La profession de Foi de l’imâm ‘Alî Zayn ul Abidîn et d’autres salaf us sâlih (pieux prédécesseurs) dans la description des Attributs de l’Être Divin

L’imâm ‘Alî Zayn ul Abidîn (‘alayhî salâm, m. 95 H) a dit dans sa Sahîfa Sajjâdiya, au chapitre 47 (Son invocation le jour de ‘Arafa) : « (…) Tu es Allâh. Il n’y a de divinité que Toi. Tu es la cause des affaires sans racine, Tu as formé sans exemple (précédent), et Tu es à l’origine des choses sans limite. (…) C’est Toi qu’aucun endroit ne peut contenir. Avant Ton autorité, aucune autorité ne tient. (…) Les imaginations ne réussissent pas à atteindre une identité avant Toi. Les raisons sont incapables de concevoir le comment avant Toi. Les yeux ne perçoivent pas l’endroit de Ton “lieu”. C’est Toi qui n’as pas de limites, pour que Tu ne sois pas défini. Tu n’es pas illustré par des exemples, pour que Tu ne sois pas trouvé. Tu n’engendres pas, pour que Tu ne sois pas engendré ».
Et au chapitre 56, il décrit Allâh comme ceci :

« Louange à Allâh, qui S’est révélé aux cœurs à travers la puissance, qui S’est caché des yeux à travers la force, et qui exerce un pouvoir sur les choses à travers le pouvoir !

Les yeux ne sont pas assez forts pour Le voir et les imaginations n’atteignent pas le centre de Sa Puissance. (…). C’est un créateur qui n’a pas d’égal. Il est Unique, sans rival. Il est Un sans opposé. Un éternel refuge qui n’a pas d’adversaire. Un Dieu sans second. Un initiateur sans partenaire. Un fournisseur sans assistant.

Il est le Premier sans disparition, l’Immuable sans annihilation, le Permanent sans obstacle, Celui qui donne la sécurité sans fin, l’Auteur sans condition, le Faiseur sans rien, le Seigneur sans associé, l’Initiateur sans inconfort, l’Accomplisseur sans incapacité.

 Il n’a pas de borne dans l’espace et aucune limite dans le temps. Il a toujours été, Il est toujours, Il sera toujours le même sans fin. Il est Allâh, le Vivant, l’Auto-suffisant, l’Immuable, l’Eternel, le Tout-Puissant, le Très Sage ».

La profession de foi de l’imâm ‘Alî Zayn ul Abidîn constitue celle qui fut professée depuis l’imâm ‘Alî (alayhî salâm), – comme on peut le lire dans les lettres authentifiées tirées du Nahj al Balagha et dans certains récits rapportés par Abû Nu’aym al-Isbahânî -, à travers l’enseignement prophétique, en conformité totale avec le Qur’ân, l’intellect et la fitra. L’imâm As-Sajjâd (‘alayhî salâm) fut le pilier des salafs de son époque, comme le dirent des savants comme Sufyân Ibn ‘Uyayna, Mâlik, Az-Zuhrî, As-Shafi’î, ‘Umar Ibn Abd al-Azîz, etc. Se fondèrent sur cette doctrine, dans ses fondements, les 3 écoles théologiques sunnites majoritaires, à savoir l’atharisme fidèle à la voie de l’imâm Ahmad (rejetant la limite, les directions physiques, les organes corporels et les modalités physiques pour Allâh), l’asharisme primitif/traditionnel et le maturidisme, qui se basent aussi sur des salafs tels que At-Tabarî, al-Harith al-Muhasibî, At-Tahawî, As-Shafi’î, Abû Hanifa, Jâ’far As-Sâdiq, …

Le grand théologien et savant du hadîth Murtada Az-Zabidi rapporte dans son livre It-hafu s-Sadati l-Muttaqin (4/643-644) avec la chaîne de transmission, le célèbre épître As-Sahifah as-Sajjadiyyah dans lequel il a dit : « C’est Toi Allâh Qu’aucun endroit ne contient » et « C’est Toi Allâh Qui est exempt des limites et Qui n’est donc pas limité ».

