Réponse aux calomnies de prédicateurs wahhabites au Soudan contre les Sûfis

Une chaine YouTube destinée aux francophones fut fondée par un groupe de wahhabites et salafistes venus du Soudan, et dont le but est de propager les déviances et les hérésies du Salafisme, en calomniant aussi les Musulmans orthodoxes qui suivent l’Islam traditionnel.

Ils n’ont malheureusement aucunement fait l’effort de produire un travail consciencieux, nuancé et bien documenté sur les sujets dont ils traitent, se contentant de répandre les mêmes préjugés et calomnies, pourtant réfutés de nombreuses fois partout dans le monde.

On nous envoyé 3 vidéos de leur chaine pour avoir notre avis sur leur contenu, où des prédicateurs s’évertuaient à faire le takfir de tous les Sûfis et à exclure le Tasawwuf de l’Islam (en citant la parole de certains inconnus se réclamant du Tasawwuf, et affirmant certes des paroles de kufr – à supposer qu’ils aient été écrits du point de vue exotérique -), leurs critiques envers les Sûfis de la Tariqa qâdiriyya et enfin, concernant le tabarrûk à travers les tombes et les mausolées.

Voici une réponse aux 3 calomnies.


1) Concernant le Tabarruk, les tombes et les mausolées :

Le tabarruk (recherche des Bénédictions divines dans les êtres ou objets qu’Il a créé) par les tombes ou des objets appartenant à des Prophètes et des Saints, sans commettre de shirk ni d’actes illicites, a été autorisé dans le Qur’ân dans la Sûrah Yûsuf, dans la Sunnah (al-Bukharî, Muslim, Abû Dawûd, Ad-Dârimi, At-Tirmidhî, Ibn Hibbân – notamment dans son Kitâb at-Thiqât aussi – ont rapporté des ahadiths et des athars à ce sujet), et ce fut une pratique des Salafs parmi les Compagnons et leurs successeurs, notamment Ahmad Ibn Hanbal, As-Shafi’i et d’autres.

Le Prophète Yûsuf (‘alayhî salâm) donna en effet à ses frères une tunique qu’Allâh bénit (lui donnant la propriété de guérison), pour que leur père puisse recouvrer la vue (car il était aveugle) : « « Emportez ma tunique que voici, et appliquez-la sur le visage de mon père : il recouvrera [aussitôt] la vue. Et amenez-moi toute votre famille ». – Et dès que la caravane franchit la frontière [de Canaan], leur père dit : « Je décèle, certes, l’odeur de Joseph (Yûsuf), même si vous dites que je radote ». Ils lui dirent : « Par Allâh te voilà bien dans ton ancien égarement ». Puis quand arriva le porteur de bonne annonce, il l’appliqua [la tunique] sur le visage de Jacob (Yâqub). Celui-ci recouvra [aussitôt] la vue, et dit : « Ne vous ai-je pas dit que je sais, par Allâh, ce que vous ne savez pas ? » » (Qur’ân 12, 93-96).

Muslim rapporte dans son Sahîh : « ‘Asma’ bint Abû Bakr nous a présenté une tunique longue (jubbah), dont l’encolure était ornée de brocart et les emmanchures ourlées, puis elle a dit : « C’est la jubbah du Messager d’Allâh (ﷺ) ; elle se trouvait chez ‘Aîsha. Je l’ai récupérée lorsqu’elle est décédée. Le Prophète Muhammad () la portait. Nous la trempons dans l’eau pour les malades et recherchons par elle la guérison [par la Grâce d’Allâh] ».

L’imâm An-Nawawî dans son commentaire du Sahîh Muslim rapporte d’après le Compagnon Hudhayfa ibn al Yamân, et lors de l’explication du hadîth dans lequel Asmâ bint Abû Bakr dit qu’elle trempait la jubbah du Prophète Muhammad (ﷺ) dans l’eau et recherchait la guérison par elle, l’Imâm An-Nawawi a dit : « Il y a dans ce hadîth une preuve sur la recommandation de pratiquer le tabarruk (la recherche de bénédiction) par les traces (âthâr) des vertueux et par leurs vêtements ».

Dans son Târîkh Baghdâd (1/123) le grand traditionniste Al-Khatîb Al-Baghdâdi rapporte avec une bonne chaîne de transmission, d’après ‘Ali Ibn Maymûn qu’il a dit : « J’ai entendu Ash-Shâfi’i dire : je fais certes le tabarruk (la recherche de bénédiction) par Abû Hanîfa et je me rends à sa tombe chaque jour (le visiter [quand je suis dans les environs]). Si j’ai un besoin, j’accomplis 2 rak’ah (cycles de prière) puis je me rends à sa tombe et je demande à Allâh ta’âlâ qu’Il m’accorde la chose dont j’ai besoin et ce, auprès de sa tombe. Après cela mon affaire est rapidement réglée ».

L’Imâm, le Hâfiz, Shaykh al-Islâm Ibrâhîm al-Harabî l’un des grands disciples de l’Imâm Aḥmad a dit concernant Maʿrûf al-Karkhî comme il est rapporté dans Siyar aʿlâm al-nubalâ’ (9/343) du Hafiz ad-Dhahâbî : « La tombe de Maʿrûf (par la Grâce d’Allâh) est un antidote prouvé ».

Le Shaykh Abû ‘Abd ar-Rahman Muhammad ibn al Hussayn as-Sulamî (m.412 H), le Shaykh de Al-Bayhaqî et de Al-Qushayrî a dit dans ses Tabaqât as Sufiyyah (p.80) : « Nous a informé l’ascète Yûssuf ibn ‘Umar à Baghdâd en disant ; Nous a rapporté ‘UbaydAllâh ibn Jâ’far As Saghânî ; nous a rapporté ‘Umar ibn Wâssil en disant ; Sahl ibn ‘AbdAllâh at Tustarî (m.283 H) a dit : « Muhammad ibn Sawwâr m’a informé de Ma’rûf ibn ‘Alî al Karkhî l’ascète, et il est parmi les plus prestigieux mashaykh prédécesseurs qui sont mentionnés par le scrupule et la générosité. Il était le professeur de Sarî as Saqatî (m.253 H) et accompagna Dâwud at Tâ’î (m.165 H). Sa tombe est apparente à Baghdâd, on recherche la guérison (par la Grâce d’Allâh) par elle et on cherche la bénédiction par sa visite (par la Grâce d’Allâh) ».

Le célèbre Ibn Hibbân (m.356 H) a dit au sujet de l’imâm des Ahl al Bayt ‘Alî ar-Ridhâ (‘alayhî salâm) dans son At-Thiqât (8/456) : « Sa tombe se trouve à Sana Badh, près de al Nuqan. Elle est célèbre et se trouve près de celle de [Harûn] ar Rashîd. Je l’ai visitée à de nombreuses reprises. Quand j’étais à Tûs, chaque fois que j’avais une difficulté, je visitais la tombe de ‘Alî ar-Rida, que les bénédictions d’Allâh soient sur son grand père, et j’y invoquais Allâh pour qu’Il m’enlève cette difficulté. A chaque fois, la difficulté était levée et c’est quelque chose que j’ai expérimenté plusieurs fois et chaque fois elle s’avérait. Qu’Allâh nous fasse mourir dans l’amour de l’Élu ainsi que de sa famille ».

Pour plus de preuves islamiques, lire notre article dédié à ce sujet : https://editions-hanif.com/le-wahhabisme-et-le-tabarruk-la-recherche-des-benedictions-a-travers-des-etres-vivants-ou-des-objets-particuliers/

Pour l’élévation des tombes sans tomber dans l’excès, cela a été autorisé (par des preuves du Qur’ân, de la Sunnah et des Salafs) par des imâms comme Al-Hâkim l’auteur du Mustadrak qui dit que c’est une pratique répandue chez les Savants de la Sunnah à toutes les époques, par Al-Ghazâlî le grand juriste shafi’ite, par l’imâm Ibn Hajar al-Haytami, As-Suyûtî, Ibn Hajar al ‘Asqalânî et d’autres. Pour les preuves textuelles en Islam, et la pratique des savants de la Sunnah dans ce domaine, nous renvoyons nos lecteurs aux articles rédigés concernant le Tabarrûk et les mausolées.

Nous mentionnerons quand même rapidement ici quelques éléments :

Al-Hâfiz Ibn Hajar Al-`Asqalânî As-Shâfi`î écrit dans son Fath Al-Bârî (1/626) : « Et Al-Baydâwî a dit : « C’est parce que les Juifs et les Chrétiens se prosternaient devant les tombes de leurs Prophètes en exagérant dans leur révérence [envers eux] et en les prenant comme direction [qibla] vers laquelle ils se tournaient durant la prière, faisant ainsi d’elles des idôles; qu’ils furent maudit et qu’il fut empêché aux musulmans ce type d’agissement. Concernant la construction d’une mosquée à proximité [de la tombe] d’un pieux recherchant ainsi la bénédiction [tabarruk] par la tombe [ndt : le vertueux qu’Allâh bénit par Sa Barâka illuminera et bénira le lieu, et il ne sera alors qu’un support pour bénéficier de la Bénédiction Divine, support qui ne doit jamais être adoré ou divinisé bien entendu] et non en vue d’exagérer dans leur vénération, ou de se tourner vers elles [pour prier]; cela ne rentre [absolument] pas dans cette interdiction » ».

Allâh dit : « C’est ainsi que Nous avons fait connaître leur retraite pour bien montrer aux habitants de la cité que les promesses de Dieu s’accomplissent toujours et que la résurrection ne fait pas l’ombre d’un doute. Une dispute s’engagea alors à leur sujet, entre les gens de la cité. « Murons-les sous une maçonnerie, de manière que seul leur Seigneur soit au courant de leur mystère », dirent quelques-uns. Mais ceux dont l’avis l’emporta furent ceux qui dirent : « levons au-dessus d’eux un sanctuaire ! » (Qur’ân 18, 21).

Al Imâm Abû-l-Layth As Samarqandî a dit dans Bahr ul ‘Ulûm : « Les croyants dirent qu’ils allaient construire une mosquée sur eux tandis que les chrétiens dirent qu’ils allaient construire une église, mais les musulmans obtinrent gain de cause et construisirent une mosquée. Et Il (qu’Il soit glorifié et magnifié) dit : « Construisez sur eux un édifice. Leur Seigneur les connaît mieux », dirent quelques-uns », c’est-à-dire une mosquée, « Leur Seigneur les connaît mieux », c’est-à-dire leur monde ; « Mais ceux dont l’avis l’emporta », c’est-à-dire ceux qui sont de la même religion que les gens de la caverne (as-hâb ul kahf), qui sont des croyants, « furent ceux qui dirent : « Élevons au-dessus d’eux un sanctuaire ! » », Az Zajjâj a dit : « Ceci est la preuve que, lorsque la question se présenta, les croyants triomphèrent et que les autres reconnurent la réalité de la résurrection, car ils en ont fait une mosquée et que la mosquée est dédiée au croyants » ».

Al Imâm Abû ‘Abdi Llâh Ibn Juzaî Al Gharanâtî a dit dans At Tas-hîl Li ‘Ulûm it Tanzîl : « « Élevons au-dessus d’eux un sanctuaire ! » à l’entrée de la caverne pour cacher leurs restes, ou bien pour les protéger et éviter qu’ils soient enlevés, ou pour qui veut prendre leur bénédiction à partir du sol, ou encore afin d’en faire un lieu de marquage auprès de la caverne afin qu’ils soient connus. « Mais ceux dont l’avis l’emporta », on a dit : « c’est-à-dire le gouverneur », mais on a dit aussi : « les musulmans, car ils avaient plus de mérites que les mécréants », construisirent une mosquée à l’entrée de la caverne afin d’y adorer Allâh ».

