L’Islam et le sort post-mortem des non-Musulmans

  Bien que nous ayons déjà traité cette thématique dans plusieurs articles et livres[1], nous en ferons une synthèse ici, car de trop nombreuses polémiques demeurent récurrentes sur les réseaux sociaux, avec des positions déviantes, lacunaires ou extrêmes de part et d’autre.

  A la question de savoir si l’on peut dire « Paix à son âme » à un non-musulman que l’on pense mort sur le kufr, et qui ne faisait pas partie des criminels endurcis ou tyrans de ce monde, est-ce interdit ?

  En réalité, rien dans le Qur’ân ou la Sunnah ne l’interdit en soi, puisque cette expression a souvent pour sens le fait d’adresser ses condoléances (ce qui est autorisé). Le Prophète (ﷺ) se levait aussi par respect lorsque la dépouille d’un non-musulman passait lors d’un cortège funèbre, et autorisa les Musulmans à y assister, voire à les accompagner (mais en restant soit devant, soit derrière, pour pas que les gens pensent que les Musulmans soient des non-Musulmans qui s’associent à leurs croyances ou rites spécifiques) comme l’indiquent plusieurs ahadiths dans le Sahîh al-Bukharî, le Sahîh Muslim, le Musnad de l’imâm Ahmad et d’autres recueils.

  D’ailleurs, de leur vivant, alors qu’ils sont dans le kufr ou le shirk il est aussi permis de leur passer le Salâm (salutations de paix). Aucun principe ni textes islamiques à notre connaissance n’établissent de distinction de ce point de vue-là entre le non-musulman vivant ici-bas et celui qui quitte ce bas-monde. Ce n’est donc là qu’une question d’ijtihâd, où le consensus réel ne semble pas exister, ce qui, du point de vue islamique, rend possible l’ijtihâd et la réflexion ouverte. Au fond, cela ne revient-il pas à leur souhaiter, ce qu’on leur souhaitait déjà ici-bas de leur vivant, à savoir de connaitre la paix et le bien ? Et d’espérer, qu’après une vie – parfois des plus éprouvantes et tragiques -, de connaitre enfin, d’une manière ou d’une autre, la paix ? Toujours évidemment en sachant que tout cela dépend de Lui Seul, et qu’Il pardonne et fait miséricorde à qui Il veut ? : « A Allâh appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Il pardonne à qui Il veut, et Il corrige qui Il veut …(parmi ceux qui commettent ce qui est répréhensible et injuste). Et Allâh est Pardonneur et Miséricordieux » (Qur’ân 3, 129) et de garder à l’esprit aussi que : « Allâh est le meilleur gardien, et Il est Le plus Miséricordieux des miséricordieux » (Qur’ân 12, 64), c’est-à-dire que Sa Rahma (Miséricorde, Clémence, Compassion, Amour Rayonnant, etc.) est éminemment plus supérieure que celle des êtres créés les plus miséricordieux qui existent, comme les Prophètes, les Sages, les âmes pures et innocentes, les parents bienveillants, etc. Bien sûr, même dans nos souhaits et demandes relatifs aux autres, nous devons rester humble, car si nous avons bien eu accès à une partie de ce qui était apparent (concernant les actes et discours des autres), nous ne savons pas toujours quels ont pu être leurs discours ou leurs actes dans leur passé, dans des moments que nous ignorons, ou à leurs derniers instants de leur vie terrestre. D’où le fait que nous devons nous en remettre à Sa Volonté, à Son Jugement, à Sa Justice et à Sa Sagesse, sans prendre Sa Place car nous ne sommes aucunement habilités à le faire, Lui Seul étant le Juge suprême, l’Enseigneur des mondes, et le Maître absolu du Jour du Jugement. Toutes les formes licites d’intercessions (des Anges, des Prophètes, des Saints, des parents ou proches vertueux, des pieux, des martyrs, etc.) ne sont possibles et agréées que par Lui et Son bon Vouloir.

  Cela est différent du fait de souhaiter « qu’Allâh leur fasse Miséricorde », qui est une expression différente, avec un sens qui est généralement plus spécifique, et que l’on adresse en principe qu’aux croyants seuls (car même si Allâh, en tant qu’Ar-Rahmân, englobe tous les êtres dans Sa Rahma universelle, Il est aussi Ar-Râhîm, une Rahma particulière uniquement pour Ses serviteurs croyants qui ont fait le bien) comme l’expliquent At-Tabarî dans son Tafsîr ainsi que plus tard le Shaykh Ibn al-Qayyîm..

  Par ailleurs, sur le fait d’invoquer Allâh pour qu’Il pardonne aux non-musulmans décédés, il existe un autre qui l’autorise (plusieurs savants de l’ère médiévale, notamment shafi’ites, semblaient l’autoriser) pour les non-Musulmans qui ne se positionnaient pas comme des ennemis déclarés de la foi et de l’Humanité (le Qur’ân interdisant cela en précisant bien leur nature hostile envers Lui, Son Messager, Ses Messagers ou les croyants).

