L’imâm Ahmad Ibn Atâ’Llâh As-Sakandarî, il est le Shaykh, l’imâm, le sûfi, le muhaddith, l’exégète, le juriste malikite – même si l’on dit aussi qu’il était aussi shafiite -, le maître spirituel, le spécialiste de la Sîrah du Prophète, le ussûlî, le théologien sur la voie des salafs à travers l’école asharite, le prédicateur, le poète, le grammairien, celui qui connaissait l’histoire du monde musulman et des pieux prédécesseurs, l’héritier spirituel de la tariqa shadhiliyya. Né vers 649 H (1250) et décédé vers 709 H (1309/1310).
L’Imâm `Abd Al-Wahhâb As-Sha`rânî expliquait que, pour être un Shaykh sûfi, il fallait maîtriser au préalable le fiqh (la jurisprudence islamique). Le sûfi serait ainsi un juriste qui ne s’arrête pas à la seule forme apparente des œuvres ; il y insuffle leur dimension spirituelle et les couronne de l’observance permanente du Divin. Le maître spirituel et arif bi-Llâh, l’imâm Ahmad Ar-Rifâ’î disait à cet égard : « La Tarîqah, c’est la Sharî’ah ».
Ayant un pied ferme dans le fiqh tout comme dans le Tasawwuf, il devint une figure importante de la spiritualité islamique et son ouvrage Al-Hikam (Les Aphorismes ; ou : Les Sagesses) continue à inspirer les auteurs et les itinérants sur la voie de la purification du cœur. Maillon essentiel de la tarîqah Shâdhiliyyah, il fut un porte-parole des gnostiques de son temps. Par sa vie et par son œuvre littéraire, il fournit une parfaite illustration de cette définition du Sûfi orthodoxe et accompli.
Contexte Historique
Les Banû `Atâ’illâh, issus de la tribu arabe de Judhâm, s’installèrent en Égypte avec les premières ouvertures islamiques. Au sein de cette famille, l’Imâm Ahmad Abû Al-Fadl Tâj Ad-Dîn Ibn Muhammad Ibn `Abd Al-Karîm Ibn `Atâ’illâh As-Sakandarî naquit en Égypte au milieu du 7e siècle hégirien (13e siècle) à Alexandrie. L’incertitude plane sur sa date de naissance exacte, mais on s’accorde à la situer entre 1250 et 1260. À cette époque, les Mamelouks s’étaient installés au pouvoir, après avoir combattu les Mongols, les forces croisées venues au Moyen-Orient et les ismaéliens. Sous leur règne, l’Égypte était devenue le centre politique et religieux du Moyen-Orient, après la chute du Califat à Bagdad en 656 H (1258). Les Mamelouks s’engagèrent dans un magnifique renouveau artistique et architectural, accompagné d’un essor remarquable des confréries sûfies dans l’ensemble du monde musulman et, en particulier en Égypte. Ils se concurrencèrent dans la construction des mosquées, des écoles, des asiles, des hospices, et des centres de dévotion au service des maîtres sûfis.
Plusieurs siècles auparavant, la discipline du tasawwuf avait bénéficié de l’effort de formalisation qui toucha l’ensemble des sciences islamiques. De remarquables savants comme Abû Tâlib Al-Makkî, Al-Muhâsibî, Al-Qushayrî, l’Argument de l’Islam Abû Hâmid al-Ghazâlî, ‘Abd Al-Qadîr al-Jilânî pour ne citer qu’eux, contribuèrent à l’enrichissement littéraire associé à cette discipline. Divers foyers de dévotion existaient déjà aussi bien au Maghreb que dans les pays du Levant. Au 6e siècle hégirien, deux figures primordiales du tasawwuf, – et maîtres dans l’exégèse, le droit et la théologie également – virent le jour en Irak, le Shaykh ‘Abd Al-Qadîr al-Jilânî et l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î. Deux grandes écoles de purification de l’âme se développèrent autour de ces 2 maîtres et de leurs nombreux disciples. L’Égypte, ce carrefour entre le Maghreb et le Levant, devint un foyer d’accueil des influences sûfies issues de l’Irak et du Maghreb, qui s’ajoutèrent harmonieusement au développement de la discipline islamique qu’est le tasawwuf en Égypte. Cette confluence de ces 2 tendances spirituelles en Égypte fut non seulement favorisée par la position stratégique et médiane du pays, mais aussi par le développement du réseau de madrasas et de khanqahs sous le règne ayyoubide, puis sous la dynastie des Mamelouks.
