Commentaire du Hadith : « Je suis selon l’opinion que Mon serviteur a de Moi (…) »

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit dans un hadith qudsî où Allâh dit : « Je suis selon l’opinion que Mon serviteur a de Moi et Je suis avec lui (Anâ ma’a-hu) quand il Me mentionne. S’il Me mentionne en lui-même, Je le mentionne en Moi-même et s’il Me mentionne dans une assemblée, Je le mentionne dans une assemblée meilleure que la sienne. S’il se rapproche de Moi d’un empan, Je me rapproche de lui d’une coudée. S’il se rapproche de Moi d’une coudée, Je me rapproche de lui d’une brasse, et s’il vient à Moi en marchant, Je vais à lui en M’empressant » (Rapporté par al-Bukhari dans son Sahîh n°7405 selon Abû Hurayra, Muslim dans son Sahîh n°2675, An-Nawawî dans son recueil de 40 hadiths n°15, At-Tirmidhî dans ses Sunân n°3603, Ibn Mâjah dans ses Sunân n°3822).

عن أبي هريرة – رضي الله عنه – قال : قال النبي – صلى الله عليه وسلم

يقول الله تعالى :

أنا عند ظن عبدي بي ، وأنا معه إذا ذكرني ، فإن ذكرني في نفسه ذكرته في نفسي ، وإن ذكرني في ملإ ذكرته في ملإ خير منهم ، وإن تقرب إلي بشبر تقربت إليه ذراعا ، وإن تقرب إلي ذراعا تقربت إليه باعا ، وإن أتاني يمشي أتيته هرولة

Ce hadith devrait servir de base dans l’éducation du croyant, et le mettre en lien avec tous les Noms et Attributs divins. En effet, Allâh est avant tout un Être d’Amour, de Miséricorde, de Bonté et de Compassion, Il créé et pourvoit aux besoins de Sa Création, pardonne et guide tous les êtres qui L’invoquent sincèrement, au point où le désespoir n’a aucune prise sur lui et ne peut pas détourner le serviteur de Son Pardon et de Sa Miséricorde, car Allâh ne se fatigue pas de guider, de pardonner ou de pourvoir aux besoins de son serviteur.   Le fatalisme comme le désespoir ne sont pas permis pour le croyant, car Allâh peut renverser les situations défavorables, tout comme élever et rabaisser les créatures. L’humble cheminant sur l’humilité, la bonté et la modestie se verra ainsi élever spirituellement et béni, tandis que l’injuste et l’orgueilleux seront rabaissés s’ils ne se repentent pas et ne s’amendent pas à temps. En effet, si Allâh est Tout-Miséricordieux et Amour rayonnant, Il est aussi juste et dur en correction envers ceux qui sèment l’injustice sur terre et qui s’enflent d’orgueil, à l’instar de parents aimants et soucieux de l’éducation de leurs enfants, adoptant parfois des punitions pour les éduquer et les remettre sur la bonne voie en mettant fin à leurs caprices ou à leurs dérives, et ceci par amour et considération pour eux.

Notre relation à Allâh est le reflet de notre nature et de notre personnalité, et comme nous l’apprennent le Qur’ân et la Sunnah, nous serons considérés, jugés et traités par Allâh selon la manière dont on Le considérera et la façon dont on se comportera avec Sa Création (d’où les injonctions islamiques d’agir avec compassion, bonté, générosité, humilité, piété, amour bienveillant, justice et douceur de façon générale). Celui qui meurt donc en L’envisageant selon Ses aspects Miséricordieux, d’Amour et de Pardon, sera ressuscité sur cette voie, et vivra selon Ses Attributs dans l’Au-delà. Le cheminant a besoin d’amour, de soutien, de sagesse, de justice et de générosité, et doit justement prendre Allâh comme appui et source de tout ce dont il a besoin, afin de se tenir en Sa Compagnie et de bénéficier de Sa Proximité, en méditant et s’imprégnant de Ses Attributs.

Celui qui ne témoigne aucune gratitude pour tous les bienfaits qu’Allâh lui accorde (santé, respiration, fruits, mets copieux, bonne famille, épouse aimante, époux généreux et facile à vivre, enfants bien éduqués et illuminant leur journée, travail digne, voyages, randonnées, vue, sens de l’orientation, etc.) ne sera jamais satisfait et sera le jouet du shaytan, car celui qui est reconnaissant et qui méditera sur les bienfaits n’aura plus le temps de se plaindre continuellement ni la conscience absorbée par le mal ou la vaine spéculation, et baignera dans la Bénédiction divine, et sa bonne humeur tout comme ses qualités se manifesteront autour de lui et apporteront sérénité et sécurité à la société. A contrario, celui qui voit le mal partout, se détournera de Ses bénédictions, se soumettra lui-même au mal, à l’individualisme et au fatalisme, et la société ne pourra guère se préserver des maux qu’il porte en lui, ou du mauvais soupçon systématique qu’il porte envers les autres, wa Allâhu a’lam. L’ego tend vers l’individualisme, l’ingratitude, l’orgueil et la tyrannie, tandis que la conscience tournée vers l’Absolu et Sa mention purifiera et domptera son ego, et ne se laissera pas avoir par ses ruses, ses illusions et ses caprices.

