Analyse sur l’affaire Tariq Ramadan

Depuis quelques années, beaucoup de choses sont parues à propos de Tariq Ramadan et des différentes accusations dont il a été la cible privilégiée des médias francophones.

Dans ce cadre, quelle attitude devons-nous adopter, à partir de toutes les informations désormais disponibles ?


Nous pouvons, et devons même, exprimer clairement notre désaccord sur les positions erronées ou déviantes de Tariq Ramadan sur un certain nombre de points, tout comme nous devons désapprouver catégoriquement ces grands péchés avérés (l’adultère et le fait d’avoir été un « chaud lapin »). Néanmoins, lui-même n’avait pas dévoilé ces péchés en public, et ceux qui l’ont fait, surtout pour de mauvaises raisons, ont commis également un péché en le faisant. Ensuite, les différentes accusations de viol ou de violence volontaire se sont avérées fausses et aucune preuve n’a pu être avancée, et certaines accusatrices assumaient pleinement leur rôle de « maîtresses » et le savaient marier, et insistaient auprès de lui pour avoir des rapports charnels. Elles doivent donc aussi être dénoncées, car bafouant les droits de l’épouse de Tariq, et ne se respectant pas elle-même. La responsabilité et le méfait de Tariq sont donc partagés avec celles des fornicatrices, qui en plus de ça, ont menti, déformé les faits, puis lancer de fausses accusations de façon délibérée (calomnie). Elles ont causé du tort à l’épouse de Tariq ainsi qu’à ses enfants, puis ont voulu détruire toute sa vie avec de fausses accusations, et ont osé après tout cela, joué la carte du « féminisme » alors qu’elles incarnent l’ego destructeur de la dignité féminine. Quant à Tariq, qu’il se hâte au repentir, à la réforme, et qu’il agisse de sorte à compenser et rattraper ses fautes envers son épouse et ses enfants.

Le fait est que, jusqu’à preuve du contraire, Tariq n’est pas un violeur, et les faits avérés (adultère, séduction avec d’autres femmes, – fornicatrices et séductrices – alors qu’il était déjà marié), sont des choses totalement banalisées et même tolérées ou encouragées dans la société française, ce qui montre l’hypocrisie des médias. Par ailleurs, pour des violeurs et pédophiles avérés, parmi les politiciens et certains producteurs de films, les médias n’en font pas une obsession, et la justice française (et belge aussi) les laissent même en liberté pour beaucoup d’entre eux.

Nous devons aussi être équitable, et reconnaitre à Tariq ses mérites, où dans les années 80, 90 et début des années 2000, d’avoir été un représentant des musulmans efficace, à la fois éloquent et érudit, pourfendant les islamophobes les plus chevronnés, incitant les musulmans à s’investir dans les débats, la recherche, assumer son identité et ses revendications. Ce qu’il est devenu par la suite, par contre, peut être critiqué à juste titre, tournant lui-même en rond, et étant pris aux pièges par la notoriété, les pressions médiatiques et politiques, ainsi que par les illusions de l’ego, ne manquant parfois pas de culot là où il aurait dû se faire discret. Mais en Islam, nous devons aussi écouter la version de l’accusé, puis juger en toute équité. Aidons-le plutôt à se relever autant que possible. Et pour ses intentions véritables, ce n’est pas à nous de préjuger là-dessus, c’est entre lui et le Divin, car faisant partie du ghayb, même si le musulman doit aussi toujours faire preuve de prudence et de vigilance. D’un autre côté, nous savons aussi que Tariq Ramadan n’était pas dans une optique de cheminer spirituel s’astreignant à une discipline spirituelle opérative, où l’on éduque activement l’âme et le « cœur » pour se purifier et pour se préserver de nombreux vices. Or, l’éducation de l’âme n’est pas un luxe, surtout quand on est confronté aux pressions politiques, aux richesses matérielles, à la notoriété et à un haut statut social et intellectuel. De ce fait, il n’a pas toujours été à la hauteur de l’image qu’il s’était donnée, et que ses « fans » avaient entretenu malgré eux. Néanmoins, son penchant charnel pour les femmes (pubères) avéré, et qui est contraire à l’Islam, en plus du fait d’avoir longtemps donner des leçons de morale (qui étaient justes en soi), font qu’il a perdu toute crédibilité sur ce plan-là. Mais cela ne doit pas nous empêcher de critiquer l’hystérie et l’hypocrisie des médias francophones, le traitement injuste qu’il a subi en prison et la partialité des juges malgré l’absence de preuves concernant les accusations, ainsi que les éléments concrets qui corroboraient les affirmations de Tariq Ramadan. Or, pour des violeurs ou séducteurs avérés, quand il s’agit de non-musulmans, les instances françaises et les médias sont beaucoup moins sévères et obsessionnels, alors que les crimes sont bien plus graves que les séductions et les relations sexuelles hors-mariage de Tariq Ramadan (bien que certaines personnes parlent du fait qu’il s’agissait d’une relation licite dans le cadre de la polygamie, mais celle-ci étant non-reconnue légalement en France, il ne pouvait guère le déclarer, mais il n’y a aucune preuve non plus qui permet de corroborer cela, wa Allâhu a’lam).

