Les deux ahadiths qui résument l’essentiel du message islamique en dehors du Qur’ân

En dehors du Qur’ân, voici deux ahadîths authentiques (et sans risque de manipulation politique), qui résument l’essentiel de l’Islam, dont celui qui fut prononcé à la fin de la vie du Prophète, et qui fut son dernier sermon adressé en public, devant de nombreux témoins. En cas de divergence, il convient donc de toujours revenir au Qur’ân et surtout à ces ahadîths, qui interdisent l’idolâtrie, l’usure, le racisme, l’injustice, la misogynie, la turpitude, et tous les grands péchés qu’il ne convient pas de commettre.

Sa mission prophétique a débuté alors qu’il avait 40 ans, aux environs de l’an 610 de notre ère (environ 13 ans avant l’Hégire), et s’est poursuivie jusqu’en l’an 632 (correspondant à l’an 10 de l’Hégire).  L’humanité, qui suivait alors la voie de l’ignorance, a été guidée sur la voie de la vertu par la Grâce d’Allâh. Peu de temps avant sa mort, et alors qu’il faisait le pèlerinage (Hajj) à la Mecque, le Prophète Muhammad a prononcé un sermon qui allait par la suite être connu sous le nom de « dernier sermon du prophète ».  Ce dernier sermon n’était pas qu’un rappel destiné à ses fidèles, mais aussi un important avertissement.  Il confirmait également la fin de sa mission prophétique. L’année 10 de l’Hégire (i.e. du calendrier musulman) est considérée comme une des plus importantes pour trois raisons.  Premièrement, c’est l’année où le Prophète a prononcé son dernier sermon au cours de son pèlerinage d’adieu, à la Mecque. Deuxièmement, c’est l’année où de nombreuses délégations sont venues faire la paix avec les musulmans.  Troisièmement, il s’agit de l’âge d’or de l’islam, où de nombreuses personnes se sont converties en acceptant le message que le Prophète avait prêché. Le prophète a entrepris son pèlerinage d’adieu en l’an 10 de l’Hégire.  Ce pèlerinage est un des événements historiques les plus marquants pour les musulmans, car il s’agissait à la fois de son premier et de son dernier pèlerinage.

Le Prophète a prononcé son dernier sermon au cours du Hajj de l’an 632, au neuvième jour du mois de dhûl hijjah, qui est le douzième mois du calendrier lunaire. Il se tenait sur le mont Arafat, devant des milliers de musulmans. Après avoir loué et remercié Allâh, le Prophète a déclaré :

« Ô peuple ! Écoutez-moi attentivement, car je ne sais pas si, après cette année-ci, je serai encore parmi vous. Écoutez, donc, ce que je vous dis avec beaucoup d’attention et transmettez ce message à ceux qui ne pouvaient être présents parmi nous aujourd’hui.

Ô peuple ! Tout comme vous considérez ce mois, ce jour, cette cité comme sacrés, considérez aussi la vie et les biens de chaque musulman comme sacrés. Retournez à leurs légitimes propriétaires les biens qui vous ont été confiés. Ne blessez personne afin que personne ne puisse vous blesser. Souvenez-vous qu’en vérité, vous rencontrerez votre Seigneur et qu’effectivement, Il vous demandera compte de vos actes. Allâh vous a défendu de pratiquer l’usure, donc tout intérêt non-payé sera maintenant annulé. Votre capital, cependant, vous revient. Vous n’infligerez ni d’endurerez aucune injustice. Allâh a décidé de rendre l’intérêt illicite, et tout intérêt qui était dû à Abbas ibn Abd’al Muttalib sera maintenant annulé.
Méfiez-vous de Satan, pour le salut de votre religion. Il a perdu tout espoir de ne pouvoir jamais vous amener à commettre les grands péchés ; attention, donc, à ne pas le suivre dans les péchés mineurs.