Le Qâdî Thanâ’u Llâh Al Panipattî Al Hanafî a dit dans Tafsîr ul Mazharî : « Ce verset prouve que des mosquées peuvent être construites auprès des tombes des saints dans le but d’accomplir la prière en leurs seins et que de la bénédiction peut être cherchée auprès des tombes des saints ».

Dans un autre verset, Allâh relate à propos du Prophète Sulayman (‘alayhî salâm) : « Et parmi les jinns il y en a qui travaillaient sous ses ordres, par la permission de son Seigneur. Et celui d’entre eux qui déviait de Notre ordre, Nous lui faisions goûter du châtiment du brasier. Ils fabriquaient pour lui ce qu’il voulait : sanctuaires, statues, plateaux comme des bassins, et marmites ancrées » (Qur’ân 34,12-13). Et Allâh rappelle bien que le Prophète « Sulayman n’a pas fait de kufr (mécréance faisant sortir de la foi) » (Qur’ân 2, 102).

Il est établi que le Prophète Muhammad (ﷺ) plaça un rocher au-dessus de la tombe de ‘Uthmân Ibn Maz’ûn (qu’Allâh l’agrée) en disant : « Avec cela, je distinguerais la tombe de mon frère [de lait], et enterrez-y plus tard ceux qui décèderont parmi mes proches parents ». Ceci est rapporté d’après un compagnon par Abû Dâwud et Al Bayhaqî dans Sunân Al Kubrâ (3/412), Ibn Al Mulaqqîn dans Tuhfat ul Muhtaj (2/29) et d’autres. Le texte complet indique que le Prophète (ﷺ) demanda à un homme de placer un rocher sur le dessus de la tombe de ‘Uthmân Ibn Maz’ûn. Lorsqu’il fut incapable de le déplacer, il (ﷺ) retroussa ses manches et l’aida, c’est alors que la blancheur de ses bras apparut. Ibn Maz’ûn fut le premier des Muhâjirûn inhumé à Baqî’ ul Gharqad. Ibrâhîm, le fils du Prophète (ﷺ), fut enterré à côté de lui.

Et Kharîjah Ibn Zayd a dit : « C’est comme si je me voyais lorsque nous étions jeune homme du temps de ‘Uthmân [Ibn ‘Affân] (qu’Allâh l’agrée). Le plus fort d’entre nous en saut en hauteur était celui qui arrivait à sauter par-dessus la tombe de ‘Uthmân Ibn Maz’ûn » ». « Je dis ça car sa tombe était très haute car le Prophète avait mis juste à côté d’elle une grande pierre pour qu’elle soit connue ». Et à l’époque des Khulafa, on a reconstruit la tombe sur cette pierre que le Prophète a mis car celui qui rapporte cette parole ne dit pas « on saute sur la pierre » mais sur la tombe, donc on a construit sur la tombe » comme le dit Shaykh al-Ghumarî. Ce récit est rapporté par Al Bukhârî dans son Sahîh au chapitre intitulé « Placer un tronc sur le dessus d’une tombe ».

Ibn Hajar a dit dans Fath ul Bârî : « Al Bukhârî rapporta ceci avec sa chaîne dans At Tarîkh us Saghîr (1/42) […] Il contient la preuve qu’il est licite d’augmenter la hauteur d’une tombe et de l’élever au-dessus de la surface de la terre ». Et d’autres récits vont dans ce sens, et aucun récit bien établi n’interdit formellement cela lorsque cela ne conduit guère à l’idolâtrie ou à des pratiques réprouvées.

Ibn Abî Shayba a dit dans son Musannaf, waki` nous a rapporté de Ussama ibn Zayd qui a rapporté de `Abdullâh ibn Abî Bakr qui a dit : « J’ai vu la tombe de `Uthmân ibn Madghûn élevée ». Le Shaykh Al Ghumarî dit : « Cela est une preuve que cette tombe était une construction élevée ». D’autres savants cependant n’en font pas la même interprétation. Or le but d’une telle chose est de distinguer la tombe des autres, et le résultat est que, ce qui est lié à la tombe est bien surélevée, donc le Prophète l’a permis, et par analogie, surélever la tombe pour les musulmans n’est pas du shirk ni illicite, sauf si l’on craint l’idolâtrie et l’exagération, et Allâh est plus savant sur toute chose.

Plusieurs grands savants malikis l’ont autorisé également, comme Abû-l-Hassan al-Qassar Al-Hattab dans son Mawahib al-Jalil (2/245-246), Ibn Rushd dans son Bayan wa Tahsil (2/219-221) Ad-Disuqi dans sa Hashiya (1/673) et d’autres.

Ibn Hazm le zahirite dans son Kitab al-Muhallâ (5/133) l’a autorisé aussi. Al-Ubbi a dit dans son commentaire du Sahîh de Muslim : « Un des savants shafi’ites a dit une fois que les Juifs et Chrétiens se prosternaient sur (ou en direction) des tombes des Prophètes – que la Paix divine soit sur eux -. Ils voulaient en faire des qibla [directions vers lesquelles on se tourne] pour se prosterner, et ils les prirent comme idoles. Les musulmans ont été prévenus de cela par une claire interdiction. Toujours est-il que pour celui qui veut construire une mosquée près d’un homme pieux, ou veut prier dans un cimetière avec pour but de tirer une bénédiction de cela, ou par désir que sa demande (invocation adressée à Allâh) soit acceptée, alors il n’y a aucun mal en cela. La preuve qui autorise cela est que la tombe de sayyidina Ibrahim (‘alayhî salâm) se trouve dans la zone où l’on prie dans la Mosquée Sacrée ». Il était Abû Abdallah Muhammad ibn Khalifa al-Washtani al-Ubbi al-Maliki (m. 827 H).

L’imâm Badr Ud Dîn Az Zarkashî As-Shâfi’î a dit dans Khâdim ur Râfi’î Wa-r-Rawdah : « Dans Al Mustadrak, immédiatement après avoir authentifié les ahâdith traitant de la prohibition d’édifier des structures au-dessus des tombes et d’y graver des inscriptions, l’Imâm Al Hâkim a dit : « Ces [ahâdîth] ne sont pas mis en application. Tous les imâms des musulmans, d’Est en Ouest, ont des structures édifiées au-dessus de leurs tombes, et c’est une chose que les dernières générations (al khalaf) ont héritées des prédécesseurs (as salaf) ». Al Burzulî a dit : « Ceci est désormais un sujet qui fait consensus » (…). Un des récents érudits parmi nos imâms mentionna le soutien de l’autorisation d’édifier des structures au-dessus des tombes à travers de belles paroles : ils (les savants) affirmèrent la validité de laisser un legs destiné à construire la mosquée Al Aqsâ ainsi que les tombes des Prophètes (que La Grâce et La Paix d’Allâh soient sur eux tous). Shaykh Abû Muhammad [Al Juwaynî] y inclut les tombes des savants des vertueux parce que cela entraîne la revivification des visites [de ces personnes bénies]. Dans Al Wasît et Al Ihyâ’, Al Ghazâlî affirma que cela indique la permission d’édifier des structures au-dessus des tombes des érudits de la religion, des maîtres de l’Islâm et autres personnes vertueuses. Et il n’est clairement pas tiré par les cheveux que cette licéité soit basée sur la volonté de les honorer ». Cela parce que les quelques ahadiths semblant l’interdire sont interprétés comme étant spécifiques et ayant un sens restreint et non général, comme par exemple lorsque l’on craint sérieusement l’idolâtrie ou le manque de respect envers les défunts, et surtout, quand cela concernait les non-musulmans enterrés dans les lieux saints de l’Islam, et ceci afin de ne pas glorifier des mécréants ayant combattu l’Islam et rejeté volontairement la foi.

Aussi, lorsqu’on demanda au Muftî shâfi’ite de La Mecque de son temps, l’Imâm Ahmad Ibn Hajar Al Haytamî dit dans ses Fatâwâ ul Fiqhiyyah (2/7) : « Étant donné que la tombe de l’un des Compagnons du Messager d’Allâh est abritée par un mausolée et que quelqu’un veut être enterré à côté d’elle, bien qu’il n’y ait pas suffisamment d’espace pour le faire, à moins de détruire une petite partie de ce mausolée, est-ce que cette destruction est autorisée ? Si vous considérez que ceci est permis, alors cela sera fait, mais si vous le considérez comme interdit, alors comment cela serait-il en accord avec ce qu’a dit As-Shâfi’î : « J’ai vu les gouverneurs de La Mecque ordonner la destruction des structures funéraires, ceci sans que les juristes ne lèvent la voie contre eux », l’Imâm Al Haytamî répondit à cela en disant : « Si ce mausolée est construit au sein d’un cimetière public, comme cela est habituellement le cas pour les lieux de sépultures d’ici, alors la destruction est justifiée et chacun est habilité à agir ainsi. Si, cependant, [le mausolée est construit] sur un terrain privé et non pas dans un cimetière public, alors personne n’a le droit de le détruire, par exemple si quelqu’un souhaite être enterré à côté, comme mentionné dans la question ».

Et le Shaykh Shihâb ud Dîn Ibn Hajar Al ‘Asqalânî As-Shâfi’î, comme nous l’avions déjà cité précédemment en partie dans son Fath ul-Bârî (3/208) : « Etant donné que les juifs et les chrétiens prenaient les tombes de leurs Prophètes comme qibla pour les vénérer et qu’ils se tournaient vers eux au moment de leurs prières, leurs tombes prirent alors la place des idoles, c‘est pourquoi il fut proscrit aux musulmans d’agir ainsi. Cependant, si quelqu’un construit une mosquée aux côtés de la tombe d’une personne pieuse dans le but d’en rechercher la bénédiction (tabarruk) et non pour se prosterner devant ou s’en servir de qibla (direction pour la prière), il ne sera jamais concerné par cette interdiction ».

L’imâm Zayn ud Dîn Ibn Sumayt Al Hussaynî As-Shâfi’î a dit aussi dans Awjibât ul Ghâliyyah : « Les savants ont mentionné que ce hadîth parle de la prosternation sur les tombes et la prière exécutée dans leur direction avec l’intention de les révérer ; comme le font les juifs et les chrétiens lorsqu’ils se prosternent devant les tombes de leurs Prophètes et en font leur qibla en se dirigeant vers elles par révérence. Cela est clairement interdit. La prohibition [dans le hadîth] se trouve donc dans le fait de les imiter en se prosternant en direction des tombes, et ce n’est pas correct d’agir ainsi pour un musulman. Et nulle part on ne le trouve dans l’Islâm grâce à la parole du Prophète () : « Shaytan a désespéré d’être adoré par ceux qui prient. Cependant, il cherche à causer la dissension entre eux » Muslim, At Tirmidhî et Ahmad l’ont rapporté ».

Citons aussi le cas Marwân Ibn Al Hakam, alors gouverneur de Médine, vit un homme poser son visage sur le devant de la tombe du Prophète Muhammad (ﷺ). Il lui dit alors : « Vois-tu ce que tu es en train de faire ? ». Lorsqu’il s’approcha de ce dernier, il réalisa que c’était le Compagnon Abû Ayyûb Al Ansârî, qui lui répondit : « Oui, et je suis venu auprès du Prophète (ﷺ), et non d‘une dalle de pierre ! » (Rapporté par Ibn Hibbân dans son Sahîh, Ahmad dans son Musnad 5/422, Al Hâkim dans Al-Mustadrak 4/515 qui l‘authentifia tout comme Ad-Dhahabî dans son authentification dans sa vérification du Mustadrak, par At Tabarânî dans son Mu’jam ull Kabîr 4/189 et d’autres …).