Ce qui est visé donc, ce n’est pas Tariq Ramadan, mais la visibilité de l’Islam et ses revendications sociales totalement légitimes (au même titre que les autres communautés qui ont plus de droits que les musulmans en France et en Belgique). D’ailleurs, son cas est instrumentalisé par des mouvances islamophobes, laïcardes ou pseudo-féministes pour amasser de l’argent, interdire aux musulmans certains droits, opérer des amalgames, et les discriminer davantage.

Tariq Ramadan a publié sa version des faits dans son ouvrage paru en septembre 2019, intitulé Devoir de vérité (aux éditions Presses du Châtelet). L’avantage de sa version, est qu’il est possible d’en vérifier de nombreux éléments, contrairement aux accusations et propos contradictoires des plaignantes, qui se contredisent elles-mêmes dans les médias où on a pu les entendre.

Au-delà des débats autour des idées et des positions de Tariq Ramadan, qui d’une part n’est pas du tout un islamiste ni un fondamentaliste, – il s’écarte de l’orthodoxie islamique sur plusieurs points importants et il est critiqué à cet égard par de nombreux musulmans -, et même en dépit de ses nombreuses concessions et déclarations pro-gouvernementales dans les sociétés occidentales, il a cependant été injustement insulté, humilié, incarcéré et calomnié par ces derniers. Cela montre bien les dérives et les défaillances du système français (aussi bien judiciaire, que médiatique, politique et idéologique). Les éléments vérifiables plaident pour l’innocence de Tariq Ramadan dans toutes les accusations de viol déposées jusqu’ici, et pour des mensonges délibérés de plusieurs plaignantes (comme Henda Ayari et Paule-Emma Aline, alias la fameuse Christelle). S’il a reconnu ses écarts conjugaux, en commettant l’adultère, cela ne justifie aucun mauvais traitement du point de vue judiciaire et médiatique, surtout que la plupart de ses accusatrices et de ses accusateurs, sont noyés dans la fornication,l’adultère, ou même des viols et de fausses accusations… D’autre part, s’il doit être blâmé pour avoir commis l’adultère, il faut aussi condamner les fornicatrices qui le savaient marier et qui ont bafoué les droits de son épouse et causé du tort à leurs enfants, sans parler des fausses accusations.

Pour Henda Ayari, il a été établi qu’elle n’était pas à son premier mensonge et à sa première diffamation. Elle est toutefois fragile mentalement et a sans doute été manipulée par la bande de Caroline Fourest avec qui elle était en contact. Même son histoire sur son passé salafiste et “violée” par ses proches ne correspond pas aux faits établis ni aux dates évoquées.

Les membres de sa famille tout comme ses enfants ont dénoncé chez Henda, un manque de sérieux, une propension aux mensonges et aux comportements déviants.