Ainsi, 4 sûfis maghrébins majeurs s’installèrent en Égypte et furent chaleureusement accueillis par le peuple égyptien : Shaykh `Abd Ar-Rahîm Al-Qinâwî (475-592 H.), Shaykh Abû Al-Hajjâj Al-Aqsorî (m. 624 H), Shaykh Abû Al-Hasan As-Shâdhilî (m. 656 H.) et le Shaykh Ahmad Al-Badawî (596-675 A.H.). Suite à un séjour de 7 ans à la Mecque Honorée, Shaykh `Abd Ar-Rahîm Al-Qinâwî (475-592 H) s’installa en Haute-Égypte, dans la ville de Qina dont il porta le nom et où il fut enterré. Par ailleurs, Shaykh Abû Al-Hajjâj Al-Aqsorî habita la ville de Louxor dont les habitants continuent à chanter son amour jusqu’à nos jours. Shaykh Abû Al-Hasan As-Shâdhilî rencontra le célèbre disciple de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î — Shaykh Abû Al-Fath Al-Wâsitî (m. 580 H.) — en Irak, et bénéficia de sa compagnie. Plus tard, les 2 hommes s’installèrent définitivement en Égypte et y participèrent à l’essor du tasawwuf. Par les efforts de Shayh Abû Al-Fath Al-Wâsitî, la voie Rifâ`iyyah connut une grande activité, notamment dans le delta du Nil et à Alexandrie, et un nombre conséquent de savants s’initièrent au tasawwuf auprès de lui, à l’instar de Shaykh `Abd As-Salâm Al-Qeleibî, Shaykh `Abd Allâh Al-Beltâgî, Shaykh Jâmi` Al-Fadlayn Ad-Donosharî, Shaykh `Alî Al-Malîgî, Shaykh `Abd Al-`Azîz Ad-Deireinî. Shaykh Abû Al-Hasan As-Shâdhilî, accompagné de son fidèle disciple Shaykh Abû Al-`Abbâs Al-Mursî, élut domicile à Alexandrie qui devint ainsi le centre de la Shâdhliyyah. Le connaissant par Allâh Shaykh Ahmad Al-Badawî, quant à lui, s’installa à Tantâ, capitale du gouvernorat de Gharbiyyah dans le delta égyptien, entouré de ses disciples.
En dressant ce tableau coloré qui caractérise l’époque de Shaykh Ahmad Ibn `Atâ’illâh As-Sakandarî, on ne manquera pas de mentionner l’avènement de la tarîqah Burhâmiyyah, qui se cristallisa autour du sûfi égyptien Shaykh Ibrahîm Ad-Dusûqî (644-687 H), dont le grand-père maternel n’est autre que l’Imâm Abû Al-Fath Al-Wâsitî.
Cette époque prospère témoigna ainsi de l’enracinement des ordres sûfis orthodoxes au plus profond du tissu social égyptien et de l’influence croissante des maîtres de l’éducation spirituelle, vénérés par les hommes du pouvoir. Pour apprécier l’importance historique de cette période et l’envergure de ces hommes, il suffit de rappeler que les « 4 Pôles du Tasawwuf » désignent communément dans la littérature arabe Al-Jilânî, Ar-Rifâ`î, Al-Badawî et Ad-Dusûqî ; les principales sensibilités sûfies en Égypte dérivent des ordres spirituels de ces 4 hommes.
Le juriste malékite
Bien que le paysage de l’époque y était favorable, l’Imâm Ahmad Ibn `Atâ’illâh ne s’engagea dans la voie du tasawwuf que dans la seconde phase de sa vie. Il est certain que dans sa jeunesse il s’engagea dans l’étude des sciences islamiques et se distingua par sa connaissance du credo sunnite selon l’école ash`arite, la grammaire, le Hadith, l’exégèse qurânique (tafsîr) et la jurisprudence islamique (fiqh). En particulier, son excellence en jurisprudence islamique selon l’école malékite lui valut le titre de faqîh à Alexandrie, et bientôt, on le compara à son grand-père, Shaykh `Abd Al-Karîm Ibn `Atâ’illâh (m. 612 H), un savant et un auteur de renom spécialisé en fiqh. Des éléments biographiques ont été rapportés par le Shaykh shadhilite Ibn ‘Abbâd de Ronda (m. 1390), ainsi que par le célèbre Shaykh shadhilite malikite, Ahmad Zarrûq. D’autres renseignements sont donnés par le Shaykh Tâj ud-Dîn As-Subkî, As-Suyûtî et l’imâm As-Sha’ranî. Le docteur Abû-l-Wafâ at-Taftâzânî a rassemblé les nombreux éléments biographiques de sa vie dans sa thèse de doctorat qui portait sur l’imâm Ibn ‘Atâ’illâh.