Il est rapporté que le Compagnon Ibn ‘Umar avait l’habitude de toucher le siège du minbar et de s’essuyer le visage pour les bénédictions (rapporté par le Qadî ‘Iyyâd dans As-Shifâ’, Ibn Sa’d dans ses Tabaqat, Ibn Qudama dans Al Mughni).

C’est pourquoi l’imâm hanafite Hâfiz ud Dîn Abu-l-Barakât An Nasafî a dit dans son Madârik ut Tanzîl wa Haqâ’iq ut Ta’wîl concernant l’exégèse du verset cité plus haut : « « Ceux dont l’avis l’emporta », ce sont les musulmans et leurs autorités » qui dirent : « Élevons au-dessus d’eux », c’est-à-dire au-dessus de l’entrée de la caverne, « un sanctuaire » afin que les musulmans puissent y prier et y rechercher de la bénédiction (tabarruk) ».

L’imâm Shams ud Dîn Ad-Dhahabî As-Shâfi’î (qui était aussi un élève du Shaykh Ibn Taymiyya) a dit dans Mu’jam ush Shuyûkh (1/73 n°58) : « On interrogea Ahmad Ibn Hanbal sur le fait de toucher la tombe du Prophète () et de l’embrasser, et il ne vit rien de mal à cela. Son fils ‘Abdullâh rapporta cela de lui. Si on demande : « Mais pourquoi les Compagnons ne le faisaient pas [en général] ? ». Nous répondons : parce qu’ils le virent de leurs propres yeux de son vivant même, profitèrent directement de sa présence, baisèrent ses propres mains, ils se chahutaient presque les uns les autres pour accéder au reste de l’eau de ses ablutions [afin d’en obtenir la bénédiction], partageaient ses cheveux purs le jour du Hajj, et même lorsqu’il crachait, il tombait presque toujours dans la main de quelqu’un qui ensuite se l’essuyait sur le visage ! Puisque nous n’avons pas eu l’immense chance de vivre cela, nous nous précipitons vers sa tombe comme une marque d’engagement, de révérence et de soumission, et même pour l’embrasser. Ne voyez-vous pas ce que Thâbit Al Bunânî a fait, lui qui embrassa la main de Anas Ibn Mâlik et puis la plaça sur son visage en disant : « C’est la main qui a touché le Messager d’Allâh () ! » ? Les musulmans ne sont motivés sur cela que par leur amour intense éprouvé pour le Prophète, parce qu’ils ont l’ordre d’aimer Allâh et le Prophète () plus que leurs propres vies, leurs propos enfants, tous les êtres humains, leurs propres biens, ainsi que le Paradis et ses hûris. Et il y a même des croyants qui aiment aussi Abû Bakr et ‘Umar plus qu’eux-mêmes ! ». Cela vaut aussi pour ‘Alî, ‘Uthmân, Salmân et d’autres nobles compagnons, que les vrais croyants aiment plus qu’eux-mêmes, tout comme ils aiment l’ensemble des awliyâ et des ahl ul bayt vertueux plus qu’eux-mêmes !

L’imâm shâfi’ite Ibrâhîm As-Shaghûrî résuma bien le sujet en accord avec les 4 écoles de jurisprudence sunnite en disant dans son The Defense of the Sunnah : « Concernant ce que les 4 écoles de jurisprudence ont statué, cela peut être résumé comme suit :

    Construire des structures autour des tombes est en soit quelque chose de permis. Cela devient déconseillé (makrûh) si la structure est directement sur le dessus de la tombe ou si la structure l’encerclant prend trop d’espace et fait qu’il y a moins de place pour l’enterrement d’autres musulmans [dans un cimetière public, tandis qu’il n’y a aucun mal à cela sur un terrain privé].

    Cela devient très détesté voir même interdit si l’intention basant l’édification de la structure est de s’exposer [aux yeux des gens] ou de rivaliser avec d’autres, ou bien encore si cela engendre un gaspillage d’argent et de ressources. Ceci étant, si l’intention est simplement de la distinguer des autres tombes, alors cela est permis.

    Aussi, dans chaque école de jurisprudence, on peut trouver une exception de faite [vis-à-vis de la détestation classique] pour ce qui concerne les vertueux et les érudits, pour lesquels il est permis d’édifier des structures autour de leurs tombes, comme le prouvent les faits historiques où l’on voit que chaque génération en Islâm édifia de telles structures sans les détruire à posteriori (comme par exemple le mausolée de l’Imâm As-Shâfi’î au cimetière al qarâfah du Caire).

[Les 4 écoles de jurisprudence sunnite] ont également déclaré que toute structure déjà construite autour d’une tombe ne devrait pas être nivelée, hormis si elle se trouve dans un cimetière public. Aucun des savants des écoles de jurisprudence n’a mentionné que la détestation [ou l’interdiction de d’édifier des structures au sein de cimetières publics] était due au fait que cela puisse être une passerelle vers le polythéisme. Et si tel était le cas, ils ne se seraient jamais contentés de dire que cela était [seulement] détesté et n’auraient pas fait de différence entre les terrains publics et privés [mais plutôt ils auraient purement et simplement interdit totalement ce genre d’édifications] ! ».

Et concernant le hadîth du Sahîh Muslim où Sayyidunâ ‘Alî rapporta que le Prophète Muhammad (ﷺ) enseigna d’effacer les représentations graphiques et de niveler les tombes surélevées, cela concerne la tombe en elle-même et non pas ce qui se trouverait au-dessus ou à côté d’elle, et de plus, As Sayyid Al Amîr As San’ânî Al Hassanî a dit dans son Subul Us Salâm : « La vaste majorité (al jumhur) affirme que la prohibition de surélever et de plâtrer les tombes est une préférence (tanzîh) », c’est-à-dire que cela n’est pas une interdiction formelle (tahrîm) et ne relève pas du péché, et encore moins de l’idolâtrie.

Dans certains écrits, bien que critique – de façon infondée parfois – vis-à-vis de certaines pratiques (instituées islamiquement) par certains Sûfis ou disciples sûfis, le Shaykh Ibn Taymiyya reconnaissait l’existence de prodiges de la part des Compagnons comme des Musulmans vertueux venus après eux.

Ibn Taymiyya écrit dans Al-Iqtidhâ’ (pp.344-345) : « Il est relaté que des actes prodigieux (défiant les lois habituelles de la physique) se passent près des tombes des Prophètes et des Vertueux » : il cite ensuite plusieurs choses, parmi lesquelles le fait qu’il arrive que l’on voit des lumières ou des anges auprès de ces tombes, que des animaux refusent de s’approcher d’elles, qu’un feu s’étant déclaré dans le voisinage ait tout brûlé sauf ces tombes et leurs abords immédiats, que l’on ressente une sérénité auprès de ces tombes, que quelqu’un qui ait voulu profaner ces tombes ait reçu une punition divine, etc.

Il évoque également le fait que Sa’îd ibn al-Mussayyab, réfugié tout près de la tombe du Prophète (ﷺ) pendant le massacre de al-Harra, en l’an 73 de l’hégire, n’avait eu connaissance des horaires des prières que par un son qu’il entendait de la tombe, ce qui est rapporté par ad-Dârimî dans ses Sunân n° 93.

Et par rapport à tout cela, Ibn Taymiyya dit (p. 343) : « Cela est vrai en soi », mais, précise-t-il ensuite (p. 345) : « Tout cela n’implique pas le caractère recommandé (istihbâb) de se rendre auprès de ces tombes pour faire auprès d’elles la prière rituelle (salât), ou invoquer Allâh, ou encore y faire des rites ».

En page 312 il dit : « C’est là quelque chose qu’Allâh et Son Messager n’ont pas institué [en disant explicitement de le faire], et que n’a fait [non plus] aucun Compagnon, ni Tâbi’î, ni Imâm (référent) des musulmans, et que n’a cité aucun savant ni pieux des premiers temps. (…) Pourtant les Compagnons ont eu à faire face à la sécheresse et à d’énormes difficultés plusieurs fois. Pourquoi ne se sont-ils pas rendus tout près de la tombe du Prophète pour invoquer Allâh et Lui demander la pluie ou Son aide ? Au contraire, ‘Umarr sortit en emmenant al-‘Abbâs et lui demanda de faire des invocations demandant à Allâh la pluie ; ils ne l’ont pas fait près de la tombe du Prophète ».

Or, il se trompe, car il a été établi les choses suivantes, dès l’époque des Compagnons, déjà sous les califats de Abû Bakr, de ‘Umar, de ‘Uthmân, de ‘Alî et d’Al-Hassân : les gens qui se rendaient auprès de la tombe du Prophète ou des Compagnons pour les saluer, invoquer Allâh pour eux, pour prier Allâh à proximité, pour faire tawassul par eux (leur demander d’intercéder auprès d’Allâh en leur faveur), bénéficier par la Grâce d’Allâh des bénédictions divines qu’Il leur a accordé à travers l’endroit où ils reposent, certains objets ou éléments physiques (cheveux, sandales, …), etc.

Contrairement à l’adoration ou à l’invocation qui ne sont réservées qu’au Créateur et au Seigneur des Mondes, le tawassul peut se faire via Ses créatures parmi les Prophètes, les Anges, les Saints, les Vertueux et les parents qui sont Musulmans. En effet, une autre forme que prend cet honneur qu’Allâh réserve à une élite parmi ses Serviteurs est l’acceptation, par Sa Permission, de l’intercession en faveur de tiers : « Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa Permission ? » (Qur’ân 2, 255) ; « Et ils n’intercèdent qu’en faveur de ceux qu’Il a agréés » (Qur’ân 21, 28) ; « L’intercession auprès de Lui ne profite qu’à celui en faveur duquel Il la permet » (Qur’ân 34, 23). Il s’agit donc de leur demander (et non pas de les invoquer ou de les adorer, comme on le fait pour Allâh seul) d’invoquer Allâh pour nos besoins. Il faut cependant éviter les formulations ambigües, purifier nos intentions et nous rattacher sans cesse au Tawhîd, que ce soit pour le tawassul, le tabarrûk ou al-istighatha (demande de secours), car même si on demande de l’aide aux médecins, aux parents, aux pompiers, aux soldats, ou aux êtres de l’invisible parmi les Prophètes, les Anges et les Saints, ils sont tous conditionnés par la Volonté, la Puissance et la Permission divine, et ils ne peuvent nous aider que par Lui – le Secoureur suprême -, par des voies qu’Il agréé et décrète, car d’eux-mêmes, les êtres créés ne sont pas omnipotents, créateurs, omniscients, etc. et le Pardon divin, l’entrée au Paradis, etc. sont uniquement sous la Volonté et la Permission divine, et seul Lui décrète les modalités du Pardon, de la Miséricorde, de la préservation du Feu de la Géhenne ou de l’entrée au Paradis.

De nombreux récits aussi l’attestent, et nous n’en mentionnerons ici quelques-uns seulement :

Dans son livre Shawâhid al-haqq fî al-istighâtha bi sayyid al-khalq le grand savant An-Nabahânî (p. 161) rapporte : « Parmi les preuves de la licéité du tawassul par le Prophète après sa mort [ndt : corporelle] : ce que rapporte Ad-Dâramî dans son sahîh d’après Abî Al-jawzâ : les habitants de Médine ont été touchés par une grande sécheresse et ils se sont plaints à Aïsha (qu’Allâh l’agrée) et elle leur dit : « Allez voir le Prophète à sa tombe et faites-lui une Kuwwa jusqu’au ciel et ils ont eu une pluie abondante » ».

