Etude critique – La grossièreté ne fait pas partie de l’Islam

Il est navrant d’observer le langage grossier de certains musulmans qui n’essaient même pas de se réformer et de lutter contre leurs passions. Habitués à insulter les autres à la moindre contrariété, souvent avant même d’avoir connu ou pratiqué l’Islam, ils se complaisent dans cette mentalité blâmable. Par la suite, au lieu de se réformer et de chercher à atteindre l’idéal islamique, ils préfèrent se justifier en citant des récits douteux ou mal compris, comme ceux-ci :

« Silsilat al ahâdith sahiha n°269 : damra sa’dî a dit que oubayy bni ka’b a entendu un homme se vanter d’appartenir à une ligné. Il lui dit : mord donc la chose de ton père, en utilisant un mot cru. Il lui dit : « Ô abou moundhir ! tu n’étais pas vulgaire auparavant ! », il dit : « j’ai entendu le messager d’Allah sallallahou ‘alayhi wa sallam dire : Celui qui se vante d’appartenir à une ligné particulière à la manière de la Jahiliyya, dites-lui, de mordre la chose (sexe) de son père. Dites le lui sans euphémisme ! ».
Le prophète sallallahou ‘alayhi wa sallam a utilisé le mot chose pour désigner le sexe, mais il demande de ne pas utiliser ce mot (trop poli), mais d’utiliser plutôt le mot vulgaire. C’est pour cela qu’il dit « Dites le lui sans euphémisme ! » Voir Charh assounnah de l’imâm Al Baghawî : tome 7 page 355 dans le livre 38 (Al Birr wa ssillat), chapitre 38.
Sheikh Mohammed ibn Saleh al-outheymine (rahimahu-Allah) a été interrogé sur l’explication du hadith ». Le prophète (alayhi salat wa salam) a dit : Quiconque tire des vanités des affiliations de l’époque anté-islamique (jâhiliya) dites-lui de mordre le sexe de son père et n’insinuez pas (sans sous-entendre). Rapporté par Tirmidhi et Ahmad » ?
(…) Et c’est comme la parole d’Abu Bakr (dans sahih al-bukhari 2580) en répondant a un associateur pendant le pacte d’el-houdaybiya, il lui dit : » Va sucer le CLITORIS d’al-lat « . Le clitoris (al-badr) signifie le vagin »
.

Certains des récits évoqués ci-dessus ne sont pas rigoureusement authentiques, ni ne sont mutawatir, et de plus, ils possèdent un contexte précis, et certaines expressions utilisées sont des hyperboles, afin de montrer la gravité d’une chose, en employant une figure de style qui « choque », mais qui ne sont nullement à prendre au pied de la lettre, puisque contredisant le Qur’ân, l’exemple du Prophète (qui n’a jamais utilisé de mots grossiers et impudiques, même envers ces pires ennemis). En aucun cas, même pour ceux qui veulent accorder du crédit à ces récits, il ne s’agit là d’une règle générale et d’une portée générale. Par ailleurs, appliquer aveuglément ces récits n’apporterait que des choses contraires à l’Islam (qui exige la pudeur, s’habituer à prononcer de belles paroles et à faire du dhikr, faire preuve d’un bon comportement et d’inviter les gens à l’Islam), en plus d’être une chose inutile, pouvant, qui plus est, conduire à une attitude détestable. En outre, ces quelques récits douteux contredisent tous les autres cas mentionnés dans la Sîrah et dans la Sunnah, où les personnes conditionnées par la mentalité raciste ou tribaliste n’étaient pas insultées de la sorte, le Prophète et ses compagnons se contentant d’exprimer leurs conseils et leurs blâmes (avec courtoisie) contre ceux qui adoptaient ce genre de mentalité.

