Le noyau de l’Islam (Qur’ân et Sunnah) a bien été préservé n’en déplaise à l’orientalisme idéologique

  Pratiquement chaque mois dans le monde, une nouvelle thèse orientaliste est publiée pour critiquer l’Islam et sa préservation dans ses fondements. Or, en analysant ces thèses, on s’aperçoit que les plus sérieuses – celles qui s’appuient sur une véritable érudition et les matériaux de l’époque – concluent que le Qur’ân a été préservé tout comme les grandes lignes de la Tradition musulmane, mais où les problèmes et les récits sélectionnés par tel courant ou tel pouvoir sont parfois le fruit des contingences historiques et des préférences de chaque courant religieux et groupe politique. Par contre, il y a aussi des thèses ridicules et loufoques, issues de l’orientalisme idéologique qui défend un projet politique (tourné contre le monde musulman et la communauté musulmane) afin de l’affaiblir (spirituellement, moralement et politiquement), de la désorienter et d’éradiquer l’Islam du coeur des musulmans. Ils sont payés et subventionnés pour cela, et n’hésitent donc pas à mentir, falsifier et occulter de nombreuses preuves diverses (y compris matérielles), documentations et des évidences logiques et historiques, rendant leurs thèses déjà obsolètes et réfutées par ce que nous connaissons déjà (les premiers manuscrits qurâniques, les premiers recueils de ahadiths, les graffitis et éléments épigraphiques, la tradition orale remontant bien à l’époque prophétique, les témoignages authentiques et concordants de la famille alide qui se sont transmis de génération en génération, de père/mère en fils jusqu’à leurs descendants actuels, etc.). Parmi les Savants sunnites de notre époque qui descendent des Ahl ul Bayt et des Compagnons (souvent les membres des Ahl ul Bayt se sont mariés avec des Compagnons ou fils/filles de Compagnons), citons Al-Habîb `Alî Al-Jifrî, Al-Habîb `Umar Ibn Hafîz, Al-Habîb Abû Bakr Al-`Adanî Ibn `Alî Al-Mashhûr, Muhammad `Alawî Al-Mâlikî (dont l’un de ses ancêtres était le Mufti de l’école malikite à l’époque du Shérif `Awn au Hijaz, et dont plusieurs générations furent connues pour leur ascétisme, leur profond savoir religieux surtout dans le Hadith et le fiqh ainsi que dans le Tasawwuf ; Muhammad ‘Alawi Al-Mâliki fut très apprécié et suivi en Arabie Saoudite malgré les calomnies et critiques infondées émanant de certains cercles salafistes), Muhammad Abû-l Huda al-Yaqûbi, Sayyid Habib Kadhîm al-Saqqaf, Shaykh Yûsuf Hâshim Ar-Rifâ`î (qui était aussi autrefois ministre d’État au Koweit et qui descend de l’imâm al-Hussayn par l’imâm Ahmad Ar-Rifâ’î), Shaykh Al-Habîb Sâlim Ash-Shâtirî, et tant d’autres, qui descendent soit de l’imâm Hassân (‘alayhî salâm) soit de l’imâm Hussayn (‘alayhî salâm) – et par d’autres ancêtres ils descendent parfois de Abû Bakr, de ‘Umar, de ‘Uthmân, etc. -, qui sont connus pour leur enracinement dans le Tasawwuf, leur magnifique comportement, leur science religieuse (Qur’ân, Sunnah et Hadith, Sirâh et fiqh, tafsir, langue arabe, ussul ud-Dîn, logique, etc.) et qui témoign(ai)ent beaucoup d’amour envers les Ahl ul Bayt et les Sahaba, D’autres, comme le Mufti Muhammad Taqi Uthmani, descendent du Compagnon ‘Uthmân.

  Doit-on rappeler que la thèse d’une falsification du Qur’ân ou d’une élaboration tardive et graduelle sur 1 ou 2 siècles, à travers plusieurs scribes ayant inséré leurs propres paroles et commentaires, ainsi que la thèse d’une totale invention de la Sunnah ne tiennent pas la route un seul instant, et que postuler un complot général dans l’ensemble du monde musulman et même au-delà de la part des différentes autorités politiques successives, est non seulement impossible et invraisemblable, mais poserait bien plus de questions insolubles que de réponses satisfaisantes, et elles manqueraient cruellement d’arguments logiques, historiques et matériels pour étayer une telle croyance relevant du fantasme et du supernaturel (ici clairement sans fondement). Non seulement tous les courants musulmans reconnaissaient déjà que le Qur’ân était complet et « unique » (tous se basaient sur le même corpus à travers plusieurs modes de lecture) dès le 1er siècle de l’Hégire, aussi bien les membres de la famille alide comme ‘Alî Ibn Hussayn Zayn ul Abidîn (38 H/659 – 94 H/713) dit aussi l’imâm As-Sajjâd, qui était le fils de l’imâm Hussayn (donc contemporain du Prophète, puisqu’il en était le petit-fils et qu’il vivait à ses côtés durant plusieurs années). Il était une référence pour les sunnites comme pour les shiites, et même les ennemis du Prophète (ﷺ) le tenaient en haute estime, et personne ne divergeait sur le Qur’ân, la Sunnah prophétique (transmise par la famille alide et par leurs proches parmi les familles d’Abû Bakr, d’Umar, de ‘Uthmân, de Zubayr, etc.) et qui fut éduqué aussi par ‘Aîsha l’épouse du Prophète (ﷺ). Dans ses ouvrages comme Al-Sahifa al-Sajjadiyya ou la Risâlat al-Huqûq, on voit clairement que le Qur’ân était déjà une source complète et bien établie, tout comme la Sunnah et l’amour pour les Ahl ul Bayt tout comme pour les Sahaba, ainsi que plusieurs règles et avis juridiques et éthiques concernant les droits des créatures et l’adab, fondements du Tasawwuf. Ce n’est que plus tard, après sa mort surtout, que certains courants shiites exagérateurs, imputeront de nombreux mensonges à la famille alide tout comme aux Sahaba pour les salir, – ce qui fut alimenté par la volonté de certains nawassib (ennemis des Ahl ul Bayt) de persécuter et d’anéantir la popularité des membres de la famille alide dont ils jouissaient en milieux sunnites – l’amour envers les Ahl ul Bayt était en effet une pratique sunnite qui remontait aux Califes bien-guidés comme Abû Bakr, ‘Umar et ‘Uthmân qui leur témoignait beaucoup d’amour, de respect et d’honneur -. Ces extrémistes shiites ont été désavoués par les imâms alides eux-mêmes (que ce soit Muhammad al-Bâqir, Zayd Ibn ‘Alî, Ja’far As-Sâdiq et d’autres).

  L’imâm Al Hakîm Abû ‘Abdi Llâh dans Al-Mustadrak, qui était un sunnite ayant relaté les nombreux mérites des ahl ul bayt a dit : « Jâ’far [As Sâdiq] Ibn Muhammad rapporta d’après son père Muhammad [Al Baqîr] Ibn ‘Alî [Zayn ul ‘Âbidîn] que ‘Abdu Llâh Ibn Jâ’far Ibn Abî Tâlib a dit : « Abû Bakr As Siddîq est devenu notre Calife et il fut le meilleur des Califes d’Allâh, il fut le plus charitable et le plus attentionné envers nous (les Ahl ul Bayt) » ».

  Al-Bukharî et Muslim rapportent en effet dans leur Sahîh sous l’autorité d’Ibn ‘Umar qu’Abû Bakr disait en effet : « Cherchez la proximité (urqubû) de Muhammad -salallahû ‘alayhi wa salam- à travers les membres de sa famille ».