Il a été rapporté ceci également : « (…) Le pied d’Ibn ‘Umar est devenu engourdi alors un homme lui a conseillé : « Souviens-toi de la personne que tu aimes le plus ! ». En entendant cela, Ibn ‘Umar dit : « (Ya) Muhammad ! » et son pied s’est immédiatement rétabli de l’engourdissement » (Rapporté par al-Bukharî dans son Al Adab al-Mufrad n°964, Al-Harbi dans Gharîb al-Hadith 2/673, Ad-Daraqutnî dans Al-Ilal 13/242 sous l’autorité de Sufyân at-Thawrî, Ali Ibn Al-Ja’d dans son Musnad p.369, Ibn Sâ’d dans ses Tabâqat 4/154, Ibn ‘Asâkir dans Târîkh Dimasqh  31/177 sous l’autorité de Zuhayr, An-Nawawî dans Al-Adhkâr p.305, Ibn Hajar Al-Haytami dans al-Durr Al-Mandud p. 236 et d’autres, à travers plusieurs chaines dont certaines sont faibles mais qui se renforcent mutuellement de toute manière.).

Ce qui constitue une forme licite de Tawassul, à condition que la conviction et l’intention de la personne ne soient pas d’adorer le Prophète ni de le diviniser par exemple en lui attribuant l’Omnipotence ou l’Omniscience en soi.

Un hadîth concernant un cas similaire est également rapporté par Al-Qurtûbî dans son Tafsîr : « Il est rapporté selon Abû Sadiq selon ‘Ali (qu’Allâh l’agrée) qui a dit : « Un bédouin est venu après que l’on ait enterré le Prophète (ﷺ) depuis 3 jours, il s’est jeté sur la tombe du Messager d’Allâh et jetant la terre du tombeau sur la tête il a dit : « Ô Messager d’Allâh nous avons entendu les paroles et les exhortations qu’Allâh t’a révélées et parmi celles-là il y a : « Si lorsqu’ils ont fait du tort à leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d’Allâh et si le Messager demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes Allah Très Accueillant au repentir, Miséricordieux » (Qur’ân 4, 64)  et certes j’ai été injuste envers moi-même et je suis venu à toi pour que tu demandes le pardon (auprès d’Allâh) ». Un appel a alors retenti de la tombe disant : « Certes il t’a été pardonné » ».

Et aucun récit ne mentionne qu’un compagnon ne l’ait blâmé pour cette pratique.

Dans son livre Daf’û shubahi man shabaha wa tamarad le savant shafi’ite Taqî ud-Din Al-Husni a dit : « Al-Bayhaqi a rapporté avec sa chaîne de transmission qui remonte jusqu’à Al-A’mash, d’après Abû Salih qui a dit : « Les gens furent touchés par la sécheresse durant le califat de ‘Umar Ibn l-Khattâb. Un homme est alors venu à la tombe du Prophète () et a dit : « Ô Messager d’Allâh, demande à Allâh la pluie pour ta communauté ». Cet homme a alors vu dans le rêve le Messager d’Allâh lui dire : « Passe le Salâm à ‘Umar et informe-le qu’ils recevront la pluie et dis-lui : « Occupe-toi bien de la communauté ». L’homme est alors allé voir ‘Umar et lui a annoncé cela. ‘Umar s’est alors mis à pleurer et a dit : « Ô Seigneur, je ferai tout ce qui est en ma capacité pour servir la communauté ».

Le récit a été rapporté par le Hafiz Al-Bayhâqî dans Dala-il an-Nubuwwa (7/47), Ibn Hajar Al-‘Asqalânî dans Fath Al-Bâri (2/495 et 4/495) et dans al-Isabah fi Tamyiz as-Sahabah qui déclare que la chaîne de transmission est sahih, Ibn Kathîr à 2 reprises dans al-Bidayah wa an-Nihaya (4/74) qui déclare également que la chaîne de transmission est sahih, Ad-Dhahâbî dans Siyâr A’lâm an-Nubalâ’ (28/86), Ibn Abî Shayba dans son Musannaf (6/356 n°32538), al-Bukharî dans son Târîkh al Kabîr (7/307), Ibn ‘Asâkir dans Târîkh ad-Dimashq (44/345), Ibn ‘Abd al Barr dans al Istî’âb Fî Ma’rifatu al Ashâb (3/1149), le Hafiz Taqî ud-Dîn As-Subkî dans Shifa-û s-Saqam, par Al-Husnî dans Daf’û shubahi man shabaha wa tamarad, Ibn Hajar al Haytâmî et d’autres.

Il a été rapporté que le Compagnon en question était Bilâl Ibn l-Harith Al-Muzani. Et le rapporteur de ce récit est Malik Ad-Dâr qui était responsable du trésor public des musulmans (Baytû l-mal) auprès du Calife ‘Umar Ibn al-Khattâb, qui ne prenait que des gens de confiance, comme le rappelle Ibn Hajar al ‘Asqalânî, ce qui suffit à réfuter l’argument de ceux qui prétendaient que Malik Ad-Dar était un inconnu. Le Hâfiz Abû Ya’la Al Khalîlî dans Al-Irsha a dit sur le narrateur du récit Mâlik ad Dâr : « Mâlik ad Dâr, le trésorier de ‘Umar ibn al Khattâb, un des premiers successeurs des compagnons sur lequel il y a unanimité et dont les successeurs firent l’éloge. Il n’a pas beaucoup de narrations. Il rapporta de Abû Bakr as Siddîq, et ‘Umar », ce qu’a rapporté aussi Ibn Sâ’d dans ses Tabâqat (5/12).

La chaine est donc sahih (authentique), et même si elle ne l’aurait pas été, les muhhadithins, théologiens et juristes n’ont pas désapprouvé cela ni n’ont dit qu’il s’agissait de shirk ou d’innovation blâmable. Le shirk n’intervient que quand une personne attribue une capacité divine à une créature (vivante ou défunte) ou qui prend la créature (ou l’idole) comme un objet d’adoration réservé qu’à Allâh Seul. Et aucun compagnon n’a reproché cela à la personne ayant demandé au Prophète (dans sa tombe) d’intercéder auprès d’Allâh. Le récit complet évoque donc le fait qu’un proche de ‘Umar a fait le tawassul par le Prophète ﷺ décédé (du point de vue de la modalité physique ordinaire), – ce qui montre que cette pratique a été réalisée dès l’époque des Compagnons (Sahaba) -, que le Prophète ﷺ n’a pas interdit cette pratique à ce compagnon, – sans en faire une exception qu’à lui -, ni n’a considéré cela comme étant du shirk, un acte illicite ni comme n’étant limité exclusivement qu’au Prophète Muhammad ﷺ, et aucun Compagnon n’a reproché cela au compagnon Bilâl Ibn l-Harith Al-Muzani. Etant donné qu’il ne s’agit pas là d’une nouvelle doctrine, mais d’une pratique juridique fondée sur un principe religieux bien établi (se rapprocher d’Allâh par les moyens qu’Il n’a pas interdits : « Ô vous qui croyez ! Craignez Allâh et efforcez-vous de trouver le moyen (wasila) de vous rapprocher de Lui ! » Qur’ân 5, 35), pour interdire une chose ou en restreindre les modalités, des preuves textuelles sont nécessaires pour le faire. Or, non seulement il n’existe aucune preuve interdisant cette pratique avec le Prophète Muhammad ﷺ, ou la limitant qu’à lui, mais nous avons même des preuves (comme déjà mentionnées précédemment) qu’il est totalement licite de le faire, ce qui n’implique pas pour autant de renoncer aux autres moyens de se rapprocher d’Allâh à travers des actes pieux, des invocations à dire soi-même, ou même à travers le tawassul par les vivants, car nous savons que les compagnons ont fait tout cela, y compris lorsque le Calife ‘Umar ibn al-Khattâb a utilisé Al ‘Abbâs comme intercesseur (wasila) auprès d’Allâh en période de sécheresse, – par respect envers lui et par sa proximité d’avec le Prophète notamment – montrant ainsi aux musulmans que cela était autorisé et même recommandé, et que même s’ils avaient encore accès à la wassila du Prophète Muhammad ﷺ, le faire via des vertueux était aussi une bonne chose. Et parmi les éléments qui permettent de déduire la licéité du tawassul par les défunts pieux, il y a le fait que cela est autorisé par les vivants, – tout comme cela était autorisé avec le Prophète ici-bas et dans l’au-delà -, que les défunts entendent les vivants et sont capables d’invoquer Allâh pour nous, en plus de certains textes montrant que les Salafs ont déjà eu recours à cette pratique sans que cela ne pose aucun problème.

L’ascète, traditionaliste et juriste célèbre de l’époque des Salafs, Abû Bakr Ibn Abî Dunyâ (m.286 H) a dit dans Mujabu Ad Da’wah (p.85) : « Nous a rapporté Abû Hishâm ; J’ai entendu Kathîr Ibn Muhammad ibn Kathîr ibn Rifa’ah dire : « Un homme a consulté ‘Abd al Malik ibn Hiyyân ibn Sa’îd ibn al Hassan ibn Abhar. Ce dernier ausculta son ventre et lui dit : « Tu souffres d’une maladie incurable ». L’homme lui demanda : « Qu’est-ce que c’est ? ». Il répondit : « La dubaylah (pathologie assimilable à la pleurésie (inflammation de la plèvre) ». L’homme se retourna alors et se mit à dire : « Allâh, Allâh, mon Seigneur à qui je n’associe rien. Ô Allâh, je m’oriente vers Toi par l’intermédiaire de ton Prophète Muhammadle Prophète de la miséricorde et de l’amour. Ô Muhammad, je m’oriente par ton intermédiaire vers ton Seigneur et mon Seigneur pour qu’Il me fasse miséricorde dans mon piètre état, d’une miséricorde de Sa part qui me rend indifférent de la miséricorde d’un autre que Lui ». Trois fois d’affilé ; puis il appela Ibn Abhar qui ausculta son ventre de nouveau et lui dit : « Tu as guéris et n’as plus de maladie » ». (Rapporté aussi par At-Tirmidhi dans ses Sunân n°3578 avec une chaine sahîh, Al-Hâkim dans Al-Mustadrak au chapitre de la prière « L’invocation pour le retour de la vue » avec une chaîne sahîh, As-Suyûtî dans Al-Jamî’ as-Saghîr 2/201 avec une chaine sahîh, An-Nawawî dans Al-Adhkar au chapitre sur « la prière du besoin », Al-Haythamî dans Majmû’ az-Zawâ’îd 2/239, Ibn Mâjah dans le chapitre sur « la prière du besoin », Ibn Khuzayma dans son Sahîh, al-Bukharî et d’autres).