  Bien que l’imâm An-Nawawî avait évoqué un possible consensus sur le sujet, sous l’autorité du savant mâlikite Qâdi ‘Iyyâd, en réalité, ce n’est pas le cas. Il faut savoir en effet que certains imâms parlaient maladroitement d’un consensus (‘ijmâ) en se fondant uniquement sur les avis que eux connaissaient, n’ayant pas forcément eu accès à l’ensemble des avis anciens (des Salafs) et des générations postérieures, où les savants compétents se comptaient en centaines de milliers, mais où ils ne connaissaient que plusieurs centaines de grands noms, et d’autres centaines ou quelques milliers de noms moins célèbres (ou de niveau moindre). Il faut donc faire attention. Les seuls consensus réels qui existent sont très rares et se limitent, en dehors de ce qui est nécessairement connus de la Religion, qu’à une dizaine de points tout au plus car même à l’époque des Salafs, il était rare qu’il y ait de réels consensus sur de nombreuses questions puisqu’on observait des divergences entre les grands imâms (‘Alî Zayn ul ‘Abidîn, Az-Zuhrî, Ibn Al-Qâssim, Muhammad Al-Baqîr, Ja’far As-Sadiq, Zayd Ibn ‘Alî, Abû Hanifa, ‘Abdullâh Ibn Al-Mubârâk, Atâ’, Sufyân at-Thawrî, Sufyân Ibn ‘Uyayna, Ibrâhîm An-Nakhâ’î, al-Layth Ibn Sâ’d, Al-Awzâ’î, Mâlik, Ibn Wahb, As-Shafi’i, Bishr al-Hafi, Al-Muhasibî, Ahmad, Ibn Kullâb, Al-Bukhari, Muslim, At-Tabarî, Al-Hakim At-Tirmidhî, Al-Junayd, Abû Bakr As-Shiblî, Sahl al-Tustârî, etc.), que ce soit sur les positions théologiques ou juridiques, y compris sur des questions comme la peine (ou non) de l’apostasie pacifique, sur la non-éternité de l’Enfer pour les incroyants, sur l’excuse légale ici-bas pour certains incroyants n’ayant pas embrassé l’islam s’ils n’ont pas connu véritablement l’islam authentique, ou s’ils étaient incapables d’en saisir les principes à cause de leur handicap, démence, etc.

 Et au sein de l’école shafi’ite, certains attribuent l’avis de la permissibilité (d’invoquer le Pardon et la Paix pour les défunts non-musulmans qui n’ont pas combattu la foi et/ou les croyants) à plusieurs savants connus comme Al-Khatîb al-Shirbînî (m. 977 H), al-Qalyûbî (m. 1069 H), al-Barmâwî (m. 1106 H), al-Bajîrmî (m. 1221 H), al-Shibrâmullasî (m. 1087 H), al-Jamal (m. 1204 ) et d’autres.

  Dans son Faysal al-Tafriqa, l’imâm Abû Hâmid al-Ghazâlî (m. 505 H/1111) affirme que sont excusés du point de vue exotérique, les non-Musulmans parmi ceux qui étaient déments, handicapés, qui n’ont pas entendu parler d’Islam ou qui n’ont connu qu’une version dénaturée, laide ou déviante de l’Islam dans ce qui leur avait été faussement ou maladroitement exposé, et que toute personne animée par la recherche de la vérité, de la beauté (morale et spirituelle), pourrait bénéficier du Pardon divin. Des positions similaires ont été rapportés par des savants qui l’avaient précédé, parmi lesquels l’imâm du Salaf et fondateur de l’école juridique zahirite, l’imâm Dâwûd al-Zâhirî (m. 269 H/883), ou encore Al-Qâdi ‘Abd al-Jabbâr (m. 415 H/1025) et l’imâm Ibn al-‘Anbari (m. 940) qui estiment que ce qui prime avant tout, pour avoir la « salvation » dans l’Au-delà, c’est de seulement être sincèrement dans la quête de la vérité – ce qui est la condition première selon le Qur’ân et le célèbre hadith sahîh « Les actes ne valent que par leurs (bonnes) intentions », et que l’erreur involontaire est donc excusée dans l’Au-delà par Allâh.

  L’imâm Abû Hâmid Al-Ghazâlî dit ainsi dans son Faysal al-Tafriqa (p. 12) : « Je dis que la Miséricorde d’Allâh s’étendra également à de nombreuses communautés du passé, même si la plupart d’entre elles seront brièvement exposées au feu de la Géhenne, 1 seconde, 1 heure ou une certaine période de temps, ce qui leur vaudra le titre de « gens de l’Enfer ». Je dirais que, si Allâh le veut, la plupart des chrétiens de Byzance et des Turcs/mongols (non-musulmans) de notre époque seront couverts et englobés par la Miséricorde d’Allâh… Tout ce qu’ils ont entendu depuis leur enfance, c’est qu’un grand menteur portant le nom de « Mahomet/Muhammad » prétendait être un prophète ».