  Jabir al-Ja’fi rapporte de Muhammad Ibn ‘Alî qu’il a dit : « Les descendants de Fatima ont convenu de parler d’Abû Bakr et ‘Umar en usant des plus belles paroles ». Et c’est en effet ce qui a été rapporté par tous les descendants authentiques des Ahl ul Bayt (et éduqués par eux) à chaque génération, jusqu’à aujourd’hui, comme le rappellent les savants sûfis appartenant aux Ahl ul Bayt comme le Shaykh Habib ‘Ali al-Jifri[1].

  Ad-Daraqtûnî dans ses Sunân rapporte de Ja’far as-Sâdiq, de son père Muhammad (Al-Bâqir) « qu’un homme vint vers son père – ‘Alî Zayn ul Abidîn – et lui demanda : « informe-moi au sujet d’Abû Bakr ». Il répondit : « Au sujet d’As-Siddiq (le Véridique, le Sincère) ? ». L’homme lui dit : « Tu l’appelles As-Siddiq ? ». L’imâm (As-Sajjâd ; ‘Ali Zayn ul Abidîn) répondit : « Que ta mère te perde ! Qui l’a nommé « as-Siddiq » si ce n’est le Messager d’Allâh (ﷺ), les Muhajirûn et les Ansar ? Et quiconque ne l’appelle pas « le Véridique », alors Allâh le dépouillera de véracité dans ce monde et dans l’Au-delà ».

  L’imâm Ja’far as-Sâdiq a dit : « Au temps du Messager d’Allâh (ﷺ), la famille d’Abû Bakr était appelée la famille du Messager d’Allâh » comme cela est rapporté par Ad-Dhahâbî dans son Siyâr 4/402 sous l’autorité de Sufyân Ibn ‘Uyayna qui fut un élève et disciple de l’imâm Ja’far. Cela signifie que le Prophète (ﷺ) vivait principalement avec ‘Aîsha et fréquentait régulièrement Abû Bakr, plus qu’il ne fréquentait l’imâm ‘Alî et Sayyida Fatima – qu’il aimait pourtant énormément mais qui vivaient ailleurs -. En effet, la maison du Prophète, qui était à côté de la mosquée de Médine, était aussi l’appartement de son épouse ‘Aîsha, et un endroit fréquenté régulièrement par Abû Bakr. Leurs liens d’amitié, d’alliance maritale, etc. étaient aussi très nombreux et solides. La richesse de la famille d’Abû Bakr fut mise au service du Prophète (ﷺ) et de sa famille, tout comme ‘Aîsha se maria avec le Prophète (ﷺ), tout comme Abû Bakr était le bras droit du Prophète (ﷺ) et le guide spirituel pour la Communauté en l’absence du Prophète (ﷺ), tout comme Abû Bakr était aussi le beau-père du Prophète (ﷺ), et aussi que la lignée depuis l’imâm Jâ’far rejoint la lignée d’Abû Bakr par 2 fois (par sa mère Umm Farwah qui était la fille d’Al-Qassîm grand juriste de Médine, fils de Muhammad fils d’Abû Bakr, et la mère d’Umm Farwah était Asma bint Abd ar-Rahmân Ibn Abû Bakr), et la lignée d’’Alî par 2 fois (par Hassân et par Hussayn) remontant ainsi à celles du Prophète (ﷺ), du 1er Calife Abû Bakr et du 4e Calife ‘Alî.

   Al-Hussayn ibn ‘Alî a raconté : « ‘Umar me dit un jour : « Ô mon fils, et si tu nous rendais visite pour passer du temps avec nous ? » Je pris donc le temps de venir et le trouvai en tête à tête avec Mu’awiyya ; Ibn ‘Umar attendait à la porte et n’avait pas reçu la permission d’entrer, et je me retirai donc. Nous nous croisâmes un peu plus tard et il me dit : « Ô mon fils, pourquoi ne nous as-tu pas rendu visite ? » Je lui répondis : « Je suis venu mais tu étais en tête à tête avec Mu’awiyya et j’ai vu qu’Ibn ‘Umar n’avait pas reçu la permission d’entrer, donc je suis reparti. » Il rétorqua : « Tu mérites plus d’entrer que ‘Abdallâh Ibn ‘Umar. Tous les bienfaits dont nous jouissons, comme tu le vois, viennent d’Allâh puis de vous [le Prophète et Ahl al-Bayt] »[2].

‘Alî Ibn Al-Hussayn répond aux rawafidhs (shiites extrémistes) : « Abû Nuaym rapporte la narration suivante de la part de Muhammad ibn ‘AIî, venant de son père ‘AIî ibn al-Hussayn : « Un jour, des Irakiens étaient assis ensemble et se mirent à dire du mal d’Abû Bakr et de ‘Umar à chaque fois qu’ils parlaient d’eux. Ensuite, ils passaient à ‘Uthmân. ‘AIî ibn al-Hussayn demanda :

« Dites-moi, étiez-vous parmi les premiers Muhâjirûn, dont le Qur’ân dit ce qui suit : « …ceux qui ont été chassés de leurs demeures et dépouillés de leurs biens, pendant qu’ils recherchaient la grâce et l’amour d’Allâh, combattaient pour le triomphe de Sa Cause et portaient secours à Son Prophète … » (Qur’ân 59, 8) ?

Non, répondirent-ils.

Êtes-vous parmi les suivants : « …ceux qui, déjà installés dans le pays et dans la foi, accueillirent les Émigrés avec joie… » (Qur’ân 59, 9) ?

Non.

Vous venez d’être témoins par vous-mêmes que vous ne faites pas partie de ces deux groupes. Je suis, quant à moi, témoin que vous n’appartenez absolument pas au troisième groupe dont Allâh dit : « …ceux qui sont venus après eux, en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui se sont convertis avant nous ! Fais que nos cœurs n’aient jamais de haine contre les croyants ! Seigneur, Tu es plein de bonté et de compassion ! » (Qur’ân 59, 10) ». À présent, partez d’ici, et qu’Allâh ne vous soutienne pas et ne vous rapproche pas. Vous vous moquez de l’Islam et vous n’y appartenez pas » »[3].

  Les Imâms Al Bâqir et As Sâdiq rapportent que ‘Alî Ibn Abî Tâlib invoqua la Grâce et le Salut d’Allâh sur ‘Umar Ibn Al Khattâb et pria en sa faveur lorsqu’il décéda. En effet, l’imâm al-Khatîb al-Baghdadî rapporte dans son Al Jâmi’ Li Akhlâq ur Râwî wa Âdâb us Sâmi’ selon une chaine de transmission authentique : « Nous rapportons de Ahmad Ibn Muhammad Abû Ja’far Al ‘Atîqî qui rapporta de ‘Alî Ibn ‘Umar Al Hâfiz, le rapportant de Abû Hâmid Muhammad Ibn Hârûn Al Hadramî qui rapporta de Ya’qûb Ibn Ibrâhîm Ad Dawraqî, qui rapporta de Sufyân Ibn ‘Uyaynah, qui rapporta de Ja’far Ibn Muhammad le rapportant de son père qui rapporta que Jâbir Ibn ‘Abdi Llâh a dit : « ‘Alî dit à ‘Umar Ibn Al Khattâb, alors que ce dernier était allongé sur son lit de mort : « Salla Llâhu ‘alayk – que La Grâce (et la Paix) d’Allâh soit sur toi ! », puis il fit des invocations en sa faveur ». Sufyân rapporta : « On demanda à Ja’far : « N’est-il pas dit que l’on invoque la Grâce [d’Allâh] seulement sur le Prophète () ? ». Il répondit : « Je l’ai entendu tel quel » » ». La chaine est totalement authentique, selon tous les vérificateurs. Et lorsqu’Umar décéda, ‘Alî demanda à sa fille Umm Kulthûm (qui était mariée à ‘Umar) de revenir à la maison afin de ne pas la laisser seule, et elle eut 2 enfants de ‘Umar, à savoir Zayd et Ruqayya. Et ‘Alî nomma l’un de ses fils ‘Umar (Ibn ‘Alî) en référence à ‘Umar ibn al-Khattâb. Umar Ibn ‘Alî – appelé aussi ‘Umar al-Atraf et dont sa mère était Umm Habib -, accompagna son demi-frère lors de l’événement de Karbala et y décéda aussi en 61 H (680).