At-Tahawî (1) dans sa Aqidatu at Tahâwiyah a dit : « (…) La vision d’Allâh est une réalité pour les hôtes du paradis, sans limites et sans comment [sans modalité]. Conformément à ce qui est mentionné dans le livre du Seigneur : {Ce jour-là, il y aura des visages resplendissants qui regarderont leur Seigneur.} (S.75 – V.22-23) L’explication de ce verset est comme l’a voulu Allâh et l’a enseigné. Et tout ce qui est parvenu dans cela parmi les Hadîth authentiques du Messager, est comme il l’a dit, et la signification est selon ce qu’Il a voulu. Nous n’abordons pas ce sujet par des interprétations fondées sur des opinions personnelles, ni par des imaginations fondées sur des passions (…). Et Il est exempt de toutes limites, de fins, des côtés, des membres et des instruments pour l’action. Les six directions ne Le contiennent pas contrairement aux autres créations (…) ».

Dhûn-Nûn al-Misrî et l’imâm Jâ’far As-Sâdiq dirent la même chose globalement, et Al Qushayrî dit dans sa Risalat ul-Qushayriyyah : « Une personne interrogea Dhun-Nûn al-Misri, au sujet de la parole d’Allâh ta’âlâ (Ar-Rahmânu ‘ala l-‘arsh istawâ). Il répondit : « Il affirma Son Être et nia toute localisation à son sujet, car Il existe de par son Être tandis que toute autre chose existe par Sa sagesse, et conformément à Sa volonté »  et « Ja’far As-Sâdiq a dit : Celui qui prétend que Allâh est dans quelque chose, ou issu de quelque chose, ou au-dessus de [ou sur] quelque chose a commis du shirk (c’est-à-dire : adorer autre que Allâh), car s’Il était au-dessus de [ou sur] quelque chose Il serait porté, s’Il était dans quelque chose, Il serait limité, s’Il était issu de quelque chose, Il serait entré en existence (c’est-à-dire créé) », ce qui fut rapporté aussi par d’autres savants comme Al-Baqillânî (2) dans son Al-Insaf (p.40).

La parole de l’imâm ‘Alî rapportée par Abû Nu’aym (3) dans son Al Hilyah par le biais d’une chaîne remontant jusqu’à An Nû’mâm Ibn Sa’d qui a dit : « Alors que j’étais à Kûfah dans la maison de l’amir ‘Alî ibn Abû Tâlib, Nawf Ibn Abdullah se précipita chez nous en disant : “O Amir des croyants, devant la porte il y a quarante juifs. En réponse à quoi, il dit : « Laissez-les entrer ». En se présentant devant lui, ils lui dirent : « Ô ‘Alî, décris-nous ton Dieu, celui qui habite le ciel, comment est-il ? Quand a-t-il existé ? et sur quoi est-Il ? [NDT : certains juifs ont une conception physique, donc anthropomorphiste, d’Allâh]. C’est alors que ‘Alî prit place et dit : « Ô communauté de juifs, écoutez-moi et n’ayez par la suite aucun doute si vous ne questionnez nul autre que moi. Certes, mon Dieu, Le Suprême, est Eternel ; Il n’est ni issu d’une chose, ni mélangé avec quoi que ce soit, ni incarné ; Il n’a ni forme que l’on peut chercher, n’est ni localisé, ni caché, ni précédé par le néant (Il n’est pas précédé par la non-réalité) ». Ensuite il leur dit : « Et Il parla à Moîse sans l’intermédiaire de membres, ni autre biais…. Celui qui prétend que notre Dieu est limité, certes il a ignoré Le Créateur, L’adoré ».

