Le mythe du génocide « l’Hindu Kush » de 400 millions d’hindous par l’Islam : Une thèse inventée qui fut reprise par des islamophobes

  Introduction : entre ignorance, hypocrisie et malhonnêteté chez les islamophobes

Régulièrement, lorsque des islamophobes veulent fermer les yeux sur les horreurs commises par les puissances occidentales depuis le 17e siècle (que l’on peut considérer comme étant celui de l’avènement du monde moderne et donc du processus de sécularisation), qui se comptent en plusieurs centaines de millions de morts et de déportés maltraités (génocide des amérindiens, traite transatlantique – traite négrière -, les 2 premières guerres mondiales, les victimes du communisme, les victimes du capitalisme, la guerre de l’opium, la guerre froide, les guerres barbares et illégitimes au Moyen et au Proche-Orient, les guerres civiles et génocides en Afrique planifiées ou alimentées par l’Occident, etc.) – et qui ne sont pas des guerres de religion et encore moins des guerres causées par l’Islam ou les Musulmans -, ils essaient de les faire oublier ou de les relativiser, en parlant d’un faux génocide, imaginaire donc, des populations hindoues par les Musulmans, alors que les hindous, en terres d’Islam ou sous autorité musulmane, furent considérés comme des dhimmis – des citoyens protégés – malgré le fait que selon le dirigeant et la région, les citoyens (Musulmans y compris) furent plus ou moins libres ou traités respectueusement. Des historiens, islamologues, spécialistes de l’Islam et du sous-continent indien – et originaires de cette région -, en ont assez bien parlé, comme Muhammad Hamidullah (1908-2002) notamment dans Le Prophète de l’Islam, sa vie, son œuvre (ré-éd. El Falah, 2009) et Reza-Shah Kazemi (né en 1960) dans L’Esprit de tolérance en Islam. Fondements doctrinaux et aperçus historiques (éd. Tasnim, 2016), et qui dans leurs recherches et travaux sur l’histoire de l’Inde, n’ont trouvé aucun document historique fiable et plausible pour soutenir la thèse défendue par un certain nombre d’islamophobes – souvent sans aucune connaissance approfondie de l’histoire et de la méthodologie dans cette discipline complexe -. En dehors du cas de l’Hindu Kush, certaines mauvaises langues, là aussi en toute ignorance, citent 2 autres cas, que nous avons déjà analysé ailleurs et que nous ne ferons pas dans cet article, déjà fort long. Il s’agit du cas de la tragédie arménienne de 1915, où, suite aux massacres des Arméniens (notamment des mouvements liés au Dashnak) contre les populations civiles turques, azéries, kurdes, iraniennes et autres, l’autorité ottomane réagit et réprima les milices arméniennes pro-révolutionnaires qui usaient de méthodes terroristes, et la région s’embrasa ensuite à tel point que des massacres eurent lieu de part et d’autre, mais les soldats ou officiers ottomans qui avaient désobéi aux ordres de l’Autorité, en ciblant des civils, furent condamnés et démis de leurs fonctions, puis, avec les Jeunes Turcs, le conflit s’intensifia, mais même là, il n’est guère possible de parler de génocide car il n’y avait pas de volonté, ni au départ ni à la fin, de génocider tout le peuple arménien, qui ne put gagner la guerre qu’ils avaient initié, en se laissant manipuler par les Français, les Anglais et par les Russes, afin de dépecer l’Empire Ottoman. Comme l’écrivait le célèbre historien français Jean-Paul Roux dans L’Histoire des Turcs (éd. Fayard, 1984, p. 306) : « On comprend l’amertume des Arméniens d’avoir été les seuls à ne pas avoir pu profiter d’un aussi grand désastre (la débâcle ottomane). On sourirait peut-être de leurs rêves utopiques s’ils n’étaient si tristes et si sanglants et, il faut bien l’avouer, s’ils n’avaient élevé le bûcher sur lequel ils brûlaient, notamment en aidant de toutes leurs forces les Russes dans la guerre contre le Turc avec lequel ils avaient vécu en harmonie, et non sans tirer d’immenses profits durant des siècles ». Néanmoins, le monde musulman envoya des lettres et des mises en garde aux Jeunes Turcs (sécularisés et en lien avec la Franc-maçonnerie occidentale donc) contre de potentiels crimes de guerre qui viseraient le peuple arménien, comme l’ont attesté des responsables Arméniens eux-mêmes. Là aussi, l’Islam n’est pas la cause du conflit, loin de là même.

En 2006, un excellent documentaire fut diffusé, intitulé La Révolte Arménienne, 1894-1920, faisant intervenir des historiens occidentaux notamment, comme Norman Stone, Justin McCarthy et Stanford Shaw – dont certains d’entre eux furent menacés de mort par des extrémistes arméniens -, et qui concluent tous qu’il n’y a pas eu de génocide, mais parlent plutôt d’une tragédie pour tous les peuples de la région.


Nous connaissons aussi par ailleurs des Arméniens très respectables et honnêtes qui contestent le narratif officiel des autorités arméniennes (qui s’apparente à du lavage de cerveau, allant au-delà de la simple propagande nationaliste), surtout quand on sait que les révolutionnaires Arméniens trahirent les valeurs chrétiennes et assassinèrent les Arméniens Musulmans ou Chrétiens restés fidèles à l’Empire ottoman. Alors que les Arméniens jouissaient de nombreux privilèges et d’une paix durable sous l’Empire ottoman durant des siècles, l’idéologie nationaliste et identitaire venant de l’Occident, les poussèrent à commettre des massacres et à ne plus vivre de façon prospère et harmonieuse avec les autres populations et pays, même depuis l’indépendance de l’Arménie en tant que pays, puisqu’ils n’ont plus renoncé au terrorisme et aux mensonges, que ce soit envers leurs voisins Turcs et Azerbaïdjanais, ou leur voisin chrétien Géorgiens – qui eux s’entendent bien avec la Turquie et l’Azerbaïdjan -. Après leur défaite en septembre 2023 face à l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh (en territoire azerbaïdjanais), ils déposèrent officiellement les armes, et retournèrent en Arménie, la Turquie comme l’Azerbaïdjan ont ensuite promis la sécurité aux Arméniens de la région du Haut-Karabagh la citoyenneté azerbaïdjanaise s’ils le souhaitaient, ainsi que tendus la main pour un projet de paix intégrant les développements économiques, énergétiques et politiques avec l’Arménie afin de pacifier durablement la région, mais la France et d’autres pays occidentaux tentent de pousser l’Arménie à perpétuer les tensions et les conflits, en alimentant une propagande abjecte. En effet, sur le conflit au Haut-Karabagh, ce sont les milices pro-arméniennes qui ont violé le droit international (occupation illégale, crimes de guerre contre des civils et des soldats, non-respect des conditions de l’accord, déportations massives de plus de 1 million d’Azéris, massacres de masse, etc.) depuis la fin des années 80 puis au début des années 90, et les forces azerbaïdjanaises n’ont fait que libérer le territoire après avoir donné plusieurs années aux milices arméniennes pour déposer les armes et devenir citoyens azerbaïdjanais (garantissant la protection de leur identité culturelle comme de leur religion), ou quitter le territoire azerbaïdjanais pour retourner en Arménie. En 2020, le conflit fut violent (avec des crimes de guerre des 2 côtés – tortures contre des soldats azerbaïdjanais et contre des mercenaires arméniens -, sauf que c’était un état légitime sur son territoire contre un occupant arménien ayant recours au terrorisme), mais en septembre 2023, l’Azerbaïdjan a soigné les blessés arméniens et sécurisé la route pour rejoindre l’Arménie, en arrêtant uniquement un poignée de responsables militaires impliqués dans des crimes de guerre. L’Azerbaïdjan aurait pu exterminer toutes leurs milices mais a préféré l’option diplomatique et l’arrêt du combat alors que leur rapport de force était à leur avantage.

Espérons que tous les peuples de la région trouvent le moyen de coexister pacifiquement comme autrefois, sous l’Empire ottoman (ce qui était la norme), et cela doit commencer par ne plus donner la parole aux extrémistes – qu’ils soient Arméniens, Turcs, Kurdes, Azéris, etc. – et à la vigilance face aux puissances occidentales ou russes d’embraser la région pour mieux la contrôler et l’instrumentaliser.

Le dernier cas est celui de la traite dite arabo-musulmane, ce qui est erronée, puisqu’on parle d’esclavagistes Africains, Juifs, Arabes (rattachés aux communautés musulmanes, chrétiennes ou autres), Perses, Turcs, Berbères, etc., sur environ 1000 ans, mais avec un bilan humain bien plus éthique et bien moins violent et tragique que la traite occidentale sur un temps pourtant bien plus court (environ 400 ans). Par ailleurs, l’Islam en Afrique a permis aux Africains Musulmans de fonder leurs empires les plus prospères et avancés économiquement, spirituellement et scientifiquement, ce qui ne fut jamais le cas sous la colonisation occidentale, alors qu’auparavant, les Africains étaient les leaders de leur propre empire, et qu’il n’y eut jamais de massacres de grande ampleur. Enfin, l’esclavage au Moyen-âge, surtout en terres d’Islam, était sans aucun rapport avec l’esclavage occidental par la suite, puisque l’Islam interdisait de maltraiter, mépriser, surcharger, insulter, émasculer ou tuer des captifs de guerre, esclaves ou domestiques, de même qu’il interdisait de rendre esclaves des personnes qui sont nées libres, la seule exception étant les prisonniers de guerre, à qui leur liberté peut-être rendue dès que la guerre est terminée ou en guise de bonne foi ou de rançon, ou si les captifs en font la demande, et qu’ils ne représentent aucun danger pour la société : « Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c’est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu’à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allâh voulait, Il se vengerait Lui-même contre eux, mais c’est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin d’Allâh, Il ne rendra jamais vaines leurs actions » (Qur’ân 47, 4) et : « Ceux de vos esclaves (ou captifs) qui cherchent un contrat d’affranchissement, concluez ce contrat avec eux si vous reconnaissez du bien en eux; et donnez-leur des biens d’Allâh qu’Il vous a accordés. Et dans votre recherche des profits passagers de la vie présente, ne contraignez pas vos femmes esclaves à la prostitution, si elles veulent rester chastes. Si on les y contraint, Allâh leur accorde après qu’elles aient été contraintes, Son Pardon et Sa Miséricorde » (Qur’ân 24, 32, 33). Et pendant leur captivité (pour les prisonniers de guerre) ou les domestiques (jusqu’à leur autonomie financière et juridique), Allâh dit : « Adorez Allâh et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves (ou domestiques) sous votre responsabilité, car Allâh n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant » (Qur’ân 4, 36). Dans le Tafsîr de Fakhr ud-Dîn Râzî concernant ce passage : « (…) Sachez qu’un bon traitement envers les serviteurs (domestiques) est de plusieurs points de vue : Premièrement, qu’ils ne sont pas tenus responsables de ce qu’ils sont incapables de faire. Deuxièmement, qu’ils ne soient pas blessés par des mots grossiers. Il devrait plutôt vivre avec eux en bonne compagnie. Troisièmement, qu’ils reçoivent de la nourriture et des vêtements selon leurs besoins ».

Al-Qurtûbî dans son Tafsîr du passage qurânique 4/36 : « (…) Je dis sur la base de ce verset, un traitement aimable des voisins est enjoint et recommandé, qu’ils soient musulmans ou non-croyants, et c’est la bonne chose à faire. Un traitement bienveillant peut être dans le sens d’aider ou cela peut être dans le sens d’être gentil, de s’abstenir de faire du mal et de les soutenir (dans ce qui est licite) ».

Bien sûr, tous les citoyens en terres d’Islam ou ailleurs, ne vivent pas forcément selon les préceptes de l’Islam (ou de leur religion), et peuvent commettre des abus et des transgressions, soit par vice soit parce qu’ils sont hypocrites ou dénués de foi tout simplement. Mais en cas d’abus – et il y en a eu à toutes les époques, y compris la nôtre, que ce soit en Occident, en Afrique ou en Orient -, les esclaves/domestiques ou prisonniers de guerre pouvaient se plaindre auprès des autorités musulmanes ou des savants, afin de réclamer justice et gain de cause en cas de maltraitance, d’abus ou de non-respect de l’engagement de son tuteur/maitre/responsable. Ainsi, l’Islam est innocent de tous les abus commis sur terre, et exige des Musulmans, que ce soit par la Zakât (un pilier de l’Islam et une obligation pour les Musulmans qui ne sont pas pauvres) ou comme expiation pour un grand péché commis, d’affranchir des esclaves (en priorité ceux qui ne représentent pas un danger pour la sécurité des habitants) ou même si un tuteur gifle son esclave (ou lui inflige une plus grande nuisance), il doit y avoir libération et affranchissement de l’esclave, en lui donnant aussi de quoi vivre jusqu’à son émancipation et son autonomisation financière. Il y a aussi interdiction de rendre esclave des gens qui sont libres et avec qui il n’y a pas de guerre, et en cas de prisonniers de guerre, la libération est préconisée lorsque l’on craint potentiellement plus rien de leur part. Enfin, l’Islam punit les tuteurs ou maitres qui abusent de leur autorité, tout comme il punit les époux qui abusent de leur épouse, ou des parents qui maltraitent leurs enfants, ou même des personnes qui font inutilement du mal aux animaux. Quoi qu’il en soit, le chiffre avancé par certains islamophobes ou écrivains (non-spécialistes du sujet) est faux et indémontrable là-aussi, avec beaucoup de spéculation et d’estimation arbitraires qui ne tiennent pas non plus la route par rapport aux données démographiques et aux implications historiques qui sont établies et vérifiables, et qui contredisent l’hypothèse d’un « génocide voilé » pour reprendre le propos d’un auteur malhonnête. Évidemment, sans excuser ou justifier les abus qui ont existé, le bilan, même en prenant les estimations les plus élevées, reste de loin inférieur au bilan catastrophique et inhumain de la traite transatlantique (bien qu’il exista des maîtres blancs qui traitèrent bien, à titre personnel, leurs esclaves, mais là où l’Islam, dans ses aspects juridiques et éthiques, condamnait le mauvais traitement, pendant longtemps en Occident, le droit n’était pas du côté des esclaves, surtout qu’eux étaient généralement libres et n’étaient pas en guerre contre l’Occident). Nous en parlerons plus en détail dans un autre article, si Allâh le veut.