L’imâm Hussayn, alors âgé de 58 ans, s’est levé contre la corruption et le blâmable sous le règne de Yazid, estimant qu’il s’agissait d’un devoir de rétablir l’Islam dans sa pureté. Or, ni lui, ni son frère Hassân ni son père ‘Alî ne l’ont fait contre Abû Bakr, ‘Umar et ‘Uthmân, alors que Yazid (élevé par des chrétiens hostiles à l’Islam selon certaines sources) était déterminé à anéantir toute résistance du côté des Ahl ul Bayt (du moins indirectement, en les écartant du pouvoir et en souhaitant pas que la population soit derrière eux) montrant par là qu’ils étaient des imâms de guidance, de justice, de piété et de foi, et que face à l’injustice, même face aux pires tyrans ou aux dirigeants puissants, ils ne craignaient pas de se montrer publiquement pour leur dire la vérité et s’opposer à leurs injustices si besoin. Est-ce une coïncidence si les hypocrites n’ont pas réussi à tuer les Ahl ul Bayt sous le califat de Abû Bakr, de ‘Umar et de ‘Uthmân, qui les aimaient, les protégeaient et les incluaient dans les affaires publiques et politiques de la communauté ? Ce n’est que sous les omeyyades que les tragédies frappèrent les Ahl ul bayt, avec des manœuvres politiques et des assassinats afin de les tuer ou de les faire taire, eux et leurs soutiens parmi les plus grands savants sunnites de l’époque, qui se sont levés pour défendre et soutenir les Ahl ul Bayt. Alors qu’ils ont voulu tuer la famille prophétique, Allâh a béni leur lignée et l’on retrouve de nombreux descendants des Ahl ul Bayt (surtout en milieu sunnite-sûfi) sur tous les continents habités, tandis qu’Allah a mis fin à la descendance de Yazid Ibn Mu’awiyya – qui fut éduqué et orienté dans sa politique et son mode de vie par des figures politiques chrétiennes hostiles aux musulmans -, comme le rapporte Ibn Kathîr dans son Al-Bidâya wa an-Nihâya, prouvant par l’histoire la véracité de la Parole divine : « Nous t’avons certes accordé l’abondance (et la prospérité) » (Qur’ân 108, 1).

Une attaque à la fois incohérente et infondée, de la part de certains shiites, consiste à reprocher à ‘Uthmân d’avoir placé au sein de son administration, des membres de sa famille, or, les membres de sa famille ne représentaient qu’une minorité parmi les gouverneurs et responsables, qu’il y avait aussi des Ahl ul Bayt, et que cela n’est pas interdit en Islam tant que la justice et l’équité sont garanties et appliquées. Par ailleurs cela est incohérent car les imâmites n’autorisent que certains membres de la famille alide d’exercer le pouvoir dans leurs doctrines, ce que les imâms des Ahl ul Bayt ont eux-mêmes démentis. La politique générale d’Uthmân était de mettre les gens qui étaient compétents et appréciés par les gens en général. Son beau-fils Muhammad Ibn Abî Hudhayfa lui demanda un poste prestigieux mais ‘Uthmân lui répondit : « Mon (beau)fils, si tu étais un candidat compétent et me demandais un poste, je te le donnerais. Cependant tu n’es pas encore arrivé à ce stade (pour occuper cette fonction) » (Rapporté par Amhazûn dans Tahqiq Mawâqif as-Sahâba 1/247). Face aux rumeurs qui se propagèrent à ce sujet, il répondit à des personnes venues l’interroger : « Toutes les personnes que j’ai employés sont adultes et compétentes. Voici les gens avec qui ils ont travaillé, ce sont eux qu’il faut interroger à leur sujet. Ce sont eux qui les côtoient tous les jours. Mon prédécesseur a employé des hommes plus jeunes qu’eux, et ce que j’entends a été dit au Messager d’Allâh (ﷺ) lorsqu’il recruta Ussâma, n’est-ce pas vrai ? ». Et ils répondirent : « Oui, ces individus dénigrent les autres sans exprimer clairement leurs accusations » (Rapporté par At-Tabarî dans son Târîkh 5/46). Quant à ‘Alî, il dit à ce sujet : « ‘Uthmân (Ibn Affân) employait uniquement des gens justes et droits, et le Messager d’Allâh () avait chargé ‘Attâb Ibn Usayd de la Mecque alors qu’il n’avait que 20 ans » Rapporté par Ibn Kâthir dans al-Bidâyah wa an-Nihâyah 7/178..

  Et pour la croyance imâmite concernant l’imamat, cela est rejeté de la part des imâms alides eux-mêmes. Ibn Sa’d rapporte dans al-Tabaqât al-Kubrâ (5/324) : « M’a rapporté Muhammad ibn ‘Asim (le grand imâm, l’exemple, le pieux, le fiable) qui rapporte de Shababah ibn Suwar (l’Imâm, le Hafidh, la preuve) qui rapporte de al Fudayl Ibn Marzûq (le muhhadith véridique allié de la famille du Prophète) ceci : « J’ai demandé à ‘Umar ibn ‘Alî et à Al Hussayn ibn ‘Alî les oncles de Jâ’far (as-Sâdiq) : « y’a t’il parmi vous Ahl al bayt une personne envers qui l’obéissance est obligatoire, qui lui est reconnue cette qualité et que quiconque ne lui reconnait pas cette qualité alors il meurt de la mort de la jahiliyyah ? ». Les 2 ont dit : « Non, par Allâh, il n’y a pas cela chez nous, et quiconque affirme que ceci existe chez nous est un menteur ». J’ai dit à ‘Umar ibn ‘Alî : « qu’Allâh te fasse miséricorde, il est dit que vous prétendez que le Prophète a désigné ‘Alî comme successeur puis que ‘Alî a désigné Al Hassân, puis qu’Al Hassân a désigné Al Hussayn, puis qu’Al Hussayn a désigné ‘Alî ibn Al Hussayn puis que ‘Alî ibn al Hussayn a désigné Muhammad ibn ‘Alî comme successeur … ». Alors il a dit : « Par Allâh mon père (‘Alî ibn al Hussayn) est mort et n’a pas laissé en succession 2 mots ! Qu’Allâh les « combatte », par Allâh ces gens-là ne sont pas plus qu’un fardeau sur nous ».

  Dans le Musannaf (voir n°32840 et 33029) de ibn Abi Shaybah, un récit avec une chaine forte et authentique jusqu’à l’imâm Muhammad al Bâqir (‘alayhî Salâm) qui a dit : « ‘Umar (Ibn al-Khattâb) a donné à ‘Alî la terre de Yanbu’ et a rajouté à cette terre d’autres terres ».  Et avant lui, Abû Bakr fit la même chose.