Il s’agit ici des principes intellectuels, en conformité avec le Qur’ân, qui distinguent l’Incréé (Allâh) du créé (l’ensemble de Sa Création). ‘Alî ibn Abû Talîb a dit aussi : « Allâh est de toute éternité et l’endroit n’existe pas de toute éternité, et Il est tel qu’Il est de toute éternité – c’est-à-dire sans endroit -» (récit rapporté par Abû Mansûr Al-Baghdadî dans son ouvrage Al-Farqû bayna l-Firaq), et qui va dans le sens aussi du hadith prophétique « Allâh était alors qu’il n’y avait rien d’autre que Lui/avec Lui/avant Lui » relaté sous l’autorité de Burayda et rapporté par al-Hakim dans al-Mustadrak (2/341), qui l’a déclaré authentique (sahīh) – en accord avec l’imam Ad-Dhahabi – et de ‘Imran ibn Hussayn par Al-Bukhari et Ibn Hibbân avec deux chaînes solides dans son Sahih (14/7 n°6140, 14/11 n°6142), ainsi que Ibn Abi Shayba dans son Musannaf.

L’imâm As-Shafî’i employait aussi parfois le kalâm dans certains cas comme le dit Al-Bayhaqî dans son Manaqib al-Shafi`i (p. 458) dit, après avoir cité l’histoire du débat rationnel d’As-Shafi’î avec un individu : « Ceci démontre l’excellente connaissance de l’Imam as-Shâfî’i sur la question et l’obligation d’exposer les ambiguïtés des négateurs en cas de besoin. Par le mot kalam, il vise la mécréance des négateurs et les hérésies des innovateurs, et Allâh est plus Savant ! ».

L’imâm As-Shafi’î a dit : « Allâh ta’ala existe de toute éternité alors qu’aucun endroit n’est de toute éternité. Il a créé l’endroit en ayant l’attribut de l’exemption de début, tout comme avant la création des endroits, le changement n’est pas possible selon la raison à Son sujet, ni pour Son Être ni pour Ses attributs » (rapporté par Az-Zabidî dans It-hafu s-Sadati l-Muttaqin, 2/36).

L’imâm de la Sunnah, descendant du Prophète et qui fit l’unanimité chez les gens de science (voir les éloges d’As-Suyûtî et de Ad-Dhahâbî par exemple), l’imâm Ahmad Ar-Rifâ’î dans son Al-Burhân al-Mu-ayyad (p. 18) a dit : « Notre Imâm As-Shâfi’i lorsqu’il a été interrogé à ce sujet [c’est- à-dire concernant l’istiwâ de Allâh ; comme le verset : « Ar-Rahmânu ‘ala l-arsh istawâ »] a dit : « J’ai cru fermement en cela sans assimilation [ndt : sans anthropomorphisme : attribuer une caractéristique propre au créé à Allâh qui est l’Incréé], j’en ai reconnu la véracité (du verset/attribut) sans attribuer d’image (formée dans le mental), je me suis fait à l’idée que j’étais incapable d’en atteindre (mentalement) la réalité et je me suis abstenu d’engager une discussion à ce sujet d’une totale abstention ».

Ce qui va dans le sens de l’explication donnée par Al-Bayhaqî dans son Al-I’tiqad (p.56) lorsqu’il dit : « Il faut savoir que l’istiwa d’Allâh n’est pas interprété par le fait de se redresser après avoir été courbé, ni par le fait de s’établir dans un endroit, ni de toucher quelque chose de Sa création. On dit au contraire qu’Allâh istawa ‘ala l-‘arsh comme cela est rapporté, sans comment et sans « où » [c’est-à-dire sans endroit] ».

L’imâm Abû Hanifa dans son Fiqh al Akbar : « Allâh est Un, non pas par le nombre, mais par le fait qu’Il n’a point d’associé. {Dis : C’est Lui Allâh l’Unique, Allâh Celui dont toute chose dépend, Il n’engendre pas et n’a pas été engendré, il n’y a rien qui Lui soit égal.}, (s.113/v.1-2-3-4). Rien parmi ses créatures ne Lui ressemble et Il ne ressemble à rien qui ne soit parmi Ses créations. Il a toujours possédé Ses Noms et Ses Attributs relatifs à Son Être et à Ses Actes. (…) Il est un Être pas comme les autres entités. L’être signifie qu’Il est Celui dont la réalité est affirmée, sans qu’Il soit un corps, ni le fond d’une chose limitée par l’espace, ni un accident. Il n’a pas de limite, ni de contraire, ni de semblable, ni de pareil. Il possède «Main», «Face» et une «Essence». Tout ce que Allâh a mentionné dans le Qur’ân à propos de «Face», de la «Main», de «l’Essence» , ce sont pour Lui des Attributs sans «comment». (…) Le fait d’être proche ou loin de Allâh ta’ala, ce n’est pas en termes de distance courte ou longue, mais c’est en termes d’honneur et d’humiliation. Celui qui obéit est celui qui est “proche” de Lui sans comment, et celui qui désobéit est celui qui est “loin” de Lui sans comment » (…) ».