Un porte-parole du Soufisme (Tasawwuf)
À ses débuts, Ibn `Atâ’illâh avait peu d’affinité pour la discipline du Tasawwuf et fut même hostile envers certains prétendants à cette voie, notamment certains disciples d’Abû Al-`Abbâs Al-Mursî. Mais la présence d’Abû Al-`Abbâs Al-Mursî et d’Ibn `Atâ’illâh à Alexandrie rendait leur rencontre inévitable. Un jour, Ibn `Atâ’illâh se rendit à une exhortation délivrée par Abû Al-`Abbâs Al-Mursî, le successeur de Shaykh Abû Al-Hasan As-Shâdhilî et l’éducateur de l’ordre Shâdhilite en pleine expansion. Ce fut le tournant de sa vie. Le juriste malékite goutta à la saveur des vérités prononcées par Al-Mursî et fut séduit par le tasawwuf, cœur et sommet de l’Islam, pour le reste de ses jours. Ibn `Atâ’illâh suivit les enseignements d’Al-Mursî et ne cessa de cheminer auprès de son maître dont il devint en peu de temps le disciple le plus intime. On dit à cet égard qu’Ibn `Atâ’illâh fut pour Al-Mursî ce que ce dernier fut pour As-Shâdhilî, à savoir le dépositaire de son savoir et l’héritier de sa gnose. Du vivant de son maître, Ibn `Atâ’illâh devint une autorité respectée dans le tasawwuf. En témoigne son célèbre ouvrage Al-Hikam composé avant la mort d’Al-Mursî. Alors que les deux premiers Shaykhs de la Shâdhiliyyah restèrent à Alexandrie, Ibn `Atâ’illâh se déplaça entre le Caire et Alexandrie. Juriste et sûfi de renom, il enseigna à diverses institutions religieuses de la capitale, comme Al-Azhar ou l’École Al-Mansuriyyah, sans compter ses nombreuses exhortations publiques.
Rien ne semble perturber la vie de l’Imâm Ibn `Atâ’illâh au Caire. Son enseignement de la jurisprudence malékite, sa connaissance et son amour du Tawhîd (Unicité Divine), ainsi que ses exhortations sûfies font vibrer les cœurs et lui valent une grande popularité. Seulement certaines positions controversées d’Ibn Taymiyya, accusé d’anthropomorphisme et emprisonné à la Citadelle du Caire, parvinrent à Ibn `Atâ’illâh. Il s’y opposa fermement et il aurait décidé de se rendre dans une grande congrégation de savants et de sûfis à la Citadelle pour discuter avec le Shaykh Ibn Taymiyyah. Après sa libération, Ibn Taymiyya se serait rendu à la mosquée de l’imâm As-Sakandarî, et un débat s’en suivit, où les polémiques autour du Tawassul, de al-istighatha et de Ibn ‘Arabî furent discutées, et où l’argumentation de l’imâm As-Sakandarî mettait à mal les positions du Shaykh Ibn Taymiyya, malgré le ton très respectueux et fraternel du débat.
Ses Disciples
Comme son propre maître, Ibn `Atâ’illâh se chargea personnellement de l’éducation de ses disciples sur la voie de la purification de l’être et du cheminement vers Allâh. En sa qualité de troisième Shaykh de la confrérie Shâdhilite, son héritage spirituel s’étend jusqu’à nos jours dans les chaînes initiatiques de cet ordre. Parmi ses disciples, certains devinrent des éducateurs accomplis et prolongèrent cette chaîne spirituelle vivante. Son successeur immédiat fut Shaykh Sharaf Ad-Dîn Dâwûd Al-Bâkhilî (m. 732 H), l’auteur de `Uyûn Al-Haqâ’iq. Ses disciples comptèrent aussi le prédicateur et savant du Hadîth Shaykh Shihâb Ad-Dîn Ahmad Ibn Maylaq (m. 749 H.). Parmi les illustres savants qui s’initièrent auprès de lui, figure le Shaykh de l’Islam Taqî Ad-Dîn As-Subkî. Ce dernier fut un grand admirateur de son Shaykh et lui dédia un poème élogieux que son fils, l’Imâm Tâj Ad-Dîn As-Subkî, rapporta dans Tabaqât As-Shâfi`iyyah.
Ses oeuvres
De nombreux sûfis s’abstinrent d’écrire, pensant que leur mission essentielle était d’éduquer leurs disciples, de les guider vers la Porte du Tout-Miséricordieux. Ils n’écrivirent pas de livres, ils formèrent des gnostiques. Ibn `Atâ’illâh échappa à cette pratique que les deux premiers Shaykhs de la Shâdhiliyyah observèrent. Écrivain talentueux, savant au pied ferme, porte-parole des sûfis et juriste accompli, il est le premier auteur de la Shâdhiliyyah. Bien que ses ouvrages soient peu nombreux, ils témoignent de l’abondance de sa sagesse, de la richesse de ses enseignements et de son talent immense.
– Al-Hikam (Les Aphorismes ; ou Les Sagesses ; ou Les Maximes) : Ce joyau de la spiritualité islamique est son œuvre maîtresse et qui fut abondamment commentée au fil des siècles. Il est également traduit et commenté en français.
– Miftâh Al-Falâh wa Misbâh Al-Arwâh (La Clef du Succès et la Lampe des Esprits) : Cet ouvrage traite du dhikr chez les sûfis, s’appuyant sur le Noble Qur’ân, les hadiths prophétiques, et des paroles des premiers maîtres spirituels. Il fut composé pendant la dernière décennie de sa vie, et a aussi été traduit en français chez Albouraq.
