Biographie de l’imâm Ahmad ar-Rifa’i (516 H/1118 – 578 H/1182) : l’éminent Saint de son temps

 Il est l’imâm Ahmad Ar-Rifa’i al-Shafi’i al-Ash’arî al-Hussaynî (516 H/1118 – 578 H/1182), né à Wasit (actuel Irak) en 516 H/1118 et mort en 578 H/1182 dans la même région, mais son corps et son mausolée reposent à Baghdâd. Il est le célèbre descendant du Prophète Muhammad (ﷺ) par notre maître ‘Alî et Sayyida Fatima – que la Paix soit sur eux -, il est l’imâm, l’exégète, le muhaddith, le logicien, le théologien ash’arite, le juriste shafi’ite, le maître spirituel et Sûfi, le ussûlî, le poète, le prédicateur, le savant, l’érudit et le connaisseur de la voie et de la vie du Prophète (ﷺ), des Sahâba et de leurs disciples. Il est le fondateur de l’ordre sûfi Rifa’iyya, actuellement très répandu en Irak mais aussi un peu en Turquie, dans les Balkans et dans quelques autres pays. Il fut très attaché au Qur’ân et à la Sunnah comme en témoignent ses écrits. Il apprit et mémorisa intégralement le Qur’ân à l’âge de 7 ans. Il étudia (jusqu’à en devenir un spécialiste) le fiqh (shafiite principalement), l’exégèse qûranique, le hadîth, la biographie prophétique, l’histoire des compagnons et de ses ancêtres, la langue arabe, les ussûl ud-Dîn (fondements de la Religion) et du Fiqh, la logique et fut aussi un excellent théologien, un maître spirituel et prédicateur très éloquent. Avec l’imâm ‘Abd al-Qâdîr al-Jilânî, ils furent parmi les plus grands maîtres spirituels de leur époque, succédant ainsi à la génération de l’éminent imâm et Hujjât al-Islâm Abû Hâmid Al-Ghazâlî. Les 2 ont été gratifiés de nombreux prodiges spirituels, attestés par des milliers de savants de leur époque, notamment parmi les plus éminents. L’un de ses prodiges marquant le monde musulman, puisque lorsqu’il accomplissait un jour le Hajj à la Mecque puis à Médine, et qu’il salua le Prophète à sa tombe, lui et les autres témoins virent la main bénie du Prophète sortir de la tombe pour lui rendre ses salutations. Cela fut rapporté notamment par le Shaykh Ahmad Ibn Muhammad Al-Witrî dans son Manâqib As-Sâlihîn, le Shaykh As-Sufûrî dans Nuzhat Al-Majâlis, le Shaykh et Hafiz Taqî ud-Dîn Al-Wâsitî dans son Tiryâq Al-Muhibbîn, Shaykh Al-Fârûthî dans son An-Nafhah Al-Miskiyyah, Shaykh Miqdâm Jamâl ud-Dîn Al-Khatîb Al-Haddâdî Al-Wâsitî As-Shafi`i dans son Rabî`Al-`Âshiqîn, l’Imâm et Hafiz Qassim Ibn Abî Bakr Ibn Al-Hâj Al-Wâsitî As-Shafi`i dans Umm Al-Barahîn, Jalâl ud-Dîn As-Suyûti dans At-Tanwîr et dans As-Sharaf Al-Muhattam, le Shaykh Yûsuf Ibn Ismâ’îl An-Nabhânî dans Jâmi` Karamât Al-Awliyâ’, etc.