On remarquera aussi que les juges et les procureurs refusent de lancer des enquêtes approfondies sur les diffamations, les manipulations et les planifications macabres élaborées par Caroline Fourest, Ian Hamel et leurs complices. Visiblement, certains criminels et délits commis par des gens sans scrupules ne méritent pas que l’on s’y attarde, préférant mener une cabale contre une personne injustement condamnée et calomniée.

De nombreux journalistes et médias n’ont pas retranscrit fidèlement les faits, se sont clairement engagés en faveur d’un camp par simple orientation idéologique, n’ont pas respecté la vie privée et les secrets professionnels, ni même les codes de déontologie les plus élémentaires qui soient. Cela montre à quel point les médias conventionnels ont perdu toute crédibilité, raison pour laquelle des millions de citoyens français ne leur font plus du tout confiance, et se dirigent plutôt vers des médias alternatifs (pas toujours fiables non plus selon les sujets abordés).

Les enquêteurs et organismes qui s’occupent de recenser les plaintes et de mener des enquêtes, savent pourtant par expérience, qu’à côté de faits réels, il existe un grand nombre de fausses plaintes, motivées par divers objectifs (garde des enfants, argent, vengeance personnelle, objectif politique, notoriété, etc.).

Et par rapport au monde carcéral et aux dérives qui existent en France, – même si c’est loin d’être aussi barbare que ce qui peut se faire dans d’autres pays, bien que certains soient des alliés de la France -, lire l’excellent livre de Didier Fassin, L’ombre du monde – Une anthropologie de la condition carcérale (aux éditions Le Seuil, 2017).

En Islam, il faut dissocier le discours (les pensées) de la personne, car même une personne injuste, perverse ou faible (cédant à ses vices) peut dire des vérités et donner de bons conseils. Là où cela devient problématique, c’est quand cette personne ment ou calomnie volontairement, méprise les autres, ou n’essaie même pas de se réformer ou de se repentir, alors que cette même personne commet exactement ce qu’elle reproche aux autres. Est-ce le cas pour Tariq Ramadan ? Wa Allâhu a’lam, et sur certains points, des éléments penchent plutôt vers l’affirmatif, tandis que sur d’autres points, cela conduit vers le négatif. Son désir de vouloir toujours être « reconnu » et de saisir des opportunités pour redorer son image et se refaire une santé financière, semble évident, mais là encore, c’est un désir humain et vu les pressions de la société moderne pour gagner facilement de l’argent, très peu de personnes arrivent à s’en passer, mais comme souvent aussi, l’intention peut être noble à l’origine et être mêlée ou corrompue ensuite par d’autres facteurs moins nobles.

Sous un autre aspect, est-ce que le discours de Tariq Ramadan apporte encore quelque chose intellectuellement aux musulmans ? Nous pensons sincèrement, et sans animosité aucune, que non, sa perspective métaphysique étant nulle, ses compromissions avec certaines idéologies modernes et instances politiques non-musulmanes (n’ayant pas hésité à l’abandonner lâchement qui plus est) qui posent problèmes, et la redondance des sujets abordés, font que ce n’est pas le cas, si ce n’est que de manière « contingente ». Si son discours fut instructif, enrichissant et pertinent entre les années 1980 et 2006, cela n’est plus le cas de nos jours, car les enjeux, besoins et priorités ont changé, et qu’il existe désormais de nombreux savants, intellectuels et professeurs qualifiés et spirituels, qu’il est possible et facile de suivre actuellement.


De plus, étant donné son cas, après son devoir de clarification sur les injustices qu’il a subies, il devrait plutôt observer le silence et travailler de façon productive sans chercher à s’exposer médiatiquement.


Et enfin, il est aussi temps que la nouvelle génération prenne la relève, et ainsi de leur laisser la place, car nombreux sont les musulmans productifs, diplômés, cultivés et perspicaces, qui peuvent apporter leur pierre à l’édifice dans les débats et les enjeux contemporains.

Et comme derrière chaque épreuve, il faut savoir en tirer des enseignements, quelles leçons pouvons-nous tirer de cette affaire ?