  Le Shaykh Ibn Taymiyya a dit dans Al-Jawâb al-Sahîh (2/301-302) : « Quant à celui (parmi les non-musulmans) qui est éloigné de l’ère du Messie (le Prophète Jésus/Issâ’)et dont certaines de ses informations lui sont parvenues à l’exclusion des autres, ou de Mûsâ (le Prophète) et dont seules certaines de ses informations lui sont parvenues, la preuve lui est établie dans la mesure où ses informations lui sont parvenues, sans tenir compte de celles qui ne lui sont pas parvenues. S’ils sont en désaccord sur l’interprétation de certains passages de la Torah et de l’Évangile, quiconque a cherché la vérité et s’est efforcé de la rechercher ne doit pas être corrigé (dans l’Au-delà), même s’il s’est trompé sur la vérité par ignorance ou égarement, comme un juriste érudit (mujtahid) cherchant la vérité auprès de la communauté de Muhammmad (ﷺ) ».

  Son disciple, le Shaykh Ibn al-Qayyîm dira aussi dans Madârij as-Sâlikin (1/347) – qui est sans doute l’un de ses derniers ouvrages dans sa période tardive, après la mort du Shaykh Ibn Taymiyya du moins – : « Si l’un de ces points de foi est nié par ignorance ou par mauvaise interprétation (tout en étant sincère et bien intentionné), il est excusé et celui qui a agi ainsi ne devient pas mécréant, comme dans le hadith où l’homme a nié la Providence d’Allâh et a ordonné à son peuple de le brûler et de disperser ses cendres au vent. Malgré cette erreur, Allâh lui a pardonné et lui a fait miséricorde en raison de son ignorance. La connaissance de la providence d’Allâh qui lui était parvenue n’a pas été niée par obstination ou par intention de mentir ». On en déduit donc, que n’importe quelle personne, se disant non-musulmane ou musulmane (malgré ses hérésies), si elle ignorait sincèrement la vérité ou les informations authentifiées en lien avec la Religion, et qu’elle a essayé d’être sincère, elle sera excusée par la Volonté divine.

  Le Prophète (ﷺ) a dit : « En vérité, une personne peut apparaître aux gens comme faisant les actions des gens du Paradis, mais il fait partie des gens de de la Géhenne. Certes, une personne peut paraître aux yeux des gens comme agissant comme les gens de la Géhenne, mais il fait (ou fera) partie des gens du Paradis »[2]. C’est pour cela que l’on ne doit pas affirmer qu’untel ira forcément en Enfer, car Allâh peut lui pardonner selon des circonstances atténuantes, et le Qur’ân nous en informe en plusieurs endroits : « Seigneur ! Elles (les idoles) ont égaré bon nombre parmi les humains. Celui qui me suit est des miens et celui qui me désobéit, Tu es vraiment Absoluteur et Miséricordieux » (Qur’ân 14, 36). C’est le sens de la parole du Prophète Jésus/Issâ’ (Paix sur lui) relatée dans le Qur’ân à propos de ceux qui parmi les Chrétiens, l’avaient divinisé, dans leur mauvaise interprétation (les ayant donc conduit, par interprétation, dans une croyance impliquant l’idolâtrie d’un homme et la confusion avec le Divin) : « Si Tu les corriges, ce sont Tes serviteurs, et si Tu absous et pardonnes, c’est Toi certainement le Puissant et le Sage » (Qur’ân 5, 111). De même que « Mais seul mon Seigneur est en mesure de leur demander des comptes, si vous êtes conscients » (Qur’ân 26, 111) c’est ce que (le Prophète) Nûh a dit lorsqu’ils lui ont dit : « Allons-nous te croire alors que tu as été suivi par les plus inférieurs de condition ? » (Qur’ân 26, 111), il (‘alayhî salâm) dit : « Je ne sais pas ce que ceux-là faisaient. Leur compte n’incombe qu’à mon Seigneur. Si seulement vous êtes conscients » (Qur’ân 26, 112-113) ; « Et je ne vous dis pas que je détiens les trésors d’Allâh, je ne connais pas l’Inconnaissable, et je ne dis pas que je suis un Ange ; et je ne dis pas non plus aux gens, que vos yeux méprisent, qu’Allâh ne leur accordera aucune faveur; Allâh connaît mieux ce qu’il y a dans leurs âmes. [Si je le leur disais une telle chose], je serais alors du nombre des injustes » (Qur’ân 11, 31) ».

  Il faut ainsi distinguer leur statut ici-bas, où l’on ne peut pas les considérer comme des Musulmans sur le plan juridique et extérieur s’ils disent ne pas adhérer à l’Islam, ou si dans leurs paroles et actes qui n’admettent aucune excuse ou interprétation possible, s’identifient clairement aux paroles et actes des négateurs (de l’Islam), car on « juge » sur « l’apparent », de la question du Pardon divin dans l’Au-delà, qui n’est in fine que de Son ressort (et l’interdiction majoritaire d’invoquer le Pardon divin nous-mêmes peut se comprendre ainsi également, où nous déléguons en fait à Allâh Seul, leur jugement, Allâh pouvant se charger directement – en cas de doute nous concernant sur leur réalité post-mortem -, de leur pardonner et de leur faire Miséricorde).