Le Shaykh Mahmûd Shukrî Al-Alûsî écrit à ce sujet dans Al-Asrâr Al-Ilâhiyyah fî Sharh Al-Qasîdah Ar-Rifâ`iyyah (pp. 30-35) : « Cet événement noble et singulier qu’est le fait que le Prophète , lui ait tendu, qu’Allâh l’agrée, sa main l’année de son pèlerinage. Cela s’est produit pour ce noble maître, cet étendard élevé, la perle du bijou, le collier du bonheur et de la prééminence, celui qui a eu le prodige sans pareil, comment en serait-il autrement alors qu’il est cité parmi les arabes et les non-arabes comme celui : « qui a eu l’honneur d’embrasser la main du Prophète ». As-Sayyid Sirâj Ad-Dîn Ar-Rifâ`î Al-Baghdâdî, qu’Allâh purifie et sanctifie son âme, dit dans Sihâh Al-Akhbâr (Les Narrations Authentiques) lorsqu’il évoque ce récit : « Une communauté a fait l’éloge d’Ar-Rifâ`î et que dire après qu’il ait embrassé la main. Un signe de son noble héritage, c’est que lorsqu’ils le citent, ils citent Muhammad » (…). Le résumé de ce que ces illustres Imâms ont rapporté dans leurs livres, c’est que ce noble maître, le prééminent, a eu la direction absolue des groupes élevés, en succédant à son oncle maternel Shaykh Mansûr. Les sieurs connaisseurs l’ont suivi et il fut bénéfique aux Musulmans. Il a renouvelé l’application de la noble Shari`ah et a élevé les piliers de l’illustre voie spirituelle (tarîqa) […] Et lorsqu’Allâh a voulu le distinguer et lui donner un privilège sans pareil, un rang élevé, un honneur grandiose, un degré très raffiné et une station protégée, les Secrets de l’Inconnu se sont déversés pour annoncer cela et le montrer publiquement. Il s’est produit ce qui est devenu célèbre, ce qui a comblé les oreilles et qui a été prouvé par tawâtur (de façon multiple, notoire, établie et concordante par de nombreuses voies indépendantes) de façon stricte qui n’admet ni balbutiements ni dispute. Celui qui le trouve douteux a une maladie dans le coeur, ou une déviance, ou une innovation, car ce noble événement est authentique par tawâtur, chez les Walîs (Bien-Aimés d’Allâh), les Hafidh (mémorisateurs de Hadîth), les personnalités éminentes, les Imâms, les nobles personnes parmi nos prédécesseurs ».

Ainsi, lorsque l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î a atteint avec une grande assemblée Médine lors de la saison du pèlerinage en l’an 555 H, il se dirigea vers la chambre prophétique et salua le Messager d’Allâh (ﷺ) en disant : « Que la Paix et le Salut soient sur toi ô grand-père (« As-Salâmu alayka yâ jaddâh ») ! ». On entendit dans la mosquée le Prophète (ﷺ) lui dire : « Que la Paix et le Salut soient sur toi mon fils (wa alayka as-Salâm yâ waladî) ». L’Imâm Ar-Rifâ`î pâlit, se mit à trembler, s’agenouilla en versant de chaudes larmes et dit des vers devenus célèbres : « Dans l’éloignement, j’envoyais mon âme à ma place pour embrasser cette terre Et voilà que le monde des esprits est présent, tends-donc tes mains pour que mes lèvres la reçoivent » (« fî hâlat el-bu`di rûhî kuntu ursiluhâ tuqabbilu al-arda `annî wa hiya nâ’ibati wa hâdhihi dawlat ul-ashbâhi qad hadarat famdud yamînuka kay tahdhâ bihâ shafatî »).

Sous les yeux des témoins, en cette saison de pèlerinage, Allâh a accordé ce grand privilège à l’Imâm Ar-Rifâ`î. Parmi les pèlerins présents dans l’assemblée qui témoigna de cette karâmah, citons le Shaykh Hayât Ibn Qays Al-Harrânî, Shaykh `Alî Ibn Khamîs, Shaykh `Adiyy Ibn Musâfir As-Shâmî, Shaykh Abd Al-Qadir Al-Jîlânî, Shaykh Uqayl An-Najî, Shaykh Ahmad Az-Za`farânî, et d’autres.

