Il a été rapporté que notre Prophète Muhammad (‘alayhî salât wa salâm) a dit : « Les justes de chaque génération porteront ce savoir et le préserveront de la déformation des rigoristes, de l’usurpation des imposteurs et de l’interprétation des ignorants ». (Hadîth rapporté par Tabarî, Tamâm, ‘Adî dans ses “Fawâ’id” : Ibn al Qayyim dans “Miftâh dâr as-sa’âda” qui le juge “Sahîh”, Ibn al Wazîr aussi “Sahîh ou Hassan”, l’imâm Ahmad le juge “Sahîh” ainsi qu’Ibn ‘Abdel-Barr, rapporté aussi par al-Bayhaqî dans “Sunan al Kubrâ'”).
Ce hadith est une invitation à la voie du juste milieu, et à l’interdiction de suivre la voie extrémiste, laxiste (conduisant à la banalisation du mal et des vices, et sur le long terme, à leur propagation), rigoriste ou de ceux qui instrumentalisent la religion à des fins politiques (dans le sens de déformer la religion pour qu’elle cadre avec les intérêts mondains des dirigeants ou des « prédicateurs » hypocrites) ou matérielles, bref, à d’autres fins que celles fixées par la religion, à savoir la vérité et la justice.
Les ignorants font de leurs opinions personnelles, des dogmes qu’il faudrait suivre, et qui justifient leurs opinions par des arguments faussement rationnels n’y changeront rien.
Les rigoristes sont ceux qui ne s’en tiennent qu’à la forme sur des sujets secondaires en fatiguant ou soûlant les gens du peuple, mais oublient aussi parallèlement les fondements et les valeurs éthiques, tout comme ils délaissent ou combattent la spiritualité, qui constituent pourtant le cœur et le sommet de l’Islâm.
Les imposteurs sont ceux qui agissent par hypocrisie, et qui pour assouvir leurs passions (vices) et intérêts mondains, mentent sciemment sur la Religion en manipulant les gens et en exploitant leur ignorance et leur naïveté.
Les justes sont ceux, qui, malgré leurs défauts et leurs erreurs éventuelles, donnent toujours de l’importance à la Parole Divine, puis à la Tradition (purifiée) du Prophète Muhammad, puis des nobles compagnons et de la famille du Prophète, ainsi que des saints et des vertueux de cette communauté. Ils ne craignent pas de suivre la Vérité lorsqu’ils savent qu’un savant, aussi brillant soit-il, se soit trompé sur une chose. Ils s’adonnent au dhikr et à toutes les obligations religieuses avec sincérité, ils font preuve d’adab, ils incitent au Bien, sont durs envers eux-mêmes et plus souples et doux envers les autres. Ils veulent le bien de la Ummah et ne tolèrent aucune injustice à l’égard de quiconque, musulmans ou non-musulmans, humains ou animaux, partisans ou opposants. Ils dénoncent intelligemment l’oppression et les vices, sans inciter aux troubles et au fanatisme pour autant. Leurs paroles et leurs moments de silence sont riches d’enseignements. Ils patientent durant l’adversité, se préservent de la calomnie et de tous les autres grands péchés. Ils sont doux envers les pêcheurs qui ne sont pas orgueilleux, et ils sont durs envers les tyrans qui ne cherchent pas à se réformer. Nous avons connu, et connaissons d’ailleurs toujours des musulman(e)s faisant partie de cette catégorie d’êtres d’exceptions, alliant justice, piété, érudition, générosité, intelligence et profonde spiritualité.
Notre imâm ‘Alî (‘alayhî salâm) disait : « Tous les extrêmes mènent à l’erreur, le juste milieu est ce qu’il y a de mieux, il porte la marque du Livre sacré et l’influence de la prophétie » (Récit rapporté dans “Nahj al-Balagha” – La Voie de l’éloquence).