Le problème des wahhabis à ce sujet est qu’ils ont généralement une conception matérialiste de l’existence finalement, mais acceptant de façon incohérente certains principes religieux. En effet, ils pensent que lorsque les personnes meurent, qu’ils n’ont plus aucune interaction ou forme de perception extrasensorielle avec ceux qui vivent encore ici-bas. Or, la mort n’est pas la fin de la vie, mais une étape de la vie, projetant l’âme humaine d’une modalité existentielle (la « vie » d’ici-bas) vers une autre forme de vie (soit la vie du monde « intermédiaire » al-Barzakh » soit vers la vie du monde céleste dans l’Au-delà). Or, comme nous l’informent le Qur’ân, la Sunnah, les Salafs, les Saints et l’expérience, les défunts entendent nos propos lorsque l’on se rend notamment dans les lieux où ils résident, bien que, même par erreur d’identification humaine (pour localiser le véritable emplacement où repose tel Prophète ou tel Saint), Allâh peut leur rendre l’âme au moment où l’on se recueille et que l’on s’adresse à eux (sans les invoquer ou les adorer évidemment), – car c’est avant tout un lien spirituel qui lie les vivants et ceux qui ont quitté leur enveloppe charnelle ici-bas – tout comme il a été démontré à des millions de reprises, que les défunts peuvent nous visiter dans nos songes spirituels, à l’état d’éveil par dévoilement spirituel (kashf) ou lors d’expériences de mort imminente, et tout cela évidemment par la Grâce d’Allâh. Bien qu’ils ne soient pas omniscients, Allâh peut rendre leur âme pour entrer en contact avec les gens de notre monde, selon d’autres modalités. D’ailleurs, Ses « Signes divins » sont la preuve de Sa Réalité, tout comme de la prophétie et de la sainteté des Prophètes comme Muhammad, Jésus/Issâ, Moïse/Mûsâ, Ibrâhîm/Abrahâm et d’autres personnes saintes comme Maryam (Marie), l’imâm ‘Alî, nos maîtres Abû Bakr, ‘Umar, ‘Uthmân, Salmân, Ibn ‘Arabî, Abû Hâmid al-Ghazâlî, Jalâl ud-Dîn Rûmî, Al-Junayd et tant d’autres, ainsi que les épouses du Prophète comme Khadija et ‘Aîsha, que de nombreuses personnes ont pu voir à l’état d’éveil, lors d’un songe spirituel ou lors d’une expérience de mort imminente (bien attestée et documentée scientifiquement depuis plusieurs décennies maintenant), où on peut les voir, communiquer avec eux, profiter de certains de leurs enseignements, ou même nous apporter la guérison par la Permission divine. Tout cela est abondamment documenté, et ce depuis le Moyen-âge déjà, et aujourd’hui encore davantage. Bien sûr, pour éviter certains pièges shaytanesques ou certaines mauvaises interprétations, tout ce que l’on nous dit dans ce bas-monde terrestre ou dans le monde du « ghayb » (« invisible »), doit être pesé à la lumière des principes de la Religion et de l’Intellect (ce qui est logiquement impossible ne peut pas devenir « possible » uniquement sur la base d’un récit ou d’un propos) tout en gardant à l’esprit l’existence de cette pluralité de mondes et de dimensions, chacune possédant ses bienfaits et ses limites, ses « richesses » et ses « spécificités », mais gardant une certaine continuité avec notre monde, tout comme le monde du « fœtus » dans le ventre de sa mère, garde un lien avec le monde extérieur une fois qu’il y sort, un monde plus vaste et plus « riche », et qui est aussi intelligible par les principes de l’Intellect et de la Révélation.

Toutes les visions spirituelles, y compris de personnes qui n’étaient pas musulmanes ou chrétiennes, et qui ne boivent ni alcool ni boisson intoxicante, et qui ne consomment ni drogue ni tabac, ni aucun produit chimique capable de modifier les réseaux neuronaux, et qui ne présentent aucun trouble psychiatrique ou mental, ont « vu » les différents Prophètes et personnes saintes, en fournissant à chaque fois une description similaire à celle qui a été donnée par les autres, et correspondant aussi aux récits historiques les mieux établis à ce sujet.

En somme, tout ce que les wahhabis reprochent au Tasawwuf orthodoxe, est en réalité une grossière erreur de la part, car tout cela a été mentionné par al-Bukharî, Muslim et Ibn Hibbân dans leur Sahîh, Abû Dawûd, At-Tirmidhî, Ad-Darimî, Al-Bayhaqî et les autres dans leur Sunân, Ahmad dans son Musnad, ainsi que par An-Nawawî, Ibn Hajar al ‘Asqalânî, Ad-Dhahabî et d’autres qui ont authentifié les différents ahadiths et récits par rapport à cela.

Par ailleurs, l’un n’exclut pas l’autre, à savoir que lorsque l’on passe près de leurs tombes, de leur demander d’invoquer Allâh pour nous – et non pas de les invoquer eux, en dehors d’Allâh -, et lorsque l’on rencontre des gens pieux, leur demander aussi à eux, de leur vivant, d’invoquer Allâh pour nous.

Ce qu’il est cependant strictement interdit de faire ou de professer, c’est de diviniser, d’adorer ou d’invoquer d’autres qu’Allâh pour nos besoins, ou de croire que leur intercession est totale et absolue, en pensant qu’ils égalent ou peuvent outrepasser la Permission, la Puissance et la Volonté d’Allâh, ou de croire qu’ils sont dotés d’omnipotence ou d’omniscience, alors que leurs facultés sont limitées. Il faut plutôt savoir qu’ils peuvent entendre, agir ou intercéder que par la Permission divine, et que nos demandes d’intercession ne leurs sont communiquées que par la Volonté divine, soit directement par Son biais, les informant ensuite de ce qu’il se passe, soit en désignant des Anges qui sont chargés de cette fonction et mission, mais que d’eux-mêmes, ils n’ont pas l’Attribut de l’Omniscience. De même, prier (autre qu’Allâh), sacrifier des bêtes ou jeûner pour autre qu’Allâh, près de leurs tombes ou en tout autre lieu, n’est pas permis et cela relève du shirk akbar. On peut cependant faire tout cela pour Lui tout en dédiant les récompenses au nom de certaines personnes ou proches, en leur honneur, mais pas en tant qu’idoles (fausses divinités) car c’est pour Sa Face que nous accomplissons cela, avec l’espérance que les récompenses qui y sont associées soient aussi partagées avec nos proches ou des personnes que l’on mentionne auprès d’Allâh.

L’imâm Ad-Dhahâbî rapporte de « l’imâm Ahmad Ibn Hanbal, la permission de se frotter sur la tombe du Prophète » et Ad-Dhahabii dira : « Quel extrémiste fera des reproches à l’imâm Ahmad ! Qu’Allâh nous éloigne de la mentalité des Khawarij ! ».

Pour plus de preuves islamiques sur le sujet, voir l’article suivant : https://editions-hanif.com/le-wahhabisme-et-la-question-des-mausolees-et-de-lelevation-des-tombes/ et sur le Tabarrûk : https://editions-hanif.com/le-wahhabisme-et-la-question-du-tawassul-lintercession-lentremise-et-de-listighatha-demande-de-secours/



2) Concernant la Qadiriyya

Leur vidéo est un appel à l’ignorance et à la calomnie, craignez Allâh, et lisez directement les ouvrages du Shaykh ul Islam al-Jilânî, qui est innocent de certains qui se réclament faussement de lui. Par ailleurs les wahhabis faisant le takfir de tous les Sûfis, allant parfois jusqu’à les tuer, les frapper, les insulter ou détruire les tombes des pieux et des saints, il est normal que certains disciples s’énervent et mettent en garde contre les dérives et déviances (doctrinales et juridiques) des wahhabis. Il ne s’agit cependant pas des « wahhabi » lambda en ce qui concerne les tueries, mais seulement dans certains pays, souvent dans un contexte géopolitique compliqué (guerre civile notamment), tués par des groupes armés wahhabis suspects (financés parfois par les USA, Israël et/ou la France). Le Messager d’Allâh (ﷺ) nous avait mis en garde contre ce genre de choses qui apparaitront vers la fin des temps, où le terrorisme, les tueries et les fusillades pour des raisons diverses mais injustifiées, se multiplieront de façon « aveugle » : « L’Heure ne commencera pas tant que la connaissance bénéfique ne sera pas enlevée, que les tremblements de terre augmenteront, que le temps passera plus rapidement, que les tribulations apparaîtront et se multiplieront, et qu’ il y aura beaucoup de harj (tueries, massacres, assassinats), – ce qui tue – (…) » (Rapporté par Al-Bukharî dans son Sahîh n°7121 selon Abû Hurayra).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit aussi en une autre occasion : « Par Celui qui détient mon âme dans Sa main ! Une époque viendra pour les gens où le tueur ne saura pas pourquoi il tue et où celui qui est tué ne saura pas pourquoi il a été tué ! » (Rapporté par Muslim dans son Sahîh n°2908 selon Abû Hurayra, précisant que ceux qui tuent injustement ou de façon aveugle ou qui s’entretueront sans aucune nécessité seront « dans le Feu »). Ainsi que : « (A l’approche de l’Heure), le temps passera plus rapidement, les bonnes actions (des gens) diminueront, l’avarice sera jetée (dans le cœur des gens), les afflictions (en tous genres) apparaîtront et il y aura beaucoup d’Al-Harj ». Ils dirent : « Ô Envoyé d’Allâh ! Qu’est-ce que « Al-Harj ? ». Il répondit : « Les tueries (et les assassinats), les tueries (et les assassinats) ! » (Rapporté par al-Bukharî dans son Sahîh n°7061 selon Abû Hurayra, ainsi que selon Abû Mûsâ n°7062, 7063, 7064 et 7065).

L’imâm An-Nawawî dit de l’imâm Al-Jilânî dans son Bustân al-Arifîn : « Nous n’avons jamais connu quelqu’un de plus digne que le Shaykh Muhyi al-Din ‘Abd al-Qâdir al-Gilani de Bagdad, qu’Allâh l’agrée, le Shaykh des Shafi’ites et des Hanbalites à Baghdâd ». Et il était un mujtahid selon les 4 écoles de fiqh sunnite, ainsi qu’un éminent théologien, muhhadith, exégète du Qur’ân, logicien et métaphysicien.


L’imâm Ad-Dhahabi (élève du Shaykh Ibn Taymiyya) a dit à son sujet dans son Siyâr A’lâm An-Nubalâ : « Le Shaykh `Abd Al-Qâdir (Al-Jîlânî), le Shaykh, l’imâm, le savant, le zâhid (ascète), le connaissant, le modèle, le Shaykh de l’islâm, l’emblème des awliyâ’ (saints), le hanbalite, le Shaykh de Baghdad. Je (Ad-Dhahabi) dis qu’il n’en est aucun parmi les grands Shaykhs qui ait plus d’états spirituels et de prodiges (karâmat) que le Shaykh ‘Abd Al-Qâdir (…) ».

Parmi les savants faisant partie de la qâdiriyya, et qui sont en principe respectés par les Salafis, il y a Abû ‘Umar Ibn Qudâmah, Muwaffaq al-Dîn Qudâmah, Ibn Taymiyya, son disciple Ibn al-Qayyîm et son disciple Ibn Rajab al-Hanbalî.

Le Shaykh Sûfi et hanbalite Yûsuf ibn al-Hassan ibn ‘Abd al-Hadi, connu sous le nom d’Ibn al-Mibrad (m. 909 H), dans son Bad’ al-‘Ilqa bi-labs al-Khirqa rapporte d’Ibn Taymiyya où il se décrit comme étant un disciple de plusieurs tûruq sûfies parmi lesquelles la Tarîqa qâdiriyya du Shaykh ‘Abd al Qadir al-Jilânî (m. 661 H) : « J’ai porté le manteau sûfi [khirqat al-taṣawwuf] d’un certain nombre de Shaykhs appartenant à diverses Turûq [Min ṭuruqi jamâ’ atin min al-shuyûkh] – Voies spirituelles différentes -, parmi lesquels Shaykh Abd al-Qâdir al-Jîlî (Jilânî), dont la ṭarîqa est la plus grande et la plus connue, que la Miséricorde d’Allâh soit sur lui (…). La plus grande ṭarîqa [voie spirituelle ; confrérie sûfie] est celle de mon Maître [sayyidî] Shaykh Abd al-Qâdir al-Jilî ».

Ibn al-Mibrad cite aussi la silsila (chaine initiatique et spirituelle d’une voie spirituelle) d’Ibn Taymiyya :

[1] ‘Abd al-Qâdir al-Jilânî

[2] Abû ‘Umar Ibn Qudâma, et Muwaffaq al-Dîn Qudâma [tous 2 ont reçu la khirqa d’al-Jīlânî lui-même]

[3] Ibn Abi’ Umar Ibn Qudâma

[4] Ibn Taymiyya

[5] Ibn Qayyim al-Jawziyya

[6] Ibn Rajab al-Hanbali.