Beaucoup d’islamophobes d’ailleurs propagent ce genre de thèses fallacieuses – alors même qu’une partie d’entre eux n’y croient pas vraiment et que l’autre partie ne se soucie pas de l’exactitude des faits – pour justifier les horreurs, discriminations et massacres qu’ils perpètrent contre les populations musulmanes aujourd’hui, qui sont les premières victimes dans de nombreux conflits de notre époque, et notamment en Inde et en Birmanie – où sont aussi victimes, en second lieu, des minorités chrétiennes -. En Inde, actuellement, sous l’extrémiste Modi, de nombreux musulmans et chrétiens sont privés de leur droit, persécutés et même tués avec l’aval ou le silence complice des autorités ultranationalistes.

La thèse du pseudo-génocide de l’Hindu Kush

Revenons-en maintenant au cas qui nous intéresse ici, à savoir celui de l’Hindu Kush. Pierre Conesa dans une discussion avec Pascal Boniface, diffusée sur la chaine YouTube de Pascal Boniface le 25 novembre 2020 pour l’émission Comprendre le monde (Saison 4 épisode 13) parlait de l’allégation portée par les nationalistes hindous sur les 100 millions d’hindous tués en l’espace de 7 siècles – certains évoquent 80 millions tandis que d’autres parlent de 400 millions mais aucun chiffre avancé n’est démontré – par les dirigeants mogholes (convertis officiellement à l’islam) comme étant un mythe ne se basant sur aucun élément, mais entretenu et propagé pour alimenter l’islamophobie et fanatiser les masses contre les musulmans[1]. Dans la même émission il évoque la propagande diffusée par la démocratie indienne sur le Love Jihad (des musulmans envoyés pour épouser des femmes hindoues).

   Le mythe des 400 millions d’hindous tués par les moghols (convertis à l’islam) sur environ 700 ans n’a aucun fondement. Cela signifierait donc qu’environ 571 428 hindous furent massacrés chaque année sans interruption, soit environ 1565 hindous tués chaque jour sans aucune pause, ce qui est impossible, dépassant leur population totale de l’époque alors que les hindous étaient encore majoritaires dans de nombreuses contrées de l’Inde, tout en étant dhimmis (protégés) sous de nombreuses dynasties musulmanes, avec de nouveaux temples hindous construits ou reconstruits (certains ayant été détruits lors des conflits ou des conquêtes, ou par des fanatiques, ou par le délabrement des infrastructures). Même pour celui qui est parfois considéré comme étant le dirigeant le plus sanguinaire de cette époque lors des conquêtes – Mahmud Ghaznavi -, les historiens de l’époque comme Al-Biruni dans son Kitâb ul-Hind, ne font pas état de massacres dépassant l’ordinaire, mais déplore les attitudes parfois trop belliqueuses et des conflits qui auraient pu être éviter, et favoriser, sous son règne, de meilleures relations intercommunautaires.

  Cette thèse est donc intenable, d’autant plus que beaucoup d’indiens se convertirent à l’Islam qui était à leurs yeux, un meilleur moyen de retrouver leur liberté et la justice, et une religion plus limpide et cohérente, que les croyances hindoues populaires (très loin de la métaphysique hindoue des Sages), et du système oppressif des castes pour beaucoup d’hindous. Par ailleurs, les chroniques de l’époque ne font pas état de ce genre de massacres de grande ampleur de façon systématique, mais seulement de certains conflits (entre les différents camps armés en présence) sanglants, comme il en a existé ailleurs en Inde (entre puissances hindoues), en Chine, au Moyen-Orient et en Europe.

  Enfin, les hindous étant majoritaire, ils auraient pu bouter aisément les forces musulmanes (minoritaires) si leur vie étant constamment en danger, ce qui ne fut pas le cas. Précisons aussi, qu’au moins depuis la Grèce antique, les chroniques n’offraient que rarement des chiffres fiables sur le plan factuel dans les bilans des pertes lors conflits militaires, exagérant les pertes (de son camp ou du camp ennemi) afin de marquer la supériorité, dans le narratif officiel de sa propre armée, ou de glorifier le courage héroïque – en cas de défaite – d’une guerre contre un ennemi beaucoup plus nombreux. Cette exagération se retrouve aussi bien chez les Grecs de l’Antiquité (notamment dans leurs guerres contre les Perses) que chez les peuples sémitiques (Arabes, Juifs, …) ou chez les Perses eux-mêmes, les Arméniens, les Kurdes, les Turcs, les Hindous, etc. Encore aujourd’hui, les bilans officiels des guerres donnent des fourchettes très différentes selon les sources. Par exemple dans le cas ukrainien, certains parlent de 500 000 soldats ukrainiens tués et d’autant de blessés, de plus de 400 000 civils ukrainiens tués, et autant de soldats et mercenaires pro-russes tués, quand d’autres sources parlent de 5 à 10 fois moins de pertes, selon les sources ukrainiennes, russes, britanniques, américaines et françaises notamment.

  Ainsi, les chiffres de 40 à 400 millions évoqués par des islamophobes n’ayant aucune méthodologie logico-historique ne peuvent pas être démontrés, et sont même réfutés par les chroniques sérieuses de l’époque, les données démographiques et le comportement général des Hindous durant cette période.

   Comme le faisait remarquer aussi l’historien Éric Paul Meyer, certains chroniqueurs (musulmans ou non) avaient tendance à amplifier le bilan humain des pertes ennemies pour glorifier leur dirigeant ou commandant, – ou à l’inverse pour salir davantage le camp ennemi –[2].

    Ils n’évoquent cependant pas les massacres commis entre plusieurs groupes et puissances hindous…

   Malgré 7 siècles de domination musulmane, les hindous ont toujours été majoritaires, – preuves qu’ils ne furent pas massivement tués ou forcés de se convertir à l’Islam -, de très anciens temples sont encore préservés, et d’autres temples hindous datent de l’époque musulmane. Ils furent considérés comme étant des « dhimmis » (des protégés) et beaucoup d’hindous se convertirent à l’Islam car étant mieux respectés et plus libres que sous le système des castes (alors dégénéré à cette époque). En 7 siècles cependant, des dirigeants (peu religieux et contrevenant aux préceptes islamiques) ont pu commettre des injustices (y compris contre les musulmans eux-mêmes) et adopté une posture très dure à l’égard de certaines minorités parmi les dhimmis, ce qui est influencé souvent par des considérations politiques (ceux qui sont alliés ou dociles sont généralement bien traités contrairement à ceux qui ne le sont pas), sociologiques, économiques, culturelles ou personnelles (notamment sentimentales).

   La région du Penjâb vit de nombreux hindous, – l’élite intellectuelle principalement – rapidement embrassés l’Islâm, y voyant là une synthèse métaphysique et une pureté doctrinale et rituelle que l’hindouisme ne possédait plus. Par exemple, de grands intellectuels comme Muhammad Iqbal et plus récemment Muzaffar Iqbal, viennent du Penjâb (Punjab).

   Le fameux savant et scientifique musulman Al-Biruni écrira d’ailleurs un livre important sur l’Histoire de l’Inde, appelé Târîkh al-Hind.

   Louis Frédéric, L’Inde de l’Islam (éd. Arthaud, 1989) sur l’aspect civilisationnel, mais dans les échanges et aspects spirituels et intellectuels, ses propos sont biaisés et réducteurs, comme l’ont montré les travaux et réflexions d’auteurs comme Seyyed Hossein Nasr, Muhammad Hassan Askari, Frithjof Schuon, Reza-Shah Kazemi.

    Louis Frédéric dit dans son ouvrage : « A la mort du Prophète Muhammad, en l’an 632 à Médine, l’Islâm, c’est-à-dire la religion de « Ceux qui se résignent à la volonté de Dieu » conçu comme une Entité unique, inconnaissable et omnisciente, (…). Le visionnaire de La Mecque laissait cependant à ses disciples les textes de ses prêches qu’ils avaient transcrits à l’encre sur des omoplates de chameaux, et qui seront peu après réunis pour constituer un livre sacré, celui de la Révélation, le Coran. Mais déjà les diverses tribus arabes de la péninsule arabique (qui ne comptait guère plus de six millions d’habitants à cette époque) commencent de s’entre-déchirer pour la possession du pouvoir. (…). Les tribus arabes, toujours rivales, s’opposent entre elles pour des questions de terres de pâturage, pour des répartitions de butin ou plus simplement pour assouvir des vengeances personnelles. On assiste alors à des soulèvements conduits par de faux prophètes émules de Muhammad, à des révoltes dirigées par des chefs de tribus qui refusent l’autorité des édiles de La Mecque ou de Médine, et l’on voit bientôt se dessiner un partage d’autorité entre les califats (succession du Prophète) de ces deux cités. Aidé par des bédouins du désert, un des compagnons de Muhammad, porté au pouvoir par ses pairs, Abû Bakr, va éviter la scission en s’emparant de La Mecque et en instaurant son califat à Médine. Il a, pour cela, réuni un grand nombre de cavaliers venus de tous les coins du désert. Pour les occuper et éviter qu’ils fomentent des troubles, Abû Bakr va les lancer en de fructueuses razzias sur les pays limitrophes de l’Arabie où stationnent les troupes romaines d’Orient. La Parole de Muhammad sera leur drapeau et la propagation de la foi en un Dieu unique la justification de leur aventure. Ces razzias rapportent au royaume arabe en gestation des richesses (…). Et c’est la surprise : ces quelques milliers de cavaliers, dirigés par des chefs habiles comme Khalid ben al-Walid, Yazîd ben Abû Sofiyân ou encore Amrû ben al-Aç, contre toute attente ne rencontrent aucune résistance, ou presque. Damas est prise en 635, Jérusalem en 638, Alexandrie en 642, Isfahan deux ans plus tard. Ces succès foudroyants sont immédiatement attribués aux vertus du Coran et fortifient les conquérants dans leur foi en l’unicité d’Allah et la Révélation de Muhammad. Abû Bakr étant mort en 634, son successeur Omar saura profiter de la faiblesse des armées romaines et grecques de Syrie qui, composées d’éléments autochtones peu fidèles aux Byzantins, accueillent en libérateurs les nomades arabes montés sur des chameaux et des chevaux. Il est vrai que la situation politique dans le Proche-Orient est instable, dominée tour à tour par deux empires à bout de souffle, la Byzance d’Héraclius et la Perse de Khusrû. Le Sassanide veut reconquérir l’empire de Darios et semble un instant prendre le dessus, ayant successivement pu occuper la Mésopotamie, Antioche, Damas, Jérusalem et une partie de l’Égypte. Pour sa part, Héraclius, vaincu en Espagne par les Wisigoths et assiégé dans Constantinople par les hordes des Avars, réussit, grâce à la puissance de sa flotte, à prendre la capitale perse de Ctésiphon. Les conquêtes des deux empereurs s’annulent et tout est à recommencer. Mais les finances des deux empires sont épuisées et les destructions importantes des deux côtés.

Ils n’ont que la ressource de pressurer les populations tombées sous leur joug. Devant l’inertie de celles-ci, les Byzantins vont les forcer à se soumettre à leur domination religieuse. Mais les soldats sont las des guerres et, des deux côtés, ont perdu leur enthousiasme. Tout le Proche-Orient est en effervescence et la révolte couve, seulement contenue par le despotisme des dirigeants. (…). Ne trouvant qu’une faible résistance et ne sachant pas s’arrêter sur le chemin de la guerre victorieuse, ils continuent sur leur lancée. Les chefs de bandes se nomment alors gouverneurs, fondent des camps militaires qui, plus tard, deviendront des villes, accueillent dans leurs rangs d’autres tribus de nomades et des transfuges, construisent des mosquées pour affirmer leur foi et marquer les lieux de leur empreinte, et se font bâtir des palais, Imitant leurs prédécesseurs grecs et iraniens, ils battent monnaie et érigent des forteresses : le luxe des villes remplace l’austérité des déserts. (…) Omar ibn al-Khattab va s’y employer. A sa mort (il fut assassiné dans la mosquée de Médine par un ouvrier originaire de Kûfa en 644), les notables de Médine choisissent pour lui succéder un autre calife, le vieil Othmân, de la famille des Omeyyades. (…) Othmân aurait été, selon al-Balâdhur ! (1), le premier à concevoir l’idée d’une conquête de l’Inde. Il aurait, à cet effet, envoyé Hakim Jalâla al-Abdî en reconnaissance dans le Séistân. Mais celui-ci était revenu, disant : « L’eau y est rare, les fruits peu nombreux et les brigands redoutables. Si nous y envoyons peu de soldats, ils seront perdus ; si au contraire, nous y expédions une troupe nombreuse, elle mourra de faim ». Aussi Othmân aurait-il renoncé à son projet, préférant porter ses efforts vers des régions plus hospitalières, malgré les troubles qui agitaient le califat. Othmân est assassiné dans sa propre maison (… ) et Alî est alors reconnu calife par la plupart des médinois, en 656. (…).. Mais Alî est à son tour assassiné en janvier 661 et Muâwiya, qui s’était proclamé calife à Jérusalem en 660, entre en maître à Kûfa d’où il continuera la lutte contre l’empire byzantin.