Abû Hanifa dans son Al-Wasiyyah (où il aborde des notions logiques, philosophiques et théologiques en conformité avec le Qur’ân et la réalité physique) dit : « Nous reconnaissons [tout comme il a été rapporté dans le Qur’ân] qu’Allâh ta’ala «’ala l-‘arsh (le Trône) istawa » sans qu’Il ait besoin du Trône et sans qu’Il soit (physiquement) établi dessus et Il est Celui Qui préserve le Trône et autre que le Trône sans en avoir besoin car s’Il avait un quelconque besoin, Il ne serait pas tout puissant à faire exister le monde et à lui prédestiner tout ce qui lui arrive, Il serait comme les créatures. Et s’Il avait le besoin de s’asseoir (julûs) et de s’établir (qarar), alors avant de créer le Trône, où donc aurait-Il été ? Allâh est exempt de cela ».

Et dans son Al-Fiqh al Absat il dit : « J’ai dit : Regarde, si quelqu’un dit : Où est Allâh ta’ala ? On lui dit : Allâh ta’ala est de toute éternité, il n’y a pas d’endroit avant qu’Il ne crée les créatures et Allâh ta’ala existe de toute éternité alors qu’il n’y a pas de «où», ni de créatures ni quoi que ce soit, Il est le Créateur de toute chose ». Cette parole fut rapportée de façon authentique, est conforme à la parole de l’imâm ‘Alî (‘alayhî salâm) et de Jâ’far As-Sadîq (‘alayhî salâm) que l’imâm Abû Hanifa connaissait personnellement, et cela est conforme au Qur’ân et à l’intellect. Par contre, une autre parole (selon une chaine de transmission non-authentique) attribuée faussement à l’imâm Abû Hanifa lui fut attribuée à tort (certains spécialistes disent carrément que la personne avait forgé ce mensonge volontairement).

Le savant hanbalite Abû l-Fadl At-Tamimi dit et rapporte dans I’tiqadû l-Imamu l-Munabal Abi ‘Abdi l-Lahi Ahmad ibn Hanbal que l’imâm Ahmad parlait des notions logico-physiques concernant les corps et qu’il ne faut pas les appliquer/attribuer au Créateur, en plus du fait que ces notions n’ont jamais été confirmées ou employées pour Allâh dans le Qur’ân : « Les noms sont pris de la Religion (Shari’ah) et de la langue arabe, or les spécialistes de la langue ont mentionné que le mot «corps» (jism) est attribué pour tout ce qui présente une longueur, une largeur, une épaisseur, une composition et une image, et Allâh ta’ala est exempt de tout ceci. Il n’est donc pas permis de Lui attribuer le corps (jism) car Il en est exempt, en plus ce terme n’a pas été cité dans la religion (Sharî’ah) comme nom d’Allâh, ce qui montre que cela est infondé ».

Ibn Qudama dit dans son Lum’at al-’Itiqad à propos de l’imam Ahmad : « L’Imam Ahmad Ibn Hanbal (m. 241 H) a dit concernant la parole du Prophète (‘alayhî salât wa salâm) : « Allâh « Descend » au ciel du bas monde, et Allâh sera vu dans l’au delà ».
Et ce qui ressemble à cela parmi les ahadîth, nous y croyons, nous les rendons véridiques, sans comment (sans modalité physique) ni de sens (particulier), (…) et nous ne rejetons rien de cela (des Attributs qui sont mentionnés). Nous savons que ce qui provient du Prophète n’est que vérité, et nous ne répliquons au Prophète. Nous ne décrivons pas Allâh en dépassant ce par quoi Il s’est décrit Lui Même, sans limite et sans fin »
.