A noter que la tariqa qâdiriyya est très répandue chez les savants hanbalites (mais pas que), et reste encore à ce jour, l’une des plus répandues dans le monde musulman, avec la naqshbandiyya, la shadhiliyya et la tijâniyya, chacune ayant aussi des sous-branches, certaines étant toujours orthodoxes, d’autres ayant des manquements légers, et d’autres encore, de graves déviances. Il faut donc rester vigilant et ne pas tous les mettre dans le même panier, l’Islam interdisant le jugement hâtif de masse, et appelant à juger avec équité chaque groupe (et son évolution au fil des siècles et des régions) et chaque individu.

Ibn Taymiyya dit aussi dans al Mas’alat al-Tabriziyya : « Je portais le Manteau sûfi béni de Shaykh ‘Abd al-Qâdir, il y a entre lui et moi 2 Shaykhs [Labistu al-khirqat al-mubâraka līl-Shaykh ‘Abd al-Qâdir wa-baynî wa-baynahu ithnân] », cité aussi dans Targhîb al-Mutahâbbîn fi labs Khirqat al-Mutamayyizîn de Jamāl al-Dīn at-Talyânî.

Le Shaykh Ibn Taymiyya a également écrit un commentaire partiel couvrant seulement 5 sermons sur les 78 au total (qui se retrouve dans le volume 10 du Majmû’ al-Fatâwâ) de l’ouvrage Futûh al-Ghayb de l’imâm Al-Jilânî, et sans le remettre en cause, et cet ouvrage là défend et décrit les vertus et les fondements (islamiques) du Tasawwuf. Son commentaire a été publié également à part ayant pour titre Sharh Futûh al-Ghayb lil Imâm al-Rabbânî ‘Abd al-Qâdir al-Jīlânî.

Après avoir eu une phase critique et « déviante », même en acceptant le Tasawwuf en soi, le Shaykh Ibn Taymiyya s’est ravisé parfois sur certaines de ses « positions critiques ou hostiles », et dans son Tuhfat al-‘Irâqiyya (p.18), a suivi l’avis de l’imâm Abû Hâmid al-Ghazâlî dans al-Munqidh min al-Ḍalâl [Délivrance de l’erreur] en considérant le Taṣawwuf comme obligatoire pour tout musulman, en le nommant [a’mal al-qulûb], sous-entendu, ses principes et ses bases comme pour le fiqh et la ‘aqida, car cela vivifie et oriente correctement la foi et l’intellect, et préserve les esprits et les cœurs des mauvais caractères, des déviances doctrinales/théologiques et des superstitions. Ensuite, pour ceux qui, en fonction de leur degré de piété et de leur soif d’apprendre, il y a la possibilité de se rattacher à des écoles juridiques, théologiques et spirituelles, auprès de maîtres qualifiés, pour approfondir leur savoir et leur pratique.

Nous citerons plus loin quelques citations d’Ibn Taymiyya au sujet du Tasawwuf et de l’imâm Al-Jilânî, et aussi quelques citations du Shaykh Ibn al-Qayyîm au sujet du Tasawwûf.



3) Ils disent que tous les Sûfis sont des mécréants idolâtres.

Ils mélangent tout malheureusement. Les quelques “savants” qu’ils citent ne sont pas les références des sûfis, pourquoi il n’a pas cité les imâms Ja’far as-Sâdiq, Hassân al-Basrî, Muhammad Ibn Sirîn, Al-Harith al-Muhasibi, Abû Hanifa, Sufyan at-Thawrî, ‘Abdallâh Ibn al-Mubârak, Mâlik, As-Shafi’i, Al Hakim At-Tirmidhî, Sahl al-Tustarî, Al-Junayd, Bish al-Hafi, Dhu-l Nûn al-Misrî, Al-Qushayri, As-Sulamî, Al-Ghazâlî, Al-Hujwiri, Al-Kalabadhî, Al-Jilânî, Ahmad ar-Rifâ’î, Ahmad Ibn Atâ’Llâh as-Sakandarî et tant d’autres, et qui furent des références aux yeux de savants comme Ibn Taymiyya et Ibn al-Qayyim, eux-mêmes rattachés à la tariqa sûfie de la qâdiriyya, ou encore de An-Nawawî, Zakariyya al-Ansarî, As-Suyûtî, Al-Qurtûbî, Al-Munawî, et tant d’autres, eux aussi rattachés au Tasawwuf comme ils l’expliquent dans leurs ouvrages ? Les savants du Hadith comme al-Bukharî, Muslim, Abû Dawûd, At-Tirmidhî, Ibn Hibbân, At-Tabarânî, Al-Hâkim, Al-Bayhaqî, Abû Nu’aym al-Isbahânî et, al-Khatib al-Baghdadî, Ibn ‘Asâkir, Ibn al-‘Imâd al-Hanbali, Ibn Rajâb al-Hanbalî, Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Ibn Hajar al-Haythamî, Abû Bakr al-Haytamî et d’autres, cheminaient aussi dans la Voie sûfie.


Concernant le Tasawwuf, nous nous contenterons de citer ces 3 paroles du Shaykh Ibn Taymiyya – mais il y en a des dizaines d’autres qui vont dans le même sens -, où il dit dans son al-rissâla al-safadiyya dit : « Les grands savants [sûfis] mentionnés par Abû Abd ar-Rahmân al-Sulamî dans Tabaqat al-sufiyya, et Abû al-Qassim al-Qushayrî dans al-Rissala, étaient adhérents de l’école d’Ahl al-Sunna wa al-Jamaa et de l’école d’Ahl al-hadith, comme al-Fudayl ibn Iyyad, al-Junayd ibn Muhammad, Sahl ibn ‘Abd Allah al-Tustarî, Amr ibn’ Uthman al-Makki, Abû `Abd Allah Muhammad ibn Khafi al-Shirazî, et d’autres; et leurs enseignements étaient fondés sur la Sunnah, et ils rédigèrent des livres au sujet de la Sunnah ».

Dans Majmû’ al-Fatawa al-Kubra (vol. 10) : « Les grands savants Sûfis sont bien connus et acceptés, tels que : Bayazîd Al-Bistâmi, Shaykh Abdul Qâdir Jilâni, Junayd ibn Muhammad, Hasan Fudayl Al-Basrî, Ibn Al-Ayyâd, Ibrahim Ibn Al-Adham, Abî Sulaymân ad-Dâranî, Ma‘rûf Al-Karkhî, Siri as-Saqtî, Shaykh Hammâd, Shaykh Abul Bayân. (…) Ces grands Sûfis étaient les imâms de l’humanité et ils appelaient à ce qui était juste et interdisaient ce qu’Allah avait interdit de mauvais ».

Le Shaykh Ibn Taymiyya a dit dans al-Majmû’ al-fatâwâ (14/355) : « Celui qui chemine sur la voie d’Al-Junayd parmi les gens du Tasawwûf et de la connaissance (spirituelle et métaphysique), sera guidé, sauvé et heureux ». L’imâm Al-Junayd al-Baghdadî (m. 298 H/910) était un imâm du Salaf, ascète, juriste, théologien, exégète, muhaddith, logicien, métaphysicien et grand Sûfi, descendant du Prophète (ﷺ). Originaire de Perse, son ascendance remonte aussi à la lignée arabe du Prophète par l’imâm Al-Hussayn dont il descend.Il dira, concernant les propos extatiques de certains Sûfis : « Celui qui s’abîme dans les manifestations de la Gloire s’exprime selon ce qui l’anéantit ; quand Allâh le soustrait à la perception de son moi (de sa conscience individuelle et séparative) et qu’il ne constate plus en lui qu’Allâh, il Le décrit ». Il fut surnommé aussi le Prince de l’ordre (spirituel) et fut considéré à l’unanimité des savants sunnites enracinés dans la piété et la science, comme l’un des plus grands imâms de l’histoire islamique.

Et dans son Minhaj as-Sunnah (1/172-173) : « Abû Hanifa, Mâlik ibn Anas, As-Shafi’i et Ahmad ibn Hanbal – qu’Allâh les agréé – étaient tous des imâms dans le Hâdith, le Tafsîr, le Tasawwuf et le Fiqh ».

Le Shaykh Ibn al Qayyîm al Jawzîyya dit dans son poème An-Nûniyyah (p.120) : « Les gens du hadîth dans leur totalité, les imâms de la fatwâ, les gens des vérités de la gnose, et les connaisseurs de leur Seigneur, de leur Prophète et des degrés des oeuvres dans leur prévalence sont des sûfis qui suivent la Sunnah et l’exemple prophétique et ne sont pas des déviants ou des divagateurs », par « totalité » cela désigne sûrement les « grandes autorités et références » parmi eux, et non pas tous ceux qui s’en sont réclamés, puisque certains restèrent hostiles envers le Tasawwuf malgré tout, même si certains d’entre eux finirent par se repentir et devenir sûfis à leur tour. Il composa aussi un commentaire spirituel dans le cadre du Tasawwuf, d’un célèbre ouvrage du sûfi et savant hanbalite al-Ansârî al-Harawî intitulé Manâzil al-Sâ’irîn, et dont le commentaire d’Ibn al-Qayyîm est intitulé Madârij as-Salikîn. Son attribution est bien authentifiée, au point où certains wahhabites ont dû le reconnaitre mais pour affirmer qu’il l’avait écrit avant sa rencontre avec le Shaykh Ibn Taymiyya, sauf que d’une part Ibn Taymiyya était lui aussi rattaché à la voie sûfie de la qâdiriyya, et que dans son livre, Ibn al-Qayyîm mentionne aussi l’avis de son Shaykh Ibn Taymiyya, alors décédé à ce moment-là puisqu’utilisant des expressions du type « qu’Allâh lui fasse Miséricorde » et non pas « qu’Allâh le préserve » (que l’on dit pour ceux qui vivent encore dans ce bas-monde), ce qui prouve que ce fut aussi l’un de ses derniers ouvrages. Dans d’autres ouvrages, Ibn al-Qayyîm faisait aussi les éloges de grands imâms sûfis comme Al-Junayd ou Sahl al-Tustarî de l’époque du Salaf.

Le Messager d’Allâh (ﷺ) lui-même avait fait l’éloge des Sûfis véridiques et mit en garde contre ceux qui les attaqueraient : « Certes, il y a une science cachée et secrète (ésotérique), elle n’est assimilée que par les connaisseurs d’Allâh, et quand ceux-là le dévoilent ; il n’y a que les orgueilleux et insouciants (qui se trompent au sujet d’Allâh) qui la méconnaissent, les blâment et les contredisent (injustement) ».

(Rapporté avec parfois de légères variantes par Abû Hâmid al-Ghazâlî dans son Mishkât al-anwâr wa misfât al-asrâr dans le préambule, As-Sulâmî dans son Kitâb al-arba’în fî al-tasawwuf n°32 selon Abû Hurayra, Al-Muttaqî’ al-Hindî dans Kanz al-‘Ummal n°28942, Ad-Daylâmî dans son Musnad al-Firdaws 3/42 n°4104 selon l’imâm ‘Alî, Al-Mundhirî dans at-Targhib wa at-tarhib, As-Suyûtî et d’autres).

Ce hadith est conforme au Nom divin Al-Bâtin (l’Intérieur, le Caché, le Non-Manifesté) en rapport avec la Connaissance ésotérique, de même que la rencontre entre Al-Khidr (‘alayhî Salâm) et Mûsâ (‘alayhî Salâm) relatée dans la Sûrah 18 du Qur’ân, ainsi que le hadith mentionné par al-Bukharî dans son Sahîh selon Abû Hurayra sur les 2 types de connaissance qu’il a reçu, dont un type de connaissance qu’il ne pouvait pas divulguer à n’importe qui. Dans les faits, certains savants peu clairvoyants, très orgueilleux et superficiels dans leur façon de connaitre Allâh et de comprendre la Religion comme l’existence, méprisent et critiquent les savants enracinés dans le Tasawwuf et la métaphysique.