Par ailleurs, les troupes du califat de Médine stationnées en Égypte, augmentées des troupes kharidjites, commencent leur progression vers l’Afrique du Nord. Muâwiya « pacifie » l’Irâq et envoie ses armées syriennes contre la Perse, établissant de nouveaux points d’appui à Merv dans le nord de l’Iran et dans le Séisian au sud (…). Puis il transfère sa capitale à Damas et, bien qu’il ait été plusieurs fois repoussé devant Constantinople par le feu grégeois des assiégés, y établit une dynastie héréditaire (…). A la mort de Muâwiya, en 680, les vieilles dissensions opposèrent de nouveau entre eux les partisans d’un des fils d’Alî, Husain, qui voulait se faire proclamer calife en tant que petit-fils de Muhammad, et les partisans de Muâwiya. Mais Yazid 1er, un fils de ce dernier, le défit à la bataille de Karbalâ le 10 octobre 680. Husain fut tué au cours de l’engagement, ainsi que la plupart des membres de sa famille qui l’avaient accompagné. (…) Fort de sa victoire, Yazid envoya aussitôt ses troupes contre la ville de Médine, qui fut pillée pendant trois jours, et contre La Mecque, qu’elles prirent au bout d’un siège de soixante-quatre jours (…). Cependant, les Chiites étant en petit nombre, ne purent se maintenir dans le centre de l’empire arabo-syrien maintenant constitué. Tandis que les Kharidjites conquéraient l’Afrique du Nord, les Chiites allèrent se tailler un empire dans certaines parties de l’Irâq et, plus loin, en Perse. Yazîd étant mort en 683, d’autres califes lui succédèrent de père en fils, affirmant à l’ouest comme à l’est leurs conquêtes, réprimant à grand-peine les incessantes révoltes des factions arabes ou locales opposées à la règle établie par les Omeyyades.

Or, à l’est, les armées musulmanes avaient abattu les forces perses dès 637, à peine cinq années après la mort de Muhammad, à la bataille de Cadesia, puis étaient arrivées jusque sur l’Oxus (Amû-dariâ) en 650 : l’Inde et la Chine étaient à leur portée, et il n’y avait aucune raison pour que les Arabo-Syriens ne tentent pas, d’une manière ou d’une autre, de s’emparer de leurs richesses que les voyageurs disaient fabuleuses. En fait, des raids de pillage avaient déjà été lancés par voie de mer sous le règne d’Omar par des aventuriers-marchands qui avaient tenté, mais sans succès, vers 637 de s’emparer de Thânâ, un port situé près de l’actuelle Bombay. Ils avaient également essayé de prendre pied à Broach (alors appelée Barwâs) et à Debal, un port important de l’un des bras du delta du Sindhu (l’Indus). Ces raids de pirates échouèrent probablement et les premiers dirigeants arabes, peu enclins aux expéditions navales (Amrû al-Aç avait écrit à Omar que la mer n’était qu’une grande mare avec un sillage de gens insensés, ayant l’air de vers une bûche de bois2 »), les avaient même interdites,

Une autre tentative de conquête de l’Inde eut lieu quelques années plus tard, mais par terre cette fois. Le général Abdallâh ibn Omar al-Rabî entra dans le Séistân, puis longea la côte du Makrân vers l’Indus, mais il se heurta à une ferme opposition des râja hindous du Sind et du Makrân. Il n’insista pas et revint dans le Séistân d’où il repartit vers le nord en remontant le fleuve Hilmand. La résistance des populations locales étant trop vive pour ses faibles forces, il dut s’en retourner sans avoir rien conquis.

Muâwiya reprit alors l’offensive et une force arabo-syrienne commandée par le gouverneur du Séistân réussit enfin à remonter le cours de l’Hilmand et à s’emparer de Kâbul.  Peu après, en 683, cet Abd ur-Rahmân ayant été rappelé, les habitants de Kâbul se soulevèrent et défirent complètement les forces musulmanes. Celles-ci cependant continuèrent leurs attaques et réussirent à tuer le roi du Zâbul, une petite vallée au sud de Kâbul, en 685. Son fils laissa les Arabes s’avancer dans les montagnes, les encercla et les obligea à signer un traité de paix, que le calife devait d’ailleurs dénoncer.

En 695, le nouveau gouverneur de l’Irâq, al-Hajjâj, envoya son général Obaidallâh de nouveau contre Kâbul. Ce fut un désastre pour les musulmans qui ne purent se retirer qu’en payant une lourde indemnité. Le calife de damas, enragé par cet insuccès, leva une forte armée et en confia lecommandement à Ibn al-Ashath qui, attaquant Kabûl, en tua le roi. Trouvant que son général n’allait pas assez vite en besogne, al-Hajjâj menaça de le remplacer. Ibn al-Ashath se retourna alors avec son armée contre le gouverneur de l’Iraq et le calífe, et fut assez heureux pour s’emparer de Bassorah. Mais finalement défait par le calife, il n’eut que la ressource d’aller se réfugier auprès de son ancien ennemi, le roi du Zâbul qui, pour obtenir la paix avec al-Hajjâj, trahit le malheureux général et envoya sa tête au gouverneur de Syrie.

A la mort d’al-Hajjâj en 714, les rois de Kâbul et du Zâbul refusèrent de continuer à payer le tribut au califat selon les termes de l’accord passé avec al-Hajjâj. La présence musulmane ne devait plus se faire sentir à Kâbul pendant plus d’un siècle et demi.

Dans le Sud, après l’échec de la conquête du Sind, le calife Ali avait envoyé une autre expédition qui tenta d’envahir le pays en passant cette fois, non plus par le Makrân, mais par le col de Bolân donnant accès à la vallée de Quetta. En 663, son armée subit une nouvelle défaite. Pendant plus de vingt ans, les musulmans tenteront par six fois de forcer le passage, sans succès. Ils ne purent qu’occuper quelques points de la côte du Makrân.

Cependant, al-Hajjâj n’avait pas perdu tout espoir de conquérir cette riche contrée de l’Inde que les voyageurs lui décrivaient avec ravissement. En 708, sous le califat d’al-Walîd, le plus brillant souverain de la dynastie des Omeyyades dont les armées allaient de succès en succès en Afrique du Nord, un bateau arabe venu de Ceylan et cinglant vers le port d’Oman avec à son bord des femmes et des denrées de prix fut arraisonné et pillé par des pirates indiens, non loin du port de Debal. Al-Hajjâj demanda alors au roi hindou Dahâr de libérer les femmes. Dahâr ayanı répondu qu’il n’avait aucune autorité sur les pirates, le gouverneur de l’Iraq résolut d’envoyer contre lui une expédition punitive. C’était là une bonne occasion de venger ses défaites dans le Nord. Le calife, bien que peu désireux de risquer des troupes aussi loin dans l’est alors qu’il était occupé à la conquête de l’Arménie, céda enfin, aux instances d’al-Hajjâj et envoya son général Obaidallâh contre Debal. Celui-ci ayant été repoussé et tué, al-Hajjâj envoya un autre général, Budail, par mer cette fois-ci, à partir d’Oman. Alors qu’il débarquait, Jaisimha, le fils de Dahâr, après une dure bataille, le tua et rejeta les Arabes à la mer.

Ces défaites successives enragèrent al-Hajjâj, bien décidé à conquérir le Sind et l’Inde, quoi qu’il pût lu en couter. Il prépara soigneusement une troisième expédition et mit son neveu Muhammad ibn-Qâsim à la tête d’une armée bien équipée, renforcée par six mille Syriens. Par mer, il fit parvenir à ses troupes un équipement de siège, des catapultes, des armes et des munitions en quantité. Ibn-Qâsim atteignit Debal en 710 et réussit cette fois à prendre la forteresse défendant la cité. Il fit mettre à mort tous les habitants âgés de plus de dix-sept ans qui refusaient de se convertir à l’Islam et emmena les autres en esclavage. Puis, dans le but de faire de ce port un point d’appui pour la conquête de l’Inde, il le repeupla avec quatre mille musulmans venus du Makrân pour lesquels il fit construire une petite mosquée. Ce fut véritablement le premier pas des musulmans sur le sous-continent indien.

Le port de Debal n’a pas encore été identifié avec certitude, les archéologues penchant soit pour la cité de Thatta, soit pour le site de l’actuel village de Bhambore dans les environs, sur la rive nord de l’anse de Garo. Cependant, on n’a encore retrouvé sur ce dernier site aucune preuve décisive de l’existence de Debal, mais seulement les vestiges d’un grand port protégé par rune puissante citadelle à trois portes précédées de larges escaliers. La porte sud, flanquée par deux bastions et un vestibule fortifié, donnait directement sur la baie, maintenant ensablée. Le palais était établi au nord-est et communiquait avec un lac d’eau douce. Tout autour de ce port, dont on a désensablé les fondations des quais, s’étendaient les quartiers des teinturiers dont les produits faisaient alors la réputation de la ville. On a mis au jour dans la citadelle les soubassements d’une mosquée qui, si elle était celle construite par Muhammad ibn-Qâsim, serait la plus ancienne du sous-continent indien. Cette mosquée consistait en une simple cour entourée d’une galerie supportée par des piliers en bois délimitant des pièces de trois mètres de côté. Le toit de la salle de prière, située à l’ouest, était soutenu par trois rangées de onze piliers. Cette salle ne comporte pas de mihrâb, la coutume d’installer celui-ci ne s’étant établie, sur une idée byzantine, qu’en 709 lors de la reconstruction de la mosquée de Médine, et n’étant pas encore suivie ailleurs. Quelques inscriptions en caractères kûfiques (de Kûfa) carrés ne donnent aucune indication sur le nom de la ville. C’était cependant une cité hindoue, comme le montrent les vestiges d’un temple dédié à Shiva. Elle aurait été pillée par les troupes d’Alexandre en 326 avant notre ère et de nouveau par les Parthes deux siècles plus tard. En tout état de cause, cet ancien port paraît avoir été florissant à l’époque de la conquête de Debal par Muhammad ibn-Qâsim, car on a ramassé dans ses ruines des tessons de céramiques chinoises de l’époque des Tang, révélant qu’il était alors en relations commerciales avec la Chine. Peut-être était-ce un des points terminaux de la Route de la Soie ?

Bhambore sera définitivement rayée de la carte au XIIIe siècle à la suite d’un raid dévastateur d’un sultân du Khwârezm, Jalâl ud-Din, chassé par Genghis-khan.

Muhammad ibn-Qâsim poursuivit alors sa marche à travers le Sind, à la poursuite des armées de Dahâr et de son fils Jaisimha. Il eut la surprise de voir se ranger à ses côtés des populations de religion bouddhique et mazdéenne qui, opprimées par les hindous, voyaient dans le conquérant une sorte de libérateur. Avec leur aide, le général arabe put, sans coup férir ou presque, s’emparer de Sehwân sur l’Indus et de Nerun (la moderne Haiderâbâd). En fait, les bouddhistes et les mazdéens (zoroastriens) de la région ne s’opposaient pas plus, sur le plan religieux, à l’Islâm qu’au brâhmanisme car, pour eux, l’idéal de la fraternité d’une religion universelle transcendait le fait politique. Mais les bouddhistes et les mazdéens ne furent pas les seuls à accueillir amicalement les forces arabo-syriennes, et de nombreux éléments autochtones qui avaient à se plaindre de leurs maîtres hindous, notamment les hors-castes, se joignirent spontanément à eux.

Muhammad ibn-Qâsim, dont l’armée avait été renforcée par 2000 guerriers choisis et envoyés par al-Hajjâj et par 4000 autres venus du Séistân, ainsi que par 5 catapultes, se résolut à traverser l’Indus et à affronter l’armée hindoue de Dahâr, Celle-ci « se rua sur les Arabes de tous côtés et combattit si vaillamment que l’armée de l’Islâm faiblit et que ses lignes furent rompues ». Les cavaliers arabo-syriens, déroutés par les éléphants de guerre indiens, étaient sur le point de s’enfuir lorsque Dahâr, qui conduisait l’avant-garde de son armée du haut de son éléphant, fut atteint par une flèche qui lui transperça la poitrine. Voyant leur chef tomber, les Indiens s’enfuirent et, sous la conduite de Jaisimha qui les rassembla à grand-peine, firent retraite jusqu’à Brâhmanâbâd. La veuve de Dahâr, Rânî Bâi, et son fils se retranchèrent dans le fort de Râwar où ils offrirent aux Arabes une résistance désespérée. Mais que pouvaient-ils faire, avec les quelques soldats qui leur restaient et dont la fidélité n’était pas à toute épreuve, contre l’armée des assiégeants et ses catapultes ? Bientôt, voyant qu’elle ne pouvait résister plus longtemps, nous rapporte le Châch-nâma, la rânî réunit les femmes dans une maison et, à la manière des Râjput, se fit brûler avec elles afin de préserver leur honneur.

La résistance ayant cessé, Muhammad ibn-Qâsim entra dans le fort, massacra tous les combattants encore en vie (environ six mille) et s’empara du trésor de guerre de Dahâr. Cependant, comme c’était alors la coutume, il épargna les marchands et les artisans, les cultivateurs et les gens de peu d’importance, à condition toutefois qu’ils acceptent de se soumettre. Puis il fit connaître aux habitants du pays les lois de l’Islâm : tous ceux qui ne désiraient pas se convertir et voulaient néanmoins conserver leurs terres et leurs biens, devaient payer la jiziyâ (…). Selon leur statut, ils devaient payer chaque année l’équivalent de 48, 24 ou 12 dirham, la nouvelle monnaie instituée en 693 pour remplacer celle des Grecs et des Perses, c’est-à-dire 144, 72 ou 36 grammes d’argent »[3].

  Au 19e siècle, avec la montée du nationalisme sectaire hindou (l’une des conséquences aussi de la colonisation britannique), un nouveau mythe se répandit dans leurs cercles, à savoir un pseudo-génocide contre les hindous. Pour justifier leur haine et leur massacre des musulmans, surtout dans la région du Cashemire (musulmans indo-pakistanais), ils tentent de renforcer la haine et la mentalité identitaire. Certains auteurs, – qui ne sont pas des historiens -, ont répandu aussi ce genre de fakes news[4], mais ils ne sont pas pris au sérieux par les historiens qui ont étudié le sujet.