Et l’imâm As-Sûyûti écrivit dans Ash-Sharaf Al- Muhattam : « Les textes des savants au sujet de la vie des Prophètes sont nombreux, innombrables, il nous suffit les preuves que nous avons déjà citées. Il a été établi qu’ils sont vivants et le fait d’entendre leurs paroles ou de les voir a été prouvé, que la Paix et le Salut soient sur eux. Il est correct que cela arrive aux walîs (Bien-Aimés) d’Allâh. Ainsi la sortie de la main du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, pour Sayyidî Ahmad Ibn Ar-Rifâ`î, qu’Allâh l’agrée, est une chose possible, n’en doute qu’une personne qui a une déviance ou un égarement, ou un hypocrite dont le coeur est scellé. Le fait de nier un tel privilège et ses semblables aboutit au mauvais dénouement ».

Concernant l’éducation religieuse et l’étude des sciences islamiques de l’imâm Ar-Rifâ’î : « L’Imâm Ar-Rifâ`î s’attela à l’apprentissage des sciences islamiques, notamment auprès du Shaykh `Alî Abû Al-Fadl Al-Wâsitî à la mosquée de Wâsit. Son étoile brilla dans sa jeunesse et il fut distingué dans les cercles de science par sa modestie, ses nobles manières et son savoir. Shaykh `Ali Abû Al-Hassân Al-Wâsitî dit dans Khulâsat Al-Iksîr : « Ar-Rifâ`î étudia les diverses sciences islamiques pendant 20 ans. Après avoir acquis avec maîtrise les connaissances et les sciences, après avoir gravi les échelons du savoir et de la compréhension, il obtint une ijâzah générale de son Shaykh, le Muhaddith de Wâsit, aussi bien pour les sciences de la Législation que pour celles de la Tarîqa. Il avait dépensé ses efforts pour assimiler ces sciences et y goûter en compagnie de son professeur `Alî Abû Al-Fadl. Lorsqu’il eut ce degré élevé dans divers domaines et qu’il en eut une grande maîtrise, distingué par ses efforts et son érudition, son oncle maternel – son Shaykh Al-Bâz Al-Ashhab (le Faucon Gris) – lui donna une ijâzah dans la Tarîqah et lui transmit la cape qu’il méritait. Après l’avoir vêtu de la cape (khirqa) – symbole de la transmission initiatique -, son oncle maternel lui ordonna de séjourner à Umm `Ubaydah, dans le Ruwâq des Ansârs. C’est dans ce Ruwâq que fut enterré son grand-père maternel, Shaykh Yahyâ An-Najjârî Al-Ansârî. A peine a-t-il séjourné un an dans ce Ruwâq, appelant à Allâh et éduquant ses disciples, que son oncle maternel, Shaykh Mansûr, retourna à Allâh ». L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î avait alors 28 ans. De ce fait, les chaînes initiatiques de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î passent essentiellement par son Shaykh, le juge, `Alî Al-Wâsitî Al-Muqrî, son oncle maternel Shaykh Mansûr Al-Batâ’ihî et son oncle maternel Shaykh Abû Bakr Ibn Yahyâ Al-Ansârî Al-Wâsitî » (Cf. La biographie consacrée à l’imâm Ahmad Ar-Rifâ’î par Ahmad Al-Murtada en 2003 pour l’encyclopédie islamique en ligne d’islamophile.org : https://www.islamophile.org/spip/IMG/ahmad-rifai.pdf).