  « Et ils ont dit : « Nul n’entrera au Paradis que Juifs ou Chrétiens ». Voilà leurs chimères. – Dis : « Donnez votre preuve, si vous êtes véridiques ». Non, mais quiconque soumet à Allâh son être tout en faisant le bien, aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux, nulle crainte, et ils ne seront point attristés. Et les Juifs disent : « Les Chrétiens ne tiennent sur rien » ; et les Chrétiens disent : « Les Juifs ne tiennent sur rien », alors qu’ils lisent le Livre ! De même ceux qui ne savent rien tiennent un langage semblable au leur. Eh bien, Allâh jugera sur ce quoi ils s’opposent, au Jour de la Résurrection » » (Qur’ân 2, 111-113).

« Mais ils ne sont pas tous pareils. Il est, parmi les gens du Livre, une communauté droite et juste qui, aux heures de la nuit, récite les versets d’Allâh (parmi les précédentes Révélations) en se prosternant. Ils croient en Allâh et au Jour dernier, ordonnent le convenable, interdisent le blâmable et concourent aux bonnes œuvres. Ceux-là sont parmi les gens de bien. Et quelque bien qu’ils fassent, il ne leur sera pas dénié. Car Allâh connaît bien les pieux (Muttaqin) » (Qur’ân 3, 113-115).

« Certes, ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Nazaréens, et les sabéens, quiconque a cru en Allâh au Jour dernier et agit avec intégrité (droiture et piété, accomplissant de bonnes oeuvres), sera récompensé par son Seigneur ; il n’éprouvera aucune crainte et il ne sera jamais affligé » (Qur’ân 2, 62).

« Certes, ceux qui ont cru, les Juifs, les Sabéens, les Chrétiens, les Zoroastriens et ceux qui donnent à Allâh des associés, Allâh tranchera entre eux le jour du Jugement, car Allâh est certes témoin de toute chose » (Qur’ân  22, 17). L’imâm, théologien, juriste et exégète musulman d’Inde militant pour la paix Mawlana Wahid ud-Dîn Khan (1925-2021) dans son Tazkil ul Qur’ân a dit : « Dans ce verset, 6 communautés religieuses sont mentionnées : les musulmans, les juifs, les sabéens, les chrétiens, les zoroastriens et les idolâtres. Les juifs devaient allégeance à Mûsâ. De même, les sabéens devaient allégeance à Yahya, les chrétiens à Issâ’, les zoroastriens à Zoroastre et les idolâtres de la Mecque à Abraham. Toutes ces communautés étaient initialement des croyants et des adorateurs du Dieu unique. Mais, plus tard, ils ont déformé leur religion. Aujourd’hui, ils continuent à pratiquer cette forme déformée. Les musulmans ne sont pas à l’abri de cela. Ils pourraient aussi en fait commettre la même erreur. Le Livre des musulmans est inchangé et préservé dans tous ses détails (…) : ils ne sont pas empêchés d’interpréter le Qur’ân et les traditions du Prophète Muhammad comme ils le souhaitent. Ils peuvent fonder une religion qu’ils se sont eux-mêmes faite et, en l’adoptant, ils prétendent suivre la véritable Religion divine. Or, la véritable Religion divine est unique, mais en raison des interprétations personnelles, elle en vient à avoir des versions différentes. Si les gens adhéraient à la religion originale, l’unité et la solidarité s’épanouiraient entre eux. Mais, si les gens suivent leur propre religion, des différences religieuses surgissent entre eux et ces différences se multiplient sans cesse. Mais Allâh est pleinement conscient des circonstances de chacun et Il indiquera clairement au Jour du Jugement qui était sur le bon chemin et qui était sur le mauvais ». Il n’est donc pas permis de déclarer l’un d’eux mécréant absolu ou destiné à l’Enfer (et encore moins de façon « éternelle ») ; seul Allâh connaît sa véritable situation. Nous devons plutôt laisser leur affaire à Allâh seul.

  Par contre quand il apparait clairement aux yeux de la personne que l’Islam est la Vérité, et que rejeter volontairement la Vérité, la justice, la sagesse et les vertus qu’elle comporte, implique des conséquences post-mortem, comme un passage pour la nafs rebelle (l’émir ‘Abd al-Qadîr dira dans son Kitâb al-Mawâqif qu’en effet, ce ne seront pas les membres du corps ni l’esprit/rûh de l’individu qui connaitront une forme de souffrance, mais l’ego de l’individu) dans la Géhenne, pour la purifier et la corriger, tout comme une personne malade (qui a refusé de se soigner ici-bas sous les conseils avisés de son médecin bienveillant). Or, pour les Musulmans ici-bas qui ont sincèrement pris le Tawhîd, la prière, la justice, la demande de pardon et la bonté comme médicaments et antidotes contre la demeure post-mortem de la Géhenne, ayant purifié et dompté leur nafs ici-bas, ils connaitront alors par la Grâce divine, une voie directe vers le Paradis, qui est la demeure et la station de la félicité et de l’Océan de l’Unité lumineuse.