– At-Tanwîr fî Isqât At-Tadbîr (L’illumination in l’élimination de la Gestion Propre) : Cet ouvrage traite de nombreuses vertus que l’itinérant doit faire siennes, comme la patience, la sincérité, l’espérance, l’amour ou la crainte. Le fil conducteur de cet ouvrage est la réalisation parfaite de la soumission à Allâh, au point que toute volonté propre s’annule et que la volonté de l’itinérant s’aligne sur la Volonté Divine, procurant ainsi la pureté de l’âme et l’élévation spirituelle.
– Latâ’if Al-Minan (Les Bienfaits Subtiles) : Ouvrage biographique compilant quelques vertus et dires d’Abû Al-`Abbâs Al-Mursî et de son Shaykh Abû Al-Hasan As-Shâdhilî. Cet ouvrage retrace par la même occasion le paysage religieux de l’époque de l’Imâm Ibn `Atâ’illâh.
– Al-Qasd Al-Mujarrad fî Ma`rifat Al-Ism Al-Mufrad : Cet ouvrage traite du Nom Suprême et des relations entre les différents Noms et Attributs Divins.
– Tâj Al-`Arûs Al-Hâwî li-Tahdhîb An-Nufûs : Il s’agit essentiellement d’une compilation de passages extraits de quelques-uns de ses autres ouvrages.
– `Unwân At-Tawfîq fî Adâb At-Tarîq : Il s’agit d’un commentaire du précieux poème du Shaykh et maître Abû Madyan où il retrace l’éthique que l’itinérant doit observer avec son Shaykh et ses compagnons. Ce poème fut par ailleurs augmenté par le Shaykh Ibn `Arabî selon la technique du takhmîs.
L’imâm Jalâl ud-Dîn As-Suyûtî cita parmi les ouvrages d’Ibn `Atâ’illâh, Al-Marqâ Ilâ Al-Quds Al-Abqâ et un ouvrage de fiqh intitulé Mukhtasar Tahdhîb Al-Mudawwanah d’Al-Barâdi`î.
Al-Hikam : Œuvre maîtresse
Le livre des Hikam est l’œuvre la plus connue de l’Imâm Ibn `Atâ’illâh. Il est consacré au savoir spirituel par excellence, décliné selon trois thèmes dominants : la perfection de la compréhension du Monothéisme (At-Tawhîd), l’éthique et les nobles manières, le cheminement vers Allâh et ses principes. Il y déversa la quintessence de sa gnose et des vérités subtiles qu’il acquit pendant son cheminement. Son influence dépassa les cercles de la Shâdhiliyyah et ne cessa de motiver des commentaires de nombreux savants musulmans au fil des siècles.
Le mot Hikam est le pluriel de Hikmah qui signifie sagesse, ou encore, maxime ou aphorisme, selon le contexte. Trois styles se succèdent dans ce petit ouvrage : les aphorismes à proprement parler, quatre courtes épîtres, et une série de suppliques émouvantes. Les aphorismes sont énoncés dans un style concis, incisif, élégant, rythmé et appelant à la méditation profonde. Chaque aphorisme énoncé vise à raffiner la foi ou l’éthique, à élever l’énergie spirituelle de l’aspirant, à parfaire sa connaissance du Divin, ou à défaire certaines pratiques. Dans leur succession, les aphorismes s’apparentent aux perles d’un collier spirituel précieux. Il dit par exemple dans ses aphorismes : « Parmi les signes montrant que tu comptes sur tes œuvres, figure l’affaiblissement de ton espérance lorsqu’un faux-pas survient ».
Ou encore : « Tes efforts pour ce qu’Il t’a garanti et ta négligence à l’égard de ce qu’Il t’a demandé sont des signes de l’aveuglement de ta clairvoyance (basîrah) ».
Les quatre épîtres qui succèdent aux aphorismes apportent des réponses à des questions soulevées par ses disciples. Dans un style plus contracté, mais toujours élégant, ces épîtres constituent une agréable transition entre les aphorismes et les suppliques qui clôturent l’ouvrage. Dans ses suppliques ou entretiens intimes, Ibn `Atâ’illâh fait montre d’une soumission totale et d’une pauvreté en Lui. Il pleure ses manquements et l’insignifiance de son être devant la Suprême Magnificence du Créateur. Par ses questions rhétoriques, Ibn `Atâ’illâh appelle son lecteur et ses disciples à mieux connaître Allâh, l’Initiateur de toutes choses. Dans cette pauvreté envers Lui, dans cette réalisation de notre faiblesse, dans ce brisement de l’ego dénudé, l’aspirant trouvera sa sérénité et sa paix intérieure.
Ce livre inspira de nombreux commentaires et continue, de nos jours, à motiver maintes analyses. Le premier commentaire des Hikam serait Tathbît Al-Himam bi-Tabyîn Ma`ânî Al-Hikam, composé par le grammairien Shams Ad-Dîn Ibn `Abd Ar-Rahmân Ibn As-Sâ’igh (708 H/1375 – 776 H/1308).