At-Tabârî dans son Tafsîr (exégèse) intitulé Al Jâmi’ ul Bayân fî Tafsîr ul Qur’ân dit :

Vol. 1 : « Allâh est au-dessus de Sa Création par Sa Royauté et par Sa Puissance, et non pas par le déplacement et la disparition » (aller d’un point physique A vers un autre point physique).

Vol. 3, dans le verset du Trône où il est dit « Allâh est Al-‘Alîyy (L’Elevé) », il commente : « Il est élevé sur Sa Création par Sa Puissance » ; et non pas par Son Être, Son Essence ou physiquement, comme l’ont suggéré Ibn Taymiyya et Ibn Al Qayyim dans certains de leurs ouvrages (comme Ijtimâ’ al-juyûsh al-islâmiyya, p. 148), contredisant le Qur’ân, la Sunnah, l’intellect et l’élite des salafs us sâlih.

Vol. 5, dans la Sûrah Al-An’am au verset : « Il est Le Dominateur Suprême Se tenant au-dessus de Ses Serviteurs », il dit : « Il est au-dessus d’eux par Sa Puissance, et eux sont en-dessous de Lui ».

Vol. 11, dans la Sûrah As-Shûra il dit : « Allâh est au-dessus de toutes choses, et toutes choses sont en-dessous de Lui parce qu’elles sont dans Son Royaume. Sa Puissance et Sa Volonté sont établies sur toutes choses ».

L’Imam Ibn Kathîr a dit dans son Tabaqât ash Shâfi’iyah (1/439-440) dans la biographie du grand juriste Shafi’ite Abû Ishâq al Firuzabâdî as-Shirâzî : « Abû al Qâssim ibn ‘Asâkir (m.571 H) rappela ceci dans les générations des compagnons d’al Ash’arî et dans un autre de ses livres « Tabyin Kadhib al Muftari ‘ala al imâm al Ash’arî » et dit :

« J’ai lu de la plume de personnes fiables : quelle est la position des nobles juristes concernant les gens se mettant d’accord pour maudire les Ash’arites et les excommunier ? Que doivent ils faire pour s’en repentir ? Informez-nous ».

Un large groupe d’entre eux a répondu : « Cette voie Ash’arite est celle de la défense de la Sunnah et de la fermeté dans la réfutation des innovateurs parmi les Qadarites, les Rafidha et les autres. Celui qui les insulte a insulté les gens de la Sunnah et celui qui s’occupe des affaires des musulmans se doit de les sanctionner, afin de les corriger par cela tous sans exception. C’est ce qu’a écrit Ibrahim ibn ‘Alî al Firuzabâdî. [Abû Ishâq as-Shirâzî] »

Je dis [Ibn Kathîr] :  Concernant la voie du Shaykh Abû al Hassan ‘Alî ibn Ismâ’il al Ash’arî dans les Attributs après avoir quitté le Mu’tazilismeet même après qu’il se rendit à Baghdâd et y trouva les gens du hadith tels que Zakariya as Sajî [m.307 H] et d’autres, c’est la plus véridique des voies et des doctrines, affirmant les Attributs Rationnels [‘aqliyah] et Textuels [khabariyah] et ne rejetant rien parmi ceux là et sans modalisation. Ceci est la voie des imams du Salaf parmi les gens de la Sunnah et du consensus, qu’Allâh nous inclut dans leur groupe et dans le suivi de leur voie car Il est Celui qui entend les invocations, Bienveillant et Généreux. Et c’est sur cette méthodologie qu’étaient les imams parmi les compagnons d’al Ash’arî tels que Abû ‘Abd Allah ibn Mujâhid (m.368 H) et le Qadî Abû Bakr al Baqillanî (m.402 H) ainsi que leurs semblables ».