   Selon l’historien Pascal Buresi[5], il s’agit clairement d’un « mythe » nationaliste hindou largement amplifié au cours du 19e siècle. Si des batailles et « massacres » ont bien existé, l’ampleur décrite par les « islamophobes » de notre époque est amplement exagérée. L’élite intellectuelle hindoue s’est largement convertie à l’islam (par exemple la « grande famille » Iqbal), au Cashemire tous les grands intellectuels hindous se convertirent à l’islam et devinrent ses plus fervents partisans.

   Mir Sayyid Ali Hamadani (m. 1384), sûfi originaire de l’Iran moderne, est celui qui a introduit massivement l’islâm dans la vallée du Cachemire, autrefois centre important de littérature et philosophie sanskrit (Al Birûnî, dans son Tarikh Al-Hind, quelques siècles plus tôt, dira que le Cachemire et Bénarès sont les pôles intellectuels de l’Inde), alors que, aujourd’hui, pratiquement tous ses brahmanes professent le monothéisme islamique (le poète-philosophe Muhammad Iqbal était le petit-fils d’un brahmane cachemiri converti) ; lui-même akbarien respecté, il a laissé des épîtres commentant l’œuvre d’Ibn Arabî, épîtres toujours méditées dans la région. La conversion à l’Islam dans les différentes régions d’Inde varie, ici 10%, là 30% ou encore 60% ailleurs ; la vallée Cachemire est un cas rare, dans le sens où sur ses 5,5 millions d’habitants, 5,3 millions sont musulmans (donc 98%), et qu’ils sont pratiquement tous des brahmanes convertis, et d’ailleurs conservent leur nom de caste brahmane (« Bhatt », « Dar », « Sapru » – la famille d’Iqbal -, etc). D’un point de vue « nationalisme hindou », c’est plus ironique encore quand on sait que, malgré sa population réduite par rapport à l’ensemble du sous-continent (environ 1, 5 milliards d’âmes en 2016 déjà), les brahmanes du Cachemire ont été parmi les plus grands philosophes et scientifiques de l’Inde « hindoue », donc ces conversions de masse à une « autre » religion (dans laquelle ils ont reconnu la Vérité pure, qui était celle aussi de l’Hindouisme monothéiste à l’origine, et dont l’Islam venait revivifier le culte primordial, débarrassé de toutes les altérations humaines) ont engendré chez eux une carence en termes de grands intellectuels polymathes (mais pas en ce qui concerne des sociologues, scientifiques ou politologues, mais qui sont loin d’avoir la « profondeur intellectuelle » des intellectuels portés sur la métaphysique). Conversion non-forcée et purement intellectuelle et spirituelle (contrairement aux propagandes véhiculées par les nationalistes hindoues depuis le 19e siècle, voulant diaboliser sans cesse les musulmans en falsifiant l’histoire).

   En plus les nationalistes hindous (comme les autres d’ailleurs) confondent systématiquement l’islam et les musulmans d’une part, puis la politique/culture (pas forcément islamique) et des gens se disant musulmans mais qui ne respectent pas l’islam (ou du moins ses préceptes, et contredisant les enseignements de l’islam). Les hindous dès le début (lorsque les musulmans se rendirent jusqu’en Inde, d’abord via les commerçants et les savants), furent considérés comme des « dhimmis » (protégés), – donc pouvant exercer leur religion et garder leurs biens -, sous les premiers dirigeants musulmans. Mais certains empereurs moghols bien plus tard, furent très durs et injustes, y compris à l’égard des musulmans. Mais historiquement, de nombreux hindous, temples et sages hindous continuèrent à exister durant plus d’un millénaire, donc non, il n’y a pas eu de « génocide » ni de destruction massive et systématique, puisque les traces historiques qui témoignent du contraire existent encore (de nombreux temples et écrits, ainsi que des communautés très importantes d’hindous). Par contre, vu que de nombreux courants hindous sont dégénérés, et ce déjà depuis plus de 1000 ans, non seulement sur le plan doctrinal et métaphysique, mais aussi par rapport aux pratiques sociales et morales, beaucoup d’hindous issus des basses castes virent dans l’islam, un facteur d’émancipation sociale et une doctrine pure (conforme aux enseignements originels des Védas et des Upanishads, notamment dans leurs dimensions métaphysique et théologique) afin d’échapper à la misère sociale qui prévalait alors (et qui existe encore aujourd’hui).

   Il n’y a donc pas eu de génocide, puisque les hindous furent encore largement majoritaires en Inde (ce qui est toujours le cas aujourd’hui, où sur environ 1, 6 milliards d’habitants en 2023, environ 1,2 milliards sont des hindous, contre 300 millions de Musulmans, le reste étant des minorités chrétiennes, bouddhistes, etc., et même en rajoutant le Pakistan, cela donnerait environ 500 millions de Musulmans dans l’espace actuel de l’Inde médiévale, donc les hindous restent majoritaires). En plus plusieurs dirigeants moghols n’étaient pas vraiment musulmans et n’appliquaient pas la Shar’îah, mais leur propre « loi » (le « yasak » par exemple) ou leurs décisions purement arbitraires, et opprimèrent aussi des musulmans. D’autres dirigeants étaient aussi durs et rigoristes, suivant des avis juridiques qui faisaient divergence et qui n’étaient pas forcément représentatifs de l’islam ni en accord avec le Qur’ân et la Sunnah purifiée. Dans leurs actions politiques et éthiques, leurs dérives provenaient généralement de leurs anciennes coutumes dont ils étaient encore fortement imprégnés, les mettant en pratique, au lieu de se conformer au Qur’ân et à la Sunnah, tout en procédant à leur purification de l’âme (spiritualité).

   Et enfin, des dirigeants pieux, lettrés et justes dirigèrent également l’Inde comme Sher Shah Suri (1486-1545). De son vrai nom Fahrid Khan aussi dénommé Sher Khan, est un chef musulman afghan, fils de Hassan Khan, chef de clan. Sher Shah Suri fut le troisième padishah (empereur) de l’Inde. Sher Shah Suri est souvent considéré comme le véritable responsable de l’implantation de l’islam en Inde. Il installe notamment une administration efficace qui sera fortement centralisée, et divise son empire en 47 provinces appelées sarkars, chacune subdivisée en plusieurs districts plus petits appelés paraganas. Chaque « paragana » possède son propre groupe d’officiers que Sher Shah fait transférer tous les deux ou trois ans afin de prévenir l’irruption d’un pouvoir local fort. Après un inventaire de ses terres, il fixe avec les paysans le revenu de leur terre, habituellement le quart ou le tiers de la récolte à payer en nature ou en espèces. Des remises sont accordées en cas de mousson insuffisante ou de ravages effectués sur les récoltes par la soldatesque. La conquête de l’Hindoustan par Babur devient de l’histoire ancienne et les Afghans en sont de nouveau les maîtres. Sher Shah Suri réduit aussi les Gakkar du Pendjab et doit mater la rébellion du gouverneur du Bengale. Il est parvenu à vaincre les Moghols après avoir instauré dans son armée une discipline militaire égalitaire. Il mobilise des ressources énormes et parvient à agrandir l’Empire, qu’il réorganise pour mieux l’administrer en le découpant en districts avec, à leur tête, des hommes fiables qui ne sont responsables que devant lui. Il fait édifier une nouvelle ville à Delhi et réorganise les finances (abolition des taxes vexatoires et de douanes intérieures). Il associe aussi les fonctionnaires hindous à l’administration. Ses réformes agraires sont encore à la base du système actuel. Il fait construire des routes et améliore le réseau routier, créant le Grand Trunk Road qui relie le Bengale à l’Indus, ce qui facilite le déplacement rapide de ses troupes et stimule le commerce. Conformément au Qur’ân et à la Sunnah, il traitera ses citoyens musulmans et non-musulmans (hindous) avec équité et bonté. Il étudia aussi les sciences-islamiques, l’art de l’administration, l’art militaire et s’intéressa également aux arts architecturaux (comme en témoigne son mausolée à Sasaram). Sous son administration, la justice ne se base pas sur différences selon les classes sociales, d’ailleurs certains membres corrompus de sa propre famille seront durement sanctionnés par la loi, et les hindous des différentes classes seront bien traités. Il réforme la monnaie et les taxes pour favoriser le commerce et la circulation des marchandises et, dans le même but, crée des routes, comme la Grand Trunk Road qui mène du Bengale oriental aux rives de l’Indus, ou en améliore d’autres, ce qui profite aussi aux armées en campagne. Il fait planter le bord des routes d’arbres pour fournir de l’ombre et construire des sérails, à intervalles réguliers, qui servent aussi de relais de poste et pour la récolte de renseignements. La police est réorganisée et le principe du traitement local des crimes est établi.

   Sous son administration, la justice est indifférente au rang social, certains membres de sa famille connaissent d’ailleurs les foudres de la loi. Pieux musulman, il traite cependant les hindous avec respect. Enfin, il fait preuve d’un goût architectural certain dont son mausolée à Sasaram offre toujours la preuve.
Ceci étant dit, comme beaucoup d’hindous continuent encore à se convertir à l’islam, les milieux nationalistes lancent des rumeurs et accentuent leur diabolisation de l’islam par tous les moyens possibles, pour en freiner l’expansion. A noter que beaucoup de femmes et d’indiens démunis, sont maltraités par ceux qui détiennent plus d’autorité et pouvoir (parmi les indiens). Ainsi, le mythe avancé par les nationalistes ne repose sur aucun recensement exact.

   Les chiffres sont donc amplement exagérés (y compris dans certaines sources historiques peu fiables, puisque ne procédant à aucune vérification minutieuse ou probable, ni aucun recensement précis), même s’il y a eu évidemment, comme dans toute civilisation humaine en Europe, en Afrique et en Asie, des dérives et des conflits parfois sanglants, entre les différentes périodes de paix et d’effervescence intellectuelle. Et imaginons que ce soit réellement le cas (le mythe dont ils font la propagande), ils auraient alors comptabilisé tous les gens décédés de maladie, de mort naturelle, etc., et ce, issus de toutes les communautés de la région, sur une longue période, ce qui n’est pas sérieux non plus.

  Pour les chiffres (concernant les « massacres » commis par des « musulmans ») avancés par de nombreux islamophobes (qui généralement se montrent très peu sérieux et sont très partiaux quand il s’agit de collecter et d’analyser les faits), ils sont à relativiser : mensonges et exagérations, ils ne prennent pas en compte les guerres défensives ou « préventives » (c’est-à-dire la légitime défense, comme nous l’avons déjà dit), et se basent sur des chiffres et faits inventés de toute pièce ou exagérés par certains auteurs, comme par exemple, pour le cas de l’Inde, par des nationalistes hindous au 19e siècle.

   Aymeric Caron, lors d’un débat télévisé le 10 mars 2013 dans On n’est pas couché face à Veronique Genest sur France 2, disait justement, au sujet de cette propagande que : « Les 80 millions de morts de l’Hindi Kush : une thèse mise au point par des nationalistes hindous à la fin du 19e siècle afin de contrecarrer les musulmans, les musulmans qui sont minoritaires en Inde, 20%, et qui eux justement excluent cette thèse, parce qu’eux-mêmes se sont fait massacrer. Je vous conseille de lire Pascal Buresi, historien spécialiste de l’islam ».

   Il s’agit d’une thèse issue de la droite hindoue/nationaliste, qui invente ou déforme des histoires sans fondements (ou en mélangeant avec certains faits ou sources crédibles), dans le but de semer les graines de la haine et de l’inimitié entre les indiens hindous et les indiens musulmans. C’est une stratégie vieille comme le monde pour diviser une population et détourner les gens des véritables problèmes, en les montant les uns contre les autres et en récupérant la frustration et la masse populaire pour leurs propres objectifs.
Cette thèse est reprise par certaines personnalités, dont Alain Daniélou, qui se prétendait «représentant de l’hindouisme orthodoxe», or il est connu pour avoir dénaturé et déformé des doctrines hindoues, forgé certains mensonges et défendre certaines thèses nationalistes au détriment de la vérité historique et doctrinale[6].

   Dans un article intitulé Jean-Louis Gabin, le disciple désabusé, on apprend que Alain Daniélou (sur lequel se base plusieurs autres auteurs islamophobes), qu’il était un manipulateur et qu’il inventait certaines choses : « Ayant pris connaissance de certains écrits de A. Daniélou, Veer Bhadra Mishra, l’un des grands prêtres de Bénarès, s’indigne de ce que la création d’un parti ultranationaliste et raciste hindou, le Jana Sangh, y soit faussement attribuée à Swâmi Karpâtrî quand le sage a lutté toute sa vie contre cette organisation. J.-L. Gabin entame alors une enquête approfondie, racontée avec force détails dans L’Hindouisme traditionnel, enquête dont il ressort profondément indigné. Car pour lui, A. Daniélou a diffusé dans ses écrits un nombre impressionnant de contrevérités et de traductions biaisées, qui ne peuvent s’expliquer que par une volonté consciente et systématique de déformation de la vérité. En bref, le chantre de l’hindouisme extatique serait un faussaire, qui aurait sciemment forgé une vision hédoniste et païenne d’une Inde qui n’a jamais existé, si ce n’est dans ses fantasmes.

Ayant entre-temps basculé de l’athéisme à l’hindouisme, J.-L. Gabin, s’il reconnaît à A. Daniélou un rôle important en matière de musicologie, estime que le personnage, rejeté d’une famille ultracatholique en raison de son homosexualité, a souhaité à toute force faire de l’hindouisme, qu’il présentait comme polythéiste, une antithèse du catholicisme… Alors que les penseurs indiens qu’il citait à l’appui de ses théories estimaient pour leur part que l’hindouisme était bien un monothéisme. En inventant un shivaïsme ésotérique qui faisait des plaisirs du corps le moyen d’accès au divin, A. Daniélou a simplement construit un système en phase avec ses fantasmes et aux antipodes de ce qu’un chercheur honnête pouvait voir sur place.

Culpabilisé par le regard de ses coreligionnaires de Bénarès, J.-L. Gabin s’est donc lancé dans une croisade pour rétablir la vérité. Mais les accents parfois métaphysiques qui émaillent occasionnellement son épais opus laissent songeurs… Est-il possible de concilier convictions religieuses et recherches ? « L’opinion ne joue pas sur la qualité de la démarche scientifique », se défend l’auteur. En tout cas, le chercheur et le converti en lui convergent sur la nécessité de remédier à une falsification historique.