Nous rajouterons également les commentaires de l’imâm Ahmad Ibn ‘Ajiba et les annotations du frère Mohammed Abd es-Salâm.

Le maître Ibn ‘Ajiba écrit ainsi dans Iqâdh al-Himâm (qui est un commentaire des Hikâm de l’imâm Ibn Atâ’Llâh as-Sakandârî), concernant les convenances spirituelles du murîd avec ses frères : « La quatrième convenance spirituelle consiste à voir en eux la pureté et à croire en leur perfection. On ne dépréciera personne même si l’on peut être témoin de ce qui impliquerait extérieurement une imperfection. Le croyant devant, en effet, chercher des excuses, il lui en cherchera 70 et, si la personne en question persiste dans son défaut, il le cherchera en lui-même car « le croyant est le miroir du croyant » : ce que voit l’observateur est en lui. Les gens de la pureté ne voient que la pureté et les gens du trouble ne voient que le trouble. Les gens de la perfection ne voient que la perfection et les gens de l’imperfection ne voient que l’imperfection. Comme il apparaît dans le hadîth de l’Envoyé d’Allâh – sur lui la grâce et la paix – que nous avons cité précédemment : « Rien n’est meilleur en l’homme que 2 qualités : avoir bonne opinion d’Allâh et avoir bonne opinion des serviteurs d’Allâh. Rien n’est pire en l’homme que 2 qualités : avoir mauvaise opinion d’Allâh et avoir mauvaise opinion des serviteurs d’Allâh ».

Et nous terminerons en publiant les commentaires du frère Mohammed Abd es-Salâm (en date du 10 et 16 mai 2014 sur son site  https://leporteurdesavoir.fr/hadith-je-suis-selon-lopinion-que-mon-serviteur-a-de-moi) à ce sujet :

« Ce hadîth qudsî très connu traite au moins de quatre aspects essentiels du sulûk,  tout en indiquant la « réaction divine concordante » qui correspond à chacun d’eux :

* l’opinion (dhann) qu’a le serviteur de son Seigneur

 * la nature intrinsèque du dhikr (ma’iyah)

 * les modalités du dhikr du serviteur

 * les modalités de son rapprochement (taqarrub)

On peut également constater que cette exposition se fait au sein de trois parties.

    « Je suis selon l’opinion que Mon serviteur a de Moi »

L’opinion (dhann) qu’a le serviteur de son Seigneur détermine la réaction divine concordante dont la nature est précisée dans d’autres versions de ce hadîth ; en voici un exemple :

عَنْ أَبِي هُرَيْرَةَ ، عَنِ النَّبِيِّ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ ، قَالَ

: قَالَ اللَّهُ عَزَّ وَجَلَّ :

 » أَنَا عِنْدَ ظَنِّ عَبْدِي بِي ، إن ظنَّ خيرًا فله ، وإن ظنَّ شرًّا فله «

Selon Abû Horeirah, le Prophète ﷺ a dit : « Allah -Puissant et Majestueux- a dit :  » Je suis selon l’opinion que Mon serviteur a de Moi : s’il a une bonne opinion de Moi, c’est [en bien] pour lui ; s’il a une mauvaise opinion de Moi, c’est [en mal] pour lui. »

    « Je suis avec lui (Anâ ma’a-hu) quand il Me mentionne ».

Cette partie du hadîth indique la nature intrinsèque du dhikr qui exprime le caractère indissociable du dhikr et de Celui qui est mentionné (Madhkûr). Cette qualité a été appelée ma’iyah par les Maîtres du Taçawwuf :

عَنْ أَبِي هُرَيْرَةَ قَالَ :قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ

: إِنَّ اللَّهَ يَقُولُ :

أَنَا عِنْدَ ظَنِّ عَبْدِي بِي وَأَنَا مَعَهُ إِذَا دَعَانِي

D’après Abû Horeirah, l’Envoyé d’Allah ﷺ a dit : « En vérité, Allah a dit : « Je suis selon l’opinion que Mon serviteur a de Moi et Je suis avec lui (ma’a-hu) lorsqu’il M’implore » ».


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