Ibn Kathîr dans son tafsîr (au verset 2/221) : « Quand le Qur’ân et les récits authentiques entérinent l’Ouïe, la Vue, l’Oeil, la Face (al-Wahj), le Savoir, le Pouvoir, la Magnificence, la Volonté, le dire, la Parole, l’Agrément, la Rigueur, l’Amour, la Réprobation, la Joie, le rire (dhahiq), il incombe d’y adhérer sans chercher à faire aucune ressemblance avec les attributs des créatures.
Il incombe de se limiter à la Parole d’Allâh et à celle de Son Messager, sans rajouter ni retrancher quoi que ce soit ; sans faire de description, de ressemblance, de falsification, ni de changement ; sans changer le sens qui était familier aux Arabes et lui donner un autre sens. Il incombe de ne pas aller au-delà de cela ! »
.
Ailleurs, concernant le verset du Trône par exemple, il dit : « Quant au Verset : « Puis, Il s’est istâwa [traduit généralement par « établi »] sur Son Trône », il existe de nombreuses opinions sur le sujet que nous n’allons pas étaler ici. Cependant, il est important de savoir qu’il faut suivre ici la tendance des Pieux Prédécesseurs comme Mâlik, al Awzâ’î, At-Thawrî, al-Layth ibn Sa’d, As-Shâfi’î, Ahmad ibn Hanbal, ishâq ibn Râhawaïh, et tant d’autres parmi les grandes références musulmanes de l’ancienne et de la nouvelle époque. Elle consiste à lire les textes comme ils sont venus sans faire de description, d’assimilation, ni de négation. Or, le sens apparent qui vient à l’esprit des anthropomorphistes ne peut être attribué à Allâh, car aucune de Ses créations ne Lui ressemble : [Rien ne Lui ressemble, et Il est l’Entendant et le Voyant]. La réalité est plutôt comme l’établissent les grands imâms comme Nu’aym ibn Hammad al Khuzâ’î, le Shaykh d’al Bukhârî : « quiconque fait ressembler Allâh à Sa création devient mécréant, et quiconque renie ce qu’Allâh s’est attribué devient mécréant. Or, rien dans ce qu’Allâh s’est attribué ou que Son Messager lui a attribué ne prête au tashbîh (connu sous le nom d’anthropomorphisme)». Ainsi, attribuer à Allâh la même chose que les Versets clairs, et les annales authentiques, de la façon qui convient à Sa Majesté ; et en parallèle, de Lui refuser tout défaut, c’est suivre la bonne voie ».
(Attention cependant à certaines maisons d’édition pseudo-salafis, notamment en Arabie Saoudite, qui déforment ses paroles ou amputent certains passages de son tafsîr, comme Dar us salam).
Aucun Attribut Divin ne doit donc être assimilé, réduit ou comparé à Sa Création, et quiconque Lui attribue des organes ou des modalités physiques (endroits physiques, directions physiques, limites et contraintes) s’est égaré et a prononcé des paroles/doctrines de mécréance (selon les salafs comme Ahmad Ibn Hanbal), car il aura alors attribué à Allâh, des choses propres à Sa Création (puisque si la modalité est définie comme une chose entrée en existence et qui est nécessaire aux créatures pour les décrire, c’est faire ressembler à Allâh à Ses créatures).
C’est là ce que professaient la tendance majoritaire parmi les asharites traditionnels (contrairement aux asharites de tendance métaphorique, tendance reprise et exagérée par de nombreux ahbaches à notre époque).


Notes :