    La chaine est composée de Ibn Abi Shayba qui est fiable, de Hafs Ibn Ghiyah (Qâdi de Kûfa) qui est fiable et partisan des ahl ul bayt, l’imâm Jâ’far As-Sâdiq qui est l’imâm des ahl ul bayt de son temps, et son père l’imâm Muhammad Al-Bâqîr qui est digne de confiance et savantissime à l’unanimité. Cela montre que ‘Umar – suivant en cela l’exemple d’Abû Bakr – offrait ses terres et biens personnels pour ‘Alî et sa famille, contrairement à l’argent du trésor public et aux biens de la Communauté qui étaient la « propriété » de la Communauté musulmane dans son ensemble.

    Dans Al-Sunân al-Kubra de Al-Bayhaqî, le même récit est rapporté avec une autre chaîne : Abû ‘Abdullâh (Hafiz et digne de confiance), Muhammad Ibn Ya’qûb (digne de confiance), Al Rabi’î Ibn Sulayman (digne de confiance), ‘Abdullâh Ibn Wahb (digne de confiance), Sulaymâ Ibn Bilâl (digne de confiance), selon l’imâm Jâ’far As-Sâdiq et selon son père Muhammad Al-Bâqîr. Selon les imâms des Ahl ul Bayt, ‘Umar Ibn al Khattâb dans une chaine très courte jusqu’aux Imâms d’Ahl al Bayt donna plusieurs terres importantes à l’imâm ‘Alî, sans rien lui demander en échange. Ce n’est pas là le comportement d’une personne qui déteste les Ahl ul Bayt.

  De son côté, l’amour d’’Umar Ibn al-Khattâb (‘alayhî salâm) à l’égard du Messager d’Allâh et de sa famille est une chose notoire. De nombreux récits nous l’informent sans aucun doute possible. Citons ce récit où ‘Umar témoigna de son admiration et de son amour spirituel à l’égard de Fatîma, lorsqu’il se rendit dans la maison de Fatîma la fille du Prophète Muhammad (ﷺ) : « Ô Fatima ! Je jure par Allâh que je n’ai vu personne de plus cher au Messager d’Allâh () que toi (Fâtima). Je jure par Allâh que personne ne m’est plus cher que toi après ton père (Muhammad) » (Rapporté par Al-Hakim dans son al-Mustadrak 3/168 n°4736, par Ahmad dans son Fadaîl as-Sahabah 1/364 n°532, par Ibn Abi Shayba dans al-Musannaf 7/432 n°37045, par As-Shaybanî dans al-Âhad wa-l-mathani 5/360 n°2952, par Al-Khatîb al-Baghdadî dans Tarikh Baghdâd 4/401 et d’autres).

  Du côté des premiers savants zaydites – suivant l’imâm Zayd Ibn ‘Alî – dont certains de ses descendants -, le Qur’ân était le même que celui de ‘Uthmân. Ils rapportent que la compilation du Qur’ân faite par ‘Alî, Salmân al-Farisî, Miqdad et Abû Dharr était identique à celle qui a été retenue par Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân, Zayd et les autres Compagnons et Ahl ul Bayt de la Communauté musulmane de la première génération.

  Sayyed Kadhîm Al-Zaydî dans son ouvrage sur l’école zaydite (sous forme de questions/réponses notamment) relate que l’imâm Al Hadi (Yahya Ibn al-Hussayn Ibn al-Qassîm ar-Rassi) né en 245 H/860, qui était un Salaf descendant de l’imâm Al-Hassân, a rapporté de son grand-père, l’imâm Al Qassim, qu’il avait avec lui les manuscrits qurâniques compilés par ‘Alî, Salmân Al Farisi, Miqdad et Abû Dharr al-Ghafarî, et avait déclaré qu’il n’y avait pas de mot ajouté ou manquant dans le Qur’ân dit ‘uthmanien, par rapport à celui de l’imâm ‘Alî. Parmi la délégation chargée de la supervision du corpus qurânique, réunie dans la maison de ‘Umar ibn al-Khattâb, il y avait ‘Alî, ‘Uthmân, Ibn Mas’ûd, Ubayy Ibn Kab, Talha Ibn Ubaydullâh et d’autres, donc quoi de plus normal que leurs recueils qurâniques soient identiques concernant les Sûrates et les Versets. Il y a aussi ce récit, rapporté Ibn Abî Dawûd dans son Kitâb al-masahif, par As-Suyûtî dans son Al-Itqân p. 217 et authentifié notamment par l’imâm Ibn Hajar al ‘Asqalânî, rapportant de ʿAbd Ḫayr : « J’ai entendu ʿAlî dire : « C’est Abû Bakr qui est le plus digne de récompense en ce qui concerne les recueils qurâniques. (Que) La Miséricorde d’Allâh soit sur Abû Bakr ! Ce fut le premier qui recueillit le Livre d’Allâh (Qur’ân) », soit dans l’initiative de compiler le Qur’ân, soit aussi dans sa supervision, sachant qu’il était très proche du Prophète et de nombreux événements lorsque le Qur’ân fut révélé. Il est dit cependant que la compilation de ‘Alî suivait l’ordre chronologique, tandis que celle supervisée par ‘Uthmân suivait l’ordre de récitation voulu par Allâh selon les indications prophétiques, – dont la cohérence interne, la rhétorique sémitique et la science des lettres (‘ilm al-hurûf) démontrent la préservation du Qur’ân en même temps que sa précision linguistique et sa cohérence mathématique et numérique.

  Abû Tâlib Muhammad Ibn ‘Alî Ibn Al-Fath al-‘Ushari dans Fadâ’îl Abî Bakr al-Siddîq (p.51) rapporte selon une chaine sahîh que l’imâm ‘Alî a dit : « Et je ne suis qu’une partie de la bonté d’Abû Bakr ».

  Il est rapporté de Ibn ‘Abbâs et de ‘Aîsha qu’Abû Bakr avait embrassé le Prophète (ﷺ) à sa mort (Rapporté par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°1457, sahîh). L’imâm ‘Alî (‘alayhî salâm) rapporte que le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Qu’Allâh fasse Miséricorde à Abû Bakr, il m’a marié à sa fille (‘Aîsha), et il m’a (sup)porté au pays de l’émigration (Hijrah), et il a libéré Bilâl (qui était esclave) avec sa richesse. Qu’Allâh fasse Miséricorde à ‘Umar (Ibn al-Khattâb), il dit la vérité même si elle est aigre. La vérité l’a fait se retrouver sans ami. Qu’Allâh fasse Miséricorde à ‘Uthman, les anges sont timides de lui. Qu’Allâh fasse Miséricorde à ‘Alî. Ô Allâh ! Place la vérité avec lui partout où il se dirige » (Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°3714, Livre des vertus).

  L’imâm Al-Hadi était linguiste, ascète, théologien, juriste, exégète et spécialiste du Hadith. Il écrivit 2 exégèses intitulées Kitâb at-Tafsîr et Ma’âni al-Qur’ân, 2 livres de fiqh comportant un certain nombre de ahadiths remontant essentiellement aux membres de la famille Alide mais comportant aussi parfois des narrateurs jugés dignes de confiance mais ne faisant pas partie de la famille alide, dans son Kitâb al-Ahkâm fil-Halâl wal-Harâm et dans son Muntakhab, les 2 étaient appelés al-Jâmi’ayn. Il préserva ainsi une partie de la Sunnah – et remit pas fondamentalement en question les grands recueils connus de son époque tels que le Sahîh al-Bukharî ou le Sahih Muslim -, et de l’héritage de la famille alide, par des voies plus sûres et authentiques que chez les « imamites » (shiites duodécimains où les faux récits attribués aux imâms alides sont très nombreux, ce qui a motivé d’ailleurs les imâms alides parmi les Zaydites, à écrire plusieurs ouvrages de réfutations très dures contre les shiites duodécimains parmi les sectaires d’entre eux). Sur le plan théologique, il admettait le ta’wîl et acceptait aussi l’usage de l’intellect et de la rationalité mais sans sortir du cadre du Qur’ân, de la Sunnah et de l’expérience spirituelle, et il écrivit en la matière plusieurs ouvrages dont Kitâb Bâligh al-Mudarik, Kitâb fīhi Ma’rifat Allâh ‘Azza wa Jalla, Al-Mustarshid fī at-Tawhīd et Uŝûl ad-Dîn.