Pour les preuves scripturaires du Tasawwuf dans le Qur’ân et la Sunnah (tradition prophétique) :

« Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avons donné une grâce de Notre part, et à qui Nous avons enseigné une science émanant de Nous. Mûsa lui dit : « Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction ? » L’autre dit : Sûrement, tu ne pourras pas être patient avec moi » (Qur’ân 18, 65-67).

« Dis : Si la mer se faisait d’encre pour écrire le langage de mon Seigneur, elle s’y épuiserait, même si Nous en doublions l’étendue, avant que ne s’épuisât le langage » (Qur’ân 18, 109).

« Quand bien même tous les arbres de la terre se changeraient en calames [plumes pour écrire], quand bien même l’océan serait un océan d’encre où conflueraient 7 autres océans, les Paroles d’Allâh ne s’épuiseraient pas. Car Allâh est Puissant et Sage » (Qur’ân 31, 27).

« Il est le Premier (al-Awwal) et le Dernier (al-Akhir), l’Extérieur/Manifesté (al-Zâhir) et l’Intérieur/Non-Manifesté (al-Bâtin). Il est informé de toute chose » (Qur’ân 57, 3). Son Nom Al-Bâtin fait donc référence, sur le plan de la connaissance, à l’ésotérisme, car de chaque Nom divin découle des actes et une science correspondante.

« Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussi, certes celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt » (Qur’ân 91, 7-10).

Et dans la Sunnah (tradition prophétique) :

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Le Qur’ân possède un (aspect) extérieur, un (aspect) intérieur, Il détermine des principes et ouvre sur l’universel » (Rapporté par At-Tabarânî, ainsi que par l’auteur du Tâj al-tafâsîr et par Al-Hindi dans Kanz ul-Ummal n°3086).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Combien connaissent les règles religieuses (fiqh) tout en manquant de clairvoyance (laysa bifaqîh) ! » (Rapporté par différents rapporteurs parfois avec quelques petites variantes, comme At-Tabarânî, et Al-Hindi dans Kanz ul-Ummal n°29004).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Le Qur’ân a été descendu (et révélé) selon 7 lectures (significations et degrés de compréhension). Chacune de ses lectures (et significations) comporte un aspect extérieur (zahir) et un aspect intérieur et subtil (batin) ; chacune de ses lectures possède une limite, et chaque limite comporte un point d’ascension (et une borne) » (Rapporté notamment par At-Tabarî dans l’introduction de son Tafsîr selon ‘Abdallâh Ibn Mas’ûd, et par d’autres selon parfois quelques petites variantes, notamment par Al-Harîth al-Muhasibî dans Mu‘âtabat an-Nafs au 1er chapitre, Ibn Hibbân dans son Sahîh, Al-Hindî dans Kanz ul-‘Ummâl, Al-Qashânî dans son Tafsîr, Sahl al-Tustarî dans son Tafsîr, etc).

Le Messager d’Allâh (ﷺ) a dit : « Lisez le Qur’ân et cherchez [humblement] à saisir ses significations extraordinaires (garâ’ibahu) » (Rapporté par Ibn Abî Shayba dans son Musannaf n°30532). Une parole similaire est attribuée au compagnon du Prophète (ﷺ) Ibn Mas’ûd.

Le compagnon du Prophète (ﷺ) Abû-l-Dardâ’ disait quant à lui : « Nul ne comprend le Qur’ân jusqu’à qu’il perçoive en lui des significations multiples » (Rapporté par Abû Nu’aym dans son Hilyat al-awliyâ’ 1/211).

Parmi les preuves des Sûfis pour montrer l’importance et la nécessité de suivre un Maître spirituel éducateur qui soit qualifié et vertueux, il y a la Parole divine : « Suis la voie de celui qui se tourne vers Moi (avec sincérité et droiture) » (Qur’ân 31, 15) ainsi que : « Il consiste plutôt en des versets évidents, préservés dans les poitrines de ceux à qui le savoir (profitable) a été donné » (Qur’ân 29, 49). Cela fut rapporté notamment par le Shaykh polymathe Ahmad Zarrûq (m.899 H/1493) dans ses Qawâ’îd al-Tasawwuf dans la règle n°66 sur la nécessité d’un maître dans la voie spirituelle. C’est son argumentation, en tant que grand shaykh malikite et polymathe, il précise aussi que c’était la voie des Compagnons (Sahaba), eux-mêmes ayant appris ainsi auprès du Prophète (ﷺ), lui-même auprès de l’Ange Jibrîl (as) et lui-même informé et éduqué par le Seigneur des mondes. Et les tabi’in ont appris aussi auprès des Compagnons directement, etc.

On pourrait aussi citer ce verset : « Ô vous qui croyez ! Craignez Allâh et efforcez-vous de trouver le moyen (wasila) de vous rapprocher de Lui ! » (Qur’ân 5, 35).

Il suffit de lire également les livres de références pour s’apercevoir que les grands maîtres sûfis étaient orthodoxes, maitrisant les sciences islamiques et ayant réalisé les 3 aspects et degrés de l’islam (selon le célèbre hadith de Jibrîl dans le Sahîh Muslim selon ‘Umar Ibn al-Khattâb) que sont l’islâm (qui donnera le fiqh et ses écoles juridiques), l’imân (qui donnera la ‘aqida/théologie et le ‘ilm ul kalâm avec ses différentes écoles ; ici sunnites, que sont les écoles asharite, maturidite et atharite parmi les écoles orthodoxes), et enfin l’ihsân (qui donnera le Tasawwuf, englobant l’ascétisme – az-zuhd -, ainsi que la métaphysique, le respect des convenances – adab -, l’éthique – akhlâq – et l’éducation de l’âme – tazqya an-nâfs -). Parmi les ouvrages de référence, qui montrent la nature islamique du Tasawwuf et la réalisation du Tawhîd, ainsi que la conformité au Qur’ân et à la Sunnah chez les maîtres sûfis « orthodoxes » citons :

– Le Kitâb az-Zuhd wa al-Râqa’îq de l’imâm du Salaf ‘Abdullâh Ibn al-Mubârak (m. 181 H/797), contemporain de plusieurs disciples des Sahaba du Prophète (ﷺ), et étudia aussi le fiqh, le hadith et la spiritualité avec l’imâm Abû Hanifa, qui lui fut aussi contemporain de quelques Sahaba du Prophète (ﷺ) et de la famille alide (Muhammad al-Bâqir, Zayd Ibn ‘Alî et de Ja’far as-Sâdiq, qui le tenaient en haute estime après l’avoir rencontré).

– Le Tafsîr de l’imâm du Salaf ‘Abdullâh Sahl al-Tustarî (m. 283 H/896), pour qui l’imâm Abû Dawûd – l’auteur des Sunân – avait beaucoup de respect.

– Le Kitâb az-Zûhd de l’imâm du Salaf Ahmad Ibn Hanbal (m. 241 H/855)

– Le fameux Al-Adab al-Mufrad (mettant l’accès sur les vertus spirituelles et qualités morales dans l’éducation de l’âme, qui est un aspect du Tasawwuf) de l’imâm Muhammad ibn Isma’il al-Bukhari (m. 256 H/870) l’auteur du fameux Sahîh, et l’élève de l’imâm Ahmad Ibn Hanbal.

– Les ouvrages du Salaf al-Hârith al-Muhâsibî (m. 243 H/857), notamment Mu‘âtabat an-Nafs, Kitâb al-Khalwa et Kitâb al-Ri`aya li-huquq Allâh. On recense environ 200 livres et traités, notamment sur le Hadith, le Qur’ân, la logique, la théologie (et le ‘ilm ul kalâm), le fiqh et le Tasawwuf.

– Les différents passages sur le Tasawwuf notamment Adab an-Nafs, Khatm al-awliya’ et le recueil de hadith Nawâdir al-Ussûl du Salaf et muhaddith Al-Hakîm at-Tirmidhî (m. vers 255 H/869) qui avait dépassé l’âge des 100 ans. Il était aussi une grande autorité dans la science du hadith selon al-Khatîb al-Baghdadî, As-Sulâmî, Ad-Dhahabî et son élève Tâj ud-Dîn As-Subkî, et fut et un savant polymathe versé dans la linguistique, le Qur’ân et son exégèse, le Hadith, la logique, la philosophie, l’astronomie, la psychologie, le Tasawwuf, la métaphysique, la théologie, le fiqh, l’anthropologie, etc.

– Le livre sur l’éducation de l’âme et l’initiation spirituelle (publié en français chez Albouraq) de l’imâm Muhammad Ibn Îssâ At-Tirmidhî (m. 279 H/892), grand muhaddith auteur du fameux Sunân at-Tirmidhî, juriste, exégète, théologien, juge et grammairien, il fut aussi l’élève d’Al-Bukhari, de Muslim, d’Ad-Dârimi et d’Abû Dawûd.

– Les Rasâ’îl du Salaf Abû l-Qāsim al-Junayd al-Baghdadi (m. vers 298 H/910), savant faisant l’unanimité pour son savoir (fiqh, hadith, Qur’ân, logique, théologie, …) comme pour son tasawwûf. Il est un descendant du Prophète (ﷺ) également.

– Les différents passages sur le Tasawwuf de l’imâm du Hadith Ibn Hibbân (m. 354 H/965) l’auteur du Sahîh, et qui fut un savant polymathe et disciple d’éminents Salafs, dont du grand maître du Hadith An-Nasâ’î (m. 303 H/915) l’auteur des Sunân.

– Les recueils de ahadiths Al-Muʿjam al-Kabīr et Al-Mu’jam al-Awsat de l’imâm du Salaf Sulaymân ibn Ahmad at-Tabarânî (m. 360 H/971) dans lesquels il rapporte des ahadiths en lien avec le Tasawwuf également.

– Le Kitâb al-Luma’ d’Abû Nasr as-Sarrâj (m. 378 H/988), célèbre juriste et muhaddith qui démontre que le Tasawwuf est la mise en application de la Sunnah prophétique dans tous ses aspects et des plus belles manières, et que cette science puise également dans le Qur’ân.

Târîkh Naysabûr, Târîkh `Ulamâ’ Ahl Naysabûr, ainsi que le recueil de ahadiths Al-Mustadrak ala al-Sahihayn d’Al-Hâkim Al-Naysaburî (m. 405 H/1014) élève d’Ibn Hibbân et d’Al-Daraqutnî notamment, et eut pour élèves d’éminents savants comme Al-Bayhaqî, Al-Qushayrrî, As-Sulamî et d’autres, tous étant des sûfis.

– Le célèbre Tabâqat as-Sufiyya, le Kitâb Az-Zuhd, le Uyub al-Nafs wa Mudaratuha, le Tafsîr ésotérique Haqâiq al-Tafsir, Al-Futuwwa et le recueil de ahadiths qui constituent les fondements du Tasawwuf intitulé Al-Arba’în fi al-Hadith de l’imâm et savant du Hadith ‘Abd ar-Rahmân as-Sulâmî (m. 412 H/1034) qui fut le maître d’Al-Qushayrî et d’Al-Bayhaqî, et élève des sommités du Hadith d’Al-Hâkim et Al-Daraqutnî. Parmi ceux qui ont fait son éloge (dans le Hadith comme dans la piété, le savoir et le Tasawwuf) il y a ses maîtres dont Al-Hâkim, ainsi qu’Al-Khatib al-Baghdadî, Ad-Dhahâbî, Ibn Kathîr, Tâj ud-Dîn As-Subkî, Abû Nu’aym al-Isbahânî.  Il écrivit plus de 100 ouvrages et traités.

– L’œuvre maitresse Hilyat ul Awliyâ’ de l’imâm et Shaykh ul Islâm Abû Nu’aym al-Isbahânî (m. 430 H/1038).