Parmi les commentaires d’Al-Hikam, il y a aussi :
- Ghayth Al-Mawâhib Al-`Aliyyah, par Sheikh Ibn `Abbâd Ar-Rundî (733-792 A.H., 1333-1390 E.C.).
- Al-Futûhât Ar-Rahmâniyyah, par Sheikh Ahmad Zarrûq (846-899 A.H., 1442-1493 E.C.) qui composa aussi d’autres commentaires d’Al-Hikam comme Miftâh Al-Fadâ’il (Hadiyyat Al-`Ârifîn d’Al-Bâbânî).
- Sharh Al-Hikam, par le Grand Imâm d’Al-Azhar Sheikh `Abd Allâh Ash-Sharqâwî (1150-1227 A.H., 1737-1812 E.C.).
- Iqâdh Al-Himam, par Sheikh Ibn `Ajîbah (1160-1224 A.H., 1747-1809 A.H.).
- Sharh Al-Hikam, par Sheikh Hasan Ibn Mukhaddim (1260-1331 A.H., 1844-1913 E.C.), un savant de Hadramout.
- Sharh Al-Hikam, par Sheikh `Abd Al-Majîd Ash-Sharnûbî (d. 1348 A.H., 1929 E.C.), un savant et un juriste malékite.
- Sharh Al-Hikam, par Sheikh Muhammad Sa`îd Ramadân Al-Bûtî (traduit en français en 3 volumes).
- Commentaire oral de certains aphorismes par Dr. `Umar `Abd Al-Kâfî.
- Commentaire oral des Hikam par le Shaykh Al-Habîb ‘Umar Ibn Hafîz.
On peut également écouter l’énoncé des Hikam en ligne, au grand profit des non-voyants.
Nous l’avons également lu et médité à plusieurs reprises, et en effet, ses Hikam sont une source inépuisable d’enseignements et de sens aussi sublimes que profonds, nous reconnectant directement à Allâh, à l’aspiration spirituelle, au délaissement des choses viles de ce bas-monde, et à l’amour pour le Très-Haut !
Quelques extraits tirés de ses œuvres
Il dit dans son Miftâh al-Falâh wa Misbâh al-Arwâh : « Quiconque réfléchit en profondeur verra que toutes les créatures affirment l’Unité Divine le Très-Haut en accord avec les subtilités de leurs « souffles ». Si tel n’était pas le cas, le châtiment les aurait désintégrés. En effet, dans chacun des atomes de ce monde et dans ce qui est plus petit encore, il y a un des mystères du Nom d’Allâh le Très-Haut. C’est en vertu de ce mystère que chaque créature, selon l’espèce dans laquelle elle se situe, comprend et reconnaît l’Unité Divine, qu’elle le sache ou non : comme Allâh Le Très-Haut l’a dit : « Et c’est à Allâh que se prosternent, bon gré mal gré, tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre, ainsi que leurs ombres, au début et à la fin de la journée ». Chacun affirme l’Unité Divine selon sa station, selon le gré de son Seigneur et en fonction de ses capacités de servitude et ce, en accord avec le destin imparti à toutes ces créatures afin que se réalise l’Unité Divine ».
Il écrit dans ses Latâ’îf al Minan (tajallî, zuhûr 19) : « Les créatures sont les miroirs des Attributs Divins ; les êtres n’ont pas été créés pour que tu les voies, mais pour que tu voies leur Maître (en tant que Principe existenciateur des créatures) en eux. Allâh ne veut donc pas que tu envisages la création d’un œil ordinaire : il t’appartient de considérer celle-ci comme une théophanie (zuhûr), et non comme une entité qui serait autonome ».
Dans ses Hikâm : « Si tu veux connaître ton rang auprès d’Allâh, regarde la station dans laquelle Il te maintient » ainsi que : « Tu trouveras parfois dans tes états d’indigence profonde des bienfaits que tu n’as pu trouver ni dans le jeûne ni dans la prière ».
Dans son Al-Qasd Al-Mujarrad fî Ma`rifat Al-Ism Al-Mufrad il dit : « 1. Gloire à Celui dont les Qualités accomplies sont illustrées,
En raison de Sa Perfection, de Sa Beauté et de Sa Majesté,
2. Il accorde et refuse. Tous les actes de louanges sont dans Son Refus, Son Don et Ses actes.
3. Alors que le serviteur reste voilé totalement à la compréhension de toute activité (divine),
Bien que Son Adoré (Allâh) ait l’Autorité imminente sur lui et ses biens.
4. Et n’ait besoin de rien. Nul ne peut Lui profiter par Insuffisance et par sa condition ».
Il dit également dans le même ouvrage : « Le Vrai (Allâh ; Al-Haqq) – Gloire à Lui -, lorsqu’Il parle extériorise ; lorsqu’Il veut bien, détermine ; lorsqu’Il aime, Se montre ; et par quelque puissance qu’Il lui plait, S’établit.
Il est inaccessible dans Sa Proximité ; proche dans Sa Sublimité.
Il voile l’Essence par les Qualités et les Qualités par les Actes.