Pris dans leur sens apparent, ces récits (douteux) contredisent donc explicitement le Qur’ân et des ahadiths notoires comme ce que rapporte ‘Abdullah Ibn Mas’ûd qui relate que le Prophète Muhammad (صلّى اللّه عليه و سلّم) a dit : « Le musulman ne critique pas, ne maudit pas, n’est pas obscène et n’est pas grossier » (Rapporté par At-Tirmidhî).

Ainsi que les autres ahadiths :

« Que celui qui croit en Allâh et au Jour du Jugement dise du bien [des gens] ou qu’il garde le silence ! » (Rapporté par al-Bukharî et Muslim).

« Je demandai : Ô Envoyé d’Allâh, qui donc est le meilleur musulman ? Il me répondit : Celui dont les musulmans n’ont à redouter ni la langue, ni la main » (Rapporté par al-Bukharî et Muslim).

Dans un autre hadith prophétique, la quintessence de l’éthique islamique a été résumée par la tradition prophétique comme suit :

« Garantissez-moi six choses de votre part et je vous garantis le paradis :

– Soyez véridiques lorsque vous parlez,

– ne manquez pas à vos promesses lorsque vous promettez,

– rendez ce qui vous est confié,

– préservez votre sexe de tout rapport interdit,

– baissez le regard et ne causez pas du tort aux gens » (Hadîth rapporté par Ahmad dans son Musnad).

L’Imâm At-Tirmidhî rapporte dans son “Riyâda al-Nafs” (chapitre « le combat intérieur des véridiques ») les deux ahadiths prophétiques suivants :
« Le (véritable) croyant est l’individu dont les gens ne craignent pas les méfaits » (sous l’autorité de Anas Ibn Mâlik).

« Les plus estimables créatures aux yeux d’Allâh sont les plus vertueuses » (rapporté aussi par al-Bukharî selon une formulation proche dans son “Fadâ’îl as-sahaba” au chapitre 27 ainsi que dans son “Al-Manâqib” chapitre 23, rapporté aussi par Ahmad dans son Musnad 4/193-194 et aussi par At-Tirmidhî dans “Al-Birr” au chapitre 71).

Lors du sermon d’Adieu, il dit devant une nombreuse foule de musulman, peu de temps avant sa mort :
« Ne vais-je pas vous informer concernant les croyants ?
Il s’agit de ceux dont les gens (musulmans et non-musulmans) sont à l’abri vis-à-vis de leurs biens et de leurs personnes.
Le musulman est celui qui préserve les gens de sa langue et de sa main, le mujahid (le musulman qui fait des efforts sincères dans la Voie Divine) est celui qui combat son âme dans l’obéissance d’Allâh et le muhajir (celui qui émigre) est celui qui délaisse les fautes et les péchés »
(Rapporté par Ahmad dans son Musnad).

« Celui qui me garantit ce qu’il a entre les mâchoires [c’est-à-dire sa langue] et ce qu’il a entre les jambes, je l’assure du Paradis » (rapporté par al-Bukharî).

« Je demandai : Donne-moi, ô Envoyé d’Allah, un conseil qui me servira de protection. Il me répondit : Dis: Allah est mon Seigneur puis fais montre de rectitude ! – Et que dois-je craindre le plus, ô Envoyé d’Allah ? demandais-je. Il saisit alors sa langue [entre ses doigts] et me dit : ceci ! » (Rapporté par An-Nasâ’î, At-Tirmidhî et Ibn Mâjah dans leur Sunan).

« La vulgarité n’est pas présente dans une chose sans qu’elle ne l’enlaidisse et la pudeur n’est pas présente dans une chose sans qu’elle l’embellisse » (Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunan n°1974).

« Le musulman est un frère pour le musulman ; il ne doit ni le trahir, ni lui mentir, ni l’abandonner. Tout musulman est sacré pour un musulman : son honneur, ses biens et son sang sont sacrés. C’est là que réside la crainte [Ô Allâh]. C’est un méfait suffisant pour un musulman, que de mépriser un musulman, son frère » (Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunan).