   Sayyed Kadhîm Al-Zaydî dans le même ouvrage (sur l’école zaydite) rappelle que les Zaydites (du moins orthodoxes) ne sont pas non plus d’accord avec les imâmites sur le fait d’affirmer qu’Uthmân Ibn Affân a brûlé les autres Masahif ou des parties du Qur’ân qui étaient perdues, car de toute façon le Qur’ân était mémorisé entièrement et enseigné, et que le support écrit n’était que secondaire. Il dit aussi que les Zaydites sont en désaccord avec les imâmites extrémistes qui disaient que le Qur’ân étaient falsifiés, en leur citant ce verset : « Nous avons révélé le Qur’ân et c’est Nous qui en sommes gardien » (Qur’ân 15, 9). Et le Qur’ân a été préservé sur les langues des premiers musulmans et il a été transmis à la génération suivante par une voie abondante et massive. Les premiers zaydis étaient assez proches des Hanafites, des Malikites et des Shafi’ites, aussi bien dans la ‘aqida que dans le fiqh, et n’étaient pas hostiles aux Califes bien-guidés ni à ‘Aîsha. Par la suite, plusieurs tendances ont émergé, dont certaines se sont radicalisées et se sont éloignées du zaydisme originel.

 Les martyrs de Karbala qui sont parfois occultés par les shiites :  ‘Umar Ibn ‘Alî Ibn Abi Talib, Abû Bakr Ibn ‘Alî Ibn Abi Talib, ‘Uthmân Ibn ‘Alî Ibn Abi Talib, Abû Bakr Ibn Hassân Ibn ‘Alî, ‘Umar Ibn Hassân Ibn ‘Alî, Abû Bakr Ibn Hussayn Ibn ‘Alî, ‘Umar Ibn Hussayn Ibn ‘Alî et ‘Uthmân Ibn Hussayn Ibn ‘Alî. Il était en effet une coutume chez les Ahl ul Bayt, de nommer certains de leurs enfants par les noms (en l’honneur) des premiers califes bien-guidés ou de Sayyida ‘Aîsha, en vertu des liens fraternels, de parenté ou d’alliances (de mariage) qui les unissaient tous, et de l’éducation qui leur fut donné, notamment par la famille de Abû Bakr, de ‘Umar et de ‘Uthmân.

  Des récits sunnites et shiites indiquent bien que leurs noms étaient donnés en l’honneur des Sahaba et des épouses du Prophète, et jamais ils n’auraient donné leurs noms en sachant les confusions et la haine qui émaneraient des rawafidhs à leur égard, usant de noms visant à les maudire. Par ailleurs il existait des noms bien plus répandus que Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân et ‘Aîsha et pour éviter les malentendus et les malédictions, ils en auraient choisi d’autre si l’intention était opposée au fait de les nommer leurs enfants en l’honneur des grandes figures autour du Prophète.

  Ce qui est étrange, c’est que les shiites extrémistes en veulent plus à ‘Aisha, Abû Bakr et à ‘Umar qui n’ont tué aucun membre des Ahl ul Bayt et qui les ont même aimé et protégé contre les hypocrites, qu’aux assassins de Al Hussayn et des membres de sa famille (y compris des enfants de Al Hassân et les autres enfants de’ Alî) lors de la tragédie de Karbalâ. Par ailleurs, de nombreux récits authentiques et bons montrent, en plus du Qur’ân, la satisfaction d’Allâh, du Prophète et des Ahl ul Bayt à l’égard de Abû Bakr, de ‘Umar, de’ Uthmân et de ‘Aisha. Quant à la thèse shiite sur l’obligation de faire de ‘Ali le premier calife politique, elle n’est fondée ni sur le Qur’ân, ni sur la Sunnah ni sur l’intellect, ni sur les dévoilements spirituels ni sur les avis authentiques des Ahl ul Bayt, qui réfutent d’ailleurs cette thèse. Or, qu’est-ce qui est le plus grave, assassiner les Ahl ul Bayt ou diriger avec justice et bienfaisance les affaires politiques de la Ummah et honorer les Ahl ul Bayt (quand bien même la thèse shiite sur l’usurpation serait vraie, ce qui n’est pas le cas) ?

  L’imâm Zayd ibn ‘Alî, le petit-fils de l’imâm Hussayn, a témoigné publiquement et en privé, qu’Abû Bakr et ‘Umar étaient des califes justes et élus sans aucune forme de contrainte, et qui appliquaient le Qur’ân et la Sunnah. Des gens posèrent (parmi les shiites extrémistes) ainsi des questions à l’imâm Zayd qui répondit à la question « Que penses-tu d’Abû Bakr et de ‘Umar ? » : « Allâh leur pardonne. Je n’ai entendu personne de ma famille dire du mal d’eux. Et moi aussi, je ne dirai aucun mal d’eux ! ».

« Mais alors pourquoi demandes-tu de venger le sang de la famille alide ? ».

« L’imâm Zayd répondit : « Tout ce que je peux dire concernant ces 2 compagnons est qu’Alî était plus en droit d’être élu calife. Mais la population les a choisis et nous a « éloignés » du califat, pour cause d’utilité publique. Et tout ceci est très loin de la mécréance. Ils ont été choisis, ils ont gouverné et ont été équitables. Ils ont mis en pratique le Qur’ân et la Sunnah ! ».

Ils lui dirent : « Pourquoi combats-tu donc alors ? ».

Il répondit : « Ceux-ci (les dirigeants injustes parmi les omeyyades) ne sont pas comme ceux-là (Abû Bakr et ‘Umar). Ceux-ci (les omeyyades) ont été injustes envers les gens, comme ils l’ont été envers leurs propres personnes. Et je vous convie au Livre d’Allâh et à la Sunnah de Son Prophète (‘alayhî salât wa salâm) ; et je vous convie à la revivification de la voie prophétique, et à l’anéantissement des innovations blâmables. Si vous m’obéissez, ce sera préférable pour vous, et si vous refusez, je ne suis alors point votre garant (devant Allâh) »[4]. Contrairement aux imâms précédents (comme Muhammad al-Bâqîr) et à son neveu Ja’far as-Sâdiq qui considéraient aussi Abû Bakr et ‘Umar comme légitimes (traditionnellement) en soi au Califat, Zayd Ibn ‘Alî – sans doute par amour envers son ancêtre ‘Alî – s’était distingué d’eux en considérant l’imâm ‘Alî comme plus méritoire et légitime, bien qu’il reconnaissait aussi la légimité (mais moindre) de Abû Bakr et de ‘Umar, tout en les considérant comme des imâms pieux et justes, et il dit cela à des shiites extrémistes, donc on ne peut pas le soupçonner de taqiyya, et leur rappela que personne dans sa famille (ni Muhammad al-Baqîr et son fils Ja’far, ni leurs pères et grands-pères comme ‘Alî Ibn Hussayn, Hussayn Ibn ‘Alî et ‘Alî Ibn Abî Tâlib) ne disait du mal d’eux. Au final, ces shiites extrémistes ne l’ont pas soutenu dans son combat et l’ont abandonné au moment où il en avait besoin.