  Pour certains cependant, entendre seulement la Shahâda serait suffisant pour ne plus plaider l’ignorance. Or, même du temps du Prophète (ﷺ) cela n’était pas le cas. Cela ne suffit pas selon plusieurs savants anciens et contemporains, notamment car Allâh dans le Qur’ân exhorte les gens à prouver leurs dires, or en l’absence de preuves convaincantes (objectives) ou prophétiques, il peut toujours exister des doutes raisonnables, plus encore si la seule vision de la Religion qui leur est exposée est une image laide, vile, superficielle, extrémiste, anthropomorphiste ou sectaire comme on peut malheureusement le voir de nos jours chez certains groupes. Le célèbre hadith disant qu’à son époque pratiquer 1/10e de la Religion sans excuse valable (avec la présence prophétique qui authentifiait donc tous les enseignements et montrait le bon exemple, et manifestait des miracles et prodiges par la Volonté divine) alors qu’à la fin des temps celui qui pratiquera 1/10e de la Religion avec sincérité sera excusé et sauvé comme l’a dit le Messager d’Allâh (ﷺ) : « Vous êtes certes aujourd’hui dans une époque où les savants sont nombreux et les sermonneurs sont peu nombreux, celui qui délaisse le dixième (1/10) de ce qu’il connait sera certes tombé dans la perdition. Et viendra ensuite une époque dans laquelle les sermonneurs seront nombreux et les savants seront peu nombreux, celui qui s’accrochera au dixième (1/10) de ce qu’il connait sera certes sauvé ».[3]. Cela montre bien qu’après sa mort, les conditions seront plus difficiles à réunir, et que la confusion généralisée rendra les choses plus laborieux (pour atteindre la vérité) par les voies ordinaires de la connaissance, et que l’Indulgence divine (ou la Compensation divine) sera donc proportionnelle à cela. Et cela montre que le Prophète (ﷺ) dans les visions spirituelles qu’il avait reçues et les prédictions qu’il avait faites, avait pris en compte tout cela : une époque après lui prédominé par les confusions et les sectes, la démesure dans les divertissements abrutissants ou chronophages qui allaient éloigner une partie des Musulmans de la pratique religieuse, de la spiritualité, de la sagesse, de la piété, etc. en raison des propagandes islamophobes omniprésentes, de la folie et de l’hypocrisie de certains groupes de personnes, des séries/films propagandistes ou dégradants, etc.

  Le célèbre hadith du Sahih Muslim (n°153) – qui a pu être rapporté de façon « concise » (sans donner toutes les précisions) par un rapporteur – disant que n’importe quel juif ou chrétien qui entendrait parler de lui n’aurait pas d’excuse valable (s’ils rejettent son message), doit être compris à la lumière du Qur’ân, du contexte et des nuances qui s’imposent, c’est-à-dire selon les enseignements authentifiés qui remontent bien à lui, selon une bonne compréhension de son Message et de sa personnalité, ce qui n’est pas toujours le cas, ni en Occident, ni même dans certains pays traditionnellement musulmans qui ont été pollués ou ravagés par le communisme, le capitalisme, le kémalisme, le wahhabisme, le laïcisme, etc.

  Ainsi, les gens sincères qui recherchent la vérité mais qui ont été manipulés par certains idéologues islamophobes ou extrémistes, qui n’ont pas saisi l’essence de l’islam et qui ont été troublés par des avis juridiques incompréhensibles ou déviants, ou par des textes déformés, mal traduits, mal compris ou apocryphes, sans avoir accès à des réponses cohérentes et satisfaisantes de la part des savants qu’ils ont lu ou interrogé, et parfois même dans les réponses inadaptées ou déviantes qu’ils ont pu recevoir (en leur disant par ailleurs que comprendre les choses différemment ou adopter un autre avis serait de l’hérésie ou du kufr même quand ça ne l’est islamiquement et objectivement pas le cas), ils pourraient très bien avoir une excuse valable aux yeux d’Allâh.

  Leur réceptivité à l’Islam dépend donc de plusieurs facteurs : leur sincérité, la lucidité et la santé mentale, la capacité sans entrave de réflexion, leur environnement socioculturel, leur accès ou non à une bonne vision de l’Islam, de ses dimensions, de ses piliers et de ses finalités élémentaires et essentiels ; le comportement des musulmans qu’ils ont pu croiser, la façon de leur présenter les choses (et Allâh ordonne aux croyants de le faire avec sagesse et en apportant des preuves, qui ne se limitent pas seulement à citer des versets ou des ahadiths, mais à les méditer, à les expliquer de façon cohérente, en les reliant avec l’histoire, la logique, l’expérience spirituelle, la psychologie, la science, l’intelligence, etc.), et à clarifier les ambiguïtés qu’ils peuvent avoir, soit de nature idéologique et culturelle, soit à cause des ahadiths ou avis juridiques ou théologiques étranges, douteux, apocryphes, déformés ou décontextualisés qui rajoutent de la confusion (qui n’existait pas du temps du Prophète ﷺ).