– Le Kitâb at-ta’arruf de l’imâm Abû Bakr al-Kalabâdhî (m. entre 990 et 998).

– Le Kashf al-maḥjûb d’Alî Al-Hujwirî (m. 464 H/1072)

– Le Kitâb az-Zûhd de l’imâm du Hadith al-Bayhaqî (m. 458 H/1066)

– L’encyclopédie Târîkh Baghdâd du grand savant du Hadîth al-Khatîb al-Baghdâdî (m. 463 H/1071)

– La célèbre Risâlat ul-Qushayriyya, le Laṭâ’if al-Isharat bi-Tafsîr al-Qur’ân et Nahw al-Qulub de l’imâm Al-Qushayrî (m. 465 H/1072), le juriste shafiite, l’historien, le théologien, l’exégète, le mathématicien, le rhétoricien, le métaphysicien, le ussûlî, le muhaddith, le poète, le Sûfi, le logicien, etc.

– L’œuvre magistrale intitulée Ihyâ ulûm ud-Dîn, ainsi que al-Munqidh min al-Dalal et Mishkât al-Anwâr de l’imâm Abû Hâmid al-Ghazâlî (m. 503 H/1111) qui font partie des derniers livres qu’il a écrit, et traitant de Tasawwuf, après toutes ses années où il avait écrit sur le fiqh et les ussûl al-fiqh, le Hadith, le Qur’ân et ses sciences, ainsi que 2 grandes exégèses (l’une exotérique et l’autre ésotérique), sur la philosophie, l’astronomie, la logique, l’économie, l’éducation, la psychologie, les mathématiques, la philosophie morale, les sciences politiques, les religions comparées, la théologie et le ‘ilm ul kalâm.

– Les différentes biographies des Saints Sûfis des premiers temps comme Hassân al-Basrî, Rabi’a Al-Adawiyya, Bishr al-Hafi, , Ibrahim ibn Adham, Sufyân al-Thawri, Ma`ruf Karkhi, etc. et Sifat as-Safwa de l’imâm Ibn al-Jawzî (m. 597 H/1116), et qui est un abrégé du Hilyat al-Awliyâ’. Ibn al-Jawzî était un savant polymathe versé dans le Hadith, le Qur’ân, l’histoire, le fiqh, la logique, la médecine, le Tasawwuf, etc. Bien qu’hostile au Tasawwuf lorsqu’il était jeune (période où il composa son célèbre ouvrage Talbis Iblis, comportant de nombreuses erreurs qu’il corrigera par la suite). Il écrira aussi un abrégé du Ihyâ ulûm ud-Dîn de l’imâm Abû Hâmid al-Ghazâlî.

– Le Fûtuh al-Ghayb, Kitâb Sirr al-Asrâr wa Mazhar al-Anwar, Al-Fuyudat al-Rabbaniya, Jila’ al-Khatir et al-Fatḥ ar-Rabbānī et de l’imâm ‘Abd al-Qâdir al-Jilânî (m. 561 H/1166), le descendant du Prophète (ﷺ) par ses 2 lignées (Al-Hassân et Al-Hussayn), le Saint, le Sûfi, le logicien, le théologien et juriste ayant atteint le rang de mujtahid, l’exégète, le muhaddith, l’historien (de l’islam), le ussûlî, le poète, l’ascète et Pôle de son temps. Pour nous, il est aussi le mujaddîd (revivificateur) de la Religion de son époque avec l’imâm Ahmad ar-Rifâ’î, juste après la génération d’Abû Hâmid al-Ghazâlî (qui était le mujaddid de sa génération), wa Allâhu a’lam.

– Les traités Al-Burhan Al-Mu’ayyad, Al-Nizam al-khas li’Ahl al-ikhtisas, et Halat ahl al-haqiqah ma’a Allâh de l’imâm Ahmad Ar-Rifâ’î (m. 578 H/1183), descendant du Prophète (ﷺ) de la lignée hussaynite. Juriste shafi’ite, connaisseur et exégète du Qur’ân, savant du Hadith et logicien, il était aussi un éminent Saint, Sûfi et maître spirituel éducateur, poète à l’éloquence exceptionnelle. Il fut aussi gratifié de grands prodiges (karamât) rapportés par de nombreuses voies indépendantes et concordantes. Il était célèbre aussi pour ses nombreux sermons incroyables et son attachement au Qur’ân et à la Sunnah.

Tadhkirat al-Awliyâ’ de l’imâm Farid ud-Dîn Attâr (m. vers 618 H/1221)

Futûhât al-Makkiyya d’Ibn ‘Arabî (m. 638 H/1240) qui était un grand métaphysicien, un spécialiste du Hadith (muhaddith) ayant laissé plusieurs commentaires de quelques grands recueils de Hadith, un éminent juriste mujtahid également, linguiste et grammairien, grand exégète et connaisseur du Qur’ân, ascète, poète, maître spirituel, logicien, formé en histoire également (il fut aussi l’élève du célèbre Ibn ‘Asâkir), ainsi qu’en astronomie et en cosmologie. On lui attribue jusqu’à 900 ouvrages et dont seulement 400 d’entre eux ont été retrouvés.

Al Bustan al-‘Arifin et Al-Maqasid de l’imâm An-Nawawî (m. 676 H/1277) dans lesquels il présente le Tasawwuf et fait l’éloge de nombreux maîtres Sûfis ayant maitrisé aussi les sciences exotériques de l’Islam.

– Les ouvrages Al-Hikam, Latâ’if Al-Minan, et At-Tanwîr fî Isqât At-Tadbîr, de l’imâm Ahmad Ibn `Atâ’illâh As-Sakandarî (m. 709 H). L’imâm, le Sûfi, l’ascète, le Saint, le Maitre éducateur, le juriste, l’historien, le théologien, l’ussûlî, le muhaddith, le poète, le grammairien, le prédicateur qui par la Grâce divine ramenait les gens à Allâh et au repentir. Son œuvre maitresse Al-Hikam a été abondamment commenté, notamment par le Shaykh Ahmad Ibn ‘Ajiba qui maitrisait les différentes sciences islamiques.

– Le Siyâr a’lam an-Nubalâ’ et le Târîkh al-Islâm de l’imâm Ad-Dhahabî (m. 748 H/1348), qui sont des encyclopédies sur les nombreux savants de l’Islam, et y mentionne nombre de Sûfis en faisant leur éloge, lui-même suivant une tariqa sûfie. On lui doit plus de 100 ouvrages, sur la médecine, l’histoire, le Hadith, le Qur’ân, le fiqh, la théologie, le Tasawwuf, etc. Il fut notamment un élève du Shaykh Ibn Taymiyya. Il fut un juriste shafi’ite, un théologien à mi-chemin entre l’atharisme et l’asharisme dont il reconnaissait l’orthodoxie, et l’un des plus grands historiens de l’Islam et muhaddith, et se rattacha à la voie sûfie suhrawardiyya tout en ayant eu des affinités avec la voie akbariyya (de Ibn ‘Arabî) également. Sur bien des points, le Shaykh Ibn Hajar al ‘Asqalânî suivit ses pas : fiqh shafi’ite, éminent historien et muhaddith, cheminant sur la Voie sûfie (notamment la akbariyya) et élève du grand Shaykh ul Islâm Zakariyya al-Ansarî, polymathe (muhaddith, médecin, astronome, mathématicien, logicien, juriste, exégète, historien, ussûlî, etc.) et défenseur d’Ibn ‘Arabî.

– Le Qawâ’îd al-Tasawwuf d’Ahmad Zarrûq (m.899 H/1493). Savant polymathe, il était une grande autorité de son temps dans le fiqh malikite, de même qu’un éminent théologien, spécialiste du hadith, historien (de l’islam), exégète du Qur’ân et linguiste, en plus d’avoir été formé à la médecine, à la chimie, aux mathématiques, à la logique, etc.

– Le recueil de Hadith Al-Jâmi’ as-Saghîr qui comporte des ahadiths en lien avec le Tasawwuf, Tanbih al-Ghabi bi-Tabri’at Ibn ‘Arabi (dans lequel il réfute les critiques infondées et fausses accusations ciblant Ibn ‘Arabî) et Tashyid al-Haqiqa al-Aliyya (où il expose les fondements du Tasawwuf et de sa tariqa de la Shadhiliyya) de l’imâm As-Suyûtî (m. 911 H/1505). Il était grand savant encyclopédiste, dont le nombre d’ouvrages dépassaient les 300, et savant polymathe ; médecin, mathématicien, logicien, juriste, sûfi, ussûlî (spécialiste des fondements), exégète, historien, philosophe, théologien, muhaddith, théologien, grammairien, linguiste, etc.

– Les ouvrages Âdâb Sulûk Al-Murîd, An-Nasâ’ih Ad-Dîniyyah, Risâlat Al-Mu`âwanah wal-Mudhâharah wal-Mu’âzarah lir-Râghibîn Min Al-Mu’minîn fî Sulûk Tarîq Al-Âkhirah, Ad-Da`wah At-Tâmmah,de l’imâm `AbdAllâh Ibn `Alawî Al-Haddâd (m. 1132 H/1720), grand savant, à la fois juriste shafi’ite, théologien, muhaddith, exégète du Qur’ân, connaisseur de l’histoire des Salafs et des Sûfis, etc., ses ouvrages sont accessibles au grand public. Il était aussi un descendant du Prophète (ﷺ) par la lignée hussaynite.

Idâh al-Maqsud min wahdat al-wujud de l’imâm ‘Abd al-Ghani al-Nabulsi (m. 1143 H/1731) grand juriste et théologien, il était aussi muhaddith, exégète, logicien, ethnographe, historien, spécialiste de l’agriculture, poète, métaphysicien, et enraciné dans le Tasawwuf, et son ouvrage sur l’interprétation des rêves fait autorité dans le domaine. On lui doit plus de 200 ouvrages.

– Le Itḥâf al-sadâh al-muttaqīn bi sharḥ iḥyâʾ ʿulûm al-dîn de l’imâm Al-Murtadâ Al-Zabidî al-Hussaynî (m. 1205 H/1790). Grand imâm de la lignée prophétique via l’imâm Hussayn, il était sans doute l’un des plus grands métaphysiciens, spécialiste du Hadith, historien de l’Islam et linguiste de l’arabe (grammairien, philologue et lexicographe notamment) de son temps, en plus d’être un éminent théologien, juriste, ussûlî, logicien, mathématicien, médecin, géographe et sûfi. Il fut aussi l’élève du grand imâm polymathe Shah Waliyullâh ad-Dahlawî (m. 1176 H/1762), le Sûfi, mathématicien, logicien, théologien, ussûlî, juriste, métaphysicien, médecin, l’exégète, muhaddith, polyglotte (persan, arabe, ourdou, etc.). Al-Zubaydî et Shah Waliyullâh étaient naqshbandi,

Et on pourrait encore citer les ouvrages des imâms Muhammad al-Darqawî, Ahmad Ibn ‘Ajiba, Ahmad al-Alawî (notamment sa Lettre à celui qui critique le Soufisme) qui se suffisent à eux-mêmes.


2 thoughts on “Réponse aux calomnies de prédicateurs wahhabites au Soudan contre les Sûfis

  1. :

    As’salamu alaykum
    Que pensez-vous de ceux qui ont dit avoir reçu la visite du Prophète psl yaxazatàn ( à l’état d’éveil et non dans le rêve ) ? Et qu’à ces occasions, le Prophète psl leur donne des formules à réciter à des heures données.

    1. :

      Wa ‘alaykum Salâm. Cela ne pose en principe aucun problème tant qu’il n’oblige pas l’ensemble des Musulmans à les réciter en les considérant comme une obligation, et tant que les formules en question ne contredisent pas les principes de l’islam. Wa Allâhu a’lam.

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