Jean-Louis Gabin, L’Hindouisme traditionnel et l’interprétation d’Alain Daniélou, Cerf, 2010 »[7].

   Face à la falsification de Alain Danéliou, Jean-Louis Gabin se rapproche de l’oeuvre de René Guénon et y adhéra peu de temps après sa réfutation de l’imposture d’Alain Daniélou.

   Le connaisseur et spécialiste de l’hindouisme, Jean-Louis Gabin, écrira encore un autre livre sur l’hindouisme Symboles du monothéisme hindou : Le linga et la Déesse (éd. Cerf, 2013) pour réfuter les préjugés et erreurs qui se sont répandues en Occident à cause de Alain Daniélou : « L’absolutisation du linga au détriment du yoni, l’assimilation de son culte aux cultes phalliques et à un hédonisme plus ou moins maquillé de tantrisme, la scission entre Shiva et la Déesse, l’opposition entre Shiva et Vishnu, la dévalorisation de ce dernier et de la Déesse, la caractérisation de l’hindouisme comme fondamentalement polythéiste, de Shiva comme d’un dieu de tamas, l’opposition des aryens “puritains” aux dravidiens extatiques – toutes les idées, en somme, par lesquelles les ouvrages d’Alain Daniélou ont acquis la célébrité – sont totalement opposées aux points de vue de l’hindouisme traditionnel exposés par Swâmî Karpâtrî » (p. 133).

   Les chiffres avancés par les partisans de cette propagande (qui oublient de mentionner aussi le fait qu’ils ont inclut, – si l’on adopte leur point de vue -, généralement toutes les personnes, toutes ethnies ou religions confondues, mortes naturellement ou par des maladies ou qui se sont établies dans d’autres contrées, ainsi que les millions d’indiens convertis à l’Islam de leur plein gré)  sont farfelus, et demeurent impossibles à établir selon les données démographiques de l’époque, les forces en jeu (pendant de nombreux siècles, les musulmans auraient pu forcer tous les indiens à se convertir à l’islam, or, la majorité des indiens restèrent hindous, et quand les musulmans furent toujours une minorité armée, les hindous étaient en position de force pour les chasser ou éviter d’éventuelles persécutions). Puis les sources issues de certaines autorités non-musulmanes avides de pouvoir voyaient d’un mauvais oeil l’islam, car s’opposant à la tyrannie et à l’avidité des dirigeants injustes, d’où certaines propagandes menées contre l’islam et les musulmans pour effrayer la population (exactement comme de nos jours, à travers les médias tenus par les multinationales exploitant et asservissant le peuple…).

Certains ont comptabilisé les morts parmi ceux qui tentaient de traverser la montagne nommée « Hindu Kush », c’est-à-dire qui « tue les Hindous », parce que beaucoup meurent dans cette montagne à cause de la violence du froid et de la quantité de la neige comme le relatait Ibn Battûta, ou d’autres problèmes, notamment via le commerce d’esclaves (organisé par les hindous eux-mêmes, comme par les mongols, les persans, les chinois et d’autres peuples).


   Plusieurs auteurs, à la fois indiens et occidentaux, ont également procédé à une réfutation de ce type de thèses, qui ne tiennent pas face aux faits historiques. Citons l’article It’s A Myth That Muslim Rulers Destroyed Thousands Of Temples (2016) de Revati Laul et du Dr. Richard Eaton,  It is High Time to Discard the Pernicious Myth of India’s Medieval Muslim ‘Villains’ (2016) par Audrey Truschke et Mythification of History and ‘Social Common Sense’ (2001) de l’historien indien, le Dr. Ram Puniyani.

   L’historien et professeur Richard M. Eaton dans ses ouvrages sur l’islam et l’Inde, a réfuté également cette propagande nationaliste, en disant que de nombreux temples hindous furent préservés, et que seuls quelques-uns furent détruits ou saccagés (par des pilleurs ou lors d’invasions).

Il montre aussi que le gouvernement indien a démoli bien plus de ces temples ces dernières années.

Il dit également que concernant l’histoire d’Aurangzeb, il serait temps de corriger les mythes qui se sont propagés à son sujet. Sa réputation de destructeur de temples est exagérée, car les seuls temples qu’il a détruits n’étaient pas ceux associés aux rois ennemis, mais seulement aux individus parmi les Rajput qui étaient autrefois fidèles et devinrent rebelles. D’un autre côté, Aurangzeb a également construit plus de temples au Bengale que toute autre dirigeant moghol[8].

 A propos des conversions à l’islam des hindous, le Dr. Ram Puniyani dit : « De même, le mythe que l’islam se répandit par la pointe de l’épée est sans fondement. Il est vrai que beaucoup de nobles au pouvoir et Rajas ont adopté l’Islam pour intégrer la hiérarchie des empereurs mogols. Certaines familles doivent aussi avoir adopté l’islam par peur des dirigeants (moghols). Mais cette conversion est un petit filet par rapport à la majorité des dalits (alors appelés intouchables), les paysans pauvres qui ont choisi l’islam l’ont fait pour échapper à la tyrannie des brahmanes et des zamindars. Ce fut un désir de justice sociale qui les a amenés à interagir avec les saints sûfis qui, contrairement aux uléma, se mêlaient aux pauvres et aux personnes privées de la société et adoptaient les idiomes locaux. C’est en réponse à l’attrait des sûfis pacifiques et au désir d’atteindre la justice sociale que la majorité des Shudras se sont converties en islam. De même, la glorification de Shivaji et Rana Pratap pour l’établissement de royaumes hindous est un mythe total. Rana Pratap souhaitait un statut plus élevé dans l’administration moghole et avait été niée, entra dans une bataille avec le roi moghol Akbar. Maintenant, ce n’était pas un combat entre les Hindous et les Musulmans. Akbar était représenté dans la bataille par Raja Mansing et une armée, qui était un mélange de soldats Rajput et de soldats musulmans, alors que l’armée de Rana Pratap avait aussi des soldats musulmans (Pathan) et Rajput. Son second commandement était Hakim Khan Sur, dont Mazar est le lieu du festival annuel à Haldi Ghati même aujourd’hui. Après Rana Pratap, son fils Amar Singh s’est vu accorder un statut plus élevé dans l’administration Moghol et il est devenu un proche allié de Jehangir. De même, Shivaji luttait pour l’élimination de la corruption et un contrôle plus élevé des ressources locales, son secrétaire confidentiel était Maulavi Haider Ali, et le chef de sa division de canon était Ibrahim Gardi »[9].

   Il poursuit en parlant de l’injustice sociale que subissaient les indiens de basse caste par ceux qui détenaient des privilèges sociaux ou le pouvoir politique. Quoi qu’il en soit, l’islam s’innocente des meurtres d’innocents et de l’intolérance religieuse, et il était connu que certains « moghols », pour avoir une certaine légitimité religieuse aux yeux des musulmans, ne s’étaient convertis que de façade, et continuaient à vivre selon leur mode de vie et leur mentalité « rigide », du moins pour les premières générations. Ensuite, certains n’agissaient pas du tout en conformité avec les préceptes islamiques et n’agissaient que par leurs passions. D’autres encore n’étaient même pas musulmans du tout (même pas hypocrites).

   Là encore, la thèse islamophobe mélange tout, grossit les chiffres, confond les morts naturels et sélectionnent très partiellement certaines sources douteuses (dont l’authenticité n’est pas établie, et où les chiffres mentionnés, – parfois symboliques comme 100 000 qui désignent une grande quantité mais qui n’étaient pas chiffrables ou quantifiables pour l’époque – n’ont pas été confirmés et qui paraissent même contradictoires ou impossibles quand on prend la peine d’examiner toutes les données dans leur globalité). Cependant, il faut bien distinguer les préceptes religieux d’une part, et les mentalités culturelles d’autre part (terreaux fertiles de la misogynie, du sexisme, de l’esclavagisme, des mariages forcés, du racisme, du tribalisme, du pillage massif, etc.), car les gens qui baignent plus dans leur culture que dans leur religion, développent très rapidement ce genre d’excès passionnels qui conduisent à commettre de nombreuses atrocités, et ce partout dans le monde, que ce soit les arabes détournés de la spiritualité, les juifs, les européens, les américains, les indiens d’Inde, les chinois, les russes, les turcs, les pakistanais, etc. ; qu’ils soient «athées» ou se réclamant d’une religion, ceux qui délaissent les préceptes religieux, mais surtout la spiritualité, développent de nombreuses tares et voudront légitimer leurs vices, leurs atrocités ou seront alors l’objet des manipulations des autorités politiques, qui invoqueront toute sorte de prétexte (“religion”, démocratie, communisme, laïcité, athéisme, nazisme, darwinisme social, patriotisme, colonialisme, impérialisme, nationalisme, culture, etc.) pour justifier leurs guerres économico-politiques.

   Qu’il y ait eu des malentendus, des conflits ou parfois des affrontements violents, c’est là le lot quotidien de l’Humanité, sous toutes les nations et sous toutes les idéologies. Et quand l’islam est respecté, tout cela diminue voire cesse totalement.

   D’ailleurs ce sont des hindous eux-mêmes qui ont réfuté les thèses islamophobes (qui inversent certaines causes et qui ré-inventent certains motifs tout en passant sous silence certains faits) et orientalistes de certains fanatiques parmi eux qui veulent voir des génocides (chez les autres) pour occulter (et détourner l’attention ailleurs) de leurs propres génocides commis sous les régimes démocratico-laïcs du 19e et 20e siècles, afin d’attiser la haine et de stigmatiser encore une fois toute une religion et une communauté, en confondant qui est plus l’islam de certains membres qui ne représentent qu’eux-mêmes et s’opposaient également à l’islam de par leurs attitudes anti-islamiques. Et comme toujours, ce sont des thèses qui sortent dans des moments confus et des évènements au climat très islamophobe. Si les hindous intègres et savants affirment, à juste titre, que les massacres contre les hindous ont été amplifiés et les chiffres exagérés, comment des étrangers se basant sur des récits douteux (attribués parfois à tort aux musulmans ou aux dirigeants moghols, afin de les salir) ou des éléments épars et maigres (et surtout, contradictoires ou invraisemblables), peuvent-ils avancer des résultats sur un ton péremptoire (basés sur des chroniques tardives ou pas toujours objectives) ?

   Ainsi, dans le célèbre livre Communalism and the writing of Indian history, Romila Thapar, Harbans Mukhia et Bipan Chandra, professeurs à la JNU, réfutent la thèse du génocide, et parle d’un conflit de classes (qui est plus réaliste, et basé sur des éléments solides) : « Les musulmans libérèrent les castes défavorisées en leur donnant accès à l’islam ». La célèbre Romila Thapar, une sommité intellectuelle en Inde, a publié par ailleurs chez Penguin, en collaboration avec l’historien britannique Percival Spear, une Histoire de l’Inde (A History of India, 2 volumes, 1956) où elle écrit : « La supposée intolérance d’Aurangzeb n’est rien d’autre qu’une légende hostile basée sur quelques actes épars, comme l’érection d’une mosquée sur un temple à Bénarès » bien que là, il faut préciser que certaines chroniques, dont il reste encore à vérifier la fiabilité, le mentionnent comme étant un homme assez injuste et sanglant par moment.

   Si les musulmans avaient massacré autant d’hindous et détruits autant de temples, comme le prétendent certains «chercheurs» malhonnêtes, comment expliquer les relations et échanges positifs et productifs entre les hindous et les musulmans durant de nombreux siècles, l’existence de nombreux temples hindous toujours debout depuis le VIIIe siècle jusqu’aujourd’hui ?
Par ailleurs, les périodes hostiles et conflictuelles furent surtout celles des gouverneurs moghols, ne régissant pas leur régime par l’Islam traditionnel…
Jacques Dupuis dans Histoire de l’Inde (éd. Kailash, Civilisations et sociétés, 1996) relate les injustices commises au début par des dirigeants moghols (éloignés des préceptes religieux, du moins au début) : « Il y eut bien des conversions forcées, surtout au début : un certain nombre d’hindous embrassèrent l’islam pour échapper à la mort. Mais lorsque le pouvoir des sultans musulmans fut établi en Inde, l’attrait des avantages sociaux fut plus efficace que la contrainte. En effet l’égalitarisme musulman efface toute distinction officielle entre les conquérants et les hindous convertis : celui qui s’est converti à l’islam devient en principe, l’égal des vainqueurs ». On voit bien que la mentalité de certains moghols était encore l’héritage de leur passé culturel, le même qui brutalisa, oppressa et détruisit une grande partie du monde musulman (d’innombrables morts, des persécutions continuelles, des millions de livres brûlés, des bibliothèques et des mosquées détruites, etc.).

   La renommée d’Al Birûnî (théologien, juriste, historien, géographe, mais aussi et surtout grand scientifique, à la fois médecin, chimiste, astronome, physicien, mathématicien, zoologiste, botaniste et minéralogiste) en tant que fondateur de l’indianisme repose principalement sur deux sources. Al-Birûnî écrivit un ouvrage encyclopédique sur l’Inde appelé Tarikh Al-Hind ; ouvrage dans lequel il a exploré presque tous les aspects de la vie indienne de son époque, la religion, l’histoire, la géographie, la géologie, les sciences et les mathématiques y sont abordés. Il déplora les préjugés concernant l’Hindouisme « primordiale » de la part de certains autres savants musulmans qui n’avaient pas bien étudié les textes de l’hindouisme ni l’histoire de cette civilisation. Il dira au sujet de son propre ouvrage : « Mon livre n’est rien d’autre qu’un simple compte rendu historique des faits. Je mettrais devant le lecteur les dogmes des Hindous exactement comme ils sont »[10].