  Et présenter une Religion comme une coquille vide (sans leur faire connaitre les dimensions métaphysiques, spirituelles, éthiques, psychologiques, épistémologiques, etc. et ses nombreuses sagesses, notamment via le Tasawwuf) ne peut que rebuter les personnes animées par de hautes aspirations ou exigences éthiques, spirituelles, intellectuelles, etc. D’ailleurs beaucoup de cas d’apostasie de nos jours sont causés par cette profonde méconnaissance des Musulmans eux-mêmes, des dimensions spirituelles et métaphysiques qui sont au coeur et au sommet même de l’Islam, et qui répondent justement aux interrogations plus complexes ou élevées que de nombreuses personnes se posent, surtout dans un monde aussi interconnecté où les polémiques et confusions fusent de toutes parts.

  Selon l’islam, aucun être humain ne peut donc affirmer qu’untel (précisément) ira avec certitude en Enfer car cela relève uniquement de la prérogative divine, d’autant plus que certains bénéficieront de circonstances atténuantes (handicap, ignorance des véritables enseignements célestes et prophétiques, etc.), ou seront retournés à la fitra ou à l’islam à leurs derniers instants, sans que l’on soit nécessairement au courant. De même, la Correction divine n’est possible que dans une attitude consciente d’hostilité envers Lui, Son Message ou Ses Rapprochés (parmi les Prophètes, les Awliyâ’, les croyants, les âmes innocentes, etc.) accomplie en toute connaissance de cause après que la Vérité et les preuves indiscutables se soient manifestées à eux, ce qui n’est pas le cas de nombreux non-Musulmans, même à notre époque, et dont certains sont confrontés à des « Musulmans » qui non seulement sont désagréables et grossiers, mais qui en plus de cela contredisent, en raison de leur sectarisme, les enseignements fondamentaux de l’Islam, et présentant la Religion de façon laide, méprisante et plus que superficielle : « Et Nous n’avons jamais corrigé [un peuple] avant de [lui] avoir envoyé un Messager [avec des preuves claires] » (Qur’ân 17, 15).

  Ibn al-Qayyîm dans son Shifâ’ al-‘alîl (p. 554) rapporte de Ibn ‘Abbâs : « Il n’est pas nécessaire que quiconque juge (à la place d’) Allâh à l’égard de Ses créatures, ni de les assigner à un jardin (du Paradis) ou à un feu (dans la Géhenne) – à Sa place – ».

  Bien que le shirk, le kufr et l’injustice soient associés symboliquement à la Géhenne, la Rahma divine englobera tous les êtres (chacun à un degré qui lui sera propre) au bout d’un temps, même parmi ceux qui devront se purifier dans la Géhenne : « Et Ma Miséricorde et Mon Amour Rayonnant embrassent, englobent et transcendent toute chose » (Qur’ân 7, 156).

  Le Shaykh Ibn ‘Arabi dit dans ses Futûhât al-Makkiyya (4/61) : « Celui qui, n’ayant pas vécu à l’époque du Prophète ﷺ, désire le voir, qu’il contemple donc le Qur’ân, car il n’y a aucune différence entre le fait de le contempler et le fait de contempler l’Envoyé d’Allâh (ﷺ). C’est comme si le Qur’ân avait pris une forme corporelle sous le nom de Muhammad ». Et le Qur’ân confirme aussi cela dans le verset suivant : « Vous avez dans le Messager d’Allâh un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allâh et au Jour dernier et invoque Allâh fréquemment » (Qur’ân 33, 21). De même, certains grands savants se fondent aussi sur ce verset pour justifier son intercession universelle (y compris pour les incroyants) au bout d’un temps de purification dans la Géhenne (parmi ceux qui doivent en passer par là) : « Et nous ne t’avons envoyé (Muhammad) que comme miséricorde, compassion et amour-Rayonnant et bienveillant pour les mondes » (Qur’ân 21, 107). Le Shaykh al-akbar Ibn ‘Arabî dit dans ses Futûhât al-Makkiyya (2/117) : « (…) ceux qui auront cru en lui seront rassemblés avec lui (ﷺ) et ceux qui n’auront pas cru en lui seront rassemblés vers lui (ﷺ) [au Jour du Jugement], et l’on sait déjà qu’il n’a été envoyé que « comme miséricorde et amour-rayonnant pour les mondes » [Qur’ân 21, 107], et cette miséricorde n’a pas été limitée aux croyants ».

