle-east/israeli-military-and-intelligence-assessments-see-turkey-as-growing-threat-639629
[3] https://x.com/Rachid_Achachi/status/1862409209058336821
[4] Le terme « jihadiste » est devenu un mot fourre tout pour désigner tout musulman qui serait aussi engagé dans un processus politique, politique devant être encadrée par les principes et valeurs de l’Islam comme la vertu, la justice, l’équité, la compassion, la pudeur, la décence, etc. mais dont les différents courants divergent sur le dispositif pénal en cas de crimes ou de délits commis sur la place publique (comme le meurtre, le terrorisme, l’adultère, l’ivresse, la fornication, le blasphème assumé et provocateur, la sorcellerie, etc.). Mais chez les pays occidentaux et d’autres comme la Russie et la Syrie, cela englobe aussi bien les résistants intègres et respectueux des autres communautés, que les mouvances radicales comme Daesh, et d’autres y intègrent aussi le Hezbollah parmi les « jihadistes ». En islam, la notion de « jihâd » signifie l’effort sacré et sincère qui est accompli dans le Sentier d’Allâh fondé sur la spiritualité, la justice, la compassion, la paix, l’ordre dans la sphère publique, la sagesse, la connaissance, etc. et subvenir aux besoins de sa famille, défendre son pays comme une invasion criminelle ou des groupes terroristes, dire la vérité à un tyran ou dénoncer des injustices, aider au développement de son pays, préserver l’environnement, etc., tout cela fait partie de la Shar’îah et relève du Jihâd si cela est fait dans le respect de la Loi divine et avec l’intention de se rapprocher d’Allâh et d’aspirer à Son Agrément. Malheureusement, les médias mensonges et les extrémistes au sein de certains groupes ont complètement dénaturé les notions de « Jihâd », de « jihadistes » et de « jihadisme ».
[5] “Hezbollah-Israel Conflict Disrupts Syria’s Lucrative Captagon Trade”, The Media Line, 15 novembre 2024 : https://themedialine.org/top-stories/hezbollah-israel-conflict-disrupts-syrias-lucrative-captagon-trade/
[6] “Comparison between death tolls of civilians killed at the hands of the parties to the conflict and controlling forces in Syria in 2021 and 2022”, SNHR, janvier 2023.
[7] “Comparison between the death toll of civilians who were killed at the hands of Syrian Regime forces and ISIS between March 2011 and October 2019”, SNHR, 29 octobre 2019 : https://snhr.org/blog/2019/10/29/54400/
[8] https://www.amnesty.org/en/latest/news/2015/10/syria-us-allys-razing-of-villages-amounts-to-war-crimes/
[9] Pour les différentes sources, cf. le rapport du SNHR du 30 août 2024 : https://snhr.org/arabic/2024/08/30/ ; le rapport d’Airwars US-led Coalition in Iraq & Syria, Airwars, consulté en novembre 2024 : https://airwars.org/conflict/coalition-in-iraq-and-syria/ ; et leur rapport Russian Military in Syria, consulté en novembre 2024 : https://airwars.org/conflict/russian-military-in-syria/ ; selon les rapports locaux cités par Airwars, mais faute de moyens limités, Airwars ne confirme directement qu’une partie des données identifiées.
[10] Voir les calculs fournis notamment par l’analyste Arnaud Bertrand le 18 novembre 2023 : https://x.com/RnaudBertrand/status/1725873442489319799
[11] “Syrie : la résistance des Assad, la blague du siècle”, Syrian Fact, 10 avril 2012 : https://youtu.be/IdckBqODGi0 ; les autres vidéos de la chaine débunkent aussi la propagande pro-régime syrien et pro-russe sur la réalité du soulèvement populaire en 2011, sur la question des minorités, les erreurs d’Alain Soral dans le dossier syrien, etc. au début de la révolution : “Syrie : la thèse du complot et vérité”, Syrian Fact, 16 mai 2012 : https://youtu.be/QaMQ5ddliA0 ; “Syrie : propagande et désinformation”, Syrian FAct, 16 mai 2012 : https://youtu.be/kfdPvzb1bbw ; “Syrie : La question des minorités”, 20 avril 2012 : https://youtu.be/b9Qit7CYzc8 ; “Syrie : pro et anti Assad”, Syrian Fact, 16 mai 2012 : https://youtu.be/zW3s9v9kG6k ; “Syrie : le profil du régime des Assad”, Syrian Fact, 13 mars 2012 : https://youtu.be/XZJb8N4O7ic ; “Syrie : La vérité sur le début de la Révolution”, Syrian Fact, 27 mars 2012 : https://youtu.be/6mGfQzq9iDY ; “Syrie : Soral, le nouveau BHL ! – Partie 1 -, Syrian Fact, 3 octobre 2011 : https://youtu.be/p_bvOEjsPjQ ; “Syrie : Soral, le nouveau BHL ! – Partie 2 -, Syrian Fact, 4 décembre 2011 : https://youtu.be/dXl7oXPWOzU
[12] Ibid.