Tout d’abord, que Tariq Ramadan est un homme comme les autres, pouvant commettre des péchés (y compris des grands) si ces relations sexuelles se déroulaient en dehors d’un mariage polygame. Qu’il a pu aussi se contredire par rapport à ses propres principes, et qu’il a parfois manqué de décence lorsqu’il a subie une épreuve difficile et certes injuste, alors que les premières « victimes » étaient sa femme et ses enfants, et qui malgré tout, l’ont toujours soutenu publiquement, sachant aussi pertinemment que les médias ont menti, et que tous les éléments disponibles indiquent qu’il n’était pas du tout un homme violent et encore moins un violeur, malgré son penchant charnel incontrôlé s’exerçant sur des femmes avec qui il n’était pas légalement marié. L’idéaliser a été l’erreur de ses « fans inconditionnels », et il n’est jamais bon d’idéaliser une personne qui n’a pas atteint le rang de « prophète » ou de « saint », car seulement les prophètes et les saints sont capables d’harmoniser complètement leur « intérieur » avec leur « extérieur ».

Ensuite, que les médias et les personnalités diverses n’hésitent pas à faire preuve d’hypocrisie et de lâcheté pour achever un homme qui est déjà à terre, injustement emprisonné, et qui n’ont agi de la sorte, qu’en raison de la confession (musulmane) de Tariq Ramadan et du fait qu’il avait généralement bien le dessus (intellectuellement) face à ses détracteurs islamophobes. Ils n’aiment pas voir des musulmans éloquents, instruits et intelligents s’exprimer en public, cela apparait désormais clairement, d’autant plus qu’en même temps, les médias protègent ou passent sous silence les réels violeurs ou criminels. Alors même que Tariq Ramadan n’a rien d’un islamiste (au sens moderne du terme), et qu’il adopte des points de vue modernes et parfois propres au sécularisme, – ce qui fait de lui une personne ayant adopté un mode de vie assez moderne dans les reproches que l’on peut lui faire -, les médias, afin de le discréditer davantage, n’hésitent pas à le diaboliser abusivement par cette étiquette, devenue synonyme de « fanatisme », là où Tariq demeure toutefois bien plus tolérant que la plupart de ses détracteurs, qui au fond, lui reprochent essentiellement de respecter les choix de vie opérés par des personnes issues des « minorités » en France.

Cela doit nous pousser à vouloir aider les personnes qui s’égarent ou font des péchés, à les ramener dans le droit chemin au lieu de les enfoncer davantage, car dès lors, les faibles parmi eux, comme nous le prouve l’histoire, se tourneront vers les « autres », dont nos « ennemis déclarés », pour obtenir de « l’aide », puis mentiront et deviendront des personnes malveillantes dont le but sera de nuire matin et soir à la communauté musulmane. Nous devons donc, religieusement avant tout, avoir ce sens de la compassion et de la solidarité pour corriger les péchés et défauts de nos coreligionnaires, ou les empêcher de commettre des actes blâmables, sans les exclure de la justice et de la miséricorde que nous devons pratiquer, surtout au sein de la Ummah.

Que cela serve donc de leçons à tout le monde, afin de ne pas tomber dans la même situation.

Article mis à jour le 26 septembre 2019.


1 thought on “Analyse sur l’affaire Tariq Ramadan

  1. :

    Bonjour, comme je l’ai dit sur votre publication Facebook entre Tariq et le journaliste Boudin, après ce qu’il amené comme combat tenant le drapeau de l’Islam en des endroits aussi hostile a l’islam que l’Europe et particulièrement la France nonobstant les diabolisations contre lui de part et d’autre, les pièges sur pièges , je crois que Tariq Ramadan doit être relevé au rang des martyres parce qu’il est seul contre tous. Pour ce qui est de sa crédibilité va t-il la perdre oui ou non????
    Moi personnellement que crois qu’il faut prendre les vérités tirées du du saint Coran et des Hadiths qu’elles nous dises et puis c’est tout hein. Tant que la mort ne survient pas tout peu nous arriver dans ce monde et il faut prier Dieu encore et toujours.

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