    Il disait toujours dans le même ouvrage, que lorsque les musulmans ont pénétré l’Inde, le pays avait déjà été dévasté par deux précédentes invasions, à savoir la première fois par les Sakas puis par les Hunas.
   L’historien Mohamed Habib, affirme quant à lui, dans son Magnum opus, que de nombreux hindous se convertirent à l’islam sans aucune contrainte, et qu’ils préféraient de loin vivre sous une Sharî’ah éclairée que sous la loi un peu dure de Smriti (loi hindoue), – déjà quelque peu dégénérée à cette époque (par rapport à la loi originelle) – car les brahmanes opprimaient parfois leurs sujets. Les auteurs de L’Histoire de l’Inde Moderne (sous la direction de Claude Markovits, éd. Fayard, 1989) montrent également la dureté et le despotisme des dirigeants hindous de l’époque, tout en démontrant également les épisodes pacifiques et intellectuels des musulmans en Inde, cependant, certains reprochent aux auteurs de ne pas être totalement objectifs, mais les critiques restent légèrement infondées, même s’il y a peut-être quelques exagérations de part et d’autre.

   Par exemple Manabendra Nath Roy a écrit : « L’islam a rempli en Inde une mission d’égalitarisme et qu’en cela il fut bien accueilli par les castes défavorisées ».Et poursuit en disant :« C’était une question de lutte des classes tout à fait justifiée entre des forces progressives (les musulmans) et les forces féodales (les hindous de haute caste) ». De nombreux hindous érudits et pacifistes, partagent également ce point de vue fondé sur de nombreux faits.      Et cela fut ainsi perçu comme cela par de nombreux hindous à certaines périodes en effet. 

  Si les mentalités « identitaires » de part et d’autre continueront d’alimenter la haine réciproque, de petites émeutes ou agressions pourront vite dégénérer, et causer de terribles affrontements. Or là encore, toutes les parties seront perdantes, et des zones seront dévastées. Ceux qui alimentent cette haine mutuelle sont des irresponsables qu’il faut dénoncer (au moins intellectuellement). Les ultra-nationalistes en Inde discriminent les musulmans et les chrétiens : « Le 20 novembre dernier, dans ce quartier musulman de Mirzapur, au cœur de l’État indien de l’Uttar Pradesh, l’harmonie religieuse a volé en éclat. À coups de briques, des brigades hindoues, galvanisées par le discours nationaliste du premier ministre Narendra Modi et de son Parti du peuple indien (BJP), ont affronté les musulmans, issus d’une minorité qui représente 14 % d’une population de 1,3 milliard d’Indiens. (…) Au croisement de la ruelle, Satish Kumar, un hindou âgé de 30 ans, tient une épicerie. Il raconte l’émeute du 20 novembre : « Visages masqués, des groupes d’hindous venus de l’extérieur sont arrivés. Ils savaient exactement où se trouvaient les maisons des musulmans. Ils criaient : « On va vous tuer ! Rentrez au Pakistan ! » Chez Hussain, on se souvient aussi : « Ils étaient 150 hommes et avaient déjà des briques à la main en arrivant. Nous avons reconnu 3 politiciens du BJP parmi eux. Nous l’avons signalé plus tard à la police mais il n’y a pas eu de suites » (…) Le quotidien The Indian Express alerte sur cette évolution, qui prend aussi la forme d’une exclusion de la sphère politique : « En cinq ans, le BJP a systématiquement marginalisé les musulmans ».

L’arrivée au pouvoir du BJP en 2014 a en effet donné un sentiment d’impunité à des milices hindoues informelles. La Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF) estime que le gouvernement « permettait et encourageait » les violences contre les minorités. Les musulmans ont ainsi été ciblés par une vague de lynchages pour leur commerce de bovidés, la vache étant sacrée chez les hindous (…). « Le BJP est hostile aux minorités religieuses, estime, à Delhi, l’avocat AC Michael, de l’Alliance pour la défense de la liberté (ADF). Des politiciens du BJP disent publiquement que les musulmans et les chrétiens devraient quitter le pays, d’autres qu’ils devraient être stérilisés. » Devant la cathédrale du Sacré Cœur à Delhi, le père Savarimuthu Sabkar, porte-parole de l’archidiocèse de Delhi, rappelle que les chrétiens, qui forment moins de 3 % de la population, sont eux aussi visés par les violences : « Les attaques contre notre communauté sont en augmentation constante » »[11].

   Pour mener à bien leur propagande, ils n’hésitent pas à inventer de fausses histoires à propos de femmes ou de « viols » pour ensuite distiller la haine et l’instrumentaliser à des fins politiques. Dans certains cas, ce sont même des ultra-nationalistes issus de la Rashtriya Svayamsevak Sangh (RSS) qui font dans la conversion forcée et la discrimination agressive contre les minorités religieuses du pays. D’autant plus que le taux de viols en Inde est très élevé dans la communauté hindoue[12].

   De même que certains conflits n’étaient pas le fruit de l’islam (qui interdit les conversions forcées, les bains de sang inutiles et fortuits, le meurtre d’innocents, etc.) mais de certains dirigeants (souvent apostats ou au moins, transgressant sévèrement la Loi Divine, comme le cas de certains moghols convertis extérieurement à l’islam mais ne gouvernant pas selon la Loi Divine ou selon les finalités islamiques comme Timur, Firuz Shah Tughlak ou Mahmud Ghazni, qui étaient motivés par des raisons totalement mondaines, et non pas par l’islam, du moins au début, où leur mentalité était la même que celles des moghols ravageant le monde musulman lors de leur invasion barbare et sanglante ; on peut faire l’étonnante comparaison entre eux et les dictateurs laïcs arabes ou asiatiques sanguinaires, qui, même s’ils se réclament d’une certaine culture, ils la relayent au second plan et agissent selon leur propre code personnel et laïc, réprimant et massacrant de nombreuses populations), donc les méfaits n’étaient pas imputables à l’islam, mais à l’homme détourné du Divin et des aspirations spirituelles. Certains étaient même des mécréants ou des hypocrites se camouflant derrière une fausse appartenance à l’islam, afin d’éviter trop de contestations et de soulèvements de la part des musulmans. Comme l’indique Jacques Dupuis dans son Histoire de l’Inde (publiée en 1963) : « La notion d’un Moyen âge indien succédant à l’Antiquité n’est qu’un décalque superficiel de la chronologie de l’histoire occidentale ; sous cette synchronisation, il ne faut point chercher à voir des analogies profondes entre l’évolution de l’Occident et celle de l’Inde. On distinguera cependant, au cours des siècles suivant la mort de Harsha, les caractères d’une époque assez différente de l’Antiquité, à la fois par les transformations de la civilisation indienne et par la coexistence de celle-ci avec un élément musulman importé ». La présence (influente) musulmane en Inde date déjà du 8e siècle (vers 712), et qui fut caractérisée par la liberté de culte laissée aux hindous (en échange de la jyzia). Au 9e siècle, le Sindh se détachera du califat abbasside de Baghdâd et poursuivra, sous l’autorité de dynasties locales une existence politique indépendante. Ce n’est qu’après les invasions mogholes, que l’Inde connaitra des troubles importants (comme ailleurs), causés par la gestion politique et militaire des empereurs et dirigeants moghols, caractérisés par leur brutalité (pour ceux qui ne suivaient pas scrupuleusement les prescriptions religieuses et ne s’adonnaient pas à la spiritualité).

   Mais chez les islamophobes, cette confusion est permanente, notamment entre islam et arabes (ou arabité) ou non-arabes, autorité musulmane et autorité profane en terres d’islam, religion et culture, principes religieux et dégénérescence identitaire, etc., car ce n’est pas du tout la même chose. Devrions-nous réduire totalement les non-musulmans aux actes d’un seul individu comme Hitler, Staline, Lénine, Nicolas Sarkozy, Georges W. Bush, etc. qui n’étaient pas des musulmans, et qui étaient pourtant des criminels de guerre, des dictateurs et/ou de grands escrocs ? L’intelligence s’oppose à un tel raisonnement absurde, malgré une tendance générale à la haine chez les gens peu instruits ou malhonnêtes.

   Par ailleurs ils condamnent le fait que l’Islam soit aussi politique (mais pas réductible uniquement à la politique, car c’est avant tout un mode de vie englobant toute l’existence du musulman : doctrine, spiritualité, éthique, culte, système économique, etc.), et nous n’avons aucune honte à affirmer que, effectivement, l’islam englobe tous les aspects de la vie pour mieux harmoniser notre être, car on ne peut pas affirmer vouloir la paix et la justice s’il faut pour cela renoncer aux revendications politiques et à la justice sociale, laissés dans les mains de tyrans massacrant arbitrairement les gens. Dieu merci, l’islam totalise et englobe toute notre existence, dans la Lumière Divine, dont nous pouvons en tirer de nombreux bénéfices !

   Par ailleurs, eux-mêmes ne dissocient aucunement leurs croyances ou valeurs de la sphère publique, qu’ils imposent aux autres, et qu’ils étalent partout tout en heurtant la sensibilité des autres communautés et citoyens ! La neutralité n’existe pas, puisque l’humain possède forcément des convictions, fussent-elles négatives, la laïcité ne garantit nullement la liberté ou la justice, et encore moins le soucis de la Vérité, car l’autorité détenant le pouvoir, peut très bien se montrer cruel et tyrannique vis-à-vis de l’ensemble de sa population, sans que cela ne trahisse le fondement même de laïcité (qui postule simplement la séparation de « l’Eglise » et de l’Etat), car si l’état se sépare de la religion pour gérer les affaires politiques, il faut bien remplacer les valeurs religieuses par autre chose, et souvent, ça donne le pire : corruption, athéisme de fait, capitalisme, persécutions, nouveaux tabous, désinformation et restrictions des libertés individuelles et collectives, etc.

   Mais qu’ils en soient rassurés, quand les musulmans ne vivent pas chez eux (terres d’islam), tant qu’ils peuvent pratiquer les piliers de l’islam (avoir la conviction de l’Unicité Divine, la prière canonique, la zakâh, le mois de jeûne durant le mois de Ramadan et le Hajj), qu’ils ne sont pas persécutés, ni obligés de commettre de grands interdits (comme le meurtre, le viol, l’adultère, la sorcellerie, la fornication, …) par les autorités au pouvoir, les musulmans peuvent continuer à y résider, tout en se comportant de façon respectueuse vis-à-vis des autres communautés pacifiques (tout comme lorsqu’ils vivent sous l’autorité musulmane, ils doivent se montrer tolérants et respectueux vis-à-vis des minorités religieuses : liberté de conscience, de culte, de commerce, de profession, d’expression tant que cela reste dans un cadre respectueux et informatif, sans appel à la haine ou à la désinformation). De plus, les islamophobes occultent volontairement le fait que sans l’islam et son apport civilisationnel, aucune renaissance en terres occidentales n’aurait été possible (la majorité des centres intellectuels sous l’empire byzantin stagnaient et s’enfonçaient dans des débats stériles), de même que la Perse sombrait dans un obscurantisme édifiant et des instabilités incessantes dans la politique et le domaine social. Au Yémen, en Inde, en Chine et en Abyssinie, ce fut le même constat (à de degrés distincts, mais peu de progrès, de stabilités et de prospérités), et l’Afrique suivait le même chemin de façon générale. Mais quand l’islam pénétra dans ces contrées, les nations connurent un nouveau souffle et une prospérité impressionnante sans précédente, lorsqu’elles étaient en partie sous l’autorité islamique, de même que les arabes sont devenus les fondateurs d’une civilisation brillante sous bien des aspects durant de nombreux siècles, – tout en incluant les autres ethnies et religions -, alors que durant leur période d’idolâtrie, ils étaient dominés, humiliés et peu enclins aux sciences et aux arts. En somme, avant l’islam, dans les décennies qui précédèrent la Révélation Qurânique, que ce soit chez les arabes, les perses ou les byzantins, la stagnation intellectuelle n’apportait plus aucune contribution notable, puis l’instabilité politique et les guerres fratricides et entre empires étaient le lot quotidien dans toute cette région du monde. Même les arabes se livraient parfois des guerres entre eux, l’oppression politique (persécutions et injustices), la déchéance intellectuelle (idolâtrie, superstitions, etc.), le despotisme et l’instrumentalisation des cultes pour en tirer un vil profit sur le dos des plus pauvres, les disparités économiques et sociales, rendaient la vie très difficile. Avec l’Islam, en très peu de temps, des peuples autrefois ennemis devinrent des frères dans la Foi et dans l’humanité, ils s’impliquèrent profondément dans les vertus spirituelles, les valeurs morales, les recherches scientifiques, les quêtes philosophiques et le bien-être collectif. Bien entendu, cela n’empêche pas que tant que les hommes ignorants ou hypocrites existent, des erreurs ou des excès soient possibles en raison des aberrations individuelles et des motivations matérielles (entendus dans le sens de la négation du spirituel, ou du moins, comme le fait de ne pas pratiquer la spiritualité, et de motiver ses actions que pour des profits égoïstes et matériels).


   A la différence des hindous (d’Inde donc) même s’il y a chez eux de grosses pointures du point de vue analytique (informaticiens, physiciens, mathématiciens, …) on constate cependant qu’il y a très peu de véritables intellectuels au savoir encyclopédique avec une faculté de synthèse impressionnante comme on peut le constater par contre chez les pakistanais qui réussissent à allier les deux (les facultés analytiques et synthétiques). L’héritage de l’intellectualité islamique “indo-persane” y est sans doute pour beaucoup, car quand on regarde la civilisation hindoue “classique”, avant même l’islam, on ne connaît pratiquement aucun savant polymath ; ils préféraient toujours la spécialisation, et les seuls “polymaths” c’était dans un seul domaine (par ex, maîtriser toutes les écoles de philosophie, mais rarement maitriser ces écoles de philosophie et les sciences, etc.), alors que chez les arabes et les persans de la civilisation islamique, chaque époque avait des polymaths de très haut niveau. Chez les chinois (avant la période moderne), qu’ils soient musulmans ou autres, on peut également trouver des polymaths de renom comme Zhang Heng (78-139 ; scientifique, géographe, astronome, mathématicien, ingénieur, poète, écrivain, artiste), Guo Shoujing (1231-1316 ; astronome, ingénieur et mathématicien, il coopéra notamment avec le savant musulman Jamal ad-Din al-Bukharî, lui aussi mathématicien, astronome et théologien musulman), Shen Kuo (1031-1095 ; mathématicien, géologue, météorologue, archéologue, astronome, diplomate, économiste, cartographe, pharmacologue, etc.).


