La Religion, les sectes et les charlatans

  Comment reconnaître une secte ou un charlatan se réclamant faussement de la prophétie, de la divinité ou de la sainteté ? En Islam, seul Allâh (Principe suprême, absolu, éternel, infini, immuable, créateur, omniscient, omnipotent, Tout-Miséricordieux et Rayonnant d’Amour, Pardonneur, …) est l’Être divin et Agent existentiateur de tout ce qui existe au sein de l’existence universelle et des êtres créés. Les Prophètes sont uniquement ceux qu’Il a nommés et ceux qu’Il n’a pas mentionnés explicitement mais qui jouissent de tous les critères objectifs qu’Il a évoqués (tels que Buddha, Zarathustra et d’autres) ainsi que leurs disciples qui peuvent avoir été des sages puisant directement dans les enseignements prophétiques comme Platon et Socrate qui étaient monothéistes et sages (indépendamment des faux écrits qui leurs ont été attribués ou d’une mauvaise compréhension des expressions symboliques qu’ils employaient) tout en disant suivre les enseignements du Zarathustra de leur temps (nom honorifique désignant la fonction prophétique de la personne qui l’incarne). Sont des saint(e)s toutes les personnes jouissant des qualités morales et spirituelles ayant suivi les modèles prophétiques, pouvant ou non manifester des prodiges spirituels, mais qui ne réclament aucun nouveau Livre saint (mais uniquement des commentaires spirituels de ceux-ci basés sur l’inspiration divine – ilhâm – et le dévoilement spirituel – kashf – et non pas le mode prophétique de la Révélation divine – Wahî -) ni de nouvelle loi prophétique, mais simplement une réadaptation cyclique de certaines dispositions juridiques selon les changements temporels qui surviennent tout au long de l’histoire.

  Les Prophètes et les véritables saint(e)s mettaient en pratique leurs enseignements, appelaient au Tawhid et à se désavouer du culte de l’égo et des idoles, s’imposaient la maîtrise de leurs désirs sexuels et matériels ainsi que de leur « langue » (ne disant que ce qui est vrai, utile ou juste, même dans l’humour), s’adonnaient fréquemment à la prière, au jeûne, à la charité, à la méditation (dhikr), au recueillement et aux invocations (les du’a), à faire le bien, à tenir leurs engagements, de s’abstenir des grands péchés comme le shirk, la sorcellerie, l’oppression, l’adultère, la fornication, la tyrannie, le meurtre d’innocents, la calomnie, etc. De même, ils étaient les soutiens et les protecteurs des orphelins, des veuves, des pauvres, des opprimés et des personnes éprouvées par la vie ou par l’injustice humaine, et ils appelaient à être bons et miséricordieux envers tous les êtres de la Création, tout en étant fermes et appliquant la justice sur les criminels et les envahisseurs, là aussi en faisant preuve de clémence lorsque la situation l’exige. La plupart d’entre eux exerçaient un métier manuel ou en lien avec l’élevage, et vivaient dans l’ascétisme et le dénuement, étant encore plus pauvres que les pauvres de leur époque, à l’exception des rois Prophètes comme Dawûd et Sulaymân – que la Paix divine soit sur eux ! – mais qui se refusaient aussi de vivre dans l’opulence et le luxe malgré que cela leur était possible. Ils appelaient à respecter les femmes et à leur manifester de la bonté et de la courtoisie, de se montrer compatissant et indulgent envers les enfants, de respecter les aînés et d’honorer les voisins comme nos prochains.

  Ils étaient gratifiés par Allâh également de miracles dont ils ne s’attribuaient nullement le mérite car n’agissant que par la Permission divine et dont ils ne sont que les instruments/causes en tant qu’humains (causes secondaires) par lesquels Il opère dans le monde. Leurs miracles étaient manifestes et singuliers, défiant les connaissances et lois physiques de leur époque. Les saints eux, suivent les pas des Prophètes, puisant d’eux leurs états spirituels, leurs prodiges spirituels (différents par leur fonction et leur degré des miracles prophétiques), leurs caractères et vertus spirituelles, leur connaissance et leur science. La prophétie est tournée vers les êtres humains afin de leur enseigner ce qu’ils doivent connaître au sujet d’Allâh, de Sa Loi, de la morale, de l’eschatologie, des rites, des doctrines théologiques, etc. Tandis que la Sainteté est la connaissance spirituelle et métaphysique et l’âme purifiée qui est illuminée par Sa Lumière et l’abandon des péchés, des vices et des attachements mondains, se tournant donc exclusivement vers Allâh. La sainteté est supérieure à la Prophétie (cf. Qur’ân avec l’histoire de Mûsâ et d’al-Khidr – Paix sur eux -). Mais comme les grands prophètes étaient à la fois des Prophètes et des Saints (comme Issâ et Muhammad pour ne citer qu’eux), ils étaient supérieurs aux saints qui n’ont pas été soutenus et gratifiés par la prophétie. Ils ne sont ainsi pas attirés par l’argent, ni esclaves des désirs charnels si cela implique de commettre un péché, d’oublier Son Seigneur, de délaisser l’esprit chevaleresque ou de s’opposer à la spiritualité et à l’éthique.