(1) L’imâm َAbû Jâ’far Ahmad b. Muhammad b. Salâmah al-Azdî at-Tahâwî al-Hanafî (239 H/843-853 – 321H/935). Il est l’un des plus éminents savants de l’école juridique/théologique sunnite hanafite. Il naquit en 239 de l’Hégire et mourut en l’an 321 H. Il fait donc partie de la dernière génération des salafs. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de théologie, de droit et de hadiths dont l’ouvrage de référence sur le credo sunnite, intitulé Bayân ʿaqīdat ahl al-sunnah wa-l-jamâʿa (Exposition de la profession de foi des gens de la Sunna et de la Communauté), connu sous le nom de la ʿAqīda al-Ṭaḥāwiyya (La profession de foi d’al-Ṭaḥâwî), et fut maintes fois commenté (Sharḥ) par nombre de savants musulmans (dont l’excellent commentaire du contemporain Shaykh Abû Sulayman, alias Corentin Pabiot). Le commentaire du savant déviant Al ‘izz al-Hanafi est souvent recommandé par les salafistes alors que l’auteur n’était pas fidèle au fiqh hanafite de l’imâm Abû Hanifa ni à son crédo, et qu’il faisait dire à At-Tahâwî le contraire de ce qu’il disait. Parmi les savants anciens qui ont critiqué Al ‘Izz, il y a Ibn Hajar al ‘Asqalânî, ‘Alî Mulla Qâri, An-Nawâwî et d’autres. Il est issu de la tribu des Azd, branche de la très célèbre tribu de Qahtan. Son oncle est l’Imâm Ismâ’îl Ibn Yahyâ Al Muzanî, célèbre savant du Salaf et élève de l’imam As-Shafi’i. Ses contemporains le considèrent comme un grand muhaddith (savant du hadith), et un narrateur fiable. Il devint l’érudit hanafite le plus célèbre en Égypte. À ses débuts, il était de rite shafiite puis préféra le madhhab d’Abû Hanifa ; de même, il connaissait des règles de fiqh d’autres madhâhib si bien que les règles des quatre madhhabs ne lui étaient pas étrangères.

Ad-Dhahabî dit de lui dans son Târîkh al-Islâm al-kabîr (Histoire Majeure de l’Islam) : « Il était le faqîh, le Muhaddith, le hâfidh, l’un parmi les élites, et il était fiable, sérieux, connaisseur du fiqh et intelligent ». Et dans son Siyar A’lâm un Nubalâ’ il dit : « L’Imâm, l’érudit, le grandiose hâfiz, le spécialiste du hadîth et jurisconsulte de la contrée égyptienne, Abû Ja’far Ahmad Ibn Muhammad Ibn Salâmah Ibn Salmah Ibn ‘Abd Il Malik Al Azdî Al Hajarî Al Misrî At Tahâwî Al Hanafî, l’auteur aux nombreux ouvrages originaire du village de Tahâ, situé dans une des régions d’Egypte. Il naquit en 239 H. (…). Je (Ad-Dhahâbî) dis : quiconque consulte les ouvrages de cet imâm verra son rang dans le domaine du savoir ainsi que l’ampleur de ses connaissances (…) ».

Ibn Kathir dit de lui dans Al Bidayah wa al-Nihayah : « Il était une personne fiable, sérieuse et parmi les plus brillants savants du hadith ».

(2) L’imâm Al-Baqillanî (m. 403 H) était l’imâm de la Sunnah de son époque, théologien asharite, juriste malikite, grand logicien et spécialiste de la langue arabe, il débattait souvent avec les autres courants musulmans et les autres communautés religieuses, en remportant ses débats. L’Imâm, le Hâfiz Ibn Kathîr a écrit dans son exégèse du Qur’ân intitulée Tafsîr Al Qur’ân al ‘Azîm (3/427) : « Le Tout Miséricordieux s’est Istawâ’ au-dessus/au-delà du Trône » [7, 54] : « Les gens ont à ce sujet plusieurs avis, mais ce n’est pas le lieu de les détailler ici. Nous citons ici la voie des pieux prédécesseurs : Mâlik, al-Awzâ‘î, at-Thawrî, Layth ibn Sa‘d, as-Shâfi‘î, Ahmad ibn Hanbal, Ishâq ibn Râhawayh et d’autres parmi les imams musulmans du passé ainsi que les contemporains et plus récents, à savoir de les laisser comme ils sont parvenus sans donner de modalité (physique), ni faire d’assimilation, ni de négation. Et le sens apparent aux esprits des assimilateurs [mushabbiha] est nié au sujet d’Allâh [ تعالى ]. Car Allâh n’a pas de ressemblance avec quoi que ce soit de Ses créations. Aucune chose n’est comme Lui et Il est Celui qui entend et qui voit ». Ibn Kathîr a dit aussi dans Tabaqât as Shâfi’iyah (1/449) : « L’affirmation de tout ceci (les Attributs d’Allâh) sans attribuer de modalité (physique) à quoi que ce soit et sans faire d’assimilation, comme le firent les Salafs et ce fut sa (à Abû-l-Hassân al Ash’arî) voie dans al Ibânah qu’il a composé en dernier. Le Qadî al Baqillanî (m.402 H) l’a expliqué et le Hâfiz Abû al Qâssim ibn ‘Asâkir (m.571 H) l’a transmise et c’est ce qu’ont suivi al Baqillanî et l’Imâm al Haramayn (m.478 H) et la dernière position de beaucoup d’imâms les ayant suivis et Allâh sait mieux ».