   Chez les indo-pakistanais musulmans depuis le 19e siècle, on peut citer par exemple Ahmed Reza Khan (1856-1921), Ahmad Hasan Dani (1920-2009), Hakim Ali Mohammad (1906-1987), Muzaffar Iqbâl (né en 1954), Ziauddin Sardar (né en 1951), Arif Zaman, Inayatullah Khan al Mashriqi, plus communément appelé « Allama Mashriqi » (1888-1963),  Hussain Abdul Sattar (né en 1972), Fazlur Rahman Malik (1919-1988), Anis Ahmad (né en 1944), Mohammad Abdus Salam (1926-1996) et bien d’autres, qui étaient à la fois de grands penseurs, des scientifiques de haut niveau, des historiens et intellectuels au savoir encyclopédique.


   Dans son ouvrage Al-Muslimûn fi-l-hind (p. 187), le savant musulman indien an-Nadwî écrit que « le premier problème » auquel les musulmans de l’Inde ont à faire face aujourd’hui (après la fondation du Pakistan) « est le problème de la da’wa ». Il poursuit en disant que, comme chacun le sait, l’islam est une religion de la da’wa ; que l’islam s’était surtout diffusé en Inde par les efforts des du’ât ; que le processus de conversion par cette da’wa avait perduré depuis des siècles, amenant chaque année de nombreuses personnes de pure ascendance hindoue à devenir musulmanes ; qu’il y a eu en Inde des grands ulémas (il cite leur nom) qui n’étaient autres que fils ou petits-fils de personnes converties à l’islam ; que le processus, s’il avait continué ainsi, aurait pu conférer aux musulmans une présence conséquente en Inde et en Asie. Mais que si ce processus avait perduré jusqu’aux derniers temps de la colonisation britannique, il a fortement diminué depuis les heurts entre hindous et musulmans dans les années ayant précédé l’indépendance de l’Inde et sa partition en deux avec le Pakistan (Ibid., pp. 188-189). Il écrit : « Nous n’en sommes pas, dans ces lignes, à porter de jugement sur cette situation [= la partition] et à dire si on pouvait éviter ce qui s’est passé, s’il y avait une meilleure solution et si la solution proposée était viable ou pas. Tout cela, nous le laissons à la tâche de l’historien qui écrira l’histoire de l’Inde librement, de façon détaillée et avec honnêteté. Ce qui nous intéresse ici c’est que la situation qui est née des circonstances d’alors (…) a laissé dans les cœurs une amertume et a fait douter chaque communauté de l’autre (…). Ceci constitue une barrière conséquente dans le chemin de la conversion à l’islam, perçu maintenant comme la religion de l’Etat adverse » (Ibid., pp. 189-190).


    On peut établir un parallèle avec le traité d’Hudaybiyya au temps du Prophète. Comme l’écrit Ibn al-Qayyîm dans Zâd ul-ma’âd (3/309-310) : « Cette trêve [de Hudaybiyya] était une des plus grandes ouvertures. En effet, les gens furent en sécurité les uns par rapport aux autres, les musulmans se mélangèrent aux non-musulmans, leur firent la da’wa, leur firent écouter le Qur’ân et discutèrent publiquement et en sécurité avec eux de l’islam ; celui qui cachait sa conversion la déclara publiquement ; et entrèrent en islam pendant la période de cette trêve ceux dont Allâh voulut qu’ils entrent ; c’est pourquoi Allâh a appelé cela une ouverture claire ».


   Le shaykh Abu-l-Hassan Alî an-Nadwî dit pour sa part dans Qassas un-nabiyyîn (5/225-227) : « La paix instituée à Hudaybiyya fut une conquête des cœurs ». Il cite la conversion des deux personnages sus-mentionnés, Khâlid ibn ul-Walîd et Amr ibn u-l-‘As, avant de poursuivre : « Cette paix rendit possible les occasions de contact entre les musulmans et les idolâtres ; ces derniers purent prendre connaissance des beautés de l’islam et des manières des musulmans ; et une année ne s’écoula pas qu’un grand nombre de personnes s’étaient converties à l’islam ». Il écrit également que ce fut juste après cette paix avec les Quraysh que, « la situation s’étant calmée, le Prophète écrivit des lettres aux rois de la terre et aux roitelets arabes, les invitant à l’islâm… ».

    Ce que nous apprend l’Histoire, est que les fléaux et les dérives sont généralement le fruit d’une mentalité déviante nourrie par l’ignorance, les caprices, le tribalisme, le mauvais comportement, le racisme, l’égoïsme, la gloire politique, la renommée, la mégalomanie, les préjugés (généraliser abusivement sur une personne ou toute une communauté à cause de méfaits commis par certains d’entre eux) et la « divinisation » de ce qui est « relatif » (c’est-à-dire autre qu’Allâh), et tout cela mène au fanatisme, autant de facteurs et de dérives contre lesquels le Qur’ân met pourtant en garde,

    Louis Frédéric dira ainsi concernant l’Islam en Inde : « On parle presque toujours de l’Inde classique, c’est-à-dire l’Inde « hindoue » alorsque l’Inde de l’Islâm, ou Inde musulmane, qui débute véritablement à la fin du XIIe siècle avec l’invasion musulmane de la vallée du Gange, est plus généralement ignorée des non-spécialistes en dehors de l’Inde elle-même. Or, cette Inde musulmane, sans laquelle l’Union indienne actuelle ne serait pas ce qu’elle est, fut au moins aussi fertile et novatrice dans tous les domaines que l’Inde classique hindoue. Car c’est grâce à l’Islâm « manière indienne » que la civilisation moderne de l’Inde a pu s’élaborer, faite d’un mélange hétéroclite de coutumes et de modes de pensées souvent indiscernables à première vue, qui ont concouru à créer une culture aux aspects quelque peu hybrides, mais singulièrement attachante. (…) Ces deux positions apparemment inconciliables trouvèrent cependant, avec le temps, de nombreux éléments de convergence. Si la première période musulmane de l’Inde, que nous appellerons ici « l’Inde des sultans », fut principalement conquérante et évangélisatrice (…) la deuxième, celle des Moghols, fut unificatrice et administrative (…). La dernière période commence bien avant la fin des Moghols avec l’arrivée sur le territoire indien de nouveaux envahisseurs appartenant à des nations européennes, qui tenteront de se servir des antagonismes locaux pour asseoir plus sûrement leur domination sur la péninsule. La colonisation de l’Inde par les Anglais verra les communautés hindoues et musulmanes s’affronter à nouveau, sur un planpolitique plus que religieux d’ailleurs, jusqu’à l’éclatement de l’Inde en deux blocs distincts, les musulmans d’un côté et les Indiens [ndt : hindous] de l’autre, avec la « Partition » de 1947. Notre propos s’arrêtera donc à cette date fatidique, qui vit la fin de la période islâmique en Inde. L’apport de l’Islâm en Inde fut immense. Renouvelant les influences de l’Iran sur le monde gangétique, qui avaient transformé la pensée et l’art de la péninsule dès avant le IIIe siècle avant notre ère, l’Islâm introduisit de nouveaux éléments de la civilisation persane, modifiant de manière considérable le comportement des Indiens qui vécurent au contact des envahisseurs musulmans. En revanche, l’Inde apporta à l’Islâm, devenu phénomène indien, des concepts nouveaux, tant dans l’administration que dans les arts et les domaines de la pensée. De nouveaux langages apparurent, mêlant turc, persan et langues indiennes, et de nouvelles formes littéraires virent le jour. L’architecture islâmique, de purement turque ou persane au début, s’indianisera progressivement. L’art de la peinture suivra un cours parallèle. Les philosophies de l’Inde classique s’enrichiront de concepts issus de l’Islâm, et de nouveaux courants religieux et philosophiques naîtront. La vie quotidienne d’une très grande partie des Indiens s’en trouvera elle aussi tranformée. Les arts de la guerre, les techniques s’interpénétreront. Et les peuples eux-mêmes, par la force des choses, en arriveront progressivement à se mélanger. Les théories islamiques de gouvernement se verront également modifiées pour s’adapter au contexte indien. Ce ne fut pas seulement le choc de deux formes de religion, mais celui de plusieurs cultures qui, toutes, finiront par se fondre dans le creuset indien. (…) Nous sommes conscients que, pour faire une véritable histoire de l’Islâm en Inde, il aurait fallu consacrer au sujet une vie entière, tant elle est complexe et pleine de rebondissements. Car il n’y eut pas une Inde, mais une multitude d’Indes, pas un Islâm en Inde, mais de nombreuses sortes d’Islâm, et une infinité de peuples et de mentalités. Dans une telle histoire, les détails sont aussi importants que les grandes lignes, lesquelles sont souvent difficiles à distinguer. Néanmoins, il nous a semblé qu’une étude d’ensemble, bien qu’imparfaite et sujette à controverse, devait être tentée. On ne saurait concevoir une histoire de l’Inde sans avoir quelques notions de cette période post-classique », qui connut, comme toutes les civilisations, son moyen-âge (ici l’Inde des sultâns), son classicisme (l’Inde des Moghols) et sa décadence (l’Inde colonisée). Il ne pouvait être question de réaliser ici une Histoire de l’Inde, mais seulement de celle des musulmans dans l’Inde. C’est pourquoi nous avons résolument écarté de notre sujet ce qui se rapportait aux royaumes hindous, nous contentant de les effleurer lorsque notre propos l’exigeait (…) »[13].

   Dans son ouvrage L’esprit de tolérance en Islam (éd. Tasnîm, 2016), Reza-Shah Kazemi a montré que les principes de la diversité et de la clémence étaient intrinsèques à la foi musulmane, et que la norme, dans l’histoire de l’islam, était la tolérance, malgré les conflits et les dissensions entre les êtres humains, notamment en Inde : « En une époque où l’islam est fréquemment perçu comme une religion intolérante à cause de porte-parole bruyants et autoproclamés, il importe plus que jamais d’avoir accès à une étude sereinement menée, richement documentée et, avant tout, objective. L’auteur, Reza Shah-Kazemi, s’est attelé à cette tâche et nous livre un ouvrage appelé à devenir une référence en la matière. Faisant appel à une grande érudition historique ainsi qu’à des exposés théologiques rigoureux, son travail montre de manière irréfutable que l’esprit de tolérance est inhérent à la foi musulmane, de par la nature de cette foi aussi bien que de par son contenu. Dès le début de son introduction, R. S. Kazemi cite la parole fondamentale du Prophète qui, interrogé sur la religion la plus aimée par Dieu, répondit : “Le monothéisme primordial et indulgent.” Tout le propos de l’ouvrage est de montrer en quoi consiste ce monothéisme primordial et indulgent et comment celui-ci constitue, en réalité, l’essence de l’islam. Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’islam et à son rôle dans le monde contemporain tireront profit de la lecture de ce livre incontournable ».

Les principes islamiques condamnent toute forme d’oppression, de tyrannie et d’injustice

Faut-il encore rappeler que certains Musulmans ne respectent pas les préceptes de l’Islam et sont donc des transgresseurs et injustes selon l’Islam lui-même, qui interdit les massacres et l’oppression ?

Le Compagnon Mu’adh Ibn Jabal rapporte que le Messager d’Allâh (ﷺ) l’avait envoyé vers un peuple et lui demanda : « Ô Messager d’Allâh, instruis-moi ». Le Prophète (ﷺ) lui répondit : « Répandez la paix et les belles salutations, offrez de la nourriture et soyez modestes devant Allâh comme vous le feriez pour un homme digne de votre famille. Si vous faites une mauvaise action, faites-la suivre d’une bonne action. Rendez votre caractère (et comportement) aussi excellent que possible » (14) ainsi que cette autre parole prophétique : « Adorez le Tout Miséricordieux (Allâh) et répandez la paix » (15).
Aussi, d’après Abû Shurayh : « Je demandai au Prophète (ﷺ) de m’enseigner quelque chose qui me ferait mériter le Paradis. Il dit : « Efforce-toi de n’avoir que de belles paroles, offre (et répands) la paix et nourris ceux qui sont affamés » » (16).
En une autre occasion, le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit aussi : « Ne cause pas de nuisance et ne rend pas le mal qu’on t’inflige. Celui qui cause du mal et du tort aux autres (parmi les créatures d’Allâh), Allâh le traitera avec sévérité, et celui qui fait souffrir les autres, Allâh l’éprouvera durement » (17).

Voilà ce qui représente la quintessence de l’Islam en termes d’éthique et de moralité.


Quant à l’interdiction de combattre ceux qui ne nous ont pas combattu, qu’ils soient musulmans ou non-musulmans, cela est explicitement interdit, comme l’a dit le Messager d’Allâh (ﷺ) : « En vérité, le plus tyrannique des êtres humains envers Allâh est celui qui tue ceux qui ne l’ont pas combattu » (18).
Ainsi que cet autre hadith du Prophète Muhammad (ﷺ) a dit : « Certes les plus réprouvés/désavoués d’Allâh sont : celui qui tue quelqu’un alors que la personne ne l’a pas combattu, ou qui demande le prix du sang de la jahiliyya (vengeance de la période de l’ignorance) a quelqu’un parmi les musulmans, ou quelqu’un qui affirme que ses yeux ont vu quelque chose dans un rêve alors qu’il ne l’a pas réellement vu » (19), et cette autre parole prophétique : « Les gens les plus réticents à tuer sont les gens de la foi » (20). Là aussi, conformément à Sa Parole : « Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allâh, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient. Et s’ils veulent te tromper, alors Allâh te suffira. C’est Lui qui t’a soutenu par Son secours, ainsi que par (l’assistance) des croyants » (Qur’ân 8, 61-62).