  Il existe aussi plusieurs ahadiths prophétiques qui appuient aussi cet avis, notamment celui-ci : « Allâh Tout-Puissant dira : « Les Anges ont intercédé, les Prophètes ont intercédé, les croyants ont intercédé, et il ne reste pour intercéder que le Plus Miséricordieux des Miséricordieux ». Il prendra une poignée de l’Enfer et en fera sortir les gens qui n’ont jamais fait de bien et qui ont été transformés en charbon de bois. Il les jettera dans un fleuve nommé Fleuve de Vie, aux portes du Paradis. Ils sortiront comme une graine coupée du limon emporté par le déluge. Vous le voyez près d’une pierre ou d’un arbre. Tout ce qui est exposé au soleil est jaune ou vert, et tout ce qui est à l’ombre est blanc. Ils dirent : « Ô Messager d’Allâh, c’est comme si tu gardais un troupeau dans la jungle ». Le Prophète poursuivit : « Ils sortiront comme des perles avec des sceaux au cou. Les gens du Paradis les reconnaîtront et diront : « Ce sont ceux qui ont été affranchis et libérés par Allâh, qu’Allâh a admis au Paradis sans aucune bonne action qu’ils aient faite ni aucun bien qu’ils aient proposé ». Alors Allâh dira : « Entrez au Paradis et tout ce que vous y voyez est à vous ». Ils diront : « Ô Seigneur, Tu nous as accordé des faveurs que Tu n’as accordées à personne d’autre parmi les mondes ». Allâh dira : « J’ai une faveur meilleure que celle-ci ». Ils diront : « Ô Seigneur, quelle chose pourrait être meilleure que cela ? ». Allâh dira : « C’est Ma satisfaction, car Je ne vous tiendrai plus rigueur après cela » »[4]. Quant aux versets traduits parfois par « éternellement dans la Géhenne », elle demeure inadéquate pour traduire le sens « d’al-khulud » comme l’explique notamment Ibn al-Qayyim dans Shifâ’ al-‘Alîl (1/257) : « Au contraire, la mention de « l’éternité » (al-khulud) et de « pour toujours » (al-ta’bid) en elle-même ne nécessite pas qu’elle soit sans fin, car l’éternité (ou perpétuité) peut signifier (par rhétorique ou figure de style] durer longtemps ». Les notions de « khulud » et de « al-ta’bid » et qui donnent parfois dans le Qur’ân l’expression « khalidîna fîha abad » ont plutôt pour sens une durée indéfinie, c’est-à-dire dépassant l’échelle humaine (ou « hors de sa portée »), mais pouvant impliquer une fin, connue d’Allâh Seul, le Qur’ân lui-même parlant ailleurs explicitement de « générations en générations » et de « pour des générations ». Plusieurs versets qurâniques (6/128, 11/106-107 et 78/21-23) laissent penser que par khalidin (indéfiniment), l’Enfer ne serait pas éternel – du moins par la correction (châtiment) -, mais que cela durera un certain nombre de temps et d’âge – connu d’Allâh seul – mais qui impliquera tout de même une fin.  At-Tabarî rapporte dans son Tafsîr que les expressions qurâniques dans ces versets ont été interprétées par certains Salafs comme incluant tous ceux qui entreront un jour en Enfer, et pas seulement les musulmans ou les monothéistes, mais aussi les incroyants. Il rapporte dans son Tafsîr (au commentaire du Qur’ân du verset 11/107) aussi ce propos du Compagnon ‘Abdullâh ibn Mas’ûd : « Il viendra un moment où les portes de l’Enfer s’ouvriront et il n’y restera plus personne. C’est après qu’ils y restent pendant des générations (ou des siècles) ». Et il rapporte aussi ce récit selon Ibn Zayd : « Allâh nous a informé de ce qu’Il veut pour les gens du Paradis, alors Il a dit : « Un don sans fin et sans interruption » (11, 108) Et Il ne nous a pas dit ce qu’Il veut pour les gens de l’Enfer ». At-Tabarî toujours, dans son Tafsîr (au verset 11/107) rapporte que des Compagnons ont dit  : « Dans sa parole : « Sauf si votre Seigneur le veut (et en décide autrement) » (11/107), ce verset couvre l’intégralité du Qur’ân. Partout où il est dit dans le Qur’ân qu’ils y demeureront, cela a cette signification ».

  Le Shaykh Ibn al-Qayyim dans Hadi al-Arwah (1/367) a dit : « La Géhenne a été créé pour dissuader et avertir les croyants et purifier les pécheurs et les criminels. C’est un moyen de se purifier des impuretés accumulées par les âmes de ce bas-monde. Il est purifié dans ce monde au moyen du repentir, de la sincérité, des bonnes actions, de l’expiation, des calamités et des expiations ». Plus loin (1/372) il dit : « Le pardon est plus apprécié par Allâh Tout-Puissant que la vengeance, la miséricorde lui est plus appréciée que la correction, la satisfaction lui est plus appréciée que la colère (…) ». Il dit encore (1/376) : « Allâh Tout-Puissant nous a informé que Sa Miséricorde englobe toutes choses et qu’il n’y a rien d’autre (au fond) que Sa Miséricorde ». Il dit (1/378) : « Il ne convient pas à la Sagesse du plus Sage des juges de créer quelqu’un afin de le corriger pour toujours et à jamais dans une correction, sans fin ni interruption ».

