Comprendre le lien entre Dieu et la Création par l’analogie entre la mère et le foetus

Pour simplifier les choses, et tout en se gardant de la mentalité anthropomorphiste, on pourrait dire que la relation entre le Divin et le monde est comme celui de la mère envers le foetus qu’elle porte en elle, – mais pas du tout à la même échelle évidemment -. L’Amour, l’acte créateur et la subsistance qui sont offerts au foetus, ne se trouvent pas – dans leur essence du moins – dans le ventre de la mère, et la mère, dans son essence, ne se trouve pas dans le placenta, de même que l’enfant ne voit pas l’essence de sa mère, et pourtant, il ressent sa présence, réagit sur ce qui l’entoure, et reçoit l’Amour et la subsistance de sa mère. Le placenta n’est pas la mère, mais est lié à sa mère et à l’une de ses caractéristiques en tant que génitrice, tout comme le Divin possède plusieurs Attributs qui Lui sont liés sans pour autant en constituer Son Essence (tout comme l’homme peut être écrivain, père, paysan, grand, chauve, etc., qui sont des caractéristiques qui ne sont pas autres que lui mais qui ne sont pas son essence pour autant).

  De la même manière, on ne voit pas l’essence du Divin dans les formes corporelles et les subsistances, mais c’est Elle qui donne forme aux choses créées, et Sa Présence se ressent sans la vision oculaire. Il peut être connu par l’esprit, Ses actes par les sens, et Sa Présence par le « cœur », tout comme le fœtus qui perçoit tout cela sans voir l’essence de sa mère ni même son apparence extérieure.

  Le foetus, tout en étant le fruit de l’acte créateur, et se trouvant dans un endroit baigné dans l’amour et la subsistance de la mère, n’est pas identique à la mère, et demeure un être séparé et distinct sur le plan de la conscience séparative (liée à la dualité), bien qu’il doive son existence et ses caractéristiques à sa mère (ainsi qu’à son père), – tout cela ayant été rendu possible évidemment par le Principe créateur (le Divin) -.

  Ses formes, son degré d’intelligence, ses organes, etc. bien que distincts de ceux de sa mère, ne l’empêchent cependant pas de ressentir sa présence, d’affirmer son existence, de bénéficier de ses bienfaits, de comprendre certaines choses liées à sa volonté et de percevoir certaines de ses paroles et de ses émotions.

  C’est la même chose pour l’être humain à l’égard du Divin, car l’intelligence, la conscience, les sentiments, les idéaux, les valeurs, etc. sont autant de liens et de connexions que l’on peut établir avec Lui, autant de preuves de Sa Réalité, des moyens à notre disposition pour ressentir Sa Présence, des indications sur les Bienfaits qu’Il nous procure, etc.

  « Ne croire que ce que l’on voit » est un argument fallacieux, car nous ne voyons pas directement les ondes, les lois de la physique, la conscience, les pensées, etc., tout comme les goûts et la beauté ne sont pas réductibles à des théorèmes mathématiques ou à modèle théorique physique.

  Certaines choses ne sont connues que par différents outils et moyens : les télescopes, les microscopes, les lunettes infrarouges, les dévoilements et visions spirituels, l’intellect, la logique modale, etc. Dira-t-on à un aveugle que rien n’existe en dehors de ce qu’il perçoit ? Ou à des gens qu’une partie de l’univers n’existe pas car on ne la voit pas directement ?

  Contempler une oeuvre d’art permet bien d’en établir l’existence de son artiste, même si l’on ne voit pas directement l’artiste en question.

  Par rapport à l’atrophie intellectuelle engendrée par le « rationalisme », dans Logique et Transcendance Frithjof Schuon disait : « Le rationalisme d’une grenouille au fond d’un puits, c’est de nier l’existence des montagnes, ce qui peut être « logique », mais n’a rien à voir avec la réalité ».
La rationalité est un outil, mais pas une « source » d’informations en soi, et doit donc s’exercer sur des informations que la rationalité devra analyser dans son champ d’investigation. Le problème étant que des personnes qui ignorent l’existence de certains phénomènes, de réalités non-physiques (dont les effets sont observables ou que de nombreuses personnes ont pu expérimenter elles-mêmes) ou même de données scientifiques récentes, peuvent les « nier » au nom d’un certain rationalisme, ce qui ne les empêche pas d’être dans l’erreur, puisque niant des choses réelles, et qui ne sont d’ailleurs pas « irrationnelles », c’est-à-dire contraire à la rationalité, et c’est là la superstition du « rationalisme », en plus de sa tare consistant à nier l’existence de tout ce qui dépasse ses capacités intellectuelles ou ses perceptions sensorielles, et d’imposer le postulat qui veut que tout le Réel soit réduit et rabaissé à sa seule rationalité (souvent lacunaire chez beaucoup des prétendus « rationalistes »).

Et dans Formes et substances dans les religions, Schuon écrivait : « L’erreur classique des rationalistes à l’égard des démonstrations métaphysiques, c’est de croire que le métaphysicien admet sa thèse en fonction des arguments qu’il présente, que cette thèse est par conséquent une simple conclusion et qu’elle s’effondre dès qu’on dénonce les points faibles qu’on s’ingénie à découvrir, ce qui est toujours facile puisque les données de la démonstration échappent à l’expérience courante ; en réalité – nous l’avons dit plus d’une fois – les arguments métaphysiques ne sont pas les causes de la certitude, ils en sont les effets ; c’est dire que la certitude dont il s’agit, tout en étant un phénomène subjectif, est faite d’objectivité puisqu’elle est entièrement fonction d’une Réalité qui est indépendante de notre esprit ».


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