Tout en étant un descendant du Prophète (ﷺ), il tenait les épouses et les nobles Compagnons (Sahâba) du Prophète (ﷺ) en haute estime. Il suivit l’école shafi’ite concernant l’aspect juridique, et l’école ash’arite dans le domaine théologique, mais sans sectarisme ni suivi aveugle. Il montra que la voie des imâms Ja’far As-Sâdiq, Mâlik, Abû Hanifa, As-Shafi’i et Ahmad parmi les imâms du Salaf, concernant les Noms et Attributs d’Allâh, était d’accepter la Réalité de Ses Attributs (mentionnés dans le Qur’ân et les ahadiths les plus solides) sans les nier, ni les modaliser (« sans comment ») ni leur faire ressembler aux caractéristiques des choses créées, car l’Essence divine transcende les modalités physiques, temporelles et corporelles. Il rapporte par exemple dans son Al-Burhan Al-Mu’ayyad (p. 18) concernant l’istâwa que l’imâm Ahmad a dit : « L’Istawâ tel qu’Il l’a porté à notre connaissance, et non pas comme cela pourrait passer par l’imagination des humains », et de l’imâm As-Shafi’i : « Notre Imâm As-Shafi’i lorsqu’il a été interrogé à ce sujet [c’est- à-dire concernant l’istiwâ de Allâh] a dit : « J’ai cru fermement en cela sans assimilation, j’en ai reconnu la véracité sans attribuer d’image, je me suis fait à l’idée que j’étais incapable d’en atteindre la réalité et je me suis abstenu d’engager une discussion à ce sujet d’une totale abstention ». C’est-à-dire que leur voie à ce sujet était d’y adhérer, sans nier les Attributs et sans les interpréter ou les comprendre selon le sens apparent impliquant des limites, modalités physiques ou des formes corporelles ou des défauts psychiques ou autres choses qui sont propres aux créatures.

 Le Shaykh Ibn Hamdân Al-Hanbali a dit dans son Nihâyatû l-Mubtadi’în : « Et [l’Imâm] Ahmad a certes interprété certains versets et certains ahadîths comme le verset de an-najwâ, ainsi que Sa parole { أَن يَأْتِيَهُمُ اللّهُ} [an ya-tiyahumu l-Lâh] et il a dit qu’il s’agit de Sa puissance (c’est-à-dire les manifestations de Sa Toute-Puissance) et Son ordre. Et Sa parole {وَجَاء رَبُّكَ} [wa jâ-a rabbûk] et il a dit qu’il s’agit de Sa puissance. Et Ibn l-Jawzi [Al-Hanbali] a mentionné ces 2 interprétations [de l’Imâm Ahmad] dans Al-Minhâj et il a, quant à lui, penché dans le fait de prendre les versets tels qu’ils sont parvenus sans en donner d’explications (poussées), et Ibn ‘Aqîl [Al-Hanbali] a interprété de nombreux versets et khabar. Et [l’Imâm] Ahmad a interprété la parole du Prophète « [al-hajaru l-aswad yamînu l-Lâhi fi l-ard] » et ce qui est similaire (à cela) ».

L’imâm Ibn Hajar Al ‘Asqalânî confirme aussi cela dans son Fath ul-Bâri (3/30) : « Certains sont passés sur ces textes [concernant les Noms et Attributs d’Allâh mentionnés dans le Qur’ân et et la Sunnah] comme ils ont été révélés, en les acceptant (comme réalité) dans leur globalité tout en exemptant Allâh du comment (kayfiyyah ; modalisation créée et physique) et de toute assimilation (tashbîh), et ceux-là sont la majorité des savants du Salaf. Cela a été rapporté par Al-Bayhaqi ainsi que d’autres, [comme étant la voie] des 4 Imâms (c’est-à-dire : l’Imâm Abû Hanîfa, l’Imâm Mâlik, l’Imâm As-Shâfi’i, et l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal), des 2 Sufyân (C’est-à-dire : Sufyân At-Thawri et Sufyân Ibn ‘Uyaynah), des 2 Hammâd (C’est-à-dire : Hammâd Ibn Zayd et Hammâd Ibn Salamah), de Al-Awzâ’i, de Al-Layth, et autres qu’eux. Certains ont interprété ce texte selon ce qui est digne de Allâh et qui est utilisé dans la langue des Arabes. Certains autres sont allés tellement loin dans l’interprétation que cela revenait à une sorte de distorsion. Certains autres ont fait la différence entre ce qui est une interprétation « proche » c’est-à-dire utilisée dans la langue des Arabes, et ce qui serait éloigné, et par conséquent, ils ont interprété dans certains cas et ils ont fait le tafwîdh [laisser le sens à Allâh] dans certains cas. Cela a été rapporté de l’Imâm Mâlik et confirmé de parmi les savants de la nouvelle génération (du 7e siècle H) par Ibn Daqîq Al-Îd. Al-Bayhaqi a dit que la plus saine [de toutes ces voies] est d’y adhérer sans comment/modalité (bilâ kayf) et de passer sous silence ce qui est visé ».