L’Imâm ad-Dhahabî a écrit dans Siyar A‘lâm al-Nubalâ’ (17/554-555-558-559) dans la biographie du Hâfiz Abû Dharr al Harawî al Ash’arî (355-434 H)  : « Le Hâfiz, l’imâm, le savant du Tajwîd [de la récitation du Qur’ân], l’illustre, le Shaykh de l’enceinte sacrée, Abû Dharr, ‘Abd ibn Ahmad ibn Muhammad ibn ‘AbdAllâh ibn Ghufayr ibn Muhammad, connu dans sa contrée par Ibn as Sammâk, al Ansarî, al Khurasânî, al Harawî, al Mâlikî. Il est l’auteur d’ouvrages, et le rapporteur du Sahîh al Bukhârî selon trois personnes : Al Mustamlî (m.376 H), Al Hamawî (m.381 H), et al Kushmâhanî (m.389 H).

« Abû al Walîd al Bâjî (m.478 H) a dit dans son livre Ikhtissâr firaq al fuqahâ’ en parlant du Qâdî ibn al Bâqillânî (m.403 H) : « Le shaykh Abû Dharr m’avait informé, qu’il cheminait vers sa voie, je lui ai donc demandé : D’où tiens-tu cela ?

Il dit : Je marchais à Baghdâd avec le Hâfiz ad Dâraqutnî (m.385 H), lorsque nous avons rencontré Abû Bakr ibn Tayyib al Bâqillânî, le Shaykh Abû al Hassan ad Dâraqutnî alla à sa rencontre et embrassa son visage et ses yeux.  Lorsque nous nous furent séparés, je lui dis alors : Qui est celui à qui tu as fait ce que je n’aurais pas cru que tu fasses, toi qui es l’imâm de ton temps ? Ad-Dâraqutnî répondit : Il est l’imâm des musulmans, Le défenseur de la religion, c’est le Qâdî Abû Bakr Muhammad ibn Tayyib. Abû Dharr a dit : « Depuis ce moment qui s’est répété avec mon père, toute contrée où je suis entré parmi les régions du Khurasân et les autres, on ne désignait comme faisant partie des gens de la Sunnah que ceux qui étaient sur sa voie et son chemin ».

Je dis (Ad-Dhahabî) : C’est lui qui à Baghdâd, représentait la Sunnah et la voie du hadîth par le débat et l’argumentation, en présence des têtes des Mu‘tazilites, Rafidhites, Qadirites, et toutes sortes d’innovateurs. Ces derniers avaient un état et se sont manifestés avec l’état des Buwayhites. Il réfutait les Karramiyah, défendait les Hanbalites, Il y avait entre lui et les gens du hadîth une entente prospère, même s’ils divergeaient sur de minutieuses questions, c’est pour cela que ad-Daraqutnî l’a traité avec profonde estime ».

(3) Abû Nu’aym Al-Asbahânî (336-430 H) était un médecin, théologien asharite, juriste shafiite, historien, grand encyclopédiste et spécialiste dans le hadith, sûfi, ascète et exégète du Qur’ân. Le Hâfiz Ad-Dhahabî (m.748 H) a écrit dans son Siyar A‘lâm an-Nubalâ’  (17/459-460) dans la biographie du grand Hâfiz Abû Nu‘aym al-Asbahânî : « Ahmad ibn ‘Abd Allah ibn Ahmad ibn Ishâq ibn Mûssâ ibn Mihrân, l’imâm, le Hâfiz, le digne de confiance, Shaykh al Islâm, Abû Nu’aym al Mihrânî al Asbahânî, le Sufî, le loucheur, petit-fils de l’ascète Muhammad ibn Yussûf al Banâ’, et l’auteur de al Hilyah ».


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