[13] “Syrie : au moins 277 morts dans de violents combats, les djihadistes avancent vers Alep”, Le Parisien, 28 novembre 2024 : https://www.leparisien.fr/international/plus-de-240-morts-dans-de-violents-combats-en-syrie-les-djihadistes-avancent-vers-alep-29-11-2024-YEPWZEXRNZGVZHCYWQZ4CKOZKE.php
[14] “En Syrie, le gouvernement dit faire face à une « vaste attaque » djihadiste près d’Alep”, Le Monde, 28 novembre 2024 : https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/28/en-syrie-des-combats-entre-armee-et-djihadistes-pres-d-alep-font-plus-de-130-morts-selon-l-osdh_6418144_3210.html
[15] Michel Duclos, géopolitologue et diplomate français l’expliquait aussi en partie sur France 24 : “Offensive éclair du groupe HTS et des rebelles en Syrie : Alep, une ville “stratégique”, France 24, 30 novembre 2024 : https://youtu.be/v5h0S-yDIDE ; Voir aussi “Syrie : Ce que l’on sait de l’offensive rebelle à Alep • FRANCE 24”, France 24, 30 novembre 2024 : https://youtu.be/KZlst9dgiqo ; Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’UE en Syrie et en Turquie affirme que les groupes rebelles ont été armés en partie par la Turquie. “Après une offensive éclair, une partie d’Alep sous contrôle des rebelles islamistes • FRANCE 24”, 30 novembre 2024 : https://youtu.be/eL2KkbTeBSs
[16] “Syrie : cinq questions pour comprendre l’offensive djihadiste en cours à Alep”, Ouest-France, 30 novembre 2024 : https://www.ouest-france.fr/monde/syrie/offensive-djihadiste-en-syrie-cinq-questions-sur-les-combats-en-cours-dans-la-region-dalep-b07f369c-aeb2-11ef-b968-56ee5c51c9ef
[17] DirectFR_, 30 novembre 2024 : https://x.com/DirectFr_/status/1862922281447457140
[18] Tribune Populaire, 30 novembre 2024 : https://x.com/TribunePop23/status/1862922243963036116
[19] “Axis of Least Resistance: Bashar al-Assad now Israel’s ally, claims media analysis”, The New Arab, 3 juillet 2018 : https://www.newarab.com/news/axis-least-resistance-bashar-al-assad-now-israels-ally et “Analysis | Syria’s Assad Has Become Israel’s Ally”, Haaretz, 5 juillet 2018 : https://www.haaretz.com/middle-east-news/2018-07-05/ty-article/.premium/syrias-assad-has-become-israels-ally/0000017f-db2c-d3a5-af7f-fbaee1870000
[20] “Pourquoi Israël a armé des rebelles syriens”, de Armin Arefi, 10 et 11 septembre 2018 : https://www.lepoint.fr/monde/pourquoi-israel-a-arme-des-rebelles-syriens-10-09-2018-2250096_24.php
[21] Eric Geoffroy, “Soufisme, réformisme et pouvoir en Syrie contemporaine”, Égypte/Monde arabe, 29 | 1997, pp. 11-22 : https://journals.openedition.org/ema/253
[22] Voir par exemple “40 ans après le massacre, les fantômes de Hama”, L’Orient le Jour, 24 février 2022 : https://www.lorientlejour.com/article/1291627/40-ans-apres-le-massacre-les-fantomes-de-hama.html
[23] Sa’îd Hawa dans Tarbiyatu-nâ al-rûhiyya (Notre éducation spirituelle), Beyrouth-Amman, 1989, p. 18.
[24] Rapporté par As-Shatibî dans Al-Muwâfaqât 1/402.
[25] ‘Abd Allâh al-Mâliki, La souveraineté de la Umma passe avant l’application de la Sharî’a, éd. Maison d’Ennour, 2018, p.41, traduit par le Shaykh Corentin Pabiot ; cité aussi par Ahmad Ar-Rîsûnî dans Al-Fikr al-islamî wa Qadâyâ-nâ as-Siyâsiya al-Mu’âsira, p. 83.
[26] Cité aussi par Yahya Michot dans Ahmad al-Rumi al-Aqhisari – Against Smoking: An Ottoman Manifesto, Oxford: Interface Publications, 2010.
Article mis à jour le 3 décembre 2024.