  Lorsque le Shaykh Abû Tâlib `Abd As-Samî` Al-Hâshmî Al-`Abbâsî lui demanda conseil, l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î lui répondit par une épître (l’Epître des Sagesses) – ses Hikâm – : « Bismi-Llâh Ar-Rahmân Ar-Râhim. Louange à Allâh, le Seigneur des Mondes. Que la Paix, la Miséricorde et le Salut d’Allâh soient sur notre maître Muhammad, sa famille et tous ses compagnons. Que la Paix et le Salut soient sur nous et sur les pieux serviteurs d’Allâh.

De la part du serviteur insignifiant, Uhaymid, au révérend Sheikh, notre frère, `Abd As-Samî` Al-Hâshimî…qu’Allâh soit pour nous, pour lui et pour tous les musulmans. Âmîn. Ô mon frère, je te recommande la crainte révérencielle (taqwâ) envers Allâh et l’attachement à la Sunnah de Son Messager (). J’aimerais que tu accordes les plus grands soins à mon exhortation que voici, car, par la Volonté d’Allâh, elle est bénéfique pour toi et pour tes semblables. Surtout, ne la confie pas à ceux qui ne la méritent pas et ne lui fais pas du tort.

Ô Abd As-Samî`, lorsque le faqîr , triomphe pour lui-même, il récolte peine et fatigue. Mais, lorsqu’il s’en remet à Allâh pour toute affaire, Dieu lui donne la victoire, sans famille, ni tribu (…). Toute prétendue vérité qui contredit la Législation (Loi révélée) n’est qu’une hérésie (zandaqa) » et « le walî (bien-aimé et allié d’Allâh) est celui qui s’attache complètement à la Voie prophétique (Sunnah) et qui agrée Allâh comme Allié. Quiconque s’attache fermement à Allâh est élevé et quiconque compte sur quelqu’un en dehors d’Allâh sera humilié ». Il dit par ailleurs : « Le Shaykh c’est celui qui t’attache au Qur’ân et la Sunnah, et qui t’éloigne des innovations blâmables. L’apparence (zâhir) du Shaykh c’est le shar` (Loi divine) et son for intérieur (bâtin) est le shar` (Loi divine). La voie c’est la Sharî`ah (…). Le Qur’ân est l’Océan de toutes les sagesses. Mais où est l’oreille (dotée de clairvoyance et de perspicacité) qui saisit ? (…). Quiconque ne pèse pas ses paroles, ses actes et ses états, à tout moment, par le Livre (Qur’ân) et la Sunnah, et qui n’accuse pas ses pensées, n’est pas inscrit chez nous dans le recueil des personnes considérées (pour leur intégrité et leur science) (…). Mordez sur la Législation avec vos molaires, elle vous protégera ».

 

Nombreux sont les savants sunnites qui firent ses éloges.

Dans son ouvrage Wafayāt al-Aʿyân (Dictionnaire biographique), l’imâm shafi’ite, théologien, muhaddith et historien Ibn Khallikân le présente comme un éminent juriste Shafi’ite et un grand maître spirituel sûfi.

Le Hâfiz ad-Dhahabî a écrit dans Siyar a‘lâm al-Nubalâ’ (21/77-80) à son sujet : « L’imâm, le modèle, l’adorateur, l’ascète, le Shaykh des connaissants (al-‘ârifîn), Abû al-‘Abbâs Ahmad b. Abî al-Hassan ‘Alî b. Ahmad b. Yahya b. Hâzim b. ‘Alî b. Rifâ‘ah al-Rifâ‘î al-Maghribî puis al-Batâ’ihî (…) Il demandait beaucoup pardon, avait un grand mérite, un coeur très doux, et une grande sincérité. Il décéda en l’an 578 H au mois du premier Jumadah, qu’Allâh lui fasse miséricorde ».

