L’évolution, les sciences de la vie, la téléologie et la philosophie

Le généticien et biochimiste Michael Denton disait : « La thèse de la téléologie tire sa force de l’accumulation des arguments en sa faveur. Elle ne se fonde pas sur une seule preuve mais sur l’addition de toutes ces preuves ; sur la longue chaîne de coïncidences qui conduit de façon si convaincante vers l’objectif très particulier de la vie ; sur le fait que toutes ces preuves indépendantes s’emboîtent les unes dans les autres pour donner une magnifique totalité téléologique. Dans le domaine de l’évolution, la thèse se dégage également de l’addition des preuves. Prises une à une, ces preuves ne font que suggérer une possibilité, mais considérées ensemble, elles donnent une image globale qui soutient fortement la notion d’évolution dirigée (…). c’est en constatant que le cosmos est adapté à la vie non pas à un certain point mais optimalement ». (Michael Denton, “L’évolution a-t-elle un sens ?”, éd. Fayard, 1997, p. 516).

Toujours dans le même ouvrage (p. 522) il dit : « Quatre siècles après que la révolution scientifique eut paru détruire cette conception, bannir Aristote et rendre caduque toute spéculation téléologique, le flot incessant des découvertes s’est spectaculairement retourné en faveur de la téléologie. La science, qui depuis 400 ans semblait le grand allié de l’athéisme, est enfin devenue, en cette fin de IIe millénaire, ce que Newton et beaucoup de ses premiers partisans avaient ardemment souhaité : le défenseur de la foi anthropocentrique ».

Nous n’avons pas cité les passages relatifs au Christianisme, qui ne sont pas pertinents sur le plan intellectuel ici. Il faut toutefois relativiser lorsqu’il dit pendant « 400 ans » car à chaque siècle, parmi les plus grands scientifiques, on comptait des déistes ou des théistes, et seuls quelques philosophes qui ont beaucoup fait parler d’eux étaient non-religieux ou athées/agnostiques, mais ils n’étaient pas réellement scientifiques (ou pas exerçant à un haut niveau). Ils ont cependant désinformé le grand public et imposé ensuite un cadre idéologique propice au paradigme matérialiste pendant   2 siècles, même s’il y a toujours eu des scientifiques et des intellectuels de premier plan pour contester vigoureusement ou timidement le paradigme matérialiste.

Il dit aussi ailleurs que : « La robustesse de certaines formes cytoplasmiques – telles que par exemple, l’architecture du fuseau ou la forme cellulaire de protozoaires ciliés comme le stentor – suggère que ces formes représentent peut-être, elles aussi, des structures exceptionnellement stables et énergétiquement favorables, déterminées par les lois de la physique. S’il s’avère qu’une quantité substantielle de formes biologiques supérieures est naturelle, alors les implications seront radicales et d’une grande portée. Cela voudra dire que les lois de la physique ont dû avoir un rôle bien plus important dans l’évolution des formes biologiques qu’on ne l’imagine généralement. Et cela signifiera un retour à la conception pré-darwinienne selon laquelle, sous-tendant toute la diversité du vivant, un ensemble fini de formes naturelles réapparaitra encore et toujours partout dans l’univers où il y a de la vie à base de carbone ». (Michael Denton et Craig Marshall, “Laws of form revisited”, Nature 2001, 22, 2001, p. 417). C’est aussi ce que conclut le paléontologue Simon Conway-Morris dans “Life’s solution” (p. 11).

Par rapport au modèle réductionniste, Michael Denton disait : « L’échec total du réductionnisme dans le domaine des êtres vivants et l’échec total des tentatives de fabriquer des nouvelles formes contrastent avec le domaine des machines. Pour les avions ou les machines à écrire, les propriétés et le comportement de l’ensemble peuvent être prédits de façon très précise d'”en bas”, à partir d’une analyse complète de leurs composants. C’est parce que les machines n’ont pas mis en place des interactions réciproques complexes  et des feed back (…). A l’inverse, les systèmes organiques sont essentiellement des réalités allant du tout vers la partie (top-down). Les formes organiques sont des totalités non modulaires, elles ont un ordre qui leur est propre et qui ne se manifeste que dans le fonctionnement du tout (…). Les ensembles organiques ne peuvent être bâtis morceau par morceau à partir des molécules indépendantes, parce que les parties n’existent qu’à travers la totalité ».
(Michael Denton, “Organism and machine : the flawed analogy”, chapitre 3 de l’ouvrage de Jay W. Richards, “Are we spiritual machines? : Ray Kurzweill vs. the critics of strong AI”, éd. Discovery Institute, 2002).

Et cela, sans même parler de la conscience et de l’esprit, qui distinguent fondamentalement et essentiellement, les machines des êtres vivants, et surtout des humains.

En fin de compte, le débat sur l’évolutionnisme est un faux dilemme sur le plan philosophico-théologique, car peu importe les modalités choisies dans l’apparition et le développement de la vie, celles-ci existent et se basent d’une part sur la matière créée (par le Principe Créateur), les lois de la physique, et la vie créée qui y fut insufflée. Les finalités, nous les connaissons déjà, et nous les constatons, tout comme nous observons les mécanismes ingénieux, la complexité extraordinaire du vivant, la simplicité fonctionnelle qui cohabite avec la complexité fonctionnelle d’autres espèces. Evolution ou non, ou école évolutionniste contre une autre école évolutionniste, il ne s’agit que d’une voie décrétée et manifestée par Dieu, – défini comme étant la Source des lois naturelles apparues avec la manifestation du cosmos observable -, à travers les lois physiques qu’Il a Lui-même instaurées.

Quant aux chercheurs contemporains, que ce soit des mathématiciens, des logiciens, des généticiens, des biologistes, des paléontologues, des médecins, des biochimistes ou des biophysiciens,  ils parlent, à la suite de leurs travaux et découvertes, d’une vision platonicienne de la vie, suggérant l’existence d’archétypes dans le vivant, et donc d’une orientation sous-jacente dans le développement de la vie qui suit bien une certaine direction qui ne doit rien au hasard.

Des noms comme Michael Denton, D’Arcy Thompson, Seyyed Hossein Nasr, Simon Conway-Morris, Pierre-Paul Grassé, Marcel-Paul Schützenberger, Rémy Chauvin, Jacques Vauthier, André Gernez, Steve Minnich, William Albert Bill Dembski, Michael Behe, Kurt Gödel, Douglas Axe, Vasily Ogryzko, Lothar Schäfer, Jean Dorst, Muzaffar Iqbal, Roberto Fondi, Giuseppe Sermonti, Brian Goodwin, Ananda Kentish Coomaraswamy, Wolfgang Smith, Mae Wan Ho, René Guénon, Frithjof Schuon, Philip E. Johnson, Rana Dajani, Olivier Nguyen, Stephen C. Meyer, Ilhan Akan, Douglas Dewar, Yamina Bouguenaya, Nazir Khan, sont autant de scientifiques qui rejoignent une certaine vision platonicienne de la vie biologique en dépit de leurs divergences propres sur certains mécanismes et aspects du développement de la vie.


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