  Comme le disent Ibn Taymiyya, Ibn Al-Qayyîm et d’autres savants, en l’absence d’un texte clair du Qur’ân ou de la Sunnah (qui nomment clairement un individu), on ne peut pas le faire individuellement. Les imâms Abû Hâmid al-Ghazâlî dans Faysal al–Tafriqa, Ibn Hajar al ‘Asqalânî dans Al-Isaba ainsi qu’As-Suyûtî dans son livre sur les Parents du Prophète (ﷺ), en s’appuyant sur le Qur’ân et des ahadiths prophétiques, diront à peu près la même chose, à savoir que des incroyants pourront être excusés, notamment les aveugles, les sourds, les déficients (sur le plan mental), les déments, les enfants prépubères, les personnes saines d’esprit mais qui n’avaient pas accès directement aux preuves qurâniques et prophétiques dans leur version pure et authentique, et ceux qui n’ont pas refusé sciemment la Vérité après l’avoir reconnu, tout en faisant de leur mieux pour cheminer sur la Vérité et faire le bien, sans s’enfler d’orgueil ni tomber dans la cruauté et l’injustice, et cela, même en se limitant uniquement à des considérations exotériques.

Wa Allâhu a’lam.


Notes :

[1] Par exemple dans l’article Le Prophète (ﷺ), son intercession universelle et son amour particulier pour ceux qui le suivront sans l’avoir côtoyé ici-bas du 19 juin 2021 : https://editions-hanif.com/?s=intercession+universelle ; Synthèse de la perspective qurânique concernant les non-musulmans du 8 décembre 2023 ; dans l’ouvrage La lumière éclatante de la vie du Prophète Muhammad (ﷺ) et les merveilles de son enseignement (éd. 2021), etc.

[2] Rapporté par Al-Bukharî dans son Sahîh n°2898 selon Sahl Ibn Sa’d.

[3] Rapporté par At-Tirmidhî dans ses Sunân n°2267, At-Tabarânî dans Al Mu’jam al-Saghîr n°1156, Ahmad dans son Musnad n°21372, Abû Nu’aym dans Hilyat al-Awliyâ 7/316, Al-Bukharî dans son Târîkh al-Kabîr n°2819 et d’autres selon Abû Dharr, Abû Hurayra et d’autres via plusieurs voies hassân, sahîh et dâ’îf qui se renforcent mutuellement.

[4] Rapporté par Muslim dans son Sahîh n°183 selon Abû Sâ’îd Al-Khudri.


2 thoughts on “L’Islam et le sort post-mortem des non-Musulmans

  1. :

    As salam aleykoum. Merci beaucoup pour votre article de qualité, c’est toujours un plaisir de vous lire. Les positions de Hujjat-al islam Al-Ghazâli sur le sujet sont malheureusement méconnues de nombre de musulmans .
    En revanche, sur la question de la non-eternité de l’Enfer pour l’incroyant (et je parle là de l’incroyant qui a rejeté l’islam par orgueil, non pas celui qui a reçu une fausse image de la religion) j’avais cru comprendre qu’Ibn Taymiyya était le seul à avoir suggéré cette position et qu’il avait ainsi rompu le consensus sur cette question de aqida. Il me semble que cette question lui a d’ailleurs valu du takfir par certains savants acharites. Sa position est d’ailleurs étrange, car il voit un côté métaphorique dans ” khalidin fiha abada” alors qu’il est très littéraliste sur le reste… pourriez-vous nous éclairer là dessus ?
    Barakallahou fikoum.

    1. :

      Wa ‘alaykum Salâm.

      Le Shaykh Ibn Taymiyya était loin d’être le seul à tenir cette position, puisqu’il s’agit d’un avis qui était défendu déjà par des Salafs comme Ibn Zayd comme le rapporte At-Tabarî dans son Tafsîr, ainsi que par Al-Hakim At-Tirmhidî, Al-Junayd, Sahl al-Tustarî, Abû Bakr As-Shiblî, Abû Yâzid al-Bistâmî, et d’autres parmi les Salafs, ainsi qu’ensuite par Al-Qushayrî, Al-Ghazâlî, Abû al-Hassân al-Kharaqânî, Al-Munawî, Al-Qashânî, Ismâ’îl Haqqî, l’émir ‘Abd al-Qadîr dans son Kitâb al-Mawaqîf et qui rapporte des récits de Sahâba (Ibn ‘Umar, Abû Hurayra, Ibn Mas’ûd, etc.) ainsi que l’avis de savants de la période médiévale indiquant que viendra un temps où l’enfer sera vidé de tous ses habitants – récits rapportés aussi par Ibn Taymiyya et Ibn Al-Qayyîm -, Muhammad Ibn Ibrâhîm Ibn al-Wazîr Al-Yamâni, Ahmad Al-Alawî, etc.
      L’imâm Fakhr ud-Dîn Ar-Râzî dans son Tafsîr rapportera aussi l’existence de cette divergence – défendue par plusieurs savants reconnus -.

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