L’Imâm Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî dit à la fin de son épître dédiée à l’Imâm Ar-Rifâ`î As-Sharaf Al-Muhattam : « Ma conviction est que le maître Ahmad Ibn Ar-Rifâ`î As-Sharif Al-Fâtimî Al-Hussaynî, qu’Allâh l’agrée, fut une montagne ferme, un grand maître distingué, un illustre walî (Saint), un vaste océan de la Sunnah, un maître, un appui. La direction du qawm (fonction spirituelle) lui parvint. Il fit l’unanimité des savants et des saints. Tous ses contemporains ont affirmé sa prééminence. Les grands hommes de son temps ont marché sous l’étendard de ses enseignements. Il suivit avec maîtrise et d’un pas ferme le Prophète () (…). Puisse Allâh nous faire bénéficier de ses sciences, de son flux de grâce, de son état et de ses enseignements. Puisse-t-Il nous réunir dans son assemblée, avec ses frères les walis d’Allâh, sous l’étendard de Son Prophète (). Paix sur les Messagers et Louange à Allâh le Seigneur des Mondes ».

Le Shaykh et imâm ‘AbdAllâh Al-Yâfi`î dit de lui dans Mir’ât Al-Jinân : « Le Shaykh des Shaykhs, celui dont la renommée a comblé l’orient et l’occident, la couronne des gnostiques, l’Imâm des illustres savants, le Shaykh pourvu d’une lumière éclatante, de prodiges manifestes, de rangs élevés, de nobles états, d’une bénédiction générale, de vertus célèbres chez l’élite et les gens du commun, Ahmad Ibn Abû Al-Hasan Ar-Rifâ`î ».

 L’exégète, le Shaykh Mahmud Shukrî Al-Alûsî dit de lui dans Al-Asrâr Al-Ilâhiyyah Sharh Al-Qasidah Ar-Rifâ`iyyah (pp.2-3): « …le maître, le descendant du Prophète, le savant au rang distingué, le descendant des nobles Hassanayn, celui qui donna la victoire à la Sunnah de son aïeul le maître dans les 2 mondes, celui au sujet de qui les récits sont parvenus par tawâtur, celui dont la wilâyah fit l’unanimité des gnostiques, le shaykh aux états spirituels brillants et aux prodiges manifestes, le shaykh aux souffles purs, appuyé par l’argument probant, la gloire indéniable et le secret dont la bénédiction a couvert les gens, celui dont la renommée a atteint les vallées et les contrées si bien qu’il impressionna les esprits par la noblesse de ses attributs et les gnostiques ont atteint avec lui l’aboutissement complet, le révérend pôle qui devint un pôle pour tous les pôles, celui qui devint dans les orbites de la vérité un soleil éclairé par les lumières de la perfection que nul voile n’occulte, (…) notre maître, notre modèle, Abû Al-`Abbâs Muhyiddîn, le grand maître, Ahmad Ar-Rifâ`î ».

On lui doit plusieurs ouvrages, que ce soit sur le Tasawwuf, la ‘aqida, le fiqh, la poésie, le Qur’ân ou le Hadith, notamment Nidham al-khas li Ahl al-ikhtisas, Al-Burhan Al-Mu’ayyad, Al-Sirat al-mustaqim, Halat al-ahli al-haqiqa ma Allâh, etc. Nous devons cependant préciser que de nos jours, certains qui se réclament de lui ne se conforment pas à ses nobles enseignements et tombent parfois dans des excès qu’il était le premier à dénoncer, lui qui était une figure hautement spirituelle et pieuse, se conformant au Qur’ân et à la Sunnah et aux nombreuses sagesses et subtilités que contiennent le Qur’ân et la Voie prophétique.

Qu’Allâh sanctifie son âme et lui accorde Ses plus belles Grâces, Son Salâm et Sa Rahma à ce noble imâm qui est la fierté de la Communauté musulmane, un argument d’Allâh sur Terre !


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