« Certes la grossièreté et l’insolence ne font en rien partie de l’Islam et certes les gens dont l’Islam est le meilleur sont ceux qui ont le meilleur comportement » (Rapporté par Ahmad dans son Musnad).

« Le vrai croyant n’est pas celui qui fait douter de la filiation des autres, ni celui qui maudit autrui, ni celui qui est impudique et grossier » (Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunan).

« Rien ne pèse plus dans la balance du croyant, le jour de la résurrection, que sa bonne moralité et son bon caractère. Allâh réprouve, en effet, tout grossier au parlé impudique » (Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunan).
Ensuite, le Qur’ân qui est clair et sans faille, et dont l’autorité surpasse clairement les ahadiths, et encore plus les ahadiths ahad (qui ne sont pas toujours authentiques d’ailleurs) :

Avec les non-musulmans pacifiques : « Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon ». (Qur’ân 16, 125).
« Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : « Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons » » (Qur’ân 29,46). S’ils se montrent respectueux, il faut leur parler avec sagesse et courtoisie, mais s’ils se montrent injustes, il faut cesser la discussion et se détourner d’eux, car il s’agira alors d’une pure perte de temps, pouvant conduire à la discorde, aux passions et à la violence.

Avec les non-musulmans transgresseurs (tawagith), y compris ceux qui renient Allâh, qui se considèrent comme des divinités en dehors d’Allâh, qui s’attribuent la Souveraineté et qui imposent leur idéologie et leur personne comme idoles à adorer et à suivre, reniant par là l’Ordre Divin, violant la justice et le droit des gens, Allâh a dit, lorsqu’Il a envoyé Mûssâ et Hârûn à Pharaon : « Puis, parlez-lui gentiment (et avec douceur). Peut-être se rappellera-t-il ou (Me) craindra-t-il ? » (Qur’ân 20, 44). Que dire alors pour les non-musulmans qui commettent une injustice moindre, ou alors des musulmans (déviants ou non, pécheurs ou non) !?

Allâh n’autorise pas les croyants à insulter les idoles des idolâtres, malgré l’impureté et la fausseté qu’incarnent les idoles (fausses divinités) : « N’injuriez pas ceux qu’ils invoquent, en dehors d’Allâh, car par agressivité, ils injurieraient Allâh, dans leur ignorance. De même, Nous avons enjolivé (aux yeux) de chaque communauté sa propre action. Ensuite, c’est vers leur Seigneur que sera leur retour ; et Il les informera de ce qu’ils œuvraient » (Qur’ân 6, 108).
Ibn Kathîr a dit dans son “Tafsîr ul Qur’ân Il ‘Azîm” : « Allâh a interdit au Prophète -sallâ l-Lahû ‘alayhi wa sallam- et aux croyants d’insulter les fausses divinités et autres idoles des associateurs ». C’est aussi l’avis de l’imâm At-Tabarî dans son tafsîr “Al Jâmi‘ ul Bayân fî Tafsîr Il Qur’ân”.

Avec les croyants : « C’est par quelque miséricorde de la part d’Allâh que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage » (Qur’ân 3, 159).

Et de façon générale : « Ne dites pas du mal les uns les autres ! » (Qur’ân 49, 12) et « Malheur à tout calomniateur diffamateur » (Qur’ân 104, 1).

La noblesse de l’Islam consiste dans le fait d’éduquer son âme, de faire preuve de sagesse, de discuter de la meilleure façon possible, de manifester l’honneur en même temps que l’équité et la courtoisie !
Il n’est donc pas permis d’insulter un musulman, quand bien même les divergences et oppositions seraient grandes, tout comme il n’est pas permis d’insulter un non-musulman ou ses idoles, et quant aux injustes de la pire espèce, il est possible d’employer des mots durs, mais sans tomber dans l’obscénité.

Wa Allâhu a’lam !


Be the first to comment “Etude critique – La grossièreté ne fait pas partie de l’Islam”