« S’ils s’écartent de vous sans avoir eu à vous combattre, et s’ils vous proposent la paix, alors Allâh n’établira pour vous aucun recours (hostile) contre eux » (Qur’ân 4, 90).

« Combattez dans le sentier d’Allâh uniquement ceux qui vous combattent, et n’agressez pas (injustement les autres en transgressant l’Ordre divin). Certes. Allâh n’aime pas les agresseurs (ni les transgresseurs) » (Qur’ân 2, 190). At-Tabarî dans son Tafsîr (2/190) commente en rapportant l’avis de Ibn ‘Abbâs qui dit : « Ne tuez ni femmes, ni enfants, ni vieillards, ni quiconque vient à vous avec la paix et qui retient sa main de vous combattre, car si vous faisiez cela, vous auriez certainement transgressé » ainsi que l’avis de ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azîz : « Cela fait référence aux femmes, aux enfants et à quiconque ne vous fait pas la guerre parmi eux ».

« Et concourez au pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (paradis) large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux, qui dépensent dans l’aisance et dans l’adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui – car Allâh aime les bienfaisants » (Qur’ân 3, 133-134).

« Les Bédouins ont dit : « Nous avons la foi ». Dis : « Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt : « Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n’a pas encore pénétré dans vos cœurs. Et si vous obéissez à Allâh et à Son messager, Il ne vous fera rien perdre de vos œuvres ». Allâh est Pardonneur et Miséricordieux » (Qur’ân 49, 14).

« La bonté pieuse (al birr) ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Allah, au Jour Dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelqu’amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs (affranchir les esclaves), d’accomplir la Salât et d’acquitter la Zakât. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux ! » (Qur’ân 2, 177).

« Au milieu des biens qu’Allâh t’a accordés, recherche la Demeure Dernière. Ne néglige pas ta part de ce bas-monde. Sois bon comme Allâh est Bon avec toi. Ne cherche (et ne sème) pas la corruption sur la Terre. Allâh n’aime pas ceux qui sèment la corruption » (Qur’ân 28, 77).

« (…) ceux qui ont la foi et accomplissent de bonnes œuvres ; puis qui [continuent] d’être pieux et d’avoir la foi et qui [demeurent] pieux et bienfaisants. Car Allâh aime les bienfaisants » (Qur’ân 5, 93).

« Il se peut qu’Allâh établisse de l’amitié entre vous et ceux d’entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Allâh est Omnipotent et Allâh est Pardonneur et Très Miséricordieux. Allâh ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allâh aime les équitables. Allâh vous interdit seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes » (Qur’ân 60, 7-9).

Tout au long de la durée de la Révélation, aussi bien durant la période mecquoise que la période médinoise, le Qur’ân et la Sunnah purifiée insistent sur la justice, la bonté, la compassion et la condamnation de la violence aveugle, et interdisent de combattre ceux qui ne nous ont pas combattu, mai enjoignent aussi la justice – en toute circonstance -, et invitent les croyants à manifester de l’amour bienveillant, de la bonté et de la générosité envers les non-musulmans parmi nos proches, les voyageurs, les voisins, les pauvres, les collègues, etc. qui ne nous ont pas combattu ni expulsé injustement de nos foyers.

Allâh dit en effet, en termes de commandements quels sont les 2 piliers du croyant, à savoir le Tawhîd et la bonté envers Sa Création : « Adorez Allâh et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté et bienveillance envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les domestiques (ou captifs) sous votre responsabilité, car Allâh n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant » (Qur’ân 4, 36), sans distinction de statut social, de sexe, de religion, d’origine ethnique ou de couleur de peau, et même envers les ennemis qui ont été fait captifs de guerre (prisonnier) durant un conflit.

Voilà quels sont les principes et textes islamiques qui conditionnent tout le fiqh et la morale islamique, dissipant ainsi les doutes sur des ahadiths ou récits douteux, faibles ou qui sont authentiques mais décontextualisés ou incomplets, ou sur des éléments secondaires de la Religion, mais qui sont mal compris.

Comme le rappelait le Shaykh et maître spirituel d’Algérie, Ahmad Al Alawî a dit : « Il ne s’agit pas de savoir si vous êtes dans la Miséricorde d’Allâh, mais plutôt si la Miséricorde d’Allâh est en vous », c’est-à-dire, si vous cultivez en vous la qualité de la miséricorde, conformément au hadith bien connu : « Celui qui n’est pas miséricordieux et compatissant envers les êtres humains (l’Humanité), Allâh ne lui fera pas miséricorde (de façon particulière) et celui qui ne pardonne pas il ne lui sera pas pardonné (de façon particulière) » (21).

Enfin, rappelons-nous des signes de la fin des temps et des mises en garde prophétiques sur ce qui arrivera et les dérives dont il faudra chercher à se prémunir. Un jour l’Envoyé d’Allâh (ﷺ) sortit et dit à ses Compagnons, suite à une vision qu’Allâh lui accorda concernant les signes précurseurs de la fin des temps : « L’un d’entre vous souhaite t’il qu’Allâh le libère de la cécité (concernant ce bas-monde) et lui accorde la clairvoyance ? Eh bien, celui qui désire ce bas-monde et place ses espoirs en lui, Allâh aveugle son cœur à la mesure de son attente. Et celui qui renonce à ce bas-monde et en attend peu, Allâh lui accorde une science (marquée par la sagesse) sans enseignement (acquis de l’apprentissage ordinaire), et une guidance sans guide (en tant qu’intermédiaire). Il y aura après vous des gens qui n’exerceront le pouvoir que par le meurtre et la tyrannie, qui ne seront riches qu’avec orgueil et avarice, et qui ne seront affectueux que sous l’emprise de la passion. Que ceux qui vivront cette époque supportent, pour l’amour d’Allâh, la pauvreté s’ils peuvent être riches (par des moyens douteux ou illicites), endurer l’hostilité au lieu de l’amour (des gens mauvais), et de patienter face au déshonneur (alors qu’ils peuvent obtenir les honneurs des gens vils et puissants). À ceux-là, – qui cherchent sincèrement l’Agrément divin – Allâh accordera le mérite et les bienfaits de 50 véridiques (siddîqûn) » (22).

Notes :


[1] Comprendre le monde, Saison 4 épisode 13, Pierre Conesa – “Avec Dieu, on ne discute pas !”, 25 novembre 2020 : https://www.youtube.com/watch?v=1jrq-nc8rrY ; l’émission est intéressante mais les analyses de Pierre Conesa manquent de profondeur et de nuances, voir notre ouvrage Pour en finir avec les superstitions de l’athéisme moderne, éd. Hanif, 2020. Dans l’émission, il parle aussi du clivage sunnisme/shiisme mais il ne maitrise pas le sujet, puisque les Safavides ne voulaient pas se dissocier des Arabes, mais se forger surtout une identité propre face à l’Empire Ottoman (leur grand rival), alors que les Safavides étaient aussi une dynastie irano-turcique pour schématiser grossièrement.

[2] Éric Paul Meyer, Une histoire de l’Inde : les Indiens face à leur passé, éd. Albin Michel, 2007, p. 163.

[3] Louis Frédéric, L’Inde de l’Islam éd. Arthaud, 1989, Chapitre 1er, pp. 13-19. Nous n’avons gardé ici que les passages pertinents et historiquement fondés, car sur les califes bien-guidés, l’auteur ne s’est pas basé sur les récits notoires et fiables qui les concernaient, et a donc, par négligence, répandu un certain nombre d’informations erronées. De même, il semble avoir une définition biaisée du sunnisme et du shiisme. De façon générale, son idéologie prime sur sa « neutralité » historique et sur la fiabilité des faits rapportés. Il ignore la raison d’être de la jyzia et prête des intentions aux califes bien-guidés qui ne sont pas les leurs.

[4] Les seules références qui en parlent essentiellement sans jamais citer leurs sources fiables et vérifiables, sont Michael Aymerich (qui n’est pas historien et qui est idéologiquement pas du tout neutre, ni vraiment pacifiste, soutenant même des organisations terroristes marxistes affiliées au PKK en Syrie notamment), Koenraad Elst (qui est un essayiste hindou plus qu’un historien, et qui défend quelques thèses très controversées chez les historiens), Irfan Hussein (qui est un chroniqueur et un écrivain, pas très sérieux, mais pas un historien reconnu), et Alain Daniélou (qui n’est pas un historien, et qui a été qualifié d’imposteur pour avoir déformé des doctrines hindoues et l’enseignement de maîtres hindous, et occulté aussi des éléments importants).

[5] Pascal Buresi est un spécialiste de l’histoire politique, de l’histoire des religions et de l’histoire au Moyen-Âge, surtout dans le monde musulman et du sous-continent indien. Pascal Buresi, ancien élève de l’ENS et agrégé de l’université, est chargé de recherche au CNRS. II a publié en 2005 une Géo-histoire de l’Islam et est aussi l’auteur du livre Les mondes de l’Islam : Une foi, des cultures (éd. Larousse, 2008).

[6] “René Guénon contre «l’extrême-droite» et les idéologies modernes”, V1 – septembre 2010 : http://leporteurdesavoir.fr/wp-content/uploads/rene-guenon-contre-lextreme-droite-et-les-ideologies-modernes-par-j-l-gabin.pdf par Jean-Louis Gabin).

[7] Article publié sur Sciences humaines, le 15 juin 2011 : http://www.scienceshumaines.com/jean-louis-gabin-le-disciple-desabuse_fr_26151.html).

[8] Publié dans le magazine Tehelka, volume 10, n°47, en date du 23 novembre 2013.

[9] Par « uléma » il faut entendre ici les savants rigoristes, car les sûfis, la plupart du temps, sont aussi de grands savants (théologiens, juristes, scientifiques, exégètes, etc.) aux différentes sensibilités. Parmi eux, citons l’imâm Jâ’far as-Sadiq, Abû Hanifa, Sûfyan At-Thawrî, Ahmad ibn Hanbal, Hassân al-Basrî, Mâlik Ibn Anas, As-Shafi’î, Dawûd al-Tâ’î, al-Junayd, Al-Ghazâlî, Al-Jilanî, Ibn Taymiyya, Ibn al-Qayyîm, Abû Nu’aym al-Isbahânî, al-Bayhaqî, al-Qushayrî, Ibn Rajab al Hanbali, Ad-Dhahâbî, Zakariyya al-Ansarî, Ibn Hajar al ‘Asqalânî, Ibn Hajar al Hatyamî, As-Suyûtî, Ibn Kathir, Najm ud-Dîn Kubra, Mawlana Rûmî, Umar Khayyâm, Saâdî, Hafez, Nizamî, Sulâmî, An-Nawawî, Ahmad ibn Atâ’Llâh as-Sakandârî, etc.

[10] Tarîkh al-Hind, éd. 1910, vol.1, p.7, Ed. 1958, p. 5.

[11] “En Inde, la peur des minorités religieuses”, La Croix, 16 mai 2019 : https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/En-Inde-peur-minorites-religieuses-2019-05-16-1201022184

[12] “Pourquoi l’Inde est-elle devenue le “pays du viol” pour les médias occidentaux ?”, Les Inrocks, 26 octobre 2015 : https://www.lesinrocks.com/2015/10/26/actualite/actualite/pourquoi-linde-est-elle-devenue-le-pays-du-viol-pour-les-medias-occidentaux/ ; “Inde: des milliers de victimes de viols défilent”, Le Figaro, 22 février 2019 : https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2019/02/22/97001-20190222FILWWW00322-inde-des-milliers-de-victimes-de-viols-defilent.php

[13] Louis Frédéric, L’Inde de l’Islam, éd. Arthaud 1989, Avant Propos. Nous n’avons pas cité les passages erronés ou caricaturaux de l’auteur, qui parle de l’esprit prosélyte et de l’intolérance qui étaient étrangers à l’esprit hindou selon lui, – contrairement à l’esprit musulman -, ce qui est faux et très caricatural, tout comme son préjugé sur le « fanatisme » et le problème de la « prédestination ».

(14) Rapporté par Al-Bazzâr dans son Musnad n°2642, sahîh.

(15) Rapporté par Ibn Mâjah dans ses Sunân n°3694 selon ‘Abdullah Ibn ‘Amr, sahîh.

(16) Rapporté par Ibn Hibbân dans son Sahîh, n°509, sahîh.

(17) Rapporté sous différentes versions et par différents compagnons – Abû Sa’id al-Khudrî, Ibn ‘Abbâs, Abû Sirmah, ‘Ubadah Ibn Samit et d’autres – avec le même sens général, tantôt avec des chaînes sahîh ou hassân tantôt avec des chaines dâ’îf mais qui se renforcent et sont confirmés par le Qur’ân ; Al-Bayhâqî dans al-Sunân al-Kubrâ n°11070 selon Abû Sa’id al-Khudrî, Ahmad dans son Musnad n°15755, Abû Dawûd dans ses Sunân n°3635, Ibn Mâjah dans ses Sunân n°2342 selon Abû Sirmah, At-Tirmidhî dans ses Sunân n°1940 et d’autres.

(18) Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°15943 selon Abû Shurayh, sahîh.

(19) Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°15943 selon Abû Shurayh, et sa chaine est authentique.

(20) Rapporté par Ahmad dans son Musnad n°3728 et 3729 sous l’autorité d’Abdallâh Ibn Mas’ûd.

(21) Rapporté sous quelques variantes par plusieurs voies ayant le même sens par Ahmad dans son Musnad n°19244 et al-Bukharî dans son Sahîh n°7376 selon Jarir Ibn ‘Abdallâh, sahîh, par al-Bukharî dans Al-Adab Al-Mufrad n°371 et 372 selon ‘Umar et n°375 selon Jarir, et d’autres.

(22) Rapporté notamment par Abû Hâmid al-Ghazâlî dans son Ihyâ, au Kitâb dhamm al-dunyâ, sous l’autorité de Hassân al-Basrî qui l’a entendu des Compagnons.


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