  Ibn al-Athîr dans Usdul-Ghâbah (2/24) rapporte que des Compagnons et membres des Ahl ul Bayt avaient déjà dissuadé à l’époque de son grand-père, l’imâm al-Hussayn, de se rendre sur le champ de bataille car certains de ses partisans le trahiront et qu’il se fera probablement tuer. Parmi ceux qui l’ont dissuadé, il y avait son demi-frère Muhammad Ibn al-Hanafiyya (le fils de l’imâm ‘Alî), Ibn ‘Abbâs, Ibn ‘Umar (fils du Compagnon ‘Umar Ibn al-Khattâb) et d’autres qu’eux, ce qui n’enlève rien à la légitimité et à la noblesse des convictions et valeurs de l’imâm Hussayn, qui avait une autre perception des choses – montrer la voie de la résistance, du courage et de la justice face à l’oppression -, tandis que certains Compagnons et membres des Ahl ul Bayt souhaitaient préserver sa vie par amour pour lui.

Ibn Kathîr dans Al Bidâyah wa An Nihâyah (8/183), Ibn Al Athîr dans Al Kâmil (4/25), Ibn ‘Asâkir dans son Târîkh Dimashq (4/333) et d’autres rapportèrent concernant la tragédie de Karbala : « Abû Mikhnaf rapporta d’après Abû Khâlid al-Kâhilî : Al-Hussayn [Ibn ‘Alî Ibn Abî Tâlib] leva ses mains au ciel et dit : « Ô mon Dieu ! C’est Toi qui me préserve de toute affliction et c’est Toi mon espoir contre tout malheur ! Tu es ma confiance et Mon assistance en toute vicissitude ! Combien de soucis qui affaiblissent le coeur, réduisent la ruse à néant, découragent le compagnon et réjouissent l’ennemi contre lesquels je T’ai délégué et contre lesquels je me suis plaint à Toi, en aspirant à Toi en dehors de toute chose, et que Tu as soulagé et fais disparaître ! Tu es pour moi l’Auteur de tous les bienfaits, l’Agent de toute bonne action et la Finalité de tout but ! ». Les shiites extrémistes qui mentent sur les Ahl ul Bayt et les Sahaba ont été ainsi désavoués par les imâms eux-mêmes (membres des Ahl ul Bayt) ainsi que par les sunnites et les shiites qui aiment et suivent globalement les Ahl ul Bayt, malgré leurs désaccords (politiques et doctrinaux) sur certains points précis, tout en recherchant l’unité de la communauté musulmane, pratiquant les 5 piliers de l’islam, adhérant aux 6 piliers de la foi, se concentrant sur la spiritualité et la sagesse, s’adonnant aux actes de bienfaisance et aux obligations religieuses et en s’abstenant des péchés. Quant aux divergences sur les Sahaba et les Ahl ul Bayt, avec la profusion de récits déformés ou inventés, il demeure très difficile, à moins d’être guidé par Allâh, d’avoir été gratifiés des visions et dévoilements spirituels et d’avoir analysé pendant des années les nombreux récits et les analyses des ahadiths en question avec une bonne méthodologie – d’avoir une vision nuancée, mesurée et fiable de certains événements, mais les preuves (qurâniques, prophétiques, spirituelles, alides, historiques, intellectuelles et rationnelles) indiquent l’orthodoxie, la légitimité et le rang élevé de nos maîtres Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân, ‘Alî, Hassân, Hussayn, Salmân, tout comme des femmes comme Khadija, Fatima (bint Muhammad) et ses sœurs, ‘Aîsha, Umm Salama et les autres femmes bénies et vertueuses de l’entourage prophétique, alide et  parmi les autres Compagnons.

   Maintenant que ceci a été explicité, faut-il encore rappeler que le Qur’ân fut transmis par voie orale par des milliers de voies indépendantes les unes des autres, qui se sont propagées un peu partout dans le monde musulman, et dont la moindre altération aurait été remarquée et rejetée par quiconque. Quant à la mise par écrit, celle-ci date déjà du 1er siècle de l’hégire, et fut approuvée par tous les courants dissidents et antagonistes. Rappelons que les courants antagonistes et dissidents ont la propension à chercher n’importe quel moyen pour se distinguer des autres, en rajoutant des éléments et des conditions qui n’existaient pas à l’origine. Or, que ce soit les courants sunnites, shiites, ibadites, mu’tazilites, jahmites ou autres, qui étaient parfois opposés politiquement, tous ont considéré le Qur’ân comme complet dès le 1er siècle – sauf quelques individus isolés qui disaient gratuitement que le vrai Qur’ân était 3 fois plus volumineux et qu’il serait en la possession de la famille alide, ce qui a été rejeté par les membres éminents de la famille alide eux-mêmes -, tout comme ils reconnaissaient la Sunnah en tant que telle – chacun privilégiant cependant leurs corpus et recueils et méthodes d’authentification -, et étaient d’accord sur les 5 piliers de l’Islam et de la foi, sur les obligations religieuses fondamentales et sur les grands interdits (shirk, meurtre, sorcellerie, viol, adultère, consommation d’alcool et de stupéfiants, pillage et banditisme, calomnie, fornication, la tyrannie, l’injustice, la corruption, la trahison, le manque de respect envers les parents et les enfants, envers les époux/épouses et les voisins, etc.). Tous ont reconnu et préservé ce noyau dur, et aucun empire musulman n’a pu altéré le Qur’ân ni introduire leurs désirs et propres lois déviantes – puisque le Qur’ân comme la Sunnah mutawatir condamnent la tyrannie et l’injustice et annoncent l’apparition des régimes despotiques et tyranniques à partir du moment où la royauté héréditaire fut de mise, Ces empires successifs, même rivaux ou ennemis les uns des autres (omeyyades, abbassides, fatimides, etc.) ne purent pas utiliser le Qur’ân comme preuves pour leur légitimité car le Qur’ân condamne fermement l’allégeance sous la contrainte, le suivi aveugle dans le blâmable tout comme l’injustice et la corruption. On y trouve aucune mention non plus, dans le Qur’ân tout comme dans la Sunnah authentique, les noms – en des termes élogieux – des dirigeants et fondateurs des courants sectaires et despotes, connus pour leur injustice et leur avidité, ce qui montre bien qu’il était très difficile, dans le monde musulman, et même impossible, de falsifier le Qur’ân aussi bien que les ahadiths notoires, et que les savants du Hadith, les maîtres spirituels, les juristes indépendants et avisés, etc. veillaient au grain, et constituaient un bouclier sur ce qui était bien connu de la religion, et ce en dépit de leurs divergences juridiques ou théologiques découlant plus de l’ijtihad, de leur interprétation, du contexte culturel et de leurs préférences personnelles.

   Que ce soit les Compagnons et les Ahl ul Bayt, les descendants des Compagnons comme Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân, Abû Mûsâ Al Ash’ari (et d’autres) et ceux de la famille alide, tous étaient parfaitement d’accord sur cela, et cela s’est transmis de façon mutawatir (notoire, abondante et bien établie par des voies multiples et indépendantes) par la pratique et de nombreux récits authentiques, et ce dès le 1er siècle de l’hégire. On ne prêtera donc pas attention aux récits apocryphes et isolés, issus d’inconnus, de menteurs ou de gens extrémistes et partisans qui ne sont pas connus pour leur sérieux, leur science et leur piété, et qui ont menti sur à peu près tout, car dans les archives de l’histoire, il y a aussi des témoignages frauduleux, trop partisans et totalement grotesques, mais qui sont réfutés par le Qur’ân, l’intellect, la réalité historique, la conscience populaire (basée sur les faits) qui a traversé les âges et par les témoins oculaires et fiables directs des événements en question.