Il dévoile la Science par la Volonté normative (irâda).
Il manifeste la Volonté normative par la Puissance.
Il propage la Puissance par les mouvements.
Il cache l’œuvre dans l’ouvrage et rend manifeste l’ouvrage par les instruments.
Il est Intérieur dans Son occultation et Extérieur par Sa Sagesse.
Sa Puissance est occultée dans Sa Volonté.
Sa Volonté est Sa Sagesse et Sa Sagesse témoigne des réalités qui en dépendent et par laquelle Sa Puissance se propage.
Son Inaccessibilité (man’) est un secret résidant dans Son Œuvre.
Il est Celui dont la volonté créatrice est notoire.
Aucun pareil ou semblable à Lui n’existe ni dans une œuvre, ni dans une substance ».
Le maître accompli
Troisième maître de l’ordre (tarîqa) des Shâdhilis, Ibn ’Atâ’ Allâh est l’un de ces nombreux maîtres du tasawwuf qui ont réuni en leur personne les aspects ésotérique et exotérique de l’islam. Issu d’une famille de juristes et de théologiens musulmans, il reçoit une formation complète dans les diverses sciences islamiques. Bien qu’au départ assez hostile et ignorant à l’égard du Tasawwuf, ses préjugés se dissiperont par la suite, lors de sa rencontre avec le Shaykh Abû l-’Abbâs al-Mursî à l’âge de 17 ans. Il constatera ainsi que le tasawwuf n’est que la dimension spirituelle de l’Islâm, constituant son cœur tout comme son sommet, le tout reposant sur les principes de la doctrine théologique (‘aqida) et les règles du fiqh. Il relatera d’ailleurs son expérience et sa « nouvelle vie » dans son ouvrage Latâ’if al-minan, qui a valeur d’exemple et peut éclairer l’aspirant qui se cherche.
Tout en s’initiant au tasawwuf, son maître lui enjoint toutefois de ne pas négliger l’étude des sciences religieuses et de les approfondir, ce qui constitue une nécessité pour celui qui occupera la fonction de maître spirituel. Ce souci d’harmonie entre exotérisme et ésotérisme, si affirmé dans la Shâdhiliyya, se concrétise au Caire, où Ibn ’Atâ’ Allâh va enseigner à la fois le fiqh et le tasawwuf, en passant par l’exégèse, la théologie et le hadîth. A l’université al-Azhar, il acquiert une grande audience, du fait de son sens aigu de la pédagogie spirituelle. Il y tenait, nous dit Ibn Hajar « un langage qui apaisait les âmes, mêlant les paroles des sûfis à ce qu’on rapporte des pieux prédécesseurs (as-salaf us-sâlih) … Le peuple accourait pour l’écouter, mais aussi beaucoup de juristes ».
En 1287, Ibn ’Atâ’ Allâh succède à al-Mursî à la tête de l’ordre shâdhilî, dont il devient ainsi le troisième maître. Il partage désormais sa vie entre l’enseignement, la direction spirituelle et la rédaction de son oeuvre. Il a notamment pour disciple le savant Taqî ud-Dîn al-Subkî (m. 1355), un savant ayant atteint un très haut rang dans les différentes sciences islamiques de l’exotérisme (fiqh, hadîth, tafsîr, ussûl al fiqh, ussûl ad-dîn, langue arabe et grammaire, ‘aqida, histoire, …). Le rôle prépondérant qui lui revient dans le conflit entre les sûfis cairotes et Ibn Taymiyya (m. 1328) témoigne de la grande influence qu’il a alors jusque dans les sphères du pouvoir. Il meurt au Caire en 1309, et est enterré dans le cimetière de la Qarâfa, au pied du Muqattam.
L’œuvre d’As-Sakandarî, porteuse d’une grande spiritualité tout en se voulant accessible au commun des croyants, se diffuse rapidement au Proche-Orient et au Maghreb, puis dans le reste du monde musulman. L’accessibilité de son œuvre ne nuit nullement à la profondeur qui s’en dégage, et se laisse aborder selon le degré de spiritualité de l’aspirant.
L’ordre shadhilî
Parmi les caractéristiques de la Shâdhiliyya, citons la concentration sur Allâh seul. L’aspirant doit éviter d’être distrait dans sa contemplation, fût-ce par des phénomènes ou des extases spirituelles. Il faut adorer Allâh pour Lui-même, et se défier des idoles intérieures engendrées par des vices qui relèvent de l’ordre subtil. Ceci s’accompagne d’une grande sobriété, se manifestant notamment dans la méfiance des prodiges spirituels (karâmât), – en ce sens qu’il ne faut pas se laisser impressionner et « illusionner » par les prodiges dont ils sont gratifiés -, qui appartiennent encore au monde sensible et peuvent cacher une « ruse » divine pour celui qui manque d’humilité et de vigilance spirituelle.