Ô peuple ! Il est vrai que vous avez certains droits à l’égard de vos femmes, mais elles aussi ont des droits sur vous. Souvenez-vous que c’est par la permission d’Allâh que vous les avez prises pour épouses et que c’est Allâh qui vous les a confiées. Si elles respectent vos droits, alors à elles appartient le droit d’être nourries et habillées convenablement. Traitez donc bien vos femmes et soyez gentils envers elles, car elles sont vos partenaires et elles sont dévouées envers vous. Il est de votre droit qu’elles ne se lient pas d’amitié avec des gens que vous n’approuvez pas, et qu’elles ne commettent jamais l’adultère.

Ô peuple ! Écoutez-moi bien : adorez Allâh, faites vos cinq prières quotidiennes, jeûnez pendant le mois de Ramadan, et donnez votre richesse en zakât. Accomplissez le Hajj (grand pèlerinage) si vous en avez les moyens. Toute l’humanité descend d’Adam et Ève. Un Arabe n’est point supérieur à un non-Arabe, et un non-Arabe n’est point supérieur à un Arabe ; et les Blancs ne sont point supérieurs aux Noirs, de même que les Noirs ne sont point supérieurs aux Blancs. Aucune personne n’est supérieure à une autre, si ce n’est en piété et en bonnes actions. Vous savez que chaque musulman est le frère de tous les autres musulmans. Vous êtes tous égaux. Vous n’avez aucun droit sur les biens appartenant à l’un de vos frères, à moins qu’on ne vous ait fait un don librement et de plein gré. Par conséquent, ne soyez pas injustes les uns envers les autres.

Souvenez-vous, un jour vous vous présenterez devant Allâh et répondrez de vos actes. Prenez garde, donc, ne vous écartez pas du droit chemin après ma mort. 

Ô peuple ! Aucun prophète ni messager ne viendra après moi, et aucune nouvelle religion (d’origine Divine) ne naîtra. Raisonnez bien, ô peuple, et comprenez bien les mots que je vous transmets. Je laisse derrière moi deux choses : le Qur’ân et mon exemple, la Sunnah. Et si vous les suivez, jamais vous ne vous égarerez. Que tous ceux qui m’écoutent transmettent ce message à d’autres, et ceux-là à d’autres encore ; et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m’écoutent directement. Sois témoin, ô Allâh, que j’ai transmis Ton message à Tes serviteurs ».

C’est ainsi que le Prophète termina son dernier sermon et, alors qu’il se tenait près du sommet de Arafat, le verset suivant lui fut révélé : « … Aujourd’hui, J’ai parfait votre religion pour vous et J’ai accompli Mon bienfait sur vous. Et J’ai choisi l’islam comme religion pour vous » (Qur’ân 5, 3).

Ce sermon a été rapporté notamment par Muslim dans son Sahîh n°65, 1297, 1679 ; par al-Bukharî dans son Sahîh n°121, 1739, 1741 ; par Ahmad dans son Musnad 251/5 ; par An-Nasâ’î dans ses Sunan n°2996 ; par Abû Dawûd dans ses Sunan n°1956 et par d’autres.