  Encore aujourd’hui, dans toutes les contrées où le sécularisme et le consumérisme n’ont pas détruit les traditions des peuples (notamment certaines régions en Iran, en Chine, en Mongolie, en Ouzbékistan, en Turquie, en Macédoine, au Maroc, en Algérie notamment avec la communauté ibadite ou certaines communautés sunnites enracinées dans le Tasawwuf, en Mauritanie, en Equateur, au Brésil, en Indonésie, etc.), il y a une transmission culturelle et traditionnelle qui se transmet depuis les temps anciens (facilement plus de 1000 ans, et parfois même plus de 2000 ans), coïncidant en effet avec les archives et documents historiques que l’on a pu retrouver (en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe orientale, etc.) car la Tradition orale se veut vivante (le contenu – les enseignements – en même temps que l’explication du contenu, ainsi que la manière de les mettre en pratique et de la façon de se comporter sont enseignés durant des années à leurs enfants ou à leurs disciples, ce qui surpasse la simple érudition acquise uniquement par la lecture des livres sans maîtres qualifiés pour les enseigner). Ces coutumes, doctrines et rites, sont ainsi très bien préservés dans le temps, et ce même si dans les livres qui sont des supports de seconde main – parfois la Tradition orale se passait complètement même de supports livresques -, il pouvait y avoir des erreurs des scribes ou copistes, des altérations ou retouches successives pour x ou y raison.

Quant à la mémorisation, le Qur’ân a été mémorisé totalement par de nombreux musulmans arabophones et même non-arabophones, tout comme de nombreux traités de fiqh, recueils de ahadiths (avec leurs chaines de transmission et leurs variantes), des poèmes (de milliers de vers), etc., et cela existe encore dans le monde musulman, où lorsqu’une personne commet une erreur de prononciation ou de mots (ou même de l’ordre chronologique), elle est corrigée par les autres membres de l’assemblée, et les personnes qui passent tous les examens reçoivent une ijaza, c’est-à-dire une sorte de diplôme et d’attestation qui indique sa maitrise de mémorisation et du respect des règles de prononciation et de lecture du Qur’ân, tout comme pour le Hadith ou dans le fiqh ou dans d’autres disciplines. Cela peut être observé non seulement dans le monde musulman (Indonésie, Malaisie, Iran, Turquie, Egypte, Maroc, Arabie Saoudite, Mauritanie, Sénégal, Bosnie, etc.) mais aussi en Chine, en Inde, en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, etc. où des instituts forment des disciples et élèves en la matière et dispensent ces cours et cursus selon les méthodes traditionnelles.

  Aucune thèse orientaliste (du 18e siècle jusqu’à aujourd’hui) ou moderniste (parmi ceux qui se réclament du réformisme en milieu musulman) n’ont pu ainsi prouver le contraire de façon scientifique, logique et catégorique, et les seules choses qu’ils ont réussi à démontrer, étaient qu’ils se contredisaient mutuellement (et dont leurs thèses s’excluaient, elles aussi, mutuellement), et qu’ils prenaient leurs fantasmes – fondés soit sur l’ignorance soit sur la malhonnêteté – et qu’ils n’étaient presque d’accord sur rien entre eux.

  Le Qur’ân possède également une cohérence interne, une profondeur spirituelle et intellectuelle inégalée, possède des vertus thérapeutiques (en le récitant ou en l’écoutant), est constamment d’actualité malgré les époques et les régions et leurs changements continuels, s’adresse à chacun de nous directement comme s’il avait été révélé directement pour nous, contient des principes directeurs qui assurent l’illumination, l’apaisement, la droiture, la piété, et qui cultive la sagesse à travers les facultés de l’Homme que le Qur’ân met en avant : la prière, l’invocation, l’éthique, l’intelligence, la clairvoyance, la logique, l’observation, la connaissance intuitive et la science acquise, la réflexion, l’expérience (spirituelle, scientifique, politique, etc.) et s’avère constamment encadré par la justice et l’équité, en introduisant les nuances et distinctions nécessaires pour aborder les sujets et relations complexes, qu’’ils soient politiques, familiaux, religieux, intercommunautaires et étatiques , même les traités internationaux les plus modernes font pâle figure face au Qur’ân, car non seulement le Qur’ân décrit la réalité dans sa complexité – sans tomber dans l’utopie et le manichéisme – telle qu’elle (une vie de lutte ; combattre ses mauvais penchants, préserver la vie, s’opposer à l’injustice, s’élever spirituellement, surmonter les épreuves et les obstacles, etc. qui existe également dans la biodiversité et même à l’échelle cellulaire dans notre corps) et tout en apportant un message d’espoir et un cadre éthique, mais Il donne aussi les clés et les principes pour mener une éducation spirituelle et une actualisation permanente de l’intelligence face aux conflits, aux enjeux et aux situations diverses. Or, les traités modernes, en éludant complètement l’éducation de l’âme et la spiritualité, multiplie les lois – qui sont aussitôt contournées – et qui débouchent sur un relativisme justifiant aussi bien l’injustice que la justice et où finalement seuls les états possédant un rapport de force en leur faveur agissent sans se soucier de la paix, de la justice et de la préservation de la planète et des peuples. Malgré l’accumulation des lois, l’injustice n’a pas diminué, et la corruption a même augmenté considérablement. Sa connaissance de la psychologie humaine et de l’histoire, et les exemples qui sont évoqués, sont une source incroyable d’émerveillement, de connaissance et de sagesse. Il ne peut donc pas être d’origine humaine, surtout que l’individualité des personnages est effacée, le Narrateur transcendant ainsi les personnalités et ambitions purement humaines, ayant un « recul transcendant » et « métahistorique » sur l’Histoire. Allâh n’a oublié personne dans le Qur’ân : ni les humains (musulmans et non-musulmans, religieux et non-religieux, enfants et adultes, hommes et femmes, jeunes et personnes âgées, pauvres et riches, …), ni animaux et insectes divers, ni les jinns et les anges, ni la terre, les plantes, les astres, le cosmos, le soleil, la lune, l’eau et tous les autres aspects de l’existence liés au Divin, à la connaissance, aux différentes dimensions, aux autres mondes, etc., ce qui constitue bien un Livre complet dans ses principes et ses objectifs, et où beaucoup d’informations et de sciences peut se développer à partir de ses principes explicites et de ses indications implicites – que la Sunnah, la spiritualité, l’intelligence, l’observation, etc. vont expliciter ou développer -.

La Sunnah a-t-elle été préservée ?

La réponse est oui, puisque tout ce qui doit nécessairement et secondairement être connu de la religion a été perpétué à travers des milliers de voies à chaque génération jusqu’à nos jours sans aucune interruption. A cela s’ajoute des centaines de recueils de ahadiths sur support écrit (que ce soit le nombreux recueils sunnites et shiites, ibadites et zaydites, mu’tazilites, etc.). Il y a aussi les expériences et inspirations spirituelles qui confirment les enseignements et pratiques de la religion (par de grands maîtres et savants reconnus comme Al-Junayd, Al-Ghazâlî, Al-Jilânî, Ibn ‘Arabî, Al-Qunawî, Farid ud-Dîn Attâr, Jalâl ud-Dîn Rûmî, l’émir Abd al-Qâdir al-Jazairi, etc.). Tout cela se renforce mutuellement, et s’imbrique parfaitement avec l’histoire, l’observation, l’intellect et la logique, ce qui permet d’avoir une certitude sur les modalités exactes des pratiques cultuelles, des valeurs religieuses, des règles juridiques universelles et primaires, etc.
On sait ainsi exactement quelles sont les modalités pratiques qui remontent aux contemporains du Prophète.