La voie shâdhilie est aussi fondée sur l’agrément du destin (al-ridâ) en toute situation, la remise de la gouverne individuelle à Allâh (al-tafwîd) et l’action de grâces (al-shukr). Elle se défie par contre de pratiques trop ascétiques, lui préférant un juste milieu. En effet, en mortifiant son ego et en renonçant au monde, l’homme accorde à ceux-ci une place indue ; il tombe donc sous le coup de « l’associationnisme » (shirk) subtil, puisqu’il ne peut les évacuer de sa conscience : « Tu glorifies le monde en cherchant à t’en détacher ! », avertissait le maître et pôle spirituel as-Shâdhilî. Commentant cette parole, Ibn ’Atâ’ Allâh ajoutait qu’il n’y a pas lieu de se détacher de ce qui n’a pas d’existence réelle (indépendante), car toute chose en dehors d’Allâh est irréelle, c’est-à-dire relative et dépendante d’Allâh, d’où la qualification de « seul Allâh est le Réel (absolu) ».
La Shâdhiliyya, dans laquelle l’auteur des Hikam fait référence, est une voie éminemment orthodoxe ; elle a toujours mis l’accent sur la formation en sciences exotériques et sur l’écriture. Les célèbres savants As-Subkî, père et fils, étaient initiés à la Shadhiliyya. Le grand imâm As-Suyûtî (m. 1505), qui était rattaché à cet ordre, en a fait l’éloge dans un traité indépendant. René Guénon était lui-même shâdhilî, et le Shaykh Ahmad al-’Alawî (m.1934) de Mostaganem a grandement contribué à faire pénétrer cette tarîqa en Occident par la ’Alawiyya.
Les témoignages de savants à son égard
Nombreux furent les grands noms de l’Islam qui firent son éloge.
Des savants rapportent à cet effet un débat qui l’opposa avec le Shaykh Ibn Taymiyya, et où en introduction, Ibn Taymiyya le décrivit comme ceci : « Je te connais comme un homme d’une piété scrupuleuse, de savoir abondant, d’intégrité et de véracité dans le parler. Je témoigne que je n’ai vu personne pareille à toi en Egypte et en Syrie, qui aime plus Allâh, ni qui est plus auto-effaçant en Lui ni qui est plus obéissant à exécuter ce qu’Il a commandé et à éviter ce qu’Il a interdit » (voir Ibn al-Imad, Shadharat al-dhahab 1350/1931, 6/20f ; al-Zirikly, al-A
lam 1405/1984, 1/221 ; Ibn Hajar al ‘Asqalânî, al-Durar al-kamina 1348/1929, 1/148-273 ; Al-Maqrizi, Kitab al-sulûk 1934-1958, 2/40-94; Ibn Kathir, al-Bidâya wa al-nihaya 1351/1932, 14/45 ; As-Subkî, Tabaqat al-Shafiiyya 1324/1906, 5/177f. et 9/23f ; As-Suyûtî, Husn al-muhadara fi akhbar mirs wa al-qahira 1299/1880, 1/301; As-Sha
rani, al-Tabaqat al-kubra 1355/1936, 2:19f. ; al-Nabahani, Jami` karamat al-awliya’ 1381/1962, 2/25f., et d’autres encore ; tous ne rapportent pas ce débat mais font mention d’éléments biographiques concernant le Shaykh ou citent l’existence de ce débat mais sans le rapporter intégralement ; Ibn Kathîr dans al-Bidâya (14/45) fait référence – tout comme Ibn Hajar al ‘Asqalânî dans son Ad-Durar (1/148) – à des conversations entre Ibn Taymiyya et différents érudits sur leurs divergences, et fait allusion à une discussion entre Ibn ‘Atâ’-Llâh As-Sakandarî et ibn Taymiyya sur l’istighatha et le tawassul. Cette histoire semble vraie et reflète bien la mentalité des deux savants et exprime bien en substance leurs positions respectives).
L’Imâm Tâj Ad-Dîn As-Subkî, le fils du Shaykh ul-Islam Taqî Ad-Dîn As-Subkî, dit dans Tabaqât Ash-Shâfi`iyyah Al-Kubrâ à son sujet : « Shaykh Tâj Ad-Dîn Abû Al-Fadl, Ahmad Ibn Muhammad Ibn `Abd Al-Karîm Ibn `Atâ’illâh, le résident d’Alexandrie. J’estime qu’il fut shaféite, mais on dit qu’il était malékite. Il fut le maître du Shaykh, l’Imâm, mon père, en matière de tasawwûf. Il fut un gnostique, aux signes subtils. Il accomplit de nombreux prodiges et avait un pied ferme dans la discipline du tasawwûf. Il accompagna le Shaykh Abû Al-`Abbâs Al-Mursî, le disciple du Shaykh Abû Al-Hasan As-Shâdhilî, et s’initia auprès de lui. Le Shaykh Tâj Ad-Dîn s’installa au Caire pour éduquer et exhorter les gens. On lui doit des expressions sublimes que ses disciples consignèrent dans des ouvrages ».