  Les leaders religieux qui enseignent la haine des autres, ne distinguant pas la dignité humaine en soi d’avec leurs mauvaises pratiques ou leurs croyances déviantes, et appelant à les opprimer, ou qui manquent de sagesse, de compassion, de science et de nuances dans leurs discours, ceux-là s’opposent consciemment ou inconsciemment aux enseignements des Prophètes et de la Loi divine. Et ceux qui tombent dans le rigorisme ou l’hypocrisie, imposant aux gens des choses que la Religion n’exigent pas ou qui reprochent aux gens des actes qu’eux-mêmes commettent sans se repentir ni chercher à corriger, ou ceux qui parlent en Son Nom sans connaître les subtilités de Sa Loi ni les sciences de la Religion, ou ceux qui abusent des gens en se cachant derrière la Religion alors que leurs intentions et aspirations sont viles et mauvaises, ces gens-là sont ceux qu’Allâh qualifie d’hypocrites, d’ignorants, de pervers ou d’injustes.

  A notre époque où les sociétés sont matérialistes et sécularisées, il y a eu l’apparition d’un nombre impressionnant de sectes, toutes aussi absurdes ou dangereuses les unes que les autres, y compris athées comme le sont les sectes de Raël ou de la scientologie, ou encore des sectes pseudo-spirituelles qui se sont réclamées faussement du Judaïsme, du Christianisme, de l’Hindouisme, du Bouddhisme ou de l’Islam, alors que leurs enseignements y sont clairement opposés. Là où l’opulence, la débauche, le matérialisme, le culte de soi et de l’ego, la méchanceté, l’esclavagisme, le tribalisme et chaque service est fait « contre de l’argent » (de façon obligatoire ou forcée), il ne peut pas y avoir de spiritualité véritable ni d’orthodoxie au sens religieux du terme. Si les « maîtres » ne sont pas humbles et pieux, ni absorbés par la méditation, l’effacement de soi (au profit de la Proximité divine) et la charité, ils ne sont alors que des imposteurs ou des gens illusionnés par leur ego ou par des shayâtins.

  Par ailleurs, tout vrai Messager d’Allâh a été fondateur d’une civilisation importante et rayonnante à son âge d’or, et les Saint(e)s les plus important(e)s ont été des vivificateurs de la civilisation, laissant leurs empreintes, telles des rayons de soleil éclairant le monde en période d’obscurité, tels que Dawûd, Sulaymân et Mûsâ avec la civilisation judaïque, Issâ’ et sa mère Maryam avec la civilisation chrétienne, Zarathustra avec la civilisation perse avant son rattachement à la civilisation islamique, Buddha avec les civilisations en Asie, Lao-Tsu et Confucius pour la civilisation chinoise, Muhammad et la civilisation islamique. Ils ont été à la base d’une Voie spirituelle, d’une civilisation complète, d’une forme traditionnelle et artistique particulière, les messagers d’une Révélation, de normes morales et sociétales, d’un code juridique (pour certains d’entre eux), d’un système politique particulier, etc. Or, chez les imposteurs qui sont venus après le Prophète Muhammad ou entre les différents prophètes, cela ne fut pas du tout le cas, et leur « pseudo-religion » n’est qu’un amas d’emprunts et d’éléments hétéroclites sans aucune cohérence ni profondeur spirituelle.

  Le Prophète (ﷺ) a dit : « Toute forme d’action ou d’oeuvre empreinte de bien et de bonté est une aumône et celui qui montre un bien (ou une action salutaire et bénéfique) est comme celui qui l’a fait »[1].

« Et dépensez (vos biens et vos efforts) dans le Sentier d’Allâh (pour la justice, la bienfaisance, la sagesse et toutes les choses nobles et utiles). Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction. Et faite le bien (en étant bienfaisant envers les autres). Car Allâh aime les bienfaisants qui œuvrent avec excellence (qui font le bien et sont dotés d’une bonté d’âme) » (Qur’ân 2, 195). Les « muhsinîn » sont ceux qui cultivent « l’ihsân » et le manifestent, et « l’ihsân » englobe l’excellence spirituelle, morale et sociale, en même temps que la bonté, la piété, la sagesse, la charité et la bienfaisance.


Notes :

[1] Rapporté par Al-Bayhaqî dans Shu’âb al-Imân n°7657 selon Ibn ‘Abbâs, sahîh, Ibn Abî Al-Dunya dans Isti’na’ Al-Ma’rûf n°15, Abû Nu’aym dans Hilyat al-Awliyâ’ 7/194, et une variante par Muslim dans son Sahîh n°1893, Abû Dawûd dans ses Sunân n°5129, Ahmad dans son Musnad n°17125, At-Tirmidhî dans ses Sunân n°2671 et d’autres.


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