La difficulté cependant, réside dans le tri de certains ahadiths, car si tous les événements majeurs et notables ont été enregistrés dans la conscience populaire et dans les recueils, il y a toutefois des rapporteurs – certains étant défaillants dans leur mémoire, menteurs ou trop partisans tandis que d’autres n’ont rapporté qu’une partie (et parfois sans évoquer le contexte intégralement) -, qui ont exagéré, menti ou falsifié. Il faut alors réunir toutes les versions et variantes dans les rapports sur un même événement, puis les comprendre à la lumière du Qur’ân, des principes et finalités de la religion, les confronter à une approche pluridisciplinaire mêlant histoire, linguistique, observation, sociologie, psychologie et l’intellect.

   Le Shaykh ‘Alî Ibn Muhammad al-Jurjanî dans son Kitâb al-Ta’rifat (n°587) concernant le Hadith Qudsi dit : « Cette nouvelle prophétique, sous le rapport du sens, provient de chez Allâh, et sous celui des paroles, du Messager d’Allâh (). C’est ce qu’Allâh a énoncé, en mode d’inspiration (ilhâm) ou en rêve (manâm) spirituel, à Son Prophète qui en transmet la signification par une expression qui lui appartient. La Récitation révélée du Qur’ân lui est supérieure car les paroles comme le sens ont été révélés ». Le Qur’ân a été rapporté et préservé de façon mutawatir aussi bien dans la forme (la lettre) que dans le sens, et les « confirmations spirituelles, mathématiques, linguistiques, scientifiques, historiques » et autres le corroborent par l’expérience et l’observation, par contre tous les ahadiths, même intelligibles et préservés dans le sens, ne le sont pas forcément selon la lettre même, ce qui ne pose pas de problèmes majeurs, puisqu’ils ne servent pas à réciter la Parole divine, et que le sens transmis, éclairé par la Révélation, par les autres ahadiths, par la compréhension des grands Compagnons, de la famille prophétique, de l’authentification spirituelle des Saints et par l’intellect et l’expérience, suffisent amplement pour les confirmer et les méditer.

Grâce aux sanads (chaines de transmission), il est possible de vérifier où se situent les mensonges et les problématiques dans les ahadiths douteux ou contradictoires, et de voir d’une part qui sont les menteurs ou les rapporteurs défaillants, et d’autre part, de voir les défauts de certains récits dont la chaine semble authentique, défauts qui peuvent s’expliquer par l’absence de contexte, un sens plus restreint ou au contraire général, une expression particulière dont le sens voulu n’est pas le sens apparent, des termes et sens qui ont évolué dans le temps ou selon les régions, etc. Ainsi, il y a des règles logiques et intellectuelles permettant soit de concilier ce qui semble contradictoire ou douteux en apparence, ou bien de les rejeter car n’étant pas conciliables et contredisant la pratique notoire de la Communauté, ce qui implique que le hadith, même sahih en apparence, comporte un défaut qui ne permet pas de l’appliquer (soit qu’il y a eu distorsion dans le matn – l’énoncé -, soit que ce fut une pratique isolée et abrogée sans réel lien avec la Religion).

On peut aussi savoir qui invente des chaines de transmission en croisant les différentes versions et voies par lesquelles le hadith a été transmis, et si la personne ayant cité l’isnad a pu réellement rencontrer la personne qui lui a transmis cela et s’ils ont vécu à la même époque, et ainsi de suite à toutes les étapes de la chaine.

La pratique notoire qui remonte jusqu’à l’époque prophétique apporte une certitude, puisque répandue partout dans le monde musulman, aussi bien sous les différents empires (rivaux ou ennemis) que dans les différentes régions rivales et les différents courants. Ainsi, que le hadith en question soit mutawatir ou ahad (le ahad étant bien plus répandu que le mutawatir) n’y change pas grand chose car le Qur’ân, la pratique notoire et la voie des pieux et des vertus impliquent la certitude, qu’elle soit ou non soutenue par des supports écrits (qui n’étaient pas la source principale de l’enseignement) ou par des voies de transmission dont certaines se sont arrêtées à la mort de certains transmetteurs ou de leurs étudiants (certains ahadiths ayant pu être mutawatir à l’origine, mais ahad par la suite).

Ainsi, lorsque l’on procède de cette manière – c’est-à-dire de façon rigoureuse et méthodologique -, on s’aperçoit que les thèses orientalistes, modernistes et shiites (dans leurs attaques contre le sunnisme et les Sahaba en tant que tel, ainsi que dans certains de leurs dogmes comme l’infaillibilité des 12 imâms qu’eux-mêmes ont rejeté ou comme leur dogme sur l’imamat obligatoire de la famille alide) n’ont aucun fondement réel sur lequel on peut s’établir, et comporte de nombreuses lacunes et contradictions, aussi bien du point de vue qurânique qu’historique et intellectuel.

Quoi qu’il en soit, l’erreur sur les choses secondaires étant toujours possible – notamment dans l’interprétation juridique -, le musulman doit cheminer avec sincérité, viser la piété, agir avec justice, et s’attacher aux choses bien connues de la religion comme les piliers de l’islam et de la foi, le bon comportement, s’éloigner des péchés bien établis dans le Qur’ân et la Sunnah, etc. Et sur le fiqh, préférer ce qui relève de l’éthique islamique, s’éloigner de ce qui est douteux, suivre les savants connus pour leur piété et leur sagesse, et qui tout en s’appuyant sur une bonne méthodologie, savent réadapter le fiqh selon les coutumes et priorités de leur époque mais sans jamais trahir les principes islamiques et sans se compromettre politiquement ou socialement (pour des avantages mondains, la peur du pouvoir politique, etc.), L’acte étant déterminé selon l’intention, le Qur’ân nous ramenant toujours à l’essentiel et à la certitude, faire le bien purifiant notre âme, suivre la voie des vertueux et des awliyâ’ étant un signe de l’Agrément divin, faire preuve d’humilité et sincérité pour accueillir la vérité et se repentir de nos fautes, et invoquer Son Pardon et Sa Miséricorde, cela diminue nettement la possibilité de mourir sur l’erreur, et permet de mourir en obtenant Sa Miséricorde et Sa Satisfaction.


[1] Comme ici par exemple https://www.youtube.com/watch?v=64AEuIDzwe0 et https://youtu.be/PMzrLVeJGaQ

[2] Rapporté par Al-Hindi dans Kanz al-Ummâl 7/105, par Ibn Hajar dans al-Isâba 1/133, par An-Nadwî dans Al-Murtada p.118 et d’autres.

[3] Rapporté par Ibn Kathîr dans al-Bidâya wa an-Nihâya 9/112, par Al-Qurtûbî dans son Tafsîr, par As-Suhaymi dans al-Aqîda fi Ahl al-Bayt p. 236 et d’autres.

[4] Rapporté notamment par Ibn Kathîr dans Al-Bidâya wa al-Nihâya, p. 330.



Be the first to comment “Le noyau de l’Islam (Qur’ân et Sunnah) a bien été préservé n’en déplaise à l’orientalisme idéologique”