As-Safadî dit dans A`yân Al-`Asr wa A`wân An-Nasr : « Le Shaykh, le gnostique, Tâj Ad-Dîn Abû Al-Fadl d’Alexandrie. Ce fut un homme pieux, ayant une gustation spirituelle raffinée. Ses paroles apaisaient les cœurs et ravivaient la flamme des Amoureux (d’Allâh). Il s’installait sur une chaire d’enseignement dans les mosquées et muselait les déviants. Il avait une grande connaissance des paroles des pieux prédécesseurs et celles des soufies. La brise parfumée de ses discours éveillait la nostalgie amoureuse (shawq) dans de nombreux cœurs et effaçait par les larmes des péchés abondants. Ce fut un homme de vertu, manifestant les signes de la droiture. Il fut un disciple du Shaykh Abû Al-`Abbâs Al-Mursî, le compagnon d’As-Shâdhilî. Il fut aussi un grand opposant du Shaykh Taqî Ad-Dîn Ibn Taymiyya, et inspirait beaucoup de respect par la force de son caractère. Il demeura ainsi jusqu’au jour où cette expression éloquente se tut et les étoiles de ces signes s’éteignirent. Il décéda, puisse Allâh lui faire miséricorde le 11 Jumadah II 709 H., à l’École Mansûriyyah au Caire ».
L’Imam As-Suyûtî dit de lui dans Husn Al-Muhâdarah fî Akhbâr Misr wal-Qâhirah : « Shaykh Tâj Ad-Dîn Ibn `Atâ’illâh, Abû Al-`Abbâs Ahmad Ibn Muhammad Ibn `Abd Al-Karîm Al-Judhamî d’Alexandrie, l’Imâm et l’orateur selon la voie d’As-Shâdhilî. Il réunit toutes sortes de sciences, comme l’exégèse, le Hadîth, la grammaire, les fondements, la jurisprudence selon l’école malékite. Il accompagna en matière de tasawwuf le Shaykh Abû Al-`Abbâs Al-Mursî, qui fut la merveille de son temps. At-Taqî As-Subkî s’initia auprès de lui ».
En rapportant les événements qui survinrent en 709 H., Ibn At-Taghrî Bardî dit dans An-Nujûm Az-Zâhirah fi Mulûk Misr wal-Qâhirah : « Le Shaykh, le modèle, le sieur connaisseur d’Allâh — Exalté soit-Il —, Abû Al-Fadl Ahmad Ibn Muhammad Ibn `Abd Al-Karîm d’Alexandrie, le malékite, le sûfi, le prédicateur, l’éducateur, décéda cette année, pendant le mois de Jumadah II, et fut enterré dans la Qarâfah. Sa tombe est connue et les gens lui rendent visite. Ce fut un homme pieux et un savant. Il s’installait sur une chaire et une foule nombreuse assistait à ses prêches. Son exhortation avait un grand impact sur les cœurs et il avait une parfaite connaissance des paroles des gens versés dans les vérités spirituelles et les maîtres de la voie. On lui doit une poésie agréable, dans le style des sûfis, et son cortège funéraire fut très imposant. L’un de ses poèmes commence par ces vers :
Mon ami ! La caravane partit à grande allure, alors que nous sommes assis là, que feras-tu donc ?
Acceptes-tu de rester après eux, tourmenté par tes espoirs et ton amour ardent ?
Voici la langue de l’univers affirmant tout haut que toutes les créatures sont des voiles » ».
Il est incontestable que son savoir abondant, son amour pour Allâh, son suivi scrupuleux des principes du Qur’ân et de la Sunnah, sa connaissance du Tawhîd, son rejet des idoles intérieures et extérieures, sa sagesse, sa douceur, son sens de la justice et de l’équité, sa piété et son éloquence, font de lui une grande figure du monde musulman, et où tous les témoignages de son époque et ceux des grands maîtres et savants ultérieurs, convergent et concordent sur le fait qu’il était un saint, un vertueux, et un croyant sur la voie Muhammadienne. A son enterrement assistèrent des dizaines de milliers de personnes. Nous témoignons également de la profondeur de ses ouvrages, de leur importance dans la mise en valeur de l’Amour et de la détermination dans l’accomplissement des bonnes œuvres pour atteindre Allâh et espérer Sa Satisfaction ! Puisse Le Tout-Miséricordieux lui faire miséricorde, et nous gratifier de sa compagnie dans l’Au-delà !
Bibliographie
– Paul Nwyia, Ibn ’Atâ’ Allâh al-Sikandarî et la naissance de la confrérie shâdhilite, ed. Dâr al-Machreq, 1971.
– Eric Geoffroy, La sagesse des maîtres soufis, éd. Grasset, 1998.
– L’article biographique “L’Imâm Ahmad Ibn `Atâ’illâh As-Sakandarî” publié sur islamophile.org traduit par Al-Murtada le 1er avril 2006 : http://www.islamophile.org/spip/L-Imam-Ahmad-Ibn-Ata-illah-As.html ; dont nous nous sommes grandement inspirés.