Un autre hadîth célèbre et authentique qui résume la quintessence de l’Islam, est le hadîth dit de « Jibril », où le contenu synthétise les enseignements qurâniques essentiels (éparpillés dans le Qur’ân) pour expliquer l’Islam.
’Umar ibn al-Khattab a rapporté : « Un jour que nous étions assis auprès de l’Envoyé d’Allâh voici qu’apparut à nous un homme aux habits d’une vive blancheur, et aux cheveux d’une noirceur intense, sans trace visible de voyage, personne parmi nous ne le connaissait. Il vint s’asseoir en face du Prophète, plaça ses genoux contre les siens et posa les paumes de ses mains sur ses deux cuisses, et il lui dit : « Ô Muhammad : informe-moi au sujet de l’islâm ».
L’Envoyé d’Allâh lui répondit : « L’islam est que tu témoignes qu’il n’est pas de divinité si ce n’est Allâh et que Mohammad est l’Envoyé d’Allâh ; que tu accomplisses la prière (cinq prières quotidiennement) ; verses la Zakât (l’aumône légale, l’impôt purificateur) ; jeûnes durant le mois de ramadan et effectues le pèlerinage vers La Maison Sacrée (La Mecque), si tu en as la possibilité (physique et financière) ».
« – Tu dis vrai ! dit l’homme ».
Nous fûmes pris d’étonnement de le voir interrogeant le Prophète puis l’approuver.
Et l’homme de reprendre : « Informe-moi au sujet de la foi (al-Imân) ».
« C’est, répliqua le Prophète, de croire en Allâh, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses envoyés (prophètes et messagers), au Jour Dernier et de croire dans le destin imparti pour le Bien et le Mal ».
« Tu dis vrai », répéta l’homme qui reprit en disant : « Informe-moi au sujet de l’excellence spirituelle (al-Ihsân) ».
« C’est, répondit le Prophète, que tu adores Allâh comme si tu Le vois, car si tu ne Le vois pas, certes, Lui te voit ».
L’homme dit : « Informe-moi au sujet de l’Heure (de la fin des temps) ».
Le Prophète répondit : « L’interrogé n’en sait pas plus que celui qui l’interroge ».
L’homme demanda alors : « Quels en sont les signes précurseurs ? ».
« C’est, répondit le Prophète, lorsque la servante engendrera sa maîtresse, et lorsque tu verras les pâtres miséreux, pieds nus et mal vêtus rivaliser dans l’édification de constructions (très) élevées ».
Là-dessus, l’homme s’en fût. Quant à moi, je restai un moment. Ensuite le Prophète me demanda : « O ’Umar ! Sais-tu qui interrogeait ? ».
Je répondis : « Allâh et Son Envoyé en savent plus ».
« C’est (l’Ange) Gabriel (Jibrîl), dit le Prophète, qui est venu vous enseigner votre religion »
. (Hadîth rapporté par Muslim dans son Sahîh n°8 et 10, Al-Bukharî dans son Sahîh n°50 et 4777 et d’autres).

De ce hadîth, nous comprenons que nous pouvons distinguer trois aspects fondamentaux de la religion :
1) Al-Islâm : c’est le fait de reconnaitre la vérité du message prophétique et d’en accomplir les rites essentiels quand les conditions sont réunies (prière, zakâh, jeûne, …). Cela a donné naissance à la science de la jurisprudence (comment prier, comment jeûner, etc.), les modalités pratiques pour accomplir les rites, les rapports sociaux et humains, etc.

2) Al-Imân : C’est l’aspect doctrinal, à savoir ce que le musulman doit professer et reconnaitre intérieurement au niveau théologique : l’Unicité Divine et le Jour du Jugement, le Paradis et l’enfer, les Prophètes, les Anges, les Révélations, la Prédestination, etc. Cela a donné naissance à la science du « kalâm/’aqida », que l’on traduit généralement par « théologie ».

3) Al-Ihsân : Que l’on pourrait traduire par « l’excellence spirituelle, la bienfaisance, … ». C’est la dimension spirituelle et intellectuelle de l’Islam, qui concerne la métaphysique et la spiritualité, où à travers l’éducation de l’âme, le croyant se purifie, dissipe les voiles des illusions, acquiert de nobles caractères, contemple Allâh en toute situation, se débarrasse des vils caractères et plonge dans la Présence Divine, à la fois dans Son Immanence (Présence Divine en toute chose) et dans Sa Transcendance (sans contact, incarnation ou fusion substantielle avec les choses créées). Le croyant s’absorbe ainsi constamment dans la Présence Seigneuriale et s’abstient de commettre des péchés et même des choses futiles (qui sont autorisées, mais qui ne constituent ni des obligations religieuses ni des recommandations religieuses). C’est le plus haut degré que le croyant puisse atteindre, mais cela ne peut s’obtenir qu’en s’appuyant fermement sur les deux premiers aspects de l’Islâm (l’islâm/fiqh et al-imân/’aqida).


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