Quelques femmes musulmanes ayant marqué l’histoire des sciences durant le Moyen-âge

Si l’on parle souvent de l’âge d’or des sciences dans la civilisation islamique du Moyen-âge, beaucoup ignorent encore que des femmes musulmanes occupèrent une place importante dans l’histoire des sciences, avec plusieurs milliers de noms (1) dans les sciences islamiques, les sciences médicales et les sciences naturelles.

‘Aîsha bint Abû Bakr (7e siècle) :

Célèbre pour avoir été l’épouse du Prophète Muhammad (ﷺ) et la fille du 1er calife de l’Islâm Abû Bakr As-Siddîq, elle fut aussi une autorité en matière de Hadîth, de Tafsîr (exégèse qurânique), de théologie, de littérature, de fiqh (jurisprudence) mais aussi d’histoire, de logique, de généalogie et de médecine qu’elle pratiquait aussi sur le terrain. On sait aussi qu’elle avait été initiée aux mathématiques, et surtout aux calculs en raison de son activité de « comptable », distribuant, de façon équitable à travers des calculs, les biens et donations destinés aux nécessiteux.

Umm ad-Dardâ’ (7e siècle) :

Femme du célèbre compagnon Abû ad-Dardâ’, elle s’initia au Fiqh (jurisprudence), au Hadîth, à la logique et aux mathématiques, et devint même enseignante à Damas, et des hommes, dont des califes, étudièrent auprès d’elle, à l’instar du calife ‘Abd al-Mâlik Ibn Marwân, le 5e calife ommeyyade.

Umm ad-Darda as-Sughra al-Dimasqhiyya (7e siècle) :

Eminente juriste et traditionniste de Damas, elle enseigna dans des cercles de science, notamment à Damas et à Jérusalem, et devint une autorité en la matière. Formée aussi à l’exégèse du Qur’ân, à la logique et à la magistrature, elle sut inspirer le respect de ses compères masculins.

Al-Ijliya Al-Astrulabi (10e siècle) :

La fabrication d’astrolabes, une branche de la science appliquée, a été pratiquée par beaucoup de musulman(e)s dont une femme d’Alep (Syrie) du nom Mariam Al-Astrolabiyya Al-Ijliya (Al-‘Ijliyah bint al-‘Ijli al-Asturlabi), qui a suivi la profession de son père et a été employée à la cour de Sayf al-Dawlah (333 H/944 – 357 H/967), l’un des puissants souverains hamdanides du nord de la Syrie qui gardait la frontière avec l’empire byzantin au 10e siècle de notre ère.

Sutayta al-Mahmali (10e siècle) :

Sutayta a étudié auprès de plusieurs érudits, dont son père. Elle est décédée en l’an 377 H/987. Sutayta ne s’est pas spécialisée dans un seul sujet mais a excellé dans de nombreux domaines tels que la littérature arabe, les hadiths et la jurisprudence ainsi que les mathématiques. On dit qu’elle était experte en hisab (arithmétique) et fara’idh (calculs successifs), 2 branches pratiques des mathématiques qui étaient bien développées à son époque. On dit aussi qu’elle a inventé des solutions aux équations qui ont été citées par d’autres mathématiciens, qui dénotent des aptitudes en algèbre. Même si ces équations étaient peu nombreuses, elles démontraient que ses compétences en mathématiques allaient au-delà d’une simple aptitude à effectuer des calculs.

Zaynab Al Shahda (12e siècle) :

Zaynab était une célèbre calligraphe réputée pour son travail sur le fiqh (loi islamique) et les hadiths, en plus de son husn-i khatt. Elle a été très appréciée et positionnée, et a été nommée enseignante de Yaqut, le dernier calife abbasside. Elle était aussi la calligraphe du Musa Palace. Elle était une enseignante brillante et bien établie et de nombreuses personnes ont eu l’occasion d’étudier avec elle et de recevoir leur ijaza (sorte de diplôme et de certificat) d’elle. La renommée de Zaynab était bien établie lorsqu’elle fut nommée Siqat al-Dawla en raison de son association avec al-Muktafibillah, le calife abbasside. Elle passa son temps à étudier les sciences et la littérature.

Gevher Nesibe Sultan (13e siècle) :

Gevher Nesibe Sultan « était une princesse du sultanat de Rum du début du 13e siècle, la fille de Kilij Arslan II et la sœur de Kaykhusraw I, et l’homonyme d’un magnifique complexe comprenant un hôpital, une madrassa attenante consacrée principalement aux études médicales, et une mosquée de Kayseri, Turquie. Le complexe (külliye en turc) auquel elle a contribué, est considéré comme l’un des monuments prééminents de l’architecture seldjukide. L’hôpital a été construit entre 1204 et 1206, et la madrassa (lieu religieux où était enseigné aussi bien les sciences islamiques que d’autres sciences comme la logique, les mathématiques, la médecine, l’astronomie ou la littérature), dont la construction a commencé immédiatement après la mort de Gevher Nesibe en 1206, et qui a été achevée en 1210. Le complexe tire son nom de la princesse. La madrassa à l’intérieur est connue sous une variété de noms : le Gevher Nesibe Medrese ; le Çifte Medrese (Jumeau Medrese); ou comme Gıyasiye Medrese, après Ghiyath al-Din Kaykhusraw I, qui était responsable de sa construction. Le tombeau dans la madrassa appartiendrait à Gevher Nesibe.

La Reine Amina de Zaria (16e siècle) :

Au cours de la civilisation musulmane, de nombreuses femmes ont excellé dans divers domaines en Afrique subsaharienne. Parmi eux se trouvait la reine Amina de Zaria (1588-1589). Elle était la fille aînée de Bakwa Turunku, qui a fondé le royaume de Zazzau en 1536. Amina est arrivée au pouvoir entre 1588 et 1589. On se souvient généralement d’Amina pour ses féroces exploits militaires. On lui reconnait sa grande qualité en matière de stratégie militaire mais aussi pour ses compétences en ingénierie pour ériger notamment de grands camps fortifiés au cours de ses différentes campagnes militaires et politiques. Elle est généralement créditée dans la construction du célèbre mur de Zaria.

Source : “Femmes extraordinaires de l’âge d’or de la civilisation musulmane”, 1001 inventions : https://www.1001inventions.com/feature/womens-day/

(1) Voir par exemple Mohammad Akram Nadwi, Al-Muhaddithat: the woman scholars in Islam, Interface Publications Oxford 2007 et 2013, et en 2021, il publia aussi 43 volumes de son dictionnaire biographique de Muhaddithat, the female scholars and narrators of hadith aux éditions Dar al-Minhaj (Jeddah, Saudi). Il y recense plus de 8000 femmes savantes avant l’ère contemporaine.


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